Mois de septembre 2002 - (1ere partie)
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Du 28 août au 7 septembre, ce journal est devenu un mauvais feuilleton qui a été mis à part.
 

 
Un petit supplément de vacances

 

Mardi 3 septembre
 
Hier matin, à la même heure, j'étais porté, enseveli, tourbilloné par les vagues d'une Méditerranée gonflée par le vent. Exercice vivifiant et amusant que de se confronter à ces murs d'eau face auxquels il est impossible de résister de front. Il faut savoir se protéger de cette violence prévisible, tantôt en l'accompagnant, tantôt en l'évitant.
 
Principe que je devrais appliquer plus souvent face aux adversités de la vie...
 
La veille j'étais avec un grand groupe d'amis, tous choisis, et nous avons prolongé jusqu'aux dernières limites l'ambiance du farniente et du bien être. Soleil sous les pins parasol, sable sous les pieds, tiédeur de l'air... La mer était à une température des plus agréables, de cette couleur hésitant entre le turquoise et l'émeraude. Une couleur que j'aime, assurément (un peu celle que j'emploie pour ce site d'ailleurs). Nous avons joui au maximum de ces éléments favorables, l'esprit décalé par rapport au quotidien que nous reprenons tous aujourd'hui. Imaginez... porté par une eau fraichement tiède, transparente. Discutant en nageant, détendus, riant. Plusieurs fois le mot de "paradis" est revenu. Même si ce paradis n'existe que parce qu'il est éphémère...
 
J'ai plongé un peu, parmi les rochers et les herbiers de posidonies (une sorte d'herbes sous-marines qui ondulent sous les courants).Voir des bancs de poissons briller dans le contre-jour des rayons de soleil qui traversaient la hauteur d'eau à peine bleutée avait quelque chose de magique. Simultanément je pensais au reste du monde, privé de cette vision superbe à ce moment-là... Je me sentais vraiment privilégié. Je suis resté un bon moment tout seul, plongeant à quelques mètres (en apnée, on ne va pas bien loin quand même), frôlant ces herbiers et les poissons de toute taille.
 
Vraiment très très bien.
 
Aujourd'hui c'est le retour à une autre réalité: temps plutôt maussade, frais. L'herbe à encore poussé en quelques jours, poursuivant cet été étonnamment verdoyant. Le plus jeune de mes fils a repris le chemin de l'école.
 
Demain c'est au tour de ma fille, pour une épreuve un peu plus difficile pour nous, ses parents: départ pour l'internat. On le sait depuis quelques mois déjà, mais cette séparation survient quand même plus tôt que nous l'avions envisagé dans le cours des choses. Nous la pensions avec nous pour encore au moins trois ans.
 
Elle va nous manquer cette grande fofolle qui nous fait rire avec ses élucubrations, ses plaisanteries, sa bonne humeur communicative...
 
L'aîné, quant à lui, est de moins en moins présent à la maison. Copains et copines l'accaparant bien souvent. Normal, c'était prévu... On a beau le savoir à l'avance, ce n'est que lorsque les choses se passent qu'on en prend vraiment conscience.
 
Dans peu d'années nous nous retrouverons tous les deux seuls. Point de ralliement d'une fratrie qui ne cessera de s'éloigner de nous. Comme nous-même l'avons fait avec nos parents.
 
Bien... mais nous n'en sommes pas encore là. Et chaque situation présente des avantages que nous saurons bien découvrir.  
 
 

 
 
Faits, émotions, opinions.
 
 
Jeudi 5 septembre
 
Avec l'anniversaire du 11 septembre, revient dans l'actualité ce moment si marquant. C'était prévu.
 
Inévitablement le souvenir de ce jour là s'estompe dans nos esprits. pourtant, bien souvent j'y ai repensé au cours de l'année écoulée. Fugitivement.
 
Là, je sais que nous allons replonger. Libre à nous de suivre le mouvement médiatique. Je sais que pour ma part je vais suivre quelques émissions à la télé. Ce matin j'ai écouté à la radio un homme rescapé qu'on avait beaucoup entendu il y a un an. Je ne l'avais pas du tout oublié.
 
L'écoutant raconter ses impressions un an après, et comme il vivait avec ça depuis, j'ai senti à nouveau ces vagues d'émotion m'envahir.
 
J'ignore pourquoi je ressens ce besoin impérieux de participer à tout ça. Je crois que c'est une nécessité pour moi de m'approcher d'une part du mystère de la vie et de sa fin. De ce qu'il y a dans nos consciences, de ce qui ressort en conditions extrêmes.
 
Je ne crois pas rechercher le sensationnalisme, mais plutôt percevoir ce que les gens ont pu vivre. Les survivants surtout, parce qu'ils ont vécu, nombreux, quelque chose qui aura changé leur façon de voir la vie. Il y a aussi dans ce désir d'imprégnation une envie de toucher à mes propres émotions. Participer à ce moment fou.
 
Il était dit dans l'émissions que la plupart des gens se souvenaient exactement de ce qu'ils faisaient quand ils ont appris la nouvelle. C'est le cas pour moi aussi. Mais j'ai aussi en tête un moment précis: ce que je faisais dans les dizaines de minutes qui ont précédé le moment où j'ai pris connaissance de l'évènement. Peut-être parce que c'était le dernier moment d'insouciance?
 
Je ne vais pas m'étaler sur le sujet, l'ayant très longuement fait l'an dernier. Et puis je sais qu'une part de la population à mal vécu cette médiatisation et ces émotions. Je sais aussi que cela a engendré des réactions surprenantes mêlant la politique américaine à son peuple. J'en ai eu la nausée et je n'ai pas envie de repenser à ça.
 
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Je cherche toujours comment fractionner mon journal en différentes rubriques. Du genre "Diarisme", "Opinions", "Introspection", etc...
 
Mais d'une part je crains que la séparation ne soit pas toujours évidente à faire, et d'autre part je suis un tout et n'ai pas envie de disperser ce que j'ai écrit dans ma même journée.
 
Mon problème c'est que j'ai peur de lasser mes lecteurs lorque ça ne les intéresse pas. Oui, je sais: on peut toujours zapper...
 
En attendant, je vais tenter de réitérer ma tentative de colorier les textes différemment.
 
Noir pour l'intropection, l'émotionnel, et le contenu général
Bleu pour le diarisme
Gris pour les opinions (oui, gris c'est bien, entre le noir et le blanc)
 
On verra bien si c'est lisible...
 
Et pour les "opinions émotives sur le diarisme" j'écrirai en mélangeant tout, na!
 
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Je suis en train de prendre conscience d'une faille importante dans celui que je suis. Une faille dans laquelle s'engouffrent souvent ceux avec qui je suis en opposition: je ne sais pas assez de choses.
 
