Mois d'août 2002
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Extrêmement modéré
 
 
Jeudi 1 août
 
Hasard ou convergence? Alors que j'avais vaguement (l'hésitation étant due à l'heure tardive) l'idée d'écrire sur un sujet qui avait fait "tilt", voilà que je reçois un message... qui évoque justement ce sujet!
 
Pas vraiment hasard puisque le message en question commentait un des miens, dans lequel je parlais des positions médianes. Un thème qui m'est cher...
 
J'avais oublié qu'il en était question dans mon message, mais apparemment quelque chose dans mon inconscient travaillait encore sur le sujet. Voilà pourquoi je ne pense pas qu'il s'agisse d'un hasard. De plus en plus je vois ces "hasards" comme des rencontres de circonstances orientées. On se met en position de favoriser les hasards, sans même en avoir conscience.
 
Bon, il y aurait de quoi réfléchir plus loin, mais ce n'était pas mon sujet de ce soir.
 

 

Voila ce qui a suscité mon envie de consigner mes réflexions ici: « il est très difficile de se soustraire de nos préjugés. Mais si on en a conscience et qu'on essaie de s'en extraire, c'est déjà une bonne piste. Pour ça que je préfère toujours les propos médians (qui réfléchissent en stéréo) par rapport aux extrêmes (bien que ces derniers poussent les médians à la réflexion!).
 
Mouais... en fait il faut des extrêmes pour titiller les médians et des médians pour modérer les extrêmes. Le seul truc qui ne marche pas c'est extrême d'un coté contre extrême de l'autre» (vous permettez que je cite sans vergogne mon message posté sur un forum?).
 
Réfléchissons...
 
Je passe des heures à discuter avec des gens qui ont les avis aussi divers que leur façons de les exprimer. Il y a les plus modérés, qui argumentent, écoutent, discutent, acquièscent... ou resistent. Il y a aussi les extrêmistes de tout poil, sûrs d'eux-même et généralement (pas toujours) agressifs, dénigrant leurs adversaires, quand ce n'est pas méprisant ou insultant. Charmants personnages... Et il y a bien sûr toutes les positions intermédiaires.
 
Je me suis rendu compte que je discutais assez peu avec les modérés, me contentant de les lire et apprécier la justesse de leur point de vue. Au contraire, je suis irrésistiblement attiré vers les propos orientés, comme si je cherchais la discussion afin de modérer leurs excès. Par contre je renonce vite lorsque je constate que mes interlocuteurs sont bornés et, finalement, forcément limités dans leur ouverture aux idées des autres.
 
En fait, j'ai longtemps critiqué les gens trop extrêmistes en disant qu'on ne pouvait pas discuter avec eux puisqu'ils ne changeaient pas d'avis. Et inversement, les extrêmistes radicaux ne supportent pas la neutralité qu'ils semblent considérer comme un manque de caractère. Le "consensus mou" m'a t'on rétorqué un jour.
 
Et là, je me rends compte que ces oppositions sont complémentaires. S'il n'y avait que des positions neutres, on s'ennuierait peut-être vite. S'il n'y avait que des extrêmes, ce serait une lutte permanente et aucun consensus ne serait jamais possible. Me considérant comme médian, relativement neutre, je me trouve donc en position d'interlocuteur privilégié. Je peux tenter la conversation avec des tendances fortes d'un coté comme de l'autre d'une opinion. Position inconfortable qui vaut d'être souvent catalogué comme "opposant"... des deux cotés. mais position enrichissante parce que bénéficiant de cette écoute "en stéréo" des points de vue des deux cotés. Et je pense aussi que cette capacité à dialoguer montre à des esprits partisans qu'on n'est pas nécessairement du coté opposé et qu'il existe, justement, une voie médiane.
 
Du coup... ben je ne sais plus si la neutralité est LA solution. Les médians ont un rôle qui ne prend sa saveur qu'en présence d'opinions plus marquées.
 
Ce qui est certain, et là je n'en démords pas, c'est que cette position médiane, fondée sur la capacité à douter, est beaucoup plus inconfortable que celle qui consiste à être sûr d'avoir raison. Parce qu'une fois qu'on a choisi son camp, il n'y a rien d'autre à faire que de suivre la ligne continue. Simple et carré!
 
Par contre, ce goût pour la nuance, cette faculté de remettre en cause ses impressions me semblent être un excellent chemin pour l'épanouissement personnel.
 
Je me rends compte, à l'instant, que les deux formes de dialogue qui m'absorbent correspondent à deux sphères d'échange. Autour de ce journal c'est tout ce qui est de l'ordre de l'intime, du ressenti. Les échanges se font en douceur, en sympathie. Nulle agressivité, nul extrêmisme. Je suis en relation avec des gens qui sont relativement "comme moi".
 
