Mois de juin 2001


Selon la date, la longueur du texte vous permet de lire cette page en étant déconnecté. Ce procédé à été préféré à une page pour chaque jour.


 

Vendredi 1 juin 2001

 

Je viens de lire l'entrée de l'Insomniaque qui dit que le sommeil l'empêche d'écrire. Par un drôle de hasard, j'aurais pu écrire pratiquement la même chose!

Je ne sais pas si c'est le changement de saison, mais je suis absolument crevé le soir. Pas moyen d'écrire: je m'endors. Même pour lire, c'est pareil. En plus, je rentre souvent vers 20 h, ce qui fait que je ne me mets pas devant l'ordinateur avant 22 h. Et le sommeil vient très vite...

Je vais encore demander un peu de patience pour les personnes qui m'ont écrit récemment... et celles qui attendent patiemment depuis plus d'une semaine! J'ai plein de sujets de réflexion avec ces messages, mais je ne trouve pas la disponibilité d'esprit nécessaire. C'est frustrant!

Ce week-end, je m'absente. Donc rien à attendre de ma part...

 


Lundi 4 juin 2001

 

Je me demande comment ce journal va passer l'été. Avec le beau temps, je passe beaucoup de temps dehors et j'y trouve de quoi me remplir de satisfaction. Du coup, "l'autre monde", celui d'internet, s'efface de mes préoccupations.

Il faut dire aussi que je suis allé un peu loin ces derniers temps. Je vis assez mal ce que j'ai dit, ou ressenti. J'en ai un peu marre de ces confidences sur la façon dont je perçois la séduction. Je me sens comme un ado attardé qui découvre des évidences que tout le monde sait. J'ai honte de ce que je raconte dans ces pages.

Et puis ça m'énerve de ramener autant de choses à ça...

Ce journal ne retranscrit que ce qui me pose problème, ou ce sur quoi je réfléchis. Ca, moi je le sais bien. Mais mes lecteurs, que pensent-ils de ce qui peut apparaître comme une obsession?

Et puis récemment, j'ai évoqué avec une jeune femme cette séduction, et le phénomène de l'attirance qui peut apparaître trés rapidement dès qu'on se sent en phase avec quelqu'un. Je ne lui ait pas caché que... pfff...c'est vrai: je ne peux pas tout dire ici!

Disons que je ne lui ai pas caché que je ressentais une "attirance" fondée sur la similarité de nos idée. Du coup, je ne pouvais envisager sereinement une rencontre.

Le problème, dont j'ai pris conscience un peu plus tard... c'est qu'elle a presque vingt ans de moins que moi! Comme on dit dans ces cas là: "elle pourraît être ma fille". Et là, je me rend compte que l'absence de visage, donc de moyen de "jauger" mon interlocutrice m'a laissé partir sur le seul support des idées. Aucun problème tant qu'on en reste à l'échange d'idées... mais pas si on entre, même de loin, dans le domaine de l'attirance.

Parce que cette attirance n'est qu'infime au départ, mais je sais trés bien le risque que cela comporte. Généralement j'aborde rapidement le sujet, de manière à "casser" tout de suite ce genre de relation. Mais il est arrivé, avec Inès en particulier, que le fait d'évoquer cette séduction naissante indique qu'elle est partagée...

Et là, ça devient "dangereux", pour l'homme marié que je suis. Parce que je ne suis à l'abri de rien. Je ne veux plus jouer avec le feu. Enfin si, justement: ça m'attire beaucoup trop pour que je courre le moindre risque.

Et là, avec une jeunette... non, vraiment, ce n'est "pas bien".

Je dis ça, alors que je n'ai pas eu de réponse à mon courrier, ni a celui qui a suivi pour la prévenir du fait que je m'étais tardivement aperçu de la différence d'âge, et donc de maturité dans le domaine de la séduction. Il est tout à fait possible que je me sois laissé emmener par mon imagination idéalisante et que ce soit pour elle quelque chose de totalement incongru.

Bref: j'en ai MARRE de ne tout voir qu'à travers le prisme de la séduction!

Tout cela fait que je crois que je vais mettre un peu de distance entre ce journal et moi.

***

 

Je viens de relire les messages envoyés à cette jeune personne. Ils n'ont rien de tandancieux ou d'allusif. En fait, ce sont mes idées qui sont un peu confuses et me font peur. Mais apparemment le filtre des mots assagit mes pensées. L'auto-censure opère sans même que je m'en rende compte...

 

***

J'ai tenté en vain d'installer un sondage pour savoir qui vous étiez (hommes ou femmes). Je recommencerai une autre fois. Ca m'intréresse de savoir si mon impression est confirmée... En fait, je me base sur les messages que je reçois, mais beaucoup de lecteurs ne m'écrivent pas. Je ne sais même pas s'ils sont réguliers ou seulement de passage.

En ce moment, je réponds à une enquête sur les diaristes (fort longue...) et je me rends compte que je ne sais pas toujours répondre instantanément aux multiples questions. Par exemple: « Combien de messages de lecteurs recevez vous?». Ben... je n'ai jamais établi de statistiques la dessus en fait.

« En quelle mesure est-il importante d'avoir une audience?» Ce à quoi j'ai répondu: «Besoin "d'exister", de se sentir apprécié par un nombre significatif de lecteurs. En fait, ce n'est pas le nombre de visites qui compte, mais la fidélité des lecteurs. 10 lecteurs fidèles me comblent, alors que 100 lecteurs de passage m'indiffèrent.» C'est vrai, lorsque je vois mes collègues avec leurs 10000 ou 15000 visiteurs, je me dis que ça fait beaucoup, mais que veut dire ce nombre? C'est pour ça que je me fie surtout aux mails, et aux (parfois) inconnus inscrits sur ma liste de diffusions. Je n'ai même jamais totalisé (ou j'ai oublié?) les statistiques mensuelles...

Bon, mais de tout ça vous vous en foutez un peu, hein...

 

A la prochaine

Mes amicales pensées aux personnes avec qui j'échange (plus ou moins) régulièrement, et à tous les fidèles lecteurs.

 


Mardi 5 juin 2001

Séduction (1825eme épisode...)

 

 

«La séduction, le charme, l'utilisation de son image, c'est vraiment pour moi synonyme de vie et de jeu. Quelque chose d'euphorisant, de pétillant, de joyeux.»

Voila une phrase qui me plaît. C'est une lectrice, C., qui concluait un mail par ces mots.

Un peu plus en avant, elle mettait: « Pour moi, la séduction est une force vitale. Ca va avec l'image que l'on donne aux autres, ça va avec le corps, ça va avec le désir, ça va avec la sexualité. Je ne saurais pas défaire ces éléments les uns des autres. Je pense qu'ils forment un tout. »

Ces mots sont trés rassurants pour moi. Parce qu'ils me montrent que la séduction compte aussi beaucoup pour d'autres (oui, je le savais déjà, mais bon...), mais surtout... parce qu'ils ont été écrits par une femme!

J'ai besoin de savoir que les femmes pensent aussi à la séduction.

L., une autre lectrice m'écrivait aujourd'hui: «Sur la lassitude vis à vis du sujet (la séduction) dans le journal : on ne peut pas non plus passer ses jours à cela, ça va ça vient, le temps que la crise passe, qu'on en sorte grandi, différent, ou qu'on y réfléchisse un peu moins, provisoirement. »

Paroles qui me redonnent confiance en moi. C'est vrai, je suis focalisé sur ce sujet en ce moment (du moins est-ce l'impression que j'en ai, sans m'être relu), mais c'est sans doute parce que je "travaille" intérieurement sur ce problème. Viendra un moment ou je passerai à un autre sujet, comme cela s'est déjà fait auparavant. Je crois que le fait que je me culpabilise la dessus montre bien que je ne suis pas au clair avec cette idée, vaguement teintée de "pêché".

Sur cette idée de "pas bien", C. me donne une information intéressante. « J'apprécie la culture africaine et celle des pays du sud en général; j'y retrouve une place nette et claire, sans ambiguïté car les rapports hommes/femmes y sont nettement sexualisés. Je ne ressens pas leurs regards comme salissants (comme ça peut l'être chez nous) car ils sont francs». Effectivement, j'avais entendu dire que les regards laissaient clairement transparaître, et avec le plus grand naturel des "j'ai envie de toi". Imagine-t-on ça dans nos cultures occidentales? Je crois que l'éducation morale et pudibonde que m'a transmise ma mère n'est pas pour rien dans ces problèmes que j'ai à appréhender mon statut d'homme. J'ai été fils, je suis père et époux, mais je n'ai jamais été "homme". Marié jeune, je n'ai jamais pu éprouver ce désir/plaisir qui existe dans le jeu de séduction. Au contraire, je m'en suis écarté, et ai ressenti un grand malaise lorsque des attirances inopinées survenaient pour une femme qui me plaisait. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait à ces moments là. Il a fallu qu'un jour je tombe vraiment "amoureux", dans une sorte d'accès de folie, pour que je découvre que mon apparente solidité n'était qu'un leurre: je n'étais pas insensible, donc pas à l'abri.

C'était il y a dix ans. Cinq ans plus tard j'entreprenais ma trés longue remise en question sur le sujet, en commençant par Laura. Tout s'est accéléré il y a deux ans, avec mes premières rencontres virtuelles (voir génèse). Il n'est donc pas étonnant que je sois encore dans le sujet s'il m'a fallu autant de temps pour aller en profondeur.

