Jules Guesde
L'apôtre
Jules Guesde
"le premier semeur de vérité socialiste dans notre pays"
Frossard

Né le 11 novembre 1845, dans la banlieue de Paris, Jules Guesde, de son vrai nom Jules Basile.
Jules Guesde reçut une formation classique complète et la tradition veut que, dès onze ans, la lecture des Châtiments  ait fait de lui un républicain et que celle de la Critique de la raison pure  l’ait éloigné d’une religion, au reste modérée. À la fin de l’Empire, il se fait journaliste et part à Toulouse puis à Montpellier où, le 1er juin 1870, il devient secrétaire de rédaction du journal Les Droits de l’homme.  Au commencement de la guerre franco-prussienne, il est condamné à six mois de prison pour avoir situé l’ennemi non sur le Rhin mais aux Tuileries.
Après avoir soutenu le gouvernement de la Défense nationale, Guesde s’indigne de l’armistice, ce « spectacle écœurant de la République vendue et livrée par des mains républicaines » et prend parti pour la Commune de Paris sans nullement la considérer comme une tentative socialiste, et sans y participer directement. L’horreur de la répression inspire son célèbre Livre rouge de la justice rurale. En juin 1871, il s’exile à l’étranger où il restera jusqu’en 1876. Jacobin et proche des radicaux à ses débuts c'est en Suisse durant son exil que Guesde découvre le socialisme.

L'anarchie

En 1872 à Rome, Guesde écrit " Mensonge la proprieté que la Contitution de 91 range "parmi les droits naturels et imprescriptibles de l'homme" pour qui, non seulement ne possède pas, mais manque des instruments de travail et doit lui même servir d'instrument de fortune d'autrui.... Mensonge, l'accessibilité de tous aux fonctions publiques, pour la masse des salariés, éloignés par la misère des écoles supérieure, des facultés, pour ne pas dire de l'école primaire et condamnés à la manufacture dès l'age de 10 ans. Mensonge la liberté de travail ... pour qui n'a ni terre, ni capital, ni crédit. Mensonge, l'electorat pour qui ne sait pas lire ou est a la merci d'un maitre qui lui demande son bulletin de vote". S'en est fini pour Guesde du radicalisme.C'est par le courrant anti-autoritaire de la Premiere Internationale (AIT), que Guesde découvre le socialisme. La Suisse est devenu la patrie des exilés de la Commune et le lieu de résidence de membres influents de l'Internationale comme James Guillaume. C'est ce dernier qui aprés avoir raillé, Guesde le Jacobin, le converti à l'anarchie.  J.Guillaume fait de lui jusqu’en 1873 un anarchiste convaincu  qui lutte, aux côtés des bakouninistes, contre l’« autoritarisme » de Marx. A l'époque pour Guesde il faut attaquer l'autorité sous ses 3 formes : politique (l'état), économique et morale. Guesde fait ces classe au sein de la Fédération Jurassienne ou il milite pour l'autonomie des sections et combat le centralisme autoritaire de Marx qui désire faire de l'AIT une organisation centralisée.
À Milan, à partir de 1874, des lectures nouvelles et la connaissance directe du mouvement socialiste local commencent à infléchir sa pensée vers le socialisme, comme le montrent son Essai de catéchisme socialiste (ouvrage dans lequel quelque relents anarchistes subsistent notamment dans le chapitre sur l'état.) , qu’il faut sans doute dater de 1875, et son essai De la propriété , qui ne peut être antérieur à 1876 .

Père fondateur du premier parti ouvrier français.

