Mois d'avril 2001


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Lundi 2 avril 2001

Rencontre inattendue

 

J'allais écrire "me revoilà..." (de fait, je l'ai écrit puis effacé), comme si j'étais attendu avec impatience par des lecteurs avides de suivre mes aventures extraordinaires autant que palpitantes...

Je dois dire (vous dire?) que je suis un peu perdu avec ce journal en ce moment. Mes activités font que je n'ai plus vraiment de choses à dire, mais en même temps je ne me sens pas bien à l'aise de ne rien écrire...

Vais-je aller vers une narration des évènements de ma journée, alors que j'ai si souvent écrit que ce type de journal ne m'intéressait pas vraiment?

Bien sûr, il se passe des choses dans ma vie, mais comme autrefois dans mon journal papier, j'aurais tendance à n'évoquer que ce qui me pose problème. Et comme rien ne me pose de problème en ce moment...

Vais-je raconter que je travaille beaucoup, que je ne me suis pas arrêté ce week-end et que sera pareil pour les trois qui arrivent? Pire, je me suis levé à 5 h du matin samedi, rentré à 22 h, puis parti à 7 h dimanche, rentré à 21 h. Vous allez vous demander ce que je peux faire comme travail pour être occupé ainsi quinze heures par jour pendant un week-end...

J'étais en déplacement, exposant sur quelque chose qui ressemble à un salon professionnnel.

Eh... voila la contrepartie de mes périodes de liberté de l'hiver: la surcharge à d'autres moments de l'année.

Une petite surprise pourtant, durant la journée de samedi. Inès est venue me rendre visite! Je ne l'avais pas revue depuis un an. Tous nos contacts n'avaient eu lieu que par mail ou téléphone depuis ce moment-là.

J'ai été content de la revoir, alors que j'aurais eu tendance à craindre cette rencontre si elle m'avait prévenue à l'avance. Il faut dire que je me sentais passablement coupable d'avoir mis une certaine distance entre nous depuis cette dernière rencontre, qui avait marqué un avancement ultime dans notre relation. Depuis que j'avais réalisé, quelques jours plus tard, combien il m'était impossible de renouveller cette expérience de proximité intime avec une autre femme que Charlotte.

Maintenant, avec un an de recul, je me demande encore comment j'ai pu aller aussi loin... tout en sachant que je ne l'ai jamais regretté. C'était pour moi un "passage" trés important pour devenir autonome du point de vue... séduction. Une fois passée cette "étape", j'ai retrouvé mon état antérieur quand à ma fidélité envers Charlotte. Avec en plus une certaine assurance. Et c'est exactement ce dont j'avais besoin pour continuer mon cheminement vers plus d'autonomie affective.

Donc Inès est restée un moment, puis nous nous sommes retrouvés ensuite dans un café. Même si j'ai pensé de temps en temps que certains de mes relations professionnelles pouvaient me voir en compagnie d'une femme qui n'était pas la mienne, ça ne m'a pas dérangé. J'avais la conscience tout à fait claire. D'ailleurs, je n'ai eu aucun contact physique avec Inès, pas même s'effleurer la main. Et elle n'a pas semblé en souffrir, ni même l'envisager.

Pourtant, quand elle me parlait, que je voyais ses lèvres articuler les mots, je me souvenais d'autres moments ou j'étais beaucoup plus proche de ces lèvres...

Je savais que cette femme, si je l'avais souhaité, n'aurait pas refusé que nous retrouvions une intimité. Je me sentais dépositaire d'un "pouvoir"... il n'aurait suffit que de quelques mots de ma part...

Mais nous n'avons évoqué aucun mot, justement. Complices de la fragilité de cette relation, qui ne peut durer que si plus aucun contact n'existe désormais. Nous sommes (re)devenus des amis, et la dimension affective est, pour le moment (et probablement définitivement?), totalement exclue.

Nous nous sommes dit au revoir comme nous nous étions dits bonjour: une bise sur chaque joue. Un instant j'ai cru sentir que ses lèvres auraient pu aller tout droit, mais c'est ostensiblement que j'ai tendu ma joue.

 

Et bien voilà: je ne savais pas ce que j'allais évoquer ce soir, et ça s'est présenté tout seul.

Ah oui! quelque chose qui a aussi son importance: Elle m'a demandé si je lisais toujours des journaux en ligne. Je lui ai répondu par l'affirmative. Puis elle m'a demandé si je tenais toujours mon journal (supposé en version papier). Au bout d'un moment, je lui ai avoué que j'en tenais un en ligne. Elle n'en a pas parue surprise, mais n'en a pas parlé. J'ai vaguement tenté de justifier cette démarche, mais comme elle ne me demandait rien, j'ai cessé. Je me suis même demandé si elle avait bien compris à quoi je faisais allusion...

Je n'ai pas plus insisté, n'évoquant même pas mon souhait qu'elle n'aille pas le lire. Elle n'a pas semblé intéressée...

Je me suis quand même demandé si elle ne l'avait pas lu, mais je pense qu'elle ne me l'aurait pas caché si cela avait été le cas...

C'est la seule personne qui me connaît "en chair et en os" à savoir que j'écris ici.

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Tout à l'heure j'ai lu les chroniques de MöngôlO. Je sais que certains diaristes n'aiment pas le personnage, mais moi j'aime bien ses chroniques. Courtes, elles sont à la fois personnelles et de portée générale. Je ne me retrouve pas vraiment en lui... et pourtant il y a quelque chose de "moi" dans ce qu'il écrit...

J'aimerai pouvoir écrire avec ce détachement, tout en restant dans un registre plus intimiste...

 


Mercredi 4 avril 2001

 

J'ai eu un peu de temps ce soir. Je l'ai mis à profit pour répondre à quelques mails en retard. C'est quelque chose (le retard) qui m'arrive de plus en plus souvent... hum hum!! Il faut parfois qu'un message inquiet de leur auteur me fasse rappeller qu'il y a un certain irrespect de leur patience à laisser s'étirer le délai de réponse.

J'en ai profité pour envoyer aussi des mails spontanés, relativement courts, mais que je tenais à expédier a des diaristes que j'apprécie. Parfois une chronique déclenche subitement une telle envie.

Du coup, je n'ai pas pu écrire dans ce journal.

Je me suis dit que si j'avais voulu me faire de la pub, en profitant de la rubrique "l'indiscrète" de la CEV, j'aurais du écrire un peu plus cette semaine. Mais non, je n'ai écrit que quelques entrées sans grand interêt...

Ben oui, je suis "en panne" en ce moment. Ce sont des choses qui arrivent...

Si je n'avais pas acquis quelque assurance au fil des ces mois d'écriture, je me sentirais bien nul de n'avoir plus rien à dire.

Berk! je n'aime pas ce que je fais de ce journal en ce moment. Vivement que je retrouve ma verve et mon esprit d'auto-analyse!

 


Jeudi 5 avril 2001

« Chers lecteurs… »

 

C’est la formule que je serais tenté d’utiliser en écrivant dans ce journal… qui en est de moins en moins un. Initialement prévu pour donner mes impressions sur les relations dites « virtuelles », il s’est rapidement orienté vers une auto-analyse en direct, puis revient a nouveau vers une sorte de chronique malhabile.

En fait, je ne sais plus trop comment écrire ici.

Il faudrait que je tranche: journal intime ou récit de mon quotidien (ce que je ne sais pas faire).

Je dois faire abstraction de vous, lecteurs, pour revenir à un « moi » plus sincère.

 

J’ai envie de me sentir à nouveau libre de m’aventurer à l’intérieur de moi, sans souci de ce que vous pourrez en penser. Est-ce parce que j’ai eu des contacts avec pas mal de mes lecteurs/lectrices? Je pense que oui. Vous n’êtes plus des inconnus et il me semble que cette connaissance que vous avez de moi me bloque un peu.

Je me rends compte que je suis en train d’aborder exactement le même sujet qu’Eva hier: la difficulté à être soi-même lorsqu’on est connu par plusieurs faces.

S’il n’est pas vraiment difficile de se dévoiler devant des inconnus, il devient nettement plus compliqué se parler de soi devant des personnes « connues ». (Beurk, j’aime pas cette phrase redondante)

D’ailleurs, je pensais à une chose, sous ma douche matinale. Non, à plusieurs choses… Notamment à ce fameux anonymat que la plupart d’entre nous craint de voir rompu. A ma connaissance, personne n’a jamais été découvert par hasard sur internet. Ceux qui ont été démasqués l’ont été parce qu’ils avaient plus ou moins parlé à leur proche de la tenue d’un journal en ligne. Pourquoi donc en avons nous peur?

Pour ma part, je sais que le regard de deux types de personnes serait de nature à me gêner: ma proche famille ou les relations de travail. Donc ceux qui me connaissent théoriquement très bien, et ceux qui ne connaissent qu’une face de ma vie mais avec qui je suis en contact régulier. Pour le reste, peu m’importe que des gens me reconnaissent, parce que je n’ai pas vraiment de relation continue avec eux. Et puis je me dis toujours que des gens qui lisent les journaux intimes en ligne ont forcément une sorte de sympathie pour les écrivants. S’ils étaient là pour se moquer de cette pratique « nombriliste », ils se lasseraient vite… ou tomberont sous le charme de nos vies intérieures.

Donc, si la perte de l’anonymat n’est plus à craindre (et sans donner pour autant nom et adresse) que craint-on vraiment à montrer des aspects de soi (de moi?) généralement cachés? J’apprécie en particulier la démarche de l’Incrédule qui diffuse savamment, patiemment, des fragments de son visage, mais jamais la totalité. De sorte que quelqu’un qui la connaît l'identifierait forcément, alors que les lecteurs n’ont jamais vu son visage en entier.

J’ai parfois été tenté de mettre des parties de moi en photo (oui, je sais: copieur!), mais il y a toujours ce rapport compliqué que j’ai avec l’image. La crainte de casser, ou au contraire créer, une certaine image de moi fondée sur le physique au détriment du mental.

Pourtant, je pense que j’ai besoin aussi de devenir plus matériel. Ne plus me cacher derrière un pseudo, laissant planer le doute sur mon enveloppe physique (qui fait partie intégrante de moi). Envie de montrer mon visage et mon corps.

Peut-être aussi pour mieux les accepter moi-même?

 

Dans le questionnaire de l’indiscrète, je répondais que la partie de mon corps que je préférais était mes mains. C’est d’ailleurs la première chose que j’ai eu l’idée de mettre en photo de moi. Que peut-on déduire d’une personnalité en voyant des mains? Pas grand chose… Peut-on être reconnu par ses mains? A part Charlotte ou ma mère, je ne vois pas bien qui le pourrait.

Bon, encore faudrait-il que j’ai des photos de mes mains…

 

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Ca m’éneeeeeeeeeeerve! Je viens de perdre une partie de ce que j’avais écrit parce que mon programme s’est planté! C’est la deuxième fois que ça m’arrive en quelques semaines. Vraiment agaçant!

Bon, ben tant pis, mes pensées resteront perdues

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Je me souviens qu’après quelques minutes de réflexion, j’avais écrit que cette envie de montrer des fragments de moi était peut-être simplement… une envie de séduire aussi par mon physique. Être accepté dans mon intégralité: mental ET physique.

 

Avec le risque, justement, de ne pas plaire… ou de plaire. Je pense à Laqk (qui n’a pas mis de photos, non) qui semble attirer à lui pas mal d’intérêt.

Bah! Je suis bête! Pourquoi vouloir susciter une attirance alors que je n’ai déjà pas le temps de répondre assez bien aux mails que je reçois et que je fuis toute situation qui me plongerait dans une certaine dépendance vis à vis d’une autre femme. Contradiction éternelle entre le désir et le coté raisonnable…

 

Mais qu’est-ce que je raconte moi??? Qu’est-ce que je suis en train de m’avouer et de vous restituer tel quel, sans le filtre du « correct »?

 

Bon, j’en reviens au sujet évoqué (et qui n’est pas sans rapport avec ce qui précède) lorsque mon PC s’est planté. Je remarquais (sans aucune certitude scientifique ni vérification: seulement une impression) que la plupart des diaristes que je lis sont des célibataires, ou séparés, ou en difficultés de couple. Peu de couples établis solidement chez les diaristes « mûrs ». Par contre les plus jeunes évoquent souvent leur compagnon, à l’image d’Anorielle qui ne manque jamais de mentionner « son ange » (comme pour se rassurer..?).