 

Je dis ça comme une justification. Parce que ces derniers temps j'ai craint de vous lasser, chers lecteurs/lectrices. Je crois que ce journal est en train de chercher un nouveau rythme. Je ne peux plus écrire en me préoccupant autant du lectorat. Il faut que je retrouve l'esprit du journal écrit pour moi-même. Et tant mieux s'il plaît à certains qui s'y retrouvent ou enrichissent leur propre réflexion. Mais tant pis (sans dépit) s'il ne plaît plus à d'autres qui trouvent que je ressasse (personne ne me l'a jamais dit en fait...).

Je vais essayer d'être encore plus "moi" (Euh...je l'ai pas écrit ça, déjà???).

 

Pfff... ces doutes permanents sont épuisants!

 


Mercredi 6 juin 2001

 

Un grand merci à ceux qui ont participé au sondage en cours avec une belle rapidité. Ce que je pensais semble se confirmer: beaucoup plus de femmes que d'hommes qui me lisent. A ce stade, quasiment un homme pour trois femmes.

A part ça, je continue à répondre aux mails en retard... Je ne peux pourtant pas le faire "à la chaîne", alors c'est un ou deux par soir... les soirs où je m'y mets. Encore toutes mes excuses à ceux qui attendent une réponse de ma part.

 

Puisque je suis peu bavard, ce soir, voici une photo du genre de lieux qui me plaît: assez sauvage, plus ou moins abandonné et loin de tout. Je n'avais qu'une photo d'automne sous la main, mais les teintes sont si belles...

 


Vendredi 8 juin 2001

Infernal

 

J'ai reçu un message "rassurant" de la part d'une lectrice. Dans une de ses phrases, A. me dit: « Ce qui est bizarre, c'est que d'un côté tu manques d'une certaine confiance en toi, et en même temps ça te gêne de te reconnaître des qualités... Assume-les, ces qualités :- ) »

Ce qui est amusant, c'est que A. est beaucoup plus jeune que moi... J'aime bien ce coté d'internet qui fait que l'âge ne conditionne rien. Aucun problème pour qu'une "jeune" encourage un "vieux".

Hier, c'est moi qui écrivais à une de mes correspondantes, en lui disant que je craignais de la décevoir, qu'elle perde l'opinion (très) favorable qu'elle a de moi. Là où je me suis rendu compte qu'il y avait un problème, c'est lorsque j'ai repris conscience qu'elle n'avait que... 18 ans!

Non mais vous vous rendez compte? Un homme de 40 ans qui doute de lui au point d'avoir "besoin" de l'estime de toute personne, y compris beaucoup plus jeunes. Mais c'est pathétique!

Je précise quand même que la personne en question fait preuve d'une maturité étonnante. On lui donnerait facilement dix ans de plus.

Vous qui me lisez (et oui, je m'adresse encore à vous...) vous avez certainement remarqué ces doutes permanents. Je me demande même si ce n'est pas fatigant à suivre, à la longue.

Je ne sais pas comment avoir davantage confiance en moi. C'est comme si je ne parvenais pas à me débarasser de cette impression d'insignifiance. Trop d'années passées avec cette impression, au moment où je construisais ma personnalité, m'ont marqué de façon très profonde. D'autant plus que, ne sachant pas développer des relations d'amitié, je suis resté des années sans avoir vraiment conscience de ce handicap du doute permanent.

Depuis quelques temps, de plus en plus, je constate ma tendance à me minimiser (ce qui n'est déjà pas rigolo) et à minimiser les satisfactions des autres (ce qui est nettement plus grave). Je ne "supporte pas" (et le regrette!) les gens qui sont contents d'eux même, tout en sachant que c'est indispensable pour se sentir bien dans sa peau. Mais comme je ne ressens jamais cette sensation (si, de temps en temps maintenant), je "l'interdis" aux autres. Mes enfants notamment...

Catastrophique attitude, j'en ai bien conscience. L'impression de casser tout là où je passe...

Ce n'est pas que je dénigre, mais je minimise toujours l'enthousiasme des autres. Du genre « Tu es content de toi? Oui, c'est bien, mais tu vois, là il y a quelque chose qui ne va pas», et je pointe sur le petit détail qui fait que l'ensemble n'est pas parfait. Infernal non?

C'est la "méthode" que je me suis toujours appliqué et dont je connais pourtant bien les effets catastrophiques. Mais comment fait-on pour sortir de ça? :-((((

J'ai souvent l'impression de détenir les clés, mais ne pas connaître les portes à ouvrir. Ou parfois le contraire: savoir ce qui ne va pas, mais sans connaître la méthode pour en sortir.

C'est terrible d'avoir conscience d'un problème et de ses conséquences, mais d'être incapable de modifier assez vite la trajectoire!

Parce que bien sûr, ça évolue. Et ce journal y contribue beaucoup, comme les remarques des lecteurs. Mais ça va si doucement...

 

Et si je suivais les conseils de A.? Assumer mes qualités!

Quelles qualités?

Je suis... patient, écoutant, ouvert, tolérant, j'ai envie de progresser, de me réaliser, d'aider les autres. Je suis curieux, méticuleux, précis...

Mais je suis aussi... impatient, intolérant, juge, coincé, exigeant, tatillon, égoïste...

J'aurais tendance à ne voir que mes défauts. Je vois toujours ce qui ne va pas. Et pourtant je suis souvent optimiste...

Je déteste les gens qui se plaignent de tout, je préfère voir le bon coté des choses.

Bizarre cet esprit de contradiction... Je vois le bon coté quand on me présente le noir, et je vois le noir lorsqu'on me parle de ce qui est censé être bien! Ce n'est pas par plaisir de la contradiction, mais par souci de réalisme. Rien n'est tout blanc ou tout noir. Je n'aime pas les positions tranchées, les avis péremptoires.

Est-ce que ça me rappellerait des souvenirs?

 

***

Un mot me vient souvent en tête, lorsque j'analyse ma façon de penser: perfectionnisme. Défaut ou qualité? Les deux, selon le degré jusqu'où on le pousse...

 

Pourquoi le perfectionnisme? Pour être irrépochable.

Pourquoi être irréprochable? Pour être apprécié par tous.

Pourquoi être apprécié par tous? Pour ne plus douter de moi...

 


Mercredi 13 juin 2001

 

Voila quelques jours que je ne suis plus dans l'intime... donc que je n'écris pas ici.

J'ai passé plusieurs jours a échanger avec passion sur le forum "privé" auquel je fais référence de temps en temps. Discussion enflammée sur les rapports homme/femme, avec des interventions trés longues et fréquentes, me prenant souvent plusieurs heures de rédaction. Du coup, plus le temps de retrouver la sérénité nécessaire pour écrire ici.

Du même coup, je n'ai lu aucun diariste depuis quelques jours. Ce qui est rare de ma part...

Depuis quelques semaines, dès que j'ai un moment de libre (et même lorsque ce n'est pas le cas...) je passe beaucoup de temps sur internet. Journal, forum, échange de messages. Je me rends compte que c'est "trop". Passionnant, mais invivable sur le long terme. Mes nuits sont très réduites, parce qu'entre le travail, important en ce moment, et la vie de famille, il ne reste guère que la nuit pour pouvoir vivre cette "deuxième vie".

***

 

Evenement de taille aussi, cette semaine: j'ai donné la "clé" d'accès à ce journal à quelqu'un qui me connaît. C'est la première fois que je le fais volontairement (alors qu'une fois j'avais oublié de cacher la clé).

J'avais peur que cela change un peu ma façon d'écrire, mais je crois que je compartimente beaucoup ma vie, et que ces "passserelles" entre mes vies auxquelles de rares personnes on accès, me sont "invisibles".

D'ailleurs, je suis en train de me rendre compte que j'avais déjà donné cette clé à une autre connaissance. Et j'avais oublié qu'elle a un accés possible à l'intimité de ce journal.

Tout ça pour dire que, lorsque j'ai particulièrement confiance en quelqu'un, je lui ouvre plusieurs de mes "vies". Je deviens ainsi particulièrement transparent, montrant à la fois ma vie intime et ma vie publique.

Mais... tout cela reste dans le domaine de l'internet! Parce que ces personnes que j'évoque, je ne les ai jamais rencontrées "en vrai". Ca, se serait une "troisième vie"...

Bon, je ne sais pas si vous suivez bien ce que je veux dire...

 

Donc, si tu me lis, bienvenue Amandine (c'est évidemment un surnom...)

Amandine, c'est une rencontre inattendue, mais une sorte de "coup de foudre". J'ai immédiatement été attiré (sans doute par son pseudo?). En quelques échanges brefs, nous nous sommes sentis en connivence. Une correspondance a démarré et a très rapidement pris une grande importance. Les mails que nous nous sommes échangés, alors que nous ne nous connaissions qu'à peine ont tout de suite atteint des longueurs considérables.

Une confiance instantanée, presque instinctive, nous à permis de nous livrer sans retenue. Toutes nos craintes, nos pensées sur ce qui nous concernait ont été évoquées avec la plus grande simplicité: en totale transparence. Il est rare que ce degré de confiance/sincérité soit atteint aussi vite.

Il a, évidemment (pour ceux qui me connaissent...), été question du "problème" de la séduction. Et par un hasard assez étonnant, nous semblons ressentir les mêmes impressions, pratiquement au même moment. Nous avons évoqué trés librement l'inévitable idéalisation, sachant tous les deux ce qu'elle avait d'irréel. Et nous avons, pour le moment, décidé de ne pas chercher à la confronter à la réalité.