Je raisonne trop souvent avec des impressions, des intuitions, mais sans la solidité d'arguments issus d'un savoir élargi.
 
Je mesure très bien l'étendue de mon ignorance et c'est ce qui me met en position de doute permanent. Doute qui m'empêche d'affirmer avec suffisamment de conviction face à des gens qui, eux, ne doutent pas de leur savoir. Même s'il est aussi très lacunaire, ou orienté, ce qui revient au même.
 
Beaucoup de gens (moi aussi?) s'expriment tels des perroquets, rabachant diverses idéologies, semblant être incapables d'entendre un son de cloche opposé. C'est flagrant sur les forums.
 
Or il n'y a que peu de choses que l'on puisse affirmer avec certitude: des faits et des sensations. Aucune opinion ne peut prétendre être "vraie" ou "bonne", et est donc contestable. Les faits ne le sont pas. Les émotions ne le sont pas non plus.
 
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Je tâtonne beaucoup en ce moment. Je pose des jalons de réflexion, en vrac. J'ai l'impression qu'il se produit, depuis quelques mois, un changement important en moi. Une prise de conscience de moi-même, des autres, et des relations entre les gens. C'est encore très flou.
 
Le fait que je le fasse en présence de témoins à beaucoup d'avantages: lorsque je me fourvoie on me le signale. Avec plus ou moins de tact et de justesse.
 
 

 
Vendredi 6 septembre
 
 
(...)

Rien à voir, mais je tiens à le préciser pour éviter les jugements hâtifs: j'ai regardé le documentaire américain sur le 11 septembre (Memoriam) et j'ai été assez surpris par ce patriotisme larmoyant et l'éloge inconditionnel du Maire de New-York. On mesure combien nos cultures sont différentes sur ce point.

 
C'est pas une raison pour juger que ce patriotisme, ce drapeau omniprésent et ce "God bless America" sont ridicules. On ne partage pas la même culture, c'est tout.
 
Qui s'est offusqué d'entendre la Marseillaise chantée sous des drapeaux bleu-blanc-rouge pour se réapproprier ce qu'un Front National menaçant nous avait volé?
 

 
 

Interlude ...

 

 
 


 
 
... gloups...
 
Lundi 9 septembre
 
17h30
 
Ahem... hmmm... euh oui, je reprend mes habitudes. Changer d'attitude, retrouver un peu de sérénité et de recul.
 
J'écris, mais je sais que je ne mettrai pas cette entrée en ligne aujourd'hui. Pour être certain de ne pas sentir de pression.
 

 

Ça y est, j'ai cuvé ma cuite. Déssaoûlé. Fini la bagarre.
 
J'ai plein de choses à écrire, pour analyser ce qui s'est passé. Et surtout pour en tirer des enseignements. Ça risque d'être long, alors je le ferai en plusieurs épidodes.
 
Ce qui est sûr, c'est que lorsque j'ai retiré mes pages "honteuses", je me suis senti bien, mais bien... Un vrai apaisement. J'avais l'esprit libéré de cette tache noire qui l'avait envahi en quelques jours. J'ai pu partir l'esprit détaché pour aller manger chez ma copine Zoé et son mari (avec ma femme et mes enfants, faut que je précise!). Belle Zoé, toujours aussi séduisante... Et avec une tournure d'esprit qui me plaît tellement (autrement dit: une connasse pour ceux qui me jugent comme tel... oups, ça m'a échappé).
 
 
... bon, ben je suis pas encore mûr pour écrire. Alors je reporte.
 
Quand même... faut que je dise que ça me préoccupe tellement toutes ces remises en questions (et divers évènements aussi élégants que la menace de divulguer ma véritable identité sur un forum), que je suis dans l'incapacité de travailler correctement. Le moindre instant durant lequel ma pensée n'est pas sollicitée est une faille dans laquelle s'engouffrent avec pression tous mes questionnements. Je m'efforce ce colmater chaque brêche, mais il faut bien que je me résolve à laisser sortir quelque chose quelque part. Alors j'écris en privé, ou bien je m'informe sur la soit-disant "inconnue" qui me veut du bien...
 
Bon, j'en parlerai ultérieurement.
 
_
 
 
Ce journal est devenu un piège. Je suis devenu incapable d'écrire pour moi. Je ne supporte pas de savoir que des yeux "ennemis" puissent me lire et traquer mes failles.
 
Je serais tenté de me justifier, de m'expliquer dans tous les sens, pour répondre à une éventuelle attente d'hypothétiques lecteurs possiblement indécis sur moi. Envie de les garder, de les faire basculer de "mon coté".
 
C'est con, je sais, mais de m'avoir mis en position d'accusé a déclenché cette situation. Je n'en veux pas à mon premier critique qui ne pouvait pas soupçonner ce que ses lignes allaient déclencher comme tornade dans ma tête.
 
Je voudrais ne plus parler de ça, oublier.
 
C'est pas que j'aille mal dans ma tête, mais je suis très très absorbé par la situation. Ça m'empêche de travailler, ça bouffe trop de temps de ma vie.
 
Le piège du journal, c'est que j'ai envie de m'y confier, mais que de le faire engendre un processus d'autogénération de l'écriture. Parce que je me sais lu (même si ce sera en différé) et que je passe mon temps à m'auto-justifier. Et j'écris sur mes réactions, j'écris sur mon écriture, j'écris sur mes réactions en écrivant. J'écris, j'écris, j'écris... et je m'y noie.
 
Ce journal étant devenu mon éxutoire, mais aussi un lien socialisant, ce qui m'est arrivé était la pire chose (oui, toute proportions gardées, bien entendu). En mélangeant mon petit monde intime avec un éclairage brutalement braqué sur moi, il était évident que cela modifierait mon écriture. Mais avec un éclairage négatif, c'était la catastrophe. Double lectorat, dont je ne connais ni la proportion de favorables, ni surtout l'importance qui est accordée à mes écrits. Du coup, je ne sais plus à qui je m'adresse. Ce qui est certain, c'est que ce n'est plus à moi. Je ne fais que déverser à outrance, vomir lamentablement, me vider sans pudeur dans un flot insipide et grossier.
 
Pfff, même ces mots, ils ne sont pas de moi. C'est celui de quelqu'un qui se sent observé.
 
Je sais que je vire à la parano, parce que je suppose (je sais) qu'il n'y a que pour moi que ce que j'écris est signifiant. Et encore...
 
Je sais même plus pourquoi j'écris.
 
Mais faut pas croire, à part ça je vais bien. C'est pas la déprime (euh... un peu quand même). Je vais bien avec ma famille, je vais bien avec les gens avec qui je suis en contact en coulisses, je vais bien face à ceux qui s'en sont pris à moi. Il n'y a que face à des supposés lecteurs inconnus silencieux (bref des fantômes ou presque) que je me sens redevable d'explications.
 