Rares sont les célibataires qui ne parlent pas de leurs relations amoureuses et semblent vivre très bien leur apparente solitude.

Mais en fait, que peut-on en déduire? Moi-même, quelle image est-ce que je donne de ma vie de couple? Je parle finalement peu de Charlotte, bien qu’il semble que notre attachement soit bien compris par ceux qui m’en ont parlé.

Ceux qui semblent vraiment mal vivre l’absence de relation amoureuse durable sont les plus âgés des diaristes. Passé la trentaine, on se rend bien compte (et comment ne pas les comprendre) que cette solitude leur pèse vraiment. Je me suis toujours demandé comment j’aurais été si je n’avais pas rencontré Charlotte lorsque j’avais 19 ans et que tout allait si mal dans ma tête…

Grand mystère, vraiment! Et je crains que c’est vers la solitude que je me serais tourné, ressassant un passé idéalisé, rêvant d’un futur miraculeux sur le plan sentimental. Je sais très bien que je n’aurais pas eu le cheminement intérieur qui m’a fait devenir ce que je suis. J’en serais resté à une timidité disgracieuse. Je n’aurais pas su parler, échanger, comprendre. J’aurais été entièrement obnubilé par ma solitude (je voulais me faire ermite, peu de temps avant de rencontrer Charlotte, quelle belle vocation!!!).

Ai-je eu de la chance? Très certainement!

Mais aussi une volonté farouche de me sortir au plus vite de ce vers quoi je m’enfonçais. Si j’ai jeté mon dévolu sur Charlotte, c’est bien parce que je la percevais comme une chance de salut. Elle était mon « sauveur ». Une telle relation aurait pu devenir très vite bancale, mais j’avais une telle volonté de réussir que j’étais prêt à faire tout ce qu’il fallait pour que ça tienne. Et ça a tenu!

Comme il n’était pas question de tricher avec elle ni avec moi, il a bien fallu que je change au fur et a mesure que des blocages apparaissaient. C’est peut-être pour cette raison que je n’ai jamais vraiment compris le divorce? Pour moi il était si simple de tenir: il suffisait de changer. Simple en théorie, évidemment, beaucoup plus difficile à mettre en œuvre. Mais comme je le voulais, j’ai pu le faire. Et je pense que c’était pareil pour Charlotte. C’est ça la chance que nous avons eu: une rencontre entre deux personnes qui avaient la même attente.

Jamais je n’ai accepté que l’on se quitte momentanément pour « prendre du recul » comme on dit dans ces cas-là. Depuis le jour où nous avons été ensemble, jamais nous n’avons été séparés volontairement. Pour moi c’aurait été une faille qui, si elle se produisait une seule fois, pouvait ensuite se reproduire sans limite.

Cela n’a pas toujours été facile, mais nous avons eu la volonté de tenir, et je pense que c’est ce qui nous a sauvés.

Parce que si nous avions rompu, aussi bien elle que moi, nous en serions ressortis anéantis, cassés durablement. En fait, notre union était notre salut. J’en ai toujours été persuadé.

Maintenant, je pense que nous sommes beaucoup plus indépendants, parce que nous sommes construits solidement en nous-mêmes. Nous nous sommes bâtis notre individualité en commun.

 

***

 

Pétard de pétard! Vous allez arriver à suivre? Une fois de plus je suis parti dans une direction, puis j’ai suivi ce que j’appelle les « errements de ma pensée ». Association libre d’idées, sans queue ni tête.

Mais comment qu’y font les autres pour avoir des idées construites et circonscrites à un seul sujet???


Vendredi 6 avril 2001

Corps de rêve...

 

Petite discussion avec Charlotte hier soir. Nous rentrions d'une séance au ciné, pour le film "Mademoiselle", histoire d'une rencontre amoureuse au hasard, le temps d'une journée.

Un fantasme qui m'est cher...

Ce n'est pas que je veuille forcément le faire, mais j'ai envie de savoir que cette possibilité existe. J'ai des difficultés à me dire que, parce que je suis marié, cela m'est interdit pour des raisons de morale. Alors c'est vrai, avec Charlotte, il m'arrive de revenir à la charge avec ce sujet, occasionnellement.

Mais Charlotte n'y est pas aussi prête que moi. Non qu'elle n'en ait pas envie elle aussi de son coté, mais parce qu'elle se dit que si j'ai de telles pensées, c'est que je l'aime moins. Or je crois que c'est totalement différencié. Il y a elle, que j'aime et à qui je tiens par dessus tout, et puis il y a mes désirs sexuels fantasmés. Et il y a des éléments de ces désirs auxquels elle ne pourra plus répondre: la surprise, l'inattendu, l'inconnu.

Ce sont des excitants amoureux assez puissants qui, par nature, disparaissent peu à peu au cours de la vie commune. Oui, je sais, il est toujours possible de faire preuve d'une certaine fantaisie dans le couple, de se surprendre même... mais quoi de commun avec le désir d'une rencontre fortuite? Si beaucoup de films se servent de ce genre d'histoire pour susciter de l'émotion et du rêve, ce n'est pas un hasard...

Il est nettement plus difficile de parler de passion torride au sein d'un couple qui se connaît depuis des années. Ce qui n'enlève évidemment rien à la force des sentiments ni à la grandeur d'un trés fort attachement mutuel.

Je ne vais pas revenir sur la différence qui existe, à mes yeux, entre "aimer" et "être amoureux", ou même simplement "désirer"...

En fait, si je prends ces précautions d'écriture, c'est parce que longtemps je n'ai pu différencier ces formes d'amour. Je considérais que l'amour ne pouvait être qu'unique et absolu. Et je suppose (mais peut-être suis-je totalement archaïque...) que pour certaines personnes, notamment les plus jeunes, cette confusion des sentiments existe.

Hier je lisais Claudio (pas de lien, son site n'étant accessible que sur demande) qui s'est attaché à présenter sa femme, avec ce qu'il considère comme qualités et comme défauts. Il me semble qu'il se rendait compte lui même qu'elle avait finalement pas mal de richesses, bien que certaines de ses attitudes l'aient sentimentalement éloigné d'elle.

De mon coté, je n'ai qu'à me louer de Charlotte, que j'apprécie pour beaucoup de grandes qualités, mais aussi pour quelques "défauts". Par exemple qu'elle n'est pas une "maîtresse de maison" parfaite... ce qui m'arrange bien parce que je trouve que c'est du temps perdu pour vivre que de tenir une maison impeccable. De plus, ça m'évite de trop me culpabiliser à ne pas faire ce ménage que je n'apprécie guère...

Ceci dit, malgré tout l'attachement que j'ai pour elle, il reste quelques points que j'ai du mal à accepter. Sans que je lui en fasse vraiment le reproche, parce qu'elle est comme ça et qu'elle ne l'a pas choisi, il ressort de temps en temps un certain agacement, ou des regrets de ma part. Même si j'ai fini par accepter que sur ces points elle ne soit pas conforme à mes attentes, il ressort inévitablement, en certaines situations, quelques mots qui trahissent cette difficile acceptation.

Et c'est ce qui s'est passé hier soir...

Charlotte à plein de qualités, mais quelques défauts: elle n'est pas trés curieuse sur le monde qui nous entoure, ne s'y intéresse pas vraiment. Chose que j'ai finalement acceptée, et internet contribue à me donner cette ouverture et cet espace de discussion qui me manquait.

Plus délicat, et nettement moins compensable ailleurs (et indirectement la cause de notre petit différent...), elle n'a pas un corps qui me fait rêver. Oui, je sais, ce n'est pas le plus, important, c'est ce qu'il y a dans la tête qui compte le plus. Je suis bien d'accord. Cependant, l'enveloppe physique n'est pas sans importance...

Charlotte a un joli visage. Elle le sait... et semble s'en contenter. Mais au fil des années, elle n'a cessé de s'arrondir, et les grossesses n'ont rien arrangé. De plus, elle a une tendance à la boulimie, pour compenser ses angoisses. Résultat, son poids est largement supérieur au mien. Avantage: des rondeurs "confortables". Inconvénient: assez éloignée des corps de rêves qui font fantasmer les hommes (moi, en tous cas).

Dès lors, que puis-je faire? J'ai bien essayé de lui dire qu'elle pourrait être infiniment plus séduisante avec des kilos en moins, elle ne parvient pas à maigrir. Et je comprends fort bien cette difficulté. Elle sait que son corps ne me convient pas, et en souffre. De mon coté, c'est la même chose: je sais qu'elle le sait, je sais qu'elle en souffre.

Nos relations sexuelles assez épisodiques sont une conséquence directe de ce corps (bien que ce n'ait pas toujours été la seule raison...). En fait, nos relations sont plus fondées sur le partage amoureux que sur le seul désir sexuel. En ce sens, elles sont plus "vraies" et sincères. Mais l'attirance physique, on le sait, est tout de même un sacré excitant.

En tous cas, ce stimulant visuel me manque cruellement.

Mais comment faire lorsqu'on aime sa femme, donc la comprend, pour ne pas la blesser en ayant mes idées dans la tête? Je n'ai encore pas trouvé de solution. Et il n'est pas facile de lui dire que ce problème compte beaucoup pour moi.

Et c'est là que reviennent mes fantasmes de rencontres fortuites...

Quoique ce ne soit pas tout à fait la même chose puisque ces rencontres n'ont pas forcément lieu avec des femmes hautement désirables au corps de rêve. Disons que mon fantasme serait celui là.

Et plus les années passent, plus ce désir d'approcher, ne serait-ce qu'une seule fois, un tel corps désirable se fait fort. Putain que j'aurais envie de remonter de jolies jambes de doux effleurements carressants!!!

Je ne vais pas plus loin, sinon je sens que je vais verser dans la littérature érotique!

Ben oui, je me mets vraiment à avoir des désirs masculins.

 


Lundi 9 avril 2001

 

J'attendais ce moment avec impatience: écrire.

Je travaillais ce week-end et n'ai pu donc que ressentir ce que j'avais a dire, mais sans en garder de trace écrite. Si j'avais les moyens, je m'acheterais volontiers un ordinateur portable...

Ces derniers jours ont été ensoleillés par un trés agréable courriel que j'ai reçu (à défaut de vrai soleil...). Une diariste m'a écrit spontanément un long mail pour me donner sa perception de mon journal, suite aux doutes que j'ai exprimé il y a quelques jours. Et comme c'est une personne que j'apprécie beaucoup... celà m'a fait énormément plaisir.

Ce que j'en ai compris, c'est que je ne devais pas me référer aux autres comme des "modèles" de ce qu'il serait bien de faire, mais garder mon style. Le "style Idéaliste", celui qui s'est naturellement imposé à moi. Et elle à bien raison!

J'ai toujours tendance à vouloir faire "mieux", tendre vers une irréprochabilité, une perfection. Pour cela, j'essaye de voir ce qui me plaît chez les autres, afin de m'en inspirer. Je ne renie pas cette façon de faire... a condition qu'elle ne me fasse pas perdre mon identité. C'est le risque que je prends lorsque je me mets à douter trop de moi.

Je constate d'ailleurs que je reçois généralement des courriers lorsque je suis vraiment "moi", sincère avec moi-même, confident. Et rien lorsque je suis plus hésitant, que l'envie d'écrire me contraint à faire du "remplissage" parce que je ne sais pas quoi évoquer comme sujet. Ou plutôt: parce que je n'évoque pas ces sujets avec un oubli du "qu'en dira-t-on" (qu'en direz-vous, vous, lecteurs?). Si je me mets à écrire avec une certaine retenue, sous une forme polie, émoussée, arrondie aux entournures... ça ne suscite rien.

Je vais donc tenter de rester moi-même à chaque fois que j'écris.

Mais c'est aussi être moi lorsque je n'ai pas la faculté d'aller en profondeur, que je tâtonne, hésite sur ce que je peux ou non exprimer... J'ai sans doute besoin de ces moments ou je me perds un peu, pour mieux me retrouver ensuite.