De retour en France, il va découvrir le marxisme grâce au cercle de jeunes gens du café Soufflet et à un journaliste allemand, Karl Hirsch. Il fonde alors le premier journal marxiste français, un hebdomadaire, L’Égalité , qui va paraître, non sans interruptions, de novembre 1877 à 1883. Journal assez eccletique puisque des écris de Marx cotoient ceux des libertaires Reclus et Costa. Guesde lui-même conserve des reste de Bakounisme dans sa pensée. La bourgeoisie qui craint un retours de la Commune, empeche le développement des idées socialistes, c'est donc naturellement que Guesde, des membres de L'Égalité et les délégués de 6 chambres syndicales de Paris se retrouvent devant les tribunaux pour avoir braver l'interdiction gouvernementale de convoqué à Paris un congrès ouvrier en 1878. Guesde présente la défense collective. C'est l'attaque : il dresse l'acte d'accusation du capitalisme et de la République. Guesde est le plus lourdement condamné : 6 mois de prison et 200 franc d'amende. Jules Guesde est incarcéré à Ste-Pélagie. Grand orateur, a sa sortie Guesde précipite les fiancialles du mouvement ouvriers français(longtemps rétissant) avec le Marxisme. C'est au congrès de Marseille, en Octobre 1879, qu'a lieu la cérémonie : le congrès se proclame congrès ouvrier socialiste et adopte une déclaration inspiré par Guesde :
" l' appropriation collective de tous les instruments de travail et forces de production doit etre poursuivie par tous les moyens possibles."
En mai 1880 Guesde ira à Londres demander à Marx et à Engels de cautionner le programme du Parti ouvrier dont le principe a été décidé à « l’immortel congrès » de Marseille (1879), il est déjà pour l’essentiel « marxiste », et le guesdisme, terme de dérision utilisé par ses adversaires, est en train de naître.

Gourou d'une secte Messianique

Les militants qui se sentaient en accord avec Guesde s’organisèrent en effet dès le début, comme Marx l’avait préconisé, en un parti qui se voulut d’un type nouveau. Le Parti ouvrier français naît officiellement au congrès du Havre (nov. 1880), mais, à la suite de rapides et successives scissions, on ne peut le dire « guesdiste » qu’à partir du congrès de Roanne (oct. 1882). Il conservera ses traits essentiels jusqu’à ce qu’il se fonde dans la S.F.I.O.
Sa période d’ascension dure jusqu’en 1893. De secte minuscule (pas plus de 2 000 membres en 1889), il se transformera en parti capable de conquérir, dès 1892, plusieurs grandes municipalités. Parti nouveau, il l’est d’abord par son objectif : être « l’instructeur et le recruteur » du socialisme révolutionnaire, ce qui suppose journaux, brochures et meetings. Il l’est aussi par son organisation : les « agglomérations » de base se fédèrent, un conseil national stable est responsable devant un congrès qui devient annuel. Il l’est encore par ses liens internationaux avec les autres partis socialistes, en particulier le Parti social-démocrate allemand. Il l’est enfin par ses militants : l’origine ouvrière de la majorité d’entre eux, leur dévouement total, la fameuse « discipline guesdiste » et jusqu’à leur costume.
Si les guesdistes sont convaincus de la nécessaire supériorité du parti sur les syndicats, au point de faire de la Fédération nationale des syndicats qu’ils contrôlent entre 1886 et 1894 un organisme subordonné, voué au corporatisme (ce qui déclenchera chez de nombreux travailleurs une incoercible méfiance à leur égard), il faut reconnaître cependant qu’il n’y eut jamais un seul, mais plusieurs guesdismes.
Non seulement les francs-maçons forment une véritable coterie dans le parti, mais encore on peut admettre l’existence, sur une base régionale, de deux guesdismes : un guesdisme du Nord à forte implantation ouvrière (métallurgie, verrerie, textile, peu dans les houillères), qui a progressé dans une population dépourvue souvent de vieilles traditions démocratiques et qui apparaît d’emblée comme l’organisateur de la lutte des classes ; un guesdisme du Midi, qui prend le relais d’un radicalisme décevant et dont les cadres appartiennent souvent à la petite, voire à la moyenne bourgeoisie.
En 1882, Guesde retourne en prison pour 6 mois accompagné de Lafargue qui est venu s'installer a Paris et qui est tres vite devenue le numéro deux du parti. Cette fois Guesde est condamné pour exitation à la Guerre civile. Devant le tribunal il dit :" Non je n'ai pas fait appel au meutre et au pillage... Mais j'ai fait appel à la force. Loin de la répudier, je compte sur elle. Elle est l'instrument de toute les transformations. En la proclamant, en invitant le prolétariat à ne compter que sur lui même et à se tenir prêt, je fais de l'histoire et je ne commets pas de crime... C'est une révolution qui nous a donné l'égalité devant la loi ; une autre le suffrage universel ;une autre, la forme républicaine dans le domaine économique. Je ne suis que logique en comptant sur une révolution nouvelle pour obtenir l'égalité dans les moyens de production, le suffrage dans l'atelier, la république dans le domaine économique."
Guesde retourne en 1885 devant les tribunaux cette fois en compagnie de l'anarchiste Louise Michel et toujours de Lafargue. Dans sa défense il reprend ses arguments developpés 3 ans auparavant. "Non pas que je n'aie parlé de du "fusil libérateur". Je ne renie aucun de mes mots. Mais ce fusil n'était pas dirrigé contre un homme dont la peau ne nous importe ni peu ni prou. C'était le fusil de vos grandes journées, Messieur de la bourgeoisie, le fusil du 14 juillet et du 10 aout, le fusil de 1830 et de 1848, le fusil du 4 septembre 1870. Il a porté au pouvoir le tiers-état. Il y portera -et avec autant de droit- la classe ouvrière. Car, à moins que vous n'ayez la prétention de monopolisé la révolution comme vous avez déjà monopolisé la propriété, je ne vois pas sur quoi vous pourriez vous fonder pour interdire à l'affranchissement prolétarien l'emploie de cette force qui vous a affranchi à votre heure." Comme ses coinculpés, il est acquitté par le jury populaire.
La capacité des guesdistes à conduire de grandes batailles a souvent, et non sans raison, été mise en doute : ils n’ont pas mobilisé la classe ouvrière pour d’importantes réformes, ils n’ont que tardivement participé à l’affaire Dreyfus, ils ne sont pas parvenus à entraîner dans l’action la paysannerie pauvre, ils ont longtemps gardé une grande méfiance à l’égard de l’unité socialiste. En fait, lorsque Guesde et ses amis refusent de prendre la tête d’une bataille passagère, c’est en général parce que l’enjeu leur en paraît dérisoire en régime capitaliste et qu’ils croient plus utile de développer leur organisation. Surtout, le guesdisme a ses heures de sursaut : dans les années 1890, il a été l’organisateur des premières journées du 1er-Mai ; de 1889 à 1904, devant la montée du millerandisme et l’idéologie du Bloc des gauches, à l’appel de Guesde et de Paul Lafargue, il crée avec les blanquistes le Parti socialiste de France et exige, finalement avec succès, que l’unité socialiste se fasse sur la base de la condamnation de toute tactique participationniste.

