Alleluia
! Un nouveau Burton, quel bonheur ! Quelle excitation ! Quelle... trouille
!
Ben oui, on se souvient du cataclysme de la Planète des Singes,
qui avait tout bonnement horrifié tous les cinéphiles
de la planète. Burton était capable de réaliser
un tel navet. Ouaip. Coup dur.
Mais au fur et à mesure que la sortie de Big Fish se rapprochait,
les images s'étoffaient, les critiques commencaient à
s'exprimer, et ça sentait plutôt bon. "Tim Burton
est revenu !" s'exclamèrent avec un enthousiasme non dissiumulé
les magazines Première et Studio. Mais leur confrère Téléramma
déplorait la "normalisation" confirmée avec
Big Fish de cet autrefois déjanté vilain petit canard
d'Hollywood. Tim Burton nous surprendra toujours. Parfois burtonnien,
parfois pas du tout, et parfois l'un ou l'autre, selon les avis. Nyark
! Pas si facile, donc, à définir, cette personnalité
étrange qui vacille au gré de ses humeurs et de ses états
d'âme.
Car Big Fish impose réellement un grand tournant dans la carrière
du réalisateur et dans sa vie personnelle. Les deux on toujours
été intimement liés. Prenez Edward aux mains d'argent,
apposez une photo de Tim Burton et faites la comparaison. Tim est Edward.
Mais pas seulement dans l'apparence. L'histoire même d'Edward
aux mains d'argent est une véritable métaphore de la vie
du réalisateur. Et cela se retrouve dans son premier (et sensationel)
court-métrage "Vincent", tout comme dans l'Etrange
Noël de Monsieur Jack et, bien entendu, Ed Wood (ses eouvres les
plus personelles). Tim Burton serait-il un cinéaste obsédé
par lui même et passioné de sa propre autobiographie ?
Pas vraiment. Car Tim Burton, dans ce cas, ne voit pas sa vie comme
une succession des faits et de rencontres, mais comme un espèce
de bordel imaginatif qui remplacerait sa réalité par des
créatures en tous genres, des décors caricaturaux et des
personnages sinueux. Mélange réalité / fiction
? Tiens tiens, cela nous ramène directement à Big Fish,
c'en est le sujet même : l'histoire de cet homme qui a toujours
raconté sa vie fabuleuse à son fils, avec des exagérations
telles qu'aucune crédibilité ne pouvait lui être
accordée. Mais on se rend finallement compte que tout n'était
pas faux, et qu'il n'avait fait que broder ou exacerber des réalités
bel et bien concrètes. Une autre manière de voir la vie,
en fait. COmme Tim Burton ? Peut-être. Peut-être pas.
Autobiographie bien plus nette cette fois, avec l'histoire de ce type
de 30 ans qui attend un enfant et dont le père et mourrant.
Tim Burton a perdu son père avant la création du film
et sa femme est tombée enceinte dans les mêmes eaux (pour
information, c'est Helena Bonham Carter, elle joue la "gentille"
sing dans la planète des singes, et la dame aux chats dans big
fish). Il ne fait donc plus dans la dentelle en terme d'autobiographie.
Mais attention ! L'histoire de Big Fish n'est pas de Tim Burton, c'est
l'adaptation d'un roman de Daniel Wallace. Je pense que cela est très
important, pour comprendre l'oeuvre de Tim Burton, de faire attention
à cela. Car nombre de ses films ne sortent pas directement de
sa tête géniale. A vrai dire, il n'y a que Vincent, Frankenweenie,
beetlejuice, Edward aux mains d'argent et l'étrange noël
de Monsieur Jack qui ne soient du pur Burton. Cela revient à
trois longs métrages diffusés en salles. Sur dix. Le reste,
c'est du Pee-Wee (le perso principal était un personnage de télé
populaire), les Batmans (des comics), Ed Wood (perso réel), Mars
Attacks (existant avant Burton sous forme d'accompagnement de chewing
gums !), Sleepy Hollow (livre) et la planète des singes. Quand
au prochain, il s'agit de Charlie et la chocolaterie, issu d'un livre
de Rohal Dahl. Comme c'est l'adaptation d'un livre pour enfants et que
Johnny Depp est dans le coup, ça risque de donner !
Mais l'histoire n'est pas de Tim Burton, et c'est là où
le génie manquera, et a toujours manqué. C'est l'imperfection
de Big Fish, et de tous les autres films que je viens de citer. La,
c'est la mise en images qui fait de Tim Burton un grand? Il est capable
de déformer ce qu'il lit pour en faire des images extraordinaires
(il faut voir le travail incroyable qu'il a fait sur Batman ! - et comparer
avec les suites...). L'interprétation, donc, est très
bonne, mais l'original jamais à la hauteur, je pense. Quand donc
Tim Burton replongera-t-il dans sa tête ? Mais peut-être,
enfin, est-il passé à l'âge adulte, et laissé
définitivement tomber son adolescence scabreuse, si bien représentée
par Edward ? Tant mieux pour lui, dommage pour nous. Car c'est bien
ce que les journaux scandent en ce moment : l'âge de la maturité
à sonné pour Burton. Dommage. C'est peut-être son
immaturité qui faisait son exceptionnalité. Mais c'est
indéniable que quelque chose à changé. Cela se
voit dans Big Fish, mais aussi dans la promo qu'il donne en ce moment.
Tim Burton s'exprime sur sa vie privée. Son enfance, ses parents,
son fils, sa femme.. Autant d'éléments indispensables
à sa compréhension qu'il cachait à tous jalousement
avant Big Fish. Même Danny Elfman, qui a composé la musique
de presque tous ses films et très proche de Tim Burton avoue
qu'il n'a jamais rencontré aucun memebre de sa famille, et que
Tim n'en parlait que très peu...
grand tournant, donc, et seul l'avenir nous dira s'il a été
positif ou non. Car Big Fish, même s'il n'atteint pas le niveau
de certains films du maître, est quand même un assez bon
cru. Pas assez tordu à mon gout, mais quand même bien farfelu.
De très bonnes idées et anedotes qui nous amusent tout
au long du film ou bien nous tirent une petite larmouille. On replonge
en enfance avec des personnages stéréotypés de
contes de fées, des lieux, des histoires... Un émerveillement.
Ewan Mc Grégor prouve une fois de plus qu'il est un des plus
grands de sa génération, non pas forcément par
son talent (ce n'est pas vraiment un rôle de composition, mais
il y brille d'enthousiasme), mais surtout par les choix qu'il fait.
On l'a connu en défoncé morbide dans Trainspotting ou
Velvet Goldmine, en Jedi pour le trip et en amoureux transi au sourire
à tomber dans Moulin Rouge et Big Fish.
Ahhh, Tim............
#
|