Comme si ma vie les passionnait! Tu parles...
 
Faut vraiment que je m'extraie de ce journal un certain temps.
 
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00h05
 
Hop, une petite dose d'écriture. Je ne sais même pas pourquoi. C'est nul. Trop de chose à dire, je ne saurais par quoi commencer. Et puis à quoi bon.
 
Des jours que ça usine dans ma tête, sans que rien de bien clair n'en sorte. Des pistes, qui en ouvrent d'autres, indéfiniment.
 
Les autres, l'hypocrisie, les saloperies, le dogmatisme.
 
Moi, mes petites bassesses, mon surdimensionnement du rien, mes déprimes pour du vide.
 
Trop de chose à dire, vraiment trop. Je ne suis pas encore prêt. Il faut que ça décante encore. Mais je veux me vider au plus vite de cette accumulation de pensées en vrac. Faut faire le tri là dedans et en balancer les trois quarts. Au moins.
 
Euh... bouchez vous les yeux, je vais me défouler...
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 
 

MEEEEERDE!!!!!!!

 
Me font chier ceux qui veulent me dire si je pense comme il faut!!
 
Merde aux "mal-pensants", ils me font chier!!!!!!
 
Merde merde merde et merde de merde!
 
 
(Sous-titrage: Câlisse de ciboère de tabarnak de criss de marde de viarge!)
 
 
 

 

Hum... voila, je reprends mon calme. Vous voyez bien que je ne suis pas encore prêt à mettre en ligne. J'attendrai le temps qu'il faudra.
 
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Coup de coeur du jour: Etoile fuyante
 

Confrontation interne
 
 
Mardi 10 septembre
 

 

Réaliste: Bon, qu'est-ce que tu nous fais là? Tu es encore en train de rentrer dans ta coquille, en train de te cacher, parce que tu n'assumes pas d'être celui que tu es.
 
Idéaliste: Euh...
 
R: Alors comme ça, à chaque fois que quelqu'un va être en désaccord avec toi et le manifestera bruyammment, tu vas fuir?
 
I: Ben... non, je n'ai pas fui, puisque j'ai répondu. C'est après, quand les attaques s'intensifient, que je me sens incompris et que je préfère me faire discret. Et puis je me sens en tort parce que j'ai cédé à des pulsions mesquines pour me défendre.
 
R: Pulsions mesquines? Tu veux parler de ces actes de petite vengeance envers ceux qui se moquent de toi? Mais c'est bien normal, tu n'allais pas rester à recevoir des coups sans broncher.
 
I: Ben j'aurais aimé avoir suffisamment de sagesse pour ne pas rentrer dans leur jeu. J'aurais pourtant dû savoir comment faire, puisque ce n'est pas la première fois qu'on m'attaque comme ça, pour ce que je représente.
 
R: Mais tu sais pourtant bien que ces gens qui t'attaquent sont toujours du même genre: des doctrinaires gauchisants, incapables d'avoir une vision ouverte et tolérante envers ce qui provoque en eux une répulsion viscérale. A savoir tout ce qui tient de la morale, des valeurs historiques de notre société.
 
I: Ben oui, c'est ce que je constate à chaque fois. Parce que c'est toujours le même discours et les mêmes mots qu'ils emploient "bien-pensant, bourgeois, moutons soumis aux médias"... Je sais bien que toute discussion sur ce terrain-là est impossible avec eux. Du moins... je l'apprends peu à peu.
 
R: Il va te falloir combien de temps pour savoir commment réagir avec eux, c'est à dire en ne leur répondant pas? Tu vois bien que dès que tu te tais, tout retombe. Ils ne se nourrissent que de ta révolte, jubilant de te voir t'enfoncer dans ce que justement ils rejettent: sensibilité, émotion, bonne foi et surtout, par dessus tout, l'idée de "respect" que tu revendiques.
 
I: Je sais, je sais... mais ça dépasse tellement mon entendement que je retombe dans le piège à chaque fois. Mais quand même, je réagis beaucoup plus vite maintenant, puisque je connais leur système d'attaque. Et si je me remets en question, c'est plus sur mon attitude que sur mes valeurs. Que l'on me traite de menteur ne me touche plus, parce que je n'ai rien à prouver là dessus. En revanche, je me pose toujours des questions sur le fond des reproches. "Moralisateur", par exemple, ça m'a fait beaucoup réfléchir.
 
R: Mais tu sais bien que tu ne fais que défendre avec conviction les valeurs qui te semblent capitales. Tout le monde ne les partage pas, mais ce n'est pas grave. Beaucoup de monde les partage aussi. Il n'y a pas de honte à dire ce en quoi l'on croit. Regarde les, eux, qui te donnent des leçons, crois-tu qu'il ne te font pas la morale en te disant ce qu'il convient de faire ou ne pas faire? Morale inverse, certes, mais morale quand même. C'est la morale de l'anti-morale.
 
I: Oui, mais quand je leur dit ça, ils rigolent et disent que le "cécuiquidiquié" est pitoyable.
 
R: Et alors? Qu'ils soient aveugles sur eux-mêmes n'implique pas que tu te trompes. Je vais te dire un truc: ces gens-là sont très minoritaires, partout, mais ils s'expriment avec beaucoup de véhémence et font du bruit comme quatre! Partout, sur tous les forums, on retrouve ce genre de personnes. Ils font chier tout le monde et pourrissent les débats sous prétexte qu'ils combattent les "bien-pensant". Et au nom de ce combat, ils s'arrogent le droit de dire ce qui est bien ou mal, mais surtout interdisent à ceux qui auraient moins d'arguments tout prêts, ou moins d'idéologie en tête, ou qui seraient un peu timorés, de donner leur point de vue. Ces doctrinaires de gauche, aussi virulents et bornés que des doctrinaires de droite, ont des idées qui paraissent tolérables et ne se privent pas d'exercer autant de mini-dictatures que celles qu'ils se sont mis en tête de combattre. Au nom de la liberté d'expression (la leur), ils baillonnent celle des autres.
 
I: Je sais bien, et je le répète souvent, mais ils y sont sourds.
 
R: Pardi, on n'aime pas voir un miroir qui renvoie une image laide! Et plutôt que de vouloir changer l'image, ils préfèrent casser le miroir.
 
I: Mon problème, c'est que je me remets trop en questions à chaque fois.
 
R: Je ne te le fais pas dire!
 
I: Au début, je résiste, mais face aux attaques continues, je suis de plus en plus touché. Parce que ce n'est pas à mes idées que l'on s'en prend, mais à moi-même, qui les représente. On me rejette en tant que personne, on me juge négativement. Et ça m'est très difficile à supporter.
 
