Mois de septembre 2002 - (2eme partie)
 1ere quinzaine
 
Le joli petit monde du diarisme
 
 
Lundi 16 septembre
 
 

Diarisme

Et voila...

 
Les administrateurs de la CEV renoncent à poursuivre ce qu'ils avaient entrepris... Ils confient les reines à Damélie, ardente participante des forums, curieuse et active dès que l'on parle de la communauté des diaristes.
 
La veille, c'est L'insomniaque qui annonçait dans un excellent texte son départ de la CEV, pour le même genre de raisons que celles invoquées par les administrateurs de la CEV
 
D'un autre coté, on peut lire (non, vaut mieux pas...) vers quels profondeurs s'enlise le forum Underground de la CEV... Les rares qui essaient encore d'avoir des discussions se lasseront vite devant tant d'indigence et de bêtise.
 
Ainsi donc, voilà l'état du diarisme francophone ces jours-ci.
 
Je sais que pas mal de gens ne croient pas, ou plus, à cet esprit de "communauté" dont on ne sait trop ce qu'il signifie. Pour moi, il existait une communauté (idéalisée), fondée sur une passion commune de l'écriture et un besoin/envie de partager un travail de connaissance de soi. Domaine vaste qui permettait à des sensibilités fort diverses de cohabiter. Chacun pouvait trouver des affinités de lectures ou inter-lectures avec quelques autres diaristes, ou au contraire ne pas en apprécier d'autres. Mais il existait un respect mutuel de la démarche d'écriture des autres. Pour moi, c'était ça la communauté.
 
Simultanément il existait (ou aurait du exister...) un "pacte diaristique", un pacte de non-agression, basé sur cette idée de respet des différences et de l'intimité de chacun, puisque la plupart d'entre nous y tient.
 
On sait qu'avec l'augmentation du nombre de diaristes les motivations qui poussent à écrire se sont davantage diversifiées. Sont apparus des diaristes critiques. Non plus un, comme il y avait eu dans la préhistoire du diarisme, mais plusieurs. Un phénomène de synergie s'est alors produit entre ceux qui se reconnaissaient. Une émulation réciproque qui a fait que ce qui reste un courant extrêmement minoritaire a pris beaucoup d'importance. Et comme le but de ces minoritaires est de se mettre en avant en critiquant les autres, ils ont pu prendre une place considérable. La logique étant «je me fous des autres et du passé, seul mon présent m'importe».
 
La "matière première" que sont les diaristes critiquables est inépuisable, leur fragilité exprimée est une source de jubilation excitante, et leur résistance demeure dérisoire face à des agresseurs sans états d'âme. Le combat est inégal est perdu d'avance par ceux qui n'en n'ont aucune envie.
 
Résultat: pour quelques trublions, c'est toute la communauté qui vacille et se fissure. On pourrait y voir une preuve de la fragilité de cette communauté. Je pense que c'est effectivement le cas. Parce qu'il est difficile de contruire quelque chose sur une somme d'individualismes.
 
Je crois que cet ensemble de 200 diaristes disparates (dont au moins une quarantaine n'a plus fait de mise à jour depuis des mois) n'existe plus vraiment. Si communautés il y a, elle sont informelles, avec des limites floues et variables selon chacun. La CEV n'est plus qu'une liste assez exhaustive de liens avec une très pratique fonction "mise à jour".
 
En fait, chacun se forme sa petite communauté de diaristes préférés. Il est probable que plusieurs personnes ont les mêmes préférences, les mêmes lectures et les mêmes lecteurs, du moins en grande partie. Je me demande si ce n'est pas à cette échelle qu'il faut penser "communauté".
 
Pour ma part, j'aimerai qu'il existe un lieu qui rassemble les diaristes qui ont une démarche intropective. Ceux qui partagent une même approche du diarisme, fondée sur une suite de réflexions sur soi et le monde alentour. Ce n'est que parmi ces diaristes que je trouve l'enrichissement que je recherche.
 
Je ne lirai jamais tous les journaux que compte la CEV. Tout au plus puis-je dire que j'en ai parcouru un bon nombre, mais que peu ont correspondu à ce que je recherche. Mais j'aimerai pouvoir aller en confiance vers des sites dont je connais les objectifs plutôt que de cliquer au hasard et renoncer très vite parce que rien ne correspond à ce que j'attends.
 
Je crois qu'on ne peut plus se reconnaître tous dans UN diarisme, mais dans DES diarismes. La communauté actuelle n'est que celle des écrits personnels mis en ligne sur internet, et n'a que le terme vague de "journal" comme point commun. Tout le reste n'était qu'illusion, que le petit nombre pouvait faire passer pour différences mineures. Je pense que cette époque est révolue et qu'il faut s'acheminer vers une définition plus précise de chaque forme de diarisme.
 
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Depuis plusieurs jours je suis très préoccupé par les suites de cette critique publique, qui est allée bien au delà de la dizaine de lignes initiales. Il y avait une situation antérieure (fermeture du forum de la CEV suite à l'ambiance que certains y mettaient) et il y a eu une suite (critiques successives et ambiance délétère, ainsi que ma forte réaction). Il y a enfin la situation actuelle avec une volonté manifeste des personnes "toxiques" de ne pas modifier leur comportement et a attendre que l'ensemble des acteurs se plient à ces nouvelles règles de non-savoir vivre, et de non-respect.
 
J'ai beaucoup de mal à accepter cette nouvelle situation. J'y pense souvent dans la journée, j'en rêve la nuit. Il semble que le diarisme soit une part devenue très importante dans ma vie. Je dis "il semble", parce que je constate avec ces "preuves" ce que je savais déjà.
 
Tout ça pour dire que dans les jours à venir il est fort probable que je continue à analyser les suites de ce choc... Je ne suis pas encore prêt à retrouver le ton insouciant que j'avais auparavant.
 
Mais témoigner de ce que je ressens et comment un individu réagit face à une situation est exactement du ressort de ce journal. Réfléchir sur les relations virtuelles et leur rapport avec la vie terrestre est aussi le but de ce journal. Je suis donc en plein dans le sujet...
 
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13h 20
 
Je reçois un mail de "l'inconnue" qui finit de cette façon:
 
«Si la photo me représentant n'a pas disparue du forum , je mets une procédure judiciaire en marche.
En espérant que cette fois j'ai été claire! Les adresses IP sont déjà dans mon bloc note.»
 
Menace claire à mon égard...
 
Non seulement, c'est enfin un aveu de ce qu'elle persiste à nier un peu partout concernant son identité, mais surtout on commence à atteindre des sommets dans l'ambiance au sein de la CEV!
 
Tout d'abord, je ne suis pas l'auteur du message qui insère cette photo, contrairement à ce que croît cette inconnue. Pour le climat de suspicion et de méfiance, c'est devenu parfait.
 
Il y avait eu la vraie délation concernant l'identité d'Henri. Puis la semaine dernière, dans le cadre de la critique de mon journal et de ses suites, la menace de dévoiler mon identité par "l'inconnue" (je n'ai toujours pas compris dans quel but, à part celui, avoué auparavant, de me faire mal). A suivi la dénonciation de l'identité de diariste de "l'inconnue". Et maintenant voilà que sa photo apparaît sur un second forum underground, le forum "CEV off" (non, je n'inscris pas de lien).
 
Je n'ai pas encore expliqué le jeu tordu de cette "inconnue" menteuse et manipulatrice, je prendrai le temps de le faire afin que chacun sache les risques potentiels qu'il y a à communiquer sur internet, même avec des personnes a priori au dessus de tout soupçon. Je le ferai très prochainement
 
Compte tenu de "l'actualité", mise en ligne immédiate de ce texte.
 

 

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Un texte ambigu, qui a fait se poser des questions à pas mal de monde:
 
« La CEV a vu son nombre d'inscrits dépasser les 200. Plus de 200 espèces de journaux intimes tous plus navrants les uns que les autres, à quelques exceptions près. Pourquoi est-ce que les gens s'étalent aussi vulgairement sur le web? Parce que c'est facile, pas cher, et que ça ressemble à de la notoriété? Ouais, c'est bien le même esprit qui règne chez Popstars etc. »
 
Vanicaramel, 13 septembre
 
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22h30
 
Je fais quoi avec ce journal maintenant?
 
Je n'évoque plus que ce sujet qui me bouffe l'existence. Ce n'est plus un journal, c'est un plaidoyer.
 
Les imbéciles qui m'ont harcelé ont réussi une chose: me perturber au point de ne plus pouvoir écrire rien d'intéressant. Depuis des jours mes pensées sont occupées par ce que je vis. Même quand je travaille je songe à tout ça, à ce beau gâchis.
 
Je sais bien que beaucoup de gens ne comprennent pas que ça m'affecte autant, ou essaient fort gentiment de me raisonner. Mais sans cesse je me heurte à cette réalité: il y a quelque chose que je ne comprends pas chez certaines personnes. Beaucoup de choses en fait.
 
Je sais bien que ce sont simplement les problèmes de la vie en société transposés à l'échelle d'une petite communauté. Mais ça me dépasse, vraiment. Je me sens être un inadapté social. Beaucoup trop naïf. Mais je crains surtout de le rester. Un peu plus méfiant, certes, mais toujours avec cet indécrottable fond de naïveté.
 
En fait, je suis déboussolé en ce moment. Perdu. Je ne sais plus dans quelle direction aller pour poursuivre mon chemin. Tant d'obstacles ont été dressés devant moi: critiques déstabilisantes, mise en doute de mon honnêteté, volonté de me faire mal. Trop de choses pour que quelqu'un qui doute autant de soi puisse regarder droit devant et rester solide.
 
Et puis, surtout... cette impression d'être épié, guetté. Je crois que c'est ce qui me perturbe le plus. Je ne me sens plus en confiance. Je ne fais que m'expliquer, me défendre, me justifier. Comme si j'allais être jugé.
 
Peut-être devrais-je cesser d'écrire pendant une certaine période?
 
Mais je me dis que c'est aussi témoigner que de raconter au jour le jour ce que peut ressentir quelqu'un qui se perd dans des problèmes. Je résiste parfois, me mets en colère, puis finalement ne sais plus comment agir.
 
J'en ai beaucoup parlé (écrit...) autour de moi et les impressions de chacun de mes correspondants m'ont été précieuses. Mais je sens bien que la solution, il n'y a que moi qui peut la trouver. Moi seul peut savoir ce qui me conviendra, comment je parviendrai à me sortir de tout ça.
 
C'est triste à dire, mais dans l'adversité on se retrouve seul. Heureusement que le soutien affectif et moral est d'un grand secours.
 
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J'écris... mais je ne sais même pas pourquoi. Je n'aime pas mettre mes entrées en ligne, et pourtant je sais qu'il faut que je le fasse. Je me dévoile "trop" (dans l'absolu) mais c'est quelque chose de nécessaire pour moi. C'est ma façon de faire actuellement, quoi qu'elle puisse me coûter ultérieurement.
 
Peut-être que je m'y brûlerai...
 

 
 
Bulles de savon
 
 
Mardi 17 septembre
 
Petit moment hyper cool tout à l'heure, en sirotant un café avec Charlotte, assis dans des fauteuils au jardin. Hmmmm, soleil, douce brise, calme apaisant. Je me suis doucement endormi dans cette ambiance sereine et bienfaisante.
 