A l'inverse, sur les forums, j'échange dans une autre sphère, celle des opinions, en laissant de coté le partage de similarités. Je ne cherche pas à y établir de contacts plus personnels. Au contraire je préfère garder une certaine distance en me dévoilant le moins possible (mais on ne se refait pas et je me "lâche" de temps en temps).
 
Je crois que cette dichotomie entre les deux sphères communicantes tend à s'atténuer. Je dois apprendre à élargir les deux champs d'action, dans le but d'être davantage moi-même, à l'aise plus facilement, plus fréquemment.
 
Bon... j'ai librement dérivé de mon sujet, là...
 
Ce que je voulais signifier, c'est que dans les deux sphères je pense être modéré, mais dans l'une je m'épanouis en partageant en douceur alors que dans l'autre je "milite" pour la modération, espérant (vainement?) aider au dialogue entre les gens, donc à l'enrichissement mutuel.
 
Mouais... c'est peut-être ça mon problème: me sentir avoir un rôle à jouer (minime) pour favoriser la communication entre les gens. Parce que je crois vachement au pouvoir des mots. Ceux que j'écris ici pour moi, ceux que j'échange dans des relations privilégiées d'épanouissement mutuel, ou ceux des échanges d'opinion qui pourraient (devraient) participer à l'amélioration du monde.
 
Oui, je crois que j'ai mon tout petit rôle à jouer. Je m'en voudrais de ne pas le faire.
 
 

 
Intime ou opinion?
 
Samedi 3 juillet
 
 
 
Je passe beaucoup de temps en ce moment à me documenter sur le conflit Israelo-palestinien, dont j'entends parler depuis ma petite enfance. Pendant très longtemps je n'avais rien compris, sauf que c'était une situation très complexe, devenue inextricable. Pour moi, une chose était claire: Israel était menacé par le terrorisme et devait s'en protéger.
 
Peu à peu, notamment après les massacres de Sabra et Chatila, j'ai compris que quelque chose changeait. Sans bien savoir ce qui se passait, il était évident que l'armée Israelienne avait agit d'une façon inadmissible.
 
Puis j'ai suivi toujours sans bien comprendre les différents accords de paix... et leur enlisement perpétuel. Il y avait comme une mauvaise volonté qui faisait jour.
 
C'est assez récemment que j'ai mieux compris l'histoire de ce conflit, fondé sur l'installation d'un peuple sur une terre qui n'était pas la sienne. Les "méchants" Palestiniens avaient quelques raisons d'être amers. J'ignorais, il y a encore cinq ans, que les Palestiniens avaient été chassés de leurs terres manu militari.
 
Alors doucement je me suis intéressé à l'histoire de ce peuple, non pas envahi, mais chassé de chez lui par des arrangements internationaux qui se sont peu souciés de leur sort. Notamment, j'ai entendu des reportages de l'émission radio "Là bas si j'y suis", qui donnait la parole à des Palestiniens anonymes. Assez bouleversant en fait. Loin de l'image qu'en donnaient les médias grand public qui se bornaient à n'évoquer que le coté politique du conflit.
 
Depuis mon attention était plus soutenue et ma vision des choses nettement moins favorable à ce pays d'Israel victime du terrorisme.
 
Récemment, j'ai découvert, via Canclaux, le site Brest-Jerusalem d'Olivier Six. Presque au même moment, le journaliste Daniel Mermet qui avait réalisé le reportage que j'avais entendu sur la Palestine et Israel était mis en procés pour "Diffamation et discrimination raciale ou religieuse", et clairement accusé par ses accusateurs d'être «à l'origine d'une nouvelle forme d'antisémitisme» et de soutenir des thèses «diffamatoires ou provoquant à la haine».
 
Ayant moi-même entendu en partie lesdites émissions, ayant surtout entendu ses nombreux reportages depuis des années, notamment ceux évoquant les camps de concentration ou les ghettos juifs, j'ai été sidéré (et totalement incrédule) en apprenant ce procès.
 
C'est à ce moment là que je me suis rendu compte de quelque chose d'assez pervers: des gens qui se mettent à accuser d'antisémitisme les auteurs de toute critique envers l'état d'Israel. On a vu d'ailleurs récemment au sommet de cet état des responsables déclarer que la France était un pays antisémite.
 
Cette façon de faire tandancieuse, malhonnête m'a semblé particulièrement pernicieuse. Et plus je m'informe sur le sujet, plus je suis révolté. Et je n'ai pas été le seul puisque 15000 signatures de soutien ont été recueillies en une dizaine de jours, dont certaines prestigieuses.
 
