Beauraing - Gedinne
30 août 2001
Ma grenouille m'avait dit, vas-y. Demain c'est la pluie. Aujourd'hui il y aura encore du soleil. Alors je suis parti. Ma grenouille s'est trompée. Mais je ne le regrette pas.
Gare de Beauraing, 08h14. Mais le GR est encore à deux kilomètres d'ici. faut d'abord se taper la grimpette le long de la N40 pour rejoindre Malakof et le nouveau tracé établi depuis mars 2000.
Enfin le blanc et rouge commence. Un bon chemin bien large et herbeux rejoint l'ancien tracé. Bien vite, on atteint le domaine de Beauraing dont on longe l'interminable mur en suivant le Sentier des Pèlerins après avoir franchi un clôture dont certains pantalons doivent encore se souvenir ...
Carrefour Saint-Pierre et petite montée entre les champs, en direction du Bois de Chapis. Ici le sentier donne le ton de la journée: la plus grande partie de ce tronçon se fait sous un dôme vert, par des chemins forestiers. Encore un superbe panorama et, dès Javingue, c'est la plongée en forêt quasi ininterrompue jusqu'à Gedinne. Superbe, varié ... et le randonneur reste à l'abri de la pluie qui tombe (j'allais dire dehors, tant on se sent à l'abri sous les grands arbres). Le balisage est irréprochable et pendant de longs moments on peut s'abandonner à ne faire qu'une chose: profiter de cette ambiance feutrée que la pluie donne aux bois, tout en douceur, en parfums qui montent lentement sous vos pas.
Tout à ma rêverie, je suis rattrapé et dépassé par une formule 1 de la marche. Un bolide vert frappant régulièrement le sol de son bâton tout neuf. Un géant vert perdu sous le casque de son baladeur qui marche-court et fait peiner son chien tant son allure est rapide. A peine échangeons-nous quelques mots que déjà il s'éloigne vers un improbable drapeau à damier ... Ne manque que le bip-bip du dessin animé.
Chacun son truc. Je pause casse-croûte non loin de la route Felenne-Vencimont. A l'aise. Profite encore du calme sous l'oeil d'un garde forestier qui fait sa ronde. Vert aussi, le garde, mais animé d'une sage lenteur, lui.
Entrée dans Vencimont Encore six kilomètres de plaisir jusqu'à Vencimont que l'on atteint en longeant une petite rivière coulant en contrebas. Il ne manque qu'un peu de lumière pour ajouter à la magie des lieux cette touche qui rend tout vraiment inoubliable. Vencimont, joli petit village où il est grand temps de voir si les bières locales sont bonnes, comme ailleurs sur les sentiers. Le Relais fait l'affaire, même si en écoutant les clients on se croirait à Anvers plutôt que perdu au milieu des Ardennes. Enfin, ici, je peux finir mon casse-croûte sans problème. Plus petit que Durbuy, plus sympa aussi.
Je quitte Vencimont (mais ne vois pas de sanglier - private joke). Quelques superbes mûres juteuses et sucrées à souhait me font un magnifique dessert. Dernier tronçon: le sentier touristique de la Houille. Plus joli encore que ce qui précède. On monte (un peu), on redescend, on franchit la rivière une fois, deux fois, trois fois ... Je m'amuse comme un gamin. Seule petite déception. Le Moulin de la Galette n'est qu'un gîte aussi fraîchement rénové que désert. Parking vide et pistes de pétanques qui ne verront pas de Fanny en ce jour trop gris pour le pastis.
Petit pont sur le sentier touristique de la Houille Et, passé un ridicule morceau d'asphalte, le GR retrouve la Houille. Lentement le sentier s'élève pour laisser la rivière en entrant dans Gedinne.
Il ne pleut plus. Mais la pluie est-elle vraiment tombée sur le sentier aujourd'hui ? Sans les flaques je jurerais que non.Allez. dernier effort. Trois petites bornes jusqu'à la Gare. Gedinne-station. Fin de partie. On n'oublie rien, on recommencera, plus tard, ailleurs aussi.
Touche finale. Alors que je m'attends à voir surgir la vieille Micheline jaune et rouge (cf. Anseremme-Gendron sur cette page), au lieu du ronronnement chaotique d'un autre âge, qui se termine toujours dans le crissement strident des freins, c'est un train flambant neuf et silencieux qui s'arrête au quai. Confort et presque luxe. Il y a même des premières classes. Une page se tourne. En service depuis 45 ans, les vieux tacots qui faisaient aussi le charme des voies du bord de Lesse sont remplacés depuis le 15 août de cette année par de nouveaux et superbes trains. Un peu de nostalgie ... mais après pratiquement 7h de marche, je profite sans me plaindre du moelleux des sièges, dernier écho peut-être à la douceur du sentier d'aujourd'hui.
Si vous aimez les ballades en forêt, ne cherchez plus, n'hésitez plus. C'est celle-ci qu'il faut faire. Même si elle est un peu plus longue (pas loin de 30 km, de gare en gare) le plaisir qu'on y trouve fait qu'on oublie bien vite la distance pour ne plus penser qu'à être bien. A vous de voir ...
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