Dogville

14 février 2004

Lars von Trier + Nicole Kidman = a voir absolument !!!
(dans ma liste de priorités cinématographiques).
Bon, ça m'a pas empêché de le louper au cinoche et comme je ne suis pas la seule dans cette situation, tout le monde s'est rué sur le film à sa sortie en video club. Je n'ai donc pas pu y accéder avant quelques semaines.

Mais voilà, c'est fait. Alors, comment allai-je ressentir ce film qui, à priori, devait me procurer des sensations affreuses délicieuses ? Je savais que ce film devait procurer la haine, devant la mise en esclavage progressive par tout le village d'une jeune inconnue..
Mais le déferlement de passions ne fut pas. Nicole Kidman devient esclave, se fait humiler, puis violer (bon, ok, là ça ne m'a pas laissé de marbre), mais elle ne réagit jamais, donc on la trouve un peu bébête. Cette mise en esclavage, qui je pense se voulait progressive et donc "expliquée"(comment chacun de nous, avec la pression communautaire, peut devenir un monstre), n'est en fait pas si ncompréhensible que ça. On en arrive même à l'absurde total (selon mon point de vue). Si bien qu'on ne sait jamais si Lars von Trier se la joue réaliste (car c'est l'impression qu'on a au départ, teintée en plus de son passé de réalisateur), ou bien si, au contraire, il nous raconte un petite anecdote à la Jean de la Fontaine avec sa morale à la fin.
J'opte pour la seconde solution, même si elle ne devient évidente qu'assez tard, ce qui nuit pas mal à la compréhension du film et de son ton général.

D'ailleurs, l'idée de la "fable" colle assez bien avec cette étrange idée d'absence de décor. En effet, tout le petit village existe sans murs, sur un plateau noir, genre scène de théatre, sur lequel sont délimitées par un ligne blanche les maisons des villageois, le verger, les rues, ect... Au début cela est très étrange, voir plutôt comique (les gens frapent à des portes invisibles et les ouvrent...) mais on s'y fait très vite, et cela ne pose très vite plus aucun problème, ce qui est étrange à vrai dire. Mais l'ennui est que je ne comprends pas vraiment l'intérêt de cette méthode. Parce qu'elle pourrait s'adapter à n'importe quel film. elle apporte, bien sur, une identité visuelle forte à Dogville, mais est-ce vraiment utile pour le récit ? Il y a quelque chose de très bien vu et de très bien utilisé avec cette technique : lorsque se déroule une scène avec un personnage, on voit les autres vivre derrière, et cela donne une dimension toute particulière à la narration. Ainsi, quand Grace se fait violer, on a un plan sur une grande partie de la ville. On voit de petits personnages vaquer à leurs occupations, des personnes se promènent dans la rue, d'autres travaillent, d'autres se font violer... J'ai trouvé cela très intéressant. Pour Dogville en particulier, l'utilisation de cette absence de décor et du dessin sur une sorte de scène de théatre a peut-être comme seul intérêt propre au film de renforcer ce côté "fable".

Si ce n'est que vers la fin que ce côté apparait clairement, c'est aussi à l'extrême fin du film (qui dure quand même plus de 3 heures !) que celui-ci prend toute sa dimension. Un peu comme un sixième sens moralisateur. Pendant plusieurs minutes, l'héroïne parle, nous expose sa réflexion, et... nous envoie un coup monumental dans la gueule, qu'on n'avait pas vu arriver. Lars von Trier nous livre une véritable réflexion sur les gens, la violence, la vengeance, et ça fait un peu mal. Donc si certains ont un peu de mal avec les longueurs, courage, patience, ça vaut le coup. Les trois heures de descente aux enfers de Grace ne sont pas si monumentales que ça, mais ça passe tout de même très bien. Et tout cela mène à un tel feu d'artifice !!!

Un dernier mot quand même sur Nicole Kidman. Elle n'est pas particulièrement brillante dans ce rôle, mais ce rôle na rien de spécial. Grace est une sorte de concept. Un être humain un peu naïf, gentil, et puis un peu ambigü sur les bords. Rien qui ne nécéssite un talent immense. Je pense que n'importe qui aurait pu tenir le rôle. Sauf que c'est Nicole Kidman qui l'a fait, et qui prouve ainsi sa véritable intelligence en matière de cinéma ! Cette fille a quand même trouvé le moyen de jouer dans Eyes Wide Shut, Moulin Rouge, les Heures et Doville, le tout alors qu'elle se faisait demander par le tout Hollywood ! Quelle classe, quelle dignité ! Elle illumine les écrans par sa beauté dans Eyes Wide Shut, nous charme avec sa voix dans Moulin Rouge, et nous écrase, enlaidie, par son charisme incroyable dans Les Heures.

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