Je ne vais pas écrire des chapitres la dessus parce que je le fais depuis un moment sur le forum que je fréquente. Je passe beaucoup de temps à glaner des informations sur des sites, d'un coté comme de l'autre, des acteurs de ce conflit Israelo-Palestinien. Et plus le temps passe, plus je vois une certaine mauvaise foi devenir flagrante. J'étais neutre, et il devient difficile de le rester...
 
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Moment d'hésitation...
 
Ce que j'ai écrit aujourd'hui n'est pas dans le ton habituel de mon journal. Dois-je le consigner ici ou créer un espace à part?
 
Suis-je un tout, ou bien des personnalités multiples? Est-ce le même celui qui livre habituellement ses pensées et celui qui polémique sur un forum? Ai-je envie de montrer cette dualité de personnages ici?
 
Voila un moment que je dis que j'ai envie de rassembler mes identités en une seule, et le moment venu je me demande s'il n'est pas préférable de les séparer. Préférable pour moi, afin de ne pas me sentir "cerné" de plusieurs cotés à la fois. Préférables pour les lecteurs qui peut-être n'apprécient pas forcément mes digressions...
 
Qu'en sais-je?
 
Et pourquoi ai-je peur de déranger ou décevoir mes lecteurs? N'est-ce pas avant tout pour moi que je suis censé écrire, et secondairement pour partager avec qui veut.
 
Devrais-je créer une section à part de ce journal, afin de tout de suite clarifier le contenu: intime ou opinion?
 
Pfff, que de questions je me pose...
 
Tout ça pour tenter de ne pas déplaire!
 
 

 
En panne
 
 
Jeudi 8 août
 
Il semble que ma dernière entrée et les hésitations qu'elle a suscitées ont été suffisantes pour me museler. Je savais que je ne l'avais pas mise en ligne, et n'étais pas pressé de le faire.
 
A l'instant, je m'apprêtais à la supprimer, tout simplement. Finalement, après l'avoir succinctement relue, je décide d'assumer et de la publier. En revanche j'ai supprimé un autre texte, parce qu'il parlait d'un de mes collègues diaristes et que ça n'apportait rien.
 

 

Ceci dit, je crois que je suis bel et bien en panne en ce moment. Besoin de vacances sans doute...
 
Je pars pour l'Italie dans deux jours, loin de ce qui m'accapare: le boulot... et internet. J'abandonne ces forums bouffeurs de temps. Je renonce à me poser des questions sur tout, les autres, moi. Basta! Envie de rien, de repos.
 
Nous ne savons même pas où nous allons. Juste quelques destinations projetées, sans date, sans durée (si ce n'est le retour dans deux semaines).
 

 

J'ai l'impression d'être au bout de quelque chose. D'une année un peu folle par la densité de communication que j'ai instauré sous diverses formes. Je me demande si à la rentrée ne va pas s'instaurer un nouvel équilibre. Comme si j'allais pouvoir enfin profiter des acquis récents constitués par une meilleure connaissance de moi, une image plus favorable, une (relative) insouciance sur ce qu'on peut penser de moi, davantage de confiance en moi afin d'oser exprimer mes opinions...
 
Bref, me rapprocher un peu plus près de celui que je me sens être.
 

 
Réflexions fortuitement fondamentales
 

 

Samedi 10 août
 
 
Un jour de plus!
 
Ouais, la vilaine pluie qui sévit en ce moment nous a fait décaler notre départ. Il eut été stupide de partir faire du camping alors que des pluies diluviennes sévissent là où nous devions nous rendre. Finalement, ce fut un jour tranquille pour terminer bien peinards les bagages. Pfff, c'est une corvée ces bagages...
 
Du coup... un jour de plus pour passer un peu de temps sur internet. J'ai continué à explorer les débats autour de l'action Israelienne et le traitement qu'en fait la presse, les critiques vis à vis de cette presse de la part de certains milieux juifs... Pas facile de se faire une opinion à coup d'infos-propagande d'un coté et de l'autre. Cependant, plus le temps passe et plus je vois clair dans cet écheveau fort complexe.
 
Je ne vais pas commenter ça ici, parce que ce n'est pas le propos. J'envisage de plus en plus sérieusement de faire un site à part, exclusivement consacré à mes opinons. Je ne crois pas, réflexion faite, qu'on puisse mélanger intime et opinion, dès lors qu'on s'engage un peu sur des sujets controversés.
 