R: et du coup tu en fais toute une histoire...
 
I: Ben oui...
 
R: Et tu ne sais pas encore qu'ils s'en foutent de ce que tu ressens? Pour eux tu es un con, point final. Même s'ils ont pu t'apprécier auparavant, il a suffi que tu aies émis des idées qui les révulsent pour qu'ils te rejettent en entier, oubliant tout ce que tu peux être par ailleurs. Je vais te dire une chose: ces gens sont des intolérants. Des fondamentalistes. Et tu sais ce qu'on peut craindre de personnes comme ça...
 
I: oui, j'ai bien vu puisque l'une d'entre elles a proposé de dévoiler mon identité. Parce qu'elle sait que c'est quelque chose que je craignais beaucoup. Elle a voulu me faire mal, volontairement, en toute connaissance de cause.
 
R: Quand on fait l'analogie avec ce qui s'est passé il y a un an à New-York, ça fait froid dans le dos...
 
I: Oh ben non, quand même, ce n'est pas comparable!
 
R: Evidemment, aucune commune mesure mais... réfléchis un peu au principe. On déteste les idées que représente un individu, ou un pays, et on menace de le frapper où ça fait le plus mal? Tu ne vois pas l'évidence de la ressemblance?
 
I: "Comparaison n'est pas raison"
 
R: Tssss, sottises! Tout n'est pas comparable, mais en terme de principes, si. "Qui vole un oeuf vole un boeuf"
 
I: il est vrai que je raisonne beaucoup en principes...
 
R: Tu es un homme de principes!
 
I: Pour les principes auxquels je crois, oui. Parce qui si on ne réagis pas selon ses principes, alors on est incohérent avec soi-même. On triche avec soi-même et avec les autres. On est faux.
 
R: Beaucoup des gens qui se permettent de t'attaquer sont faux. Mais ils refusent de s'en rendre compte. Vois le nombre de gens qui crient à la tolérance envers les différences, mais qui eux ne tolérent pas des idées différentes des leurs. Le racisme ne s'exerce pas seulement en fonction des couleurs de peau, mais aussi selon les couleurs d'idées.
 
I: Comme par exemple quand on traite les autres de "beaufs", avec tout le mépris qui s'y rattache...
 
R: Exactement. C'est du "racisme". Mais ne t'avise pas de le dire, tu serais rejeté avec violence. Parce que tu te permets de "faire la morale" à des gens qui refusent de voir qu'ils font simplement, bêtement, partie des humains avec ce qu'il a de pire. Le meilleur, s'il ne reste que dans les idées, ne vaut pas grand chose. C'est dans les actes qu'on juge les gens. Et si on regarde les actes de ceux qui t'ont attaqué, particulièrement la dernière, ce n'est pas joli joli...
 
I: Carrément pourri
 
R: Bon, venons-en à toi. Pas forcément joli tout ce que tu as fait.
 
I: Euh... je sais... Je regrette de m'être laissé aller. Pourtant, je crois que c'était nécessaire. Il fallait que je mette un bouclier, mais aussi que je décoche quelques flèches, pour évacuer ce que je ressentais.
 
R: Forcément, puisque tu te montrais sous tous tes cotés, tu ne pouvais simuler l'indifférence. Il aurait fallu que tu cesses ton journal dès que tu as été attaqué.
 
I: Oui, mais au départ j'ai bien résisté. Je ne savais pas à quel point l'attaque m'avait fragilisé. Comme ces deux tours atteintes, que personne n'avait pu imaginer s'effondrer dans un tel fracas. L'impact initial semblait proportionnellement assez limité. Touché au coeur, on perd parfois toute résistance.
 
R: Alors tu aurais du cesser dès que tu sentais que tu "dérapais", notamment en nommant tes agresseurs et en mêlant le public et le privé...
 
I: Mais comment faire pour ne pas les mêler en écrivant un journal intime-public? Cesser le journal, c'est à la fois nier toute cette démarche de transparence, nier cette recherche de moi qui se fait grâce à cette présence de témoins de mon cheminement, nier ce que je ressens. C'est aussi abdiquer devant ceux qui me reprochent mes idées. Je ne savais comment faire
 
R: Hmmmoui... la situation était effectivement assez complexe.
 
I: Soit je me réfugiais dans le silence, privant aussi les lecteurs d'un témoignage que j'estime important pour l'ensemble du diarisme, soit au contraire je témoignais en "direct-live" ce que je ressentais. Mais avec le risque de surinformation. Tout comme cela s'est passé pour le 11 septembre, puisque l'analogie est récurrente...
 
R: Tu parles de façon un peu grandiloquente, là, non? C'est quoi "l'ensemble du diarisme"? Te sentirais-tu avoir un rôle à jouer là desdans?
 
I: Un rôle comme nous en avons tous un. Chacun de nous apporte sa petite pierre à quelque chose qui se construit. J'estime aussi apporter quelque chose, comme d'autres ont apporté avant moi et d'autres le feront après.
 
R: attention, tu frises les lieux communs...
 
I: Oups... oui. Ce que je veux dire c'est que ce qui s'est passé, avec mon exemple, est un élément de plus à apporter à cette éternelle querelle sur le droit ou non à critiquer publiquement un diariste.
 
R: Je ne pense pas que ça change quoi que ce soit...
 
I: Non, certainement pas. Pas plus que dans l'histoire telle ou telle bataille n'a empêché qu'il y en ait de suivantes. N'empêche que toutes ces batailles ont chacune influé sur le cours de l'histoire.
 
R: Faut quand même pas comparer le diarisme et l'histoire!
 
I: Ben... on construit bien, jour après jour, l'histoire du diarisme, non? Ce micro-évènement aura certainement renforcé les convictions des uns et des autres, ou fait changer d'avis, ou fait douter. Bref, cela n'aura pas été inutile, il me semble. Alors que le silence de ma part aurait été inutile. Il n'aurait concerné que moi.
 
R: Ah bon, parce que tu crois que là beaucoup de monde s'est senti concerné? Très peu en ont parlé dans leur journal, c'est dire l'impact que ça a pu avoir!
 
I: Je sais bien... j'allais visiter un peu partout ce qui pouvait en être dit. Effectivement, on pourrait en déduire que ça ne touchait pas grand monde. Mais parmi ceux qui n'en n'ont rien dit sur leur journal, il y a eu ceux qui ont commenté sur le forum. Ce n'est donc pas significatif. Et puis le forum a été suivi, tout comme ce que j'en ai dit ici et ce que d'autres ont commenté. Tout ça fait que le micro-évènement aura une portée.
 
R: Ce qui est certain, c'est que la critique des journaux reviendra sur le tapis.
 
I: C'est une évidence.
 