Avec quand même, en fond, toujours les suites de mes aventures diaristiques. D'ailleurs, on en a pas mal parlé au repas. Ce microcosme est représentatif d'une part des rapports qui existent dans la société.
 
Très souvent je transpose ou extrapole ce qui se passe sur internet pour comprendre ce qui se passe dans la vie terrestre. Internet est un accélérateur de situation complexes, un concentré de réactions, mais sans craindre (ou justement parce qu'on ne les craint pas?) trop de répercussions dans la vie quotidienne. Les gens se lâchent beaucoup plus dans le monde internet, pour le meilleur ou le pire.
 
Je m'en sers comme d'un laboratoire d'observation, même si parfois c'est moi qui devient le cobaye...
 
 
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Chien fou a émis une remarque intéressante sur le forum Underground. Il est bien c't'homme là, sacrément lucide et observateur. La remarque qui a retenu mon attention, au milieu d'un long message bien argumenté qui pourrait servir de base à un débat, est la suivante: « On peut se terrer dans sa petite maison dans la prairie, couper la télé, internet, ne regarder que ses enfants et un petit quotidien pépère (je sais, c'est un peu une attaque...) ou juste croire que ça a plus de valeur que ce qui se vit dehors. Ca me dérange pas... mais il faut savoir que c'est une manière de se retirer du présent, de se mettre au passé, si on en vient à considérer que lorsque les autres montrent d'autres choses de la vie, écrits différemment, c'est une preuve de vide intellectuel... ils ne font, eux aussi, que vivre dans le même présent que nous
 
C'est le passage en gras qui m'a fait cogiter, sans doute parce que je me suis reconnu dans les mots qui précédaient. Est-ce se mettre au passé que de fuir un certain éclat du présent?
 
Je ne le crois pas. Pour moi, c'est se maintenir à l'écart d'une certaine illusion. Le présent en direct est outrancier. Notre société est bien souvent excessive dans ses aspects les plus médiatisés, mais tout ce foisonnement d'informations n'est que du vent. On contruit une actualité sur du vide, et elle n'existe que parce qu'on en parle. Chien fou parlait des phénomènes "Popstar" et autres émissions évènementielles basées sur du vide. Non pas totalement vide de signification, mais vide de l'importance qui est donnée. Ce sont des bulles de savon.
 
Si je compare (he he, forcément), avec mes récents déboire dans l'actualité diaristiques, je suis bien contraint de voir que tout ce remue ménage est bati sur de l'insignifiant. Qu'est-ce donc que d'être critiqué par un post-ado en mal d'éclat? Rien. J'aurais du laisser passer (d'ailleurs, ce fût ma volonté première). Mais le simple fait que sa pseudo-critique soit "médiatisée" sur un forum lu par un nombre indéterminé de personne a fait que je me suis senti pris sous les feux de l'actualité diaristique. Et c'est cette médiatisation qui m'a fait réagir et a occasionné ce surgonflement.
 
Là ou je veux en venir, c'est que se soustraire de l'éclat médiatique n'est pas vivre au passé, mais vivre le présent en léger différé. De façon à prendre les choses avec l'importance qu'elles méritent. Se tenir au courant de l'actualité, mais sans foncer tête baissée dans des débats qui exacerbent les positions de chacun.
 
Puisque j'ai choisi de vivre un peu en marge, délibérément hors d'une société consommatrice, médiatisée, avide de sensations et de spectacle, je suis effectivement un peu détaché du présent immédiat, du "direct-live". Sauf lorsque l'actualité (11 septembre, inondations, catastrophes diverses) nous saute dessus à un point tel qu'il est difficile de rester en dehors.
 
J'aime ce léger différé qui me permet (généralement...) de ne pas me laisser emporter dans un flot passablement stérile de réflexions autant diverses qu'infondées parce que manquant de recul. Rares sont les gens qui savent garder la tête froide au coeur de l'évènement.
 
C'est sans doute ce qui explique le décalage entre ce que je ressens au milieu de la tourmente et ce que les autres perçoivent de l'extérieur. Ce n'est finalement qu'un déplacement d'air. Mais les tempêtes, bien que de vent, laissent parfois un payasage dévasté...
 
Et seuls les témoins directs peuvent en mesurer l'importance.
 

 

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22h50
 
Derniers rebondissements: Clotilde (Le jardin des pensées), envoie un message sur le forum Underground pour dire qu'elle n'est pas l'inconnue. Pour des raisons qui lui sont propres (elle me suspecte de double identité), elle parle de moi dans son message. Pffff, mais on en finira jamais de cette histoire!
 
Je fais quoi maintenant? Je ne veux plus participer à ce forum, mais je crains qu'il soit nécessaire que j'aille y mettre un mot.
 
Que dire? Démentir? Crier à la falsification et au mensonge?
 
Je sais pas moi, mais à sa place, si je m'étais senti soupçonné d'écrire des messages anonymes particulièrement odieux, il y a un moment que j'aurais réagi pour dire qu'il y avait erreur. Clotilde, elle, écrit tranquillement sur le forum « Je sais qu'on me prend pour l'inconnue du matin et je m'en moquais complétement dans la mesure où je ne participais pas aux débats». Ouh la, quel détachement...
 
Bon, je fais quoi? Je la laisse répandre ses insinuations ou je réagis?
 
Au fait, qui a dit que l'inconnue était Clotilde? Combien avaient vu les messages qui indiquaient son site?
 

 

Bon, on en sort quand de cette affaire? Comment voulez-vous que je retrouve ma sérénité dans une ambiance pareille?
 

 
Essentiel

 

Mercredi 18 septembre
 
 
J'aimerai retrouver ma liberté d'écrire. J'aimerai écrire autrement, plus sobrement, plus légèrement. Ecrire l'essentiel.
 
C'est quoi l'essentiel?
 

 

* * *
 

 

Et si je disparaissais? Tuer cet "Idéaliste" que je n'aime plus être. J'ai l'impression qu'on doute de moi (non, je n'écris pas ça pour qu'on me rassure), qu'on doute de ma sincérité.
 
Je pourrais changer de pseudonyme et de journal, repartir à zéro, anonymement. Un de plus parmi le nombre, inconnu, vierge de préjugés.
 
Non, trop sincère. Je ne saurais éviter de dire que j'avais un journal auparavant. Ou alors apprendre à ne pas tout dire? Oui, c'est ça. Ne pas tout dire.
 
Je crois que je vais cesser d'écrire pendant un certain temps.
 

 
Méfiez-vous des inconnu(e)s
 

 

Jeudi 19 septembre
 
Diarisme
 
Les messsages que je reçois ont un effet indéniable sur moi. En particulier ceux qui proviennent de personnes que j'estime.
 
Alors que je lui confiais mes hésitations sur l'interruption momentanée de mon journal, ma correspondante me signifiait que ce serait abandonner devant ceux qui veulent imposer leur vision du diarisme.
 
C'est ce refus d'abdiquer devant un certain autoritarisme qui bien souvent me donne la force et la détermination de résister. Oh, je sais bien que ce que représente la CEV en ce moment est contesté par quelques uns, précisément parce qu'ils estiment que les règles en usage leur sont imposées par des dinosaures du diarisme...
 
Le problème, c'est qu'il existe bien deux tendance contradictoires qui se heurtent actuellement. Deux tendances, cela signifie aussi qu'il y a tous les intermédiaires. On ne peut donc décider autoritairement de suivre l'une ou l'autre conception du diarisme. Et je crois que le consensus sera impossible.
 
Il va donc falloir trancher: un diarisme intimiste, approfondi et respectueux des autres et conforme à l'idée générale de ce qu'est un journal intime (appellons-le "intimiste"). Un autre diarisme, plus léger, détaché, volontiers contestataire et résolument libre (appellons-le "libre"). Je comprends cette dernière forme, mais elle n'a évidemment pas mes faveurs. Pour tout dire, cette démarche ne m'intéresse absolument pas.
 
Je crois donc qu'il est temps de fractionner ces différentes tendances. Ce serait préférable pour tous. Soit au sein d'une seule CEV (est-ce possible?), soit en créant un nouveau groupement. Et aucun problème pour ceux qui voudraient participer aux deux tendances.
 
Quand il n'y a pas d'accord possible, alors il vaut mieux séparer. De toute façon, il y aura un jour éclatement. Les départs pour cause d'incompatibilité ont commencé, il se pourrait bien qu'ils s'accroissent.
 
Je pense qu'un divorce à l'amiable est préférable à une séparation dans les cris et la violence (des propos).
 
 
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Voila plusieurs jours que je tergiverse pour aborder un sujet assez délicat. Je veux parler de cette "inconnue" qui a sévi sur le forum Underground, notamment pour me "taper exprès là où ça fait mal", ou me décrire comme «prêt pour le fascisme» . Bon, on n'en meurt pas... Me dire que mes enfants «ne devaient pas avoir l'impression d'avoir un père» est déjà nettement plus insultant. Mais là n'est pas l'essentiel.
 
J'hésitais, parce que je ne savais comment aborder la chose en étant suffisamment clair mais sans dénoncer la personne qui se cachait sous l'anonymat (je ne reviens pas sous la différence anonymat/pseudonymat). C'était une situation assez complexe: peut-on dévoiler l'identité de quelqu'un qui se sert de la lâcheté de l'anonymat pour faire passer ses messages fielleux? Mon éthique ne savait comment trancher. Je désapprouve totalement l'anonymat, mais je me méfie beaucoup de la dénonciation.
 
Pourtant, je n'avais pas envie de laisser cette personne agir comme bon lui semblait. Il est des personnes toxiques qu'il convient de signaler comme telles. Les mensonges, la duperie sont des comportements que je n'admet pas (même si ce n'est pas à mon détriment que cela s'exerce). Le sadisme, la moquerie, le mépris, je les tolére encore moins.
 
J'ai préféré laisser les choses se décanter et tenter d'en savoir plus en essayant d'établir le contact avec celle que je savais être "l'inconnue". Au lieu de me dire que je faisais erreur et de s'expliquer, elle a montré immédiatement de l'agressivité tout en niant mollement avoir ce double personnage. Je lui ai fait part alors de quelques questions au sujet des incohérences de son attitude, et des ressemblances entre les deux personnages. Il lui était possible de me persuader que je me trompais, clamer son innocence. Mais non, le mensonge, le mépris, et la fuite ont été permanents. Je lui ai alors signifié que j'écrirai bientôt à ce sujet.
 
Hasard ou pas, le lendemain cette personne écrivait sur le forum Underground un "droit de réponse"... disant qu'elle n'était pas l'inconnue. Réponse, oui, mais à qui? A part des messages dévoilant son identité, furtivement apparus/disparus, personne n'avait écrit son nom. Très peu semblent avoir lu ces messages.
 
Je dois dire que je n'avais initialement aucune raison de soupçonner cette personne, avec qui j'avais eu depuis deux ans des contacts tout à fait normaux. Ce n'est que par une soudaine intuition que j'ai pris conscience des ressemblances, qui sont devenues plus flagrantes jour après jour, au fil de mon "enquète" (je commence à avoir une certaine pratique dans la traque des faux anonymes, sur d'autres forums).
 
J'ai quand même douté de mon intuition en relisant entièrement son journal: le discours qu'elle y tenait était en totale contradiction avec le comportement qu'elle montrait. J'ai repris alors une à une toutes mes "preuves"... qui se sont révélées toujours aussi probantes.
 