Le problème c'est que j'ai un site en rôdage, mais je ne parviens pas à m'y tenir. Forcément, y'a pas d'autres lecteurs que moi... alors je manque de motivation. Mais je sens que quelque chose sortira un jour. Les forums c'est bien, mais ça ne permet pas forcément une continuité de la pensée.
 
 
En ce moment sur le forum de la CEV a lieu une discussion sur les critères d'acceptation d'un journal en son sein. L'objet du litige est double: une diariste qui exprime ses pensées en vers (poésie), mais sur un thème qui, apparemment, passe très mal pour certains membres: elle exprime sa foi en Dieu.
 
Il semble que certains ont refusé son adhésion simplement pour la forme poétique, qui n'aurait pas sa place sur la CEV. Ça se défend... Mais les poésies, d'après ce que j'en ai vu, exprimaient des évènements du quotidien, manifestement vécus par l'auteur. Quel problème y a t-il à s'exprimer en vers? Il y en a bien qui s'expriment avec des fautes d'orthographe ou des abréviations barbares entk...
 
Plus grave, et de nature à titiller mes convictions sur la tolérance, d'autres ont refusé le journal sur le fond. Parce qu'il parlait trop exclusivement de la foi en Dieu de cette femme. Oui, chaque poème était en quelque sorte une ode à Dieu, un remerciement pour tout ce que l'auteur ressentait comme d'essence divine favorable.
 
Que l'on ne partage pas cette foi "aveugle", je le comprends parfaitement. Mais ce que j'ai lu de sa part me semblait montrer un enthousiasme, un optimisme à toute épreuve dû à la force transmise par une foi très forte. Quelque chose de très positif dans sa façon de perçevoir le monde.
 
Or justement, cette foi est assimilée à un intégrisme fanatique qui serait "dangereux" et qu'il conviendrait de limiter dans son action prosélyte.
 
Là, hors forum, je dois dire que c'est une interprétation qui m'a choqué. Car pour combattre ce qui serait un intégrisme fantasmé, on risque d'imposer un intégrisme bien réel celui là: celui de décider ce qui est bon ou mauvais, digne ou non de faire partie de la CEV. Bien sûr chacun est libre de décider, c'est le but du vote auquel sont soumis les postulants, mais il y a des règles de choix. Et manifestement le refus pour les raisons qui ont été données n'entre pas dans ces critères.
 
Je découvre que la religion (bien souvent abusivement assimilée à la foi et inversement) à des opposants farouches, prêts à empêcher ceux qui croient d'exprimer cette foi. Autant je le comprends pour des véritables fanatiques qui entendraient donner des règles à suivre et feraient preuve d'intolérance, autant je ne le comprends pas vis à vis de ceux qui simplement disent ce en quoi ils croient.
 
Il me semble que le rejet de la religion est tel qu'il obscurcit la capacité de discernement en englobant dans un vaste amalgame tout ce qui à trait à Dieu. Ce n'est pas la première fois que je constate cette défiance, avec un mélange du passé et du présent, des actions de l'église il y a des siècles, des interdits du pape, de l'hypocrisie de certains pratiquants... Hop, tout ça bien mixé, dont on ne garde que le plus mauvais pour rejeter tout en bloc.
 
Manichéisme habituel au sujet duquel je vais bien devoir me faire une raison...
 
Si je suis du genre à trop me "prendre la tête", je crois qu'il y a beaucoup de gens qui décident un peu vite, et avec un peu trop de certitude de ce qui est "bien" et "mal", "blanc" ou "noir". Et il est amusant de constater que les mêmes peuvent être les premiers à critiquer ce comportement ches les grands de ce monde, notamment un certain président des USA, pour ne pas le nommer...
 
Cette incapacité à se rendre compte que nous reproduisons les comportements que nous entendons dénoncer (une variante de la paille dans l'oeil du voisin et de la poutre qui est dans le notre) me laisse toujours songeur: et moi, en quoi ne vois-je pas la poutre qui est dans mon oeil?
 
Moi qui si souvent suis surpris par l'intolérance des autres, quelle est la mienne?
 
Qu'est-ce même que la tolérance?
 
Où commence et où finit la liberté.
 
Questions infinies auxquelles je ne crois pas un jour trouver de réponses...
 
 
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En relisant mon texte, il me revient un souvenir en tête.
 
Si je dis "Témoins de Jehovah", je pense que tout le monde voit immédiatement ces gens qui viennent par deux, toujours bien habillés et très polis, qui essaient de nous fourguer leur revue "La tour de garde". Généralement ils sont éconduits sans ménagements (d'après ce que les gens en disent...) ou au mieux poliment, mais fermement.
 
Peur de quoi? D'être embrigadé de force dans cette "secte" (le terme me semble impropre)? Peur de perdre du temps? Peur de tenter l'aventure du questionnement? Je ne sais pas.
 