Bon, je m'en tiendrais à ça pour aujourd'hui. Finalement, ce qui se passe entre nous c'est "notre" intimité.

Voila une des limites incontournables du journal en ligne: on peut dévoiler son intimité, mais pas celle de ceux que l'on cotoie.

Pas d'ambiguité cependant: lorsque je dis "intimité", c'est dans le sens large: ce qui concerne la vie privée. Nos échanges sont tout à fait courtois, sages et "honnêtes".

 

***

Je fais une entrée un peu "marathon" ce matin, n'ayant pas le temps de développer autant que je le souhaiterais. Veuillez excuser ce coté un peu superficiel... mais je sais que si je laisse passer les idées, elles ne reviendront pas de la même façon. Mieux vaut du succinct que rien.

 

Donc, le dernier sujet que j'avais envie d'évoquer, et sur lequel je devrais me pencher très sérieusment, c'est celui de la culpabilité.

Vous avez remarqué le "veuillez m'excuser..."? C'est significatif de ma crainte de "mal faire". Crainte permanente, dévorante.

Je me sens très facilement coupable et je sens que ça m'empêche singulièrement de bien vivre. Coupable de ne pas assez écrire, ou au contraire de passer trop de temps sur internet...

Coupable d'être timide... ou de chercher les contacts. Coupable de ne pas assez travailler... tout en voulant "vivre" pleinement. Je crois que c'est cette culpabilité permanente qui est à la source de tous ces doutes qui m'assaillent.

C'est hier matin, en évoquant avec Charlotte le temps que je passais sur internet, qu'elle m'a dit que cette culpabilité était pesante. Je la comprends... Être avec quelqu'un qui se demande toujours s'il fait bien ou pas d'agir comme il le fait, c'est usant.

J'ai tout d'un coup pensé à mon lectorat ensuite, ainsi qu'aux gens avec qui j'échange par mail. Et si cette culpabilité, ces doutes permanents, ne risquaient pas de devenir agaçants à la longue? C'est vrai, je suis toujours en train de livrer ici mes questionnements, mais à force, peut-être que vous apprécieriez de me voir être satisfait de moi un peu plus que ça. C'est peut-être ce qui plaît justement dans le journal de la Scribouilleuse: un certain épanouissement, une joie de vivre et de profiter.

Je crains que mon journal ne soit un peu tristounet avec cet étalement de questions.

Boh! en fait, je n'en sais rien. C'est peut-être mon humeur du jour qui me fait penser comme ça.

***

 

Bon, ben réflexion faite, de savoir que je risque fort d'être lu par "Amandine" influence mon écriture! Je me dis: "que va-t-elle penser de ce que je dis sur elle, de ce que je dis dans cette entrée...". Je me sens "creux" ce matin. J'ai l'impression de dire des banalités. Je ne suis pas dans ces instants de grâce (le mot est sans doute excessif...) qui font que je me sens hyper-lucide sur moi-même, en totale confiance avec ceux que je connais au point d'oublier toute retenue, toute gène, toute censure...

Vous savez, ces entrées que je "regrette" d'avoir livré sans pudeur, le lendemain...

 

C'est justement sur ce ton-là que se passent nos échanges avec Amandine: sur le fil du rasoir de la sincérité. Dire ou ne pas dire ce qui est l'intime de l'intime? La sincérité absolue...

Non, la sincérité absolue n'existe pas!

 

***

 

Ce soir, je viens d'aller faire un tour dans la vie des diaristes que je suis jour après jour (sauf là...). C'est amusant de voir autant de différences. Chacun dans son univers choisit de raconter un fragment de sa vie. Pas forcément la chose la plus "importante" de la journée, mais celle qui a rendu cette journée particulière.

Et c'est ainsi que, jour après jour, on parvient a savoir qui est celui ou celle qui se confie ainsi. Et curieusement, on identifie très bien chacun, même sans le support du visage. cela tient à la fois à la présentation du site qu'au "style" du diariste.

J'aime cette diversité des personnalités. Si nous avons bien l'écriture de nos vies comme point commun, que de différences dans ce que nous sommes!

Que de ressemblance aussi, parfois...

 


 

Jeudi 14 juin 2001

 

Je viens de voir à la télé une émission sur "le physique révèle t-il la personnalité".

Or sur internet le physique est la grande inconnue. On ne se fie qu'au contenu des mots, sans même la voix qui laisse passer beaucoup de la personnalité.

Il y avait présente une jeune fille atteinte d'une maladie rarissime: la paralysie faciale. Sous un visage impassible, sans la moindre trace de sourire ni de mouvement de sourcils, ce "masque" avait quelque chose de très déstabilisant. La voix était agréable, enjouée, le rire souvent présent, mais on avait l'impression d'entendre une voix off plaqué sur une image désynchronisée. Un peu comme un fil très mal doublé.

La jeune fille paraissait très bien dans sa peau, mais j'ai été ému de la souffrance qu'il peut y avoir à être privé de ce contact essentiel qui passe par le regard (le sien était quasiment "mort") et surtout le sourire, sous toutes ses variations.

J'ai alors pensé à internet, qui nous prive aussi de ces "messages non-verbaux". S'il est parfois un peu agaçant de voir des smileys de partout, je crois qu'il ne faut pas se priver non plus de ces sourires écrits. L'écriture "vivante" des diaristes, ou celle des mails, ne se compare pas à celle "éteinte" d'un livre. Constatant parfois les quiproquos dus au manque de ces smileys, je vais m'efforcer de ne pas trop les contenir.

Je crois qu'il y a un certain snobisme à les refuser... comme à les multiplier. Comme partout, le juste milieu sera le meilleur compromis ;o)

 


Vendredi 15 juin 2001

 

Je continue mes discussions enflammées sur forum. Ca mobilise toute mon énergie pour tenter d'être compris. Peine perdue...

Je ne sais pas pourquoi, mais je laisse auprès de certaines personnes une très mauvaise opinion de moi. Trés différent de ce que j'ai ici...

Je suis beaucoup moins vulnérable que j'ai pu l'être il y a quelques mois. C'est rassurant de voir que je crois un peu plus en moi et que je ne me laisse pas démolir. Il y a des gens qui sont incapables de se remettre en question, et qui ne supportent pas que d'autres s'en posent. Ca finit toujours mal, parce que ces personnes sont agressives, méprisantes, hautaines...

Bref, je ne vais pas raconter mes états d'âme ici.

Bizarre que j'écrive ça, alors que justement ce serait bien l'endroit pour le faire! Oui, mais c'est en quelque sorte ma vie "privée".

En fait j'ai déjà exprimé tout ce que je ressentais, justement sur ce forum, et ne ressens pas le besoin de le faire ici. Et puis ici, ce n'est pas un journal d'opinion.

 

Bref... tout ça pour dire que je n'ai rien a écrire ici.

Faire aussi un petit signe aux personnes qui m'ont écrit, et vis à vis de qui je suis encore en train de prendre du retard! Ne vous inquiétez pas, les messages sont en attente bien au chaud. J'y répondrais quand je serais en état de disponibilité, ça n'en sera que mieux.

 

Dimanche 17 juin 2001

 

Pêtage de plombs

 

Un nouveau défi s'offre à moi dans le cadre des ces "relations virtuelles" que j'essaie d'apréhender, conjointement à la démarche auto-thérapique de ce journal.

Amandine a lu...

Elle m'a écrit les impressions qu'elle ressentait. Notamment que le décalage dans le temps fait un drôle d'effet, ainsi que cet "auditoire" à qui je m'adresse et dont elle se sent étrangère. Elle précise aussi : «Et puis j'ai l'impression d'entrer dans un monde qui m'est complètement étranger (celui des diaristes), mais en même temps dans un domaine qui commence à m'être connu: toi....»

Mais ce qui m'a fait réfléchir sur ce "défi" de l'écriture devant des gens "connus", c'est ce paragraphe: «Il y a quand-même une chose qui m'a beaucoup ennuyée, c'est ta crainte que ton écriture soit influencée par ma lecture. Ca je ne veux surtout pas. C'est ton journal, c'est ton intimité; tu m'as autorisée à y faire "intrusion", j'en suis très flattée et je l'ai fait en toute conscience et avec un plaisir et une émotion bien réels; mais si ma présence (éventuelle ou effective) doit entraver ne serait-ce qu'un tout petit peu de cette intimité, je ne suis pas d'accord.»

Elle me propose donc une "ouverture à l'essai", période a l'issue de laquelle je donnerai mon sentiment sur une éventuelle gêne occasionnée par sa présence.

Mais cette présence d'un oeil connu n'a pas beaucoup de différence avec les relations que j'ai pu nouer grâce à ce journal. La seule chose qui change, c'est la connaissance qu'Amandine a de mon "autre vie". Cette vie sociale et néanmoins virtuelle que j'ai sur le forum...

J'ai déjà dit que je prenais soin de bien séparer mes vies afin de ne pas risquer une trop grande vulnérabilité. Trés peu de personnes (deux) me connaissent sous cette double apartenance.

D'ailleurs, ce n'est pas sans problèmes de conscience vis à vis de vous, lecteurs de ce journal... Ben oui, parce qu'en fragmentant mes vies, je ne suis pas vraiment sincère! Si je dis bien l'essentiel de mes pensées intimes, je ne dévoile presque rien de mes opinions! Ce n'est donc pas moi, mais une partie de moi que je vous propose.

