L'anarchie
En 1872 à Rome, Guesde écrit
" Mensonge la proprieté
que la Contitution de 91 range "parmi les droits naturels et imprescriptibles
de l'homme" pour qui, non seulement ne possède pas, mais manque
des instruments de travail et doit lui même servir d'instrument de
fortune d'autrui.... Mensonge, l'accessibilité de tous aux fonctions
publiques, pour la masse des salariés, éloignés par
la misère des écoles supérieure, des facultés,
pour ne pas dire de l'école primaire et condamnés à
la manufacture dès l'age de 10 ans. Mensonge la liberté de
travail ... pour qui n'a ni terre, ni capital, ni crédit. Mensonge,
l'electorat pour qui ne sait pas lire ou est a la merci d'un maitre qui
lui demande son bulletin de vote". S'en est fini pour Guesde
du radicalisme.C'est par le courrant anti-autoritaire de la Premiere
Internationale (AIT), que Guesde découvre le socialisme. La
Suisse est devenu la patrie des exilés de la Commune et le lieu
de résidence de membres influents de l'Internationale comme James
Guillaume. C'est ce dernier qui aprés avoir raillé, Guesde
le Jacobin, le converti à l'anarchie. J.Guillaume fait de
lui jusqu’en 1873 un anarchiste convaincu qui lutte, aux côtés
des bakouninistes, contre l’« autoritarisme » de Marx. A l'époque
pour Guesde il faut attaquer l'autorité sous ses 3 formes : politique
(l'état), économique et morale. Guesde fait ces classe au
sein de la Fédération Jurassienne ou il milite pour l'autonomie
des sections et combat le centralisme autoritaire de Marx qui désire
faire de l'AIT une organisation centralisée.
À Milan, à partir de 1874,
des lectures nouvelles et la connaissance directe du mouvement socialiste
local commencent à infléchir sa pensée vers le socialisme,
comme le montrent son Essai de catéchisme socialiste (ouvrage dans
lequel quelque relents anarchistes subsistent notamment dans le chapitre
sur l'état.) , qu’il faut sans doute dater de 1875, et son essai
De la propriété , qui ne peut être antérieur
à 1876 .
Père fondateur du premier parti ouvrier français.
De retour en France, il va découvrir
le marxisme grâce au cercle de jeunes gens du café Soufflet
et à un journaliste allemand, Karl Hirsch. Il fonde alors le premier
journal marxiste français, un hebdomadaire, L’Égalité
, qui va paraître, non sans interruptions, de novembre 1877 à
1883. Journal assez eccletique puisque des écris de Marx cotoient
ceux des libertaires Reclus et Costa. Guesde lui-même conserve des
reste de Bakounisme dans sa pensée. La bourgeoisie qui craint un
retours de la Commune, empeche le développement des idées
socialistes, c'est donc naturellement que Guesde, des membres de L'Égalité
et les délégués de 6 chambres syndicales de Paris
se retrouvent devant les tribunaux pour avoir braver l'interdiction gouvernementale
de convoqué à Paris un congrès ouvrier en 1878. Guesde
présente la défense collective. C'est l'attaque : il dresse
l'acte d'accusation du capitalisme et de la République. Guesde est
le plus lourdement condamné : 6 mois de prison et 200 franc d'amende.
Jules Guesde est incarcéré à Ste-Pélagie. Grand
orateur, a sa sortie Guesde précipite les fiancialles du mouvement
ouvriers français(longtemps rétissant) avec le Marxisme.
C'est au congrès de Marseille, en Octobre 1879, qu'a lieu la cérémonie
: le congrès se proclame congrès ouvrier socialiste et adopte
une déclaration inspiré par Guesde :
" l' appropriation collective de tous les instruments de travail
et forces de production doit etre poursuivie par tous les moyens possibles."
En mai 1880 Guesde ira à Londres
demander à Marx et à Engels de cautionner le programme du
Parti ouvrier dont le principe a été décidé
à « l’immortel congrès » de Marseille (1879),
il est déjà pour l’essentiel « marxiste », et
le guesdisme, terme de dérision utilisé par ses adversaires,
est en train de naître.
