Giorgino,
c'est le long métrage qu'ont sorti Mylène Farmer et Laurent
Boutonnat en 1994. Si peu de gens connaissent ce film, c'est qu'il a
fait un bide tellement désastreux que Laurent Boutonnat l'a très
vite interdit de toute distribution. Ce film est donc très difficilement
trouvable. Depuis cette date, Mylène Farmer et Laurent Boutonnat
(qui avait réalisé tous ses clips), n'ont plus du tout
tourné ensemble.
Pourquoi un tel bide ? Le film était attednu de tous avec impatience.
Le premier long métrage du génie du clip et de l'image,
avec pour icône la mystérieuse et glamour Farmer, et un
budget d'enfer. Mais le public n'a pas répondu. Encore moins
la critique. Même les fans ne Mylène Farmer n'ont pas répondu
présent aux séances.
Quand je leur parlait de Giorgino - avant de le voir -, ils l'évoquaient
avec dégout. Un peu comme l'élément qu'on voudrait
oublier, dans cette carrière sans faute.
Comment Laurent Boutonnat, avec les moyens d'un long métrage
et cette muse sublime qu'il maîtrise parfaitement pourrait-il
faire un navet? Les rares images aperçues sont sublimes, à
la hauteur du clip "désenchantée", et quand
à l'histoire, rien ne pourrait mieux coller :
Première guerre mondiale. Le docteur Giorgio Volli, blessé,
rentre du front. Il retourne à l'orphelinat où il travaillait
pour retrouver les enfants "anormaux" dont il s'occupait.
Mais les enfants ont été transférés chez
Monsieur Degrâce, et il découvre, en s'y rendant, qu'ils
sont tous morts dans des conditions mystérieuses. La fille de
Mr Degrâce, Catherine (Mylène Farmer), autiste, est soupçonnée
par tout le village. Un village de femmes esseulées et enragées
par l'absence de leurs maris et fils, partis pour la guerre et ne donnant
pas de nouvelles. A rajouter : de la neige, des loups, des gouttes de
sang, un hopital psychiatrique, une église ; vous mélangez
bien, passez au four 2h57 et vous obtenez du pur Farmer/Boutonnat !
Non ?
Apparemment non. Je me suis dit que peut être que Laurent Boutonnat
était allé trop loin dans son désir de malsain.
Que peut-être, à un moment, le spectateur ne pouvait plus
suivre, passant du sentiment de malaise à celui de grotesque.
Un raté total.
J'allai voir le film avec un très mauvais à priori, préparée
à ne pas me vexer d'un mauvais Boutonnat, préparée
à rire plutôt que de m'offusquer.
Et pourtant, et pourtant j'ai aimé. Je me suis laissée
emporter, par tout ce que j'aimais, de Boutonnat et Mylène Farmer.
Comme je l'évoquais précédemment, tous les éléments
y étaient, et ils y étaient bien. La lenteur en plus,
insupportable pour beaucoup, délicieuse pour moi.
Alors pourquoi ce film a tellement déçu ? Le public français
lambda, cela ne m'étonne pas. Boutonnat ne sait pas filmer. Du
moins pas dans les règles du cinéma narratif. Ce n'est
pas vraiment sn truc, ça. Genre Gorgio qui, apprenant que les
enfants sont morts, se rue sur la porte d'une des chambres pour vérifier
qu'il n'y a vraiment personne, puis se rue sur une autre et... se fait
tout le couloir de la sorte. Cela a de suoi surprendre, nous ne sommes
pas habitués. Alors maladresse, ou génie confirmé
? En tous cas c'est appréciable. De changer. De ne pas avoir
le sentiment d'être des moutons, capables de ne comprend qu'un
langage, qu'une mise en scène, qu'un récit. On entre dans
un cinéma nouveau, on a découvert quelque chose. Quelque
chose de bien. De dur, de triste, de choquant, mais bon dieu qu'est-ce
que ça fait plaisir !
Et puis Mylène Farmer, elle assure. Elle n'a jamais plus joué
dans un film, mais quel dommage !!!! Elle est incroyable, dans ce rôle
si compliqué, si paradoxal et si dur à cerner. et pourtant,
on réussit à y croire. Normal, on n'est pas dans le réel.
Nous sommes dans une sorte de conte de fée qui vire du mauvais
côté, quand ça commence à faire peur.
Je peux donc comprendre que le public français n'ait pas adhéré.
Mais le public de Mylène ? *pourquoi* n'ont ils pas aimé
? Parfois je me demande s'ils ont vraiment bien compris que Mylène
Farmer n'était pas une chanteuse comique. Bien sur, il y a ceux
de la seconde période, la période "kitsh", "icône
gay", et qui ne sont pas intéressés par les déambulations
macabres de Mylène dans les cimetières du début
de sa carrière. Mais c'est un peu triste tout de même.
Car la "nouvelle" Mylène Farmer est tout aussi trash
que l'ancienne, mais ça se voit moins. Donc dois-je encore abuser
de mon complexe de supériorité et dire : les fans de Mylène
sont tous débiles sauf moi (et ceux qui ont aimé Giorgino),
ou bien dois-je abuser de mon complexe d'infériorité et
dire : je n'ai encore rien compris de rien du tout.....?
En tous cas, tout ce que ce film s'est pris dans la figure m'énerve.
Parce que si Giorgino avait marché, il est évident que
Laurent Boutonnat aurait fait de nouveaux longs métrages, et
j'ai été privée de ça ! Et vous ne pouvez
pas savoir à quel point cela me fout la haine ! C'est comme si
Edward aux mains d'argent avait fait un bide, qu'il devenait introuvable
et que Tim Burton n'avait pas créé Ed Wood, L'Etrange
Noël de Monsieur Jack et j'en passe (bouh, ça me fiche des
frissons dans le dos !).
Donc croisons tous les doigts pour que Boutonnat ravale sa fierté,
accepte de rendre disponible son film, et se mette à faire plein
de petits !!! (c'est beau, l'espoir).
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Un, maman a tort
D eux , c'est beau l'amour
T rois , l'infirmière pleure
Q uatre , je l'aime
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