Pour ma part, j'ai essayé un jour le dialogue, il y a une dizaine d'années. Parce qu'il n'est pas dans mes habitudes d'envoyer promener les gens, je leur ai expliqué calmement que je n'étais pas intéressé. Par quelque questions habiles (ils sont très habiles, avec toutes les réponses déjà rôdées) ils sont parvenus à me pousser à m'interroger moi-même: pourquoi ne voudrais-je pas discuter avec eux? Etais-je vraiment convaincu par la religion qui m'avait été enseignée? Me convenait-elle totalement?
 
Rapidement je me suis rendu compte que je n'avais pas de réponse à donner à chaque fois. Nous avons du discuter une heure, sur le pas de la porte. Je ne voulais pas les faire entrer au début, puis nous avons gardé cette position peu accueillante pour le dialogue.
 
Que croyez-vous qu'il se soit passé? Et bien ils ne m'ont pas convaincu (généralement il faut de solides arguments pour me convaincre de quelque chose...), mais ils avaient réussi à placer le doute dans mon esprit.
 
Nous avons convenu d'un autre rendez-vous pour approfondir un peu. Oui oui, j'ai volontairement accépté qu'ils reviennent, vous avez bien lu! Et le manège s'est même reproduit plusieurs fois.
 
Je leur avait bien précisé que je n'entendais pas du tout suivre leur enseignement, que je ne souhaitais pas leur faire perdre leur temps, mais que nos discussions m'intéressaient et me faisaient me poser des questions. Ils étaient d'accord, malgré le risque clairement évoqué qu'ils repartent sans m'avoir convaincu.
 
Les discussions étaient très courtoises, mais opiniâtres. Nous ne cédions pas sur nos convictions respectives. J'étais en profond désaccord sur des points capitaux (comme le refus des transfusions) et trouvais leur vision de l'avenir extrêmenent naïve et cruelle pour ceux qui ne seraient pas "sauvés".
 
Je crois bien que devant ma détermination le jeune couple qui nous démarchait s'est senti un peu "juste". Il m'arrivait de les coincer et ils n'avaient pas les réponses à toutes mes objections. Un jour un "ancien" est venu accompagner notre démarcheur habituel. Il n'avait pas son esprit relativement ouvert et je n'ai pas du tout accroché avec son dogmatisme. Je préférais faire vaciller sur ses convictions mon jeune interlocuteur. Je le sentais plus humain. Pour un peu, je me demandais si je ne le faisais pas un peu douter. Mais je savais qu'il était repris en main au sein de sa communauté qui veillait à ce qu'aucun doute n'aie place.
 
Un jour, avec Charlotte (beaucoup plus passive que moi dans ces discussions, et moins patiente), nous avons même accepté (un peu en traînant les pieds quand même) de nous rendre à une de leurs "messes" (je ne me souviens plus du terme qu'ils emploient). Nous n'avançions plus vraiment dans nos discussions et notre interlocuteur nous assura que nous pourrions nous rendre compte par nous même de toute la ferveur, de l'amitié, et je ne sais plus quoi qui aurait pu nous enthousismer.
 
Expérience décisive... mais négative. Une espèce de pseudo réflexion sur la bible qui consistait en un prêche totalement convenu, sans aucune ouverture d'esprit. Mais le pire, ce furent les soi-disant "questions" que les témoins posaient "spontanément" (tu parles!) et auxquelles d'autre témoins tout aussi "spontanés" répondaient un texte récité par coeur! Rien qui ne dépassait, aucune initiative possible. Quant à "l'amitié" qui était censée régner, nous l'avons perçue comme des politesses de façade, des sourires plaqués... Nous avons été abasourdis de tant de conventions et de règles, avec un respcet dû aux anciens et une impossibilité manifeste de penser autrement que l'enseignement prévu.
 
Apparemment nous avions eu la chance d'avoir un interlocuteur encore peu imprégné, ou alors particulièrement ouvert à la discussion malgré ses convictions solides...
 
Nos rencontres ont céssé dès ce jour et nous lui avons expliqué que vraiment nous n'étions pas faits pour ce genre d'endoctrinement. Il à proposé de repasser nous voir six mois plus tard. Ce qui fût fait, mais sans enthousiasme. Nous lui avons dit que notre impression était inchangée et nous nous sommes quittés cordialement, lui l'air un peu déçu, nous bien contents.
 
On pourrait penser que nous avons perdu beaucoup de temps à discuter pour finalement en rester au point de départ et qu'il aurait mieux vallu les renvoyer dès le premier jour.
 