Normal, me direz-vous, et la plupart des diaristes fonctionnent de cette façon: soit intime, soit opinion. Rares sont ceux qui approfondissent simultanément les deux registes (et même... en existe-t-il?).

 

Donc, le défi que je me donne: être sincère malgré la présence d'Amandine.

Il me revient aussi en tête mes récentes décisions: ne pas trop dire ce que je pense, ne pas nommer les gens avec qui je dialogue, ne pas tout dire...

Pas facile de trouver le juste équilibre...

 

Question qui me ramène inévitablement au pourquoi de ce journal. Est-il écrit d'abord pour moi, auquel cas il faudrait que je puisse faire abstraction des lecteurs, ou bien ai-je "besoin" de ce regard extérieur, auquel cas, je suis obligé d'en tenir compte.

Connaissant bien ma propension à chercher tout marque de reconnaissance, il me faut trouver une écriture à la fois libre et sincère, et qui ménage la sensibilité de mon lectorat.

Parce que mon souci est le suivant. Si j'évoque des sujets trop "personnels", je crains la désaffection. Ce forum dont je parle peu, vous ignorez tout de son contenu. Donc ce n'est pas "intéressant" pour vous que j'en parle. Amandine, avec qui j'entretiens en ce moment une relation épistolaire importante, cela ne concerne que moi et elle.

Mais ma vie, en ce moment (et hors ma vie réelle) se concentre autour de ces centres d'interêt. C'est ce qui explique mon silence de ces derniers jours.

Dès lors, que faire? Vous qui suivez ma vie, sans que je sache toujours ce que vous y trouvez qui correspond à vos attentes variées, puis-je vous raconter mes états d'âme auquel vous ne comprendrez pas grand chose?

 

Pfff... je me demande si vous, comme moi, n'en avez pas marre de ces incessantes remises en question!

Et si, tout simplement j'étais moi?

 

Et déjà je mesure l'ampleur de la tâche: être moi? Mais ce serait passer la moitié de ma journée à raconter ce que m'en inspire l'autre moitié!

 

Comment évoquer ce que j'ai ressenti hier en voyant Zoé? Mélange entre plaisir simple à échanger avec une personne agréable, intéressante, en période de remise en question, et voile de souvenirs teintés de réminiscences jamais clairement évoquées. Attirance basique, aussi, pour un visage et un corps fort agréables...

Plaisir aussi en constatant que je pouvais discuter avec sa cousine, rencontrée une seule fois 10 ans auparavant, mais avec qui immédiatement "le courant est passé", avec le souvenir commun l'un de l'autre. Satisfaction de constater que je suis moins intimidé (bien que parfois les mots se vident de ma tête si je sens une attention trop présente...) et que je m'exprime presque "librement". J'entends par là que je ne suis pas concentré sur l'image que je donne...

Satisfaction d'être globalement "présent", et non pas perdu au milieu de gens en me demandant ce que je fais là...

Pas de peur anticipée avant d'arriver, pas d'impression de vide en partant...

Ben oui, des tas de raison d'être content parce qu'il y a une amélioration!

 

 

Être moi... ce serait aussi évoquer ce que je pense d'Amandine...

Cette coquine m'a avoué qu'elle avait cherché avidement ce que j'avais pu dire sur elle! J'avoue que je n'y avais pas pensé... alors que moi-même ne résiste pas à cette tentation auprès de mes collègues diaristes, lorsque nous avons un échange un peu plus fort.

Mais évoquer Amandine, c'est aussi le risque de toucher, certes de façon minime, la petite pointe de jalousie qui peut exister avec certaines des personnes avec qui je dialogue par ailleurs...

Crainte probablement infondée pour la plupart...

Mais sachant que moi j'apprécie cette impression d'être un interlocuteur privilégié (même un tout petit peu...), je ne peux m'empêcher d'envisager cette éventualité chez les autres.

 

Ces réflexions me ramènent à une autre: qui est Amandine pour moi? Qui sont ces relations féminines que j'ai sur internet? Chacune unique, chacune avec une préférence pour un sujet de prédilection...

Ouh la la, je vous jure que ce n'est pas facile de s'écouter et de se laisser aller quand on se met autant de contraintes!

Il faudrait que j'oublie les lecteurs... (comment faire quand je sais que parfois 40 personnes me lisent!)

Que j'oublie les lecteurs...

Que je me sente seul...

Seul face à mon "papier"...

J'écris pour moi

j'écris ce qui me passe par la tête.

L'écriture libre...

...

 

 

...

Mais ça fait peur ça!!! laisser aller son écriture sans la maîtriser aucunement? Oui, ça va quand on a rien à cacher!

Mais j'ai quelque chose à cacher justement! Et à moi en premier lieu.

Et je ne dois pas m'écouter, parce que seulement s'écouter c'est déjà faire remonter à la surface ce qui est enfoui. Si je mets dix tonnes de sable dessus, ce n'est pas pour le ressortir ensuite...

Grrr, rien que d'en parler, je sens que ça remonte en surface!

Hrgmrouph! Je veux pas le dire!

 

 

 

 

J'aime bien Amandine

 

 

Amandine m'attire...

 

Mais qu'est-ce que je raconte moi??????????????????????????????

 

 

 

Mais qu'est-ce qu'on peut dire dans un journal????

Je peux le dire ça? Ben oui, puisque je le pense!

Oui, mais je dis ça "en public", c'est débile... Oui, mais si tu as envie de le dire comme ça...

Elle va le lire! Ben oui, tu le sais bien...

Alors je fais quoi? je mets ce texte en ligne? Ben oui, si tu l'écris!

Oui, mais là je le fais en "test" sans savoir si je vais le faire. Il me suffit d'un clic et hop! Plus rien... Oui, mais tu veux être sincère jusqu'au bout...

Et puis là, je suis en train de recopier l'Incrédule (ancienne version) et son personnage: "Ego"... Peut-être que c'est une façon de dire ce qu'on pense sans le dire vraiment... "C'est pas moi c'est lui".

(...) Tiens oui, L'Incrédule, tu avais aussi un petit faible pour elle...

Chuuut! C'est loin tout ça, tout le monde à oublié ce que j'en disais... Hé hé hé...

(...) Tu vas continuer longtemps comme ça?

Ben, ça défoule :o)

Ca fait du bien de lâcher un peu les soupapes de temps en temps. On dirait bien, oui.

Trop de retenue dans ce journal finalement. (je ne dis rien...)

Envie d'exploser, de me libérer, d'être enfin MOI (...)

Qu'on m'accepte tel que je suis! Et tant pis si je dois prendre des claques... (...)

(...) Ca y-est? C'est fini?

Pour aujourd'hui, oui. Ben alors vas-y, mets en ligne maintenant...

 

Hum... P't'êt ben...

Faut vraiment que t'aies un peu pêté les plombs pour mettre ça...

Je crois que c'est le cas...

 

Journal LI-BE-RA-TEUR !!!

______________

 

Je m'en vais pendant trois jours en vacances... pas de correctif possible avant mon retour (du genre «mais qu'est-ce qui m'a pris d'écrire ça? Je suis dingue!»). Oui oui oui je suis dingue!!!

Faut bien se libérer un peu de temps en temps. Ras le bol d'être toujours modéré et mesuré. Lâche toi mon kiki!!!

(non non, je ne suis pas bourré...)

J'espère que je n'aurais pas de sueurs froides retrospectives pendant ces trois jours...

 

Non, vous ne rêvez pas, c'est bien L'idéaliste que vous lisez. P'têt' que je vais pouvoir m'appeler "Le réaliste"?

 ***

Heureusement que ce journal est anonyme...

 


Lundi 18 juin 2001

Je rebranche les plombs...

 

Vite vite, avant de partir!

Corriger l'impression que je laisse. Une fois de plus, je ne sais pas ce qui m'a pris hier. J'ai raconté n'importe quoi.

Enfin pas vraiment. Mais c'est de l'écrire qui est "n'importe quoi". Je sais pourtant très bien que je ne peux pas tout écrire dans ce journal.

Ben oui, mais j'étais fragilisé, émotionnellement parlant. Alors ne sachant plus bien où j'en étais, qui j'étais, avec ces remises en cause sur ma sincérité (sur forum), je me suis livré à un excès de sincérité.

C'est aussi moi ces moments où je perds ma maîtrise habituelle. Je ne suis pas toujours serein et réfléchi. J'ai des moments de grande faiblesse où je me laisse aller à cet épanchement légèrement ridicule, ou à la colère, comme sur ce forum.

Peut-être que je fous mon image en l'air (image? quelle image?). Je me dis que les gens qui me lisent vont me trouver bizarre, vont se sentir mal à l'aise en lisant ces élucubrations d'un type un peu paumé.

Je perds le contrôle dans certaines sitautions extrêmes, comme je l'avais fait avec Laura il y a quelques années. En fait, je ne "supporte pas" qu'on perde confiance en moi.

Non: que l'on ne me fasse pas confiance. Que l'on remette en cause ma sincérité.

C'est, je crois, ma plus grande qualité. Une des choses qui me permet de "croire" en moi, de me rendre compte que j'ai une "valeur". Alors si on m'enlève ça... je suis perdu. Prêt à faire n'importe quoi pour la reconquérir.

Le "n'importe quoi" n'y contribuant d'ailleurs pas...

Comme si sentant que le bateau coule, je me mettais à le saborder.