Ce qui est amusant, c'est que celà se fasse bien souvent avec votre aide de lecteurs. Vos courriers sont toujours une source revitalisante. Soit par les idées, soit par les encouragements que vous m'apportez. Et comme j'ai "besoin" de ce retour, je crois que ma spontanéité revient toute seule dés que je me perds dans une certaine superficialité du ressenti.

 

Je vais vous dire: je suis en pleine forme en ce moment, mentalement. Je me sens bien en moi. Je m'accepte davantage. Je sais que c'est grâce aux nombreux contacts que j'ai noués sur internet.

Ce qui est bien, c'est que je ne suis plus autant dépendant de l'opinion des gens avec qui je communique. Depuis ces mois que j'écris, que je n'ai reçu que des courriers enrichissants (et il faut le dire, plutôt favorables...), je me rends compte que mes idées sont "acceptables". Et même sur ce forum que j'avais évoqué il y a quelques semaines, lorsque je m'étais senti sérieusement malmené, j'ai repris une certaine liberté de parole. Je n'ai plus de difficultés à dire ce que je pense, mais surtout, ça ne me dérange pas de ne pas être dans la mouvance générale. J'ai mes idées, souvent différentes de certains, mais ça ne me gêne plus de les affirmer. En ce moment, c'est au sujet de la religion, sujet pas toujours facile à aborder...

 

Bon, comme d'habitude, je donne mes idées dans le fil de leur arrivée, au détriment d'une contruction précise... Mais puisque ça ne semble pas choquer votre fidélité de lecteurs, je continue ainsi :-)

 

Cette diariste qui m'a écrit (je ne sais jamais s'il est utile de mentionner l'identité de mes correspondants...) me disait qu'a partir d'un certain temps d'existence du journal on hésite sur la suite à donner: un certaine pudeur ou au contraire poursuivre dans la profondeur de l'intime. Et cela parce que, comme je le disais dernièrement, on a reproduit avec les lecteurs ce qui se passe dans la vie "hors-réseau": une connaissance par plusieurs facettes qui donne une impression de nudité.

Je crois que je suis attiré par ce coté "dévoilement", ayant été très secret sur mes sentiments et impressions pendant trop longtemps. J'ai envie de me montrer tel que je suis... afin de m'accepter moi-même (puisque je suis mon plus sévère juge...). Plus je me montrerais nu, plus je me verrais comme quelqu'un d'acceptable.

Déjà je constate que ma grande timidité s'amenuise. Je reste intimidé, mais je me surprends aussi, de plus en plus souvent, à prendre ma place dans une discussion. Discrètement, modestement, mais "là" quand même. Je le constate surtout en voyant des gens plus intimidés que moi, ce qui me permet de mesurer le chemin parcouru.

Vous qui me suivez constatez aussi que je parle de plus en plus librement de sexualité (alors qu'il me semble j'évitais ce sujet au départ). En fait, je devrais un jour relire ce journal, et je constaterais certainement l'évolution que plusieurs d'entre vous me disent avoir nettement perçu.

Je m'adresse souvent à vous, lecteurs/lectrices. Je pense que c'est parce que, contrairement à ce qui est dit si souvent, la pratique du diarisme n'est pas seulement nombriliste. Si le fait de parler de soi sur un ton auto-analytique a des effets importants pour l'écrivant, on sait aussi que ce partage apporte quelque chose aux lecteurs. Et je me dis que ma relative "originalité" dans le monde des diaristes (mon âge, ma situation matrimoniale, mon vécu dans divers domaines...) fait que je peux apporter quelque chose. Je dispose d'une certaine connaissance (sans autre valeur intrinsèque) que j'ai en,vie de partager, afin de donner des pistes de réflexion. Je ne prétends pas que mon vécu soit exemplaire en quoi que ce soit, mais il me semble qu'il peut aider, de façon fragmentaire, ceux qui se retrouveront dans tel ou tel détail de mon parcours.

Ouf! ce n'est pas souvent que j'arrive à mettre ce genre d'auto-satisfecit (ça se dit?)

Ce que je veux dire, c'est que la pratique du diarisme peut aussi être un don de soi (même si ce "don" est à la fois payé par un étalage narcissique et un retour flatteur de la part du lectorat). Si je n'avais pas l'impression de pouvoir apporter quelque chose à ceux qui me lisent (et notamment les plus jeunes) je crois que je n'écrirais pas. Le seul "nombrilisme" que l'on nous attribue parfois ne me conviendrait pas. Je le trouverais même indécent...

Certains journaux ressemblent à un étalage de vie privée, sans recherche de partage, sans penser à un enrichissement potentiel du lectorat. Ils me lassent vite... même si je les lis occasionnellement comme objet "d'étude sociologique" de mes confrères/soeurs diaristes.

Euh... je suis peut-être un peu dur là, non?

 


Mercredi 11 avril 2001

Exhibitionisme

 

Je crois avoir écrit dans ces pages que je n'aimais pas mon corps. Ce n'est pas tout a fait aussi simple et catégorique que ça...

"Je n'aime pas regarder mon corps" serait plus juste. Je n'aime pas penser qu'on puisse le regarder non plus.

Je suis mal à l'aise en maillot de bain. Pourtant je porte toujours des vétements relativement près du corps (Jeans ou coupe identique, tee-shirt, sweat ou pull selon les saisons -tiens, que des mots anglais!!!-). Il y a comme une contradiction là...

Je pourrais porter des vétements amples, sans forme, afin de dissimuler mon corps au regard d'autrui...

Jusque vers l'âge de 20-25 ans, je portais même des jeans moulants (c'était la mode), feignant d'ignorer (plus ou moins consciemment) que je montrais ainsi mon "petit cul".

En fait, je sais que je n'ai pas à avoir honte de ce corps qui n'a, objectivement, rien de disgracieux. Je suis même plutôt chanceux de coté là...

Alors pourquoi cette gêne?

Parenthèse: j'écris vraiment doucement, point par point, parce que c'est un sujet auquel je n'ai jamais vraiment réfléchi. Je tatônne.

Parenthèse 2: Pourquoi donc ressens-je le besoin de donner des détails sur mon anatomie? Aurais-je peur que l'on me croît disgracieux lorsque j'ai dit que je n'aimais pas mon corps? <<<------------ (tentative désespérée et pathétique de séduction par le physique... dans le domaine du virtuel)

Je poursuis...

Je crois que je n'aime pas le regard sur mon corps parce que ce regard ne concerne que l'extérieur de moi. Or, vous devez commencer à le savoir, la seule chose qui ait de la valeur à mes yeux est le mental. Je veux dire "la seule chose qui DEVRAIT avoir de la valeur...". Parce que ce n'est plus un secret: le physique compte aussi beaucoup dans l'impression première que je peux avoir de quelqu'un.

Allez, je laisse tomber le masque pour un moment. Je ME parle sincèrement. Oui, il m'arrive de regarder mon corps dans le miroir, du coin de l'oeil et furtivement. Oui, je regarde aussi l'allure que j'ai sur les photos. Et... oui, je le trouve plutôt satisfaisant.

Euh... même plutôt pas mal...

Pourquoi est-ce que je tente de me le cacher puisque je sais que je le sais?

Je n'ai pas envie qu'on m'apprécie pour mon corps (tiens, ça me fait penser à des réflexions souvent entendues de la part des femmes...).

Dans le questionnaire de "l'indiscrète" (vraiment indiscrète finalement ;o)...), j'ai répondu que les mains étaient la partie de mon corps que je préférais. Ce qui est vrai d'une certaine façon. Mais j'aurais pu aussi bien dire... mon corps en entier.

Tâtonnements...

...

Le rapport que j'entretiens avec mon corps est fortement marqué par l'éducation, tendance catho: anti-narcissique au possible. En dehors de l'hygiène corporelle, je néglige totalement cette enveloppe. Sans doute parce que j'ai la chance que tout fonctionne parfaitement du coté santé...

Je sais trés bien que c'est le coté sexué/sexuel qui me dérange le plus. Parce que mon corps est un corps d'homme, et que c'est donc lui qui me différencie des femmes... dont je me sens parfois proche dans les idées.

Peut-être que dans ma pensée je peux cacher ma masculinité (mes pulsions) et rester dans une relative androgynie mentale, alors que mon corps n'est que masculin.

Quoique justement... Plutôt svelte, il y a une certaine analogie avec ces corps de top-model féminins qui m'attirent... (non, je n'ai pas de seins ni de hanches!). Disons que je suis masculin sans être trop "viril". Exactement ce qui est à la mode sur les pubs, en ce moment: une pilosité trés restreinte. Je ne suis pas du genre "gorille velu", si vous voyez ce que je veux dire.

Et voilà que je me mets à me décrire physiquement!!!

Bah, tant pis, c'est mon journal aprés tout, et personne ne le lira ;o)

Je poursuis...

Plus jeune, j'étais géné de voir mon torse glabre. Je ne me sentais pas assez "homme". Encore quelque chose qui a probablement contribué a me maintenir dans un "entre-deux". Maintenant, je m'accepte bien comme ça. Et, comme dans le domaine du psychisme, plus j'accepte ma part féminine et plus je me sens homme. Bizarre non?

Comme si je construisais mon identité en explorant les deux cotés à la fois, au lieu de me sentir vaguement hésitant entre les deux. Je dis ça, mais je n'ai pourtant jamais profondément douté de ma masculinité. Je ne me suis jamais senti féminin, mais seulement ayant des parts de féminité. Je l'écris tranquillement maintenant, mais il m'a fallu des années pour en arriver là. Auparavant j'occultais complètement cette zone floue qui m'inquiétait un peu.

Waow! je suis vachement auto-analytique aujourd'hui!

Je crois que c'est grâce à ce message de ma copine (tu permets?) diariste que j'ai pris cette confiance en moi ces jours-ci.

Allez, je me la joue sincère: oui, finalement, j'aime mon corps! Ouf! je l'ai dit.

Charlotte m'a bien aidé à y voir clair, puisqu'à l'évidence elle apprécie mon physique. Par chance (mais est-ce un hasard???) j'ai choisi de m'orienter (tardivement) vers un métier en contact avec la nature. Un métier physique qui me permet de me maintenir en forme sans avoir besoin de faire du sport et qui fait que je suis devenu relativement... costaud? ou "baraqué" (non, pas comme Schwartzenegger, loin s'en faut!). A force de persuasion de sa part (pas d'Arnold, de Charlotte) j'ai fini par admettre que oui, j'étais nettement plus musclé qu'à 20 ans (j'étais vraiment mince). Et à l'évidence, lorsque je me vois en photo... ça passe pas trop mal.

Je ne sais toujours pas pourquoi je me décris avec autant de complaisance devant vous, mais bon, pour une fois que ça arrive, je ne retiens rien...

Boah... si, je sais bien! Tentative de séduction!

Grrr, c'est horrible ce journal qui me fait avouer mes pensées au fur et a mesure qu'elles me viennent! Un peu d'auto-censure que diable!!

Nan! Pas aujourd'hui!

 

Je n'ai pas parlé du coté sexuel de mon corps...

Ouh là!!! où vais-je???

 

J'aime bien mes fesses :o))))))))))))

Euh, oui. Sans doute pour ce coté androgyne. Elles pourraient trés bien être féminines, avec un peu d'imagination. Manquent de rondeur, de la gracieuse courbe des hanches, mais sinon ça pourrait presque passer. Il semble que mon "petit cul" fasse craquer Charlotte :o)

Alors peut-être qu'il plaît aussi à d'autres femmes? Ca je ne le saurais pas, mais cette éventualité contribue à me donner un peu plus confiance en moi, coté physique

Le reste? Euh, quel reste????

Sachant que ma mère m'a dit un jour "contrairement à la femme, un homme nu ce n'est pas beau", je vous laisse imaginer les conséquences de ces paroles sur un jeune de 16 ou 17 ans...

Ceci expliquant d'ailleurs certainement une partie du rejet de mon corps.

Donc un homme nu ce n'est pas beau! Et pourquoi? "avec ces poils et ce truc qui pend entre les jambes" avait précisé ma mère, d'un air assez dégoûté!

