Mois de décembre 2001
Ce moi s comporte 18 entrées, vous pouvez le lire en étant déconnecté. Ce procédé à été préféré à une page pour chaque jour.


 

 
Dimanche

  

Dimanche 2 décembre 2001

 

 
Dimanche: jour de calme de la communauté internautique. Les diaristes sont souvent silencieux, les forums très calmes.
 
Très bon jour pour répondre aux messages en attente!
 
J'ai répondu à certaines de mes interlocutrices, et même donné signe de vie à des diaristes à qui je n'avais pas écrit depuis un certain temps.
 
Je crois que je vais embaucher une secrétaire pour répondre aux mails, ou m'installer comme diariste à mi-temps!
 
Meuh non, allons! J'adore recevoir des courriels et y répondre. Manque seulement un peu de temps.
 
Cette chère Libellule à deviné tout de suite de qui je parlais. Elle semble accepter ce pseudo. Etonnante coîncidence lorsque j'ai appris qu'elle avait un lien particulier avec ce quadriptère (ça existe?). Nous poursuivons nos échanges approfondis.
 
Je suis toujours aussi enthousiaste par rapport à ces contacts que l'on peut avoir par messages interposés. J'en suis à écrire régulièrement à au moins cinq personnes, et, sauf à craindre les répétitions, je les identifie toutes très bien. Les conversations sont différentes, bien que tournant souvent autour d'un même centre: la confiance en soi, au sens le plus large. Que ça tourne autour de la séduction, de l'amitié, de l'écoute de soi ou du dialogue.
 
Je sens aussi que je me décoince avec le temps. Au départ c'est un peu raide, je n'ose pas trop m'imiscer dans la vie d'inconnues. Puis peu à peu, rassuré par le ton de leurs messages, leurs réponses, le partage de leurs impressions, je me libère.
 
Ici aussi je me libère. Je me sens de moins en moins redevable de quoi que ce soit. J'écris quand ça me chante, j'aborde les sujets qui me plaisent (je rabache aussi...) et je renonce à me fixer une ligne de conduite avec un sujet limité. Pourtant, j'apprécie particulièrement ces diaristes qui s'en tiennent à un seul sujet sans se disperser. Mais ce n'est pas mon style. Pas pour le moment.
 
Je me rends compte aussi que l'attachement à un diariste est long à se faire. Récemment j'ai découvert de nouvelles diaristes (mais pourquoi toujours des femmes???) qui m'on plues. Mais je sens qu'il faut longtemps pour que j'accroche réellement, et surtout de façon naturelle. Si pour mes diaristes habituels je n'en n'oublie jamais, pour ces nouvelles je ne les lis que si je vois leur nom dans la liste.
 
Dans le sens contraire, il y avait des diaristes que je lisais par habitude, mais sans retrouver ce qui m'avait plû à un moment donné. Et bien il m'est difficile de les "abandonner" (jamais complètement) parce que je m'étais mis à suivre leur vie, même si elle ne me passionnait plus.
 
 
 
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Une des diaristes ayant très récemment intégré la CEV et dont le ton me plaît: Le cahier blanc. Des entrées courtes, pas égocentristes, qui parlent à tous.
 
Et puis j'accroche de plus en plus aux réflexions d'Ophélie, déjà mentionnée ici. Bien dans le même genre de tonalité que celui des diaristes que je lis depuis longtemps.
 
 
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Libellule m'a signalé que mes pages d'archives anciennes étaient inaccessibles... Personne ne me l'avait encore dit! Dois-je en déduire qu'elles ne sont jamais lues?
 
Mais ça y est, c'est réparé.
 
 

 
 
Bouillonnement interne

  

Lundi 3 décembre 2001

 

 
J'ai commencé par ouvrir ma page de décembre 2000 avant d'écrire ici. Je crois que c'est la première fois que je procède ainsi.
 
Tout ça parce que je craignais de me répéter au fil des mois. C'est vrai, à force d'écrire si souvent, il y a forcément un retour de certains sujets. Il ne faudrais pas que ça tourne en boucle...
 
Chose surprenant (ou au contraire attendue?), il y a un an, je parlais un peu des mêmes choses que ce qui me préoccupe en ce moment. Ce qui confirmerait bien l'idée de mise en boucle...
 
Mais je sais aussi que j'exprime les choses différemment, avec association d'idées différentes. D'ailleurs, j'ai été étonné de ce que j'écrivais. J'avais complètement oublié certaines choses, bien qu'en les relisant elles me semblaient avoir été écrites bien plus récemment. Infidélité de la mémoire...
 
Pour être sincère, ce qui est mon objectif, je me suis trouvé plutôt intéressant. Pas mal, même...
 
Forcément que ça m'intéresse, puisque ça me concerne! Mais j'aurais pu me dire que c'était nul, mal écrit, peu clair, répétitif... Ben non, ça me convenait!
 
Ce genre d'autosatisfaction, autrefois impossible, m'arrive de plus en plus fréquemment. Je pense que c'est bon signe... tant que ça reste relativement rare.
 
Ouais, je suis quand même un peu gêné de l'écrire ici...
 
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Bien, venons en au but de cette page. Depuis plusieurs jours je réfléchis à un sujet aux multiples ramifications: relations amicalo-sexuelles et séduction, pour simplifier.
 
En fait, ça touche, pour moi qui suis marié et heureux de l'être, à la fois à la notion de couple, de fidélité et de sexualité. Mais aussi, en tant qu'homme, à la séduction, l'amitié homme-femme, à mon identité masculine... et à ma sexualité.
 
Ben... justement (quel étonnant hasard, n'est-ce pas?) il me semble bien que ce sont des sujets très régulièrement abordés dans ce journal. Je me demande même si ce n'est pas l'essence même de mon écriture.
 
Il y a aussi ma réflexion sur ce que je suis, l'acceptation de moi-même, mais je ne crois pas que ce sujet aurait été suffisant pour que je me lance dans un tel journal.
 
Non, je crois que le maître mot de ce journal est
séduction.
 
Séduction du lectorat... mais avec une attention particulière pour sa part féminine.
 
Séduction comme thème récurrent, avec toutes ces histoires d'attirances que j'ai pu ressentir, que je cherche, tout en ne les souhaitant pas.
 
Séduction dont je parviens peu à peu à m'extraire en liant des relations fondées sur l'amitié plus que l'attirance.
 
 
 
En début de soirée j'ai discuté avec Charlotte, lui avouant que je craignais un peu ce vers quoi j'allais. Je craignais l'écart qui pourrait se creuser entre ma perception de la relation de couple et la sienne. Je ne sais pas jusqu'où je vais "avancer" dans la libération de mes idées et je ne voudrais pas qu'on découvre un jour que nos conceptions sont trop éloignées.
 
Elle m'a dit que j'anticipais trop... ce qui est vrai.
 

 
Mardi 4 décembre
 
(suite de la veille)
 
En fait, pendant que j'écrivais, Charlotte est venue me faire mon bisou du soir (ben oui, la pauvre, elle se couche toujours toute seule...).
 
Puis bon, hier soir, comme on avait bien discuté avant, ben... je suis allé l'accompagner... et puis...
 
Bref, j'ai été coupé dans mon inspiration.
 
Je vais tenter de reprendre. De toute façon, je crois que je m'attaque à quelque chose que je ne résoudrai pas en un jour. Le résultat risque fort d'être assez brouillon, mais mieux vaut brouillon que rien.
 
Par quoi je commence?
 
Hmmm... comme en thérapie: écriture libre.
 
Mais je vais faire ça dans un petit coin à part, plus intime qu'ici... C'est vraiment du perso, souvent écrit ici. Je rabache... C'est avant tout pour moi. Pour ceux que ça intéresse, suivez-moi...
 
Je ne sais pas encore si je laisserai cette analyse en ligne...
 
 
 
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Télescopage
 
 
Quand la vie virtuelle rencontre la vie réelle... on fait quoi? On dit quoi? Quand ce journal... Scrtchhh CENSURE
 
Eh non, on ne peut plus tout dire dès lors que la vie de ceux qui lisent Scrtchhhhh CENSURE
 
Et on passe à autre chose...
 
Autre chose, c'est un échange de lettres avec Amandine. Oui oui, je n'en parlais pas parce que... ben vie privée quoi.
 
Donc Amandine était un peu occupée ailleurs depuis quelques temps. Du coup, elle m'écrivait peu. Et moi je m'en inquiétais (normal chez moi, l'inquiétude à ce sujet). Alors je lui écrivais de temps en temps et elle me répondait.
 
Puis au bout d'un moment je me suis senti un peu gêné de prendre l'initiative de lui écrire. Alors je lui ai expliqué pourquoi je le faisais.
 
Je lui ai dit que depuis que je l'avais rencontré et bien... j'avais gardé le souvenir d'un regard qui m'avait troublé. "Troublé", c'est vachement précis comme mot, hein?
 
Disons que j'avais trouvé dans son regard une certaine intensité troublante. Pour être plus précis, j'avais trouvé dans son regard quelque chose que je trouve parfois dans le regard de femmes. Dans leur façon de me regarder.
 
Et je m'étais toujours posé des questions sur ce genre d'échanges soutenus. Etait-ce moi qui me faisais des idées? Etait-ce mon propre regard qui déclenchait ce regard en réponse?
 
Profitant de ce besoin d'éclaircissement et ayant choisi avec elle d'avoir des rapports très sincères, je lui ai parlé de ce "regard troublant" (et c'est là que je me rends compte que ma sincérité déclarée manquait nettement de continuité!). Elle m'a répondu qu'elle avait senti cette impression en recevant mes messages, qui montraient un certain empressement à dialoguer...
 
Double apprentissage de l'humilité: elle a ressenti ce dont je ne lui avais pas parlé, et en plus, et bien ce fameux regard n'avait pas la signification que j'avais cru y voir.
 
Donc un regard appuyé n'est pas forcément significatif de quelque chose de l'ordre de... l'attirance (ou charme, ou séduction, comme vous voulez).
 
C'est bon à savoir (même si c'est la perte de certaines illusions passées ou futures).
 
Bon, je sais, peut-être que je ne devrais pas écrire ça ici, puisqu'elle le lira certainement et que Anne, qui la connais aussi fera de même. Mais c'est le pacte qui existe entre écrivant et lectrorat, non?
 
Et puis toutes les deux m'ont dit de ne pas modifier mon écriture, donc... j'essaie de ne pas le faire.

 

 


 
 
Devenir adulte

  

Mercredi 5 décembre 2001

 

 
Bon, hier j'ai inauguré une nouvelle formule en scindant mon journal. Une part conforme au genre d'écriture que j'ai habituellement, et une plus proche de ce que je pourrais écrire dans un vrai journal PERSONNEL.
 
Parce qu'a l'évidence, celui-ci n'est plus personnel. Il est devenu une sort de vitrine ou j'expose mes pensées du jour. Je fais inconsciemment le tri de ce que je peux dire, ce qui pourra vous intéresser tout en étant quand même fondamentalement "moi".
 
* * *
 
Aujourd'hui, j'ai écrit à mon père.
 
C'était son anniversaire, récemment, et j'ai profité de l'occasion pour me lancer. Voila un bon moment que je me dis que j'ai des choses à lui dire, mais j'attendais je ne sais quelle situation qui aurait rendue la démarche plus facile.
 
En fait, je me suis mis devant mon clavier et les mots se sont présentés spontanément. Pas besoin de réfléchir longtemps: le flux s'écoulait tranquillement, sans à coup. Je me suis senti étonnamment serein en écrivant. Presque proche de cet homme avec qui je n'ai jamais parlé sur le ton de la confidence.
 
Et justement, c'est de ça que je lui ai parlé: de notre absence de dialogue que j'avais désormais envie d'établir. Je lui ai expliqué que si lui était trop handicapé pour exprimer son ressenti, alors c'était peut-être à moi de le faire. Je m'en sens capable maintenant.
 
