Mois de mars 2001


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Jeudi 1er mars 2001

 

Je suis à la fois tenté d'écrire ici, et rebuté par le temps que je pourrais y passer. Comme si j'étais fatigué de réfléchir...

J'ai reçu récemment un mail qui soulève une question intéressante au sujet de la mauvaise estime de soi. Je sais trés bien que j'ai de quoi réfléchir sur le sujet et qu'il en sortirait des choses intéressantes. Mais... c'est comme une flemme qui m'envahit. Pas ce soir...

Tiens, un truc marrant ce soir, justement (et qui ne demande aucune réflexion). Figurez vous que je suis passé à la télé en caméra cachée! A mon insu, évidemment. C'était à l'occasion d'un reportage ("Envoyé spécial") qui dénonçait les pratiques douteuses de certains des professionnels dont je fais partie. Une enquétrice anonyme posait volontairement des questions aberrantes, histoire de tester l'honneteté des ... (mettre ici le métier que je fais)

Et bien lorsqu'elle m'a posé sa question, je lui ai répondu "je vous le déconseille". C'est-y pas un vendeur honnête ça? Surtout que le suivant répondait "pas de problème". Oui, c'est sûr, il aurait vendu son truc, lui, alors que moi je perdais la cliente, ou je l'orientais vers quelque chose de plus adapté à ce qu'elle cherchait.

Ben non! moi j'ai misé sur le long terme, sur la satisfacion du client (et la mienne de ne pas l'arnaquer). C'est certain, ça rapporte moins à court terme, par contre au niveau bouche à oreille, il n'y a pas de meilleurs publicitaire qu'un client satisfait.

Ce qui est marrant, c'est que la caméra était tellement cachée, que je ne me suis rendu compte que c'était moi qu'au dernier moment (on ne me voyait pas). C'est à la voix que je me suis reconnu, et à certains détails du champ de vision. Par contre, de l'époque du reportage (en octobre) je ne garde pas nettement le souvenir de cette personne... quoique... si , la scène me revient un peu... fragments estompés.

Bon, de toute façon, ça ne durait que quelques secondes et personne ne m'aura reconnu.

 

Comme quoi... il ne faut jamais dire de conneries. Même à quelqu'un qui paraît ne rien connaître!

 


Samedi 3 mars 2001

 

10h

C'est l'anniversaire de la CEV qui, pour l'occasion, s'est fait refaire la façade.

Je suis trés content de la CEV, seul regroupement de diaristes qui soit actif. Dommage que le forum ait dû être fermé, puisqu'il permettait aux diaristes de mieux se connaître et de découvrir des personnalités inconnues. Mais le babillard permet de garder un contact, c'est mieux que rien.

Rien, c'est sur le Cercle des jours! J'ai écrit deux fois, à un mois d'intervalle, cet automne. Et depuis rien! Même pas un mot de réception de mes message. Je sais que c'est une activité bénévole et qu'on ne nous doit rien... mais quand même, la moindre des politesses serait de répondre. Et puis un cercle qui reste fermé... bof!

***

 

Ma "crise" scripturale est en cours. Plus vraiment d'idées à étaler sur ce journal. J'en profite pour répondre un peu aux messages en souffrance, ou a écrire mes impressions à des diaristes à qui je n'ai plus écrit depuis longtemps.

C'est que si je n'y prends pas garde, j'en oublierais de donner mes impressions, trop occupé à répondre à celles des autres!

C'est que c'est un vrai travail de tenir un journal en ligne. J'envisage d'embaucher un secrétariat pour répondre au courrier.. meuh non! je plaisante :-)

J'ai mis "secrétariat", pour ne pas mettre "une secrétaire", qui fait un peu macho. Ni "un secrétaire", parce que vous vous seriez demandé pourquoi au masculin. Non, en fait, vous ne vous seriez rien demandé. C'est moi qui anticipe toujours les réactions...

Bref, vous voyez bien que je n'ai rien à dire!

 

***

19 h

Il m'est arrivé tout a l'heure ce qui peut nous arriver à tous de temps en temps: perte d'un texte. C'est là qu'on se rend compte que le coté "virtuel" n'est pas un vain mot...

Une heure trente de concentration pour pondre un texte réfléchi et argumenté et... pfuit! en un instant le pc qui bloque. Emporté dans ma prose, je n'avais pas encore fait d'enregistements partiels. Donc texte disparu. Il est encore dans ma mémoire, mais je n'ai pas eu le courage de m'y remettre. C'est vraiment rageant. J'en aurait cassé quelque chose, n'importe quoi qui me tombait sous la main. Mais je n'en ai rien fait...

C'est là que je me rends compte que l'acte d'écrire demande vraiment une énergie, un effort. Parce que je n'ai pas seulement perdu une heure trente de ma vie, mais aussi des pensées, ordonnées d'une certaine façon, une certaine passion mise dans la rédaction de ce texte. C'est aussi une partie de moi qui a disparue.

Bon, c'est pas grave, (oups, je pense à enregistrer! méfiant), rien de vraiment important n'est perdu. C'est encore accessible dans ma tête. Et vous n'avez rien perdu, puisque c'était d'ordre professionnel.

 

Tant que je suis dans l'écriture, j'ai réalisé il y a quelques jours quelque chose qui m'a surpris. Je suis tombé sur un brouillon de lettre, écrite il y a quelques années. Un des rares textes manuscrits qui étaient perdu dans une pile de feuilles dactylographiées. Et je me suis rendu compte que je n'écrivais plus manuellement!

En dehors des notes prises sur le vif, des rendez-vous et commandes passées par téléphone, je n'utilise plus ma main comme outil de communication. Est-ce grave? non, pas vraiment... peut-être dommage? Quand je pense au soin que je mettais autrefois pour écrire, lorsque j'étais dessinateur technique... J'essayais d'avoir une écriture parfaitement régulière, et elle était remarquée et appréciée. Autre temps...

 


Dimanche 4 mars 2001

 

Bonjour vous...

Je suis plutôt en forme aujourd'hui, sans savoir pourquoi (mais on s'en fiche un peu...). J'ai pu dialoguer un peu ce matin avec une de mes amies virtuelles, sur un Chat. On a parlé des difficultés à se faire comprendre par écrit, pourtant infiniment mieux adapté que l'oral pour développer toutes les nuances de la pensée. Mais privé des signes secondaire que sont l'intonation et le regard, il arrive que l'interlocuteur parte sur une fausse piste... qu'il sera difficile de corriger ensuite.

Hier soir, j'avais eu aussi une conversation avec une copine de Chat, Lisa, avec qui je n'avais plus échangé depuis des mois. Moi qui avait pu être enthousiaste sur ce moyen de communication, je suis effaré maintenant de la banalité des propos qui défilent sur le canal commun! En l'espace d'un an, ça a complètement changé. Finie la relative convivialité qui y régnait entre quelques membres. C'est devenu un capharnaüm de conversations insipides. Il ne reste plus que les dialogues privés... si on ne tombe pas sur des gens qui ne cherchent que des rencontres faciles ou des discussions "hot".

Oui, je sais, c'était aussi comme ça, avant... Mais ça me semblait moins flagrant. Il faut dire qu'au lieu de 200 connéctés (dont une vingtaine étaient sur le canal commun), on est passé à plus de 500. Forcément, ça change l'ambiance... qui, déjà, n'était pas souvent agréable.

Bref, le Chat, ça n'est plus pour moi. Par contre, lorsque j'ai des dialogues avec des personnes connues, ça n'est pas du tout la même chose. Que ce soit avec Inès, R. (alias Anne), S., ou L. (pratique pour se reconnaitre les initiales, hein???), j'aime ces échanges... même si je les fuis de temps en temps.

D'ailleurs, je me suis rendu compte que si j'évite les discussions à deux, c'est parce que j'ai peur de ne pas savoir quoi dire. Je ne suis plus en période de réflexion, et je me dis que je ne serais pas intéressant. Alors je m'abstiens, un peu bêtement... J'ai tellement peur de la superficialité des rapports que je préfère éviter les petits mots qui n'engageront pas de dialogue.

Pfff... que je suis compliqué parfois. Allez, c'est décidé, je me remets en icq "libre" et je ferais un petit coucou si une de mes connaissances se met en ligne! Promis!

Tout ça m'amène à évoquer ce que me disait R. dans un mail, il y a quelques jours:

"Ca me fait penser à un truc que j'ai souvent constaté (chez les autres tout comme chez moi), il me semble que certains sentiments d'infériorité sont souvent liés de manière étrange (ou pas, je n'en sais rien) à une haute idée de soi-même qu'on a en même temps (quand on voudrait être parfait et qu'on se traite l'instant d'après de moins que rien).

Parfois en acceptant d'admettre certaines qualités que d'autres nous prêtent (ou qu'on pense avoir) sans craindre d'être prétentieux, on peut trouver un certain apaisement. On s'épargne quelques séances de chaud/froid qui fatiguent pas mal... "

J'ai été interpellé par cette remarque... que je me fais depuis longtemps.

Souvent je me suis rendu compte que se dévaloriser avait ce coté paradoxal. Je me sentais nul, parce que pas comme les autres. Mais en même temps, j'avais l'impression que c'étaient les autres qui étaient dans l'erreur. Comme il est impossible, sauf caractère en acier trempé, de penser que les autres se trompent, alors je mettais l'erreur sur mon compte.

Et puis ce désir de perfection, ce besoin d'être irréprochable, n'est-ce pas un désir follement prétentieux?

Je sais que j'ai à réfléchir la dessus... Les idées ne sont pas claires, mais je sens bien que des pistes nombreuses s'offrent à moi. (En fait, j'ai été coupé dans mon élan, et l'inspiration ne revient pas sur un claquement de doigt. Mais j'y reviendrais).

***

 

Je voulais aussi signaler un texte intéressant que j'ai lu il y a quelques jours, sur le journal de Laqk. Il concerne les relations virtuelles. Et il n'est pas sans rapport avec le sentiment de nullité...

 

 


Lundi 5 mars 2001

Grand déballage

 

Hier soir, mon fils aîné est rentré de week-end, à minuit passé. Il était parti la veille, juste aprés-midi, en disant seulement qu'il allait chez sa copine. Le soir: rien, aucun coup de téléphone. Le lendemain matin: rien. Midi, toujours rien. J'ai quand même téléphoné en début d'aprés midi, pour me renseigner. On se doutait bien qu'il était chez elle, mais l'inquiétude venant, on a préféré s'assurer que tout allait bien (on craint toujours l'accident de cyclomoteur...).

Ben oui, il allait bien. Et il allait "justement nous appeler"! Ben tiens!! Tranquille le fiston!