Bon, ben avec ça j'étais prévenu! Déjà que j'avais des doutes sur ma masculinité naissante, en plus d'un mode de pensée dans lequel je ne me reconnaissais pas, il fallait en plus que je fasse avec cet attribut qui était laid!

Donc ce "truc", que j'utilisais occasionnellement pour ressentir des plaisirs pas désagréables etait doublement condamné: qu'il soit en activité ("interdite") ou au simplement au repos, il était laid!

Condamné à ne pas aimer ce corps en toute circonstance!

Heureusement que les années on passé et que la raison s'est peu à peu imposée. Charlotte a su me redonner un peu confiance à ce sujet. Un peu seulement, puisque le sujet reste délicat dans les faits, même si la pensée finit par surmonter tout ça. Les actes suivront bien un jour...

Reste que, nu, je ne suis jamais bien à l'aise devant elle. Et pourtant... hum... voir mon corps en action contribue à exciter mes fantasmes. Oh que c'est compliqué tout ça!

Je dois dire aussi que personne ne m'a vu nu, à part elle et, furtivement, ... hum bon, passons... La nudité était, sans être taboue, inusitée dans ma famille. Et si j'ai bien tenté avec mes jeunes enfants de prendre une attitude plus libre, la gène ne m'a pas permis d'aller au dela de leurs premières années. Donc je suis quasiment le seul à connaître mon corps... censé être "laid". Mais que moi je ne trouvais pas laid. Bizarre sentiment que d'aimer son corps (vous avez remarqué le changement de discours depuis le début du texte!) alors qu'une sorte d'interdit moral pesait la dessus. C'était comme un narcissisme vaguement homosexuel. Auto-homosexuel. Ou Autosexuel?

Bref, un truc compliqué.

Aaaah! ben je suis bien content d'avoir sorti tout ça!

 

***

 

Le piège de ne pas mettre en ligne immédiatement son texte, c'est que parfois il est bien difficile de le faire à retardement...

Boooonnn... puisque je l'ai écrit, je l'assume!

Après tout, cette écriture est auto-thérapique, et l'effet n'existe que si je vais jusqu'au bout de ce que je me/vous dévoile...

J'espère simplement que ce que je dis là ne me reviendra pas dans la figure.

Il y a quand même un coté exhibitionniste dans ce que j'ai écrit aujourd'hui. C'est bizarre, moi qui suis plutôt pudique, limite introverti, que je me mette à raconter ça à des gens que je ne connais pas du tout, ainsi qu'à d'autres que je "connais" parce que nous échangeons des courriels, alors que je n'en ai jamais parlé à quiconque... et que je ne me l'étais même jamais avoué.

Qu'est ce qui fait que je puisse aller aussi loin, malgré les risques de ressentir de la honte en me relisant (et elle n'est pas loin...)?

Je n'en sais rien...

En fait, je sais trés bien la phrase qui me choque. Il n'y en a qu'une. Celle qui réunit le mot "j'aime", parce que j'ai énormément de mal à accepter de m'apprécier, et le mot "fesses", parce que c'est terriblement tabou dans ma tête.

Mais qu'est-ce qui m'a pris ce matin d'écrire ça?

 

Je peux continuer longtemps comme ça a rajouter des phrases exprimant mes pensées discontinues. Mes explications auto-justificatives... mes tentatives de me faire pardonner d'avance mes audaces. Piètres audaces, à vrai dire...

Je pourrais continuer longtemps...

 

Il faut bien que je me lance

...

 

Alors zou! En ligne les confessions de l'Idéaliste!

 


 

Jeudi 12 avril 2001

Suite de confidences

 

Je ferais mieux de travailler...

 

La météo pourrie que nous subissons depuis plus d'une semaine fait que je dispose d'un peu plus de temps que prévu. Du coup, ma période de silence annoncé n'est pas vraiment apparue. Tant mieux!

 

Depuis hier, je ne cesse de penser à cette phrase que j'ai mise dans ce journal hier (et que je ne répèterais pas ici, afin qu'elle reste prisonnière de cette maudite page). Non, j'exagère: cette page n'a rien que je regrette. Elle porte simplement la trace de ce que je me cache, elle garde en évidence ce que j'essaie de ne pas voir en moi. Mais c'est bel et bien en moi. De me le cacher ne change rien au fait que je n'accepte pas ces pensées.

Or je VEUX accepter mes pensées, les assumer, les revendiquer. Parce que je sais qu'elles n'ont rien de honteux, qu'elles sont largement partagées... même si rarement dévoilées.

 

Ce matin, en allant prendre ma douche, j'ai tenté d'analyser comment je regardais mon corps. C'est quelque chose que, finalement, je pratique sans m'en rendre compte. Il y a dans la salle de bain un miroir face au lavabo, la douche est en face. Je me déshabille donc toujours devant ce miroir... parce qu'il est là et que je ne peux pas faire autrement, sauf si je lui tourne volontairement le dos.

Donc, sans même le vouloir, je me vois chaque fois.

Je crois qu'il n'y a que peu d'années que je me regarde sans me dire que c'est du narcissisme honteux. Depuis que Charlotte me dit que mon corps lui plaît (auparavant, elle n'osait pas trop me dire ce genre de choses, trahissant le fait qu'elle aussi s'intéressait a cet aspect physique). Oh, je ne me regarde pas bien longtemps, ni très en détail. Juste un regard général, histoire de me "jauger" (de me rassurer quotidiennement?).

Ou alors c'est un petit plaisir narcissique, auto-érotisant? Un moment de nudité, d'intimité avec mon corps, pour moi seul.

Ensuite, souvent, au moment d'entrer dans la douche, donc dos au miroir, je me tourne quelques instants pour me voir de dos... et regarder justement cette partie charnue de mon corps, lisse, ronde... et qui me rappelle son équivalent féminin.

 

Je suis bizarre? Je ne pense pas. Ignorant totalement la vision que les gens ont de leur corps, je suppose que je ne suis pas le seul a se regarder et à ressentir un certain plaisir non dénué d'érotisme.

"Erotisme" étant d'ailleurs un grand mot, parce que ça ne va pas beaucoup plus loin qu'un regard. Sans commune mesure avec un regard porté sur une femme! Et un regard est vraiment le tout début de l'érotisme.

 

Voila encore que je m'auto-justifie...

 

Ben oui, parce que j'anticipe sur les éventuelles réactions de mes lectrices (pas les lecteurs... pourquoi??). Peur du regard de ceux qui découvriraient éventuellement ce journal et se demanderaient qui peut être ce type qui parle de sujets aussi bizarres.

 

Auto-justification, auto-analyse, auto-érotisme... je suis vachement... autonome? non. Solitaire. Solitude parfois élargie au couple, mais peu ouverte au reste du monde... sauf depuis que je suis sur internet et que je peux m'exprimer caché sous un pseudonyme.

 

En fait ce n'est pas vraiment "auto-quelque chose" en boucle, circuit fermé. C'est quelque chose de montré... à une autre partie de moi. Mon coté secret, refoulé, montré a ma partie réfléchie, analysante. Le regard détaché sur celui qui se cache. Et depuis que j'écris ou que je m'exprime (toujours de façon égotiste) face à d'autres, je bénéficie des effets de ce "regard" extérieur.

***

Quelques heures plus tard.

Je n'ai pas eu le temps d'approfondir ce que j'avais commencé à écrire ce matin. Ce que je sais, c'est que souvent dans la journée m'est revenue en tête cette entrée d'hier, en particulier cette fameuse phrase. J'ai du mal a assumer ce que j'ai dit, et je pensais à ces mots laissés au regard de tous...

C'est donc avec un grand réconfort que j'ai vu que l'Insomniaque citait ma page... et écrivait un paragraphe sur sa perception de son corps. Ouf! rassurant. Elle n'a pas manifesté de réaction choquée ou étonnée, bien au contraire. Tout comme le mail de ce diariste qui me dit que je suis un peu un "porte-parole" des hommes, peu enclins à avouer ce genre d'attitude par rapport à leur corps. Ouf! encore un peu plus rassuré...

Oui, c'est vrai, j'avais besoin de sentir cet amical soutien, parce qu'il ne m'est pas facile du tout de livrer ces idées. Si vous me voyiez..! pas vraiment mon genre ces déballages en public!

Dire que parfois j'écris ici que j'aimerais avoir une écriture plus distanciée, ouverte au monde... Ben je n'y suis pas encore prêt. Trop de choses en moi qui ont besoin de sortir avant que je puisse avoir une écriture en "résonnance" avec l'extérieur. Un échange de courriel avec un lecteur a abordé récemment ce sujet de l'écriture moins égocentriste. Je lui disais que je devais d'abord vider tout ce que je me cachais, m'alléger de ce fardeau trop longtemps porté, avant de pouvoir explorer le monde extérieur.

 

Bon, il y aurait bien d'autres sujets que je voulais aborder, suite une émission de télé sur "Faut-il supporter l'infidélité", sujet qui n'est pas sans me préoccuper de temps en temps... Et puis ce matin, à la radio: "la séduction". Il semble que ce genre de préoccupation soit dans l'air du temps en ce moment (c'est le printemps?).

Bon, mais je ne suis pas vraiment dans ce type de réfléxion en ce moment. Quoique... depuis quelques jours, je repense à la relation que j'ai eue avec Inès, l'an dernier. Il y a pile un an. Finalement, peut-être bien que ça me travaille un peu...

Voila un sujet sur le quel je me censure un peu, parce que je ne voudrais pas que ce soit lu par mes enfants ou mon épouse... hum... aurais-je des choses à cacher?

Non, des choses à leur cacher pour ne pas les inquiéter. Et c'est ce qui me rend mal à l'aise: ce "secret" à garder. Secret pas bien important à mes yeux (en tant que secret) mais dont j'ignore les effets sur les gens qui en auraient connaissance.

Bref, je verrais bien si je l'évoque ici dans quelques jours...

  


Mardi 17 avril 2001

Secret

 

Les jours passent vite...

Ce week-end, comme les précédents, j'ai travaillé. Par contre, je me suis généreusement octroyé ce lundi de Pâques... Il faut dire que j'étais totalement lessivé, étant resté pendant deux jours à grelotter dans un froid glacial (pas loin de chez Liloo...). On se serait cru en plein hiver, et les quelques flocons de neige en donnaient bien l'illusion!

Grande joie à mon retour *large sourire*. Plusieurs mails ont commenté mes dernières entrées, en termes plutôt agréables. C'est trés rassurant de savoir que l'on a touché quelque chose chez les lecteurs et que ceux-ci se dévoilent en retour. Il semble que le sujet que j'ai abordé ait eu quelque résonnance...

Et même plusieurs diaristes ont réagi sur le sujet, en élargissant le propos à leur propre perception de leur corps. L'insomniaque, Laqk, et Petite étoile filante (que je ne connaissais pas encore...) ont donné leur impression. Peut-être d'autres aussi?

J'avoue que je suis content d'avoir suscité cette réflexion :o)

Euh..., même si j'ai trouvé que Laqk, en disant que je "prenais goût à me reluquer le cul" a quelque peu chiffonné ma pudeur... La vulgarité de l'expression me dérange un peu. Hypocrisie de ma part ou pouvoir des mots? Comme on peut dire "baiser", ou "avoir une relation sexuelle", "bouffer" ou "manger"... le sens est à peu prés identique, mais avec une connotation péjorative ou pas.

J'ai aussi reçu un mail de lectrice, totalement inconnue, qui me dit qu'elle lit ce journal depuis quelques mois. Une trés belle lettre, vraiment, qui m'a particulièrement touché. Elle me dit que la lecture de mon journal, entre autres, l'a aidée à se "reconstruire". J'en suis trés heureux. Je me suis toujours dit que mon écriture, parmi (et avec) celles des autres diaristes, devait probablement aider les gens à mieux se connaître. Mais je ne pensais pas qu'on me le dirait aussi clairement.

Si en me dévoilant à moi-même, devant vous, je peux permettre à d'autres de se révéler à eux mêmes, c'est l'idéal :o)

 

Régulièrement mes lecteurs/lectrices me disent qu'ils constatent une évolution de ma pensée depuis que j'écris. Il sont plus perspicaces que moi... qui ne fais que "sentir" des changements internes, mais peu de différence dans les actes. Mais il est vrai que vous ne connaissez que ce coté intérieur de ma personnalité.