J'ai finalement eu un doute terrible: et si quelqu'un se faisait passer pour elle en l'imitant ? Mais pourquoi elle, puisqu'elle ne fait plus partie de la CEV (qu'elle à quittée de manière fracassante), ni ne poursuit son journal?
 
La réponse m'a semblé claire quand j'ai lu qu'elle expliquait être restée indifférente au fait qu'on la prenne pour une autre. Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui supporteraient sans mot dire d'être pris pour un anonyme qui écrit des saloperies en public?
 
De plus, cette personne qui m'écrivait n'avoir pas de temps à perde sur les forums... avait (par un extraordinaire hasard?) été sur celui qui présentait sa photo! C'est elle qui me l'a signalé, en m'accusant d'être l'auteur du message. En outre, elle a reconnu suivre les discussions, tout en m'ayant affirmé le contraire en privé.
 
Alors, elle lisait ou pas? Faudrait savoir...
Et elle se savait soupçonnée mais l'acceptait sans broncher? Pourquoi réagir plus tard alors que personne ne la nommait?
 
Des incohérences de ce genre, j'en ai relevé de très nombreuses. Et je ne parle même pas des ressemblances...
 
Bon, je pense qu'il serait innoportun de poursuivre plus loin le procés de cette personne. Chacun en pensera ce qu'il veut.
 
J'aurais pu garder ça pour moi, et laisser passer, mais il y a quand même un certain nombre de choses qui me dérangent. La dernière étant qu'elle sous-entend clairement que c'est moi qui aurais créé ce forum CEV off et y aurait déposé sa photo... C'est sa parole contre la mienne et il lui a été facile de semer le trouble dans l'esprit de gens qui lisent le forum. Evidemment, ils n'ont pas plus de raison de croire l'un ou l'autre de nous. Résultat, ils se méfient probablement des deux.
 
Elle a donc instillé un doute sur ma probité. Je le regrette vis à vis des gens que je ne connais pas, mais ce n'est pas trop grave. En revanche, ça me dérange beaucoup plus si elle a pu créer un petite brèche de méfiance chez ceux qui me lisent et ont confiance en moi. Je serais très agacé de savoir qu'ils puissent se dire "Et si l'idéaliste était un manipulateur? et s'il avait un double jeu?».
 
C'est le genre de soupçons dont il est très difficile de se défaire. On dit toujours «diffamez, diffamez, il en restera toujours quelque chose». Cette façon de faire est odieuse et révoltante, parce que rien ne permet de lutter contre.
 
C'est ce dernier acte, qui tente de jeter un discrédit sur moi qui aura été décisif pour en dire un peu plus sur elle.
 
Mais ce qui me dérange le plus, et qui, là, concerne tout le monde, c'est qu'il faut vraiment se méfier des personnes que l'on ne connaît pas trop. L'anonymat du net libère les gens, y compris dans ce qu'ils ont de plus bas. Je suis persuadé que cette personne n'aurait pas ce comportement malfaisant dans la vraie vie. Mais il a suffi que mes idées lui déplaisent pour qu'elle focalise sur moi sa haine et libère ses penchants pervers: sadisme, mensonge, manipulation, mépris. Pour ceux qui auraient lu son site auparavant, ils se souviendront peut-être comme elle rejetait ce genre de comportements. Ils se souviendront aussi avec quelle véhémence elle rejetait les "bien-pensants" dont il semble que je sois perçu comme étant un des porte drapeaux
 
Question: comment peut-on agir aussi contradictoirement que les principes moraux que l'on prône? Je n'ai hélas pas de réponse, et celà me laisse assez inquiet.
 
Je répète donc ce conseil à ceux qui me lisent: ne communiquez jamais quoi que ce soit de votre identité à des gens en qui vous n'avez pas une très grande confiance. Réservez cette faveur à ceux avec qui vous sentez vraiment, intuitivement, en confiance. On ne sait jamais quelle personnalité trouble peut se cacher sous des abords tout a fait corrects et anodins.
 
Quoique... la personne dont je parle n'a jamais été de la plus grande douceur... Elle exprimait ses idées avec une certaine conviction, voire un certain autoritarisme. Quand à son journal, généralement sensé et calme, il était parfois empreint d'une agressivité quelque peu inquiétante. Dois-je en déduire que les personnes plus écoutantes et "gentilles" sont plus dignes de confiance? Ce n'est pas la première fois que je constate que les gens un peu trop sûrs d'eux ne sont pas des modèles de démocratie et de respect de l'autre... Mieux vaut ne pas trop les contrarier si on ne souhaite pas s'attirer leur courroux.
 
 
C'est avec regret que j'apprends à être méfiant. C'est dommage, pour toutes les personnes qui ne méritent pas cette suspicion a priori. Il y a tant de gens qui sont méfiants de nature et qui apprivoisent doucement la confiance en l'autre. Pour moi, c'est le cheminement inverse.
 
Je trouve que c'est triste.
 
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Coup de coeur du jour: "Journal sous prozac" (19/09/2002)
 
« Il y a évidemment le fait d'être lue. Je suis, je l'avoue, devenue l'otage de mon compteur, scrutant chaque jour le nombre de lecteurs, culpabilisant et remettant en cause à chaque fois l'intérêt de ce que j'écris quand je le vois fléchir. Je suis malgré moi victime de l'audimat et essaye par tous les moyens possibles de me renouveler, de ne pas tomber dans les pleurnicheries qui risqueraient de lasser très rapidement mes lecteurs potentiels.»
 
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Et par honneteté intellectuelle: "Un journal d'abord" (19/09/2002)
 
« Je suis fatigué par l'Idéaliste, alors je perds mon sang-froid en répondant à Damélie sur le forum, je dis qu'il n'y a jamais eu de communauté idyllique et je me mets ouvertement "dans le camp" de Manu et d'Henri. Voilà comment j'en suis arrivé là. J'ai voulu défendre la seule conviction que j'ai, à savoir dénoncer les personnes qui reprochent aux autres ce qu'elles font elles-mêmes. Si je ne le faisais pas, j'arriverais même pas à me regarder dans la glace, déjà que j'ai du mal. »
 
Bon, inutile de dire que je n'ai pas perçu nombre de choses comme lui...
 
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Bon, c'est un journal intime que je tiens ou un journal public?
 
Je n'écris plus pour moi, pour me comprendre. J'écris pour m'expliquer, me justifier, me défendre. J'aime pas. C'est pas ce que je veux faire ici.
 
Je passe trop d'énergie dans tout ça. Je me noie dans ces marécages dont je ne parviens pas à me sortir. C'est ma plus grave crise diaristique. Je ne sais pas ce qu'il en ressortira. Pourrais-je un jour retrouver ce dialogue intérieur que je proposais en confiance à ceux qui me faisaient l'amitié de partager mes découvertes, mes émotions, mes impressions?
 
Je m'en veux de ne pas parvenir à remonter à la surface. J'ai peur de déçevoir ceux qui me lisaient depuis longtemps.
 
Peut-être que ces attaques ont tué L'idéaliste?
 
Je suis désolé de donner cette image de moi. Je n'entends plus ma voix intérieure. Je n'ai plus d'inspiration. Je n'écris qu'en craignant le jugement, mais toute mon écriture conduit à me faire juger.
 
Je m'auto-détruis.
 

 
 
Rumeurs et incompréhensions

 

Vendredi 20 septembre
 
 
Le problème des situations intenses, c'est qu'elles demandent une énergie énorme. A la fois pour gérer intérieurement la déstabilisation, se protéger, se reconstruire, apprendre, mais aussi pour suivre en temps réel l'afflux d'informations.
 
Je me sens comme un PC de crise à l'occasion d'une catastrophe. Pas un jour sans que quelque chose ne se passe qui modifie la situation instable de la veille.
 
Entre les messages de soutien et de conseils des fidèles, les différents écrits qui apparaissent sur le forum ou dans les pages des journaux, et tout ce travail de réflexion que je fais sur ma réaction, je suis extrêmement sollicité.
 
J'ai l'impression de faire un apprentissage renforcé, avec soutien en cours du soir, rattrapage pendant les repos, et cours par correspondance le reste du temps. Efficace, la formation à haute dose, mais épuisante. Ceci dit, tant que je suis plongé dans le bain, j'essaie de m'accrocher. Je sais que tout cela travaille en moi et si je renoncais je laisserai en suspens quelque chose qu'il faudra bien un jour reprendre. Autant finir d'un coup, même s'il faut en baver durement.
 
C'est sans doute ce qui explique mon "masochisme" apparent. Je ne poursuis pas pour souffrir, mais pour avancer, aller plus loin, découvrir ce que j'ignore. Comme un alpiniste qui se serait attaqué à un sommet difficile.
 
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Hier, ce qu'a écrit Abe m'a titillé. Je n'avais pas perçu les chose telle qu'il les décrit et je lui ai écrit. Ce matin je suis allé voir un peu dans mes archives et j'ai retrouvé tous les détails de l'histoire. Effectivement, ce n'était pas vraiment comme il l'a décrit. C'est même un contresens. Je laisse ceux qui ont envie d'en savoir plus lire les détails ici.
 
Ce qui me dérange, c'est que c'est de cette façon, fondée sur des interprétations subjectives (donc généralement erronnées par excès de simplification), que se construisent des rumeurs. Propagées sans vérification, elles deviennent légendes. «L'idéaliste refuse qu'on le critique alors que lui s'est permis de le faire». Hop, c'est clair, c'est net. Et je perds tout crédit auprès de ceux qui ne me connaitraient pas, ou peu. Je n'en veux pas à Abe qui a dit les choses comme il les ressentait. Je ne lui en veut pas plus de n'avoir pas cherché à vérifier ses sources, parce qu'on a tous tendance à agir comme ça, impulsivement.
 
N'empêche qu'il a colporté quelque chose de faux. J'espère qu'il saura faire le correctif nécessaire...
 
On peut se demander si ce n'est pas fréquemment que ce genre de choses se produisent. Et que des préjugés se contruisent sur des bases fausses établies en toute bonne foi. Préjugés dont on sait bien qu'il est difficile de se défaire ensuite. Comme si on ne savait plus voir que dans une seule direction et que tout concorde ensuite pour aller dans le sens initialement orienté.
 
Je crains fort que certains de mes contradicteurs aient des préjugés sur moi.
 
PS: Abe a répondu à mon courrier et reconnait avoir écrit certains termes de façon simplificatrice. Il considère toutefois que la démarche de Manu et la mienne étaient comparables. Je suis en désaccord (cordial) avec lui sur ce dernier point. Il me signifie aussi que je n'ai pas compris entièrement le sens de son message, parce que le reproche de faire aux autres ce que je ne voulais pas qu'on me fasse ne s'adressait pas à l'épisode de critique de Scribouilleuse, mais à une de mes entrées. Quand je vous dit que les incompréhensions sont subjectives, c'est valable pour moi aussi...
 
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A ce sujet, une de mes confidentes, devenue lectrice, s'étonne que je puisse susciter des réaction aussi hostiles. Ce n'est pas la première fois qu'elle en est témoin (hors du diarisme). J'ai apparemment le don d'irriter au plus haut point certaines personnalités. Ça lui est incompréhensible, alors qu'elle même est parfois en désaccord avec mes idées. Et comme elle, si je comprends que je puisse agacer avec un ton qui paraît professoral, que cela aille jusqu'à un tel déchaînement demeure une grande interrogation.
 