Gourou d'une secte Messianique
Les militants qui se sentaient en accord
avec Guesde s’organisèrent en effet dès le début,
comme Marx l’avait préconisé, en un parti qui se voulut d’un
type nouveau. Le Parti ouvrier français naît officiellement
au congrès du Havre (nov. 1880), mais, à la suite de rapides
et successives scissions, on ne peut le dire
« guesdiste » qu’à partir du congrès de Roanne
(oct. 1882). Il conservera ses traits essentiels jusqu’à ce qu’il
se fonde dans la S.F.I.O.
Sa période d’ascension dure jusqu’en
1893. De secte minuscule (pas plus de 2 000 membres en 1889), il se transformera
en parti capable de conquérir, dès 1892, plusieurs grandes
municipalités. Parti nouveau, il l’est d’abord par son objectif
: être « l’instructeur et le recruteur » du socialisme
révolutionnaire, ce qui suppose journaux, brochures et meetings.
Il l’est aussi par son organisation : les « agglomérations
» de base se fédèrent, un conseil national stable est
responsable devant un congrès qui devient annuel. Il l’est encore
par ses liens internationaux avec les autres partis socialistes, en particulier
le Parti social-démocrate allemand. Il l’est enfin par ses militants
: l’origine ouvrière de la majorité d’entre eux, leur dévouement
total, la fameuse « discipline guesdiste » et jusqu’à
leur costume.
Si les guesdistes sont convaincus de la
nécessaire supériorité du parti sur les syndicats,
au point de faire de la Fédération nationale des syndicats
qu’ils contrôlent entre 1886 et 1894 un organisme subordonné,
voué au corporatisme (ce qui déclenchera chez de nombreux
travailleurs une incoercible méfiance à leur égard),
il faut reconnaître cependant qu’il n’y eut jamais un seul, mais
plusieurs guesdismes.
Non seulement les francs-maçons
forment une véritable coterie dans le parti, mais encore on peut
admettre l’existence, sur une base régionale, de deux guesdismes
: un guesdisme du Nord à forte implantation ouvrière (métallurgie,
verrerie, textile, peu dans les houillères), qui a progressé
dans une population dépourvue souvent de vieilles traditions démocratiques
et qui apparaît d’emblée comme l’organisateur de la lutte
des classes ; un guesdisme du Midi, qui prend le relais d’un radicalisme
décevant et dont les cadres appartiennent souvent à la petite,
voire à la moyenne bourgeoisie.
En 1882, Guesde retourne en prison pour
6 mois accompagné de Lafargue qui est venu s'installer a Paris et
qui est tres vite devenue le numéro deux du parti. Cette fois Guesde
est condamné pour exitation à la Guerre civile. Devant le
tribunal il dit :" Non je n'ai pas fait appel au meutre et au pillage...
Mais j'ai fait appel à la force. Loin de la répudier, je
compte sur elle. Elle est l'instrument de toute les transformations. En
la proclamant, en invitant le prolétariat à ne compter que
sur lui même et à se tenir prêt, je fais de l'histoire
et je ne commets pas de crime... C'est une révolution qui nous a
donné l'égalité devant la loi ; une autre le suffrage
universel ;une autre, la forme républicaine dans le domaine économique.
Je ne suis que logique en comptant sur une révolution nouvelle pour
obtenir l'égalité dans les moyens de production, le suffrage
dans l'atelier, la république dans le domaine économique."