Mais ce serait trop simple!
 
D'abord, je peux maintenant parler des témoins de Jehovah en connaissance de cause (du moins pour la phase d'"approche") et démentir un certain nombre de faussetés énoncées à leur égard. Je suis aussi la preuve qu'on peut très bien discuter longuement sans risquer la conversion, ni le harcèlement ensuite. Mais c'est peu important.
 
Ce qui est à mes yeux importants, c'est qu'ils me les ont ouverts, les yeux, justement. Avec toutes ces questions que je me suis posées, les réflexions approfondies que nous avons eu sur la bible, la foi, la religion, Dieu, etc... c'est toute une remise à plat de ce que l'on m'avait enseigné que j'ai pu faire.
 
Je suis maintenant très clair sur mon rapport avec la religion catholique qui m'avait été inculquée et que j'ai pratiquée avec une certaine assiduité pendant toute ma jeunesse: je ne me sens plus en faire partie.
 
J'ai pu extraire ce qui me semblait sain, les valeurs en lesquelles je crois, et me défaire de tout un folklore dont je n'avais pas vraiment pris conscience auparavant. Sans adhérer à la religion des témoins de Jehovah, j'ai pu quand même prendre suffisamment de recul pour m'extraire de la mienne.
 
Et rien que pour ça, ça vallait la peine de discuter des heures.
 
Alors maintenant quand je lis tous les poncifs qui sont déballés sur la religion, l'endoctrinement, l'hypocrisie des pratiquants et autre généralités, je ne peux que me dire «ils ne savent pas de quoi ils parlent». Parce que la crainte vient de ce qu'on ne connaît pas, ou mal. Personnellement je n'ai aucune crainte vis à vis du prosélytisme catholique quand je vois dans quelle société informée nous vivons. Je me sens tout à fait apte à discuter avec des détracteurs de la religion, comme avec des adeptes convaincus. Parce que je suis passé d'un bord à l'autre, mais sans aucun rejet violent. C'est une longue réflexion qui m'a permis de bien mesurer les limites et les possibilités de la foi et de son moyen de transmission qu'est censée être la religion.
 
Je me situe dans une position entre-deux (médiane, comme j'aime à dire) qui me permet de regarder avec amusement les gesticulations verbales des partisans et détracteurs de la religion catholique. Avec extrapolations possibles à d'autre religions.
 
Et ça, dans un pays où les discussions sur la religion sont rarement évoquées (tabou surprenant, vu le poids de cette religion dans l'histoire de notre société), je ne regrette pas d'avoir pu le faire grâce à des interlocuteurs passionnés... fussent-ils Témoins de Jehovah.
 


 
 
Dérouiller les doigts
 
 
Lundi 26 août
 
Reprise de contact avec le clavier. Quelques hésitations avant de cliquer sur les icônes adéquates, fautes de frappe plus nombreuses qu'à l'habitude. Je ne pensais pas qu'en seulement deux semaines mes automatismes seraient déjà déréglés.
 
Deux semaines pendant lesquelles je me suis fort bien passé de cet ordinateur et des contacts internet. Non pas que je n'y ai jamais pensé, mais que lorsque ça m'arrivait (en passant devant des cyber-cafés par exemple) je n'y pensais que pour constater que je ça ne me manquait pas. Toutes les discussions en cours, les diverses bisbilles étaient devenues insignifiantes. Seules comptaient quelques personnes qui ont ma sympathie mais dont je ne m'inquiétais pas pour seulement deux semaines de silence.
 
Hier soir, un bon moment après être rentré, je suis allé voir mon courrier. 75 messages sur mes différentes boites. Au moins les 3/4 de pub, pas mal de mails professionnels, des avis de mise à jour. Aucun message perso. Il semble que tout le monde était en vacances ou au ralenti.
 
Lu le forum qui m'absorbait tant. Aucune envie de participer. Juste un petit message que j'ai commenté (c'est là que j'ai constaté l'engourdissement de mes doigts...).
 
Clic sur la CEV pour voir les derniers développements du forum puisqu'il y avait en cours une discussion sur la religion. Plus de forum sur la CEV! Aucune explication. Je file sur divers journaux susceptibles d'en parler et tous sont mis devant le même fait: fermeture sans préavis et sans explications.
 
Ça me gonfle! Cet autoritarisme infantilisant me fait puissamment chier. Que le forum ferme une nouvelle fois, soit, je peux le comprendre, mais que ce soit fait sans explications, alors là non, pas d'accord. D'autant plus qu'apparemment il n'y a pas eu de débats particulièrement houleux.
 