Je lui ai aussi dit que je n'étais plus son fils en tant qu'enfant. Je le reste évidemment, mais je me sens désormais autonome. Je suis libre (ou en voie de l'être...), et je me sens "moi", indépendamment de mes parents. Je crois que je suis enfin devenu véritablement adulte.
 
C'est quelque chose que j'ai l'impression de vivre là, en ce moment, depuis ces quelques mois où je passe tant de temps à écrire et à réfléchir sur toute sorte de sujets. Vous êtes les témoins de ce passage (même si probablement vous n'en ressentez pas l'intensité).
 
Il y a tellement de choses qui ont changé en moi depuis quelques années. Tellement qui se concrétisent, que je ressens vraiment. Dans tous les domaines je me sens changer. C'est comme si ces années de réflexion donnaient enfin les résultats que j'étais en droit d'attendre.
 
J'imagine les plus jeunes en train de me lire... soit se disant "il faut tant de temps pour devenir adulte?", soit pensant "oh ben moi je me sens déjà adulte!".
 
Moi aussi je me croyais adulte à 20 ou 25 ans... et je ne l'étais pas.
 
Certains le sont probablement. Nous avons tous notre rythme propre de maturation.
 
D'ailleurs, je disais à mon père que j'avais, je crois, la chance d'avoir eu la possibilité de me détacher de mes parents de leur vivant, tout en restant en dialogue avec eux. Il me semble que la mort cause forcément le détachement et que cela peut donner une capacité d'émancipation plus précoce à ceux qui se sont retrouvés entièrement ou a demi orphelins.
 
Je ne sais pas si un jour je parviendrai à briser un peu la carapace de mon père, mais je pense que ce que je lui ai écrit aujourd'hui peut y contribuer.
 
Je suis content d'avoir pu le faire.
 
C'est un incontestable signe du changement profond qui se produit en moi.
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pssst, pour les curieux, la suite de l'auto-analyse est ici

 


 

Devenir adulte (2)

  

Jeudi 6 décembre 2001

 

 
Après la lettre au père, le dialogue avec le fils.
 
Avec Charlotte et mon fils ainé, nous avons eu un long dialogue (trilogue?) ce soir. Sujets multiples, mais ayant pour base de départ sa prise d'autonomie (tiens, tiens... aurais-je envie de lui voir prendre plus précocement que je ne l'ai fait?).
 
Tout est parti des études et de la nécessité de voir un peu loin pour choisir une voie qui lui convienne. Il vit au jour le jour et semble ne pas se rendre compte que dans très peu de temps il lui faudra choisir ce qui lui convient.
 
Ah le rôle de parent! Ou comment se retrouver quelques années plus tard à la place de ceux qui nous faisaient ch... en nous parnat d'avenir.
 
Hmmm, et bien je crois qu'on s'en est pas trop mal tirés. Pas de leçon de morale, pas de grands discours, mais des encouragement à prendre son "destin" en main.
 
On a discuté près de deux heures comme ça, très librement. Dilaogue et non pas nos vérités assénées comme si elles étaient la seule parole valable. J'ai trop souffert des "tu devrais faire ça" pour ne pas répéter l'expérience.
 
Et au lieu du silence qui était mien lorsque j'entendais ce discours "raisonnable", mon fils a bien donné son avis, a délivré sa façon de voir les choses. Nous l'avons rassuré sur le fait que nous ne le jugions pas (ce qu'il semble craindre par dessus tout), et qu'il ne nous décevait pas.
 
Nous l'avons encouragé à parler avec nous autant qu'il le souhaitait. En fait, il n'ose pas trop le faire... parce qu'il aimerait qu'on devine lorsqu'il en a besoin. Pas évident du tout de notre coté, avec la crainte de nous imposer, d'empiéter sur sa vie privée, son domaine réservé. En fait, il pense que sa vie ne nous intéresse pas vraiment.
 
Alors il a fallu lui dire qu'au contraire c'est bien leur vécu qui nous intéressait, encore plus que le coté pratique de ce qu'ils vivent (la seule chose qu'ils racontent aisément: profs, notes, emplois du temps...). Et j'ai redit à ce grand fils qui doute de lui (si, si, je vous assure!) que notre plus grand projet était de faire en sorte qu'ils se sentent bien dans leur peau. Je lui ai parlé de mes contacts affectifs inexistants avec mon père, situation que j'ai absolument voulu éviter avec mon fils.
 
Le dialogue que nous avions en était d'ailleurs une très belle preuve de réussite. Pas totale, mais déjà pas si mal...
 

 

* * *
 
Il m'arrive de penser à cette auto-analyse à laquelle je me livre en ce moment, sorte d'entrée en matière à quelque chose de plus conséquent à venir.
 
Je me dis alors que je suis dingue de laisser "traîner" ça ici...
 
Je me demande si ce récit très personnel peut apporter quelque chose à ceux qui le liraient éventuellement. Chaque expérience est unique, et mon cheminement personnel n'éveille certainement aucun écho pour les lecteurs.
 
Et c'est là que je me rends compte comme l'écriture en ligne est pour moi plus partage qu'épanchement. Dès que ça devient trop personnel (je veux dire lié à mon parcours), je me sens abuser de la patience du lectorat. C'est comme si je cherchais toujours le coté élargi, pour ne pas dire universel, de ce que je vis. Le lecteur peut-il retrouver une part de lui dans ce que je laisse de moi ici?
 
Mais peut-être fais-je une transposition des attentes que j'ai, moi, vis à vis des autres diaristes? Si j'apprécie les journaux réfléchis et distanciés, peut être que d'autres aiment les récits ancrés dans un vécu très personnel?
 
 
 
Je réfléchis quand même encore à cette analyse: j'ai écrit facilement le récit de mes découvertes. Et maintenant, je sens comme un voile qui s'opacifie en approchant de la partie que je voulais vraiment développer.
 
Exactement la même chose que ce blocage qui fait que je ne parviens pas à poursuivre mes fructueux échanges avec Libellule...
 
Alors je ne sais pas si c'est parce que le sujet est trop flou en moi ou parce que quelque chose me dérange. Quelque chose que j'aurais peur de découvrir... ou de dire...
 
Certainement une lutte en moi entre mes pensées nouvelles qui s'installent depuis quelques temps et le reliquat éducatif de ce qui est "bien" et "mal".
 
Et pourtant, ça fait un moment que j'en parle de la séduction extra-conjugale! Et ça fait presque aussi longtemps que je me dis déculpabilisé à ce sujet.
 
Théoriquement déculpabilisé...
 
 


Reconnaissance

  

Vendredi 7 décembre 2001

 

 
Il y a quelques années (plus d'une dizaine... le temps passe vite), j'avais une passion. Pour réaliser cette passion j'avais préparé un grand projet. Et pour réaliser ce projet, j'avais besoin de "partenaires".
 
En fait, encore plus que maintenant, j'étais quelqu'un qui doutait beaucoup de lui. J'étais aussi nettement plus intimidé que je ne le suis actuellement.
 
Pourtant, pour cette passion, pour ce projet, je me souviens avoir eu une certaine audace. J'y tenais tellement que cela m'avait donné le courage nécessaire pour entreprendre les démarches nécessaires.
 
Sans pouvoir entrer dans les détails (anonymat oblige), disons que j'avais besoin de l'aide d'une municipalité. J'avais donc monté un dossier détaillé expliquant le projet, ses buts, ses avantages et atouts pour la commune qui le recevrait.
 
Mais pour avoir plus de poids que mon jeune âge n'en avait, je m'étais mis en chasse de soutiens qui pourraient cautionner le bien fondé de ce projet.
 
J'avais donc écrit à des personnalités reconnues dans le domaine dont il était question: des scientifiques, professeurs, journalistes, écrivains.
 
Ce n'est pas sans fierté que je reçus peu à peu les lettres de soutien ou les signatures attendues...
 
Même un ancien ministre m'avait répondu!
 
Un peu galvanisé par l'adhésion rencontrée, j'avais trouvé le courage de rencontrer les autorités territoriales, telles que le conseil général (collectivité departementale), puis des municipalités, afin de "défendre" ce projet.
 
Je me souviens avoir abordé à la fin d'une de ses conférences un personnage médiatisé qui oeuvrait dans le même domaine que celui qui m'interessait.
 
Puis, je ne sais par quel hasard, mon appel à soutien passa dans un bulletin du "Courrier de l'Unesco". Je pensais que c'était limité à l'édition française, mais pas du tout! Mon message fit apparemment le tour du monde puisque je reçus des lettres de divers pays (et parfois dans la langue d'origine...). Oh, pas des centaines. Juste une dizaine. Ce qui était déjà étonnant vu la portée géographique limitée de ce que je souhaitais réaliser.
 
Ce mini (vraiment mini) travail de communication eut quelques échos dans des revues, ce qui m'offrit de passer quelques fois à la radio locale.
 
On me prenait pour quelqu'un qui avait une certaine autorité dans la matière, alors que je n'étais qu'un passionné.
 
Finalement, dès qu'il fut question de conrétiser un peu les choses, se présenta un argument de poids: l'argent. Mon projet était quelque chose qui s'établissait sur le très long terme, et ça, les municipalités n'aiment pas.
 
De refus en refus, notamment celui de la commune sur laquelle je résidais, je perdis mes illusions. Puis je finis par renoncer à mon projet sous la forme envisagée.
 
Finalement, bien des années plus tard, je suis quand même parvenu à réaliser ce que je voulais, avec une ambition moindre, mais une totale liberté.
 

 

Là où je voulais en venir, en racontant cette petite histoire, c'est sur l'image que j'avais de moi et les raisons qui m'avaient fait choisir cet ambitieux projet.
 
Il y avait certes une passion à l'origine. Aussi l'envie de contribuer à valoriser ce domaine d'activité.
 
Mais il y avait quand même un fort besoin de reconnaissance...
 
Je m'en suis rendu compte bien plus tard, mais ce qui m'avait donné du courage, c'était l'impression d'exister et (j'ai honte...) l'envie d'être estimé.
 
Elle n'était pas présente au départ, mais était aparue au fil de mes contacts , en voyant que mes interlocuteurs "admiraient" mon savoir. Surtout, je me rendais compte de l'existence de ce savoir, donc d'une forme de "supériorité".
 
C'est ça qui m'avait galvanisé.
 
Et puis de voir que toutes ces personnalités reconnues m'apportaient leur soutien, parfois très chaleureusement, avait un coté très gratifiant.
 
Dans les années qui ont suivi, voyant que je ne pouvais réaliser ce en quoi j'avais cru, je cherchais quand même la reconnaissance de mes pairs. Entre temps, j'avais choisi une nouvelle profession en accord avec ma passion.
 
Je l'ai attendue cette reconnaissance... Je me sentais tellement "petit", insignifiant dans cette activité naissante de l'entreprise que j'avais créé...
 
J'aurais aimé alors être reconnu par ceux qui me semblait important: les personnalités reconnues, les médias, les spécialistes. Mais qui s'intéresse à un jeune qui se lance.
 
Alors il m'a fallu lutter contre ce sentiment d'insignifiance (Charlotte y a passé beaucoup de temps...), ne pas douter de moi, poursuivre dans la voie choisie, avec mes spécificités... et attendre les résultats.
 
Il a fallu des années pour qu'ils soient perceptibles. Mes clients, finalement ce qui compte le plus, sont devenus fidèles, reviennent, apprécient, me félicitent. Le bouche à oreille fonctionne très bien. Quoi demander de mieux maintenant?
 
J'ai appris à entendre leurs mots, leurs encouragements. J'ai su écouter mes pairs professionnels apprécier la qualité de mon travail. Alors qu'au départ je me pensais que tout cela était dit pour me faire plaisir, ou pour m'encourager, mais que je ne le méritais pas.
 
Maintenant?
 
Maintenant je commence à être plus objectif. Après avoir entendu des centaines de fois que mon travail et mon professionalisme étaient appréciés, que la voie que j'avais choisie convenait à l'attente, que la technique employée était recherchée... et bien finalement je commence à y croire.
 