Etonnant aussi que je sois perçu comme "faux", alors que justement je suis très transparent sur ce que je pense. Comme si mes pensées étaient trop "belles" (trop naïves) pour être vraies.
 
Il semble que ma façon de faire déclenche des réactions profondes de rejet. Peut-être en rapport avec des problèmes liés à l'autorité parentale ou professorale?
 
Or, de mon coté, j'estime seulement dire ce en quoi je crois, mon intention n'étant pas de dicter aux gens une ligne de conduite... du moment qu'ils agissent dans le respect de chaque individualité. Là, j'avoue, je suis assez intransigeant...
 
Une chose aussi: l'exigence et la précision que j'attribue aux mots. Pour moi un mot à un sens précis et j'essaie toujours de l'employer à bon escient (peut-être est-ce ce qui contribue à donner un style "ampoulé"?). Mais évidemment j'attends cette même précision chez mes intelocuteurs. Et c'est là que souvent ça pose problème. Parce que si je dis une phrase précise, bien souvent elle est transformée par un «si tu dis ça, alors ça veut dire que...». Non. Généralement ça ne veut dire que le sens que je lui ai donné. Ce n'est pas infaillible, mais généralement je fonctionne comme ça. Pas de bol, certains intelocuteurs n'ont pas la même exigence (ce n'est pas une critique, juste un constat) et transforment sans s'en rendre compte mes idées, alors qu'ils expriment les leurs avec une certaine approximation. Combien de fois ai-je lu des idées balancées sans aucun argumentaire, pof, comme ça parce que ça leur venait dans la tête.
 
J'accepte tout à fait ces différences, mais elles créent de monumentales incompréhensions. Ma recherche de précision est balayée d'un revers de main et considérée comme tentatives de manipulation.
 
Pour l'exemple cité par Abe, il écrit que je considérais Scribouilleuse comme "superficielle". Ce terme ayant été repris, je suppose dans l'article de Laure sur Claviers intimes. Or je n'ai pas écrit ça. J'ai écrit que Scribouilleuse (dans ses écrits) restait superficielle. Ce n'est pas Scribouilleuse qui était superficielle, mais ses écrits. Sans préjuger de la profondeur du personnage. D'ailleurs, c'est justement en constatant une entrée ou elle allait en profondeur que je lui ai manifesté comme j'avais apprécié ce passage.
 
Bon, voila, tout ça pour expliquer un peu comment je fonctionne...
 
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Précision spéciale: lorsque je disais hier que je m'auto-détruisais, il fallait évidemment comprendre que je parlais du personnage de l'Idéaliste: j'auto-détruis un personnage lentement construit, qui était censé être calme, modéré et distant. Ces derniers jours je me suis dévoilé sous un autre jour. On me dit même que j'ai déçu...
 
S'attendait-on à ce que je sois un "saint", comme il a été dit? Non, je suis comme tout le monde: plein de faiblesses et d'imperfections. Je ne maîtrise pas tout, je ne suis pas aussi solide que certains le croyaient. Ce personnage, c'était sans doute une sorte d'idéal vers lequel j'essaie de tendre. Mais la réalité m'a rattrapé: je suis parfois impulsif, excessif, et je vis trop intensément certaines choses. Je suis aussi rancunier avec qui ne s'excuse pas, intolérant avec certains comportements. Je cède parfois à des petites vengeances face aux coups que l'on me donne. Bref, je suis imparfait.
 
Mais je lutte en permanence contre ces comportements que je déplore et regrette. Je ne leur cède que lorsqu'on me blesse, que ce soit par négligence ou volonté.
 
Et si j'auto-détruis le personnage mythique (idéalisé) de "L'idéaliste", en revanche je continue à (re)construire celui qui lui donne vie, c'est à dire moi-même, le vrai, sous l'identité que peu connaissent.
 

 

* * *
 
La conclusion de mon article dans Claviers intime n°3 n'était-elle pas prémonitoire?
 
« A moi d'apprendre à me frotter un peu à mes lecteurs, quitte à les surprendre, peut-être les décevoir... ou les enthousiasmer
 
 
 
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« Il y a des choses dont on ne peut pas accoucher tout seul, on a beau pousser très fort, on se fait mal, on s'épuise, le bébé a le temps de mourir, de pourrir. Hé oui, c'est dégueulasse. Mais c'est dégueulasse d'aller mal, aussi, c'est horrible, ça pue, c'est malsain, il n'y a qu'à voir comment le monde entier vous fuit dans ces cas là...
 
Il y a des gens, par contre, qui ne veulent pas accoucher. On peut (on doit ? oui, je crois qu'on doit, si on peut) aider les gens à accoucher mais ce sont eux qui poussent... Tout un tas de gens refuse de pousser, préfère garder le tout, le laisser discrètement pourrir, bien caché, bien enfermé, plutôt que de saigner une bonne fois pour l'expulser.
 
Une fois expulsé, cette chose qui nous faisait tellement souffrir... elle donne quelque chose de beau, de chouette, quelque chose d'infiniment personnel et précieux. J'en suis persuadée. Parce qu'une fois la chose expulsée, on a compris toute une partie de notre personnalité, et ça, ça, ça n'a pas de prix.»
 
Ultraorange, 20/09/2002
 
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« La vérité c'est que j'en peu pu. La vérité c'est que j'me suis tellement fait dire que je suis bonne à rien que j'ai fini par le croire. Je me suis tellement fait dire que je ne fais jamais les choses correctement que j'ai fini par y croire. La vérité vraie c'est que mon père à réussit tellement bien à me faire sentir coupable à tout coup de tous les maux de la terre que ma culpabilité est devenue automatique. »
 
Egocentrisme cérébral, 20/09/2002
 
 

 
Harmonie relationnelle
 
 
Samedi 21 septembre
 
Bon, il semble que la tourmente se calme... Le forum Underground est quasiment éteint depuis quelques jours. Les attaques ont cessé, l'inconnue s'est éclipsée sans un mot.
 
De mon coté, je crois que j'ai vidé mon sac. Je commence à prendre le recul que j'aurais du garder. J'espère qu'aucun zigoto ne viendra s'amuser à relancer la provocation. Et même... je ne pense pas que je mordrais. Je crois que toutes ces conneries m'ont un peu blindé.
 
Reste plus qu'à retrouver le ton que j'avais auparavant. Poursuivre mon chemin vers moi-même. Ça prendra peut-être un peu de temps, pour que j'oublie ces yeux qui viennent guetter je ne sais quelle défaillance de ma part, traquer mes "lieux communs" et autres pensées apparemment stupides.
 
Plusieurs fois je me suis dit que je pourrais prendre une période de silence, afin de retrouver mes esprits. Puis finalement je poursuis... Je pense que ça m'aide à évacuer cette colère que j'ai parfois ressenti. Je ne veux pas accepter avec un sentiment de culpabilité les problèmes des autres. S'ils ne m'apprécient pas, ce n'est pas à moi de changer, mais à eux de ne plus me lire.
 
Je lis ici et là les commentaires qui sont faits... hmouais, je laisse faire.
 
Aujourd'hui je discutais avec Charlotte des personnes qui nous sont néfastes. Ces gens qui font qu'à leur contact on se sent mal à l'aise parce que jugé, culpabilisé. Les personnes "toxiques". Et on se disait que le rejet qu'ils manifestent n'est que la trace de leur propre incapacité à résoudre leur problèmes. Ces gens qui disent «tu devrais faire ci...» ou «tu es trop ça...» le font soit-disant pour notre bien, mais en fait réagissent en fonction de leur personnalité, de leurs propres blocages ou peurs. En cherchant à orienter notre comportement, c'est à eux-mêmes qu'ils répondent. Ils se rassurent en critiquant l'autre... parce qu'il leur rappelle trop une part d'eux même. Ou au contraire un comportement dont ils sont souffert. C'est en fait leur faiblesse psychologique qu'ils dévoilent en s'en prenant à l'autre.
 
Encore faut-il ne pas se laisser prendre à leur piège inconscient... Et c'est ce qui est redoutable. Parce qu'en frappant "là où ça fait mal", ils atteignent le point de fragilité qui fait perdre tout discernement.
 
Mais tout cela se produit de manière inconsciente, chez le juge comme chez le jugé. Et, de plus, chacun des deux n'a pas le même degré de lucidité sur lui-même.
 
Bon, je balance ça comme ça et c'est peut-être un peu confus, mais je suis en train d'assimiler le truc à force de réflexion depuis des jours. Je suis sûr qu'on peut trouver ça dans des bouquins, je l'ai peut-être même déjà lu, mais tant qu'on n'a pas fait l'expérience soi-même...
 
 

Au contraire de ces instables peu au fait de la psychologie (la leur comme celle des autres), il y a des personnes avec qui l'échange est fondé sur un tout autre rapport. On peut discuter de sujets sur lesquels on n'a pas forcément la même vision, on peut conseiller l'autre, lui ouvrir des pistes de réflexion... mais tout cela dans un esprit de partage. Un accompagnement. Le "tu devrais" devient un "tu pourrais". Le " à ta place je ferai..." devient "et si tu faisais...". Ne plus être dirigiste, ne pas appliquer à l'autre ce qui nous convient, ne pas attendre de lui qu'il soit conforme à ce qu'on aimerait qu'il soit.

 
J'apprécie énormément quelques personnes avec qui j'ai ce genre de rapports. On est différents, on n'a pas le même parcours ni les mêmes objectifs, mais on partage quelque chose qui est de l'odre du ressenti. Peut-être une même façon de voir la vie, de voir les autres, de prendre sa place parmi les autres. La même notion du respect. Peut-être aussi une même méfiance vis à vis des dirigistes?
 

 

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Un autre truc dont je me suis rendu compte, et qui explique ma persévérance dans les débats-disputes: l'importance que j'accorde a l'entente entre les gens. J'ai tendance à penser qu'il y a toujours un moyen de s'entendre, ou du moins se comprendre, s'accepter. Quand ça se passe mal, j'essaie de trouver le point qui crée l'incompréhension. C'est pour ça que je cherche la discussion et que j'ai un mal fou à y renoncer. Il faut vraiment que je constate que l'autre est buté jusqu' à la mauvaise foi et qu'il n'y aura rien à faire. Que j'accepte de voir mon incapacité à entrer dans son système de pensée.
 
Lorsque je partage des moment d'accord, je ressens une joie jubilatoire. A l'inverse, un blocage me plonge dans un sentiment de noirceur désespérée. C'est pour cette raison que je prends "trop" à coeur les évènements difficiles.
 
Je suis intimement persuadé qu'une des clefs de l'harmonie entre les êtres, donc du bonheur, réside dans le respect mutuel des différences. Et je vis très mal lorsque je constate que des gens jugent, rejettent... des gens qui ne leur ont rien fait.
 
Ah si... il leur ont fait quelque chose: ils ont heurté une part de leur psychologie. Une part qui souffre, mal acceptée, subie. Un reflet qu'ils ne veulent pas voir ou une réminiscence de souffrance pas acceptée.
 