 

Il ne faut pas que je me mette dans des états pareils. Il ne faut pas que je marche dans le jeu lorsqu'on doute de ma sincérité. Si on en doute, je dois quitter la relation qui me fait ressentir ça.

Je sais, moi, que je suis sincère. Je n'ai rien pour le prouver, et je dois donc fuir ceux qui ne me croient pas. Tant pis pour eux.

Alors que si j'insiste, réflexe pourtant naturel, je risque trop. Parce que si ça ne marche pas, je me perds...

 

Voila. Il va falloir que je parte. Mais, il fallait que j'écrive ça auparavant. Que vous constatiez que je garde quand même mon coté "sage et raisonnable".

Mes "pêtages de plombs" ne durent pas trop longtemps...

 

Et zouuu! Vite en vacances en amoureux avec Charlotte!

 


 

Jeudi 21 juin

 

C'est l'été :o)

Je viens de passer trois jours de vrai bien-être. N'ayons pas peur des mots: trois jours de bonheur.

Rien de préparé, puisque le matin même nous ne savions pas encore où nous allions. Une seule destination connue: le soleil. C'est donc la météo qui nous a donné notre chemin. Il faut dire qu'il faisait un temps exécrable, gris et pluvieux depuis quelques jours.

Le soleil, en général, c'est le sud...

Direction: selon l'inspiration, sur les petites routes de la Drôme provencale. Très vite le soleil est apparu, fidèle au rendez-vous. Et puis les champs de lavande en fleurs, surprise imprévue. Vous savez, ces champs bien alignées qui inspirent les photos de cartes postales? Et avec un parfum...

Visite de petits villages médiévaux superbes, sans touristes (à la fois par la saison et leur relatif éloignement).

Mistral vivifiant qui dissipe les nuages et donne une luminosité exceptionnelle au paysage. Premiers pins d'Alep, qui donnent cette particularité à toute la Provence.. La large vallée du Rhône s'étale en contrebas, pas trop marquée, de loin, par les balafres crées par les routes, autoroute, voies ferrées qui l'ont rendue si laide en tant de lieux.

Soirée au restaurant puis à l'hôtel, ce qui n'est pas un évenement en soi... sauf lorsque on s'est généralement toujours contenté du camping, faute de moyens... A quarante ans, on s'embourgeoise.

Vistes d'autres "vieilles pierres" le lendemain, avec le superbe Pont du gard (romain), dont le site a été rendu à la nature après des décennies de passage de voitures qui enlaidissaient le site. C'est satisfaisant de voir que parfois on sait faire marche arrière en privilégiant le naturel face à l'omniprésente voiture.

Quelques heures de médiatation contemplative devant les ruines d'un village romain exhumées depuis un siècle. Et toujours ce paysage superbe d'oliviers, de pins et de cyprès. Les cigales parachevant le tableau de leur chant régulier.

Je passe sur la promenade du lendemain matin dans la ville ancienne de Nîmes. Ambiance méditerranéenne, propice à la flânerie. Rues étroites éclairées de pinceaux de lumière éblouissante. Palmiers et Lauriers roses.

C'est ce qui est bien dans un voyage inorganisé: on va là où on veut, selon son inspiration, selon l'heure de la journée qui reste jusqu'au coucher du soleil. Aucune contrainte: libres...

Alors, juste pour le plaisir de "la" voir, on s'est rajouté une heure de route. Bleue, immense, étincellante... la Méditerranée. Juste pour quelques heures, le temps de la humer, de l'entendre, de la toucher (froooiiiiide!).

Trois jours de tranquillité, de plaisir tout simple suivi au fil des envies. Que demander de mieux?

Ce fût aussi l'occasion de dialoguer, de se retrouver, puis du silence... apaisés et sereins, nous n'avions même plus besoin de parler. Nous étions là, ensembles, heureux.

Le bonheur tout simple, comme je vous dis.

Alors quand en arrivant trois enfants vous accueillent avec un apéritif sur le gazon, un barbecue allumé et la table avec la nappe et les "beaux couverts" installée sous l'arbre de la terrasse... quoi demander de mieux?

 

_________________

 

Je me demande encore pourquoi je n'ai pas résisté à la curiosité d'aller faire un tour sur internet...

Un mail d'Amandine était là, ce qui ne m'a pas surpris... Je lui ai répondu tout de suite, avant d'aller voir le reste du monde virtuel.

Pas de chance, presque arrivé au bout d'un long message... il a disparu! Très, très, très, énervant... Seule une partie avait déjà été sauvegardée.

Inspiration perdue, gachée, je suis allé faire un tour sur mon forum préféré (bof!!!). Les gens sont fidèles à eux mêmes... Les silencieux le restent, les moqueurs le restent... Un message intéressant quand même qui me demande pourquoi je me dévoile autant. Je ne sais toujours pas bien. C'est quelque chose à réfléchir...

Coté diarisme, trois messages qui réagissent à mes dernières entrées. Merci à eux, c'est important de se sentir suivi dans les moments difficiles :o)

 

Parce que oui, évidemment, c'est assez difficile... Il m'a fallu un jour pour faire la "coupure" du monde d'internet, mais tout est revenu au retour. Sauf que je suis "sage" maintenant: finis les délires de la vérité absolue.

Je crois que j'ai compris, une fois de plus (et certainement pas la dernière...) que dire la vérité était stupide. Être sincère ne concerne que moi. Je ne peux l'être qu'avec moi-même. Comme me le dit E., ce journal n'est pas une psychanalyse. On ne fait pas une psychanalyse en public.

Si je veux garder ce ton auto-analytique (est-ce nécessaire, utile?), je dois quand même garder une certaine marge de retenue. A vouloir être trop sincère je me détruis.

Je suis en ce moment dans une phase de grande incertitude. Je ne sais plus quoi penser ni comment agir. J'ai l'impression que ce que je croyais était un leurre.

 

D'ailleurs, je suis vide d'idées...

***

 

Journée maussade, moralement parlant. Pas le moral. Je me mets dans des situations pas possibles et je ne suis pas assez costaud pour les assumer. Ce forum me mine, ce journal est trop ouvert...

Je n'ai même pas répondu aux mails qu'on m'a envoyés depuis une semaine...

Bref, rien ne va..

 

J'étais si bien en vacances...

 

Et si internet, aprés avoir été un moyen d'avancer devenait maintenant néfaste?

Laissons passer quelques jours, ça ira mieux plus tard...


Vendredi 22 juin 2001

 

Je remonte la pente...

Echange de courriers avec Amandine, puis avec C., une diariste qui m'a éclairé sur ma façon de voir les choses.

Amandine à trouvé une formule qui me convient tout à fait: « recherche une sincérité qui pour n'être pas absolue est néanmoins maximale». Je crois que c'est quelque chose d'important que je dois me graver dans la tête. Je dirais même "sincérité optimale". Or trop souvent, je me suis senti "contraint" à une sincérité absolue.

Pourquoi "contraint"? Et bien parce que je suis un maximaliste. J'ai tendance à penser "tout ou rien". ET pour ma part, concernant la sincérité, ce serait plutôt "tout". Depuis le début de ce journal je me pose des questions sur cette sincérité (au point que ça doit être agaçant...), vivant mal les moments où je sens bien que je ne suis pas obligé de tout dire.

Pour obtenir la confiance, je me sens obligé d'être absolument sincère et honnête. Je ne veux pas "tricher" en cachant quelque chose dont j'ai conscience. D'ailleurs je ne sais même pas tricher!

... sauf avec moi, ou avec ma conscience. Il m'arrive de vaguement sentir quelque chose, et de ne pas l'approfondir de peur de ce que je vais découvrir. Parce qu'une fois découvert, je ne pourrais plus tricher, donc plus le cacher.

Je suis trop honnête. C'est con ça , quand même!

 

Autre chose, dont m'a parlé Charlotte ce soir... alors que j'en avais pris conscience dans la journée: je suis très sensible. Trop sensible...

Sans doute pas sur tous les sujets, même si je me sais assez émotif parfois, mais au moins sur un point: l'opinion qu'on a de moi.

Impossible de rester impassible. Dès que quelqu'un a une opinion défavorable sur moi, c'est comme s'il me rejettait en entier. Je ne dis pas "désaccord", mais "défavorable".

Et c'est ce qui se passe sur ce forum souvent évoqué. Au départ, il s'agit souvent d'un échange d'opinions, qui parfois se radicalise. Normalement, pas de problème. malheureusement, il y a des gens qui ne suportent pas bien la contradiction, et qui rejettent à la fois les idées qui ne leur plaisent pas, mais aussi celui qui les émet. Lorsque ça m'arrive, c'est mal parti...

Parce que j'essaie d'argumenter, d'expliquer ma position (pour ne pas être rejeté). Mais c'est parfois pire: on m'accuse d'être obstiné et de ne rien comprendre (faut dire que je discute parfois avec des personnes assez particulières...).

Me sentant mis en doute, je me défends d'autant plus... ce qui ne fait qu'accentuer le rejet à mon égard.

Alors ça commence à m'énerver qu'on ne croie pas en ma bonne foi et qu'on travestisse mes pensées: je réponds aux attaques, devenant moi-même agressif (donc pas forcément juste...)

Le ton monte... les petites phrases fusent... jusqu'à ce que que quelqu'un nous "sépare", lassé de ce crescendo qui va droit à l'impasse.

Mea culpa, je me rends compte que je me suis laissé entraîner. L'autre continue...