Ce qui m'amuse, ce sont les gens admiratifs du travail que je fais, qui plus est, seul. Moi qui culpabilise en me disant que je ne travaille pas assez...
 
Mais le plus marrant, c'est que maintenant que je commence à avoir la reconnaissance que j'attendais tant il y a quelques années, maintenant que j'ai réalisé ce projet auquel je tenais... et bien je n'ai plus "besoin" de cette reconnaissance.
 
J'apprécie quand j'ai un petit encart dans la presse spécialisée, j'ai bien aimé lorsqu'un reportage télé m'a été consacré (plus pour le coté "théatral" de la mise en scène), mais finalement... je n'ai plus besoin de ça.
 
Hier, deux des plus grands spécialistes français du domaine dans lequel j'officie sont passés pour observer les résultats de mon projet (qui n'en est plus un puisqu'il est en partie réalisé). Ils ont été admiratifs. J'ai aprécié cette reconnaissance.
 
Mais ce qui m'a surpris, c'est que je n'étais pas impressionné outre mesure. J'avais conscience de mon savoir, même s'il était largement moindre que le leur, mais je ne me sentais plus "insignifiant", minable, comme cela aurait été le cas il y a quelques années.
 
Je sais maintenant ce que je vaux, je ne me dévalorise plus (ni ne me surestime, rassurez vous!).
 
Surtout, je n'attends plus le jugement des autres (enfin... pas trop). Je reste sensible aux (rares) critiques qui me sont faites, mais sans me dire que je suis nul. Je relativise.
 
Tout ça pour dire que plus on en attend et plus on est frustré de ne rien avoir. Au contraire, être un peu plus sûr de soi apporte un bien-être qui est perçu par les autres. Eux-mêmes sont alors contents de parler avec quelqu'un qui semble savoir de quoi il parle, sans douter et paraître hésitant.
 
Mais bon, tout ça on le savait...
 
Dernière chose, parce que ce que je raconte peut laisser croire que mes projets étaient grandioses, il s'agit que quelque chose de très modeste dans ses ambitions, de même que la profession que j'exerce. Ce qui est important c'est le travail et le temps nécessaires, mais ni plus ni moins que bien des activités.
 

 

  

Pas d'auto-analyse ce soir


 
Rabacher pour s'approprier

  

Samedi 8 décembre 2001

 

 
Scrouitch grhnngg frssss kriiii... ça grince dans la machine mentale! Je sens bien que ça travaille, même si je ne sais pas de quelle façon. J'ose de plus en plus facilement exprimer mon ressenti. Mon analyse, bien qu'elle rabache des choses déjà dites, me permet de les "sortir" simultanément, sans gros effort dur moi-même. je crois que ça fait partie du processus d'appropriation de soi.
 
J'accepte mes idées en vous les exprimant. Je n'ai plus honte de ce que je pense. J'apprécie le fait que personne ne rejette ce que je dis, ni ne me fuie.
 
C'est sûr, cette partie analytique de mon journal vire vraiment au personnel. Déjà que j'aborde peu les sujets d'ordre plus général sur cette page...
 
Mais bon, je l'ai déjà dit (pour m'auto-justifier) cette écriture correspond à mes besoins du moment.
 
Cet étalage impudique de ce que je suis, contrastant fort avec la réalité de mon personnage, est forcément un besoin d'être accépté tel que je suis. Je me demande si en allant le plus loin de ce qui m'est possible, je ne cherche pas à toucher une limite.
 
Quand on a trop retenu, on a besoin de savoir jusqu'où on peut aller.
 
  

Pssst, pour les curieux, la suite de l'auto-analyse est ici

 


 
Deux pas en avant, un pas en arrière

  

Dimanche 9 décembre 2001

 

 
II y a un avantage à se mettre en position instable , c'est qu'il faut retrouver une stabilité.
 
Je m'explique.
 
Hier soir, je me suis lancé dans une de mes séries de confidences. Des choses que j'avais dans la tête depuis longtemps mais que je n'osais pas exprimer.
 
En fait, je suppose que pour mon lectorat ça n'aura pas été une surprises tant ça doit se deviner entre les lignes. Mais pour moi, de l'exprimer clairement est une étape importante. Parce que j'accepte et j'assume ce que je ressens.
 
Je me sens en position instable par ce que je ne peux laisser ce type de "révélations" comme ça sans y revenir. Je suis OBLIGE d'y revenir.
 
En fait, quand j'écris ce genre de choses c'est très réfléchi. Rien ne m'échappe au hasard. J'ai tout à fait conscience du "risque" que je prends. Mais j'ai envie d'aller plus loin (n'est-ce pas le but de ces écrits?), de justement trouver cette position instable. Comme si je devais lâcher une prise avant d'en trouver une autre qui me permet de poursuivre mon ascension. Je ne peux rester à hésiter bien longtemps dans cette position.
 
Ce n'est qu'une fois que tout est écrit, mis en ligne, ordinateur éteint, que je me rends compte du dévoilement que j'ai fait. J'ai souvent envie alors de revenir en arrière, rallumer l'ordinateur et vite rajouter des mises en garde, ou même de tout effacer.
 
Pourtant...
 
Rien de bien dramatique, n'est-ce pas?
 
Ce que j'ai dit hier est même presque une évidence, mais il est d'usage de garder ça au fond de soi, de faire comme si ça n'existait pas.
 
 
Ce qui est marrant, c'est qu'un certain nombre d'entre vous savent que je suis coutumier de ce genre de révélations/rétractations. Deux pas en avant, un pas en arrière. On m'a même dit que c'est ce qu'on aimait bien chez moi...
 
* * *
 

 

Pour faire suite à ce que je disais au sujet des dialogues avec mon fils aîné, voila ce qui s'est passé aujourd'hui. Ou comment diverses préoccupations se rencontrent.
 
Figurez-vous que ce fils de 16 ans est venu me poser des questions au sujet de mes relations internautiques. Il m'a demandé, sans embarras particulier, si j'avais parfois ressenti une attirance pour les personnes avec qui je discutais...
 
Glup!
 
En plein dans le mille, n'est-ce pas? L'embarras, c'est moi qui l'ai eu quelques instants. J'ai marmonné quelque chose du genre « euh... ben... je sais pas... oui, un peu». Mais j'ai vite laissé tombé les barrières. Il me posait des question précises et je n'allais pas lui raconter des histoires. Alors je lui ai dit clairement que ça m'était arrivé (au passé, ça passe mieux). Il m'a demandé avec qui. Ce curieux se souvient de tout! Il m'a parlé de Vanille, d'Héloise, d'Inès (mais je lui avait raconté tout ça moi?). Je lui ai alors expliqué... ce dont j'ai parlé au départ de mon auto-analyse en parrallèle de ce journal. C'était tout frais! Et heureusement bien éclairci dans ma tête.
 
En fait, en répondant à ses questions, je lui ai dit l'essentiel de ce que j'ai écrit dans cette analyse.
 
Il m'a posé des questions sur la façon dont Charlotte ressentait ça, comment elle acceptait mes rencontres.
 
Il s'interroge beaucoup sur les différences qui existent entre amour, amitié, attirance. Il voulait savoir comment moi j'appréhendais ces différences.
 
Très précis, et bien plus mûr que moi à son âge, il m'a demandé aussi si je dissociais amour sentiment et amour physique.
 
Puis, très librement, il m'a demandé si j'avais déjà dit «je t'aime» à une autre femme que Charlotte. Réponse facile et catégorique: non. Je n'ai jamais eu ce sentiment avec aucune de mes relations internautiques. Attirance, séduction, oui, mais pas d'amour au sens que le donne à ce mot.
 
Par contre, lorsqu'il m'a demandé si j'avais embrassé Inès... je me suis trouvé pris au piège. Répondre, vite. Hésiter (et j'ai hésité quelques instants) était me trahir. Dire que ça ne le regardait pas avait la même signification. Dire non était mentir (je ne sais ni ne veux le faire).
 
J'ai évité la réponse directe en disant que j'avais eu une certaine proximité avec elle lorsqu'on d'était vus, mais en lui précisant que je ne lui dirai pas laquelle. Il a très bien compris cette limite et m'a dit qu'il ne me poserait pas de questions au delà. Je lui ai expliqué que ma vie privée n'était pas secrète, mais que vis à vis de ceux qui m'entourent j'établissais une certaine limite en fonction de ce que je crois qu'ils peuvent entendre. Par exemple, si j'ai déjà dit à ma mère que j'avais des discussions passionnées sur internet, elle ne sait pas que c'est avec des femmes. Encore moins qu'il y a eu parfois un jeu de séduction mutuelle. Elle aurait bien trop peur pour le couple que je forme avec Charlotte.
 
Donc, pareil avec mon fils, qui pourrait ne pas comprendre ce que j'ai fait avec Inès. Ou vouloir me poser des questions pour savoir jusqu'où je suis allé.
 
Je lui ai aussi parlé des limites que je me fixe, qui ont évolué au fil de mon avancement, et qui sont autant de barrières que je connais désormais et dont je ne m'approche pas.
 
Enfin... je sais bien que ces limites ne sont encore pas solidement positionnées....
 
J'ai été très content de cette discussion seul à seul, d'homme à homme avec mon fils. Je crois que je l'ai à la fois rassuré sur ce qu'il ressent et sur ma propre masculinité. Il sait que son père ressent les mêmes contradictions que lui. Il sait que les femmes m'attirent et que je ne reste pas de marbre vis à vis de la séduction. Il sait aussi que je suis très attaché à Charlotte et que c'est ce qui compte avant tout.
 
Il avait l'air heureux... et fier de son père.
 
Je crois qu'il m'admire (je sais, c'est normal...).
 
Ce qui me plaît, à moi, c'est qu'apparemment j'ai su lui transmettre cette liberté d'esprit que je découvre tardivement. Aux orties l'éducation rigoriste et coincée! Il a envie de vivre pleinement sa vie.
 
Il m'a dit qu'il s'imaginait mal devoir renoncer à des rencontres féminines variées. Je sais aussi qu'il est très sentimental et qu'il attache une très grande valeur à cette idée. Comme à mon avis c'est le principal, je suis plutôt rassuré.
 
* * *
 
A part ça, nous sommes allés faire un tour en montagne, pour échapper au brouillard tenace qui nous cachait du soleil. Avec Charlotte et nos deux aînés, nous avons une belle complicité. Nous avons ri de bon coeur devant les facéties de ma fille. Elle est parfois totalement déchaînée et ne cesse de nous faire rire. J'aime bien ma fille, à la fois sérieuse et rigolote. Et puis... elle est belle cette grande perche de 15 ans!
 
Quand je pense à ces parents qui disent que les enfants sont source de problèmes, je ne sais pas où ils sont allés pêcher les leurs... Je n'ai jamais regretté un seul instant d'avoir eu nos enfants. C'est un vrai plaisir renouvellé. Même si parfois, évidemment, les choses sont un peu compliquées.
 
Dire qu'ils partiront dans quelques années...
 
 
 
 

Pssst, pour les curieux, la suite de l'auto-analyse est ici

 

_________________

 

 

 

On fait quoi quand on lit un truc comme ça?
 

«Ce jour est arrivé pour moi. Ce journal est donc terminé. Je vais payer jusqu'au dernier de mes jours toutes les bêtises que j'ai fait car ma vie est une catastrophe et un échec et mes erreurs passés me poursuivront jusqu'à mon dernier soupir.

Adieu

Farah.

 
 

 
Vide

  

 

Lundi 10 décembre 2001
 
 
J'ai trouvé les paroles de ce petit bijou, chanté par Brassens et revisité par Cabrel il y a quelques années. J'aime beaucoup cette chanson, vous devinerez bien pourquoi...
 
 
C'est encore mieux avec la musique.
 