A ce sujet, j'ai remarqué qu'une proportion notable de diaristes se disent plutôt timides. L'écriture semble bien convenir à ces "handicapés de la parole" que nous sommes. Mais je rabache... j'ai déjà écrit ce genre de choses.

 

Vous savez quoi?

Je me sens bien dans ce journal maintenant! Il fait partie de ma vie, il fait partie de moi. Récemment je crois avoir pris un peu plus confiance en cette forme d'expression, grâce à cette charmante Québecoise qui a su trouver les mots qui m'ont rassuré (voir 9 avril). J'ai un rythme moins régulier, mais ça ne m'inquiète plus. Je ne crains plus que, lassés d'attendre, vous m"abandonniez". Je crois que de prendre confiance en moi me donne plus confiance en vous. Ou plutôt que si je manquais de confiance en vous, c'est parce que je manquais de confiance en moi. Oh, je suis encore loin de vraiment croire en moi, mais je sens bien que peu à peu je prends de l'assurance. Et ce journal y est évidemment pour quelque chose.

Bon, vous me connaissez, je suis les idées telles qu'elles me viennent... et je repense à une question posée par une autre diariste (décidément, que de correspondantes!!!): pourquoi Charlotte ne lit-elle pas mon journal? Spontanément, j'aurais répondu que c'était par respect, ou discrétion.

Comme elle venait me faire le bisou du soir au moment où je lui faisais (exceptionnellement) partager quelques passages des courriers qui m'avaient fait plaisir, je lui ai posé la question directement. Elle m'a répondu qu'elle me connaissait tellement bien qu'elle ne ressentait pas le besoin d'en savoir plus. Je n'y avais pas pensé...

Il est vrai que nous avons des dialogues réguliers et approfondis (ce qui me semble normal pour un couple, mais qui paraît exceptionnel...) et que, de ce fait, il y a peu de zones d'ombre ente nous. Y-en a t-il même? Oui, des petits détails, mais rien de fondamental. Et il est possible que Charlotte n'ai pas envie de me connaitre sous toutes les coutures? Peut-être préfère-t-elle qu'il reste une part de mystère?

Réflexions qui m'amènent a aborder le sujet à peine évoqué la dernière fois: le "secret" que je cache. Charlotte ne m'a posé que trés peu de questions a l'époque où cela s'est passé, il y a exactement un an. Et depuis, nous n'en avons plus reparlé. Je pense pourtant qu'un jour elle voudra savoir exactement quelle a été la nature de ma relation avec Inès.

Oui, c'est ça le "secret". Pour la première fois, j'ai caché la vérité, volontairement. J'ai appris à mentir (ce qui m'est plus difficile que d'être sincère!). J'ai choisi de vivre une expérience, pour moi, en faisant abstraction volontairement de notre relation de couple. J'ai cassé ce coté fusionnel qui me gardait dépendant de Charlotte. Acte salutaire, j'en suis convaincu... mais dont je porte quand même le (léger) poids de la culpabilité. Disons que je dois me raisonner pour que la culpabilté (tendance moralisatrice) ne prenne pas trop d'envergure.

Le secret? Il n'en est plus un pour ceux qui me lisent depuis le début: j'ai passé une nuit avec une femme qui n'était pas la mienne! Ouh la la!!!

Ben non! pas "ouh la la"! Je l'assume trés bien (enfin presque trés bien). Parce que c'est un acte mûrement réfléchi, choisi. Et qu'il ne s'est produit qu'une seule fois. C'est tout le contraire du "moment d'égarement" revendiqué par les époux volages (moment que je peux pourtant tout à fait comprendre). Je suis allé jusqu'au bout de ce que je désirais, mais pas plus loin que la limite que je m'étais donné: maîtrise totale, donc.

Pourtant, cet acte m'a fait passer du coté des "maris qui trompent leur femme", du moins dans l'image communément admise. Et ça , ça me gêne un peu. Je ne peux plus dire que "jamais je n'ai trompé ma femme", attitude dont j'aurais eu tendance à m'ennorgueuillir quelques années plus tôt.

Pourtant (et vous en penserez ce que vous voudrez...), je ne considère pas que j'ai trompé ma femme ("ah ben, il s'arrange bien avec sa conscience!", entends-je dire...). Non seulement parce qu'elle savait que je voyais Inès (mais elle n'a jamais su que je l'avais vue ce jour là...), mais aussi parce que, plus ou moins tacitement, elle m'avait "autorisé" à avoir quelques contacts physiques. Bon... je suis allé plus loin que "l'autorisation", et en cela je l'ai "trompée", c'est vrai. Mais je suis persuadé que ce que j'ai fait n'a eu aucune répercussion néfaste sur notre couple. En fait, c'est quelque chose qui ne regardait que moi.

Depuis, je sais que j'ai fait un grand pas dans l'émancipation par rapport à ma famille (morale judéo-chrétienne), donc par rapport au monde. Cet acte m'a donné plus d'assurance, parce que j'ai osé franchir cette barrière morale, faire ce qui me plaisait... et que j'ai eu des preuves de mon potentiel de séduction.

Vous savez sans doute que cette expérience est restée unique, et que j'ai depuis maintenu une distance (sans doute un peu cruelle pour Inès) afin d'assimiler cet acte, quand même pas anodin du tout.

Je précise, pour mes lectrices, que j'aborde ce sujet selon le seul critère des effets, mais que sur le moment il existait une intime complicité entre Inès et moi. La tendresse partagée n'était pas feinte. Ce n'est qu'ensuite que j'ai obstinément voulu m'éloigner de ce souvenir trop dérangeant. En fait, il s'est créé une dichotomie: je n'ai aucun regret pour ce moment de sincère tendresse, mais je rejette au loin ce moment qui me met face à d'importantes contradictions internes.

Voila donc ce "secret" que je garde pour moi, que je gère seul, parce que c'est ma vie et que c'est moi qui ait choisi de vivre cette aventure. C'était à moi de trouver les mots pour faire comprendre le changement à Inès, et à moi de garder d'autres mots pour ne pas faire souffrir Charlotte en éveillant une bien inutile jalousie.

Parce que j'aime Charlotte, que je l'ai toujours aimée, même lorsque je partageais des moments de proximité avec Inès. Je n'ai jamais "aimé" Inès, même si je me suis senti trés proche d'elle. Et même cette proximité était trés trés éloignée de ce que je peux ressentir pour Charlotte.

Depuis cette rencontre, il y a un an, je crois que je n'ai plus cherché à séduire, ni n'ai été séduit (ou si peu...). Je crois que cette expérience a comblé mes questions pour un moment. Je dirais même que je fuis toute situation qui pourrait mener à un jeu de séduction. Je ne doute plus de mon potentiel (ce qui ne veut pas dire que j'en sois certain, mais que je ne me pose plus de questions à ce sujet) et je prends un grand plaisir en découvrant des relations d'amitié avec des femmes.

Le fait que je ne les voie pas étant une avantage, puisque je ne peux pas être séduit par leur physique... que je me plais à imaginer à mon goût. D'ailleurs, aucune de mes lectrices ne m'a jamais "dragué" (ou alors je suis vraiment myope?) et cela me convient parfaitement.

Quoique... si je me faisais draguer, ça me conviendrait aussi :o)))

Bref, pour l'instant je suis en état de calme sentimental, et tout va bien avec Charlotte.

 

Ou la! j'ai été particulièrement prolixe ce soir...

Ca ne vous rase pas des entrées si longues???

 


Mercredi 18 avril 2001

 

 

Je me rends compte que ma culpabilité n'est jamais bien loin. J'étais, il y a quelques minutes en train de lire les entrées de quelques diaristes. Charlotte est alors rentrée dans la pièce pour me parler de la conversation téléphonique qu'elle venait d'achever.

J'ai toujours quelques difficultés à me "déconnecter" du monde internet, surtout lorsque je suis en ligne. Charlotte a senti ce moment de flottement et est sortie en faisant une remarque du genre "je vois que je te dérange". J'ai alors coupé la connection pour être entièrement disponible. Mais Charlotte n'avait plus rien à me dire...

Je suis allé la voir pour lui dire qu'il me fallait un minimum de temps pour passer de la sphère intime de mes pensées à celle du couple. Une intrusion brutale ne peut que me mettre mal à l'aise. Charlotte m'a rétorqué que je faisais la même chose lorsqu'elle lisait! Petite pique ou vérité? Il m'a toujours semblé faire attention à ne pas la déranger lorsqu'elle lit...

Je suis bien obligé de la croire, si elle me le dit... Je ferais un peu plus attention dorénavant.

Tout ça pour dire que ce petit différend me perturbe. Au point que je ne parviens pas à me mettre à la rédaction des réponses en retard. Je ne suis pas dans un bon état d'esprit. Mes pensées sont perturbées et ni les idées, ni les mots ne viennent. Je viens de laisser une réponse en cours, espérant retrouver une certaine inspiration en laissant s'écouler mes pensées ici.

Ben voilà... A part dire ce qui s'est passé, ma tête est vide.

Je suis extrêmement dépendant de l'opinion que l'on peut avoir de moi. Ici, il a suffi que je sente que Charlotte avait été déçue de me voir occupé ailleurs pour que je perde confiance en moi.

Je me réjouissais d'avoir une longue soirée devant moi... et tout s'écroule. Il y a des jours comme ça...

 ***

 

Après quelques réflexions, en répondant à mes courriels en retard, j'ai retrouvé l'inspiration. Que ceux à qui je n'ai pas encore répondu ne s'impatientent pas (sauf si ça traîne trop, ce qui pourrait signifier que j'ai oublié un mail dans un coin...).

 


Vendredi 20 avril 2001

 

En parcourant quelques journaux en ligne, j'ai trouvé une remarque souvent lue: les diaristes parleraient des autres en bien pour avoir en retour un lien vers leur propre site. Pour la même raison, il y aurait une certaine fausseté, de peur d'avoir en retour une critique négative et perdre ainsi des lecteurs.

Je ne sais pas ce que veulent dire ces pensées pour ceux qui les expriment (agiraient-ils ainsi?), mais je suis certain de n'avoir jamais pensé à ça! Si je dis du bien d'un/une diariste, c'est que quelque chose de m'a plu. Son style, la profondeur de ses réflexions, une similitude avec mon système de pensée, ou au contraire une grande différence...

Jamais je me suis dit "il va me citer" ou "il va me mettre sur sa page de liens", sous entendu: je vais avoir plus de visiteurs et mon compteur va augmenter. D'ailleurs, je n'ai même pas de compteur!

Et de mon coté, jamais je n'ai mis un lien vers un site parce qu'il m'aurait mis dans ses favoris, ni parce que j'ai reçu des mails encourageants. Ce sont deux choses différentes: les lecteurs et les écrivants (même si généralement les choses "passent" bien pour ces deux faces de la même personne). Pour accéder au stade suprême de la citation dans mes favoris (grandiloquent, non?), il faut un je-ne-sais-quoi qui fait que, aprés plusieurs semaines ou mois de lecture, j'ai envie de partager mon plaisir à lire telle ou telle personne.

Parce que parfois je lis pendant quelques semaines... puis je décroche.

Normal! A chacun son style. Je sais que certains diaristes sont adulés, alors qu'ils me laissent froid... ou m'agacent. Je sais aussi que certains que j'apprécie agacent d'autres lecteurs.

 

En écrivant tout ça, je me rends compte que je peux paraître critique vis à vis du journal qui a inspiré cette réflexion. Ce n'est qu'une réflexion, et j'espère que l'auteure (si elle lit ces lignes) n'en sera pas affectée ;o)

Je déteste faire de la peine aux gens...

 

***

Hier soir, je remarquais que je n'avais que peu écrit depuis ma double chronique sur le corps. Comme si aprés avoir laché beaucoup de moi se produisait une période de vide. Plus rien a écrire pendant quelques jours...

Je pensais aussi a l'écriture sur papier, que j'ai totalement abandonnée.