En tant que parents, on ne sait jamais bien ce qu'il faut faire. Laisser une liberté, bien normale, ou veiller quand même à un certain respect de règles de vie. Partir sans donner d'heure de retour, à moins de 16 ans, ça nous semble un peu insouciant quand même...

A cet âge là, et lui en particulier, on ne pense pas vraiment à l'inquiétiude des parents. D'ailleurs, on se demande un peu à quoi il pense en dehors de lui... et de sa copine. Les bons cotés de la vie, pas de problème, mais la moindre contrainte... et ce sont les problèmes qui commencent.

Nous essayons de ne pas être des parents "chiants", nous souvenant de notre propre adolescence, mais il faut bien donner des limites quand même. Je me demande si notre fils ne sent pas notre culpabilité prête à se manifester, et n'aurait pas un peu tendance à en profiter...

Mais quand on voit le nombre de parents qui ne parviennent plus à "tenir" leurs grands ados, je crois que nous avons raison de garder ces règles assez fermement. Liberté, oui, mais dans un cadre mesuré quand même. Certains jeunes de 14/15 ans sont déjà impossibles à tenir dans le cadre scolaire. Ils refusent les règles de vie en société du collège, s'en prennent aux professeurs, se moquent d'eux, les insultent parfois... Le climat de la classe est détestable et empêche les autres élèves de travailler. Deux ou trois élèves de ce type, et c'est 25 autres qui en patissent pendant un an! Et c'est dans un collège de zone rurale tranquille! Qu'est-ce que ça doit être en zone défavorisée...

Tout ça parce que les parents n'ont pas su leur apprendre le respect des autres, de la communauté. C'est assez effrayant... et pas trés rassurant pour l'avenir.

***

 

J'ai fait quelques petites mises à jour, sur la page "Liens", ainsi que sur la page "Acteurs", pour faire entrer quelques personnes qui ont pris de l'importance ces derniers mois. Et puis je me suis mis a regarder un peu ce journal commencé il y a un an...

Sa forme n'a pas beaucoup changé. Il faut croire que j'attache peu d'importance à ça... Non, en fait, j'aimerai bien l'améliorer, mais mon souci du perfectionnisme, ma peur d'être jugé défavorablement, m'empêchent de tenter cette "amélioration". Et si j'avais mauvais goût? Et si ça faisait prétentieux? Et si j'étais mal jugé à suivre une certaine mode des "beaux sites"?

Toujours les mêmes questionnements absurdes. Non, il faut que je me sorte de ça! Je dois agir pour moi même, laisser venir ce que je ressens, y compris dans mes goûts, le choix des couleurs, des graphismes... ou leur absence. Que j'ai du mal à laisser percevoir certaines parties de moi!!!

J'ai relu aussi mon introduction, qui date un peu. Mais pour le moment, elle fait partie de l'histoire de ce journal et je n'ai pas envie de la supprimer. Il faudra que je trouve quelque chose pour actualiser ça...

J'ai aussi constaté que le "pré-journal" ne durait que quelques jours (22 février - 1 mars 2000). Il me semblait que c'était un peu plus long. Le vrai journal, régulier, n'ayant commencé que le 8 juillet. C'est d'ailleurs à ce moment là que j'avais lu celui de l'Incrédule, élément déclencheur. Ma mémoire avait placé cet évenement déclenchant avant le mois de février. Donc, l'idée m'était venue avant? Sacrée mémoire qui me joue des tours! Mais quel journal avait inspiré ma décision d'écrire alors?

Je viens d'aller fouiner dans mon ancien journal papier: il n'en est fait aucune mention.

Journal papier qui ne comporte que deux entrées aprés le début de ce journal en ligne. 23 mars et 18 juin. Depuis, silence total. C'est celui-ci qui a pris le relais. Amusant aussi de voir que ma dernière entrée avant ce journal concernait la sexualité et le désir, suivi d'un questionnement sur le choix de ces thèmes. Je constatais que je n'en parlais jamais et que je m'étais libéré ce jour là, mais immédiatement suivi d'une peur d'être lu... et 15 jours plus tard, je commençais ce journal!!! Paradoxe de la pensée, une fois de plus.

Ouais... sauf que vous savez bien que je n'aborde que rarement ce sujet! C'est pas moi qui oserait mettre ici des choses telles que ce que Laqk nous dit ici. Je remarque d'ailleurs que peu de diaristes abordent ce thème. Rien à en dire parce que ça ne pose aucun problème, ou gène?

Pour ma part, la question ne se pose pas vraiment: je ne censure rien, parce qu'il ne me vient même pas à l'idée d'en parler.

Euh... hum... pas tout à fait vrai quand même. C'est mon conscient qui fait barrage là! Il essaie de me tromper en me faisant parler de bonne foi. C'est faux! Je censure, je le sais bien, mais sans même en avoir conscience. Ou du moins, la routine du conscient est tellment habituée à censurer l'inconscient que je ne m'en rends plus compte.

Les termes de "conscient" et "inconscient" sont impropres. Je devrais utiliser le "ça" et le "surmoi".

Rappel de ces termes de la psychologie freudienne (D'aprés "la psychanalyse sans complexes"):

- le "moi" est "l'instance qui cherche à adapter les désirs inconscients aux exigences de la réalité", il "met en oeuvre les mécanismes de défense. Il est en partie conscient et inconscient".

- le "ça" est "le lieu des pulsions inconscientes, qu'elles soient premières ou le résultat d'un refoulement. Il cherche à satisfaire les pulsions malgré le Moi et le Surmoi".

- le "Surmoi" a "le rôle d'un juge, d'un censeur".

Freud dit "Le ça est tout à fait amoral, le Moi s'efforce d'être moral, le Surmoi peut devenir hypermoral et, en même temps, aussi cruel que le ça" (Freud, Le moi et le ça).

Vous comprendrez que mon "moi" cherche à s'exprimer ici, mais que mon "surmoi" veille et censure souvent le "ça". Et dans certains domaines, ce "surmoi" est sécrtément costaud... 

Tiens tiens... vous avez vu cette faute de frappe-lapsus! intéressant non? J'ai voulu écrire "sacrément costaud", et c'est un hybride de mot qui est apparu, laissant sournoisement entendre "secrètement costaud". Etonnant non? hasard de la proximité des touches, ou déviation involontaire de mes doigts hésitants?

 

Tiens, je vais commencer soft pour parler de ma sexualité, en commençant par le début des mes souvenirs dans ce domaine.

Sans parler des éréctions enfantines, dont je me demandais, vers 5 ou 6 ans la signification lorsque je me déshabillais pour prendre mon bain avec mes frères et soeurs, c'est ma cousine, de trois ans mon aînée qui me procura les premiers fantasmes. Je révais de voir, à l'occasion d'un jeu ou je ne sais quel posture innocente, sa culotte. Je devais avoir 7 ou 8 ans. Je savais bien comment étaient faites les filles, avec mes deux soeurs, mais je faisais déja la différence entre la nudité normale du bain et l'érotisme de ce qui est caché.

Il me revient aussi un souvenir précis. J'avais 9 ans et, je me souviens d'avoir volontairement fait tomber mon crayon de mon bureau d'écolier pour voir, en le ramassant, la culotte de ma voisine de derrière. Et j'ai vu! Pas grand chose de plus que ce à quoi je m'attendais...

Plus troublant, et difficile à gérer... le corps maternel. Je me souviens que jusqu'à un certain âge, ma mère s'habillait partiellement devant nous (du moins, ne se cachait pas si nous étions là). Et c'est vers cet àge de 9 ou 10 ans que j'ai commencé à ressentir une gène en la voyant mettre un soutien-gorge, ou à enfiler ses bas. Elle même à aussi ressenti cette gène quelques temps plus tard, puisqu'elle se tournait, puis finit par aller dans la salle de bain. La dernière fois que je suis entré sans frapper dans sa chambre, alors qu'elle mettait ses bas, je devais avoir 12 ans. Ca m'avait géné de l'avoir surprise ainsi.

Je ne vous parle pas des rares fois ou j'ai eu le regard attiré vers le fond de ses jambes, pas assez serrées alors qu'elle était assise en jupe... trés dérangeant comme vision! Voir sa mère comme une femme sexuelle, aussi objet de désir peut être assez troublant pour un adolescent. Il faut dire que ma mère était jeune, assez séduisante et élégante.

Ensuite? Ma sexualité innocente a été déniasiée lorsque à 11 ans un des garçons du collège nous montrait des revues porno. On y voyait des sexes féminins et, oh stupéfaction, il y avait des poils dessus!!! C'est vous dire les rudiments de mes connaissances...

Déja que quelques années plus tôt j'avais appris avec horreur comment on s'y prenait pour faire vraiment les bébés, et que cette histoire de petites graines passait par un endroit que je n'avais pas soupçonné un seul instant. Je me souviens que j'imaginais alors les parents de chacun de mes copains en train de faire "ça". Totalement dégouté que des gens normaux puisse être aussi cochons. Mes parents? la question ne se posait pas. Tabou! Il n'y avait même pas a réfléchir la dessus.

Il faut dire que la télé, les affiches, les pubs... tout ça ne montrait rien de ce qu'on peut voir maintenant. Ca ne s'est libéré que dans les années 70... justement lorsque j'ai découvert toutes ces "horreurs". Et mes parents, comme ceux des générations précédentes, étaient choqués de cette liberalisation de la sexualité.

Je dois paraître vachement vieux à ceux qui n'ont pas connu cette époque...

Alors dans ces conditions, vous comprendrez que la sexualité reste assez difficile à aborder pour moi. Même si d'autres du même âge que moi s'en sont trés bien affranchis.

Si je continue un peu ce voyage initiatique, je dirais que c'est vers 11 ans que j'ai découvert que les filles avaient des seins. Phénomène curieux qui me faisait percevoir ce passage de l'état de "fille" à celui de "femme". Je crois que j'ai eu peur à ce moment là. Moi qui étais encore "petit garçon", de voir que je cotoyais des "presque femmes" a fait naître un sentiment d'infériorité. Je les sentais plus mûres que moi, plus adultes, sans doute avec un certain pouvoir (la séduction) qui m'était inaccessible. J'ai oublié presque toutes les filles de ces années là (pour d'autres raisons: effacement de ma mémoire des années difficiles), mais je garde le souvenir de certaines, qui étaient déjà femmes et me fascinaient. Ma mère disait "celle là, elle à déjà du coucher avec des garçons". Ouh là là... elles avaient pu aller jusque là? quelle prestige à mes yeux! Même si je sentais que ce n'était "pas bien", je les enviais d'être déjà aussi adultes.

Et moi, qui ait eu ma croissance naissante retardée d'un an pour cause de maladie, je me sentais petit, mais petit...