R: On t'a accusé d'en faire trop, de vouloir attirer des lecteurs...
 
I: Foutaises! Cette idée de vouloir attirer des lecteurs ne germe que dans l'idée de ceux qui le recherchent! Bien sûr que j'ai envie d'être lu, mais m'accuser d'en faire trop pour attirer les lecteurs, c'est vraiment n'importe quoi. Au contraire, ça m'a complètement perturbé. Au point que je précisais dans les mails de ceux qui me découvraient que ce n'était pas mon journal normal. Je craignais de les effrayer avec ce ton qui n'est pas le mien.
 
R: Pourtant, c'était bien toi qui t'exprimais...
 
I: Oui, mais pas moi dans mon état normal. Je ne refuse pas cette part de moi, je ne refuse même pas qu'elle soit sue puisque je ne la cachais pas, mais c'est un état que je refuse de laisser sortir. C'est un mauvais coté de moi et je ferais tout, toujours, pour le maintenir contenu. J'aurais très bien pu aller beaucoup plus loin en descendant mes adversaires, et notamment cette inconnue tout à fait hypocrite et menteuse, mais à quoi bon? J'estime que je suis déjà allé à la limite, notamment en donnant mon avis sur Henri.
 
R: Au moins, tu n'as pas eu peur de donner cet avis...
 
I: Si, quand même, puisque je sais que pas mal de personnes qui me lisent l'apprécient. Peut-être qu'elles l'apprécient moins désormais, mais Henri doit aussi assumer des actes. Chacun sera juge en ayant les pièces en main...
 
R: Bon, bilan de tout ça?
 
I: Positif! Comme toujours, je vois avant tout le coté positif des choses, une fois que c'est terminé. J'ai avancé d'une façon extraordinaire.
 
R: Tu donnes des arguments en faveur des critiques là...
 
I: Non, parce que tout ce qui m'a été dit aurait pu être fait en privé. Ceux qui l'ont fait ont manqué de courage pour s'adresser directement à moi. Ils ont préféré se donner de l'importance en rabaissant quelqu'un. C'est méprisable. Personne n'a voulu agir pour mon bien, même si moi ça m'a fait du bien... après m'avoir fait du mal. Manu a voulu jouer au petit contestataire en se payant une "tête d'affiche", il a balancé son truc sans envisager les conséquences de son acte. C'est un gamin. Irresponsable, donc je ne lui en veut pas vraiment. Ses arguments ont montré qu'il avait peu réfléchi, il s'est discrédité tout seul, à mes yeux. Henri, lui, a agi sous ses pulsions idéologiques qu'il n'a pas su contenir. Le comique s'est perdu sous le doctrinaire. En mélangeant les deux il a démontré qu'il n'était pas à la hauteur du rôle d'aiguillon qu'il entendait se donner. Pire, il a fui les discussions avec un mépris qui ne le grandit pas. Tout le monde sait qui est Henri dans la vraie vie. C'est d'autant plus surprenant. Bon, peut-être traverse-t-il une mauvaise passe et je pourrais alors le comprendre. Ce qui reste assez surprenant c'est qu'Henri est passé par un épisode qui l'a affecté lorsque une abrutie à dévoilé sa double identité publiquement. Qu'il n'ait pas su éviter l'écueil de la critique publique de mon personnage, ça, je ne me l'explique pas. Quand à l'inconnue, c'est... J'en reparlerai. Parce que cette soit-disant inconnue, je l'ai finalement facilement démasquée. Oh, pas avec une certitude absolue, puisque je n'ai aucune preuve, mais avec 99,99% de chances. Ce qu'elle m'a fait est écoeurant, au delà de ses attaques minables anti-bourgeois.
 
R: Dis-donc, quel réquisitoire!
 
I: Oui, j'en ai marre d'encaisser sans rien dire (euh... façon de parler). Mais je suis sans haine envers ces gens. Déçu, oui. Peiné de ces comportements humains que je désapprouve, que je combat avec mes petits poings serrés, dans un combat dérisoire.
 
R:...
 
I: Le deuxième aspect positif de tout ça, c'est que j'ai touché de près à des comportements très humains: mesquinerie, bassesses, cruauté, sadisme. Ah, la jouissance de voir l'autre souffrir! Oh oui, ce n'était qu'à toute petite petite échelle, mais à mes yeux, ceux qui sont capables de le faire à cette échelle microscopiques ont de bonnes prédispositions pour aller plus loin en d'autres circonstances.
 
R: Oh la, attention...
 
I: Je sais, transposer est hasardeux. Mais je préfère être en présence de gens qui eux ne le feraient pas à toute petite échelle, parce que dans des circonstances exceptionnelles, ils agiraient avec moins de zèle, de promptitude et de détermination que ceux qui sont déjà "habitués" à le faire à petite échelle
 
R: Tu penses à des conditions de guerre ou autres crises majeures?
 
I: Parfaitement! S'en prendre à quelqu'un pour ses idées, l'attaquer personnellement, le mépriser lui et sa souffrance, c'est quand même pas à la portée de tout le monde. On se demande toujours ce qui transforme de paisibles personnes en bourreaux, mais que sait on de la paisibilité réelle des gens? Quand leur agressivité se réveille contre quelqu'un qui à le seul tort de leur déplaire, on peut se demander si ces gens sont vraiment paisibles.
 
R: Là, tu vas déclencher des réaction vives! C'est du procès d'intention!
 
I: Je ne fais de procès d'intention à personne et n'insinue pas que mes trois détracteurs soient capables d'atrocités. Je dis que leur seuil de déclenchement d'insensibilité à la souffrance d'autrui est supérieur au mien. Il m'en faudrait infiniment plus pour que je m'en prenne à quelqu'un comme ils l'ont fait. De là, je trouve une explication à des comportements qui me dépassent, à savoir comment peut-on passer de la civilisation à la barbarie. Simplement parce que des gens décident que telle chose est souffrance ou pas, justifiée ou pas.
 
R: C'est hasardeux...
 
I: Possible, mais j'aime avoir une explication aux choses. Celle-ci rationnalise l'irrationnel.. Nous sommes tous différents, pourquoi certains n'auraient pas des comportements qui les prédisposent à dériver plus vite que d'autres.
 
R: Là, tu cherches à fuir tes propres démons intérieurs.
 
I: Possible... mais j'ai justement besoin de savoir ce qui pourrait faire que mes démons surgissent dans des circonstances où on peut perdre son discernement. Je ne peux pas savoir comment j'agirais, mais en songeant à ce qui me semble "impossible" hors de ces circonstances, en constatant que certains franchissent déjà, en temps normal, des limites intangibles pour moi, j'essaie de mesurer nos différences de réaction. Que faudrait -il comme circonstances pour que je me mette à mépriser l'autre et sa souffrance?
 