Guesde retourne en 1885 devant les tribunaux
cette fois en compagnie de l'anarchiste
Louise Michel et toujours de Lafargue. Dans sa défense il reprend
ses arguments developpés 3 ans auparavant. "Non pas que je
n'aie parlé de du "fusil libérateur". Je ne renie aucun de
mes mots. Mais ce fusil n'était pas dirrigé contre un homme
dont la peau ne nous importe ni peu ni prou. C'était le fusil de
vos grandes journées, Messieur de la bourgeoisie, le fusil du 14
juillet et du 10 aout, le fusil de 1830 et de 1848, le fusil du 4 septembre
1870. Il a porté au pouvoir le tiers-état. Il y portera -et
avec autant de droit- la classe ouvrière. Car, à moins que
vous n'ayez la prétention de monopolisé la révolution
comme vous avez déjà monopolisé la propriété,
je ne vois pas sur quoi vous pourriez vous fonder pour interdire à
l'affranchissement prolétarien l'emploie de cette force qui vous
a affranchi à votre heure." Comme ses coinculpés,
il est acquitté par le jury populaire.
La capacité des guesdistes à
conduire de grandes batailles a souvent, et non sans raison, été
mise en doute : ils n’ont pas mobilisé la classe ouvrière
pour d’importantes réformes, ils n’ont que tardivement participé
à l’affaire Dreyfus, ils ne sont pas parvenus à entraîner
dans l’action la paysannerie pauvre, ils ont longtemps gardé une
grande méfiance à l’égard de l’unité socialiste.
En fait, lorsque Guesde et ses amis refusent de prendre la tête d’une
bataille passagère, c’est en général parce que l’enjeu
leur en paraît dérisoire en régime capitaliste et qu’ils
croient plus utile de développer leur organisation. Surtout, le
guesdisme a ses heures de sursaut : dans les années 1890, il a été
l’organisateur des premières journées du 1er-Mai ; de 1889
à 1904, devant la montée du millerandisme et l’idéologie
du Bloc des gauches, à l’appel de Guesde et de Paul Lafargue, il
crée avec les blanquistes le Parti socialiste de France et exige,
finalement avec succès, que l’unité socialiste se fasse sur
la base de la condamnation de toute tactique participationniste.
La S.F.I.O.
La fondation de la Section française
de l’Internationale ouvrière en avril 1905 marque donc en apparence
la victoire des guesdistes. Qu’en est-il en réalité ?
Ce qu’apportent les guesdistes à
la S.F.I.O., ce n’est pas seulement leurs qualités d’organisateurs,
leur pédagogie simple, leur hebdomadaire, Le Socialiste , c’est
aussi un appareil qui tend assez souvent à se nourrir de lui-même.
Les délégués guesdistes font bloc dans les congrès.
Ils tentent d’obtenir – en vain – une organisation régionale du
parti, où triompherait leur coordination. Ils parviennent à
conserver le contrôle d’une vaste entreprise d’édition, l’Encyclopédie
socialiste , dont l’un des leurs, Compère-Morel, a eu l’initiative.
Pourtant, dès lors que les amis
d’Édouard Vaillant se détournent d’eux sur quelques problèmes
essentiels – politique internationale, rapports avec les syndicats –, ils
ne peuvent infléchir la S.F.I.O. de façon décisive,
et l’animosité que la majorité syndicaliste révolutionnaire
de la Confédération générale du Travail (C.G.T.)
éprouve à leur égard les prive de tout soutien extérieur
nouveau.
La sclérose menaçait le
guesdisme depuis longtemps, et d’abord sous une forme particulièrement
insidieuse : le divorce entre le verbe, resté révolutionnaire,
et la pratique devenue bien souvent réformiste. Guesde, pourtant,
restait capable de coups d’éclat : le 31 mars 1910, d’accord pour
une fois avec la C.G.T., il fut le seul élu de la S.F.I.O. à
voter contre la loi des retraites ouvrières et paysannes, où
il voyait, en raison du prélèvement opéré sur
les salaires, un « vol législatif » ajouté
« au vol patronal ». Surtout, le guesdisme s’avéra
incapable d’analyser les changements survenus à la fin du XIXe siècle
et au début du XXe dans l’économie, la société,
la vie politique. Limitant ses objectifs à la préparation
de la conquête de l’État par le parti socialiste, il ne sut
ni comprendre les aspirations révolutionnaires qui s’incarnaient
dans le nouveau syndicalisme, ni saisir la signification de l’expansion
coloniale, ni estimer la gravité de la menace de guerre : à
ces militants qui se disaient porteurs de l’orthodoxie marxiste, l’impérialisme
resta pour l’essentiel étranger.