Ce n'est qu'en quatrième (14 ans) que je crois avoir ressenti le premier désir pour une de ces filles-femmes, aux seins avantageux. Mais inaccessible parce que sûre d'elle... et puis femme séduisante.

Avec Laura, mon premier amour passionnel, je ne sais même pas si j'avais des désirs sexuels. Certes, je savais bien qu'elle était femme, oui, je regardais son corps désirable, mais ma passion ne se portait pas sur ce plan là. L'amour platonique était mon seul désir initial.

Je crois que c'est à partir de ce moment là que j'ai choisi une mauvaise piste: séparer l'amour physique de l'amour-pensée. En fait, non, c'est à ce moment là que s'est faite la séparation, mais tout était déjà établi dans ma tête: sexe = pas bien, amour = seule beauté.

Laura était si bien, pour moi, qu'il ne pouvait être question de la mêler aux histoires sales de la noire sexualité qui existait dans ma tête.

Je me souviens que mon frère cadet disait ressentir quelque chose se passer dans le bas du ventre lorsqu'une fille lui plaisait. J'en fus trés surpris, parce que jamais ça ne m'était arrivé, même pas vis à vis de Laura qui pourtant représentait tant de chose à mes yeux. Je me suis dit que je ne devais pas être normal...

Il en est découlé bien des blocages, que ceux qui ont lu mon autobiographie comprendront...

Bah... tant que j'y suis... je vais révéler quelque chose qui m'a longtemps dérangé (merci à Laqk de m'en fournir l'inspiration...).

Un jour, vers 14/15 ans, il m'est arrivé un truc bizarre sous la douche. Mon sexe devait m'intéresser, puisque je faisais couler l'eau de la douche dessus, avec un jet assez fort. La sensation devait être agréable... je laissais couler... Tout d'un coup, j'ai ressenti une sensation absolument étonnnante, jamais perçue. Comme une contraction à la fois douloureuse et infiniment agréable. Cela a duré quelques minutes, avec une sensation croissante, puis aprés quelques secondes paroxysmiques, cela a cessé. Vraiment, je tombais de nues! qu'est-ce que ça pouvait être?

Forcément, j'ai recommencé la fois suivante, et ainsi de suite. Un jour, je me suis rendu compte qu'une substance blanchâtre sortait. Nouvel étonnement... mais j'ai vite compris de quoi il s'agissait. Et voila comment je suis arrivé sans le vouloir, sans le savoir, a découvrir la masturbation. Je me suis immédiatement plongé dans les livres qui pouvaient me donner quelques explications, du genre "la sexualité expliquée aux enfants". Pas grand chose sur le sujet, et vaguement teinté de morale: "il est normal que certains garçons se masturbent pour découvrir leur sexualité. Cela cesse lors de leur premières rencontres, etc...". Le tout expédié en quelques lignes, et décrit un peu comme un comportement passager, toléré bien que favorisant le repli sur soi. En tout cas, je me souviens bien que j'avais l'impression de "faire un pêché" (on voit l'éducation catho qui réapparaît...). Jamais je n'en ai parlé à qui que ce soit, avant que Charlotte ne me pose innocemment la question alors que nous connaissions depuis peu.

Mais ce qui m'a profondément marqué, c'est qu'un jour ma mère me dise, alors que je parlais de ma timidité qui me génait beaucoup: "tu es timide, parce que tu te masturbes". Bong! le choc! et devant mon père en plus! J'étais tellement abasourdi, à la fois qu'elle le sache (ou le devine) et qu'elle en parle à voix haute, que je n'ai rien répondu. Non réponse valant aveu, je le savais bien...

Après ce jour là, j'ai vécu trés mal cette pratique onaniste. Me disant que ça se voyait certainement (comme si c'était marqué sur mon visage!!), et qu'en plus c'était la source de mon malheur: la timidité. Du coup, je suis devenu encore plus timide, honteux, fuyant toute discussion ayant trait à la sexualité. J'étais persuadé d'être anormal. En chaque personne que je voyais, je percevais un découvreur potentiel de ma "tare".

Je suis persuadé que cette phrase de ma mère à joué un rôle important dans ma perte de confiance en moi, et dans ce sentiment de nullité. De même que tout ce qui touchait au sexe, au masculin, est devenu tabou, rejet. J'ai perdu mon identité sexuée à ce moment là. Je rejetais ce coté mâle, sale, vulgaire, mais je savais aussi que je n'étais pas femme, pourtant tenté par leur sexualité qui me semblait "pure". Je ne savais pas que les femmes pouvaient aussi se masturber.

Au fait, vous connaissez l'origine du mot? c'est significatif! De mémoire, il s'agit de "manu", la main et "stuprare", salir. Se salir avec la main!!!

Je repense à ma réaction vis à vis des revues ou des films porno: je les rejetais parce que l'image de ces femmes était salie par leur sexualité à l'usage des mâles. Pour moi, adolescent, les femmes ne voyaient l'amour que selon le coté sentiment. Si amour physique il y avait, ce que j'avais fini par accepter, ce n'était qu'aprés amour sentimental. Alors que les hommes, de ce que j'avais compris, préféraient surtout la bonne baise!

Ni homme selon ces critères, ni femme selon mon anatomie, et pourtant mâle parce que j'aimais ce plaisir sexuel, je me suis longtemps senti trés mal à l'aise avec tout ça.

Et voila ce que ça donne, 25 ans plus tard: un type qui a toujours du mal a évoquer le sujet.

Mais bon, aujourd'hui, je crois que je m'en suis pas trop mal tiré! Oser dire ça en sachant que je serais lu, c'est un sacré progrés! Encore merci à Laqk pour son entrée du 3 mars!!

J'espère que je n'aurais choqué ou dégoûté personne???

Heureusement que je ne vous vois pas, je n'aurais pas à rougir...

 

***

Moi qui disait il y a quelques jours que j'allais prendre du recul avec ce journal... Voila que je me lance dans des entrées à rallonge. Hé, pas loin de deux heures passées a écrire quand même!!! c'est prenant le diarisme auto-analytique...

En me relisant, et en particulier sur la sexualité des femmes,il me revient une découverte que j'avais fait avec ma psy. Disant que j'étais à la fois attiré par le coté pur des sentiments, mais sentant bien le petit démon qui m'habite (jeu de mot facile, qui passe mieux oralement...), j'en étais venu à dire que j'étais attiré par les femmes à la fois "pures et salopes". Oups! en fait, c'est elle qui l'avait dit, parce que je n'osais pas juxtaposer les deux mots. Et surtout dire que les "salopes" m'attiraient.

"Salopes" ayant un sens particulier pour moi: femmes désirables, séduisantes. Ce n'est pas l'insulte que l'on attribue aux soi-disant "femmes qui aiment ça", ou aux garces. Si je vois une femme trés désirable, donc qui a su se mettre en valeur, le mot de "salope" me vient à l'esprit. Parce qu'elle m'attire, éveille mon désir. Parce qu'elle me met en situation contradiction interne entre mon "ça" qui a envie de lui sauter dessus et de la baiser sur le champ, et mon "surmoi" qui me dit que c'est absolument impossible et qui refuse cette sexualité bestiale. Bon, je suppose que c'est un peu pareil pour tout le monde, je ne fais pas de grandes révélations là... mais pour moi, le jour où j'ai accépté de voir que ces femmes m'attiraient, ça a été un soulagement important.

Et si j'associe "pure et salope", c'est pour éviter cette contradiction. Si le coté sentimental est là, alors je peux laisser aller mes pulsions sexuelles. Je précise qu'une femme habillée de façon outrancière, qui laisse supposer que c'est par provocation sexuelle, ne m'attire absolument pas. La vulgarité ne me fait pas du tout fantasmer. Mais je crois qu'il n'y a rien d'original la dedans. Si les films nous montrent des femmes désirables dans des tenues élégantes, raffinées, à la fois "classe" et à l'érotisme suggéré, ce n'est pas un hasard. J'ai le regret de vous informer que je suis bien un mec tout ce qu'il y a de plus normal! Qui fantasme comme les autres sur des créatures de rêve, spécialement habillées et maquillées pour faire baver tous les hommes de la planète ( je simplifie un peu, parce que chaque culture à ses propres canons de beauté ).

Mais je fantasme aussi sur les femmes sentimentales, simples, tendres, fragiles... comme celles que l'on voit aussi dans d'autres films. Bref, je suis comme tout le monde.

 

Vous avez suivi le glissement de ma pensée? Du journal, au non-dit, à la sexualité, pour finir avec les femmes qui m'attirent... C'est vraiment la libre pensée!

C'est de l'anti-MöngôlO caractérisé!

(pourquoi je me compare à lui?)

Ce journal prend de temps en temps ce coté analytico-thérapique. Je ne sais pas comment vous, lecteurs, le percevez. Si cela éveille un écho ou au contraire vous est totalement étranger. Mais c'est... Arrêtes de te justifier l'Idéaliste! C'est comme ça parce que tu as envie que ce soit comme ça!

Voila, c'est comme ça...

 

Pourvu qu'il n'y ait pas de nouveaux lecteurs qui débarquent aujourd'hui...

 


Mardi 6 mars 2001

 

Pas forcément facile à assumer, ce que j'ai écrit hier... Je me suis posé la question de l'enlever, mais je n'en ai rien fait, comme d'habitude lorsque j'écris quelque chose qui me coûte un peu.

Bon, finalement ce n'est pas si grave. Et si j'ai pu en parler ici alors que je ne l'ai jamais évoqué ailleurs, c'est que c'est en voie d'acceptation. Le pseudonymat aidant bien les choses, je dois l'avouer...

N'empêche que je me suis posé des questions sur la façon dont j'allais être perçu. J'ai eu peur d'entacher mon image (quelle image?) avec ce genre de propos scabreux. Probablement en imaginant que moi-même j'aurais une réaction (laquelle?) si je lisais ce genre de choses chez un/une diariste. Et je pense en particulier à des réactions de la part des lectrices qui semblent m'apprécier...

Je ne voudrais pas avoir touché quelque chose de l'ordre du tabou, vous savez, ces idées que la conscience accepte par souci de tolérance, mais qui choquent l'inconscient. On voudrait accepter, mais une part de nous s'y refuse.

Bon, je verrais bien ce qu'il en est...

De toute façon, c'est une partie de moi, et je ne suis pas là pour me cacher, mais bien pour me dévoiler. A travers votre regard, c'est surtout vis à vis de mon propre regard que je me dévoile.

 

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Mardi 6 mars (additif)

 

23 h 45

Ma page du jour est déja mise en ligne, je reprends ici, en ayant lu quelques journaux.

Je constate, assez étonné, que de plus en plus de diaristes mettent leur visage en évidence. Soit sur la première page, soit sur leur page du jour. Il me semble que c'est assez nouveau.