Entre temps, j'aurais tenté la conciliation, sans aucun effet. J'aurais même, dans un cri de sincérité, dis que je souffrais du rejet injuste qui s'éxerçait à mon égard... ce qui ne fit qu'empirer la situation, puisque on prit cette souffrance pour des jérémiades inutiles.

Alors là... je déclare forfait, anéanti.

Situation grotesque qui s'est répété plusieurs fois, et d'où je ressors toujours vaincu. Tout ça parce que j'ai réagi sur un mode émotif face à des gens qui restent dans un mode distant.

Faut-il que je maîtrise mieux mon mode de fonctionnement? Certainement. Mais je ne sais pas comment faire...

Comment devenir moins vulnérable aux opinions négatives qu'on peut avoir de moi?

Comment devenir plus réceptif aux opinions favorables?

Pourquoi est-ce que je n'entends que le négatif et que je reste presque sourd au positif?

 

C'est sûr, il y a un rapport avec mon enfance, mais lequel? Mon père? Très certainement...

Si je me souviens que mon père ne me félicitait pratiquement jamais, mais ne se privait pas de critiquer tout ce que je ratais... il n'y a qu'un pas pour faire la comparaison.

Je me sors difficilement d'un sentiment d'insignifiance (ce qui était déjà un progrès par rapport à celui de nullité...), j'essaie de croire un peu en moi, d'accepter de voir que j'ai une certaine valeur. Alors il en faut peu pour que des jugements défavorables me refassent plonger immmédiatement. Surtout s'ils sont dits avec autorité et sous le couvert de la connaissance et du savoir...

Pourquoi est-ce que je me mets dans des situations pareilles? Mais parce que je ne les vois pas venir.

Pourquoi je ne les fuis pas une fois que je les détecte? Parce que je ne supporte pas que l'on doute de ma sincérité, ni d'être dénigré "en public".

Pourquoi je continue à aller sur un lieu néfaste pour moi? Parce que c'est aussi, lorsque ça marche bien, un moyen d'exister et de prendre de l'assurance.

 

Et pourquoi est-ce que je raconte tout ça? Pour que ceux qui me lisent sachent pourquoi et comment je suis parfois "démoli". Et puis parce que j'ai envie d'en parler, tout simplement...

Et puis qui sait, peut-être qu'a force je saurais mieux anticiper les situations "dangereuses" pour moi, que j'apprendrais à me défendre sans être sensible aux attaques ou jugements négatifs...

L'ai-je dit ici?: c'est en connaissant mes faiblesses que je deviendrais "fort".

(ben oui, à force d'écrire un peu partout, je ne sais plus où je dis les choses...)

 

Bien... tout cela n'est sans doute pas bien clair. J'ai jeté ça un peu en vrac. C'est l'éxutoire, le reprise de contact avec l'objectivité et le dépassionné. Ca devrait revenir à la normale la fois prochaine...

 


Samedi 23 juin 2001

 

En ouvrant ma page, je trouve que mon fond jaune fait un peu "glace à la vanille"...

 

Bon, à part ça, mon fournisseur d'accès a fait des siennes depuis hier soir: impossible de me connecter et de mettre la page en ligne, ni de communiquer. Pas vraiment grave, 24 h sans internet, mais suffisant pour mesurer comme on est entièrement dépendant d'un accès à ce monde de l'écran.

***

 

Petite remarque que je me suis faite en répondant (enfin!) à quelques un des messages que j'avais laissé s'empiler dans mon dossier "A REPONDRE!!!" (cet intitulé autoritaire n'ayant finalement que peu d'effets...):

Certains lecteurs utilisent des initiales comme seul identifiant, et je me suis rendu compte que j'avais du mal à les personnifier. Sans le support d'un prénom, ou d'un pseudo "signifiant", la personne reste une sorte d'anonyme. Ce n'est pas forcément gênant pour des correspondances épisodiques, mais ça me perturbe un peu si la correspondance s'établit. Il me faut plusieurs messages pour que vraiment je fasse le lien entre tous. Chose qui, il me semble ne s'est jamais produite avec des prénoms.

Dans la vie, le visage est le meilleur moyen de re-identification, mais sur internet, il n'y a que le pseudo. Et c'est important un pseudo, ou un prénom. Par je ne sais quel phénomène d'association d'idées, je me rends compte que je met... non pas un visage, mais quelque chose qui est du même ordre.

Ca doit se fonder sur la consonnance du mot, l'"âge" du prénom, le style du pseudo. Je me rends compte que c'est un élément important pour moi.

Quel rapport entre "LJH2", "Robert", "Jessica", "Paulette" , "Marine" ou... "l'idéaliste". Je pense que pour chacun d'entre nous ces identifiants portent en eux une signification (et encore davantage pour les pseudos, parce que choisis par leur détenteur).

Je dois bien confesser que je suis plus attiré, de prime abord, par certains pseudos que par d'autres... même si ensuite c'est bien le contenu des écrits qui détermine la relation qui s'établit.

Comme quoi, même privé de signes extérieurs (visage, attitudes, vétements...), il reste toujours une tendance à se faire une opinion sur des critères subjectifs...

Ceci dit... chacun peut avoir envie de rester "neutre" derrière un pseudo passe-partout, ou même asexué, se choisir un prénom différent, etc...

 

D'ailleurs, je me rends compte que je choisis généralement des pseudos asexués ou bi-sexes, en toute conscience... et je m'amuse de constater que parfois on me prend pour une femme.

 


Dimanche 24 juin 2001

 

Boooon! Après le moment de passage à vide, la perte des pédales, le vide de pensées, voila le contrecoup: affluence incontrôlée de pensées en tous sens!

Le tout ayant un rapport direct avec l'écriture de ce journal.

Il y a presque un an que je le tiens régulièrement et je me demande s'il ne va pas changer un peu. Ce matin, je me suis posé la question de reprendre un journal vraiment personnel, dit "intime". Celui que vous lisez touchant à ses limites. J'ai envie d'être libre, et je supporte de plus en plus mal cette auto-censure, ce calcul des mots et des idées à dire ou ne pas dire. J'aimerai retrouver l'insouciance de l'écriture pour moi seul.

Pourtant, je crois que je suis sincère, très sincère. Mais cette honneteté à un prix: des bouffées de chaleur en pensant avec une certaine gêne à ce que je laisse devant vos yeux avides et curieux.

Bande de coquins! Parce vous, de votre coté, vous en profitez bien de ce que je laisse ici!

Et c'est là que je me pose la question d'avoir un lectorat restreint: limiter l'accès aux seules personnes avec qui j'ai le grand plaisir de correspondre de temps en temps. La vingtaine que j'évoquais hier. Parce que vous, les fidèles, les proches, par vos commentaires, vos impressions, vous m'offrez quelque chose de très important: la reconnaissance de celui que je suis et des idées que je livre, en même temps que quelque chose que je nomme "amitié", certes qui sera peut-être plus éphémère que le sens qu'on lui attribue habituellement (et encore, je n'en sais rien...). Cette communication que nous avons établie, est source de moments de vrai plaisir.

Malheureusement, je ne parviens pas toujours à avoir une fréquence de réponse qui permette d'aller plus profondément dans ces relations. Mais est-ce que vous ou moi le souhaitons?

Je me connais bien maintenant, et je sais que si je trouve une résonnance forte avec une correspondante... il se passe un petit quelque chose qui dépasse l'amitié simple. Ce que je nomme "attirance", c'est à dire un vrai plaisir à communiquer, doublé d'une attente. Et ça, je crois que je m'en méfie beaucoup désormais.

Alors qui sait si je ne laisse pas "volontairement" (quoique inconsciemment) s'écouler un certain délai dans mes réponses?

Vous le savez, vous qui me suivez depuis longtemps, j'apprivoise ce qu'est la séduction. Parfois ça m'attire (souvent), parfois ça me fait peur, mais toujours je me pose des questions à ce sujet!

J'apprends à séparer l'intimité des "confidences" à l'intimité qui conduit à la séduction (ou qui est conséquence de la séduction, je ne sais pas bien dans quel sens ça se produit...)

 

Donc...

Je me pose des questions sur ce journal (je risque d'être assez brouillon ce matin, en allant dans tous les sens...).

On me dit assez souvent (et ce matin encore... merci C.) que "je suis l'un des rares à (me) poser des questions". Et il est vrai que peu de diaristes poussent vraiment loin l'introspection en public, ou de façon trés occasionnelle.

Je me suis souvent posé la question de cette franchise: pourquoi? Pour qui? Et la réponse est toujours la même: à la fois pour "exister" et être apprécié, mais aussi pour tenter d'aider d'autres personnes qui peuvent se retrouver dans mes interrogations.

Moi même je sais que c'est ce que je cherche dans la lecture des diaristes: une ressemblance, une référence, que je puise tantôt chez les uns, tantôt chez les autres. Je n'ai pas de modèle, mais plusieurs traits de personnalité qui me font dire "bon, je ne suis pas le seul à penser comme ça".

Bizarre, non, qu'à mon âge, j'ai encore besoin de me comparer aux autres? Pourtant, même si parfois on me rappelle que je ne dois pas chercher à ressembler à quiconque, je crois n'être jamais tombé dans ce travers. Je fragmente toujours la partie de l'individu à laquelle j'aimerais "ressembler". Je suis beaucoup trop individualiste pour vouloir suivre un modèle. Et jusqu'à maintenant, je n'ai jamais trouvé de modèle qui me conviendrait parfaitement. Même les personnes dont je me sens le plus proche ont toujours un coté qui ne me convient pas vraiment, ou m'agace même un peu.