 
- Les passantes -

 

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
 
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
 

A la compagne de voyage

Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
 

A la fine et souple valseuse

Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulut rester inconnue
Et qui n'est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal
 

A celles qui sont déjà prises

Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
 

Chères images aperçues

Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
 

Mais si l'on a manqué sa vie

On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
 

Alors, aux soirs de lassitude

Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir
 

Georges Brassens, paroles d'Antoine POL

 

 ______________
 
 
Même jour, soir.
 

 

Il y a des jours où tout semble vide, abandonné. J'ignore ce qui fait que je me retrouve seul, alors que j'avais envie de ne pas l'être. J'attends trop.
 
Ce doit-être ça la solitude.
 
Chacun vit sa vie. Chacun chez soi, chacun pour soi.
 
Je suis injuste.
 

 

J'ai rien à écrire ce soir...
 
Déprime. La déprime est vide. La déprime est silence.
 
 
 
  


 

 
J'avais pas ma dose...

  

Mercredi 12 décembre 2001

 

 
Ah ben oui! J'ai encore eu un p'tit coup de cafard la dernière fois. Mais c'est passé depuis.
 
J'étais en manque.
 
J'avais pas ma dose. Ma dose de communication. Il se trouve que certains jours les forums sont déserts, les journaux que je lis sans mise à jour, et surtout que je n'ai pas de mails. Alors je suis vachement en manque.
 
C'est quelque chose que je ne ressentais pas il y a quelques années. Pourtant j'avais le même travail solitaire. Mais maintenant que j'ai pris goût à ces échanges multiples, j'ai du mal à m'en passer.
 
C'est vrai quoi, je ne vois personne de toute la journée, à part quelques chats et des corbeaux dans le ciel (les corbeaux, pas les chats!). Je serais moine ayant fait voeu de silence que ça ne serait pas différent.
 
Alors forcément, le soir, je suis avide de communication. Verbale évidemment, avec la petite famille (mais chacun est souvent occupé) et scripturale avec le monde virtuel. Tour des forums, poster quelques messages, vérification des mails et réponses éventuelles.
 
C'est devenu un rituel... euh, que j'ai tendance â accomplir plusieurs fois pas jour. Matin, midi et soir. Et parfois mi-matin et mi-après midi. Oui, je me demande quand je bosse au milieu de tout ça...
 

 

* * *
 
 
A part ça (faisons un peu dans l'anecdotique), ça recommence à être ma fête sur LE forum maudit. Pas bien grave, même si c'est toujours un peu déstabilisant. Mais je commence à être blindé maintenant.
 
Je me suis réinvesti récemment dans un autre forum, plus sérieux, et c'est nettement plus plaisant.
 
 
 
* * *
 
Moins anecdotique (du moins pour moi): Vendredi je vais dans la capitale. Je vais y rencontrer à nouveau les deux seules lectrices que je connais visuellement. Et une autre personne, connue sur LE forum, avec qui j'échange régulièrement depuis assez peu de temps, mais que je croisais depuis l'été. Trois rencontres "pour de vrai" de personnes rencontrées via internet.
 
Voila, je donne un peu des nouvelles comme si elles étaient attendues, alors que ça ne vous intéresse sans doute pas. Mais peut-être que si?
 
Mon auto-analyse est en mode "pause" pour le moment. Je pense que j'y reviendrai bientôt.
 
Tiens... il se peut aussi que mon coup de déprime de lundi ne soit pas étranger à ce travail sur moi... Je sais que c'est quelque chose qui pompe pas mal d'énergie émotionnellement et c'est peut-être le contrecoup qui m'a affaibli...
 
D'ailleurs, si le choix des mots à un sens, il est fort possible que le titre de "Vide" trahissait cette impression.
 
 
 
Nb: Si vous surveillez les mises à jour, pas étonnant que vous n'ayez pas lu l'entrée précédente. Le bidule de la CEV ne fonctionnait pas et je n'avais pas le coeur à réessayer plusieurs fois

 


 
Sous le charme...

  

Dimanche 16 décembre 2001

 

Il est rare que je "sèche" devant mon clavier. Et ce soir, ce n'est pas faute d'idées, mais faute de mots. Trop d'idées qui me viennent, pas assez de mots pour les exprimer.

J'ai fait, il y a deux jours, une rencontre assez extraordinaire et je suis encore tout imprégné de ce que j'ai découvert. Depuis deux jours, je vis avec des souvenirs dans la tête. Je vis avec cette rencontre au présent, chaque instant.

Que s'est-il donc passé?

 

J'avais dit que j'allais rencontrer à nouveau mes deux lectrices parisiennes, ainsi qu'une personne (que j'appellerai "Pirouette") que je connais depuis quelques mois sur le forum auquel je participe. Depuis moins d'un mois j'ai "rencontré" Pirouette via un échange de mails assez soutenu et approfondis.

Mais j'étais loin de m'imaginer l'effet que me ferait sa rencontre.

 

Mes mots vont être spontanés, traduisant ce que je ressens aujourd'hui. J'ignore le souvenir exact qui s'ancrera dans ma mémoire au futur, mais j'ai envie de témoigner de ce que je ressens là, maintenant.

 

Pirouette m'a tout de suite plue, au premier regard. Un peu comme si je rencontrais un visage familier. Je n'ai pas craint ce fameux "choc du visuel" qui avait pu fortement m'inquiéter depuis ma toute première expérience avec Héloïse. Déjà, avec Anne et Amandine je n'avais pas été obnubilé par cette crainte.

Pirouette semblait même plus étonnée que moi en me disant "ça fait drôle de te voir". Nous sommes allés dans un café du Boulevard St Germain et le contact a été très bon tout de suite. Très vite nous avons parlé de sujets que j'appelle "profonds". L'avantage des rencontres après échange de mails est qu'il est inutile d'avoir à aborder l'autre par un dialogue un peu convenu: on est d'emblée au coeur des personnalités.

Je crois que c'est la première fois que je peux parler face à quelqu'un, qui plus est femme, en la regardant droit dans les yeux. Généralement je fixe la bouche, comme si je m'accrochais aux paroles pour éviter ce regard dans l'autre que je trouve impudique, indiscret. Là j'étais dans ce regard, sans gêne, sans ambiguïté non plus. Pirouette à une façon de regarder qui va droit au fond de l'âme (je sais que ça ne veut rien dire, mais bon, vous comprendrez bien le sens...).

Nous avons conversé ainsi pendant un bonne demi-heure, avant que Pirouette ne s'absente momentanément. Nous devions nous retrouver dans la soirée.

 

J'allais directement au rendez-vous fixé avec Amandine, un peu plus loin, sur la Place St Michel (pourquoi nommer les lieux? Je ne le fais jamais. Sans doute parce que je les sais connus). Rencontre sans aucune crainte, bien que nous retrouvions seul à seul. Nous sommes allés dans un grand café (le genre d'établissement que je ne fréquente jamais...). Amandine ne semblait pas troublée non plus. Je lui expliquais que j'étais nettement plus détendu que lors du premier rendez-vous, deux mois plus tôt.

Conversation agréable, détendue... avec cependant quelques "blancs". Comme si depuis quelques temps, avec nos échanges moins fréquents, une distance s'était créée. Comme si on ne pouvait plus aller autant en profondeur. Comme si, en fait, Amandine avait repris une normale indépendance envers celui qui avait été son confident durant quelques semaines.

Chose bien normale, que j'avais senti s'opérer au fil du temps et de l'espacement de nos messages. Même si chaque message long avait un vrai contenu et une sincérité dont je n'ai jamais douté, j'ai bien senti que ma présence est devenue moins nécessaire que ce qu'elle avait pu être.

C'est un peu difficile d'écrire ce genre de choses en sachant bien qu'elle risque de le lire... Mais nous avons fait le pari de la sincérité.

Conversation agréable donc, au cours de laquelle j'ai même évoqué mes quelques débordements de révélations à son égard. Elle n'en semblait pas gênée. Il faut aussi préciser qu'Amandine a ses pensées occupées actuellement et que cela clarifie totalement les rapports que nous pouvons avoir.

Finalement, notre conversation a dévié vers les rapports parents-enfants... presque plus conformes à l'écart d'âge qui nous sépare.

Un peu plus tard Anne et Pirouette sont arrivées. La conversation a repris, principalement axée sur les rapports conflictuels qui existent sur le forum où nous nous sommes connus. J'étais assis en face de Pirouette. Par je ne sais plus quel chemin, nous avons du dévier de notre sujet et Pirouette s'est mise à parler d'elle et de son ressenti face à quelques évènements de sa vie.

C'est là que tout a changé.

 

Elle a adopté une telle sincérité, une telle transparence, avec une émotion à la fois présente mais sans y céder... que j'en ai été bouleversé. J'ai cru que je ne tiendrais pas et j'ai senti les larmes me monter aux yeux.

Pas tant pour le sujet abordé mais pour la confiance qu'elle avait en ceux qui étaient là.

 

A compter de ce moment là je me suis senti en présence d'une femme de qui émanait une grande force. Je me suis trouvé subjugué par tant de fragilité surmontée. Et je me suis tu.

Il va m'être difficile de trouver les mots justes pour décrire la complexité des sensations que j'ai ressenties à compter de ce moment là. Je vais faire au mieux en sachant qu'ils seront imparfaits. Depuis que j'y pense, des centaines de phrases me sont venues en tête en pensant au moment où j'allais les écrire ici, mais je sais que je ne parviendrai pas à rendre ce que je ressens.

Il est possible que je sois encore sous son charme et que ces impressions s'atténuent au fil du temps et que j'en ferai une autre lecture ultérieurement. Mais maintenant c'est ça.

 

Pirouette a eu un parcours de vie assez singulier, avec des aléas démesurément plus marquants que tout ce que j'ai pu vivre. Cette femme a un "vécu" qui me paraît transpercé de douleurs et pourtant il émane d'elle une sérénité rare. Elle a une assurance sereine et une vision d'elle même très lucide. Elle croît vraiment en elle, enrichie de toutes les épreuves qu'elle a vécues.

Et pourtant sa fragilité est là, non dissimulée, offerte avec une confiance déroutante. Sans doute parce qu'elle a bâti sa force sur ces fragilités désormais connues. Elle a la force de sa fragilité acceptée.

Le hasard a fait que je me retrouve a coté d'elle au restaurant dans lequel nous nous sommes rendus. Peu à peu, au cours du repas, nous nous sommes retrouvés tous les deux en dialogue, laissant (et j'en étais gêné...) Anne et Amandine suivre une autre conversation. J'étais plongé dans le regard de Pirouette, suspendu à ses mots, touché par sa sincérité. Je me suis aussi laissé aller a des confidences, mais je les trouvais peu signifiantes par rapport a ce que me disait Pirouette. Et pourtant, vous connaissez ma propension à ne pas me retenir...

Cette femme je la trouvais belle, intérieurement belle. Elle se tenait droite et fière dans la vie.

Était-ce parce qu'elle vit intérieurement intensément en ce moment? Toujours est-il qu'elle s'est excusée plusieurs fois de se laisser aller à parler autant d'elle, nous assurant que c'était quelque chose qu'elle n'avait pas coutume de faire. Elle insista pour dire que cet état était récent et qu'elle n'aurait pas eu ce discours il y a quelques semaines.

Lorsqu'à deux heures du matin le restaurant dut fermer, Amandine choisit de nous laisser. Nous nous sommes rendus dans un pub, nous retrouvant à trois. Je dois bien avouer que c'est la première fois que je me rendais dans un tel lieu, et si tard. Déjà que c'était la première fois que je me rendais dans un restaurant avec trois femmes...

A trois la conversation a continué sur le même ton de confidences. Je me rends compte que parfois j'en oubliais Anne lorsque Pirouette me parlait. Mais je savais qu'Anne connaissait très bien la vie de Pirouette. Parfois la musique était si forte que je me trouvais très proche face au visage de Pirouette. Surtout de ses yeux bruns. Toujours ce même regard que je soutenais sans gène. J'ai même eu la tentation de lui prendre le bras, ou l'épaule, lorsque je savais que ce qu'elle disait était particulièrement fort pour elle. Un geste que j'avais envie de faire en toute simplicité, de façon absolument naturelle. Une évidence... et un geste que j'ai pourtant retenu, sans bien savoir pourquoi. Sans doute parce qu'Anne était à coté. Je sais pourtant bien que cette attitude ne l'aurait pas dérangée.