C'est sans doute pour cette raison que je m'entends avec beaucoup de personnes qui ont entrepris un travail de réflexion sur eux-même, accompagnés ou non par un psy. C'est sans doute pour cette raison que les gens les plus "toxiques" pour leur entourage sont des gens qui refusent ce travail sur eux-mêmes. Ce n'est pas une règle absolue, évidemment, mais une tendance qui me semble très marquée. Les personnes les plus équilibrées et équilibrantes que je connais sont des gens qui ont des années de réflexion sur eux-même derrière eux.
 
Bon, ben fort de ces réflexions (pseudo-profondes, cela va de soi, hé hé...), je vais continuer à réfléchir sur moi-même, si personne n'y voit d'inconvénient. Je vais continuer à m'introspecter, quitte à faire rigoler ceux qui n'y comprennent rien.
 
Et si je les fait rire, et bien tant mieux :o) On 'a pas tout le temps l'occasion de se marrer.
 
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Pour ceux qui n'auraient pas suivi le débat passionné qui a eu lieu autour de la critique des journaux, j'ai recopié les messages significatifs sur une page à part.
 
Bon, en plus j'ai fait ça bien, avec des couleurs pour chaque intervenant pour que ça soit plus clair. Ce que je fais pas pour vous, hein...
 
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« Ce qui m'écoeure c'est que maintenant, apparamment, parce que je ne suis pas toujours d'accord avec Manu (rarement en fait) et que je suis relativement fréquemment d'accord avec l'Idéaliste, mais pas sur tout croyez-moi, les gens qui fréquentent le forum underground de la CEV semble complètement confondre mon avis et celui de l'Idéaliste. Ils ne semblent pas faire la distinction.»
 
L'exutoire spontané, le 21/09/2002
 
Décidément, je vois que Damélie est aussi victime des amalgames. Même chose que pour "Claviers intimes" qui serait "mon" magazine. Et je suppose que tous ceux qui y parycipent sont considérés comme étant dans "le camp de l'idéaliste"...
 
Pfff, ces étiquettes que l'on colle...
 
 

 
 
Retour au calme

 

Lundi 23 septembre

 
Je sens la fureur des mots s'éloigner. Mes doigts ne me demandent plus de courir sur le clavier, la souris ne me demange plus...
 
Pfouuu, je retrouve le calme. Il m'en aura fallu du temps.
 
Ce soir, je regardais un documentaire sur un médecin qui donne de son temps pour les enfants du Rwanda. Euh... j'ai eu honte. Honte de tout ce temps que j'ai passé pour des futilités. Je sais bien que la comparaison est idiote, mais quand même, je ne peux m'empêcher d'y songer.
 
Généralement je me considère comme quelqu'un d'heureux. Peut-être justement parce que je mesure la chance que j'ai. Je me plains rarement de mon sort. Ce qui est bizarre, c'est que parfois je ne sais pas me sortir de situations qui me sont désagréables. Pourtant, ma quète est vraiment la recherche du bien-être intérieur. Je devrais donc fuir les situations qui m'en éloignent. J'ignore encore pourquoi je n'y parviens pas toujours...
 
On m'a suggéré que des gens n'aimaient pas savoir les autres heureux. C'est effectivement une possibilité qui expliquerait pourquoi tant de gens sont jaloux et envieux du bonheur des autres.
 
Pfff, j'ai encore beaucoup à apprendre de la nature humaine. Non, en fait je le sais tout ça, mais ça ne veut pas rentrer dans ma caboche. On doit pas être tous cablés pareil.
 
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Pas mal de monde qui réfléchit sur le diarisme en ce moment...
 
« Parfois je me dis que j'aimerais écrire autre chose, parler d'autres choses, analyser davantage, être plus humoristique, écrire mieux (mais mieux que qui? mieux que quoi?). Parfois je me dis même que je ne devrais rien raconter ici, ne plus écrire du tout, disparaître dans le brouillard cybérien. Un jour je me relirai sans doute. Et je serai surprise de tout ça, étonnée de constater où j'étais, où je suis, où je vais. Pour le moment, à chaque jour suffit sa peine. »
 
Azulah, 22 septembre 2002
 
« Le journal, c'est commes les notes qu'on prend pendant le déroulement d'une expérience en laboratoire, ce n'est que rarement l'expérience elle-même. Si l'analyse, le travail réellement exploratoire constituait la majorité d'un journal, ça signifierait qu'à chaque entrée, le diariste découvirait quelque chose sur lui-même... A moins d'être en permanence en train de changer, ça n'est pas possible. Il y a des phases de la vie où on change beaucoup... Mais le reste du temps, l'introspection c'est l'observation, de haut, de notre champs de bataille intérieur.»
 
Narcissite, 23 septembre 2002
 
« L'autre aspect pervers de cette démarche est qu'elle risque de brider le diariste en l'enfermant dans un schéma simpliste et de rajouter une influence supplémentaire sur son écriture. Quant à l'idée d'associer le diariste à une liste de liens dont il se sent proche, je crains que cela favorise une fois de plus le copinage et les clans. Pour ma part, je me refuse à créer une liste de liens sur ma page car je sais qu'elle ne serait pas très longtemps objective. Je suis certaine qu'à un moment ou un autre je me sentirai contrainte par la bienséance de citer un diariste qui m'aurait inscrite sur son site.»
 
Journal sous prozac, 23 septembre 2002
 
 

 
Punching-ball
Mardi 24 septembre
 
 
Si j'étais seul, écrivant ce journal pour mes seuls yeux, je dirais que ça ne va pas fort.
 
Maintenant que le calme est revenu, je constate l'ampleur des dégats. Tout ce qu'il faut reconstruire. Les fondations, solides, sont encombrées de gravats, d'idées en vrac, de réflexions ébrechées. Il faut attendre que toute la poussière soit retombée, puis déblayer. Reconstituer le puzzle des idées éparpillées, les remettre dans un ordre cohérent parce qu'il y a de nouvelles pièces alors que d'autres n'existent plus.
 
Il va falloir du temps pour pouvoir reprendre le travail. Tant de points ont été bouleversés.
 
Et puis cette crainte des regards. Cette crainte d'une récidive. N'importe quand, de n'importe où, peut surgir quelqu'un qui reviendra tout chambouler.
 
Combien de fois aurais-je à subir les assauts de ceux qui ne supportent pas ma façon d'être? Pourquoi moi? Qu'ai-je donc de si particulier?
 
Voila presque un mois que je vis mal avec ça, mais un an plus tôt je vivais un acharnement beaucoup plus violent, que j'avais relaté succinctement ici. Je ne comprends pas ce rejet, je ne comprends pas qu'on me le signifie au lieu de me laisser faire ma vie tranquille.
 
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Honnêtement, ça va pas trop fort...
 
Je sais bien que c'est pas des trucs qu'il faudrait écrire ici. On aime pas bien quand les gens vont mal. Mais bon... c'est mon journal.
 
C'est le problème du journal public d'ailleurs. Quand l'habitude est prise d'y écrire, on ne sait plus forcément si il ne faudrait pas cesser de temps en temps. La pudeur l'exigerait.
 
Parfois je prends conscience de tout ce que je laisse de moi ici. J'en ai des bouffées de honte. Je suis vraiment impudique avec ce que je ressens. Mais je me dis aussi que ceux qui me lisent le font avec leur propres schémas de pensée, et surtout avec une distance.
 
Je suis hésitant sur la suite de ce journal, voila un moment que je le dis. Jour après jour je change d'avis. Témoigner? Me vider? Me ridiculiser? Ou abandonner l'espace public? Un jour je saurai, et je n'hésiterai plus.
 
Je ne sais pas pourquoi j'ai besoin de me confronter à des situations qui me mettent en difficulté. Sans doute une nécessité de me heurter aux parois de la bulle que je ne dois pas franchir. Je ne suis pas fait pour les relations conflictuelles, même si je parviens a me défendre tant bien que mal.
 
Il faut que j'apprenne à fuir ces gens qui ont des effets négatifs sur moi: ceux qui jugent, râlent, critiquent. Ceux qui se valorisent en dévalorisant d'autres. Ceux qui n'ont pas une démarche positive et ouverte vers les autres, mais qui au contraire pointent sur les points négatifs.
 
Je m'empresse de préciser que je ne parle pas ici de personnes particulières, mais d'attitudes générales qui se retrouvent aussi bien sur internet que dans la vie terrestre. Et ce constat n'est pas particulier à moi, mais partagé par beaucoup de gens qui ont autant de difficultés que moi à faire abstraction de ces personnes "toxiques".
 
Tout l'apprentisage consiste à fuir ces personnes-là comme la peste. Oublier les principes de bienséance et de politesse (autres que le minimum requis). Un de mes beaux-frères est comme ça: rabaisser les autres dès qu'il peut et se valoriser sur une soit-disant culture qui n'est en fait constituée que de pointes de connaissances (bien mises en avant) au milieu d'immenses vides. Mais, justement, on ne va pas s'amuser à le "casser" parce qu'on sait que ses conaissances ne sont que partielles. Peut-être est-ce un tort et que le ramener à un peu plus d'humilité serait lui rendre un service? Mais un type comme ça fait illusion, au départ. Il impressionne, attire l'attention... et fait s'effacer des personnalités plus discrètes mais infiniment plus riches de connaissances de l'humain.
 
C'est comme ça: ce ne sont pas ceux qui font le plus de bruit qui sont les plus intéressants. Je me demande même si ce n'est pas le contraire...
 
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Bon, quand ça va pas fort, je balance mes idées comme elles me viennent, mais je sais bien qu'elles ne sont qu'ébauches. Il faudrait remanier tout ça, approfondir, organiser, cohérenciser. C'est pas encore prêt pour ça, et ça ne se fera qu'en brassant ça dans tous les sens.
 
Je veux apprendre à ne pas me soucier des grandes gueules, à fuir les personnes toxiques. Toutes ces expériences douloureuses que je vis y contribuent.
 
Faut pas que j'oublie que je ne m'ouvre aux autres que depuis quelques années seulement. L'ours qui sort de sa tanière est encore malhabile pour se défendre contre des fauves. Qu'ils soient loups, chiens hargneux ou hyènes...
 
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Plus tard...
 
Je m'enfonce dans une sorte de déprime (a moins que je ne sois près de toucher le fond?). Je ne m'inquiète pas, je sais que le moral reviendra. Juste un mauvais moment à passer. C'est seulement un découragement devant tout ce qui reste à reconstruire. C'est comme si tout était éparpillé et que je ne savais pas par où commencer.
 
Tellement ce choses qui ont été remises en cause, tellement de découvertes qui ont été faites.
 
Tout ça à cause de 10 petites lignes de critique? Non non, ça c'est seulement l'élément déclencheur. La secousse initiale dont l'auteur ne pouvait absolument pas mesurer les conséquences. C'est pour ça que je ne lui en veut pas. Il n'y est pas pour grand chose en fait, sur ce point (pour la suite... c'est moins sûr).
 
La fissure qui a suivi le choc initial s'est agrandie, est devenue brèche ouverte, et d'autres sont venus parachever le travail. Et moi je n'ai pas su me protéger. Pire, mon attitude à certainement encouragé les coups suivants...
 
Je commence à comprendre le mécanisme qui a fait vaciller ce qui ne demandait qu'à s'écrouler. Il fallait bien que ça arrive un jour...
 