 

* * *

Paf, du coq à l'âne... c'est bientôt l'anniversaire de mon journal. J'ai envie de le fêter en mettant les plus belles phrases que j'ai reçues de votre part. Je ne sais pas si ce n'est pas une tâche un peu ambitieuse que de me replonger dans la lecture de cette quantité de petits morceaux de vous que vous m'avez offert...

Je ne sais pas sous quelle forme je le ferai...

Mais je vous dois bien ça, vous qui m'avez apporté votre aide :o)

 

Parfois, lorsque je pense au temps que je consacre aux relations dites "virtuelles", je me demande comment je pouvais faire avant pour vivre dans un isolement, à la fois individuel et familial. Depuis que je connais internet, et en particulier depuis que je tiens ce journal, mes contacts ont été multiliés par 100 et l'intensité de ces contacts par 10000 (chiffres tout a fait farfelus et inmesurables, mais donnant une échelle de valeur...).

Si maintenant je devais cesser, ce serait un vide immense.

Mais aussi une façon de redécouvrir une façon de vivre plus insouciante...

Parce que, certes, je "vibre" beaucoup, je vis assez intensément, mais c'est quand même assez fatiguant de toujours être en suspension dans le questionnement.

Quoique... je me posais déjà plein de questions auparavant! La différence, c'est que les réponses ne venaient pas, ou très doucement.

 

En fait, j'aimerai parvenir à un état de plénitude et de sérénité qui ferait que je pourrais vivre sans me poser de questions existentielles...

* * *

Autre chose (du même ordre): Une diariste, C. m'a parlé de thérapie dans son message. Je me pose la question de reprendre contact avec ma psychothérapeute... Il m'arrive assez souvent de buter sur des questions rémanentes auxquelles je ne parviens pas à trouver de réponse. Du genre: "pourquoi je me pose tant de questions" (allez donc trouver une réponse à ça!). "Pourquoi fais-je de la sincérité une règle absolue?", "Après quel idéal cours-je?" (courge!!! ha ha ha!).

Questions que bien des gens trouveraient saugrenues, si ce n'est inutiles ou "prise de tête". Pour moi, ces questions sont simplement un moyen... de ne plus m'en poser!

Je vis, malgré les apparences, infiniment mieux maintenant qu'il y a quelques années. Je sais que mes psychothérapies ont été décisives, ainsi que mon journal privé. Ce journal public permet de me frotter à une part de la réalité. Et tout ça concourt à ce que je m'accepte, pour pouvoir m'ouvrir aux autres.

Il n'y a pas de raison pour que je vive enfermé dans un monde intérieur dès que je suis en contact des autres. J'aspire au bien être en leur présence. J'ai envie de participer... et puis aussi de faire profiter de ce que je suis! Parce que je ne suis quand m^peme pas si insignifiant que ça. Je sens bien que j'ai une certaine "valeur" et, objectivement, il est dommage qu'elle ne soit réservée qu'a Charlotte et nos enfants.

Hé, vous avez vu ça!!! J'ai fait de l'auto-satisfaction!!! Je me suis vu comme quelqu'un qui avait une certaine "épaisseur". Waouhhh! Le scoop!

Et même que j'ai même pas honte de ce que j'ai écrit!

Pfiouuu! c'est pas souvent que je me laisse aller à ça. C'est bien parce que j'ai oublié quelques instants que j'écrivais ici... (non, c'est pas vrai, je savais très bien ce que je faisais). J'ai juste laissé tomber les barrières, lancé dans un flot d'écriture.

Je remarque qu'aujourd'hui je m'adresse à vous sans aucune gêne. Ca se fait tout naturellement. Il est vrai que je ne me pose pas de questions vis à vis d'éventuels nouveau lecteurs qui se demanderont pourquoi un type s'adresse à eux sans les connaître.

C'est bien de ne pas se poser de questions...

Ne pas se dire "comment vais-je être perçu?" ou "que va en penser X?" "est-ce que je n'en dis pas trop, est-ce que ce n'est pas trop long, est-ce que ça intéresse?"

J'écris, parce que j'ai envie d'écrire. Sans même faire attention au style (mais ça c'est habituel...).

* * *

 

Paf! Re-coq à l'âne (ça, c'est quand j'ai soudain un vide dans le flux d'écriture). Vous n'y comprendrez rien, mais ce n'est pa grave. C'est juste pour moi. Parce que j'ai toujours voulu noter les moments ou j'avais revé à Laura et que mon journa perso étant éteint, je consigne tout ici maintenant (sauf si je reviens à un journal privé dans quelques temps...)

Bref: j'ai rêvé que je me trouvais en présence de Laura, avec tout un groupe d'amis. Réunion de groupe classique, sans aucun contact particulier avec Laura. Juste à la fin, alors que tout le monde partait, je demandais si elle me permettait de rester cinq minutes pour discuter avec elle. Dans ma tête, c'était juste un petit échange pour discuter de ce qui s'était passé ces dernières années.

Elle refusa. Ben j'ai été très déçu. C'est comme si elle refusait mon vécu, mon existence même. Mais bon, tant pis, je n'eus pas de difficulté à surmonter ce signe d'indifférence et de méfiance de sa part. Ca confirmait juste qu'elle était assez con.

Certainement pas sans rapport avec ce forum ou on ne m'a pas cru...

Mais vous vous en foutez royalement :o))

C'était juste pour dire que parfois encore, de plus en plus exceptionnellement, je rêve encore à cette tentative de dialogue avec Laura, refusée il y a 6 ans...

 

Et à ce moment là, déjà, j'avais été trop sincère. La sincérité qui fait peur. Paradoxal, non? Comme si la sincérité cachait quelque chose, alors que la discrétion n'éveille pas de doutes.

Il faut que j'apprenne à ne pas tout dire... Ce qui, pour moi, se rapproche du mensonge.

 

* * *

16 h 30. Je viens de relire mes entrées du mois de juin. Berk!!!! mais qu'est-ce que je rabache!!! Et que je doute, et que je me pose des questions, et qu'est-ce que je peux dire ou pas...

Je vous trouve courageux de me lire :o)

C'est vraiment le journal au jour le jour! Je suis même capable de remettre presque les même phrases que la veille, parfois.

P't'êt' bien qu'un jour je parviendrais à être un peu moins concentré sur moi même et me livrer à une écriture plus aboutie. Quand je vois ce qu'écrivent l'Incrédule ou Eva, je suis admiratif...

Mais... je n'y suis pas encore prêt: trop de choses à régler dans mon intérieur. On ne peut pas s'essayer à quelque chose de beau quand c'est un vrai bordel dans les idées.

 

Bon, j'avoue quand même (un peu d'auto-satisfaction...) que certaines choses que j'ai écrites m'ont agréablement surpris. J'avais totalement oublié, et, finalement, c'était pas si mal...

Oui oui, j'ose l'écrire :o)

 

* * *

Dernière chose: j'ai relu mon "pêtage de plombs"... qui finalement n'avait rien de bien terrible. C'est moi qui ait fait un évènement de ce qui n'était que petite perte de contrôle.

Je n'ai ni fait un "coming out" avouant mon homosexualité, ni révélé que je trompais ma femme, ni avoué un assassinat ou le braquage d'une banque...

Juste laissé filtrer une attirance, ce qui n'a rien d'anormal, n'est-ce pas?

Ce n'est pas la première fois que je ressens cette impression se manifester alors que j'ai des échanges un peu approfondis avec une femme. Je dirais même presque que c'est "habituel" (mais pas si fréquent pour autant, hé, quand même!), puisque cette phase d'osmose précède généralement une relation fondée sur une appréciation réciproque, mais dans le domaine amical.

Ben oui... il faut savoir rester raisonnable quand même, et ne pas trop jouer avec le feu. Aucune de mes partenaires de dialogue ne m'ayant attiré dans ses filets (et j'étais consentant) depuis mes tous premiers "chats".

 

_______________________

 

J'avais un peu oublié mon sondage, mais voilà les résultats:

 

Sondage: qui êtes vous?

Votre sexe (39 Votes)

llllllllllll Homme (12) 30.8%

lllllllllllllllllllllllllll Femme (27) 69.2%

 

Votre âge (39 Votes)

ll moins de 20 ans (2) 5.1%

llllllllllllllll 20 à 30 ans (16) 41.0%

llllllll 31 à 40 ans (8) 20.5%

llllllll 41 à 50 ans (8) 20.5%

lllll plus de 50 ans (5) 12.8%

 

Presque 70% de femmes, ce qui confirme bien mes impressions. Un lectorat majoritairement plus jeune que moi, mais quand même assez bien réparti dans les différentes tranches d'âge.

Toujours un coté mystérieux dans ces 39 participants, puisqu'au mieux je ne communique qu'avec une vingtaine de personnes (chiffre estimé "à la louche"), qui ne sont pas forcément celles qui ont répondu au sondage...

Mais est-ce nécessaire de "connaître" ces anonymes qui me lisent? Je suppose que s'ils reviennent, c'est qu'ils trouvent quelque chose qui leur convient. Moi-même, je n'ai jamais écrit à bon nombre de diaristes que j'ai lu de temps en temps.

 

* * *

 

Dernière minute, juste avant mise en ligne: je viens de recevoir un superbe message d'une de mes diaristes préférées :o)

Un ton qui frappe droit au but, les mots qui conviennent... Quelque chose qui me redonne une super pêche!