Anne nous a aussi parlé avec une grande sincérité de son statut de célibataire, pas forcément assumé aussi facilement qu'elle semble le faire. Anne est assez pudique et j'apprécie d'autant plus les moments ou elle se sent en confiance et dévoile une part de son ressenti.

Ce qui est amusant, avec Anne, c'est que jamais il n'a existé la moindre trace de séduction entre nous. Je l'apprécie beaucoup, mais dans un registre à part, nettement détaché de tous ces débuts d'attirance que j'ai pu ressentir vis à vis de la plupart de mes interlocutrices. C'est une amitié, sans ambiguïté.

Ce qui m'amène à ce que je peux ressentir vis à vis de Pirouette...

 

Vous vous dites certainement, en me lisant, que tomber sous le charme de cette façon ne laisse pas beaucoup d'interprétations possibles.

 

Et bien justement, c'est là que ça devient intéressant.

Parce que j'ai découvert dans cette fascination pour cette femme quelque chose d'inconnu. Encore autre chose que ce sentiment entre "amour" et amitié que j'avais découvert il y a deux ans. Une voie nouvelle, insoupçonnée.

J'ai eu un coup de foudre... de sympathie. Quelque chose qui ressemble à une complicité immédiate, l'impression d'avoir toujours été proches, de comprendre instantanément. Ressenti grisant.

La confiance entière, la sincérité évidente.

Confiance, sincérité... ceux qui me lisent depuis longtemps savent toute l'importance que je met dans ces mots. Et bien avec Pirouette, j'ai touché à la quintessence de ce dont je rêvais. Elle n'avait d'autre retenue que la pudeur des détails, mais pas du fond de sa pensée. Elle était telle que ce que je tend à être... mais m'en sentant encore si loin...

J'ai rarement rencontré des gens aussi sincères en face à face. Sans doute est-ce la troisième fois. Et je garde un souvenir très marquant des deux autres. Deux hommes. L'un était artiste et se savait malade. L'autre sortait d'un cancer et savait, à 25 ans qu'il ne pourrait jamais avoir d'enfant. Des éprouvés par la vie.

Pirouette est une femme. Ça ne change pas grand chose. Ce n'est pas ce qui compte. Sa féminité n'est que quelque chose en plus qui rend la conversation plus agréable, pas la raison de ce qui m'a subjugué.

 

Lorsque au petit matin j'ai quitté Pirouette et Anne, j'ai a nouveau ressenti ce besoin de lui mettre la main sur le bras, de la toucher pour renforcer ce contact qui était passé entre nous. J'ai sorti la main de ma poche (il faisait un froid terrible), mais n'ai pas osé aller au bout de mon geste.

Elles sont parties dans une direction opposée à la mienne. Je sais que je ne les reverrai pas avant longtemps. Je ne me suis pas retourné, parce que je n'en ai pas ressenti le manque.

 

Depuis, je pense à cette extraordinaire rencontre. Je sais que le souvenir va s'effacer, parce que c'est le destin des souvenirs. J'avais envie de le garder présent en vous le racontant ici.

Anne le lira. Amandine aussi, sans doute. J'espère qu'elle ne ressentiront pas de jalousie. Ces trois relations ont chacune quelque chose de différent, comme avec toutes les personnes avec qui je correspond. Il se trouve que le contact direct a atteint ici une dimension très particulière. Je ne me voyais pas le cacher, parce que je crois que c'est quelque chose qui comptera dans ma vie.

Je l'ai exprimé d'autant plus clairement que ce que j'ai ressenti est dénué d'ambiguïté à mes yeux. Par "ambiguïté" j'entends évidemment, vous l'aurez compris un sentiment, ou une attirance qui sont censés de pas exister chez un homme marié.

Je me suis évidemment posé la question en constant cette admiration. Tellement de similitudes entre nos façon de penser, le stade où nous en sommes dans nos vies, jusqu'a nos pulsions pour l'écriture... Pourtant, non, malgré mon regard plongé dans le sien, pas de sentiment amoureux. C'en est presque surprenant!

Pas de jeu de séduction, pas d'attente l'un par rapport à l'autre. Juste une confiance mutuelle et un "quelque chose" qui passe.

 

Et pourtant... je sais bien que si jamais nous avions dérapé dans ce registre, "autre chose" serait né très vite. Inévitablement, indubitablement.

 

Je suis très heureux d'avoir vécu cette rencontre et découvert cette nouvelle voie de l'"amitié coup de foudre".

J'en reparlerai certainement...

 

* * *

 

A propos d'amitié, attirance et amour, je vous conseille la lecture de ce qu'en disait hier l'Incrédule. Une entrée longue, très explicite. Je trouve une certaine similarité dans ses réflexions de célibataire et mes recherches d'homme marié vers, là encore, une "autre voie" que ce qui se fait traditionnellement. Elle recherche des relations diversifiées, sincères, mais libre d'engagements. Quelque chose qui ressemble bigrement à ce qui m'attire...

 

* * *

 

Je constate que j'écris de plus en plus librement. Non seulement ici, en tergiversant beaucoup moins sur ce que je peux ou non dire, mais aussi dans mes messages personnels. J'écris au fil des touches, souvent sans me relire. Je le fais lorsque le sujet est un peu délicat, retouche parfois un peu, et puis j'envoie. Je crois que c'est une façon de ne pas me perdre comme j'ai pu le faire avec Laura, lorsque je lui écrivais. J'attendais trop et ça me paralysait lorsque je pensais aux éventuelles conséquences d'un mot qui aurait pu être mal interprété. Maintenant, je dis ce que j'ai dans la tête, au moment où j'écris. Quitte à changer d'avis ensuite et préciser les choses.

 
 

 
 
 
Redescendre sur terre

  

Lundi 17 décembre 2001

 

Je me suis lancé hier dans un texte sans fin dont mon inspiratrice aurait certainement été génée si elle avait pu le lire...
 
Depuis, je me suis un peu "calmé", ayant pu inscrire cette trace de ce que j'avais vécu. Il n'en demeure pas moins que je reste tout autant impressionné, mais avec un peu plus de recul.
 
Je me suis rendu compte que d'évoquer autant cette personne aurait pu rendre mal à l'aise mes lectrices qui étaient présentes. Et puis finalement je me suis dit que ça faisait partie du "pacte" tacite qui existe entre nous: je suis sincère en ne me retenant pas de m'exprimer en leur présence, mais la contrepartie est évidemment que je dis des choses qui pourraient éventuellement déplaire. Apparemment il n'en a rien été.
 
Anne m'a même soufflé le mot qui me manquait pour décrire Pirouette: « Je trouve aussi qu'elle est assez "magnifique" dans son genre et je ne m'étonne pas qu'elle fasse forte impression à qui la rencontre».
 
Oui, c'est exactement ça: magnifique.
 
 
* * *
 
Autre sujet: plusieurs personne m'ont écrit que mon auto-analyse les avait intéressés, ou touchés. J'en suis très content. Je craignais que ce ne soit vraiment trop personnel, donc d'intérêt limité, mais il semble qu'il n'en est rien.
 
Je n'ai pas terminé ce que je voulais y aborder. Une fois de plus il se crée une sorte de blocage au delà duquel je ne parviens pas à me rendre. Je laisse donc le sujet en attente et j'y reviendrai quand j'y serais prêt.
 
 

* * *

 
Je suis souvent admiratif du style de certains journaux, portés à la fois par une analyse de soi, plus ou moins intimiste, et par une écriture très bien maîtrisée. J'envie ces diaristes, que je cite fréquemment, et leur aisance apparente à s'exprimer clairement. Elle poussent le talent jusqu'a insérer des touches d'un humour discret que je goûte avec plaisir.
 
Il y avait L'Incrédule et Eva, j'y ajoute maintenant sans hésitation Ophélie.
 
Bon, il y a un risque à citer quelques noms, celui de "vexer" ceux qui ne sont pas mentionnés... C'est ce que signale Lou en inscrivant quelques une des ses préférences parmi les diaristes.
 
J'avoue, oui, j'avoue sans honte, que je suis assez content lorsque je me vois cité par un/une de mes collègues diaristes. Ça fait toujours plaisir de se savoir apprécié, ou tout au moins lu. Ben oui, mon égo apprécie les remarques flatteuses. Pas vous?
 
 


Père de ma fille, fils de mon père

  

Mardi 18 décembre 2001

 

Après le fils, la fille...

J'ai passé un bon bout de temps à discuter avec ma fille (15 ans) ce matin. Une journée de congé inattendue nous a permis cet échange fructueux. Il y a été question de relations parents-enfants, frères-soeurs, dans leur composante psychologique et marquante dans l'évolution de chacun.

Je lui ai parlé un peu des blessures d'enfances qui laissaient des traces à vie et que nous apprenons, Charlotte et moi, à dépasser pour ne pas les transmettre à nos enfants. Toute la famille a été passée au peigne fin de ses questions: des grands-parents à chacun de ses oncles et tantes. L'occasion de raconter un peu certains comportements, d'affinités particulières ou au contraire de relatives distances. Nous avons aussi fait le rapprochement entre ce qui peut se passer au sein de la fratrie, de sa fratrie. Elle a été très intéressée et semble avoir bien compris les implications futures que des comportements actuels pourraient avoir.

 

Je suis très satisfait de ces moments de dialogue que je peux avoir avec mes enfants. Je me rends compte que, malgré mes craintes, je suis parvenu à casser l'identification à ce que j'avais vécu. Jamais mon père n'a eu avec aucun de nous ce genre de dialogue, personnel, abordant le coté émotionnel des relations.

Emotions qui parfois m'envahissaient lorsque j'abordais des souvenirs forts de mon enfance, des regrets, des souffrances. Je lui ai expliqué qu'avec le recul des années, le dialogue, l'analyse de ce que je pouvais ressentir, j'étais parvenu à avoir une vision claire de la situation. Je l'ai encouragée à toujours exprimer ce qu'elle ressent. Je lui ai rappellé que du dialogue naissaient beaucoup de richesse et de découverte, de soi, des autres.

Je l'ai mise en garde contre la tentation du jugement, lui expliquant que beaucoup des comportements parentaux n'étaient issus que de leur propre souffrance enfantine. Elle a semblé très surprise lorsque je lui ai expliqué que le comportement rapidement agressif de mon père, sa tendance à "dominer", n'étaient dus qu'a sa propre insécurité. Sans ma mère, qui est sa seule ouverture sociale, il serait totalement paralysé affectivement.

Drôle de rapport où le dominant n'est pas forcément celui qui fait le plus de bruit...

Ma mère, qui courbe l'échine devant ses sautes d'humeur et ses tentatives de culpabilisation, le "tient" par la capacité qu'elle a de dialoguer et aller vers les autres. Mon père n'existe affectivement que par celle qui est son souffre-douleur. Ma mère, si elle existe aussi dans l'ombre de cet homme brillant, a une capacité d'émancipation émotionnelle qui la libère. Depuis quelques années elle fait tout pour exister distinctement de lui.

 

Il n'empêche qu'il nous est difficile, à nous, leurs enfants, de rester insensibles aux humiliations habituelles qui lui sont infligées par mon père. Rapport sado-maso qui semble leur convenir, qui est leur équilibre, mais qui est fondé sur une totale incapacité à se remettre profondément en cause pour rétablir un rapport plus équitable. Ma mère aurait pu se rebeller, elle aurait dû. Mais elle craignait trop de laisser ce colosse aux pieds d'argile seul. Il se serait effondré.