R: Hmmm...
 
I: Pour ma part, je ne vois que des atrocités commises envers mes proches, ou des injustices terribles pour que je ressente le désir de m'en prendre à autrui et le faire souffrir volontairement, par esprit de vengeance. Mais de là à m'en prendre à quelqu'un parce qu'il à le tort de représenter des idées qui ne sont pas les miennes!!! Non, ça me semble impossible. Pour d'autres, ça ne l'est pas. C'est tout ce que je constate. Et ça m'éclaire.
 
R: Il faudrait que tu en débattes.
 
I: Je crois que c'est impossible. Parce que les personnes concernées diraient toujours "Ah mais c'est pas comparable". Pour moi, qui raisonne en principes, tout est comparable sur ce plan, je le répète. Mais le miroir est trop laid...
 
R: Je ne saurais quoi dire...
 
I: Peut être parce qu'à ce point l'idéaliste et le réaliste sont aux limites du questionnement intérieur.
 
R: Probablement...
 
I: Je recherche toujours ce qui est en nous, ce qui nous est commun et ce qui nous différencie. C'est à la source de tous mes questionnements. Je sais que je ne parviendrais jamais au bout, mais j'ai besoin d'explorer sans cesse. C'est pour ça que j'ai cette soif de communication. Débattre, encore, encore. Avancer ensemble, mieux se connaître soi-même et mieux connaître les autres. Maisdébattre sur les idées, pas sur les personnes. Argumenter au mieux, mais sans céder à l'attaque de l'autre. Attaquer c'est un échec. Tout viendra par le dialogue, c'est une conviction profonde que j'ai. Cet été j'ai été à Florence, ville d'art extraordinaire. Berceau de la rennaissance dans lequel on ne peut qu'être saisi par tant de talents déployés. Ville dans laquelle on sent vivre l'histoire. Nos racines sont là. Et bien ce qui a fondé la magnifiscence de cette ville, ce qui a fait sortir du moyen-âge une Europe guerrière qui ne progressait pkus depuis des siècles, c'est "l'invention" d'une arme très efficace pour ceux qui n'en possédaient pas: l'art de la diplomatie. La famille Médicis notamment, et toutes les familles qui voulaient rendre la ville florissante de commerce, n'avaient pas de puissance militaire. Ils sont donc "inventé" le compromis, la négociation. Donnant-donnant. Protection contre part des richesses. Les échanges ont prospéré, le commerce, les arts. L'argent et le temps qui n'étaient pas dépensés dans les guerres à pu aller à cette profusions de richesses dont tous ont peu profiter. Alors quand je vois des gens qui refusent le dialogue, la discussion, le consensus, je me dis que ce sont des comportements archaïques. Comportements bellicistes arriérés, comme le montre notre ami Mr Bush. Et quand on sait que parmi ceux qui combattent cette façon de faire il y a bon nombre de militants gauchisants, celà a de quoi faire dresser les cheveux sur la tête. Hélas, les leurs de cheveux se dressent contre d'autres idées, telles que ces valeurs que sont le respect et le "bien-pensant". Et bien moi, cette aveuglement sur soi-même me fout en pétard!
 
R: Quelle diatribe!
 
I: Depuis le temps que je dis qu'il faudrait que je réunisse mes différents personnages, il fallait bien que ça sorte un jour. Ce sera le mérite de cette critique publique.
 
R: Utile donc!
 
I: Indirectement, oui. Je dois donc remercier Manu, Henri et "Inconnue", ainsi que tous ceux qui les ont précédés sur d'autres forums, de m'avoir contraint à aller chercher au fond de moi ce qui me révoltait et à éclaircir mes convictions. Mais je ne les remercie pas pour la manière qu'ils ont eu de le faire. Parce que j'en ai bavé sérieusement. Ça me bouffe une énergie considérable.
 
R: Et maintenant?
 
I: Qui m'aime me suive! Les autres peuvent aller voir ailleurs...
 
________
 

 

Pensées, hors de tout ça, aux conséquences catastrophiques des inondations qui ont touché le sud de la France. Quinze morts et des milliers de gens qui auront perdu beaucoup. Des traumatisés en perspective. Ma compassion va vers eux. Je n'ai pas vu d'images mais je peux fort bien imaginer...
 

 
Il y a un an...
 
 
Mercredi 11 septembre
 
 
Opinion
 

Il y a un an, quelque chose de cassait dans l'esprit de beaucoup de gens.

 
Pourquoi cet évènement a-t-il eu autant d'impact sur moi? Je ne parlerai qu'en mon nom, parce que chacun l'a ressenti très différemment. Encore aujourd'hui je suis troublé quand je lis des gens dire que cet évènement n'avait pas plus d'importance que les milliers de morts quotidiens suite à des épidémies, des guerres ou des catastrophe naturelles.
 
Ce n'est pas comparable.
 
Ces morts et ces souffrances auxquels nous sommes malheureusement "habitués" s'inscrivent dans des logiques diverses. Loi de la nature, cruelle, telle que ces innondations actuelles qui font que des milliers de gens vivent en ce moment même "hors du temps", plus dans le même monde que nous, parce que leur détresse et leur traumatisme surpasse absolument tout pour eux.
 
Lois de l'économie, de la géopolitique, de l'exploitation des uns par les autres, en d'autres part du globe. Morale cynique, égoîste, profiteuse, abjecte... beaucoup de qualificatifs pour ce qui n'est pas beau à voir mais à quoi nous participons tous, quelles que soient nos révoltes intérieures. Tous, habitants des pays développés, nous participons à cette logique, sans exception, qu'on le veuille ou non. A moins d'être SDF ou de vivre en autarcie au fin fond des bois, donc exclu de cette économie au même titre que les exploités du tiers-monde.
 
Pourquoi la mort de "seulement" trois mille personnes à changé quelque chose dans la marche du monde? Pas dans son fonctionnement, on le sait bien, mais dans quelque chose qui serait un mélange d'espoir et d'insouciance.
 
Moi, ce qui m'a touché, c'est que cet assassinat collectif a été volontaire. Pas cynique, pas un "dégat collatéral", mais vraiment un coup de poignard sur un innocent. Comme si on abattait un enfant devant ses parents pour les punir de quelque chose qu'on ressent comme juste.
 
Je ne me place pas du coté de l'assassin, dont je peux admettre la révolte et la détermination mais pas la cible choisie. Je me place délibérément du coté du symbole qu'on a voulu atteindre. De l'innocence que l'on a voulu tuer pour faire souffrir les proches. Je me place du coté des frères et des soeurs qui voient mourir l'un deux pour payer la faute de ses parents. C'est ignoble.
 