Partant d'une critique que j'ai prise avec un certain recul initial, parce qu'échaudé par ce genre de choses désormais, je n'ai pas su en rester là. Je sais ce qui a tout perturbé, et dont je ne me suis pas méfié: j'ai voulu dire ce que je pensais de l'attitude qui consiste à critiquer. J'ai mélangé la position de la victime et celle des convictions.
 
Coté victime, je restais distant en répondant «Bon, je ne m'attendais vraiment pas à apparaître en tête des journaux critiquables. Je n'aurais surtout jamais pensé que je puisse faire sortir de ses gonds quelqu'un. Déplaire, oui, sûrement, mais agacer... Mais on a toujours à apprendre des autres, ça ramène à un peu plus d'humilité. (...) Je ne commenterai pas l'avis que tu donnes sur mon site, parce que c'est le tien et que je dois bien faire avec » C'était sobre, pas revanchard. Ça aurait pu (dû?) en rester là.
 
Coté convictions et principes, là, je suis allé beaucoup plus loin. C'est un certain coté militant qui est ressorti. Moralisateur, si on veut le perçevoir ainsi. Je l'accepte. Je suis partisan d'une certaine morale du respect de l'autre.
 
Et en fait, tout est parti de cette critique de la critique. Parce que je ne pouvais rester assez distant (ou ne pas être perçu comme assez distant?) en temps que victime. Mais le critique critiqué à refusé qu'on le critique, ce qui a exacerbé les positions de chacun. Et comme ici, coté coulisses, j'exprimais mon mal-être alors que coté public je gardais ma pugnacité, cela a été perçu comme un double langage. Ouais, ça peut se comprendre, pour des gens qui n'ont pas cette sensibilité à fleur de peau et ignorent ce que cela implique.
 
Ensuite, c'est le militant qui a été attaqué, loin de la dizaine de lignes de la critique initiale qui, finalement, n'existaient plus dans le débat. Mais comme le militant avait été blessé au départ (victime), il était facile aux opposants successifs de se servir de ces blessures avouées. Et, comble de l'ignominie, la victime répliquait tout en disant souffrir! Comme si les deux étaient antinomiques...
 
En fait, s'il y avait bien un cas sur lequel je n'aurais jamais du intervenir en tant que militant contre la critique sauvage, c'était le mien! Pas de bol, ce fût le premier journal visé pour une critique publique. Mauvais hasard. Ça arrive.
 
Et du coup, j'en ai pris plein la tronche.
 
Mais ça, personne ne pouvait le savoir.
 
Je crois que j'aurais réagi avec la même hargne et les mêmes arguments si un autre journal avait été critiqué de la même façon que le mien. Mais j'aurais été beaucoup plus à l'abri des attaques personnelles, et pas fragilisé par cette première critique. Et surtout par son caractère public, parce que ça aussi ça a beaucoup joué.
 
En fait, c'était le plus mauvais trip qui pouvait m'arriver. Le cocktail explosif (pour moi) du dénigrement (difficile quand on doute de soi), en public (facteur aggravant), puis les accusations de mauvaise foi (insupportables), et le mépris (arghhhh!). Le tout se déroulant au su de tous (ridiculisant et humiliant), avec pour couronnement cette menace de dévoilement d'identité (brrrr!) par une salope d'anonyme en qui j'avais eu le tort d'avoir confiance (gloups!). Bref, la totale.
 
Pas étonnant qu'un mois plus tard j'en sois toujours secoué.
 
Bon, maintenant que tout est retombé (mais à mon avis ça laissera quand même des traces...), je me retrouve tout seul pour gérer mon problème alors que les accusateurs ont depuis longtemps retrouvé leur petit train-train peinard. Tout seul pour reconstruire, mais soutenu moralement. Sans ces soutiens, ce journal n'existerait sans doute plus.
 
Justement, on m'a accusé d'en faire trop avec ces personnes qui ont manifesté leur compréhension et leur soutien moral (mais pas forcément leur accord sur mes réactions!). Et bien justement, je me suis rendu compte à quel point c'était important pour résister que d'avoir ces marques amicales. Je crois même pouvoir dire que ça me donnera pour plus tard une force et une détermination supérieures. Parce que je sais maintenant quelle est notre fragilité et à quel point il faut défendre ce droit à l'expression et exiger le calme alentour.
 
L'avantage que je retire, c'est aussi de ne plus craindre ce genre d'attaques: j'y suis passé, je sais ce que c'est et je ne crains plus grand chose. Il y a aussi le fait que maintenant je suis sans masque, que cette lutte désordonnée et un peu pathétique a été publique. On sait maintenant qui je suis, je ne crains plus qu'on découvre cette fragilité impudiquement mise à nu. Je me suis montré à poil devant tout le monde, émotivement parlant.
 
Et si, justement, ce n'était pas toute la démarche de ce journal? Laisser voir toutes mes faiblesses pour mieux les connaître et ne plus en avoir honte. Ceux qui me lisent depuis le début se souviennent peut être de ces quelques mots (que je cite de temps en temps) qui avaient eus un impact si fort sur moi et déclenché mon envie d'écrire en ligne.
 
«Je suis maintenant devenue effrontément désinvolte avec les confidences. Quel contraste, et quel soulagement!
Avant, je croyais qu'en parlant de mes problèmes j'allais dévoiler mes vulnérabilités... montrer mes faiblesses... et oui, je pense même que j'en avais honte. Pourtant... pourtant! n'est-ce pas justement faire preuve d'une sorte de force que d'être transparent? Je dirais même que cette transparence me rend plus forte. Je ne camoufle plus, j'expose. Je ne refoule plus, je mets à jour. Je n'enfouis plus, je mets à vif.
C'est devenu ma libération».
 
Je dois un immense merci à L'incrédule pour ces lignes lumineuses et révélatrices (3 octobre 1999).
 
[Tiens, tant que j'y suis, je le signale à ceux qui croient que mon dialogue intérieur entre "Idéaliste" et "Réaliste" serait une imitation de ce que fait Pierre-Yves: Grossière erreur, le style était déjà pratiqué par l'Incrédule en 1999 entre elle et "Ego", voire avec "SuperEgo" qui s'y joignait de temps en temps. Je suppose que c'est un genre littéraire connu. Lejeune fait référence à Progoff, par exemple, pour cette forme d'écriture.]
 
 
Il semble donc que c'était le destin de ce journal... afin d'appliquer ensuite ce précepte dans ma vie de tous les jours.
 
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Apprendre à se protéger des autres, c'est aussi refuser de prendre en charge leur problèmes. Que des gens soient agacés par une part de nous-mêmes, c'est compréhensible. Ils peuvent le dire, et ça peut nous aider à réfléchir à ce coté agaçant, voire être un point de départ pour l'atténuer. C'est le seul message à prendre en compte. Maintenant, que ce soit dit avec agressivité, c'est pas notre problème. Si quelqu'un vit mal, s'il ne sait pas s'exprimer autrement, s'il voit tout en noir.... c'est son problème. On peut écouter, prendre notre part de ce qu'il dit, mais lui laisser dans les bras tout ce qui ne nous concerne pas.
 
Du moins, c'est comme ça qu'il faudrait savoir agir...
 
J'en prends conscience très souvent, maintenant que je suis sensibilisé à ce problème. C'est typique des gens qui se culpabilisent pour un rien et doutent d'eux-mêmes. La moindre critique est perçue comme un "tu es mauvais, nul, pas intéressant, tu fais tout de travers". Et d'autant plus fort que celui qui le dit est censé avoir un avis réfléchi ou un certain savoir.
 
Mais non, on n'est pas nul pour autant. C'est seulement l'avis d'un seul gugusse, qui a ses propres problèmes et à qui on renvoie une image qui ne lui plaît pas... sans qu'on ait les moyens de savoir pourquoi. C'est SON problème. Et on n'a pas à essayer de dialoguer avec lui s'il n'en est pas capable, on n'est pas là pour gérer les problèmes existentiels que les autres nous déchargent dessus.
 
Rien à voir avec un journal que personne n'est obligé de lire, comme ici. Non, celui qui agresse impose son problème. Il nous le fout dans les bras alors qu'on n'a rien demandé. Pas question de se charger avec ça: on doit lui rendre poliment en lui disant qu'on est pas un psy, encore moins un punching-ball.
 
On retrouve très fréquemment ce problème avec la famille (parents, fratrie) ou avec les collègues de travail, ou des gens qu'on fréquente comme étant des "amis" plus ou moins proches. Et bien sûr sur les forums, domaine de jeu préféré de tous ces névrosés.
 
Alors maintenant, Basta! Marre de ce genre de relations de dominant/dominé, emmerdeur/emmerdé. J'apprends à me méfier de ces gens là.
 
Peut-être parce que j'ai découvert que les relations pouvaient être fort différentes avec des gens qui respectent l'individualité de l'autre. Oui, ces amitiés dont je parlais il y a quelques jours, avec qui il existe un vrai partage. Où on n'est pas là pour se décharger excessivement sur l'autre, ni reçevoir son trop plein de problèmes. On écoute, on discute, on donne son avis. Mais dans un sens po-si-tif. On est pas là pour se critiquer ou s'agresser, reporter sur l'autre des comportements, le juger.
 
Voilà ce que j'apprécie, voila ce qui permet d'avancer ensemble, chacun sur son chemin. Voila un comportement qui mène vers autre chose que cette logique permanente de l'affrontement... oui, celui qui mène aux guerres.
 
Putain, pour certains y'a encore du boulot à faire!!!
 
Et pour moi aussi...
 
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J'aborde les sujets un peu en vrac, mais ce que j'écris ici ne représente qu'une petite partie des pensées qui m'assaillent tout au long de la journée. Je ne peux évidemment pas passer tout mon temps à écrire (euh... j'aimerais bien quand même) et m'installer devant l'écran à chaque fois que se déroule un fil de l'écheveau.
 
Je crois que j'ai écrit pendant... hum, pas loin de deux heures.
 
Mon temps professionnel se trouve réduit d'autant. Je prends du retard. Même les clients me dérangent, lorsque le téléphone sonne pour un renseignement. Et c'est pire lorsque c'est pour passer une commande.
 
Tout devient accessoire, en dehors de la vie relationnelle...
 
Ça va pas être possible de continuer comme ça. Va falloir se ressaisir et bosser un peu. Heureux salariés qui n'ont pas à faire ce genre de choix...
 
Et heureux que je suis de pouvoir le faire, quand même.
 
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23h15
 
Au moment de mettre en ligne, donc plusieurs heures après avoir écrit ce qui précède, ça va mieux. Effet apaisant de l'écriture qui décharge de trop de réflexions étouffantes. Et puis l'effet infiniment agréable de communiquer avec quelqu'un dont je me sens proche et qui semble comprendre si bien ce qui m'est arrivé, en me proposant les réactions adéquates pour éviter ce genre de situation.
 