Bon, il semble que la CEV soit devenue quelque chose d'un peu trop grand. Eva exprime parfaitement ce que je peux ressentir. Voila des mois que je sais que cette communauté de diaristes ne pourra pas gonfler indéfiniment. Nous sommes trop divers dans notre approche du journal, de maturités trop disparates. Tout groupe tend à se diversifier, puis se dissocier. La CEV est un excellent outil recensant les diaristes francophones, avec un système d'information sur les mise à jour qui est précieux. Mais ce ne peut plus être un lien au sein d'une communauté qui n'existe plus (a-t-elle seulement existé un jour?). Une communauté n'existe pas seulement parce qu'on pratique une activité avec les mêmes outils, à savoir un clavier et internet.
 
J'ai longtemps utilisé ce terme de "communauté de diaristes", mais davantage comme un idéal que comme une réalité. J'espérais, en me fondant sur une certaine forme de diarisme, que nous pouvions former cette communauté, mais j'y renonce. Les liens ne se forcent pas. Ils se créent spontanément. Différents cercles qui se recoupent plus ou moins.
 
D'ailleurs, en lisant les "liens" que la plupart affichent sur leur site, on constate l'existence de ces différents cercle d'interlecture.
 
Le diarisme virtuel prend son essor, ce qui est bien normal. Il échappe de plus en plus à toute connaissance approfondie. Qui peut maintenant savoir ce qui se passe dans ce fourmillement en perpétuelle augmentation? Si Philippe Lejeune voulait maintenant rédiger un livre comme "Cher écran", il aurait forcément un ton radicalement différent. Le coté "petit groupe" n'existe plus. Il n'y a plus le diarisme virtuel, mais des diarismes. Et cette diversification ne s'arrêtera pas. Je ne sais pas si c'est forcément un avantage, mais ce qui est sûr c'est qu'il faut l'accepter comme tel.
 
Ce qui se passera certainement, c'est une multiplication des cercles, certains "officiellement" avec un site consacré, et d'autres informellement, par un jeu de liens entre journaux du même genre.
 
Je suppose que ceux qui suivent les webrings anglo-saxons peuvent prédire ce qui se passera pour nous autres francophones...
 
Je souhaite bon courage à ceux qui étudient de l'extérieur notre pratique et son évolution. Je pense particulièrement à mademoiselle O.
 
 
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Bon, en fait je voulais me laisser quelques jours avant de réinvestir le domaine internet et je constate que je replonge direct. Je pense quand même que je prends de plus en plus de recul.
 
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Coup de coeur du jour pour la section "Je parle trop" du journal d'Ann Enomy. J'aime beaucoup le ton entraînant de cette jeune femme. Ça pétille, ça va un peu dans tous les sens, c'est simple, spontané et bien écrit.
 
J'aimerai écrire avec cette spontanéité...
 
Ouais, ben ça ne tient qu'à moi!
 
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J'ai envie de changer des trucs dans ce journal. Bouger un peu.
 
Parfois je voudrais recentrer mes identités, d'autres fois je voudrais fractionner mes écrits. Contradictoire, comme d'habitude... Un site qui regroupe tout, ou plusieurs types de pages? Accessibles à tous, ou avec des publics différents?
 
Envie de davantage de liberté. Me libérer de moi, des contraintes que je me crée, pour plaire/ne pas déplaire. Fait chier...
 
Oups, ça m'a échappé...
 
J'aimerai trouver la liberté de ton, mais maîtriser l'écriture. Simple l'écriture, hein! Je ne me sens pas tenté actuellement par une forme élaborée. Juste un français à peu près correct. Mais libérer les mots, libérer le personnage.
 
Hrgggnnn, je sens que ça vient doucement, au fil des mois. Mais que c'est long! Faudra bien un jour que je me relise pour que je mesure le chemin parcouru (s'il y en a un!). Mais ce n'est pas encore le moment. Pas assez changé encore.
 

 
Y m'énerve l'aut'
 
Mardi 27 août
 
11 h 50
 
Je réfléchis au ton que j'ai employé hier, avec mes "fait chier!". C'est du langage parlé ça...
 
Question: peut-on rester spontané tout en voulant garder un langage correct, policé, lisible? Autre question: est-ce intéressant de laisser mes petites révoltes qui ne regardent que le petit monde des diaristes?
 
Euh... je commence vraiment à me dire que je devrais avoir différentes sections dans mon journal, selon la portée plus ou moins générale que je souhaite donner à mes écrits. Du genre textes aboutis et réfléchis d'un coté, et réflexions sur le vif ailleurs. Le problème c'est que les textes aboutis risquent de faire vachement le mec qui se prend au sérieux et qui s'imagine avoir un message important à délivrer. Un peu mégalo quoi...
 
