Tant
qu'on est dans la gaité, continuons !
J'ai vu Elephant la veille de Ring, et il m'a hanté toute
la journée. Après c'est Ring qui m'a hantée.
Le problème est que je n'ai rien de plus à ajouter sur
Elephant que ce que j'ai pu lire dans la presse. A part
ça peut-être : comment peut-on avoir l'idée de traiter
le massacre de Colombine de cette manière ? C'est
inhumain ! inhumain d'objectivité, de froideur, aucune
recherche d'explication, aucun jugement....
Et pourtant, le film est là, et il est beau, très beau.
Que les personnes qui s'endorment au moindre plan
excédant 3 secondes 12 se retirent, ce film est d'une
lenteur incroyable. Moi ça me dérange pas (sauf pour
barry lindon). Vous avez sans doute vu, dans des bandes
annonces, ces long plans séquences où la caméra suit un
lycéen qui marche le long d'un couloir ? C'est très joli
d'ailleurs. Sauf que le jeune homme, il se tape la moitié
su lycée, et nous on regarde. Et puis en plus, il n'y en
a pas qu'un qui est suivi de cette manière. Bref, il ne
faut pas avoir peur. D'autant plus que cette lenteur n'est
qu'une manière de montrer à quel point on se fait
*chier* dans un lycée américain moyen. Il y a donc deux
sortes de spectateurs. Celui qui se dit : "'tain,
c'est lourd ce film, *je* me fais chier". Et celui
qui se dit "'tain, les pauvres, *ils* se font chier
à mort dans ce lycée".
Et puis y'en a qui se disent "'tain, il est chiant
*ce post*,e lle arrête pas de se répéter".
Les derniers ont tout capté.
Une des multiples originalités du film est simplement son
scénario, qui retrace environ une heure de la vie de
plusieurs étaudiants, avant que le premier coup de feu
soit tiré. Il y a le beau gosse, la compexée, le normal,
les pétasses anorexiques, et les tueurs. Les tueurs qui
s'intègrent totalement dans ce récit montrant les uns
après les autres, sans commentaires, la vie banale de
tous ces jeunes stéréotypés. Les deux tueurs, que l'ont
pensait être les sujets principaux du film, sont montrés
exactement comme les autres, sans aucune place
particulière. D'ailleurs, ils débarquent sans prévenir
au milieu du film, et nous font comprendre presque
instantanément leurs intention. Ce qui est étrange, car
pour un film traitant de cette tuerie, on se serait
attendu à une montée progressive, une évolution des
deux gamins qui nous conduirait, finalement, à la scène
fatidique.
Mais c'est justement dans cet ecueil que Gus Van Sant n'a
pas voulu tomber, et dans lequel en fait personne n'aurait
voulu tomber. Car qu'est-ce qui aurait pu être plus
grotesque que de chercher de vaines explications à
l'inexplicable ? On a cherché, recherché ; Marylin
Manson, gnagnagna, Les jeux violents, gnagnagna, le
nazisme, gnagnagna... Rien, aucune logique, n'a jamais pu
réellement expliquer ce qui s'est passé, et ce serait
tomber dans le voyeurisme à la con du fait divers que de
s'étaler longement sur ces sujets, en plus que de
conforter les opinions conservatrices americaines et
familiales de France.
Une façon neutre, donc, de traiter ce sujet difficile,
dont le seul parti pris du réalisateur est sans doute de
montrer que n'importe quel lycée américain aurait peu
être victime de ce drame, comme chacun de ses élèves
coupable de ce drame.