C'est l'entrée de Laqk qui m'a inspiré. Il remarquait, pour le bilan d'un an de journal en ligne, qu'il avait une fréquence d'écriture accrue par rapport à son journal papier. C'est aussi ce que je constate pour moi. Rares sont les périodes durant lesquelles j'ai eu un rythme d'écriture preque quotidien. Et ici, je tiens ce rythme depuis presque 10 mois.

Je songeais aussi que j'ai pu aller plus a fond dans l'introspection, notamment sur des sujets qui étaient "tabous" dans mon journal papier: le sexe et le corps. Bon, vous aurez constaté que je ne suis pas particulièrement prolixe sur le sujet... mais ça avance peu à peu.

En fait, c'est tout le style de mon journal qui a changé. Autrefois construit autour d'un amour qui gardait trop de place dans ma vie, il n'abordait que rarement les autres aspects de ma vie. Et ici, d'ailleurs, c'est surtout dans le domaine des relations amoureuses que je m'épanchais au départ.

Je me demande si ce n'est pas depuis que j'ai livré mon texte autobiographique que j'ai pu m'extraire du domaine amoureux...

Parfois, je lis certaines diaristes qui se posent des questions sur des attirances qui ne parviennent pas à s'éteindre, malgré une "volonté" (hum!!!) affichée de rompre avec leurs espoirs. Je me rends compte à quel point ce que j'ai vécu est répandu: penser à quelqu'un sans oser dire quoi que ce soit. La peur du rejet, la peur de casser l'espoir (qu'on ne voudrait plus ressentir... mais qui demeure pourtant), la lutte épuisante entre raison et passion...

Hier, mon fiston me posait des questions sur des dilemmes cornéliens des relations d'amour entre adolescents. Une fille étant amoureuse de son meilleur ami... qui sort avec la meilleurs amie de la fille en question. Que dire, que faire, pour ne pas perdre l'amitié de l'un ni de l'une, comment vivre avec cette souffrance de voir sa copine dans les bras de celui qu'elle aime...

Pas facile de répondre et de donner des solutions! Choisir, c'est forcément renoncer à quelque chose. Il n'est pas toujours possible de ménager tout le monde. Je lui ai dit qu'a mon avis, la meilleure chose à faire était de parler. Au moins les choses sont claires pour tout le monde. La fille en question devrait, je pense, ne pas se sacrifier sans mot dire.

Le silence est source de trop de souffrance. On suppose, on imagine, on anticipe... on se torture l'esprit et rien de vient de ces incessants questionnements. Alors que les mots libèrent la parole de l'autre, libère la pensée. Parler est plus courageux que se taire... et permet d'avancer. Même si parfois c'est pour se prendre une bonne "claque". Au moins, on sait à quoi s'en tenir.

Seulement, on ne comprends ça que tard dans la vie, bien souvent. Ah, si j'avais pu le savoir à 15 ans...

Je ne sais quelles pistes proposerà celle qui ne sait pas comment faire taire une attirance... Par contre, je suis heureux de constater qu'une personne avec qui je correspond sait faire les choix qui lui conviennent, sait s'écouter et penser à elle.

Bon, vous ne devez probablement rien comprendre à mon charabia... Moi même je m'y perds un peu.

 


Samedi 21 avril 2001

Cadeau

 

La première neige est enfin arrivée!

Ben oui, après un hiver doux et sans neige, alors que le thermomètre a déjà dépassé les 20 degrés... nous voila de retour dans les frimas.

Drôle d'impression ce matin en regardant par la fenêtre... tout blanc, avec les arbres pliant sous le poids de leurs jeunes feuilles couvertes de neige. Et quel contraste, de retrouver en quelques minutes, un peu plus bas en altitude, un paysage de printemps, bien vert.

Nous n'avons eu que quelques belles journées ce mois-ci et le paysage n'évolue que trés lentement. Pourtant, à la faveur de quelques éclaircies on peut voir les forêts, noires de leur bois d'hiver, se muer ça et là en vaporeux verts tendres. Quelques cerisiers sauvages apportant une touche de blanc...

Ces moments sont toujours fugaces. Soit que le temps soit doux, et tout change alors en quelques jours. Soit qu'il fasse froid, ce qui bloque le processus, mais sous un temps alors bien gris, peu propice à l'observation du paysage.

***

Je recois pas mal de mails en ce moment, chose que j'apprécie toujours :o)

Mais ces derniers jours, certains sont particulièrement touchants. Parfois même vraiment prenants parce que les personnes qui me les ont écrit parlent de leur vie. Leur vraie vie profonde, celle qui compte beaucoup, celle que l'on évoque rarement. Je suis extrêmement touché de la confiance qui m'est accordée, de ces mots qui me sont donnés avec une grande sincérité.

J'en suis même ému...

Parfois ce sont des courriers spontanés, parfois des réponses à des commentaires de ma part.

Chacune des personnes qui m'a écrit mérite une lecture, puis relecture attentive, un moment de réfléxion, puis une réponse approfondie. Pourtant, j'ai toujours la crainte de ne pas apporter ce que la personne "attend" de moi. Oh je sais bien qu'elle "n'attendent" rien, que c'est plus un besoin d'exprimer, de partager... Mais je crois pourtant savoir qu'on ne jette pas un message en étant certain qu'il n'y aura aucune réponse. Il me semble que même si on se refuse à cette "dépendance", on reste un peu suspendu à une réponse. Réponse que l'on suppose aller dans un sens favorable, en sympathie, ou réconfortant, ou encourageant, rassurant... ou simplement écoutant.

Parce qu'aucune de ces personnes n'attend quelque chose des autres (de moi, dans ce cas précis), sachant bien que c'est en eux que sont toutes les solutions à leurs questions. Mais je crois qu'on (je m'y inclus) a besoin de dire... et ressentir une "résonnance" avec quelqu'un dont on se sent, plus ou moins durablement, proche.

C'est en tous cas comme ça que je fonctionne, et il me semble ressentir une façon de procéder similaire chez mes correspondant(e)s.

J'aime beaucoup recevoir ce genre de courriers. Mais je me sens parfois... un peu... léger (?), avec ma si courte expérience de la vie. Pourtant, comme chacun de nous, je me dis que je peux apporter ma vision des choses. Si on me fait confiance au point de me donner une part de son intimité, alors je ne dois pas craindre de ne pas être à la hauteur. Je suis moi, et des gens me font confiance parce qu'ils sont touchés par ce que je suis. Je n'ai donc qu'à rester le même, sincère et spontané, en leur répondant.

Hum... pas évident d'exprimer clairement des sensations aussi nouvelles.

En tous cas, que cela ne freine personne dans un élan de confidences. C'est vraiment un cadeau que de recevoir de si beaux messages.

Si je m'attendais à ça en commençant ce journal...! Moi qui craignais que ce soit une pratique narcissique, je constate jour après jour comme c'est un vrai partage. Je l'ai déjà dit souvent: les échanges sont beaucoup plus approfondis ici avec des "inconnus" (qui le sont en fait de moins en moins) que dans la vie physique. Ce qui ne signifie nullement que cela puisse se substituer à cette vie dite "réelle", mais c'en est un trés intéressant complément.

Je suis convaincu que beaucoup de gens ne soupçonnent pas que cela puisse exister sur internet. Et je suis tout autant convaincu que ce genre de relations va se développer de façon extraordinaire dans les années à venir. Utopie? Rêve absurde? Monde déshumanisé, privé du contact réel? Je n'en sais rien, mais je pense que c'est une part importante de la révolution des modes de communication qui se met en place.

Meuh non! je ne joue pas les prophètes... Je dis simplement ce que je ressens. Possible que dans 5 ans, 10 ans, je trouve ces idées complètement débiles...

J'aime bien imaginer que le monde puisse être meilleur dans le futur :-) Et mieux communiquer pourrait bien y contribuer...

 

NB: que les personnes qui m'ont écrit ne s'impatientent pas... je répondrai dans les prochains jours

 


Dimanche 21 avril 2001

Encore et toujours...

 

Sur la route, hier soir, je pensais à ma relation avec Charlotte. Bientôt dix-neuf ans de vie commune, vingt-et-un d'amour partagé... Et bien je me disais que je n'avais aucun regret de l'avoir choisie comme compagne de vie (et qu'elle m'ait aussi choisi...).

Quelles que soient les attirances que je peux exprimer ici, quels que puisse être mes désirs ou fantasmes pour d'autres femmes, jamais je ne me suis dit qu'elle n'était pas celle qui me convenait.

C'est trés tôt, dans les premiers mois qui ont suivi notre rencontre que je lui ai dit qu'elle serait le "meilleur choix" (je ne l'ai pas dit en ces termes...). Mais je crois qu'avant même de lui dire mon amour, j'étais convaincu que "c'était elle".

Je dis "meilleur choix", parce que j'ai su aussi trés vite qu'elle n'était pas mon idéal. De petits "défauts" à mes yeux, quelques imperfection physiques selon mes critères...

Mais je savais aussi, esprit pragmatique, que j'avais des chances tellement infimes de rencontrer cet "idéal"... qu'il était inutile de compter dessus. J'ai donc choisi Charlotte, non pas "faute de mieux", mais parce qu'elle représentait l'optimum: une fille qui me plaisait, à qui je plaisais, alors que nous étions tous les deux disponibles.

On pourraît croire que j'avais calculé tout ça froidement, mais en fait c'est une évidence qui s'est imposée à moi. J'avais trés envie de partager quelque chose avec une fille depuis des années, Charlotte me plaisait et ça semblait réciproque. Je n'avais donc aucune raison d'hésiter!

Ce que je veux dire avec ma démonstration tarabiscotée, c'est qu'il est possible que notre couple tienne parce que nous (je?) le voulions vraiment. Aussi parce que nous avons eu la chance de correspondre à l'image que l'autre appréciait. Il y a une part de hasard et une part de détermination. J'ai bien conscience que ce n'est pas le cas pour tout le monde... (la part de chance).

Si j'évoque le couple, c'est parce que c'est un sujet abordé avec quelques un des mes lecteurs, et aussi évoqués dans des journaux. Peut-être que c'est aussi un plaidoyer en faveur du couple, afin de montrer à ceux qui en douteraient que ça peut trés bien fonctionner sur le long terme. Il semble que ce soit presque étonnant...

Ca me fait penser que notre relation est fondée sur une totale confiance mutuelle (ça, je l'ai déjà dit). Au point que Charlotte n'aurait pas idée de lire mes écrits intimes.

Une diariste m'a demandé quelle serait mon attitude en cas inverse. Sans aucune hésitation: je ne lirais rien! Même si j'avais accés à un journal intime de Charlotte, jamais je n'en lirais une ligne sans son consentement.

C'est ça la confiance: d'abord s'en montrer digne, et ensuite n'avoir aucun doute sur l'autre.

 

Et oui, j'en reviens toujours aux notions de sincérité/confiance...

Est-ce un hasard si on me dit régulièrement que ce journal est "sincère"? Dois-je m'étonner de reçevoir la confiance des lecteurs/lectrices, comme je l'évoquais hier?

 

Suis-je idéaliste de croire que les rapports humains seraient bien plus simples (sains? saints?) s'ils étaient fondés sur la confiance et la sincérité réciproque?

Voui, je sais bien que je suis un grand naïf idéaliste...

 

***

 

Sans aucun rapport avec ce qui précède, j'ai pensé à écrire une lettre à... Laura. Pourquoi aujourd'hui? Probablement parce qu'une diariste (une autre...) m'a demandé la suite de mon texte, parce qu'elle trouvait des pistes de réflexion pour sa propre histoire. Peut-être aussi parce que c'était l'anniversaire de Laura il y a quelques jours et que j'ai toujours eu une pensée pour elle à cette date. Il a suffi de ces quelques détails pour qu'elle revienne insensiblement dans ma tête. Rien de bien important, heureusement. Toute cette histoire est bien finie maintenant. Et les esquisses de brouillons mentaux que je préparais montraient une nette distance affective. En fait, ce serait quelque chose qui ressemblerait à ce journal: un éxutoire.

