Giorgino

5 janvier 2004

Giorgino, c'est le long métrage qu'ont sorti Mylène Farmer et Laurent Boutonnat en 1994. Si peu de gens connaissent ce film, c'est qu'il a fait un bide tellement désastreux que Laurent Boutonnat l'a très vite interdit de toute distribution. Ce film est donc très difficilement trouvable. Depuis cette date, Mylène Farmer et Laurent Boutonnat (qui avait réalisé tous ses clips), n'ont plus du tout tourné ensemble.
Pourquoi un tel bide ? Le film était attednu de tous avec impatience. Le premier long métrage du génie du clip et de l'image, avec pour icône la mystérieuse et glamour Farmer, et un budget d'enfer. Mais le public n'a pas répondu. Encore moins la critique. Même les fans ne Mylène Farmer n'ont pas répondu présent aux séances.
Quand je leur parlait de Giorgino - avant de le voir -, ils l'évoquaient avec dégout. Un peu comme l'élément qu'on voudrait oublier, dans cette carrière sans faute.
Comment Laurent Boutonnat, avec les moyens d'un long métrage et cette muse sublime qu'il maîtrise parfaitement pourrait-il faire un navet? Les rares images aperçues sont sublimes, à la hauteur du clip "désenchantée", et quand à l'histoire, rien ne pourrait mieux coller :
Première guerre mondiale. Le docteur Giorgio Volli, blessé, rentre du front. Il retourne à l'orphelinat où il travaillait pour retrouver les enfants "anormaux" dont il s'occupait. Mais les enfants ont été transférés chez Monsieur Degrâce, et il découvre, en s'y rendant, qu'ils sont tous morts dans des conditions mystérieuses. La fille de Mr Degrâce, Catherine (Mylène Farmer), autiste, est soupçonnée par tout le village. Un village de femmes esseulées et enragées par l'absence de leurs maris et fils, partis pour la guerre et ne donnant pas de nouvelles. A rajouter : de la neige, des loups, des gouttes de sang, un hopital psychiatrique, une église ; vous mélangez bien, passez au four 2h57 et vous obtenez du pur Farmer/Boutonnat !
Non ?
Apparemment non. Je me suis dit que peut être que Laurent Boutonnat était allé trop loin dans son désir de malsain. Que peut-être, à un moment, le spectateur ne pouvait plus suivre, passant du sentiment de malaise à celui de grotesque. Un raté total.
J'allai voir le film avec un très mauvais à priori, préparée à ne pas me vexer d'un mauvais Boutonnat, préparée à rire plutôt que de m'offusquer.
Et pourtant, et pourtant j'ai aimé. Je me suis laissée emporter, par tout ce que j'aimais, de Boutonnat et Mylène Farmer. Comme je l'évoquais précédemment, tous les éléments y étaient, et ils y étaient bien. La lenteur en plus, insupportable pour beaucoup, délicieuse pour moi.
Alors pourquoi ce film a tellement déçu ? Le public français lambda, cela ne m'étonne pas. Boutonnat ne sait pas filmer. Du moins pas dans les règles du cinéma narratif. Ce n'est pas vraiment sn truc, ça. Genre Gorgio qui, apprenant que les enfants sont morts, se rue sur la porte d'une des chambres pour vérifier qu'il n'y a vraiment personne, puis se rue sur une autre et... se fait tout le couloir de la sorte. Cela a de suoi surprendre, nous ne sommes pas habitués. Alors maladresse, ou génie confirmé ? En tous cas c'est appréciable. De changer. De ne pas avoir le sentiment d'être des moutons, capables de ne comprend qu'un langage, qu'une mise en scène, qu'un récit. On entre dans un cinéma nouveau, on a découvert quelque chose. Quelque chose de bien. De dur, de triste, de choquant, mais bon dieu qu'est-ce que ça fait plaisir !
Et puis Mylène Farmer, elle assure. Elle n'a jamais plus joué dans un film, mais quel dommage !!!! Elle est incroyable, dans ce rôle si compliqué, si paradoxal et si dur à cerner. et pourtant, on réussit à y croire. Normal, on n'est pas dans le réel. Nous sommes dans une sorte de conte de fée qui vire du mauvais côté, quand ça commence à faire peur.
Je peux donc comprendre que le public français n'ait pas adhéré. Mais le public de Mylène ? *pourquoi* n'ont ils pas aimé ? Parfois je me demande s'ils ont vraiment bien compris que Mylène Farmer n'était pas une chanteuse comique. Bien sur, il y a ceux de la seconde période, la période "kitsh", "icône gay", et qui ne sont pas intéressés par les déambulations macabres de Mylène dans les cimetières du début de sa carrière. Mais c'est un peu triste tout de même. Car la "nouvelle" Mylène Farmer est tout aussi trash que l'ancienne, mais ça se voit moins. Donc dois-je encore abuser de mon complexe de supériorité et dire : les fans de Mylène sont tous débiles sauf moi (et ceux qui ont aimé Giorgino), ou bien dois-je abuser de mon complexe d'infériorité et dire : je n'ai encore rien compris de rien du tout.....?
En tous cas, tout ce que ce film s'est pris dans la figure m'énerve. Parce que si Giorgino avait marché, il est évident que Laurent Boutonnat aurait fait de nouveaux longs métrages, et j'ai été privée de ça ! Et vous ne pouvez pas savoir à quel point cela me fout la haine ! C'est comme si Edward aux mains d'argent avait fait un bide, qu'il devenait introuvable et que Tim Burton n'avait pas créé Ed Wood, L'Etrange Noël de Monsieur Jack et j'en passe (bouh, ça me fiche des frissons dans le dos !).
Donc croisons tous les doigts pour que Boutonnat ravale sa fierté, accepte de rendre disponible son film, et se mette à faire plein de petits !!! (c'est beau, l'espoir).

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Un, maman a tort
D eux , c'est beau l'amour
T rois , l'infirmière pleure
Q uatre , je l'aime

 

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