 
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«Certaines recherches ont permis d'identifier des facteurs indiquant la bonne santé d'une communauté : modération adaptée, "homogénéité et clarté thématiques, évidence des bénéfices pour les membres, cohérence et persistances identitaires, inscription de la communication dans une continuité chronologique, rituels sophistiqués, système de surveillance et de sanctions, droits de propriété, archives enregistrant l'histoire de la communauté, interaction décontractée avec des éléments de risque léger." (Kolloch, Carrer, Salamé, 2001)»
 
Colloque "Écriture en ligne : pratiques et communautés", via Canclaux
 

 

 
« Qui désirerait faire de l'introspectif n'agirait pas comme ces diaristes. Ce que j'ai lu ce ne sont pas des analyses, ce sont des inventaires. Il manque systématiquement la dimension analyse. Ecrire "il s'est passé telle chose, j'ai réagi de telle manière" n'a rien d'introspectif. Dans le meilleur des cas, j'assiste à des tentatives d'analyse: "j'ai pensé ça. Ca doit être que je suis ainsi". Il y a une constante: celle de ne pas aller trop loin dans l'analyse. Peut être par manque d'esprit d'analyse»
 
Toilette intime, 24 septembre 2002
 
Quand un diariste découvre que les diaristes ne sont pas des psychanalystes! Un jour il découvrira peut-être que ce ne sont pas non plus des écrivains...
 
 
 
 
Cercle vicieux
 

 

 
Mercredi 25 septembre
 
 
 
Enième ressucée de la question: "pour qui écrit-on?"
 
Depuis un mois je me sers de mon journal comme un éxutoire, espérant à la fois me décharger de ce qui me pose problème et en tirer des réflexions. Bon, ça c'est le topo normal.
 
Malheureusement, le fait que ce journal soit public vient compliquer un peu les choses. Mes mots sont lus, je le sais, mais sont aussi commentés. Favorablement ou pas. Quand c'est positif, c'est pas un problème puisque ça m'encourage à poursuivre dans la voie que je suis plus ou moins consciemment. Il me suffit d'ajuster ma façon de réagir à un évènement selon la pertinence des commentaires et l'écho que ça éveille en moi. Jusque là, toujours pas de problème, c'est le fonctionnement habituel d'un journal en ligne et je parviens à peu près à m'y adapter. Pas toujours, parce que ces regards ont quand même une influence sur mon écriture, mais pas de façon très significative.
 
Mais depuis un mois, donc (pour ceux qui l'ignoreraient encore...), j'ai dû faire face à une série de critiques négatives et commentaires plutôt désagréables. Et depuis, ben ça merde! Plus moyen d'écrire librement.
 
Que je me laisse aller à l'expression de mon ressenti... et je lis que j'en fais trop. Oui, mais je suis bien là pour dire ce que je ressens, non? Du coup, je développe cette idée: le droit à dire dans mon journal ce que je veux. Mais les commentaires continuent, critiquant cette façon de faire... et alimentant par ricochet de nouvelles réflexions... qui immanquablement attirent des commentaire supplémentaires. C'est un cercle vicieux dont je suis bien obligé de constater que je ne pourrais me sortir sans briser quelque chose dans cette logique.
 
Deux solutions:
- Ne plus lire les autres (ouais... mais je suis curieux...) et continuer à écrire comme bon me semble (oui, mais je reçois des mails qui me le reprochent... et puis je crains de lasser même les plus fidèles)
- Ne plus écrire (et renier donc cette démarche d'écriture introspective... qui n'a plus vraiment d'efficacité dans le cas actuel)
 
Je pourrais aussi, et c'est ce qu'on me conseille sur tous le tons, devenir indifférent à ce que l'on peut penser de moi. Et juuuuustement, c'est ce que j'essaie de faire. Mais à mon rythme (donc très lentement), parce que c'est THE BIG PROBLEME! Tout est là: je suis hypersensible à l'opinion qu'on peut avoir de moi. "Amour-propre surdimensionné" m'a t-on écrit. Mhoui.. ça m'interpelle. C'est tentant comme explication. Grrrzzzzouiiii (bruit de neurones en action).. Non, ça ne me semble pas tenir la route. Beaucoup plus complexe que ça. D'abord, est-ce que je m'aime? Ouh la la, en v'la une question! Il me faudrait des pages pour développer toutes les réflexions que ça peut induire. En gros, je ne sais pas si je m'aime, mais je sais que je crois en moi. Je crois en ce qui est au plus profond de moi, que je ne connais pas encore vraiment, mais a quoi je devrais être fidèle si je veux bien vivre. Et c'est précisément le but de ma démarche auto-analytique: savoir qui je suis, m'affirmer comme tel et ne pas en avoir honte. Donc c'est pas vraiment que je m'aime, c'est que je veux m'aimer. Nuance.
 
Donc, en découvrant qui je suis, j'ai besoin de savoir comment les autres perçoivent ce personnage. Savoir ce qui plaît, et que je peux donc laisser d'épanouir, et ce qui déplaît, que je devrais apprendre à garder en veilleuse (ou laisser s'exprimer, mais en toute connaissance de cause et en l'assumant sans culpabilité).
 
Tout ce que l'on apprécie de moi est donc un miel dont je me délecte: je peux laisser libre cours à cette partie. On m'aimera, et je m'aimerai parce que je n'en aurais pas honte.
 
En revanche, quand je sens que ça déplaît, je ne peux ni ne veux nier que ça fasse partie de moi, mais je dois accepter de voir ce reflet désagréable. De préfénce sans qu'on se moque de moi à ce sujet...
 
Je ne sais donc pas être indifférent à l'opinion qu'on peut avoir de moi. C'est comme ça. Pour le moment. J'espère bien que ça s'atténuera, voire disparaîtra (on peut rêver...)
 
Journal, mon beau journal, que viens-tu faire dans cette galère? Ben le journal, c'est un des moyens (et des plus efficaces) pour apprendre à me connaître, tout en ayant un retour, via les impressions des lecteurs. Ça marchait très bien jusqu'à présent. Ça ne marche plus.
 
Parce que j'entends trop fort les avis négatifs. Normal, j'ai été conditionné à ça pendant des années. Alors il semble que je ne suis pas encore mûr pour rester suffisamment objectif. Et surtout, les critiques se succèdent trop vite. Encore aujourd'hui, un mail qualifie de "puérile" et "ridicule" mon attitude. Et vlan, en pleine poire! C'est ça le problème: en écrivant ici, en assimilant peu à peu, en comprenant, en acceptant, je donne l'impression de ressasser indéfiniment. Mais non! c'est ma façon d'intégrer tout le problème, sous le maximum d'angles possibles. reconstituer quelque chose de cohérent, comme je l'écrivais hier. Travail de longue haleine. Peut-être que de l'extérieur ça donne l'impression de ne pas bouger. C'est faux, absolument faux. Je travaille sur la profondeur, je remanie des fondements. Plutôt que de passer à autre chose en faisant comme s tout était réglé, je prends le truc à bras le corps et je fais un travail de fond. Comme ça, ce qui sera compris ne sera plus remis en question. Ce seront des acquis définitifs.
 
Peut-être que ça peut surprendre ceux qui aiment que les choses aillent vite. Moi je préfère qu'elles aillent bien.
 
Bon, mais comme je constate que les commentaires critiques se rajoutent à ma réflexion, complexifiant davantage ce qui est déjà bien embrouillé, je vais me mettre un peu à l'écart, le temps d'analyser posément tout ça dans mon coin. J'ai déjà bien assez à faire avec les conséquence de ce petit séisme dans ma vie.
 
Je réapparaîtrai quand je serai capable d'aborder d'autres sujets...
 
 
Pour qui écris-je un journal sur le web? Avant tout pour moi. Alors quand je constate que j'écris en pensant trop aux lecteurs, il faut que je m'éloigne de cette écriture dans laquelle j'égare celui que je suis.
 
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Pour faire suite aux réflexions lues au sujet du journal introspectif, le site de Michèle Senay, passionnée par le diarisme, aborde la "journal-thérapie". Cela n'a aucun caractère de véracité indubitable, mais à le mérite de fournir des pistes de la part de quelqu'un qui a un peu réfléchi sur le sujet...

 
« Mettre en mots ses pensées, ses rêves et ses peurs permet non seulement de mieux les comprendre et de les clarifier, mais, avant tout, d'en prendre conscience! E. M. Forster a dit «Comment saurai-je ce que je pense avant de lire ce que j'ai écrit?», illustrant ainsi de belle façon ce que plusieurs diaristes ressentent en écrivant. Ecrire nous révèle bien souvent à nous-même, permettant à des parties de nous que nous ignorions de s'exprimer.»
 
Sur la même page, il est aussi question du dialogue avec soi-même comme moyen de découverte de soi.
 
Pour les petits curieux, une page sur le diarisme sur le web
 

 
Samedi 28 septembre
 
 
En fait, j'ai changé d'avis: je n'ai pas à cesser d'écrire pour faire plaisir à qui que ce soit. J'écrirai ce que bon me semble parce que ce journal est le mien, pas celui de quelques lecteurs revendicatifs aux désirs de qui je devrais me conformer.
 
Ouais, sauf que j'ai tellement écrit ces derniers temps que j'ai envie de faire une pause. Alors mes réactions ce sera pour plus tard. Si j'en ai envie. Si j'ai le temps.
 
* * *
 
Lu mes collègues diaristes...
 
Parcouru les forums, où je ne m'exprime plus (même ceux qui m'occupaient tellement il y a quelques semaines)
 
Marre de ce "monde virtuel"...
 
Répondu à un mail, mais j'en ai encore en attente. J'aime pas faire attendre, mais je ne suis pas en état de répondre avec l'état d'esprit que je veux avoir.
 
Pas envie d'écrire. Dodo.
 

 
Dimanche 29 septembre
 
Toujours pas envie d'écrire... et pourtant j'écris. Juste pour qu'il en reste une trace. Mais comment décrire le fait de ne pas avoir envie d'écrire? Par le silence? Non, le silence peut aussi signifier qu'on fait autre chose. Là je pourrais écrire, mais quelque chose fait que même si je le voulais je ne parviendrais pas à le faire. Perdu le goût, pour le moment.
 
* * *
 
Et puis si, j'y reviens...
 
J'ai pas envie d'écrire parce que je ne sais plus comment écrire. Je ne sais plus qui je suis, entre celui qui veut s'introspecter tranquillement, en échangeant des bribes de vie et les réflexions qui les acccompagnent avec des personnes qui ont une vision similaire à la mienne sur ce que je considère comme essentiel: la connaissance de soi et le respect de l'autre (oui, ça n'a peut-être rien à voir, mais c'est comme ça aujourd'hui); et entre celui qui a envie de rentrer dans le lard de tous ceux qui m'empêcheront de mener ma vie comme bon me semble. (ouais, elle est vachement longue ma phrase..)
 
En fait, j'en ai marre d'être gentil et de me laisser manger la laine sur le dos. Trop de gens qui n'ont pas de scrupules, qui se foutent bien qu'on essaie de rester respectueux et courtois, qui se tapent complètement du fait qu'on essaie d'arranger les choses, de discuter, de s'entendre.
 
En ce moment je suis en colère. Contre moi, contre ma naïveté, contre ma propension à me culpabiliser/dévaloriser, contre cette sensation du rejet qui me mine et sape toute volonté. J'en ai marre de me laisser bouffer par la morosité parce que la moindre parole négative à mon égard me casse le moral.
 
Non, c'est pas que j'ai envie d'être "aimé par tout le monde", comme on s'imagine souvent. Je m'en fous que des gens ne m'aiment pas... sauf que de savoir qu'une personne rejette une part de moi, ça me casse. Oui, je sais, c'est subtil comme différence. Pourtant c'est pas pareil. En gros, j'accepte très bien qu'on ne m'aime pas, mais pas qu'on me rejette. Ni moi, ni les autres d'ailleurs. Aimer c'est une question de feeling et d'affinités. Rejeter c'est nettement plus violent. Il y a irruption dans ma vie du rejet de l'autre. Atteinte à ma liberté d'être.
 