La S.F.I.O.

La fondation de la Section française de l’Internationale ouvrière en avril 1905 marque donc en apparence la victoire des guesdistes. Qu’en est-il en réalité ?
Ce qu’apportent les guesdistes à la S.F.I.O., ce n’est pas seulement leurs qualités d’organisateurs, leur pédagogie simple, leur hebdomadaire, Le Socialiste , c’est aussi un appareil qui tend assez souvent à se nourrir de lui-même. Les délégués guesdistes font bloc dans les congrès. Ils tentent d’obtenir – en vain – une organisation régionale du parti, où triompherait leur coordination. Ils parviennent à conserver le contrôle d’une vaste entreprise d’édition, l’Encyclopédie socialiste , dont l’un des leurs, Compère-Morel, a eu l’initiative.
Pourtant, dès lors que les amis d’Édouard Vaillant se détournent d’eux sur quelques problèmes essentiels – politique internationale, rapports avec les syndicats –, ils ne peuvent infléchir la S.F.I.O. de façon décisive, et l’animosité que la majorité syndicaliste révolutionnaire de la Confédération générale du Travail (C.G.T.) éprouve à leur égard les prive de tout soutien extérieur nouveau.
La sclérose menaçait le guesdisme depuis longtemps, et d’abord sous une forme particulièrement insidieuse : le divorce entre le verbe, resté révolutionnaire, et la pratique devenue bien souvent réformiste. Guesde, pourtant, restait capable de coups d’éclat : le 31 mars 1910, d’accord pour une fois avec la C.G.T., il fut le seul élu de la S.F.I.O. à voter contre la loi des retraites ouvrières et paysannes, où il voyait, en raison du prélèvement opéré sur les salaires, un « vol législatif » ajouté « au vol patronal ». Surtout, le guesdisme s’avéra incapable d’analyser les changements survenus à la fin du XIXe siècle et au début du XXe dans l’économie, la société, la vie politique. Limitant ses objectifs à la préparation de la conquête de l’État par le parti socialiste, il ne sut ni comprendre les aspirations révolutionnaires qui s’incarnaient dans le nouveau syndicalisme, ni saisir la signification de l’expansion coloniale, ni estimer la gravité de la menace de guerre : à ces militants qui se disaient porteurs de l’orthodoxie marxiste, l’impérialisme resta pour l’essentiel étranger.
La guerre, la révolution russe, la fondation du Parti communiste français atteignent un Guesde plus vieilli encore que le guesdisme. Totalement rallié à l’Union sacrée, celui qui avait toujours refusé toute participation socialiste à un ministère bourgeois entre le 27 août 1914 comme ministre d’État dans le gouvernement français et y reste jusqu’en décembre 1916. En octobre 1917, il s’inquiète des conséquences de la révolution bolchevique sur la défense nationale. En décembre 1920, s’il ne participe pas au Congrès de Tours, il y cautionne le courant favorable au maintien de la « vieille maison ». Peu avant sa mort, survenue le 28 juillet 1922, il laissa toutefois ce message : « Veillez sur la révolution russe. »
 