 

Mon père est un homme qui impressionne. Intelligent, cultivé, très vif dans ses réparties, avec une acuité sur le monde impressionnante, il ne peut qu'entraîner une forme d'admiration. Corollairement, il est cassant avec qui ne lui plaît pas, méprise volontiers les gens incultes ou peu informés (tiens tiens... voilà qui éveille quelque chose en moi, en rapport avec mes soucis forumesques et le rejet dont j'ai fait l'objet), il est ironique et, surtout, ne montre aucune, strictement aucune faiblesse. C'est un monument, une statue de marbre, un bloc de granit. Il est d'une moralité irréprochable, d'une honneteté plus que scrupuleuse. Bref, il est quasiment "parfait".*

Du moins, c'est ce que j'ai longtemps cru...

 

* En me relisant je me rends compte que ce qualificatif de "parfait" est saugrenu, compte tenu des atttitudes que j'ai décrit. En fait il s'agit d'un raccourci de ma pensée: il semble parfait lorsqu'on le connaît de loin et qu'on n'observe pas son comportement dominateur (qui n'est quand même pas aussi excessif que mes mots le laissent penser). Mais le terme "parfait" traduit surtout l'impression que je ressentais enfant, alors que j'étais aveugle sur les comportements révoltants que je trouvais... normaux.

 

Parce que son incapacité totale a vivre ses émotions est, paradoxalement sa plus grande faiblesse. Il suffit de trouver la faille dans la carapace... et tout se brise. Toute sa vulnérabilité sera là, évidente.

Je crois que mon père est quelqu'un de fragile mais qui dissimule cette fragilité sous une enveloppe impressionnante. Il est déguisé en une sorte de Staline rigide. Seule ma mère a pu découvrir ses failles et avoir un ascendant sur lui. Posture qu'elle n'utilise pas parce que ce n'est pas du tout sa nature de dominer. Au contraire, elle protège cet "enfant" qu'il est.

Je précise que je n'ai pris consience de ce fonctionnement entre eux que très tardivement, tout au plus depuis 5 ans. Et je ne peux l'écrire que maintenant.

Ce qui se passe depuis, c'est que moi aussi je sais ce qu'il y a sous la carapace. Je sais où sont les points d'extrême faiblesse. Et, comme ma mère... j'ai tendance à prendre beaucoup de précautions pour ne pas le mettre en position qu'il ne supporterait pas.

Et que je ne supporterais pas de voir...

Lorsqu'on a eu comme modèle une telle stature, comment accepter de voir qu'elle n'était qu'une imposture? Imposture vis à vis de tous, et surtout de lui-même.

 

Je sais, depuis quelques années, que c'est en partie de moi que viendra une nouvelle voie. Le couple bizarre que constitue mes parents à certes évolué vers des rapports plus égaux, mais le déséquilibre demeurera. Mon père est très certainement incapable de se laisser aller à exprimer ses émotions, à vivre émotionnellement. Si moi je veux avoir un rapport fondé sur le partage du ressenti, je sais qu'il m'appartient de prendre les choses en main.

Je sais que seul ce rapport m'intéresse et que rien ne se passera entre nous si nous devons en rester aux échanges d'opinions sur la société, aux phénomènes scientifiques et techniques, ou aux considérations politiques et environnementales.

 

Comme je l'ai souvent écrit, comme je l'ai dit à ma fille ce matin, c'est à moi d'agir. C'est à moi de devenir celui qui enseigne, celui qui apporte une expérience, un vécu. C'est à moi de devenir le père de mon père.

 

* * *

 

Ça m'a pris tout d'un coup, sans prévenir...

J'ai écrit à Zoé.

Depuis six mois elle m'avait demandé mon adresse mail, mais comme je connais ma propension à me libérer sans retenue (et que je n'avais pas envie de me retenir...), je m'étais abstenu. Zoé... trop risqué que je m'amuse à lui écrire alors que tout n'était pas bien clair quant à mes attentes vis à vis de la séduction en général. Zoé à toujours eu une place à part dans les relations que j'ai eues. Nous avons tous les deux été amoureux l'un de l'autre, mais en différé. On n'en a jamais parlé tous les deux, c'est par ma soeur, son amie, que tout a été su.

 

Tout cela est bien bien vieux puisque j'avais 17 ans. C'est passé, fini (vraiment fini?), mais ça n'empêche que j'aimerai bien en discuter un jour avec elle. Ne serait-ce que pour clarifier, briser la glace que nous avons laissé s'installer à ce sujet.

On pourrait me trouver bien attaché à mon passé. C'est fort possible. Mais c'est surtout que mes amours n'ont jamais été quelque chose de futile. Zoé a fait battre mon coeur comme bien peu des femmes que j'ai rencontrées. Ce serait la "numéro 3" s'il pouvait y avoir un classement, loin devant les suivantes. C'est surtout la seule, à part Charlotte, pour qui je suis certain qu'il y a eu réciprocité. Et peut-être que c'est ce "possible" décalé de quelques mois, dont je me rends bien compte qu'il aurait pu faire que celle qui partage ma vie fut une autre, qui fait exister un certain trouble lorsque je vois Zoé.

 

Dites donc... j'espère que Zoé ne lis pas les journaux en ligne!

Quoique ce serait amusant...

 

 

 

 

 

 

Un petit bout d'auto-analyse? C'est ici (petits curieux, va!)  


 
La force de la différence  
 
 

Samedi 22 décembre 2001

 

Il y a quelques jours, j'ai noté les mots suivants: «La peur de se dévoiler, surmonter cette peur. Ne pas écrire sans peur. La peur qui stimule qui ébranle fait vibrer l'émotion
 
Normalement, c'était pour me souvenir de quelque chose qui m'était venu en tête et que je voulais relater ici. Je ne le fais jamais, mais ce soir là je n'avais pas le temps d'écrire.
 
Eh ben je ne le ferai plus! Parce que ça ne sert à rien: j'ai totalement oublié ce dont je voulais parler. J'avais oublié jusqu'à l'existence de ce petit pense-bête.
 
Tant pis, il reste ce coté mystérieux, pas très compréhensible.
 
Il est impossible de garder trace de toutes les pensées qui nous traversent. Ce n'est pas forcément dommage. Parfois je me suis dit qu'il serait bien de conserver cette mémoire des pensées du moment, mais finalement je crois que l'essentiel est de l'écrire. C'est ce qui permet de cheminer au moment ou le questionnement est dans la tête. Ultérieurement, il n'en reste que peu d'intéressant. Tout au plus c'est divertissant de se relire, ou utile pour constater l'avancement.
 
C'est comme pour la lecture. On se remplit de ce que disent les autres, mais surtout si les mots ont un impact immédiat parce qu'ils rejoignent nos questionnements du moment.
 
 

* * *

 
Il y a des jours où j'ai envie d'écrire, mais sans thème précis. A l'instant je viens de changer de sujet, le précédent étant épuisé.
 
J'apprécie ces diaristes qui s'expriment sur un seul sujet, comme s'il était le résultat d'une réflexion aboutie, cernée, volontairement limitée. Je regrette de trop souvent dériver, multiplier les sujets. Je me dis pourtant que c'est ma façon de fonctionner pour le moment. Je ne suis pas prêt à une écriture plus mesurée, enrichie. Je ne fais pas oeuvre littéraire, je jette mes idées comme elles me viennent, sans les retravailler.
 
Je sais quand même que je prends parfois quelques secondes de réflexion pour le plaisir de trouver le mot le plus adéquat, mais ce temps reste très court. Je n'ai pas de temps à "perdre" pour peaufiner exactement comme je le souhaiterai.
 
Je lorgne souvent sur mes consoeurs diaristes au ton plus riche...
 
 

* * *

 
A propos de consoeurs, deux d'entre elles parlaient récemment des rencontres. Le passage du virtuel au sensoriel. Ophélie décrit une relation qui existe depuis longtemps, Eva évoque sa première rencontre avec une diariste. Un curieux hasard fait qu'elles se soient donné rendez vous précisément au même point que celui du rendez-vous que j'ai eu la semaine dernière. La statue de Danton comme point de ralliement des diaristes? A moins que ce ne soit le quartier latin, celui des littéraires?
 
 
* * *
 
J'évoque des choses assez futiles alors qu'il s'est passé quelque chose de quand même important dans ma vie.
 
J'ai parlé à mon père!
 
Oui, en soi ça n'a rien de révolutionnaire, mais quand on sait que je ne l'ai jamais fait...
 
Seul à seul avec mon père, et à parler d'émotions, de ressenti, de sentiments...
 
Enfin... disons que c'est ce dont je parlais...
 
Parce que pour lui, ça n'a pas été facile. Il est bien plus "coriace" que je ne le croyais. Je pensais qu'il ne savait pas exprimer ses sentiments, mais j'ai constaté que c'était nettement plus compliqué que ça. Pour lui, les sentiments, le coté émotionnel, c'est comme si ça n'existait pas.
 
Il dérivait sans cesse vers du ressenti distant, du genre comportements émotionnels ou passionnels sur des sujets impersonnels. Il me citait l'exemple des gens qui s'enflamment sur l'implantation d'un cinéma dans leur quartier plutôt que dans celui d'à coté. Certes, c'est aussi de l'émotionnel... mais pas de celui dont je voulais lui parler.
 
Plusieurs fois j'ai essayé de recentrer sur le ressenti intime, lui demandant par exemple s'il ne regrettait pas de ne pas pouvoir communiquer vraiment avec ses enfants. Je le poussais à se questionner sur le fait qu'il n'ait pas d'amis. Il me répondait du bout des lèvres que oui, peut-être que c'est un peu regrettable...
 
En fait, ça m'a un peu bloqué. Je crois que j'étais un peu déçu.
 
Je ne l'ai pourtant pas suivi dans ses digressions, je suis revenu sur mon sujet. Je n'ai pas craint de m'affirmer face à lui comme un être émotionnel.
 
Je crois que cette discussion marquera quelque chose, sans bien savoir comment. Pour le moment, c'est un peu hors de ma pensée, mais je sais que ça "travaille" par en dedans.
 
Ce qui m'a à la fois péiné et fait mesurer l'étendue des dégats, c'est lorsqu'il m'a dit qu'il n'avait jamais vibré devant une peinture ou une musique. Je l'ai plaint, intérieurement.
 
De quelles richesses un homme peut se priver en n'étant pas capable d'entendre en lui ces émotions...
 
Moi qui m'était senti ému en me promenant dans Paris la semaine dernière, troublé devant la magnificence des monuments, du grandiose et de l'histoire mélés.
 
Moi qui ne savais plus comment contenir mon émotion devant des toiles impressionnistes au musée d'Orsay, il y a quelques années. Moi qui peut pleurer en entendant les voix d'un choeur ou une musique particulière...
 
Moi qui m'extasie devant un paysage de montagne, qui suis bouleversé devant des enfants, ému en entendant des paroles vraies...
 
Et qui constate que mon père est privé de tout ça...
 
Il y a comme le sentiment d'une autre supériorité (le mot est stupide) que celle de l'intelligence froide. Mon père est fort de tout un savoir et de capacités de réflexions, mais il est privé de choses auquelles j'ai accès. Je me sens fort de connaître ce qu'il ne connaît pas.
 
C'est bête comme impression, mais je crois que c'est nécessaire pour que je me sente exister par rapport à lui. Ou plutôt différemment de lui. Il est, et je suis. Je n'ai plus à me comparer à lui.
 
Tout cela paraît évident, et je le savais, mais avant-hier j'ai pu le mesurer avec encore plus de détermination.
 
Je me suis à la fois rapproché de lui en lançant ce dialogue, et détaché de son emprise en montrant clairement que j'étais différent de lui. Et en plus, j'ai acquis une force et une autonomie en prenant l'initiative de lancer la conversation et en la menant dans le sens que je voulais.
 
Je crois que ce jour restera important...
 
 

Couper les chaînes  
 
 

Samedi 29 décembre 2001

 

Quelques jours "off line", en cette période de fêtes. Non, je n'étais pas parti, mais la présence de ma petite famille fait que je suis bien occupé ailleurs.