Penser de quelqu'un que c'est un con et ne pas aller vers lui, ça semble logique et ça ne me pose aucun problème déontologique. Mais se sentir obligé de lui dire que c'est un con, non, pas d'accord. C'est chercher à se valoriser au détriment d'autrui. Je n'accepte pas ça.
 
Bon, en ce moment j'aurais beaucoup trop de choses à écrire ici. Sur mes réactions, sur le fait d'être lu en période difficile, sur l'afflux de lecteurs, sur la double image intimiste/combattif, etc. J'ai pas le temps en ce moment, pas l'envie non plus. Je laisse encore décanter mais ça ressortira certainement pendant une longue durée. C'est comme ça... Putain, je me rends compte que je ne m'adresse qu'à ceux qui ne me comprendraient pas. J'en oublie tous ceux qui partagent ma vision des choses et qui m'ont soutenu ces derniers temps. Je regrette de ne pas pouvoir faire abstraction de ces regards négatifs supposés. Je ne sais pas quand je retrouverai ma sérénité.
 
J'en ai vraiment marre de ce qui m'est arrivé.
 
* * *
 
Afin de ne pas lasser ceux qui en ont marre de lire les suites de cette remise en question durable, on va convenir d'un truc: tant que les titres de mes textes seront écrits en noir, ou qu'il n'y aura pas de titre, c'est que je serai encore à ressasser. Quand le bleu léger et serein sera là, c'est que j'aurais retrouvé un ton apaisé.
 
Et toutes mes excuses à ceux qui me suivaient pour autre chose que ce genre d'histoires. La vie d'un journal épouse les sensations que vit celui qui l'écrit...
 
Je demande aussi un peu de patience aux personnes à qui je n'ai pas encore répondu. Je me suis extrait (on dirait pas, hein?) de ce marécage dans lequel je m'enfonçais et, pour le moment, je m'en tiens à l'écart. J'en parle toujours, mais sous un autre aspect.
 

 

* * *
 
Quand je lis les autres diaristes, continuant sur leur lancée, je les envie.
 

 
Eloge de la lenteur

 

Lundi 30 septembre
 
Hier soir, après avoir posté mes deux entrées, je suis allé faire un tour sur mes stats. Oooouuuups! Y'a du monde qui passe! Faudrait peut-être que je fasse un peu gaffe à ce que je laisse de moi...
 
Je fais ma petite vie et je raconte ce qui me plaît, oui, mais... mais quoi? Euh... ben... je suis pas tout seul. Je ne peux (ou ne veux?) faire abstraction de tous ces yeux qui me suivent avec plus ou moins d'intérêt.
 
C'est marrant d'ailleurs, parce que j'écris toujours en sachant que je serai lu, mais j'ai tendance à oublier le nombre. Ou ne pas réaliser l'importance du nombre. Bon, attention, c'est pas que je veux faire celui qui est vachement lu, hein. Je veux dire que je ne matérialise pas, mentalement parlant (sacré concept que la "matérialisation mentale", hein?) ce que reprénsentent 20, 30 ou 50 personnalités qui se penchent sur mes écrits. Le dernier nombre à quelque chose d'affolant...
 
Il est fort probable que tous ne lisent pas mot à mot en s'imprégnant des idées émises pour les confronter à leurs propres idées. Mais il est tout autant possible que mes mots accrochent et même plaisent (oui oui...).
 
C'est une diariste qui m'a fait prendre conscience de ça, sur un chat de préparation à Claviers intimes. Elle me disait que mes idées sur le diarisme, que je ne voulais pas afficher trop ostensiblement (parce qu'elles ne représentent que ma propre conception d'une certaine forme de diarisme), étaient justement ce qui m'avait fait désigner comme euh... "porte-drapeau"?
 
Vraiment, il ne m'était pas venu à l'idée que je pouvais représenter une certaine tendance. Je pensais ne représenter que mon point de vue, que je crains toujours de voir comme minoritaire. Apparemment, pas tant que ça...
 
Du coup, je me sens de plus en plus convaincu par ce en quoi je crois.
 
* * *
 

 

Hier soir, après avoir écrit mon entrée, je me suis rendu compte que ce journal n'était pas en phase transitoire post-crise. Non, il a carrément changé. Il ne sera probablement plus comme avant. Il y aura l'avant et l'après "critique publique". C'est pas forcément un mal (c'est même sûr que ce n'en est pas un...), parce que je crois que je serai plus authentique. Non pas que je trichais avec les lecteurs, mais que je trichais avec moi-même. Ou plutôt: je n'avais pas conscience de l'importance du regard des autres sur moi. En cela, je me leurrais. Je me pensais plus distant alors que j'étais à fond dépendant de l'avis des autres. Tout s'était bien passé depuis le début puisque jamais je n'avais eu de critiques ni de commentaires désobligeants dans les mails que je recevais. Je ne pouvais donc pas imaginer que je serais aussi sensible à des avis négatifs (et pourtant déjà, sur des forums extérieurs...).
 
Le grand changement, c'est que maintenant je me sens vachement moins sensible. Etonnant comme ça s'est fait finalement "vite". Oui, je sais, un mois quand même, mais c'est quoi à l'échelle d'une vie?
 
Oui, j'ai ressassé et je rassasse encore, mais c'est efficace. Bien sûr que j'en ai fait toute une histoire, donnant une importance que beaucoup n'ont pas compris, mais pour moi c'était un véritable séisme. Un de plus, une réplique après mes déboires en d'autres lieux. Une secousse qui touchait plus en profondeur dans l'intime, dans cette bulle de confiance que j'avais cru s'être créée autour de ce journal parmi d'autres.
 
J'ai été déstabilisé, j'ai eu mal, je l'ai crié... mais ça m'a aidé à me guérir de ce mal: la dépendance de l'estime des autres.
 
J'apprends, au fil des expériences douloureuses, à être moi même et fier (raisonnablement fier...) de l'être. Victime du manque d'estime de mon père, il me faudra des décennies pour retrouver cette estime que JE me dois. Parce que s'il y a bien une personne à convaincre, c'est moi.
 
Alors si après avoir dit à mon père le poids que ses mots avaient pu avoir sur moi, lui avoir pardonné cet échec qui m'a handicapé depuis aussi longtemps, j'ai admis qu'il ne me méprisait pas.
 
Si après avoir pu retrouver une valeur à mes yeux en reprenant les études, en lançant mon entreprise, cette détermination a pu susciter une certaine admiration.
 
Si après avoir osé mettre au clair ce douloureux mystère amoureux autour de Laura, j'ai enfin pu savoir ce que je représentais pour elle.
 
Si j'ai pu exprimer mes souffrances de frère infériorisé...
 
Si j'ai pu refuser, enfin, le poids d'une éternelle culpabilité en signifiant à ma mère que je n'acceptais plus d'endosser son mal-être...
 
Alors je crois que je suis prêt pour aller enfin vers moi.
 
Maintenant que tout le domaine de l'affectif et de l'émotionnel a été investi, analysé, compris dans son fonctionnement, il reste le domaine des opinions.
 
C'est ce à quoi je me frotte depuis deux ans sur des forums. C'est cette démarche qui est pour moi une thérapie qui fait que j'y ai parfois consacré autant d'énergie. Et que je me suis remis aussi fortement en question devant des comportements que je ne connaissais, ni ne comprenais.
 
Ce journal en ligne s'est trouvé être un point de confrontation entre mon intimité et mes opinions. Il fallait bien qu'un jour le choc ait lieu...
 
Tout est parti d'une critique maladroite. Mais je ne regrette rien. Je me sens plus en accord avec moi-même. Plus fort aussi.
 
En fait, j'aurais pu remercier mon critique, si seulement il avait voulu agir pour m'aider, et non par simple satisfaction égoîste...
 

 

* * *
 

 

En parlant de lui, j'ai lu sa dernière entrée. Qu'il finisse par se demander si, tout compte fait, je n'étais pas sincère, je ne peux qu'en être satisfait. Mais quand il évoque mon «incapacité à évoluer», tout en se demandant si elle n'est pas tellement lente qu'il ne la verrai pas, je commence à comprendre: c'est comme si en regardant un arbre on se disait que ça n'évolue pas, parce qu'on ne voit rien changer.
 
Ben oui, il est des actions qui se déroulent dans la lenteur. Mais le travail qui est fait n'en est pas moins puissant. Et ne sera plus à faire parce qu'il aura été fait avec soin, patience, réflexion. C'est vrai, je suis un "lent" dans mes choix, parce que je mesure sans cesse le pour et le contre. J'appelle ça "le doute". Apparemment ça passe pour de l'immobilisme. Mais à quoi sert d'aller vite quand il faut faire ensuite marche arrière?
 
Dire que je n'ai pas évolué, c'est montrer qu'on ne m'a pas suivi sur le long terme. Ceux qui me lisent depuis longtemps savent bien que mes sujets de préoccupation ont changé. Depuis quand n'ai-je pas abordé le sujet de la séduction, qui occupait tant de mes pages? Combien de fois ai-je évoqué Laura, dont j'ai mis quatre ans à me défaire en écrivant plus d'une centaine de pages?
 
Cette histoire avec Laura est pour moi le meilleur exemple de ce que peut être une réflexion approfondie: j'ai pu me débarasser totalement d'un merveilleux boulet que j'avais traîné pendant vingt ans. VINGT ANS! Et maintenant, pfffuuuit, disparu... Je n'ai aucun regret d'avoir abordé lentement (quatre ans) ce sujet, en évoluant tout doucement, plutôt que de me convaincre artificiellement que c'était du passé, qu'il ne fallait pas revenir dessus, et bla bla bla...
 
Et plus je vieillis, plus je suis convaincu que cette façon de faire me convient. Tant pis pour ceux qui ne se donnent pas la peine de chercher à me comprendre. Je n'ai personne à convaincre. J'agis au mieux de ce qui ME convient.
 
 
* * *
 

 

Puisque je parle de celui qui avait lancé l'idée lumineuse de critiquer publiquement les journaux, je m'étonne (publiquement) de voir que son idée n'aura pas eu de suite. D'une part parce que personne n'a emboité le pas (faut croire que la demande n'était pas si forte...), et d'autre part parce que le critique en herbe, bien qu'ayant persisté à trouver son idée très judicieuse et l'ayant défendue avec acharnement sur son forum... n'a pas récidivé. Pourtant, je ne me souviens pas qu'il ait écrit quelque part qu'il regrettait de s'être livré à ce jeu là... Il envisageait même de poursuivre sans se préoccuper d'une éventuelle vulnérabilité des victimes à venir.
 
Par ailleurs, ce forum semble s'éteindre. Il faut dire qu'un départ en fanfare attire de l'audience, mais n'est pas forcément durable.
 
D'où les avantages de la réflexion avant l'action. De la concertation. D'un peu de lenteur...
 
Prendre le temps...
 
 
 
Nb: le titre du jour a été piqué à celui d'un livre de Pierre Sansot
   

Ce que j'écrivais il y a un an...

 

 

 

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