Elephant

29 octobre 2003

Tant qu'on est dans la gaité, continuons !
J'ai vu Elephant la veille de Ring, et il m'a hanté toute la journée. Après c'est Ring qui m'a hantée.
Le problème est que je n'ai rien de plus à ajouter sur Elephant que ce que j'ai pu lire dans la presse. A part ça peut-être : comment peut-on avoir l'idée de traiter le massacre de Colombine de cette manière ? C'est inhumain ! inhumain d'objectivité, de froideur, aucune recherche d'explication, aucun jugement....
Et pourtant, le film est là, et il est beau, très beau. Que les personnes qui s'endorment au moindre plan excédant 3 secondes 12 se retirent, ce film est d'une lenteur incroyable. Moi ça me dérange pas (sauf pour barry lindon). Vous avez sans doute vu, dans des bandes annonces, ces long plans séquences où la caméra suit un lycéen qui marche le long d'un couloir ? C'est très joli d'ailleurs. Sauf que le jeune homme, il se tape la moitié su lycée, et nous on regarde. Et puis en plus, il n'y en a pas qu'un qui est suivi de cette manière. Bref, il ne faut pas avoir peur. D'autant plus que cette lenteur n'est qu'une manière de montrer à quel point on se fait *chier* dans un lycée américain moyen. Il y a donc deux sortes de spectateurs. Celui qui se dit : "'tain, c'est lourd ce film, *je* me fais chier". Et celui qui se dit "'tain, les pauvres, *ils* se font chier à mort dans ce lycée".
Et puis y'en a qui se disent "'tain, il est chiant *ce post*,e lle arrête pas de se répéter".
Les derniers ont tout capté.
Une des multiples originalités du film est simplement son scénario, qui retrace environ une heure de la vie de plusieurs étaudiants, avant que le premier coup de feu soit tiré. Il y a le beau gosse, la compexée, le normal, les pétasses anorexiques, et les tueurs. Les tueurs qui s'intègrent totalement dans ce récit montrant les uns après les autres, sans commentaires, la vie banale de tous ces jeunes stéréotypés. Les deux tueurs, que l'ont pensait être les sujets principaux du film, sont montrés exactement comme les autres, sans aucune place particulière. D'ailleurs, ils débarquent sans prévenir au milieu du film, et nous font comprendre presque instantanément leurs intention. Ce qui est étrange, car pour un film traitant de cette tuerie, on se serait attendu à une montée progressive, une évolution des deux gamins qui nous conduirait, finalement, à la scène fatidique.
Mais c'est justement dans cet ecueil que Gus Van Sant n'a pas voulu tomber, et dans lequel en fait personne n'aurait voulu tomber. Car qu'est-ce qui aurait pu être plus grotesque que de chercher de vaines explications à l'inexplicable ? On a cherché, recherché ; Marylin Manson, gnagnagna, Les jeux violents, gnagnagna, le nazisme, gnagnagna... Rien, aucune logique, n'a jamais pu réellement expliquer ce qui s'est passé, et ce serait tomber dans le voyeurisme à la con du fait divers que de s'étaler longement sur ces sujets, en plus que de conforter les opinions conservatrices americaines et familiales de France.
Une façon neutre, donc, de traiter ce sujet difficile, dont le seul parti pris du réalisateur est sans doute de montrer que n'importe quel lycée américain aurait peu être victime de ce drame, comme chacun de ses élèves coupable de ce drame.

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