La guerre, la révolution russe,
la fondation du Parti communiste français atteignent un Guesde plus
vieilli encore que le guesdisme. Totalement rallié à l’Union
sacrée, celui qui avait toujours refusé toute participation
socialiste à un ministère bourgeois entre le 27 août
1914 comme ministre d’État dans le gouvernement français
et y reste jusqu’en décembre 1916. En octobre 1917, il s’inquiète
des conséquences de la révolution bolchevique sur la défense
nationale. En décembre 1920, s’il ne participe pas au Congrès
de Tours, il y cautionne le courant favorable au maintien de la «
vieille maison ». Peu avant sa mort, survenue le 28 juillet 1922,
il laissa toutefois ce message : « Veillez sur la révolution
russe. »
Défricheur du socialisme en France
il en a presque exploré toute les voix, son oeuvre est pleine de
contradictions, partissant tantôt du parlementarisme tantôt
conscient de ces limittes " Le jour ou le midi sera organisé
aussi completement que le nord pas de calais non je n'attendrai pas une
hypothètique majorité. Nous nattendrons pas d'avoir la majorité
dans toutes la france." Opposé à toute participation
à des ministeres bourgeois il devient ministre au pire des moment
pour un socialiste lors des boucheries de 14-18. Les exemples de ce style
foissonnent dans la vie de Guesde.
C'est sans doute pour cela que toute les
familles du socialismes en France peuvent se réclamer de l'héritage
de Guesde.
Des hommes comme Cachin et bien sur Jaurès
lui doivent leur entrer en politique. Jaurès avec lequel il s'opposera
leurs de nombreux meetings qui tous tourneront à l'avantage de Guesde.
Jaurès à qui Guesde reprochait sa volonté de participer
a des gouvernements bourgeois(sic), à qui il reprochait avec sa
nouvelle méthode d'appeler le prolétariat à "
monter la garde autour de la république de ses maitres".
Guesde qui face à son disciple lui recommande de rester "classe
contre classe", et qui au meeting de Lille le 26/11/1900 devant 8000 personnes
et devant Jaurès exorte la classe ouvrière "à
ne pas suivre le réformisme jauressiste."
Mort dans une extreme pauvreté,
comme il a toujours vaincu, c'est un des derniers élus ouvriers
pour qui le statut d'élu n'a pas été une promotion
sociale. A sa mort c'est l'ensemble de la famille socialiste qui lui rend
hommage.
"Et maintenant mon vieux maître, adieu pour toujours! Ce
fut l'orgueil de ma vie d'avoir été honoré de votre
amitié. Ma plus grande douleur est d'avoir du un jour me séparer
de vous. Mais ma conscience me rassure. Elle me dit que je suis reté
fidèle a mon idéal révolutionnaire que dans ma jeuneusse
je reçus de vous, laissez-moi le dire, avec une ferveur filiale."
M. Cachin
"Apôtre oui il le fut. Il le fut par l'attachement de tout
son être à sa doctrine et à son parti. Il le fut par
son désintéressement bien connu et sa probité proclamé
de tous... Remueur d'idées, vulgarisateur génial d'une doctrine
en qui il mettait tout les espoirs du monde."
P. Faure
"Parlez de Jules Guesde, c'est faire l'histoire -et combien glorieuse-
de plus d'un demi-siecle d'efforts prolétariens."
L. Osmin
"C'est tout entier que Guesde s'était pour toujours donné
a la révolution... Mieux encore qu'un éveilleur de conscience
: un excitateur de dévouements"
A. Bracke
"Il n'a vécu que pour le socialisme. Il a toujours été
pauvre. il meure pauvre. ... Guesde a passé partout, jetant le grain
rouge partout."
M. Sembat