On voit aussi, plus ou moins bien, des fragments du cadre de vie, ou même carrément des détails. Isabelle nous montre ainsi son armoire à pharmacie, avec son tube de dentifrice et sa brosse à dents...

Ca me fait un drôle d'effet de voir le quotidien des ces personnes que l'on ne connaît que dans l'imagination. Démythification volontaire de leur part, ou envie de compléter les mots?

Je sais que ça casse l'idée que je me fais de ces personnes. Est-ce bien? Est-ce dommage? Je n'en sais rien.

Je sais que mon rapport à l'image est toujours aussi ambigu. Parfois, comme ces téméraires, j'aurais envie de mettre des fragments de moi (mon cadre de vie ou mon corps/visage). Mais je me dis que ça n'apportera rien au lecteur. Manque de simplicité de ma part, peut-être. Et puis il reste toujours cette question de l'anonymat.

Comme j'ai une profession qui me met au contact du public, cela multiplie d'autant les chances d'être reconnu (qui restent minimes, j'en conviens...).

Bref, pour le moment, pas d'images!

 


 Mercredi 7 mars

Sexe, sexualité, sexuation...

 

J'ai toujours du mal à accepter ce que j'ai écrit il y a quelques jours (sexualité). De temps en temps, dans la journée, il me revient des phrases que j'ai écrites et qui auront été lues. J'ai honte de ce que j'ai écrit. Plusieurs fois j'ai eu la tentation de supprimer certains passages. Je ne le fais pas parce que je crois que j'ai besoin d'accepter cette part de moi.

Je me rends compte aussi, de ma dépendance vis à vis de l'opinion des autres. Je sais bien que ce que j'ai évoqué ne concerne que moi, mais le fait de n'en avoir reçu aucun commentaire me met dans une situation de doute. Je me dis que j'ai peut-être dérangé, surpris, déçu...

Je crois surtout que ce que j'ai dit n'appellait aucun commentaire .

Je me demande encore pourquoi j'ai ces accés de confidences, pourquoi j'ai un journal aussi introspectif. Serait-ce ce silence gardé aussi longtemps sur tant de cotés de ma personnalité? Ou alors une tendance naturelle qui apparaît, maintenant que je doute moins de moi?

***

 

Je regardais une émision sur "comment vivre après un inceste", ce soir. Pas que je sois concerné par le sujet, mais parce que je suis intéressé par ces comportements, à la fois anormaux chez les humains, et, d'une certaine façon, "normaux" dans le sens de la sexualité archaïque. Qu'est ce qui fait que des gens perdent cette barrière, en oublient les effets sur la victime pour ne penser qu'à leur propre satisfaction? Les témoignages des victimes, celui d'un agresseur, permettaient de meiux comprendre comme accepter de vivre après ça.

Une des victimes parlait de sa "reconstruction" en cours, après en avoir parlé à son père, l'agresseur.

Il m'arrive fréquemment de parler de ma "reconstruction", et je me suis dit que c'était peut-être aussi par identification aux victimes que le sujet m'intéressait. Bien que ce que j'ai ressenti n'ait rien à voir avec de pareils traumatismes, je me dis de plus en plus souvent qu'il existe des "violences" silencieuses qui passent totalement inaperçues. Moins graves que ces actes sexuels qui détruisent profondément, je crois que, si à mon âge je cherche encore à me "construire", les paroles que j'ai entendues de mon père m'ont quand même sacrément atteint.

J'ai fait le rapprochement quand une des victimes, parlant de son père avec qui elle a renoué le dialogue positivement, disait "il y a quelque chose que nous ne pouvons pas faire, c'est nous toucher, prendre la main, ou se mettre dans les bras...". Je me suis dit que jamais c'est quelque chose que je n'ai fait avec mon père, et qui me semble absolument inimaginable. Je voyais aussi ces personnes qui disaient ne pas pouvoir parler à leur père... me rappellant que j'en suis pareillement incapable.

Il est possible que la relation père-fils soit fréquemment de ce genre là... mais je n'en sais rien. Jusqu'à quelques années en arrière, je n'ai jamais imaginé autre chose que cette distance. Maintenant, je me dis que ça pourrait sans doute être différent...

 

Tiens, pour faire suite à la fois à la sexualité et au sujet que je vien d'évoquer, il me revient une idée. Pendant ma psychothérapie, alors que je réfléchissais à tout ça, je me souviens avoir dit que mon père était, pour moi, asexué.

Ni homme, parce que n'ayant aucune activité en rapport avec l'image "traditionnelle" du mâle (en vrac: copains, sport, bagnole, séduction, sexe,...), ni femme parce que dénué de tout sentimentalisme (du moins en apparence). Et moi, fidèlement, j'ai reproduit exactement ce modèle du "non-mâle"... mais en prenant aussi le coté féminin qui n'existait pas chez lui. Comment voulez-vous qu'avec un père que je considérais comme asexué, et ma sensibilité que je trouvais "féminine", je n'ai pas eu des problèmes avec ma sexualité!

Bon, ça s'arrange avec le temps. J'ai fini par comprendre qu'on pouvait être viril sans être un gros mâle vulgaire, et en ayant un certains sentimentalisme. Je me sens bien homme maintenant. D'ailleurs, je suis persuadé que les femmes n'ont jamais eu de doute à ce sujet, parce que j'ai aussi un raisonnement trés masculin, j'en suis certain. Tout comme mon père...

Le problème se fait seulement sur le coté sexualité, en fait. Mais bon, vous avouerez que la sexualité fait partie de la sexuation homme/femme, quand même... A trop avoir inhibé ce coté, mon père m'a transmis son blocage, et je l'ai sans doute accentué.

Tout cela n'étant quand même pas bien grave, parce que même important, le sexe n'est pas primordial dans la vie! Et heureusement, mon psychisme profond fonctionne plutôt bien. Et ça c'est important!

 


Jeudi 8 mars 2001

 

Journée de la femme, journée des femmes...

Ce jour symbolique part d'une bonne intention, et je trouve qu'il a son importance parce qu'au moins, ce jour là, on aborde pas mal des problèmes qui touchent cette ségrégation sexuelle. Cependant... ne consacrer qu'UN SEUL jour peut être un alibi facile, et sans grande portée pour les 364 qui restent. Avis mitigé, donc. Mais comme je pense que ce n'est pas inutile, je suis plutôt pour.

Mouais, je m'engage pas trop là...

M'est avis que si j'étais une femme, j'en aurait un peu plus à dire!

 

***

 

J'ai eu une trés longue (et fort tardive: jusqu'à 4h 30 du matin!) conversation via icq avec S. Il y a bien longtemps que nous n'avions plus eu l'occasion d'échanger puisque je m'étais un peu replié sur moi. Nous en sommes vite arrivés au sujet qui m'a préoccupé ces derniers jours. Je crois que j'avais besoin d'en parler un peu, parce que le silence des lecteurs me laissait assez désemparé (ce qui signifie bien mon malaise sur le sujet!). D'ailleurs, j'ai reçu un mail de M. qui m'a rappelé trés justement que ce problème était le mien. Il est difficile de le partager, ce qui ne veut pas dire que ceux qui le lisent n'en ont rien pensé...

Donc, avec S. j'ai pu aller un peu plus loin dans mon introspection. Elle m'a donné des pistes de réflexion qui se sont révélées être trés judicieuses. Un regard extérieur est toujours appréciable pour élargir le champ de vision.

Il est apparu que mes blocages ont, sinon des raisons d'exister, du moins des explications à cette existence. Et il semble que ma mère ait eu un rôle assez prépondérant là dedans. Etonnant d'ailleurs, que je ne parle pas plus de ma mère, non? Oui, je suis sevré depuis longtemps, mais le rôle d'une mère compte bien au delà de l'enfance. Si le père sert de modèle identificatoire (pour un homme), la mère a un rôle particulier (complexe d'Oedipe etc...). Elle est surtout modèle sur lequel se contruit la connaissance de l'autre sexe. Et en cela, tout ce qu'elle a pu dire peut avoir une importance considérable.

On dit que tout homme recherche une mère dans ses conquètes... je ne sais pas si c'est dans ce sens que ça s'exerce. Peut-être qu'on recherche des femmes en fonction de ce que l'image de la mère nous à donné de la féminité? Et que nous choisissons les femmes qui nous attirent en fonction de ce qui nous paraît "bien" ou "pas bien", selon que l'on ait envie de suivre ou de s'opposer à ce que la mère nous en disait?

Psychologie de comptoir...

Tout ce que je sais, c'est que mes parents ont marqué pas mal de mes orientations de vie pendant mon adolescence. Et même si maintenant je suis assez détaché de leur avis, libre de choisir ma vie comme bon me semble, c'est encore avec les boulets que je traîne depuis le temps où ils avaient de l'influence sur moi. Je suis libre... dans le cadre que leur attitude m'a fixé.

Je ne dis pas que c'est eux qui m'ont dit de faire comme-ci ou comme ça (bien qu'ils l'aient fait aussi...), mais leurs paroles, leurs réactions, ont conditionné à mon insu (et au leur) un cadre de référence que j'ai interprété comme étant une "norme". Et tout ce que je fais se détermine en fonction de ce cadre, que je choisisse délibérément de m'en extraire ou que je m'y sente enfermé.

Je ne sais pas à quel âge on parvient à être totalement libéré de son éducation (si toutefois on y parvient...). A 15 ans, on se croit libre.... mais c'est qu'on ne sait pas voir le cadre invisible qui nous enferme.

Peut-être que certaines personnes parviennent à s'en extraire rapidement, au cours d'une adolescence particulièrement rebelle? Ca n'a pas été mon cas, puisque j'ai longtemps considéré que j'avais eu une éducation presque "parfaite". Normal! je voyais ça selon les critères de mes parents qui favorisaient la découverte, la curiosité, l'ouverture d'esprit, la tolérance... C'est vrai, pour ça je crois que nous avons reçu une éducation tout à fait intéressante. Mais que de points qui sont restés dans l'ombre ou qui ont carrément été négatifs!!

Et ce sont ces points laissés en sommeil que je découvre et analyse peu à peu, année aprés année...

 


Samedi 10 mars 2001

 

Je réfléchis parfois à la forme de ce journal. 

Il reste résolument orienté vers l'intime, puisque j'exprime mes difficultés à me comprendre, l'analyse que j'en fais, et les tâtonnements que je vis. Journal auto-analytique, dont je m'étonne parfois qu'il puisse intéresser des gens qui ne sont pas moi. Il faut croire qu'ils y retrouvent une part d'eux mêmes ou des pistes de réflexion, comme moi j'en trouve chez les autres.