Défricheur du socialisme en France il en a presque exploré toute les voix, son oeuvre est pleine de contradictions, partissant tantôt du parlementarisme tantôt conscient de ces limittes " Le jour ou le midi sera organisé aussi completement que le nord pas de calais non je n'attendrai pas une hypothètique majorité. Nous nattendrons pas d'avoir la majorité dans toutes la france." Opposé à toute participation à des ministeres bourgeois il devient ministre au pire des moment pour un socialiste lors des boucheries de 14-18. Les exemples de ce style foissonnent  dans la vie de Guesde.
C'est sans doute pour cela que toute les familles du socialismes en France peuvent se réclamer de l'héritage de Guesde.
Des hommes comme Cachin et bien sur Jaurès lui doivent leur entrer en politique. Jaurès avec lequel il s'opposera leurs de nombreux meetings qui tous tourneront à l'avantage de Guesde. Jaurès à qui Guesde reprochait sa volonté de participer a des gouvernements bourgeois(sic), à qui il reprochait avec sa nouvelle méthode d'appeler le prolétariat à " monter la garde autour de la république de ses maitres". Guesde qui face à son disciple lui recommande de rester "classe contre classe", et qui au meeting de Lille le 26/11/1900 devant 8000 personnes et  devant Jaurès exorte la classe ouvrière "à ne pas suivre le réformisme jauressiste."
Mort dans une extreme pauvreté, comme il a toujours vaincu, c'est un des derniers élus ouvriers pour qui le statut d'élu n'a pas été une promotion sociale. A sa mort c'est l'ensemble de la famille socialiste qui lui rend hommage.

"Et maintenant mon vieux maître, adieu pour toujours! Ce fut l'orgueil de ma vie d'avoir été honoré de votre amitié. Ma plus grande douleur est d'avoir du un jour me séparer de vous. Mais ma conscience me rassure. Elle me dit que je suis reté fidèle a mon idéal révolutionnaire que dans ma jeuneusse je reçus de vous, laissez-moi le dire, avec une ferveur filiale."
M. Cachin

"Apôtre oui il le fut. Il le fut par l'attachement de tout son être à sa doctrine et à son parti. Il le fut par son désintéressement bien connu et sa probité proclamé de tous... Remueur d'idées, vulgarisateur génial d'une doctrine en qui il mettait tout les espoirs du monde."
P. Faure

"Parlez de Jules Guesde, c'est faire l'histoire -et combien glorieuse- de plus d'un demi-siecle d'efforts prolétariens."
L. Osmin

"C'est tout entier que Guesde s'était pour toujours donné a la révolution... Mieux encore qu'un éveilleur de conscience : un excitateur de dévouements"
A. Bracke

"Il n'a vécu que pour le socialisme. Il a toujours été pauvre. il meure pauvre. ... Guesde a passé partout, jetant le grain rouge partout."
M. Sembat


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