***

 

Vous aurez remarqué (ou pas) que je cite de moins en moins précisément les gens avec qui je corresponds. Un semblant d'intimité s'établit et je crois que, comme dans la vie dite "réelle" (que je n'aime pas ce terme!!!) il y a une vie privée sur le net. Ce journal intime est "public", tendance restreinte, et mes échanges de courriels sont "intimes privés". Je crois que c'est la seule façon d'avoir des échanges approfondis et sincères. Eh, là aussi il faut être digne de confiance!

Oups la! Je vais passer pour un moralisateur! (oui, je sais, j'ai tendance à l'être un peu...)

 


Lundi 23 avril 2001

 

Pluie, pluie, pluie et encore pluie...

Ca commence à faire long! Il a fallu remettre en route le poële à bois depuis une semaine, puisqu'on ne peut plus compter sur le soleil pour réchauffer la maison sous ces températures hivernales.

Bon, cette situation présente néanmoins quelques avantages: ça me laisse du temps disponible pour écrire un peu.

 

Je rentre à l'instant d'un rendez-vous avec mon assureur. "Assureuse", puisque c'est une femme qui gère l'agence locale. Charmante jeune femme de 35/40 ans (oui oui, c'est encore jeune!!), longs cheveux auburn, doigts trés fins, yeux verts...

Pour moi qui vis à la campagne et travaille seul, il est rare que je sois en compagnie féminine une heure durant, à seulement quelques décimètres l'un de l'autre. Je profitais évidemment des moments pendant lesquels elle était occupée pour observer sa physionomie... Bras fins, épaules menues, jolis seins (euh oui, c'est surtout ce que j'ai observé...). C'est quand même sacrément agréable de pouvoir profiter de ces charmes de temps à autres.

Vous ne vous rendez pas compte, vous qui êtes en ville, qui travaillez dans un bureau peuplé de jolies secrétaires (ou de beaux mecs musclés), de la chance que vous avez! Vous qui déambulez dans la rue, prenez le métro, fréquentez les magasins et croisez chaque jour des centaines de personnes. Je suis certain que chaque jour vous croisez au moins un, ou plusieurs visages attirants, que vous scrutez un ou plusieurs corps bien modelés.

C'est beau la campagne, mais ça manque de gens!

Oui, je sais, j'idéalise certainement. On doit se lasser à force. Et puis que retient-on des quelques secondes que dure le croisement d'une belle inconnue?

N'empêch que du temps lointain où je faisais partie des travailleurs de bureau urbains, j'appréciais ces courts instants d'évasion. Suivre une femme qui va dans la même direction, ralentir le pas pour profiter, la longueur d'une rue durant son "joli cul" a quelques mètres de distance (pfff! on dirait un mâle en rût!!). Profiter de cette secrétaire aux jolies jambes qui passe et repasse dans les couloirs du bureau, converser quelques minutes avec elle...

D'ailleurs, je constate que certains de mes collègues diaristes évoquent fréquemment ces contacts mi-professionnels, mi-séduction.

 

Qu'en est-il des femmes? Je suppose que c'est un peu pareil. Sans doute moins fondé sur l'attirance physique (et encore???), mais tout aussi important. Charlotte ne me cache pas son plaisir à discuter avec ses collègues masculins.

 

Bon, je parle beaucoup du physique. Un peu comme un enfant qui découvre un nouveau jouet: c'est quelque chose qui est longtemps resté réprimé dans mes idées, comme si c'était malsain. Je parais peut-être un peu benêt en évoquant ces plaisirs dignes d'un adolescent. mais que voulez-vous, je n'ai jamais vraiment eu ce coté de l'adolescence (je me demande même bien quels aspects de l'adolescence j'ai franchi à ce jour...).

J'ai passé la phase "pipi, caca, crotte, cul, etc..." mais c'est guère plus évolué. J'avoue que j'aime écrire des mots comme "seins, femme, féminité", ou plus raffinés comme "rondeurs, galbe, courbes", en les associant a la notion de féminité, dans son sens sexué, sexuel.

Et moi je vous raconte ça, benoîtement...

Alors que je sais que des femmes vont me lire... alors que je sais que je corresponds avec elles, sous une forme nettement plus policée (déjà que je ne suis pas trés dévergondé ici!). Je ne sais pas bien poourquoi j'ai besoin de sortir ces idées en votre présence oculaire. Si j'avais encore un journal intime privé, écrirais-je ce genre de choses? Non, je crois que j'aurais peur d'être lu!

Paradoxal! Ici je sais que je suis lu et je l'écris, alors que seul je ne le ferais pas. Exhibitionnisme? Hmmm, c'est bien possible. Mais surtout thérapie: j'ose dire les mots interdits, j'ose exprimer les idées taboues.

Quitte à ressentir une petite honte ensuite... mais finalement vite oubliée.

 

Question: vous les femmes, vous regardez les hommes avec ce regard sexuel? Et si c'est le cas (je crois savoir que oui...), vous en êtes génée?

Je veux dire, ressentez vous une certaine gêne en trichant avec un aspect tout a fait sérieux et concentré sur ce que vous dit la personne, alors que vous le reluquez en douce en imaginant je ne sais quel fantasme?

Suis-je bête! C'est exactement le sujet de "Ce que veulent les femmes", que j'ai vu le mois dernier.

Bon, ben oui alors. Il faut que j'accepte l'idée que nous nous regardons tous plus ou moins avec ce regard sexué. Dés que l'occasion se présente, nos hormones se mettent en action, nous ramenant à l'état de baiseurs insatiables refoulés.

Peut-être que de trop refouler fait justement que ces hormones se lâchent en excés? Et si je cotoyais plus de femmes je ne ressentirais pas avec autant d'intensité chaque rencontre?

Euh... faut pas croire que je suis sorti de l'agence congestionné, avec un regard allumé de désir. Tout cela reste trés sagement dans mes idées.

Justement.. il me vient une réflexion: je ne regarde jamais les gens les yeux dans les yeux. Si je ne me pose même pas la question avec des gens qui n'exercent pas la moindre attirance sur moi, c'est exactement l'inverse dans le cas contraire. Plus une femme me plaît, moins je sais où poser mon regard (et ça, je crains fort que ce soit perceptible...). Je me demande si ce regard fuyant n'est pas du à un refus de ressentir l'attirance.

Si une femme me plaît, je ne peux soutenir son regard, parce que j'ai l'impression d'être transparent, qu'elle saura tout de ce que j'ai dans la tête. Et si je la regarde, je me dis toujours qu'elle va croire que je la drague ou que je tombe amoureux d'elle (ce serait plutôt cette dernière option la bonne..). Du coup, je cherche ou poser ce regard affolé. Sur la bouche? Oh non, trop impudique (pourquoi?) le nez? Trop prés des yeux. Le front? Trop haut et fuyant. Alors je passe de l'un à l'autre... ou je choisis la fuite: le mur derrière, le bureau, n'importe quoi du moment que ce n'est pas son visage.

Tout cela se faisant en quelques fractions de secondes, sans que je ne maîtrise rien. Je ne peux que le constater. Et si je réfléchis, si j'essaie de maitriser ce regard volubile... alors je n'entends plus rien de ce qu'elle me dit!

C'est d'un pratique, je vous jure!

Bon, finalement, à part que je ne me sens pas trés à l'aise et plutôt gauchement engourdi, je ne pense pas que ce soit si visible que ça. On doit me prendre pour quelqu'un d'assez timide, mais pas comme un coincé totalement inhibé. Je parviens quand même à maitriser tout ça.

(Faudrait pas que mes lectrices m'imaginent comme un grand haricot boutonneux à lunettes, deux dents de lapin en avant, les bras ballants le long du corps et bagayant quelques phrases inintelligibles avec un sourire niais)

 

Ceci n'est pas l'idéaliste

 

Bon, assez dit de bétises pour aujourd'hui...

 

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 Lundi 23 avril (suite tardive, aprés mise en ligne)

 

C'est marrant, Laqk a écrit quelque chose sur le même sujet que moi ce soir! (non, en fait le 21, mais que je n'ai lu que ce soir). Je ne sais pas si c'est le printemps qui réveille nos hormones, mais j'ai été étonné de la similitude.

D'un coté, ça me rassure un peu. Je me sens parfois un peu trop focalisé sur le désir en ce moment... Alors si d'autres en parlent aussi, je me sens moins en décalage. Par contre, coté féminin, je n'ai vu aucune allusion à ce sujet.

***

J'ai reçu un mail étonnant ce soir (entrée du jour déjà en ligne...). Une lectrice d'un AUTRE journal qui m'écrit! Tout ça pour me demander (enfin il me semble...) comment faire pour que l'auteure du journal lui réponde. Parce qu'elle ne veut pas lui répondre, semble-t-il. Ben moi je fais quoi? Je ne vais pas envoyer un mail a cette diariste pour lui dire "hé, il faut que tu répondes à X". C'est pas mes oignons ça...

Si elle n'a pas envie de répondre, c'est son choix.

On voit décidement de tout dans le milieu diariste...

A la fois je me sens faire partie de cette communauté d'écrivants pour certains cotés, et assez distant de l'ambiance "tous copains". Je me sens proche de ceux qui ont une écriture introspective, et de plus en plus éloigné de ceux qui racontent leur journée dans le détail, sur des longueurs invraisemblables... et pareillement tous les jours.

Je ne dirais pas que ce n'est pas intéressant, mais moi, ça ne m'intéresse pas. Il en faut pour tous les goûts, et je suppose que mon écriture désintéresse au plus haut point certaines personnes. En fait, cette diversité entre nous est intéressante: chacun y trouve son plaisir, et chacun pour des raisons qui lui son propres.

 


Mardi 24 avril 2001

 

J'ai lu le journal de Laqk, daté du 22. Etonnant comme j'ai parfois des pensées similaires à lui! Serait-ce notre âge identique qui fait que nous nous posons les mêmes questions existentielles? Je crois aussi que c'est une tournure d'esprit assez proche.

Pourtant, nous échangeons rarement des mails. En tout, je crois qu'il n'y a que trois hommes avec qui je corresponds de temps à autres. Et combien de femmes? Au moins le double, et généralement avec une fréquence et une intensité accrue. Oh la, attention! Quand je dis "intensité", ça reste dans le domaine amical. Je veux dire que c'est souvent plus approfondi qu'avec ces trois hommes.

Laqk abordait justement le thême des relations avec ses lectrices (avec qui il entretien des rapports de séduction?). Il sent qu'il peut être délicat de parler de ces rapports sachant qu'elles le lisent. Jusqu'à maintenant je n'ai pas eu ce problème, mais peut-être qu'il se présentera un jour?

A propos de lecteurs/lectrices, il m'arrive de regarder mes satistiques et de voir quelques pics d'audience. De temps en temps cela dépasse les trente lecteurs dans la journée. Ca me fait alors un drôle d'effet de me dire qu'autant de gens ont suivi ce que j'avais dit. Pas dans le sens que j'en tire une satisfaction (oui, un petit peu aussi, c'est vrai...), mais plutôt que c'est quelque chose qui serait de nature à me faire un peu "peur". Récemment c'est presque quarante personnes qui sont passées. Mais qui sont ces inconnus? Des diaristes, je suppose, pour une bonne part. Mais sans doute aussi des gens qui me lisent sans me l'avoir jamais signalé.

La semaine dernière, une lectrice "silencieuse" m'a écrit une fort belle lettre. Ce soir j'ai reçu un autre courrier d'un/une parfait(e) inconnu(e) qui me donne ses impressions sur le fond et la forme de ce que j'écris, notamment mon autobiographie.

Mais finalement je me suis bien fait à ce lectorat en partie inconnu. Bon, c'est vrai, j'ai parfois tendance à m'adresser directement à... lui (vous?). Tout dépend de ce que je ressens. Si je m'auto-analyse ou si je raconte, je me parle ou je m'adresse aux lecteurs.

Mais finalement, à quoi bon toujours réfléchir à ma façon de faire? Ce journal est libre. Il est parfois pour moi, parfois pour les lecteurs.

  


Vendredi 27 avril 2001

 

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39...... 40

 

Ben oui... je change de décennie!