Je suis aussi tenté par une forme d'écriture plus distanciée, travaillée autant dans la construction que dans la narration. Une sorte de chronique à portée plus générale, même si elle serait vue à travers mon prisme déformant. J'envie ceux qui prennent le temps de choisir les mots, affiner leurs idées... Mais je sais aussi que si j'optais pour cette forme d'écriture, j'y perdrais certainement en spontanéité.

Une solution pourrait être d'écrire en spontané, puis revenir sur le texte en rectifiant les lourdeurs et répétitions, ajoutant de-ci, de-là, des compléments de réflexion. Je sais alors que ce serait un temps de travail beaucoup plus long.

Pas bien possible de passer davantage de temps...

Je crois donc que je vais poursuivre sous la forme de l'écriture libre, remettant à plus tard l'écriture travaillée. Peut-être sous la forme d'un autre journal? J'ai souvent constaté que des diaristes changeait de ton, et parfois de contenu, aprés quelques mois de journal. Ou alors je pourrais me payer le luxe d'avoir de temps en temps des entrés plus travaillées...

Bref, vous voyez que je suis dans l'incertitude pour la suite à donner.

 

Et puis cette façon de m'adresser directement au lecteur ("vous voyez...") m'agace un peu. Cette forme hybride entre lettre et journal ne m'est toujours pas familière. Sans doute par envie de faire rentrer les choses dans une case: lettre OU journal intime.

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Rubrique "rêves":

Je me suis éveillé ce matin en état de douce quiétude... Une femme venait de me déclarer qu'elle m'aimait.

Je sais qu'il s'agissait d'une personne avec qui je venais de passer un long moment à discuter de façon aprofondie. Une femme qui me connaissait trés bien mais que je découvrais pourtant physiquement. En fait je sais trés bien qu'il s'agissait d'une de mes lectrices (que je ne nommerai pas, hé hé hé...). Elle était tout a fait attirante (oui oui, je sais, les fantasmes..) et nous avions un vrai plaisir à être ensemble. Jusqu'a ce que sont copain arrive. Il se sentait exclu de notre complicité et voulût partir. Je lui demandais de rester, parce que c'est lui qu'elle aimait, et je les poussais dans les bras l'un de l'autre. Bien que l'appréciant, je savais que mon attirance n'était que circonstancielle et que je n'avais aucune idée d'avenir avec elle.

C'est alors qu'elle, et moi, dans un mouvement commun, prîmes le copain pour nous tenir à trois dans les bras des autres (vous saisissez?). J'acceptais même, surpris, ce contact avec un homme sans réticence.

Rassuré, l'homme pût partir tranquille. De nouveaux seuls, cette femme me déclarait alors: "c'est toi que j'aime".

Réveil en douceur...

 

Interprétation (ça ne vous dérange pas que je vous raconte mes rêves?):

1 - Inutile de le nier, mon désir de séduction mutuelle est toujours présent.

2- Le mythe (??) du couple à trois, ou plutôt du partage des relations, m'attire encore.

3 - La notion d'amour, ou du moins de communion de pensée, est le seul élément qui puisse déclencher quelque chose chez moi

4 - L'attirance physique compte aussi beaucoup.

 

Whaou! quelles révélations!!! mais en fait je suis hyper-normal non??

Oui... sauf que ce genre de rêves, c'est assez nouveau que je le fasse. Je n'avais pratiquement jamais eu de rêves érotiques (même maintenant, je les compte sur les doigts d'une main...), ni même de rêves de séduction mutuelle. Les seuls qui concernaient ce sujet étaient faits autour de Laura.

Bon, en fait, il se peut que mes songes existent, mais alors ils m'étaient inaccessibles une fois réveillé: aucune poussière de souvenir.

Laura: justement, j'ai révé à une rencontre avec elle hier. Et comme à chaque fois, une évolution par rapport aux précédents était manifeste. Cette fois, nous étions "amis", détendus, bavardant. Sauf que nous n'abordions pas "LE" sujet de notre passé commun. Je sentais que c'était absolument à éviter pour le moment. C'est rare que je rêve à elle comme quelqu'un avec qui je peux discuter. Je crois qu'il y a bien longtemps que ça ne m'étais pas arrivé. Avant notre "rupture" de 1995?

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Hier, je pensais à quelque chose: la plupart des diaristes parlent de leur vie sociale. Que ce soit avec leurs collègues, les gens de la rue, leurs amis...

Et je me rends compte de mon activité solitaire.

Je l'ai déjà dit, il m'arrive de passer des jours sans voir d'autres personnes que ma petite famille. Je ne vais pratiquement jamais en ville, parfois dans le village ou j'habite pour poster le courrier, mais comme je n'y connais presque personne (et qu'il n'y a personne aux heures où j'y vais), je n'ai même pas cette possibilité d'échanger, ou même de voir des gens.

Il y a quelques dizaines d'années, j'aurais été vraiment isolé au fin fond de ma campagne.

Pourtant, je me sens assez bien intégré dans notre société. Je me sens vraiment en faire partie, même si je ne me reconnais pas dans toutes ses composantes. Et tout ça vient de la société de l'information.

Quoi qu'on en dise, c'est vraiment devenu le "village planétaire". J'écoute beaucoup la radio, pour les informations, les reportages. Je regarde aussi les reportages télé, je vois parfois quelques minutes les futilités qu'on voudrait nous faire prendre comme des évenements. Je lis relativement peu de magazines, faute de temps.

Et avec tout ça, j'ai vraiment l'impression de sentir battre le monde. Vision déformée, j'en ai conscience, par la prépondérance des infos sur notre société occidentale. Une énorme partie des humains ne nous étant connue que par bribes.

Je ne suis pas citadin, et pourtant je connais des tas de choses sur les problèmes de banlieue, des transports, des embouteillages, de l'indiférence ou de la solidarité, du racisme, de la pollution, des grands magasins... toutes choses qui ne font absolument pas partie de mon cadre de vie.

Je peux aussi imaginer la vie dans les prisons, dans les hopitaux. Les difficultés des chômeurs ou des emplois précaires... Je dis "imaginer", parce qu'évidemment je ne peux pas les vivre. Mais au moins je sais que ça existe... alors que ça ne fait pas partie de ma vie.

Cette abondance d'information, dans laquelle chacun puise selon sa sensibilité est vraiment une source d'enrichissement extraordinaire.

Et internet?

Et bien pour moi, cela m'apporte une source d'information complémentaire et infiniment précieuse: comment mes contemporains vivent tout cela. Parce que les articles, les reportages, les sondages, c'est bien joli, mais c'est toujours assez vague. On n'a que des tendances, des moyennes, des majorités. Alors que l'expression directe permet d'aller dans les nuances, dans l'individualité de chacun. Et c'est pour ça que j'accroche particulièrement aux forums, ou à ce qui est dit par mes collègues diaristes.

Certes, je n'ai pas beaucoup de relations avec le monde réel, mais je crois que j'ai une compensation par la liberté d'expression due au pseudonymat d'internet. Parce que franchement, parmi les multiples échanges que l'on peut avoir dans une vie urbaine de salarié, quelle est la proportion des échanges "utiles"? Oui, on croise des tas de gens, on discute avec ses collègues de travail, on dit bonjour à l'épicier... mais quelle est la qualité de la plupart de ces échanges de mots ou de regards?

Sauf si on a une profession sociale, qui met en rapport direct avec la vie des autres.

J'ai la chance de pouvoir être "extérieur" lorsque je vais en ville. Et je suis toujours surpris de cette vie grouillante et indifférente. Plus la ville est grande, et plus l'impression est surprenante.

Il me semble que plus il y a du monde, plus la bulle autour de chacun est petite. Alors que là ou je vis et travaille, ma bulle est immense.

Une chose amusante: lorsque des clients viennent me voir, il y a généralement un bon contact instantanément. Est-ce parce que nous sommes seul à seul, que nous avons le temps? Ou bien parce que mon métier me met en contact de gens qui ont la même démarche que moi, qui savent prendre le temps, qui vivent en rapport avec la nature?

Je sais que des professionnels qui exercent une activité comparable, mais en zone urbaine, n'ont pas le même contact, ni la même relation avec le client. Dans ces lieux, un client n'en est qu'un parmi d'autres, le temps à lui consacrer est limité, d'autres suivront immédiatement, et puis il faut faire preuve de rentabilité parce que la pression commerciale est ce qu'elle est. Vite vendre et passer au suivant. Et tant pis si le client n'a pas vraiment ce qu'il lui fallait...

Alors oui, je suis moins "rentable" selon des critères commerciaux, mais mes clients sont fidèles, reviennent, nous sympathisons. Ils m'envoient d'autres clients, et ainsi de suite.

Parfois des "citadins" (par l'esprit) viennent, un peu par hasard. Froideur, demande d'un service contre leur argent. Exigence quand aux délais, demande de ristournes, étonnement que je ne fasse pas ce qu'ils considèrent comme normal (parce que mes confrères le font, eux!)... mon sourire se fige un peu, je me raidis. Le contact passe mal, parce que nous n'avons pas la même vision des relations d'échange (même s'il y a transaction commerciale dans cette ralation). Souvent ces gens-là ne reviennnent pas, insatisfaits de ne pas avoir trouvé ce qu'ils avaient par avance décidé. Et ça ne me dérange pas de ne pas les avoir comme clients. Au lieu de voir si, parmi ce que je propose, quelque chose pourrait leur convenir, ils aimeraient que je propose ce qu'ils recherchent. Moi à leur service, plutôt que de trouver un point commun entre leur attente et mon offre.

Oui, ma pensée chemine... et je passe de "la société d'information" aux "relations humaines dans une activité commerciale"...

 

Bah! je ne suis pas là pour faire un exposé rigoureux...

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Hier je parlais (via clavier) avec S. (que je nommerai dorénavant Sylvie, plus commode à mémoriser). Nous avons un peu évoqué notre rapport à la nature, du temps que nous pouvions passer à "vivre" en prenant conscience de la dimension de ce qu'elle appelle la "Création". C'est à dire la vie dans toutes ses dimensions, de l'infiniment grand à l'infiniment petit, à la fois dans l'espace et le temps.

Ces dimensions on ne peut en avoir un aperçu qu'en prenant le temps de s'en imprégner. Souvent dans une certaine solitude, au sein d'un cadre naturel harmonieux et paisible.

Comme beaucoup d'entre vous, je suppose (et j'espère!), c'est pendant les vacances, où à l'occasion d'un week-end, que l'on peut vivre ce genre d'expérience apaisante et revitalisante. Pourtant, j'ai la chance de vivre là où pas mal de gens rêveraient de passer des vacances (même si ce n'est pas un chalet au bord d'un lac sauvage du Québec ou du Saskatchewan...). Et je pense que ce cadre de vie influence ma façon de vivre. Il m'est beaucoup plus aisé de m'extraire du cadre dans lequel on se laisse facilement prendre lorsqu'on est sollicité...