C'est cette déchirure, cette souffrance sans fin, ce traumatisme volontaire que je n'admet pas.
 
Je me demande même si ce n'est pas pire, bien que similaire, avec la politique d'extérmination d'Hitler. Parce que là il y avait une logique, atroce: faire disparaitre ce qu'on considère comme inférieur, ou responsable ne nos malheurs. Atroce, mais logique quand même, mécanique, ordonné, planifié. Une fois le principe admis (et c'est ça qui reste inimaginable!), ce n'était "que" un processus de destruction. Sans volonté particulière de faire souffrir. Un peu comme on envoie des animaux à l'abbatoir sans état d'âme bien approfondi. Que les bouchers chargés de la besogne se soient laissés aller à des penchants pervers est autre chose. Même chose pour nombre de crimes collectifs tels que ceux du Rwanda ou de Srebrenica.
 
Mais en ce qui concerne cet attentat du 11 septembre, c'est tout autre chose. Il n'a pas été question de détruire un peuple, mais de lui faire mal.
 
Faire souffrir, volontairement. C'est en cela que pour moi c'est un stade au dessus de la barbarie nazie. Bien que (je prends des précautions étant lu) le nombre de morts et la somme de souffrances soient incomparables.
 
Ce qui est comparable, c'est ce que les gens ont ressenti collectivement. Il y a cinquante ans, l'effroi en se rendant compte de quoi l'homme est capable lorsqu'il suit une logique absurde d'élimitation d'un peuple bouc émissaire. Il y a un an, la terreur en prenant conscience du mal qui peut exister à une échelle telle qu'on puisse parler de torture morale collective.
 
Le mal, cité par Bush en opposition délirante contre un supposé "bien", et ce qui m'a le plus frappé. Les gens qui ont conçu ce plan effroyable voulaient faire du mal. Et ils ont réussi.
 
Ils ont fait mal non seulement à tous les proches des disparus, non seulement à toute une ville qui a vu la mort opérer sous ses yeux, avec une impuissance collective qui renforce le sentiment d'injustice, mais aussi à ces millions de gens qui ont vu cet assassinat se perpétrer en direct à la télévision. Jamais on n'avait vu autant de personnes tuées volontairement en direct.
 
C'était bien ce qui était voulu: faire souffrir le plus de monde possible dans le monde occidental. Et ça, c'est le mal.
 
La seule comparaison qui me vient et me laisse circonspect, c'est Hiroshima. L'objectif de souffrance, de faire mal, n'était-il pas comparable?
 
 Je sais bien qu'on objecte que "les Américains" font souffrir des millions de gens dans le monde. Mais eux ne le font pas pour faire mal. Ils le font par égoïsme. Et le "ils", que recouvre-t-il en fait? Pourquoi les assimile -t-on comme s'il s'agissait d'une volonté partagée par tous, alors que nous, en France, on dit "ils" pour un gouvernement dont on se désolidarise? Deux poids, deux mesures, comme d'habitude...
 
Je sais bien qu'on nous dit que les médias nous focalisent là dessus alors qu'ils passent sous silence des évènements plus meutriers... Et alors? Doit-on pour autant se détourner?
 
Je sais bien que ce 11 septembre est aussi date anniversaire du renversement d'Allende au Chili pour que s'installe une dictature plus conforme aux intérêts américains. Je sais bien tout ça. Et alors? En quoi cela diminuerait-il l'impact du 11 septembre 2001?
 
L'égoïsme ou l'indifférence sont-il plus pardonnables que le mal? Pour moi oui, sans hésitation. Parce que l'égoïsme dont il est question est issu d'une logique, à laquelle on n'adhère ou pas, mais qui estime que l'enrichissement des uns enrichit les autres en retour. On en mesure vite les limites, n'empêche que beaucoup de gens y croient. Et n'ont donc aucune conscience de profiter des autres puisqu'ils estiment que ces autres bénéficieront d'un retour de richesses. Différé et très réduit, certes, mais quand même préférable à la pauvreté.
Logique sans doute sujette à discussions et vives controverses, mais qui pour le moment... fait quand même ses preuves. Aussi cynique et révoltante soit-elle. Et le système occidental attire beaucoup de ces habitants des pays pauvres.
 
Le mal, exercé dans ce cas par des fanatiques rétrogrades, n'entend pas lutter contre cette exploitation des plus faibles, mais à lutter pour des raison "religieuses" à un occident qui serait dépositaire de toutes les perversités. Chacun est évidemment en droit de suivre une religion de la façon la plus intégriste. Le problème est quand on impose aux autres cet intégrisme.
 
Le problème, c'est que bien que trouvant une justification dans les attentats du 11 septembre à l'encontre d'une Amérique honnie... personne n'a envie de partager la vision du monde de ceux qui ont agi!
 
On a détourné un acte d'intégristes fanatiques en acte de vengeance de peuples opprimés. On a politisé un acte de cruauté pour faire passer un message anti-américain...qui s'est trouvé largement conforté par les pires cotés de cet impérialisme piqué au plus sensible.
 
Réaction de défense compréhensible, mais vite devenue bête lorsqu'on a su les motifs invoqués pour la riposte. Notamment cette absurdité de la lutte contre le mal... par le "bien". Il y a eu le mal, certes, mais le bien n'était pas en face. Attitude ridicule.
 
Mais tout ça, finalement, je m'en foutrais si cela n'avait des répercussions sur le monde entier.
 
Ce n'est pas ça qui me "choque" au sens littéral du terme. Ça me révolte profondément, mais ça ne me "choque" pas dans le sens psychologique, émotionnel du terme.
 
Le choc, le traumatisme, il est bien dans la vision de ce symbole occidental qui s'écroule. Dans cette volonté de détruire des vies ET un symbole. Fort symbole qui nous ramène (me ramène) à la fragilité de ce que nous sommes, individuellement et collectivement. Combien notre civilisation est vulnérable si "le mal", la barbarie parvenaient un jour à nous dominer.
 
Le fondamentalisme musulman fait peur, parce qu'au nom de ses valeurs, il est prêt à les imposer, côute que coûte, au reste du monde. Il est prêt à supprimer ceux qui ne partageraient pas ses principes. Comme ça, parce qu'ils ne sont pas contestables. On a vu en Algérie ce que ça pouvait donner avec tous ces gens qui ont été égorgés parce qu'ils ne pensaient pas comme il fallait.
 
Ça, dans le monde occidental, ça n'a jamais existé à une telle échelle. C'est un retour aux pires temps de l'inquisition.
 
Voila, pour l'essentiel, les pensées que j'ai depuis le 11 septembre. Et voila pourquoi je ne comprends pas ceux qui estiment que cet évènement n'est pas aussi important qu'on voudrait nous le faire croire.
 