 

Un besoin de faire une petite coupure aussi. Prendre du recul avec ce journal et le monde virtuel en général.

Pourtant mes journées ne se sont pas déroulées sans que je pense à quelques mots que j'aurais pu écrire ici.

 

J'aurais pu évoquer mes impressions après une grande discussion avec mes frère-soeur-parents (et conjoints). Le grand vide que j'ai ressenti le lendemain, accompagné d'une certaine irritation sans que je ne sache d'où elle venait.

Beaucoup de choses ont été dites, avec une certaine tension mais sans aucun accrochage. Entre les "émotionnels" et les "pragmatiques" il n'est pas bien facile de se comprendre. C'est curieux comme des gens parviennent à dissocier les deux...

C'est en dialoguant avec Charlotte, qui a su voir mon malaise le lendemain, que j'ai pu comprendre d'où il venait: la culpabilisation exercée involontairement par les "pragmatiques" sur les"émotionnels". Du genre «si tu as perçu ça, c'est que ça correspondait à ta façon de voir», ou «l'éducation à peu d'influence: on absorbe seulement ce qui nous convient». Du genre: si tu as des problèmes ils ne viennent que de toi. Un peu dur a entendre quand c'est dit de la bouche de son père... même sous couvert de sourire et de bonne entente.

Autre idée déstabilisante «je suis comme ça et on n'a qu'a me prendre tel que je suis» ou «si on ne se parle pas c'est qu'on a rien à se dire».

Bref, des philosophies de vie qui sont bien éloignées des miennes. Mais je suis tellement conditionné par cette façon de voir les choses que je ne m'en suis même pas rendu compte. Ça me semble tellement "normal" de penser comme eux...

 

Pas du tout ce que j'ai ressenti en recevant la réponse de Zoé à mon message de la semaine dernière... Là, au contraire, pas mal de points communs et une façon de voir la vie assez similaire. Une bonne et vraie réponse, comme ce que je j'espérais... tout en me gardant bien de l'attendre.

Opération finalement assez délicate que de lancer une passerelle dans sa direction. C'est la première fois que je tente le dialogue direct et sincère avec quelqu'un que je connais "en vrai". Pas évident du tout! Je prends un certain risque à tenter cette communication.

Parce que si Zoé ne comprend pas trop ce que je veux, ou si elle trouve que je suis trop impudique, elle risque de marquer une distance qui aura pour effet de me mettre vraiment mal à l'aise. Au contraire, si elle trouve dans mes écrits quelque chose qui lui plaît, la situation deviendra délicate.

Je sais très bien quel est le sujet que je souhaite aborder avec elle: celui de notre attirance passée. Mais il est évident que je ne peux pas attaquer "bille en tête" avec ça. Je dois à la fois être très sincère... et tricher un peu en cachant une partie de mes objectifs. J'ai d'ailleurs mis beaucoup de temps à rédiger mon texte et je suis en passe d'en mettre encore plus pour celui qui va suivre. C'est un signe évident des précautions que je prends, hésitant entre ce que je veux et ne peux pas dire. Je me rends bien compte que j'attends quelque chose de sa part, et ce n'est pas une très bonne façon de faire.

 

J'ai des souvenirs trop douloureux de ce qui s'est passé avec Laura et je n'ai absolument pas envie de me faire "jeter" une nouvelle fois par quelqu'un qui ne comprendrait pas ma quête.

 

Ma quête? Eclaircir, comme je le fais ici depuis des mois, ce qui lie et sépare amitié, amour, attirance. Je l'ai fait avec Laura et j'ai pu avancer beaucoup dans ce domaine. Il reste Zoé, qui a joué un rôle important et avec qui il reste quelque chose lié au passé. Je veux désormais couper toutes ces chaînes qui retiennent ma progression.

 

Que ce soit en douceur ou en violence, je DOIS me détacher le plus complètement possible de ce passé. Toutes les personnes avec qui mon système relationnel s'est construit y sont convoquées. Parents, fratrie, amours, d'autant plus vu la prédominance de leur rôle dans ma vie affective.

 

* * *

 

Il y a quelques jours une des diaristes avec qui je corresponds (appelons-la "Marine") m'écrivait qu'elle ne voyait pas de grande différence entre le tronc de ce journal et la branche que j'intitule "auto-analyse" et que je poursuis un peu à l'écart de ces pages. Elle a raison. En fait, c'est une façon de me sentir un peu plus en intimité, supposant que les personnes qui n'apprécient pas cette façon de faire ne la liront pas.

 

Mais surtout c'est parce que je ne parviens pas à aller au delà de certaines confidences. Je me suis souvent posé des questions sur ce qui me poussait à me dévoiler autant en public, hésitant entre ce ton que j'ai et une introspection plus poussée, une sincérité accrue. J'y parviens parfois mais je sens bien que je touche à une limite. Par exemple lorsque je dis que «j'ai envie de baiser avec des femmes au corps de rêve», ce sont des mots que j'ai du mal à supporter de savoir écrits. Et ce n'est pas la première fois que je le constate. Je crois être tenté d'aller plus loin mais qu'une limite se dresse toujours. C'est cette même limite qui m'empêche d'évoquer la sexualité.

 

Je ne pense pas vraiment à une écriture moins introspective. Mes questions sont surtout sur le "plus". Par contre, je pense souvent à une autre forme d'écriture plus générale, plus travaillée aussi. Mais je crois nécessaire, auparavant, de sortir de moi tout ce qui m'encombre. C'est le grand déballage précédent, éventuellement, un autre type d'écriture.

 

Il y a quelques jours j'avais noté des mots au sujet de la peur d'écrire. Je n'avais pas retrouvé ensuite à quoi je faisais allusion. En fait, il me semble que je voulais signifier que cette peur est un stimulant. En m'exposant devant vous, avec la peur d'être jugé défavorablement, la peur de me montrer tel que je suis, j'apprends à domestiquer cette peur.

Si je la fuyais, évitant confortablement d'évoquer les sujets qui me gênent, je ne progresserais pas. Au contraire, à chaque fois que je m'expose un peu plus, le non-rejet (et souvent les encouragements du «je pense comme toi») renforce mon assurance. Je ne me sens pas aussi "noir" que ce que je pensais.

J'utilisais souvent ce qualificatif de "noir" pour dire à Charlotte que j'avais des idées en moi que je n'aimais pas. Mais à les refuser je ne faisais que les assombrir davantage. Maintenant que je les extraits de temps en temps de ces recoins sombres où je les cache, je me rends compte qu'elles ne sont pas si terribles que ça. Et la plupart sont largement partagées.

 

Voila à quoi on peut en arriver quand on n'échange pas assez avec les autres pendant des années...

 

Il se pourrait bien que ma timidité, peur que les autres ne découvrent de ce coté noir qui est en moi, finisse par disparaître un jour.

 

 

* * *

 

J'aime pas mon écriture. Impression de rabacher, de stagner, d'être confus, lourd...

 
Impression d'étouffer dans ce jus de mon ego. Envie d'air, de vent, de ciel, d'envolées, de légèreté...

 


On est pas tous comme ça...  
 
 

Samedi 30 décembre 2001

 

Il semble que pas mal de diaristes sont tentés par la formule "Blog". Je ne sais pas trop en quoi ça consiste, mais je constate des tendances qui me semblent... comment dire... préjudiciables à "l'esprit diariste".
 
Bigre! C'est quoi l'esprit diariste? Je ne sais pas, ça vient de sortir. Disons que c'est l'expression qui m'est venue sous les doigts.
 
Oui, parce que je constate que "l'effet blog" fait que les entrées sont plus courtes, plus fréquentes... mais moins approfondies. Et en plus, cette lecture à contre courant (la fin de l'entrée se situant juste avant le début... de l'entrée précédente) ne me semble pas favoriser une lecture au fil des idées.
 
Bon, c'est mon avis et je ne voudrais pas qu'il froisse ceux et celles qui ont choisi cette formule. En fait, je crois que ce système va très bien pour des entrées qui n'ont pas de lien entre elles. Or les entrées de diaristes ont souvent une "suite", une continuité au fil des jours.
 
Bref, c'était mon avis même si on ne me le demandait pas...
 
* * *
 
Claudio s'interrogeait ces derniers jours, dans son journal, du peu de mentions faites sur la sexualité dans le monde des diaristes, censés livrer leurs pensées "intimes". Cette impression recoupe tout à fait la mienne, évoquée dans ma dernière entrée, je crois.
 
Je livre assez facilement mes pensées intimes... mais je n'aborde pas le sexe ni le fantasme sexuel (le fantasme intellectualisé passe encore assez bien). Je remarque que cette barrière du sexe semble très fortement ancrée chez nous tous. Je ne parviens pas à la franchir, et d'autres diaristes constatent la même chose. Quand à ceux qui ne se posent pas la question... ils n'en parlent pas davantage.
 
Est-ce parce qu'il n'y a rien à en dire? Est-ce parce que ça touche au plus intime de nous? Est-ce parce qu'on sait qu'on fonctionne tous à peu près de la même façon?
 
J'opterais volontiers pour le coté tabou.
 
Malgré la libération des moeurs et de la parole, malgré le cinéma, les livres, les revues, et bien il semble que ça reste un sujet "à part". On peut en parler, certes, on ne sera ni choqué ni scandalisé, mais... on évitera quand même le sujet. On fera "comme si". Comme si ça ne nous intéresse pas, comlme si il n'y a aucune question, aucune curiosité.
 

C'est un non-sujet. Il n'existe pas.

 
 
Bon, évidemment chaque diariste n'a pas un ton forcément poussé vers l'introspection et l'analyse. Quand on reste au narratif du quotidien (attention, ce n'est pas une critique), il n'y a pas vraiment de raison de parler du coté intime de la sexualité...
 
Quoique, même là, il me semble qu'on lit bien plus rarement des «on a fait l'amour de telle façon» que des étalages du genre «et puis Gustave est venu, on est allés au restaurant et j'ai pris des moules au caramel, et bla bla bla...». Donc même le narratif marque cette distanciation vis à vis du coté sexuel. Là encore, c'est un non-sujet.
 

 

* * *
 

 

Tant que je suis dans l'analyse de nos habitudes de diaristes, il me semble que l'introspection est un sujet qui sévit plutôt chez les diaristes un peu "mûrs". Je constate que la pluspart de ceux et celles que je lis sont dans la tranche d'âge 30-40 ans (et plus). Il est rare que je découvre un ton qui me plaît chez les plus jeunes, que je trouve souvent... assez superficiels (ouh la, je ne vais pas me faire des amis s'ils me lisent!). Bon, il y a toujours des exceptions (ouf, je me rattrape de justesse).
 
Chacun écrit évidemment comme il l'entend, et il est possible que des plus jeunes trouvent ce coté analytique un peu «prise de tête».
 
Autre tendance chez les diaristes qui ont un peu de bouteille, un questionnement assez largement partagé sur la vie de couple. Que ce soit sur le célibat, forcé ou choisi, sur les unions rompues ou celles qui durent mais soumises à différentes épreuves. Il me semble qu'il y a toujours une prise en compte des attentes de l'autre, des limites de chacun, des concessions que l'on peut/veut/doit faire ou pas.
 
Sans doute davantage que chez nombre de pus jeunes qui me semblent plus concentrés sur eux que sur l'autre.
 
Mais bon, ce ne sont que des impressions et je me demande pourquoi je les évoque ici.
 
Peut-être pour avoir des échos?
 
* * *
 
Tout autre sujet: je voudrais revenir sur ce que je disais au sujet du désir et de la diversité des rencontres.
 
Je me demande si le blocage que je fais (et pas mal d'hommes comme moi, je suppose) vis à vis de mes désirs masculins ne vient pas d'un trop grand respect de la femme.
 
J'essplique: on a tellement entendu ces reproches faits aux machos, ces idées comme quoi les mecs «ne pensent qu'à "ça"» qu'on en est probablement devenus inhibés de ce coté là.
 