Puis c'est pas évident à combiner avec une lecture au quotidien. Faudrait que je trouve un truc qui indique dans quelle section à lieu la mise à jour. Pis ça complique aussi pour la lecture d'un coup de plusieurs entrées...
 
Ouais, faut que je cogite ça encore.
 
Hop, je retourne à mon boulot d'un clic de souris.
 

 

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23h59
 
Bon, je voulais faire un petit compte-rendu de mes vacances, mais l'actualité diaristique m'en a empêché.
 
J'en parle ou j'en parle pas?
 
Boaf, ça se saura vite dans le petit monde des diaristes. Figurez-vous (ouais, je parle à mes lecteurs, y'en a qui croient que je me cause à moi tout seul...) qu'un forum de remplacement de celui de la CEV est apparu. Et sur ce forum, il est question de la critique des journaux des autres. Thème vachement original, n'est-ce pas? Et qui c'est qu'est pris pour inaugurer ça? Devinez un peu?
 
C'est un journal au style «pompeux et ampoulé à souhait», «réflexions pseudo-profondes qui bien souvent se résument en une suite de poncifs et autres lieux communs». Diantre, habillé pour l'hiver le diariste! Vous ne devinez pas de qui il s'agit? Attendez, parce qu'en en plus c'est «typiquement le diariste qui écrit pour les autres, sans vouloir se l'avouer."» Bigre, y aurait-il des diaristes qui n'écrivent pas pour les autres? Oui, sur papier en général. Mais si on écrit sur le net, je subodore que c'est parce qu'on a envie/besoin d'être lu.
 
Bon, vous avez reconnu celui que vous lisiez, je suppose. Vous avez vraiment des goûts de chiotte, désolé de vous l'apprendre... Et en plus vous vous êtes faits avoir, parce que vous imaginiez que j'écrivais que pour moi et que je savais même pas que vous étiez là à zyeuter derrière mon épaule. Raté!
 

 

Ben finalement, ça ne me dérange pas plus que ça. Enfin... pas trop. Ce qui m'inquiète c'est que ça me travaille quand même et que ça risque d'influencer ma manière d'écrire pendant un certain temps.
 
La preuve, déjà, c'est pas vraiment mon style là.
 
Y m'a énervé le gars.
 
Et puis comme il y a l'adresse de mon site, il se peut que des yeux curieux viennent se délecter des banalités ampoulées que je déverse ici. J'aime pas cette façon de faire. C'est parfois un peu charognard (oups, faut pas que je vexe d'éventuels futurs lecteurs).
 

 

Passons à une vision un peu plus éloignée. Je vais profiter de l'expérience pour dire ce que je ressens.
 
- modification indéniable de mon écriture. Je m'adresse à un double auditoire: celui des habitués et celui des curieux potentiels. J'aime pas la foule, j'aime pas quand l'attention se focalise sur moi.
 
- crainte du jugement de ces inconnus qui vont d'ailleurs tomber sur cette page qui n'est pas du tout représentative (en fait, j'aurais pu faire comme si rien ne s'était passé...)
 
- envie à la fois de dire "allez vous faire foutre" à ceux qui viendraient ici pour se marrer, mais aussi envie de toucher quelque chose chez ceux qui sont intrigués par la critique négative qui a été émise.
 
- pensée immédiate: si les journaux doivent être soumis à des critiques, l'envie de me mettre "hors-circuit" s'imposera rapidement. Parce que je sais qu'on perd sa liberté si on sent un environnement potentiellement hostile. Comment se sentir en confiance dans un journal introspectif si on sait que des gens se marrent en le lisant? Le pacte autobiographique c'est que justement la lecture se fasse "en sympathie", pour reprendre un terme de l'APA. On n'écrit pas pour se faire critiquer. Les critiques perdront leur objet d'existence s'ils s'y livrent.
 
- je me posais des questions sur l'opportunité de décerner des "oscars" à des journaux particulièrement bons selon divers critères, mais je n'ai jamais été favorable à des concours inverses, du genre "le plus mauvais". C'est absolument débile comme genre de truc. Irrespectueux de l'auteur, blessant, et très prétentieux pour celui qui se croit autorisé à le faire. La critique risque fort de tendre vers ce genre de travers.
 
J'en resterai là pour ce soir.
 
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A part ça, mes vacances étaient vachement bien. J'vous raconterai ça une autre fois.
 
P'tain (câlisse - ndt), y m'a énervé grave (en maudit - ndt) l'aut'...
 

 
La suite a donné un mauvais feuilleton qui a été mis à part.
 

 


Ce que j'écrivais il y a un an...

 

 

 

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