Voila pourquoi j'ai eu besoin de revoir quelques images. Pour réaliser à la fois la souffrance de ceux qui l'ont vécu, mais aussi comprendre l'anéantissement des proches. Prendre la mesure aussi, de notre fragilité.
 
Il y a aussi quelque chose de particulier dans cette tragédie: la beauté spectaculaire et fascinante des images, et surtout, surtout, l'absence visuelle des morts. Montrer des images de cadavres aurait été tout autre chose. Or bien souvent les évènements tragiques sont peu visualisables sans nausée. Il est évident que, d'avantage que les médias, c'est la présence des images innombrables qui fait la force de cet évènement.
 
Mais je ne regarderai pas les manifestations de commémoration qui ne concernent que l'intimité de ceux qui ont été éprouvés au plus profond d'eux-mêmes. Leur transmission me semble être du voyeurisme, mais je n'ai pas à juger... Chacun ressent l'évènement comme il le peut et évacue son traumatisme comme il le sent.
 

 

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Diarisme
 
Bien dérisoire... mais je tiens à préciser que suite à mon dernier texte, j'ai eu un échange avec Henri (ou plutôt celui qui manipule ce personnage) qui nous a permis de mieux nous comprendre. Henri semble avoir mesuré ce que j'avais ressenti et regrette d'être allé trop loin. Je tiens donc à dire que je suis sensible à cette prise en compte.
 
Je retire donc ce que j'ai écrit au sujet du mépris affiché en fuyant la discussion. Heu... comme je ne modifie jamais mes textes, cette rétractation ne se fera qu'ici, sans que je supprime la phrase incriminée puisqu'elle correspond à ce que je pensais à un moment donné.
 
Henri m'a par ailleurs précisé que lui-même ne se sentait pas hypocrite et regrette que je donne sur mon journal ce genre d'impressions sans qu'il puisse se défendre.
 
Je vois là une confirmation de ma crainte des problèmes liés à un mélange de la sphère publique avec celle du privé... J'espère qu'à l'avenir il en sera tenu davantage compte.
 
Et pour achever ce chapitre sur le microcosme diaristique, la mystérieuse "inconnue" a été brièvement dévoilée, avec lien vers son journal, avant que le message ne soit modéré. Ambiance ambiance...
 
Je reviendrai sur cette affaire dans les jours à venir, donnant notamment mes impressions sur cette inconnue qui correspondait avec moi simultanément sous son véritable pseudonyme... Charmant, n'est-ce pas.
 
Inconnue qui manipule les faits sans vergogne d'ailleurs. La suite au prochain épisode.
 
On est finalement en plein dans l'exploration des relations virtuelles, non?
 

 
Apprendre à renoncer
 

 

Jeudi 12 septembre
 

Réaliste: Pfff, alors comme ça tu as replongé?

 
Idéaliste: Euh... voui.
 
R: T'as pas encore compris qu'il n'y avait rien à attendre de certaines personnes butées?
 
I: Si, mais j'espère toujours qu'il puisse y avoir un semblant de début de compréhension.
 
R: Allons, tu sais bien que ce n'est pas ce qui est recherché. Il y a des gens qui recherchent l'affrontement, pas l'accord
 
I: Je sais, je sais, mais j'arrive pas à intégrer ça.
 
R: Alors tu vas faire quoi maintenant?
 
I: Ben ça y est, j'ai renoncé.
 
R: Waow, grande nouvelle!
 
I: J'ai pigé qu'il n'y avait plus d'espoir. Un mail est tombé pile au bon moment, alors que j'envoyais un message correctif devant toutes les approximations qui...
 
R: Oui, je sais, pas la peine de répéter.
 
I: Oups... c'est vrai que je suis long. Toujours dans un souci de clarté et de précision
 
R: Ça lasse...
 
I: Ouais, mais au moins c'est clair pour qui veut comprendre. Pas de zones d'ombres.
 
R: Mais qui veut comprendre? Pas tes détracteurs, pas ceux qui te comprennent déjà, pas ceux qui s'en foutent... ça laisse pas beaucoup de monde
 
I: C'est vrai...
 
R: Donc c'est inutile
 
I: C'est ce que tout le monde me dit. Et ils ont raison. C'est ce que je dirais si j'étais témoin de ça. Sauf que quand on est acteur c'est nettement différent. Difficile de se voir sali. On a forcément envie de se défendre. Surtout quand c'est de la suspicion, des trucs avancés sans aucune preuve. Juste des lubies de gens qui se sont mis des idées dans la tête.
 
R: Tu sais qu'ils te lisent sans doute là?
 
I: M'en fous, il ne cherchent pas à comprendre. Leur opinion est faite et je me fous de leur opinion. Je n'en suis plus à essayer de convaincre les gens bornés.
 
R: Ils peuvent dire la même chose de toi...
 
I: Ça ne me dérange pas. Moi je sais que je me suis posé des questions pour chacune de leurs remarques au début. Pas eux.
 
R: Donc tu ne cherches plus à convaincre ceux qui sont en désaccord avec toi?
 
I: Non.
 
R: Mais c'est une grande nouveauté! Alors la leçon des précédents forums à porté ses fruits?
 
I: Sans doute. C'est bien pour ça que je continue, pour apprendre à ne plus être aussi sensible à l'opinion qu'on peut avoir de moi.
 
R: Surtout que ceux qui signifient leur désaccord sont très minoritaires...
 
I: Ça oui! Toujours quelques excités qui emmerdent le monde mais se reconnaissent entre eux. Et tous les gens les plus sensibles, du point de vue finesse de jugement, pertinence des propos, finissent par abandonner. C'est récurrent sur tous les forums non modérés auxquels je participe. C'est la loi du plus fort, comme partout.
 
R: Et toi tu te places ou?
 
I: Parmi ceux qui n'ont pas encore admis cette loi et qui s'imaginent pouvoir changer les choses. Mais ça évolue puisque je lâche pied de plus en plus rapidement. Là, il m'a fallu une semaine alors que sur un autre forum il m'a fallu des mois.
 
R: Tu es sûr que tu vas tenir?
 
I: J'espère bien!!!
 
R: Alors on va pouvoir passer à autre chose, retrouver le cours normal du cheminement personnel?
 
I: Mais ça fait partie du cheminement personnel! C'est même une sacrée étape. C'est apprendre à exister par soi-même et pour soi-même. Apprendre à oser affirmer ses choix sans craindre ceux qui ont des avis opposés.
 
R: On l'a déjà dit il y a deux jours ça, non?
 
I: Euh... c'est bien possible. C'est donc que c'est la conclusion du moment puisqu'on retombe toujours dessus.
 
 
 
 
Suite du mois de septembre 2002 - 2eme quinzaine

Ce que j'écrivais il y a un an...

 

 

 

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