TROTSKI FACE AU POUVOIR (1917-1924)
Trotski


Le verbe et l'action

1917, l’Europe est en guerre, la Russie se soulève. Octobre 1917, étape décisive pour la Russie. Le parti bolchevik de Lénine passe à l‘action. Si Marx et Bakounine se sont séparés en 1867 à Genève ils semblent se retrouvé en Octobre 17 à Petrograd. Anarchistes, bolcheviks et Socialistes Révolutionnaires combattent alors ensemble pour le triomphe de la révolution des soviets. Ceux sont les bolcheviks qui mènent le coup d’état, mais les anarchistes ne restent pas sans rien faire : le groupe anarchiste d’Anatole Gelerniakof disperse la Constituante en 1918, le meneur des mutins du Potemkine, Matiochemko, est un anarcho-syndicaliste, plus tard le pilote anarchiste Akachev formera la première flottille de l’Armée Rouge. En France encore en guerre, le premier manifeste de soutient à la révolution est l’œuvre d’anarchistes emprisonnés. Le 12 Avril 1918, la Tchéka de Dzerjinski intervient et arrête les occupants de 26 maisons de l’anarchie. Trotski, membre du bureau politique assure alors que « la collaboration entre anarchistes et bolcheviks demeure à la base de la révolution ». La majorité des personnes arrêtées lors de ces opérations de « maintient de l’ordre » seront exécutées dans les caves de la Tchéka. Membre du bureau politique, Trotski peut empêcher ces exécutions, il ne le fait pas, les approuvants même prétendant que les gens arrêtés sont des criminels de droit commun qui déshonorent l’anarchie (sic).



Le pacifiste devenu militariste

La révolution est en danger, Trotski est chargé de créer une nouvelle armée. Pour cela il se met à parcourir le pays à travers un train blindé. Trotski veut une armée disciplinée, il faut donc en finir avec les soviets de soldats« les comités de soldats doivent être centralisés et disciplinés, ils ne peuvent continuer à élire leurs officiers. Nombreux sont encore les bolcheviks qui voient dans toute armée un instrument contre révolutionnaire, il nous faut donc faire appel aux officiers Tsariste », cette proposition de Trotski ne fait pas l’unanimité au sein des bolcheviks, en effet le décret fondateur de l’armée rouge stipule que « l’une des taches fondamentale du socialisme est de délivrer l’humanité du militarisme, le but du socialisme est le désarmement général ». On commence à railler Trotski qui se compare à Danton on commence à voir en lui un futur Bonaparte, surtout au sein du bureau politique ou son influence commence à gêner. Il s’oppose alors violemment à Zinoviev qui ne veut pas d’officiers tsaristes dans la nouvelle armée. Lénine reste en réserve et refuse de trancher. Finalement plus de 36000 officiers de l’armée tsariste seront incorporés dans l’armée rouge.



Le démocrate

Deux Mars 1919, premier congres de la IIIème internationale, devant 20 délégués, dont de nombreux libertaires, Zinoviev est élu président. C’est un revers pour Trotsky.
Juillet 1920, second congres de la IIIème internationale. Cette fois les délégués sont plus nombreux mais il y a encore de nombreux libertaires. La délégation française est composée de Lefebre, Vergeat, Lepetit, Cachin et Frossard. D’entré Boukarine s’en prend violemment à Cachin, directeur de l’Humanité en lui reprochant son soutien au gouvernement d’union sacré durant la guerre ainsi que sa condamnation de la révolution d’octobre en 1917. Cachin se tait et masque ses larmes. Tout les délégués ne sont pas aussi docile. Certains sont très critique vis a vis des réalisations de la révolution. Lepetit écrit dans le Libertaire une série d’articles dénonçant les exécutions sommaire de la Tchéka, et la militarisme de l’armée rouge. Le parti communiste allemand de Rosa Luxembourg, alors seul PC d’Europe refuse d’adhérer à l’international, la CNT espagnole y adhère provisoirement, Angel Pestana représentant la CNT déclare : « la révolution n’est l’oeuvre d’aucun parti, un parti tout au plus fomente un coup d’état. Mais un coup d’état n’est pas une révolution », il continue son discours en dénonçant l’état policier qui est en place et le rôle donné aux syndicats dans cette société nouvelle, ainsi que le culte de la personnalité de Lénine et Trotski. Trotski et son train blindé sont  raillés par nombre de délégués . Trotski se sentant attaqué décide de se défendre. Alors que jusqu'à présent tout les délégués avait minutieusement respectés les 10 minutes de parole accordées à chaque intervenant. Trotski se lance dans un discourt de plus d’une heure, ou il se justifie. Il donne alors sa vision du rôle des syndicats « les syndicats prétendent défendre les intérêts de la classe ouvrière contre l’état, mais lorsque l’état lui même est ouvrier cette défense n’a aucun sens. Autant vous devez dans les pays capitalistes vous servir des syndicats comme un fer de lance désorganisant le processus d’accumulation de la richesse, autant dans notre pays ou la révolution est faite nous demandons aux syndicats de discipliner les travailleurs et de leurs apprendre à placer l’intérêt de la production au dessus de leurs besoins ». A la fin du discours de Trotski la séance est suspendu aucun délégués ne peut lui répondre. Le congres se termine, les délégués rentrent chez eux, pas tous. Lepetit, Lefevre et Vergeat sont retenue en Union Soviétique alors que Cachin et Frossard rentrent en France. Finalement les 3 hommes obtiennent de pouvoir partir, leur départ se fera par Mourmansk et la Suède. Leur route s’arrêtera pour toujours dans les glaces de la presqu’île de Kola. La Tchéka de  Dzerjinski est tenu responsable de ces disparitions , ces disparitions peseront lourd dans la décision de la CNT espagnole de quitter la IIIéme Internationnale.