Certes, je ne prends pas le temps chaque jour de faire de longues ballades dans les bois, ou de sentir le vent d'hiver me revivifier, encore moins d'observer les hérons pêcher dans les marécages du fond de la vallée...

Mais je vois quand même un peu de tout ça chaque jour. Grand ciel tout bleu, ou parcouru de nuages venant de l'ouest. Chants des oiseaux annonçant le printemps, eau qui sourd de partout aprés une longue pluie, herbe qui reverdit dans les lieux protégés.

Et puis les couchers de soleil, chaque jour plus tardifs au fur et à mesure que le point du coucher se déplace vers le nord. Les sources jaillissantes, les cailloux venus d'ailleurs déposés là par les claciers il y a des miliers d'années, les fourmis qui hibernent en masses presque immobiles, les bourgeons qui gonflent et la sève qui coule abondamment à chaque blessure...

Je vis au rythme de la nature, dans la nature. Je ne suis qu'une infime partie de cette nature immense, tout comme les autres hommes. J'essaie de comprendre l'équilibre qui existe et la portée de mes actes qui pourraient le modifier. Mon seul pouvoir est celui de vivre en harmonie, sans prendre, bouleverser ou détruire plus que le strict minimum.

J'ai peur qu'en ville on perde cette notion des choses...

 


Dimanche 11 mars 2001

 

Dimanche tranquille en famille...

Avec Charlotte, nous avons regardé les fleurs que nous allions planter pour créer un grand massif d'aspect un peu sauvage. Les livres de jardin ont toujours des photos à faire rêver...

Le printemps approche, malgré la pluie qui ne s'interromp que rarement depuis quelques jours. Je pense aux Québecois perdus dans leur hiver...

Hier soir, nous avions invité deux couples d'amis. Bof... pas facile d'aller dans le fond des choses lorsqu'on est six, avec six enfants dans les parages. Alors on en est resté aux discussions superficielles. Le sujet "internet" a animé un peu les hommes (les trois femmes ne s'y intéressant pas). Je n'ai pas évoqué mes activités en ce lieu de perdition...

A compter de ce jour, mon adresse de courriel change: diariste@hotmail.com

L'ancienne boite était inaccessible depuis plusieurs jours, et de plus, Multimania s'est mis à indiquer automatiquement ma véritable identité devant mon adresse courriel, sans que je puisse la supprimer! Ca va pas non!!!?

 

***

 

Je viens de regarder un peu sur le site de la CEV. Une dizaine de journaux n'ont pas été mis à jour depuis janvier. J'en ai regardé quelques uns, et c'est curieux, mais rien n'annonce une fin ou une décision de laisser s'écouler un délai. Il semble que ce genre de fin arrive parfois: une lassitude brusque. On pourrait aussi craindre qu'il soit arrivé un évenement particulièrement grave au diariste, mais les probabilités mathématiques ne permettent pas de tenir cett hypothèse.

D'un autre coté, certains diaristes laissent transparaître une certaine lassitude. Cela semble être le cas d'Océane, qui espace ses mises à jour, supprime une partie de ses archives, et se plaint ouvertement de ne pas avoir de signe de vie des lecteurs malgré un nombre de visites important.

C'est vrai qu'on se pose des questions parfois sur ces lecteurs non identifiés. Sont-ils des habitués, des diaristes? Moi-même, à combien de ceux que je lis ai-je écrit?

Et pourquoi ne leur ai-je pas écrit? Pour la même raison que les lecteurs qui ne m'ont pas écrit! Parce que, même si on est intéressé, on n'a pas forcément un commentaire à faire. Souvent, je lis, j'apprécie plus ou moins la chronique du jour... et je passe au suivant. Il est rare que je ressente l'envie d'écrire un mail pour exprimer ce que m'a évoqué un texte. Parfois c'est parce que j'ai été touché par les difficultés exprimées, et que j'ai l'impression de pouvoir apporter un peu de soutien avec une vision des choses plus distanciée... Tout comme ces lecteurs/lectrices qui prennent le temps d'exprimer ce qu'ils ressentent en me lisant.

C'est un peu un partage de sympathie, d'écoute, qui ne s'exerce pas forcément à double sens: on peut recevoir d'une personne, et "rendre" à une autre. Simplement parce qu'on est plus ou moins solide ou vulnérable, dans un domaine ou un autre. Mais le plaisir d'apporter un réconfort vaut remerciement... Tout comme l'acte de recevoir est "gratuit".

Je suis content d'avoir trouvé cette solidarité, finalement importante chez les lecteurs de l'intime. A mon avis bien plus que dans une population prise au hasard. Comme si on avait tous ce point commun d'être perméables à l'émotion des autres.

Mais on ne lit pas les journaux des autres par hasard...

 


Mardi 13 mars 2001

 

Panne d'inspiration en ce moment...

J'en profite pour vous indiquer quelques adresses de sites ayant rapport avec les relations virtuelles. D'abord le site d'un étudiant qui enquète sur le cyber-dépendance. Ca vous intéresse? Allez faire un tour ici.

Ensuite, une trés intéressante réflexion de Darnziak (site "Anomalie" - le 12/03/2001) sur le rapport entre le réel et le virtuel. Il se demande si le plus réel ne serait pas le monde virtuel...

***

 Mon activité professionnelle reprend son régime soutenu. Il est probable que j'aurais moins le temps d'écrire ici, et peu de temps pour réfléchir. Même si je sais que parfois l'activité auto-psychanalityque peut s'emballer à ces moments-là. On dirait que les deux sont totalement indépendants, puisque ma pensée ne profite pas forcément de mes périodes calmes sur toute leur durée (au début de la période: toujours!). Inversement, alors que je n'ai pas du tout le temps, il m'arrive parfois de cogiter et d'être trés frustré de ne pouvoir écrire à ce moment là...

Je me méfie quand même de mes grandes déclarations: à chaque fois que j'ai dit que j'allais moins écrire, c'est le contraire qui s'est produit!

 

***

 

Bon, ils sont sympas chez Multimania, puisqu'ils répondent quand on leur signale un problème et s'en excusent. N'empêche que la réponse est un peu... consternante!

Bonjour de Paris

Samedi 10 mars 2001, un incident technique a touché le service mail de Multimania. Cette coupure a rendu l'ensemble de nos services (pop, webmail, redirection.) inaccessible ou inoperant a partir de 12h00.

Il est a note que les mails que vous auriez reçu durant cette reriode sont malheureusement perdus.

Le retour a la normal de notre reseau était effectif Lundi aux environs de 12h00.

Si votre probleme est apparu à cette date et dans cette tranche horaire il y tout lieu de croire que la cause était du à cette indisponibilité de notre reseau. Si par contre votre probleme est apparue en dehors de cette tranche horaire merci de nous le preciser.

Multimania vous prie de bien vouloir accepter toutes ses excuses pour la perturbation ainsi engendree.

--

Cordialement
Les Assistants Support
Service Support MultiMania
 

48 h hors service, et les messages perdus! Je n'imagine pas le nombre de frustrés qui ne sauront même pas si on leur a écrit, et les milliers de messages perdus!

Et de clients perdus... comme moi qui ait pris une autre boite.

Donc, si vous qui me lisez avez écrit durant cette période, j'accepte volontiers que vous rééxpédiez votre message :-)

 


Mercredi 14 mars 2001

Communauté des diaristes

 

Hier soir, en parcourant des journaux que je lis rarement, je suis tombé sur une querelle entre diaristes. Je ne comprends pas bien ce besoin de critiquer les autres en les nommant. Ca ne peut que créer des problèmes.

Si on aime un diariste, il me semble normal d'en faire profiter les lecteurs, soit en le citant, soit en mettant un lien vers son site. Dans le cas contraire, on peut trés bien dire qu'on aime pas un certain style de journal, mais pourquoi le nommer puisqu'on a pas envie de le recommander?

Oui, je sais, on est libre de mettre ce qu'on veut sur son journal...

Sauf qu'il est lu! et ça change pas mal de choses.

Si je dis "le journal de X est nul parce qu'il parle de telle chose et que ça ne sert à rien" (sous entendu "ça ne m'intéresse pas"), je porte un jugement de valeur. Je considère qu'il n'est pas intéressant parce que les sujets qu'il/elle aborde ne font pas partie de mes préoccupation. Appréciation subjective, donc.

Seulement X est lu... et ses lecteurs peuvent être heurtés par cette critique (c'est un peu comme si on critiquait leurs goûts). Et X risque aussi de lire cette appréciation défavorable. Pas forcément facile à assumer de se voir ainsi dénigré ouvertement devant les autres!

Ce n'est pas parce qu'on écrit avec conviction qu'on est blindé contre toute critique. Je crois que si on écrit, c'est plus ou moins pour entendre un écho favorable. Et si on sait qu'on peut recevoir un jour un mail insultant (que l'on saura a peu prés gérer seul), ce n'est pas pareil que de se voir dénigré "en public".

Je trouve que ça met une sale ambiance dans le milieu des diaristes. Pourquoi faut-il toujours que des gens ressentent le besoin de se sentir libres en critiquant les autres, au risque de créer des tensions dans la "communauté" que nous formons?

Je suis un peu utopiste et je rêve toujours d'un respect entre les gens, d'une tolérance vis à vis de nos différences. Il me semble que ça permet de vivre dans une relative harmonie. Au contraire, si chacun se met à critiquer nominalement, on est certain de créer des problèmes: l'attaqué va se défendre, probablement avec une certaine véhémence, l'attaquant se défendra à son tour, ou, pire, enfoncera encore plus le clou! Des partisans de l'un ou de l'autre s'exprimeront, parfois avec excés...

C'est ce genre de choses qui a fait disparaître les forums de la CEV, et, il me semble, de la SDV.

Je ne crois pas qu'il y ait hypocrisie à parler d'un problème sans nommer personne. C'est une façon de rester dans une idée générale sans s'en prendre en particulier à quelqu'un. Même si aujourd'hui je me base sur un fait particulier, il est inutile que je précise. Certains reconnaîtront à quoi je fais allusion, les autres en resteront au principe que je développe. Et même si des gens se reconnaissent, ce n'est pas eux que je vise, mais l'attitude qu'ils ont eu, dans un sens général. Parce que d'autres l'ont eu avant eux...et d'autres, hélas, l'auront aprés eux. Ce genre de "règlement de comptes", plus ou moins virulents, s'est déja produit plusieurs fois depuis que je fais partie des diaristes...