 


Lundi 25 juin 2001

 

Vous êtes formidables! :o))

Oui, vous mes lecteurs et lectrices, je vous trouve vraiment sympas. Ces derniers jours, j'ai reçu plein de messages qui me rassurent sur l'attention que vous portez à mes écrits... et à moi aussi :o)

Tous aussi encourageants à persévérer dans le ton que j'ai, à ne pas craindre d'être "moi-même". M'invitant même à me "lâcher", à être moins exigeant, moins anxieux sur le regard que vous portez sur moi.

Les grands problèmes existentiels que je reporte régulièrement dans ce journal (la séduction, le regard des autres...) vous les dédramatisez en me rappellant que tous, plus ou moins, nous vivons avec ce souci de plaire aux personnes qui nous plaisent.

 

Je me demande si mon journal ne va pas changer un peu (en espérant que ma pensée suive aussi le mouvement...). Je crois que je suis en train d'intégrer que c'est une part de moi que je vous donne, mais que je ne suis pas obligé (par qui?) de tout donner. Je ne crains plus de m'adresser à vous directement, j'intègre de mieux en mieux les particularités d'un journal en ligne qui, finalement, n'est pas un journal intime personnel qui serait mis sans pudeur sous le regard d'inconnus.

Il y a ma vie privée "secrète", et la vie privée que j'accepte (ou souhaite) partager en sympathie avec ceux qui veulent bien me lire. Je sais aussi que je m'adresse de plus en plus directement à ceux qui correspondent avec moi. De sorte que ce journal n'est plus vraiment "le mien", mais le "nôtre". Nous, deux êtres qui communiquent, et nous, micro-société formée d'écrivants et de lecteurs, qui bien souvent, s'écrivent et se lisent entre eux.

Un petit cercle des diaristes au milieu du grand cercle des diaristes des 150 journaux francophones actuels. Un petit cercle qui recoupe d'autres petits cercles, selon les affinités de pensée de chacun.

Plus mystérieux sont les simples lecteurs, mais qui, je crois savoir, lisent eux aussi plusieurs diaristes qui ont, d'une certaine façon, quelque chose en commun.

 

J'aime bien mon journal, et tous les liens qu'il m'a permis de créer. J'aime bien les diaristes que je lis (normal, me direz vous...). J'aime bien ce petit bouillonement d'idées, ces plaisirs, souffrances et questionements que nous partageons... Ca me semble quelque chose de rare dans la vie physique et je trouve très important que l'on puisse échanger autour de ça.

Je ne sais pas si je l'ai déjà écrit, mais je suis persuadé que ce genre de rapports va se développer trés rapidement sur internet. il me semble que dès qu'on y a goûté, on ne peut plus s'en passer. Et si un journal disparaît au bout d'un certain temps, je suppose (et espère!) que tous les contacts qui auront été noués pendant son existence durent au delà.

En tous cas, j'espère que cette façon d'aborder le coté intime de la vie se prolonge dans la "vraie" vie (j'ai horreur de ces mots de "vrai" et "virtuel", mais je n'en ai toujours pas trouvé de satisfaisant), avec les persones qui y sont sensibles.

Hé hé, aujourd'hui je suis plein d'enthousiasme :o)

Ne dit-on pas qu'il faut toucher le fond pour rebondir?

 

Je m'aperçois aussi que parfois je perds cette exigence de l'écriture automatique: laisser libre cours et ne jamais revenir sur un mot déjà écrit. Cette pratique, directement importée de la graphie manuelle, n'a pas forcément lieu d'être ici. Je laisse venir les mots, mais ne m'interdis plus de corriger pour affiner un peu (lorsque je me relis, ce qui n'est pas toujours le cas).

Je sais que, au loin, je suis tenté par une forme d'écriture plus aboutie. Pour le moment, je me contente de choisir rapidement un mot convenable, mais sans y passer beaucoup de temps. Quelques secondes de réflexion, au maximum. J'aimerai offrir un travail plus riche, plus précis, mais pour le moment je crois que ce serait une entrave au contenu.

Le journal introspectif n'est pas oeuvre littéraire...

D'ailleurs, les quelques écrivains qui livrent leur journal ont un style très sobre, direct, sans fioritures. On ne peut pas faire les deux simultanément. L'introspection est une ébauche, un croquis, la matière brute de la pensée à peine travaillée.

Le polissage, les jeux d'ombre et de lumière, l'armonie des couleurs du texte... cela viendra (si ça doit venir...) dans un second temps.

 

L'écriture est une aventure passionnante :o)

 


Vendredi 29 juin 2001

 

Comme vous aurez pu le constater, pas de mise à jour cette semaine. Normal! Ca va plutôt bien, donc je n'ai rien de particulier à confier à ce journal.

En outre, les récentes prises de conscience autour de ce journal font que j'ai besoin de trouver de nouveaux repères. Mon écriture ne changera probablement pas beaucoup, mais dans le détail il y aura certainement des différences. Un peu plus de retenue dans certains domaines qui pourraient me mettre mal à l'aise ultérieurement...

Et puis un certain détachement par rapport à vous, cassant un peu le rapport de dépendance que je ressentais vis à vis des opinions supposément envisageables de votre part (oups! quelle phrase emberlificotée!).

 

J'ai l'impression que les derniers évenements ont servi de catalyseur. Il fallait que ce journal évolue un peu, que je sois moins dépendant de lui, de vous, de moi.

***

 

J'ai aussi mis à profit quelques soirées en répondant aux mails que j'avais en retard. J'espère n'avoir oublié personne... Si c'est le cas, faites-moi un petit signe.

J'ai même pu en envoyer quelques uns spontanément à des diaristes. Ben oui, il n'y a pas de raison que ça n'aille que dans un seul sens!

Maintenant, il faut que je prépare un peu l'anniversaire de ce journal :o)

 

* * *

Autre chose: j'ai relu un peu le début de mon journal. Je ne le fais pratiquement jamais, parce qu'il y a quelque chose qui est à la fois passé... et toujours accroché au présent. Je n'aime pas trop voir celui que je suis/étais à quelques mois d'intervalle, encore moins quand le délai est plus court. Mais là, un an après, je peux constater que certains chose sont, évidemment, passées, mais aussi détachées du présent. Je ne suis plus comme j'étais. C'est rentré dans l'histoire, dans mon histoire.

A ce sujet, la question se pose de faire comme mes collègues diaristes, un lien vers la page "il y a un an". Je me demande si c'est utile...

Vous y allez souvent, vous, voir la page de l'année précédente?

Si vous voulez me donner votre avis, à l'occasion...

 


Samedi 30 juin 2001

La virtualité bannie

 

En lisant l'Incrédule ce soir, dans une belle entrée à la fois pleine de sagesse et empreinte d'une nostalgie sans rancune, évoquant les "liens qu'(elle) a tissés" avec des gens, je me demandais s'il s'agissait uniquement des personnes "réelles" ou aussi des "virtuelles"...

 

Et puis je me suis dit zut! J'en ai marre de cette distinction virtuel/réel qui m'agace toujours parce que je ne sais pas comment les qualifier.

Et puis zut, pourquoi faire la distinction? Pourquoi considérer comme fondamentalement différente une discussion soit disant "réelle", d'une dicussion faite par le biais d'un Chat, d'icq, ou par courriels interposés?

Alors je vais essayer de m'abstenir de ce distinguo qui n'apporte pas grand chose... si ce n'est entretenir l'impression que l'un et l'autre n'ont pas la même valeur.

Dorénavant, je dirai (si je pense à cette résolution...): «j'ai discuté avec x», sans préciser si c'est de vive voix ou par un chat. Je parlerai d'amies, ou amitiés, sans préciser s'il s'agit de personnes que je n'ai jamais vues. Parce que franchement, ça change quoi?

C'est la nature de la relation qui compte, pas la façon dont elle se produit.

Même si, évidemment, la matérialité d'une rencontre a des spécificités que les dialogues privés des cinq sens n'offrent pas... et inversement.

Pour vous qui me lisez depuis longtemps, vous devez commencer à savoir comment je perçois cette différence. Inutile donc que j'y fasse référence sans cesse. Et puis si vous êtes sur internet, vous connaissez certainement ce type de relation bien spécifiques...

Donc je vais (tenter de) cesser de considérer ces relations comme étant "particulières". Surtout, je veux essayer de bannir de mon vocabulaire le mot "virtuel".

Virtuel: adj. Qui n'est pas réalisé, qui reste sans effet actuel; potentiel

Sachant que les relations se réalisent bien, qu'elles donnent lieu à une foule d'effets, et qu'elles ont autant de potentialités que les relations avec contact physique, le mot de virtuel est bel et bien impropre pour qualifier les relations sur internet!

Je n'ai donc aucune raison de ressentir la moindre parcelle de culpabilité à échanger selon ce moyen.

 

Voila, c'est à ça que je voulais en venir :o)

 

* * *

 

J'ai discuté avec Amandine hier soir, rencontrée par hasard. Très agréable conversation, plutôt enjouée.

Elle m'avait envoyé un message très juste et sincère que j'ai reçu au même instant.

L'affaire de mon "pêtage de plombs" a été évoquée et semble tout à fait éclaircie. C'est même un sujet d'échange dans un domaine que nous n'aurions peut-être pas évoqué sans ça...

Tout va donc très bien avec cette chère Amandine :o)

 


 

 


 

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