Je me suis souvent senti "coupable" de mon état de mâle. Lorsqu'on évoque l'inégalité des femmes, les violences faites aux femmes, le viol, les propos misogynes, les gestes déplacés, les regards malsains... bref tout ce que les femmes subissent de la part du "mâle dominant", j'ai honte de faire partie de ce coté.
 
Alors il n'est pas exclu que par rejet de ce coté on en arrive à refuser une partie de soi. Justement cette partie virile. C'est idiot, mais c'est une réaction, comme si on voulait racheter les fautes des autres.
 
Une façon de dire «on est pas tous comme ça».
 
C'est un peu con, parce que d'une part je suppose que la majorité des femmes de ma génération le savent très bien, et d'autre part parce qu'elles sont bien capables de se défendre toutes seules.
 
Remarquez, c'est bien une tendance lourde chez moi, parce que je me sent "coupable" en bien d'autres circonstances: d'être blanc face aux noirs ou aux indiens, d'être français face aux algériens, occidental face aux habitants des pays sous-développés...
 
Je me sens coupable d'être du coté (par ma naissance) de ceux qui ont opprimé ou oppriment encore. Ça ne sert à rien. Certains diront même que c'est une façon de se donner bonne conscience...
 
Hop... je me suis perdu en chemin: j'avais commencé avec le désir de diversité.
 
Oui, j'assume mal mes envies de diversité parce que ça ressemble à ce coté masculin et ses conquètes. Le coté polygame, quoi. Et pourtant, je le conçois très bien dans le sens contraire. Qu'une femme ait envie de partenaires variés me semble tout aussi naturel (et il semble que c'est un désir tout à fait assumé par certaines).
 
Bref, tout ce qui me rapproche de mon coté instinctif, primitif (l'envie de femelles) me perturbe. Désir, séduction, sexualité... c'est bien le point commun qui les relie, non?
 
Euh... Et si j'acceptais un peu le fait que j'ai les hormones correspondant à mon anatomie?
 
 

 
Soleil ou tempête, je vogue droit devant! 
 
 

Lundi 31 décembre 2001

 

L'année diaristique finit en beauté. J'ai eu un vrai moment de bonheur en recevant un message de la part d'une diariste qui compte de plus en plus pour moi. Vous savez, de ces personnes à qui on s'attache doucement, mais sûrement et avec qui on découvre au fil du temps tout un ensemble de ressemblances.
 
Simplement parce que je m'étais laissé allé à lui dire en toute franchise quelques mots de ce qu'elle m'inspirait.
 
Et bien cette franchise, non seulement ne l'a pas gênée, mais à déclenché en retour la même sincérité. Et quelle sincérité! Des mots infiniment agréables et touchants qui m'ont mis dans un état de légèreté souriante.
 
Nous pouvons, Libellule et moi, constater comme nous avons progressé dans l'expression de nos émotions dans nos vies respectives. Et comme cette expression permet de lever la timidité qui nous handicapait tellement auparavant. C'est presque "magique": en disant nos pensées, en osant affirmer nos convictions, en étant davantage nous-mêmes, et bien la timidité s'efface.
 
Comme si la tranquille assurance que nous prenons faisait fuir cette imposture d'une timidité qui nous gouverne. Que nous laissions nous gouverner.
 
Oh, le combat n'est pas gagné, mais la marche en avant est décisive et ce frein ne pourra plus que s'amenuiser.
 
Je dois beaucoup à Libellule. Sans son chemin que j'ai croisé un jour je n'en serais pas là où je suis parvenu aujourd'hui, j'en suis absolument convaincu. Une rencontre de "hasard" mais le hasard ne se manifeste pas sans quelques coups de pouce. Ma curiosité vers les journaux en ligne a été ce hasard.
 
De savoir que Libellule m'apprécie est quelque chose de très agréable, apaisant, rassurant. Une douceur, une tiédeur réconfortante.
 
Pour le hasard de ce genre de rencontres, je serai toujours un défenseur inconditionnel d'internet comme moyen de découvert et d'échange.
 
Quel dommage, comme elle me l'écrit, qu'un océan nous sépare...
 
Vient un moment où on a envie de faire participer les sens pour vivre plus pleinement la relation. Les rencontres que j'ai faites, dont j'ai eu vraiment envie, n'ont fait que me convaincre un peu plus de l'importance de la communication sensorielle.
 
Là où je me rends compte que j'ai beaucoup changé, c'est en constatant que ses mots me plaisent, m'enchantent... mais ne m'ensorcellent pas. Parce que je sais très bien qu'il y a quelques mois de telles paroles m'auraient troublé (soyons clairs:le processus d'attirance amoureuse aurait été enclenché). Je sais aussi qu'elle ne les aurait pas dites si je n'avais pas osé me laisser aller à l'expression de mon ressenti.
 
Je suis donc parvenu à avoir des relations d'amitié avec plusieurs femmes, sans être entraîné par une idéalisation fantasmée. Des relations de "simple" amitié, des partages de confidences, sans que naisse ce que je redoutais/espérais tant auparavant: la séduction.
 
Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il n'existe absolument rien de ce coté là, ,mais je crois que c'est à un niveau secondaire. C'est un plaisir supplémentaire, une touche d'épices qui relève la cuisine de nos partages.
 
Chacune des personnes avec qui je correspond, généralement femmes, mais parfois hommes m'apporte quelque chose de différent. Ils sont à la fois "l'autre", confondus dans une certaine image que je construis autour de ces pensées extérieures à la mienne, mais pourtant tous clairement individualisés. Sans les voir, jamais je ne confonds telle ou telle personne, pourtant seulement identifiée par un pseudonyme ou un prénom. Pas de support visuel du visage, sauf rares exceptions, pas de reconnaissance de la graphie non plus. Seulement un ton personnel, un thême d'échanges privilégié.
 
Oui, je suis toujours aussi enthousiaste vis à vis de ces rencontres.
 
Quelques incertitudes obscurcissent parfois cet enthousiasme lorsque je n'ai plus de nouvelles de la part de personnes avec qui j'ai eu de longs échanges dans le passé. Je ne sais jamais si je dois patienter, relancer, lorsque mon dernier message est resté sans réponse.
 
Je sais aussi que certains messages se perdent on ne sait où, dans les immensités de la toile...
 
Cette possibilité rend toute certitude très inconfortable.
 
 

Hier, je me disais que pour cette dernière entrée de l'année je pourrais me livrer à une sorte de bilan. Je n'avais rien prévu de particulier mais je constate en écrivant ces lignes que le bilan le plus significatif aura été la découverte du relationnel. A la fois dans le sens des difficultés de communication (déboires forumesques), mais surtout (je privilégie généralement la vision optimiste) le plaisir des partages multiples.

 
J'aurais poursuivi cette année ma découverte de personnalités attachantes, osant aller un peu plus loin, osant pousser moi-même la porte sans attendre que l'autre ne vienne vers moi. J'aurais approfondi mes relations existantes en parvenant à ce que nos échanges soient plus encore plus confiants. Et j'aurais reçu en "cadeau" de beaux moments de sincérité et de confidences. Moments toujours précieux et émouvants que je garde en mémoire comme autant de bijoux.
 
J'aurais découvert des personnes inconnues, j'aperçois aussi déjà d'autres personnes avec qui il se pourrait qu'un jour nous construisions une relation.
 
J'aurais surtout découvert que je ne suis pas cet être insignifiant que je me sentais donner en image. Si j'ose aller vers les autres, alors ces autres viennent vers moi. Et plus je me montre tel que je suis, plus ils s'ouvrent à moi, si tant ait que nous ayons des points d'interêt commun, évidemment. Dans le sens contraire, j'apprends à ne pas trop m'ouvrir vers qui ne saura en comprendre le sens ou la valeur.
 
Toutes ces constatations pourront paraître naïves à qui a déjà fait ce chemin, ou pour qui il a toujours été évident. Mais je vous assure que je reviens de loin. Les termes de re-naissance ou de reconstruction ne sont pas excessifs en ce qui me concerne, c'est certain.
 
Je ne regrette pas du tout ce journal à tendance auto-analytique. Il me permet de vous (je ne me suis jamais fait au "tu", comme le fait Thierry Tuborg) dire où j'en suis, de "vous" rencontrer, "vous" toucher parfois.Vous représentez l'altérité, et cet "autre" me lit, commente, converse, mais jamais ne me juge. Et je crois bien que c'est cette absence totale de jugement qui aura eu le rôle le plus bénéfique.
 

En m'acceptant tel que je suis vous me permettez de m'accepter, donc de croire en moi, donc d'aller vers vous.

 
Et il semblerait même que mes réflexions vous aident dans votre propre cheminement... tout comme les votres me le permettent.
 
C'est l'autogénération, le mouvement perpétuel...
 
 

* * *

* *
*
 
Quelques heures plus tard...
 

 

BONG!
 
C'est marrant, ce que je découvre comme richesse d'un coté, je le perds de l'autre...
 
Je viens de recevoir de la part de ma mère un mail totalement inattendu. Elle y fait preuve d'une agressivité que je n'avais jamais ressentie à mon égard.
 
Et bien figurez-vous que ça me laisse froid!
 
J'ai toujours eu un très bon contact avec elle et des dialogues approfondis. J'avais une grande confiance en elle.
 
Certes, depuis que j'ai entrepris de remonter dans mon passé, de décortiquer les raisons qui ont fait que je me suis peu à peu muré dans un silence, elle m'a souvent montré des signes de désapprobation: «ce n'est pas bon de trop brasser le passé». Pourtant, c'est une personne plutôt ouverte et sensible à la psychologie.
 
Mais pas à la psychothérapie.
 
Elle réfléchit au présent, mais pas trop au passé.
 
Et voila qu'a la suite de la réunion familiale de noël (fêtes, je vous hais!), au cours de laquelle des idées avaient été échangées, elle me fait une "sortie" masquant mal son agressivité et sa rancoeur.
 
Je suis tombé des nues en lisant ça de sa part. Je n'avais pas du tout perçu les choses de la même façon qu'elle, et il est évident que la réciproque est vraie.
 
Ben franchement, ma mère m'a déçue! Putain, ça fait bizarre de dire ça!
 
Je la pensais beaucoup plus réceptive aux difficultés des autres.
 
Non seulement je me rends compte que mon père et mon frère refusent le coté émotionnel, qu'une de mes soeurs préfère ne pas aborder le coté sentimental avec moi, que l'autre est d'une sentimentalité toute relative, mais voila que ma mère, hypersentimentale, se met à refuser de voir son rôle dans la construction psychique de ses enfants!
 
On aura tout vu! Les parents ne sont plus ces êtres qui conditionnent dès le plus jeune âge leurs enfants en fonction de ce qu'ils sont. Ma mère revendique de m'avoir transmis certaines valeurs, ce qui est vrai, mais se défausse pour tout ce qui concerne la suite. «Chacun sa merde» m'écrit-elle! J'en suis resté abasourdi.
 
Mais... point positif, je ne me suis absolument pas laissé démonter par son message. Je le considère comme un ras le bol de sa part auquel je ne suis pas pour grand chose. Je vais lui répondre et lui donner ma façon de voir les choses, calmement, posément. Mais je ne renoncerai pas à ma quête vers une plus grande connaissance de moi-même. Je voulais acquérir mon autonomie? Elle me donne là un superbe cadeau de détachement.
 
Putain, ça fait tout drôle de se sentir brutalement aussi éloigné de ses parents... C'est vraiment la crise d'adolescence tardive en ce moment.
 
Je vous jure que je vais bien, trés bien même. Je me sens en pleine forme! Ça me fait un bien fou de me sentir moi-même et de résister face aux embruns.
 
Je me sens comme un marin dans la houle, face aux vents contraires. Ça brasse, ça secoue, mais je garde le cap! Debout, et droit devant!
 
 

Heureuse année à tous et bon vent pour vos découvertes humaines,

que je vous souhaite toujours enrichissantes.
 
 

Ce que j'écrivais il y a un an...

 

 

 

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