A terme, ça crée des clans. Et la communauté grandissant, des scissions apparaissent. Je ne serais pas étonné que d'ici quelques temps se créent des groupes distincts entre les "intimistes", les "factuels", les "poêtes", les "polémistes", les "quotidiens" ou que sais-je encore...

Mais toute communauté n'évolue-t-elle pas inévitablement vers la scission? Les intérets ou attentes de chacun étant divergents, vient un moment où se forment des mini-communautés qui ont envie de se désolidariser du reste. Ce qui n'empêche pas de rester dans une méga-communauté constituée de mini-communautés...

 


Jeudi 15 mars 2001

 

Souvent, j'aimerais avoir le temps d'écrire n'importe quand dans la journée, lorsque les idées se bouculent dans ma tête.

C'est ce qui m'est arrivé hier soir, en regardant une émission "Faut-il avoir peur des psys". Puisque j'ai ma propre expérience sur le sujet, j'avais envie de m'exprimer... mais il était plus de minuit et j'ai manqué de courage.

A midi, c'est en écoutant un reporter parler de l'inutilité de son métier, l'absurdité de la guerre commentée en direct, qui ne change absolument rien dans nos consciences...

Ce soir, c'est en lisant l'Incrédule qui évoque la mort, sujet qui m'est souvent venu en tête mais que je n'ai jamais abordé dans ce journal...

Bref, il est fréquent que l'envie d'écrire soit là, mais que, faute de temps ou de disponibilité d'esprit, je doive y renconcer. C'est frustrant. J'ai l'impression de perdre quelque chose de moi. De laisser filer quelque chose d'essentiel.

Pourtant, je suppose que les idées qui me traversent l'esprit reviendront un jour. Elles passent, laissent une trace qui "travaille" à mon insu, et qui réapparaît un jour, un peu plus aboutie.

***

 

J'ai envie d'écrire...

Ecrire un roman ou quelque chose comme ça. Non, je triche: envie d'écrire une autobiographie.

Ouh!! le prétentieux!!! P'têt' ben...

Je crois que chacune de nos vies peut être un roman. Nous avons tous un coté qui peut intéresser les autres. Pas besoin forcément de grand destin, de carrière internationale ou de vie trépidante. Regardez, un des bouquins qui a eu le plus de succès l'an dernier (en France): "La première gorgée de bière et autres plaisir minuscules", de Philippe Delerm. Un type qui réussit a vendre des millions de bouquins en racontant ses souvenirs quand il écossait les petits pois, ou quand il imagine son premier repas dans le jardin un jour de beau temps! Juste du normal, du naturel, de quotidien.

Eh...! Tout ce qui fait la différence, c'est le talent de l'écrivant (écrivain est un mot trop "noble", inatteignable).

Bon, je sais... écrire, c'est sans doute le plus facile. Encore faut-il être lu! Hmouii... Vous me lisez bien là, non? J'écris pour une vingtaine de personnes mon autobiographie instantanée, en direct. N'est-il pas possible d'imaginer, avec une écriture plus élaborée, de toucher au moins autant de monde? voire un peu plus? Bien sûr, si on s'imagine déjà invité aux infos ou a "Bouillon de culture" (émission littéraire) pour parler de son best-seller... il vaut mieux remiser ses envies d'écrire au placard. Les premiers romans qui cartonnent, du genre Marie Darrieusecq, ça ne court pas les rues...

De toute façon, je n'ai pas le temps...

Bah... oui... moi aussi je me suis dit "et si j'avais un talent ignoré (même de moi)?". C'est peut-être pour cette raison que je me dis que je devrais m'y essayer. Et si je n'arrive pas à écrire, ou si, une fois écrit, ça n'intéresse personne, et bien tant pis! J'aurais au moins tenté l'expérience.

Je dis ça parce que cette envie d'écrire n'est pas nouvelle. Elle revient régulièrement, sous diverses formes (ce journal étant l'une d'elles). Et j'ai beau me dire que je n'ai pas le temps, que ça n'est pas sérieux, que c'est un délire totalement immodeste... l'envie revient toujours. Je me rends compte que je repousse, mais que je sais que je le ferais un jour. Je n'imagine pas de cesser d'écrire. Je n'imagine pas de ne pas me lancer dans quelque chose de plus abouti que cette écriture facile (sur la forme, pas le fond). Souvent, d'ailleurs, cette envie de travailler mon écriture est là. Mais elle s'accorde mal avec la spontanéité du journal. Je n'ai ni le temps de choisir bien longtemps mes mots, ni celui de construire un plan de narration.

Je sans pourtant que cette écriture, qui m'aide à me construire, m'apporte aussi une aisance avec les mots et l'expression de mes pensées. Un jour viendra sans doute où je me sentirais prêt...

J'en profite ici: merci à vous qui me lisez. Merci d'être là et de me montrer que mes écrits ont une certaine valeur pour vous. C'est trés important de sentir ce regard en sympathie.

 

Il est 1 h 45... il faut vraiment que j'aille me coucher. Si je me laissais aller, je pourrais écrire des heures!

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Le J.mag de ce mois-ci est paru. Avis aux amateurs...

 


Dimanche 18 mars 2001

 

Le week-end est toujours une période creuse sur internet: peu de mise-à-jour des diaristes, peu ou pas de participation aux forums... Alors j'erre un moment, puis je me déconnecte. C'est un peu frustrant. Je me rends compte aussi que cela trahit mon accoutumance!

Période un peu creuse pour moi, du point de vue des sensations. Pas d'échanges de mails, pas grand chose à écrire... Bizarre comme en peu de temps les choses peuvent changer.

Une certaine lassitude générale m'a envahi. Alors que je pourrais en profiter pour développer des sujets que je laisse de coté habituellement, je ne ressens pas l'envie de m'y plonger. Trop difficile de toujours réfléchir. Un peu de vide fait du bien...

***

 

Parfois je prends un peu de recul par rapport à ce journal. Je me demande si j'ai la même sincérité qu'au début. Non pas que je triche d'une façon ou d'une autre, mais parce que je n'écris plus comme dans un journal privé. Je veux dire que ce n'est plus une écriture libératice, mais un moyen de communiquer mes impressions. Ce n'est plus une écriture miroir, mais une écriture vitrine.

J'écris plus pour mes lecteurs que pour moi! C'est terrible! J'ai l'impression de donner une image publique de moi, oubliant un peu que c'est pour moi que j'écris.

Il m'arrive de céder à la tentation d'écrire ce que je fais, de donner quelques détails de ma vie au quotidien alosr que ça ne m'apporte absolument rien. Je ne le fais que pour mes lecteurs/lectrices, tentant de répondre à une envie qu'ils n'ont en fait jamais formulée! Je m'auto-starise, faisant comme si ces détails de ma vie pouvait intéresser quelqu'un! La-men-table!!

J'écris ça parce que j'avais envie de mettre des fragments de photo pour donner un peu de mon image visuelle (oh, pas beaucoup, rassurez-vous...). Et d'un coup je me suis rendu compte de l'inutilité et de la vanité de cette démarche. Personne ne m'a jamais demandé quoi que ce soit dans ce sens. Si quelque chose peut intéresser, c'est ma pensée, pas mon physique, pas mon milieu de vie. Vais-je sombrer dans l'étalage, l'exhibitionnisme?

... d'un autre coté, je ne suis pas un pur esprit, et mon environnement, le coté matériel de ma vie pourrait contribuer à me rendre plus humain, moins abstrait.

Pas facile de démêler ce que je veux vraiment.

Et puis... si j'envisage de montrer ce coté physique... n'y a-t-il pas un certain narcissisme? Parce que je sais que ce que j'ai à montrer serait choisi pour donner de moi une image favorable. Pas question de montrer le bordel qui s'entasse sur mon bureau, ou une photo de moi (même partielle) qui puisse laisser croire que je suis moche, ou gros, ou boutonneux (quoique j'ai passé l'âge des boutons...). J'ai peut-être une brave bouille de bon paysan? Ou une tronche de coincé avec la bouche pincée? Ou des joues rebondies autour de petits yeux porcins?

Pourquoi est-ce que j'attache autant d'importance au physique alors que je sais trés bien que ce n'est pas ce qui compte? Si j'ai des réticences face à mon image, n'est-ce pas parce que je suis trés dépendant de l'image des autres? Il est incontestable que je suis soumis à la perception visuelle des autres, dans les deux sens.

Je le vis presque comme un handicap. Parce que c'est quelque chose dont j'ai énormément de mal à me soustraire. C'est immédiat: j'ai tendance à "juger" une personne sur son seul physique. J'ai beau tenter de ne pas le faire, c'est inévitable.

J'aimerais tant être débarrassé de ce regard!!!

Peut-être que ça m'aiderait aussi à ne pas me sentir jugé par les autres? Peut-être que j'aurais moins peur d'eux? Peut-être que je m'accepterais mieux?

Si, bien souvent, j'aimerais (et fait tout pour) être transparent, c'est probablement parce que j'aimerais avoir ce regard sur les autres: ne pas m'attacher à leur enveloppe (corps, visage, regard, vétements). Les voir tels qu'ils sont en dedans, et non pas de façon superficielle.

Je dis ça, mais je pense pourtant bien savoir regarder à "l'intérieur" des gens, mais c'est toujours APRES le regard qui jauge!

C'est terrible de fonctionner de cette façon!

 


Lundi 19 mars 2001

 

Totale déconnection du monde virtuel pendant... presque 48 h! Oui, c'est pas bien long, mais c'est inhabituel. Parti ce dimanche, occupé ce lundi, je n'ai pas pu, ni ressenti l'envie, d'aller lire forums ou journaux.

Si je le remarque, c'est que ça fait des mois que ça ne m'était pas arrivé. Je pense que c'est bon signe: je retrouve mon autonomie. Je ne suis plus aussi "accro" de ce qui peut être dit et que j'aurais l'impression de manquer.

Mon travail me motive à nouveau (et je n'ai pas bien le choix de différer ce que j'ai à faire!) et je ne suis plus dans la phase euphorique de découverte. Je retrouve donc une vie normale...

***

 

Aujourd'hui j'ai effectué un déplacement professionnel. Presque des vacances que de rouler tranquille sans avoir l'impression de travailler. Je suis allé dans la région de Beaujolais, vignobles réputés. Pas pour le vin, parce que ce n'est vraiment mon truc. Mais j'ai trouvé beau ce paysage presque essentiellement voué à la culture de la vigne.

Je suis passé aussi dans la vallée de la Saône, trés largement innondée après les fortes pluies de printemps. L'autoroute était comme une digue au milieu d'un lac. Paysage étonnant avec des arbres qui émergent de l'eau. J'ai regretté de ne pas avoir mon appareil photo. Avec un peu de temps, il y avait de superbes photos à faire.