Ca ne me semblait pas trés important (non, pas pour le reste de l'humanité, mais pour moi...), et puis finalement je l'ai remarqué ce jour. Ca m'a fait tout drôle. C'est juste un chiffre qui change, et cet événement était tout à fait prévu. Mais je n'y avais pas vraiment fait attention, même si je voyais de temps en temps que la date approchait.

Et puis voilà, j'y suis.

Ironie, c'est hier soir, sur un Chat entre membres de forum "privé" auquel je participe, que quelqu'un m'a demandé mon âge. Comme il était minuit, je ne savais quoi répondre... C'était la dernière fois que je pouvais jouer sur les mots... et je ne m'en suis pas privé. "Quel âge as-tu?". "Ben ça dépend... hier ou aujourd'hui?". Et donc, pour la première fois, on m'a souhaité mon anniversaire "virtuellement", quelques minutes aprés le changement de date, avant même que Charlotte ne le fasse!

A part ça, je n'ai pas grand chose à en dire.

Sauf que ce passage ne me perturbe pas trop. Certes, c'est un éloignement plus marqué de l'enfance (par le symbole du chiffre). C'est aussi comme de point culminant, puisque je suis dans une sorte d'optimum entre le physique (encore en pleine forme), l'intellect (de plus en plus efficace, malgré la dégénérescence neuronale), et la liberté d'esprit (de plus en plus grande). Je passe probablement le point d'équilibre entre ma durée de vie passée et celle à venir. S'il y a un supplément, ce sera du rab. Ca c'est un peu dur à accepter. Je mesure le temps qu'il me reste à vivre en comparant avec ce que j'ai vécu... ben c'est pas si long ce qui reste!!!

 

Il s'agit d'en profiter un max! Et j'en ai bien l'intention!

Maintenant que je me sens sortir d'une interminable adolescence, je vais enfin pouvoir vivre pleinement. C'est comme une nouvelle ère qui s'ouvre devant moi: celle de la maturité. Je crois que je me sens enfin devenir ce que je suis vraiment. Je m'accepte, tant dans mes faiblesses que dans mes points forts (ça , faut le dire vite!). Et figurez-vous que c'est en grande partie grâce à ce journal et les nombreux message trés encourageants et plein de sympathie que j'ai reçu. Surtout depuis quelques mois.

Il semble que je sois (non: je suis) apprécié. Vous me le dites et ça me fait un bien fou, je vous assure. Pierre aprés pierre, vous m'aidez à me construire par vos mots encourageants. Je me vois à travers votre regard sur moi, et l'image n'est pas mauvaise...

Finalement, je me rends compte que je ne suis pas ce nul, ce bon à rien qui était incapable de réussir des études "normales". Que je n'étais pas ce personnage éteint qui n'osait parler parce que ses idées n'allaient pas dans le sens habituel. Que je suis bien un homme, même si je ne me reconnais pas forcément dans toutes les caractéristiques qu'on lui attribue généralement. Que je peux "séduire" par mes idées, et que cette séduction vaut bien l'autre pour se sentir "aimé".

Euh... cette dernière phrase, je la laisse?

Bon, ben oui, puisque je l'ai écrite.

 

D'ailleurs elle fait une excellente conclusion.


Samedi 28 avril 2001

 

Je sais bien qu'hier j'ai donné un détail qui me rend identifiable... mais je m'en fous. Je ne pense pas que qui que ce soit de mon entourage lise ce journal, donc quelle importance? Et puis, si cela devait advenir, je pense que je serais reconnu par d'autre recoupements.

Et puis si on me découvre par ce biais, et bien tant pis!

Ou plutôt: tant mieux! Ce serait une bonne façon de me montrer sous un autre jour que celui sous lequel on me voit habituellement. J'assume ce que je suis maintenant, de plus en plus.

 ***

 

En voyant mes petites barres, hier, je me suis rendu compte que c'est une façon de montrer l'âge et ses étapes de façon significative. Par exemple:

 

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Voici depuis combien de temps je suis avec Charlotte.

 

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Depuis combien de temps je travaille en indépendant

 

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Depuis quand j'ai décidé de lutter contre mon sentiment d'insignifiance

On remarque que c'est la même chose. Normal, c'et en me voyant face à mes clients que je me suis dit que ça ne pouvait plus durer. Je me sentais toujours nul, incapable, avec l'impression que ce que je faisais ne leur plaisait pas. Bref, l'auto-dénigrement permanent qui m'aurait bouffé en quelques temps.

 

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Depuis combien de temps je me sens "vivre" (en étant moi même)

 

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Tiens... le temps que j'ai passé avec Laura, et la dernière fois (en vert) que je l'ai vue, par hasard, dans la rue. Et puis le temps qu'il m'a fallu pour la sortir de ma tête...

 

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Les années noires de mon adolescence, auxquelles j'attribue les difficultés qui sont venues m'handicaper pendant des années.

***

 

Il y a plein de sujets que j'aurais envie d'aborder, souvent à la suite d'émisions entendues à la radio. Mais je n'ai pas assez de mes soirées pour tout écrire, pour lire, échanger... et puis, quand même, travailler. Mais surtout, je prends le temps de VIVRE, en étant en famille, en flânant parfois. Pas envie de me stresser en me créant des obligations.

Alors les réflexions, elles reviendront bien un jour. Et puis si elles ne reviennent pas, tant pis, c'est qu'elles ne sont pas capitales.

Allez, au dodo. Demain matin, lever à 3 h 30! Ouh la la, ça va être dur! Presque l'heure à laquelle je me couche (1 h30/ 2 h00).

 

Bonne nuit :o)


Lundi 30 avril 2001

Anti-nombrilisme

 

J'ai eu un petit souci ce matin. A la suite de je ne sais quelle erreur de programe, mon ordinateur s'est "planté". Je redémarre donc... et là, bizarre, il s'arrête dans la phase de lancement.

Je relance... même blocage. Aprés plusieurs tentatives, je dois me rendre à l'évidence: il y a un sérieux problème. Je commence alors à envisager le scénario catastrophe, à savoir un problème sur le disque dur, avec perte de toutes les données non sauvegardées (et il y en a beaucoup)... et la fermeture de mon accés à cette seconde vie que représente désormais internet!

Finalement, après plusieurs tentatives infructueuses, le bidule redémarre (sinon je ne pourrais pas écrire ce soir...).

Coup de fil au service d'assistance. Le gars me dit un truc du genre "ouh la, c'est embétant. Il va falloir faire une restauration avec formatage du disque dur". Ben oui, c'est sacrément embêtant! Quand je pense au temps qu'il va falloir pour tout réinstaller...

Entretemps, je m'étais mis en charge de sauvegarder mes fichiers les plus importants. Dont ce journal, non sauvegardé depuis au moins 3 mois.

C'est là que je me rends compte à quel point je suis devenu dépendant d'internet. Si j'étais privé de ce moyen de communication brutalement, je serais assez désemparé. Plus moyen de répondre aux courriels, plus de contacts. Et surtout, disparition brutale sans aucune explication.

Bon, je ne m'affolais pas outre mesure, puisque j'ai encore mon ancien ordinateur et qu'en trés peu de temps il peut être à nouveau opérationel et m'ouvrir les portes du monde virtuel. Il ne me manquerait que les messages perdus.

 

Pourquoi est-ce que je raconte ça en détail, alors que chacun de ceux qui me lisent savent trés bien ce dont il s'agit puisque ce risque existe aussi pour eux? En fait, c'est une façon de dire que si je disparais d'un coup, ce ne sera pas un coup de tête, mais quelque chose d'indépendant de ma volonté.

D'ailleurs, si j'ai un accident, ce sera la même chose. Il n'y aura plus personne pour donner le moindre signe de vie. Cette perspective à quelque chose d'angoissant. Que pourrait-on déduire de quelqu'un qui ne donnerait plus aucun signe de vie sur internet? On pourrait supposer n'importe quoi.

Ce n'est pas comme dans la vie matérielle, où les courriers sont visibles (les proches peuvent y répondre). Bien souvent les proches ne connaissent pas les partenaires des correspondances virtuelles, et en tous cas ignorent les moyens utilisés. Charlotte ignore tout de mes différentes boites mail, et encore plus leur mots de passe...

Vous me direz que si je suis mort, ça ne changera pas grand chose... Oui, mais quand même, je n'aurais pas envie de laisser dans le doute les gens auxquels je suis attaché. Je m'imagine dans une situation inverse, et je sais trés bien que je m'inquièterais si une personne avec qui je correspond ne répondait plus brutalement.

Bon, le monde ne s'arrêterait pas de tourner, je sais bien...

***

 

Toujours dans le domaine des relations virtuelles, une de mes lectrices s'interrogeait dans un de ses messages sur la différence de perception selon l'âge. Il lui semble, et sans doute n'a-t-elle pas tort, que les plus jeunes n'ont pas le même rapport que nous face à la différence virtuel/réel.

Je crois qu'il y a chez nous une rupture plus marquée entre ces deux vies. Préservation de l'anonymat, moins de facilité à rencontrer "en vrai" des connaissances du net. Et la génération plus jeune ne semble pas toujours comprendre nos réticences.

R. me dit aussi que les jeunes auraient moins de questions métaphysiques du genre de celles que j'ai justement en ce moment. C'est à dire de s'interroger sur la différence entre virtualité et réalité, si l'un ou l'autre à plus de "valeur" que l'autre. Non, ils prennent, avec apparemment beaucoup plus de facilité, ce qui se présente devant eux à un moment donné.

Reste à savoir si c'est le fait d'être jeune, ou le fait d'être de la génération-ordinateur qui fait qu'ils ne se posent même pas la question de ce qui est pour eux une évidence. Mais je ne suis pas sociologue...

 

En y réflechissant, je crois que, dans mon cas, c'est la crainte du regard que pourraient avoir mes pairs qui fait que je me pose toujours cette question du virtuel/réel. Parce que sinon, ça ne me pose aucun problème: je prends tantôt l'un , tantôt l'autre, et les deux ont leur attrait.

Ce que je pense gérer avec moins de facilité étant le passage du virtuel (que je n'aime pas ce mot!) au réel. Mais pour toutes les raisons que j'ai déjà longuement énumérées depuis des mois...

En fait, il n'y a qu'une seule raison: la fin de l'idéalisation de mes interlocutrices. Mais je crois que c'est quelque chose qui perd de son importance. Je serais prêt à rencontrer chacune des personnes avec qui j'ai eu des échanges de messages approfondis. Avec seulement une petite appréhesion...

 

Bon allez, je crois que je radote un peu là...

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Plus intéressant (enfin.. peut-être?): j'ai reçu plusieurs mails de femmes qui me disaient apprécier mon journal et mes réflexions, parce que je leur montrait un coté du masculin qu'elles ne connaissaient pas. Je suis trés content de contribuer à éclaircir leur vision de l'homme. D'une part parce que je suis toujours content de pouvoir "apprendre" quelque chose aux autres, de les aider à enrichir leur expérience. Et d'autre part parce que je suis content d'être un peu le représentant d'une part masculine.

Il semble que mes impressions intéressent des femmes, les aident à mieux comprendre des pans obscurs du caractère masculin, de la façon dont "nous" fonctionnons. Je crois aussi comprendre que c'est plutôt un coté insoupçonné qu'elles découvrent, et qu'elles sont satisfaites de savoir ça.

 

Un peu étonnant de ma part d'écire des choses comme ça, qui laissent filtrer une certaine satisfation... C'est là que je me rends compte que j'ai beaucoup changé en quelques mois de tenue de ce journal. Je parviens presque à me voir comme quelqu'un de "normal" et non plus comme cet être insignifiant, sans interêt, aux idées sans aucune portée. J'apprends à me respecter, à m'écouter dans le rapport que j'ai avec les autres. Ce n'est plus le journal fermé (version papier) que je tenais, principalement (exlusivement?) tourné sur moi-même. Il me semble que de plus en plus les autres (et principalement vous lecteurs) font partie de mon domaine vital. Le dialogue qui s'est instauré, directement ou indirectement (inter-lecture des diaristes) fait que je suis beaucoup plus tourné vers les autres.

Le journal en ligne, activité anti-nombriliste?

 

 

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Depuis combien de temps je tiens un journal papier (en rouge) et en ligne (en vert)

  

 


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