 


Mercredi 21 mars 2001

Coups de coeur

 

Une fois n'est pas coutume, j'ai envie de parler de mes deux coups de coeur de la journée.

Le premier c'est Lynda Lemay, chanteuse Québecoise qui commence à être connue en France. Je l'ai découverte il y a deux ans environ, au cours d'une émission de radio. Le choc a été intantané! Des paroles sensibles et sensées, une voix claire et trés intelligible, et une émotion immédiate. La première chanson que j'ai entendue était "le plus fort c'est mon père", déclaration d'amour bouleversante qui m'a mis les larmes aux yeux.

Il est trés rare qu'à la première écoute je sois ainsi séduit par une voix et touché par des paroles.

Depuis j'ai découvert une partie de son répertoire, tantôt plein d'humour, tantôt émouvant. C'est vraiment quelqu'un que j'apprécie beaucoup et qui apporte quelque chose de nouveau, vraiment authentique.

Ce qui est curieux, c'est que je l'ai vue citée plusieurs fois par des diaristes... Pour une artiste encore largement inconnue du grand public, ça peut surprendre. Aurait-on, nous autres écrivants, une sensiblité particulière à ce genre de chansons?

Hier, alors que je m'étais rendu dans un magasin de disques en attendant une conférence, je me suis trouvé nez à nez avec Lynda Lemay... enfin, avec ses disques! J'avais hésité il y à quelques temps, apprenant que son dernier disque était plus instrumentalisé. Je craignais qu'elle soit tombée dans une certaine facilité. Mais bon, face au disque je me suis dit que je ne craignais pas grand chose...

Et je n'ai pas été déçu! Toujours autant d'émotion. Et en particulier pour sa chanson "Maudits français", qui se moque avec tendresse de nos particularités et de nos liens avec nos cousins Québecois. Je l'avais déjà entendue trois fois à la radio ces derniers mois, et à chaque fois j'avais senti les larmes couler sur mes joues. Pourquoi? Je n'en sais rien! Peut-être parce que c'est une histoire d'amitié... non honnêtement, je ne sais pas bien pourquoi. Il n'est pas exclu que les liens qui se sont établis récemment avec des Québecoises via internet y soient pour quelque chose.

Et bien en l'écoutant chez moi, tranquillement, en préparant mon petit repas solitaire, je me suis encore mis à pleurer...

 Bref, si vous ne la connaissez pas, que vous êtes sensibles aux paroles réfléchies et aux voix claires et lumineuses, je vous la conseille.

 

Deuxième coup de coeur de la journée (découvert hier soir en fait), le superbe journal de "Regards solitaires". J'ai été immédiatement séduit. Une narration impeccable, un vocabulaire précis tout en étant fluide et agréable, un contenu réfléchi, une vraie diversité... tout ce qui pouvait me plaire.

Ce que je me demande, c'est pourquoi je l'avais mis dans mes signets "secondaires" (ceux que je retiens mais ne lis que trés occasionnellement), mais que je n'y étais jamais revenu. J'avais du être intéressé par une lecture au hasard, puis avait négligé d'y retourner.

Bon, le problème c'est que des diaristes de cette qualité me foutent des complexes! Je me dis que je devrais travailler un peu plus mes écrits, au lieu de me contenter d'une écriture à peine élaborée...

Etonnement aussi: on dirait qu'Eva (son auteur) écrit sans se préoccuper des lecteurs. Elle écrit librement, comme si elle était seule.

Elle me fait un peu penser à l'Incrédule.

 


Dimanche 25 mars 2001 

Gestionnaire de l'existentiel

 

Il va falloir que je m'y fasse: mon rythme d'écriture va changer. Plus question de passer des heures à écrire! Mon activité saisonnière reprend et le travail va occuper tout mon temps. Je n'aurais que mes fins de soirées pour lire un peu les nouvelles de vie des diaristes que je suis.

Cet aprés-midi j'ai passé un moment couché dans l'herbe, au soleil, les cheveux ébourrifés par un bon vent d'ouest. Devant un paysage paisible, marqué du vert émeraude des prairies qui s'éveillent au printemps, je pensais à la chance que j'ai de bénéficier d'un tel cadre de vie...

Je me suis endormi là, au chant d'un oiseau aussi bavard qu'invisible.

C'est en me réveillant que j'ai réalisé que ce bien-être, dont je jouis chaque jour, n'est pourtant pas suffisant pour que je me sente parfaitement bien. Parce que si mon état mental n'est pas bon, je ne pourrais qu'imparfaitement apprécier ce calme. Du moins, je ne pourrais pas l'apprécier durablement.

Je m'explique: mon métier saisonnier présente l'avantage de me donner une certaine liberté (dont je sais de mieux en mieux profiter), mais le fait de l'exercer seul a pour contrepartie de rendre très sressants les moment de grosse activité. Un énorme surcroît de travail que j'ai des difficultés à absorber. Or le stress est source d'énervement...

Pas facile de rester "zen" alors que chaque jour qui passe fait que le temps restant s'amenuise. Il suffit que quelques imprévus surviennent, et ça devient vite catastrophique. De plus... je ne sais pas bien dire non, ce qui fait que j'accepte parfois de me rajouter du travail alors que je sais que cela augmentera encore mon stress.

Au fil des années, je parviens à m'organiser mieux, à renoncer à certaines tâches, à refuser du travail. Tout cela dans le but d'éviter ce stress destructeur de moral, pompeur d'énergie. Mais je ne le fais pas encore assez...

J'ai compris depuis quelques années que c'est un désir de perfection qui faisait que je me rajoutais toujours du travail. Je voulais être irréprochable. Donc, quelque soit l'avance que je pouvais prendre, je me trouvais toujours avec une masse considérable de travail à effectuer.

D'année en année, je me simplifie les choses, je prends davantage de temps pour vivre, mais je ne sais pas encore éviter le stress à certains moments.

 

Sur ma colline, cet après-midi, je songeais à tout le travail que j'ai effectué depuis des années. Actuellement, je serais incapable de me lancer à nouveau dans quelque chose d'aussi considérable. Et je me suis rendu compte que j'avais eu trois motivations principales pour le faire: vivre une passion, recevoir une "reconnaissance" à travers ce que je réalisais, créer quelque chose qui survivrait après ma mort (pas facile à expliquer sans entrer dans des détails qui nuiraient à mon anonymat...). Or, depuis quelques temps, le besoin de reconnaissance s'est estompé. C'est donc un des moteurs qui manque pour me donner l'énergie mentale indispensable. Et privé de cette motivation, je n'ai plus le courage de travailler aussi dur. L'envie est toujours là, mais privée d'énergie.

Il est probable que cela reviendra dans quelques années, quoique de façon moindre. Ce ne sera plus le besoin de reconnaissance qui prédominera, mais vraiment la passion qui insufflera l'énergie nécessaire.

 

Actuellement, je suis en phase de "reconstruction" psychologique et cela demande aussi beaucoup d'énergie. Pas le même genre, mais énergie quand même. On ne peut pas se consacrer à plusieurs activités mobilisatrices simultanément.

Je crois que les rencontres que j'ai faites sur internet, et l'impression "d'exister" que j'en ai retiré, ont comblé ce besoin de reconnaissance dont je n'avais pas vraiment conscience. Et cela s'est produit précisément au moment où je remettais en question ce travail incessant que je produisais depuis des années. Tant d'énergie dépensée... pour quoi? Je ne pouvais pas passer à ma vie à m'user en courant derrière une chimère!

Au moins, par l'écriture, je me sens "exister", et cela demande infiniment moins d'efforts que ceux que je donnais auparavant... pour une reconnaissance que je ne ressentais que rarement.

Finalement, j'ai opté pour plus de facilité et de "rentabilité" de mes investissements existentiels...

 


Jeudi 29 mars 2001

Rien à dire...

 

10 h 50

Quelques minutes volées sur le temps de travail...

J'ai été surpris de constater que je n'avais pas écrit depuis dimanche. Les jours sont passés si vite! Je ne sais pas bien quand je retrouverais une certaine disponibilité.

Dommage que je ne puisse pas écrire lorsque je le voudrais. Hier, par exemple, j'écoutais une émission (en travaillant) qui parlait de la mort. C'est un sujet que j'ai envie d'aborder depuis un moment, mais je n'en trouve pas le temps.

Bah... les idées qui sortiront n'en seront que plus affinées.

 

15 h 00

Je viens d'envoyer à Strophe le questionnaire de "L'indiscrète", auquel j'avais accépté de répondre. Pas si facile! Ce qui paraît tout simple au premier abord oblige parfois à exprimer ce qui n'est pas souvent formulé... mais ça fait du bien de se livrer à ce genre d'exercice.

Je m'y suis pris à trois reprise pour en venir à bout, puisque je n'ai que peu de temps disponible. Il sera probablement bientôt en ligne sur le site de la CEV. Je sais que c'est une vision trés partiale que je donne de moi, mais ça fait partie de la règle du jeu. En fait, comme dans ce journal, je ne donne que ce que je veux bien donner, et un regard extérieur aurait certainement une avis totalement différent. Charlotte, à qui je l'ai donné à lire, m'a dit qu'elle m'y reconnaissait bien et n'a découvert que des points de détail.

 

22 h 00

Je viens de finir ma journée...

Quelques factures à envoyer, mise à jour de mon site professionnel (nettement moins souvent actualisé que celui-ci!!), préparation des fax à envoyer demain. Ma journée a été contrariée par une météo trés changeante: gris le matin, puis trés pluvieux ensuite, retour du soleil à la mi-journée, puis orage (!) avec grêle abondante et enfin retour à un temps mitigé. Pas facile de planifier quelque chose dans ces conditions...

Bon... voilà que je me mets à parler du temps qu'il fait, maintenant!!

C'est que je n'ai pas grand chose à dire... mais que je ne veux pas rester silencieux. Je ne sais pas si c'est une bonne idée.

C'est certainement la peur d'être "oublié" par ce lectorat que j'ai conquis au fil du temps. C'est un peu idiot: ceux qui ont envie de me suivre sont informés de mes mise-à-jour. Ou alors c'est comme une "drogue": j'ai besoin de cette expression?

Non, il va falloir que je m'y fasse: n'écrire que lorsque j'ai quelque chose à dire!

 

23 h 00

Finalement, il suffit que je m'y mette pour que l'inspiration revienne: je viens de répondre à un mail en attente depuis quelques jours et mes idées étaient bien présentes. C'est rassurant...

Tiens, question pratique... Charlotte vient d'aller se coucher, avec une petite idée derrière la tête. Hmmm, je crois que je vais devoir cesser là mon écriture du soir...


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