Les poubelles de l'histoire

Trotski qui a crée l’armée rouge la même à la bataille contre les troupes de l’ancien régime. Très vite l’armée rouge réorganisée par Trotski montre son efficacité, mais en Ukraine elle doit s’allier à l’armée dirigée par l’anarchiste Makhno pour vaincre les troupes du général blanc Wrangel. Ceux sont les troupes de Makhno qui donne le coup de grâce à l’armée blanche. Trotski invite les chefs de la Makhnovitchina à célébrer la victoire, c’est un piège ils sont arrétés et assassinés, Voline bras droit de Makhno est arrêté, Makhno et quelques fidèles parviennent à s’échapper. C’est le temps des purges, après en avoir fini avec l’ennemi blanc plus question de partager le pouvoir avec les anarchistes ou les socialistes révolutionnaire de gauche.
La mort de Kropotkine,le prince de l’anarchie, le 8/02/1921, permet de mesurer l’influence alors des idées libertaires en Russie. Une foule immense se presse pour les funérailles, Lénine veut organiser des obsèques nationales. Le jour des funérailles le cortège immense refuse de démarrer tant que les anarchistes emprisonnés n’obtiennent pas une permission pour assister au funérailles. C’est ainsi que les anarchistes Voline et Aaron Baron sont libérés de la prison de Boutyrki pour qu’ils puissent assister aux funérailles. Les 100.000 personnes se mettent en marche derrière le cercueil de Kropotkine et une bannière ou l’on peut lire « Où il y a autorité, il n’y a pas de liberté ». C’est le chant du signe pour les idées libertaires en Russie.
Le 1er Mars 1921, coup de tonnerre, 16.000 marins et ouvriers de Cronstadt se soulèvent et réclament les pleins pouvoirs aux soviets, ceux qui ont bombardé le palais d’hivers en 1917 que Trotski lui-même appelaient « l’honneur et la gloire de la révolution »se révoltent contre le pouvoir des bolchevik. Trotski mène alors la répression le 17 mars tout est fini la presqu’île est reconquise par l’armée rouge les 16.000 mutins sont morts ou déportés. Le 18 mars l‘armée rouge célébre l’anniversaire de la Commune de Paris, en défilant solennellement dans les rues de Moscou. Mais l’ambiance n’y est pas, au Kremlin Trotski et Zinoviev se rejette mutuellement la responsabilité du soulèvement et de l’écrasement de Cronstadt. Lorsque l’on a tant vanté et célébré la commune de Paris il est pas gai de se sentir versaillais. La guerre entre Zinoviev et Trotski semble tourner a l’avantage de Trotski, Zinoviev prends peur « Mais qu’est ce que je peux faire contre ce juif (1)? Il nous écrasera tous. C’est Bonaparte, il nous prépare un nouveau Brumaire ».
Le soulèvement de Cronstadt fait peur aux bolcheviks la répression devient alors féroce et frappe sans discernement. En 1921, au sein même du parti bolchevik 200.000 membres connaissent l’épuration, c’est 1/3 des effectifs. La répression ne frappent pas que des membres du parti. Le 23 mai 1921,les bolcheviks se débarrassent des socialistes révolutionnaire de gauches, lors du  premier grand procès de Moscou. Trotski pronostique alors un destin peu glorieux a ces anciens alliés : « Votre rôle est fini. Allez donc à la place qui est la votre dans les poubelles de l’histoire ». Les anarchistes seront les prochains à être jeter dans les poubelles de l’histoire par le camarade Trotski. En 1921, Trotski est à son apogée il est alors le numéro deux incontestable du régime.



La succession

Fin 1922 Lénine est victime d’une attaque de paralysie. La lutte pour la succession de Lénine commence. Pour contrer la prédominance de Trotski, Zinoviev propose comme secrétaire général du PC Josef Staline, le membre le plus discret jusqu'alors du bureau politique. L’unanimité est faite sur ce nom puisque tous pensent pouvoir le manipuler. Trotski écrit alors sur Staline « Sur l’écran de la bureaucratie, l’ombre d’un homme inexistant peut passer pour quelqu’un. ». A la seconde attaque de paralysie de Lénine ; Staline devient son visiteur le plus assidu et le plus attendu. Ni Zinoviev, ni Kamenev ne s’en offusquent, car cette présence éloigne Trotski qu’ils considérent comme leur plus sérieux rival. Trotski fait le même raisonnement. Le 21 janvier 1924 Lénine meurt laissant s’entredéchirer pour le pouvoir ses anciens compagnons. D’un coté le duo Kamenev, Zinoviev face à Trotski et au centre Boukarine et Staline. On connaît la suite, Staline, homme d’appareil, comprend très vite l’intérêt de la situation, il s’appuie sur le duo Zinoviev Kamenev pour éliminer Trotski, une fois Trotski éliminé il est trop tard, Zinoviev et Kamenev  seront les suivants. Boukarine sera le dernier à passer à la trappe. Il sera d’ailleurs le seul leur des procès de Moscou dans la fin des années 30 à refuser de plaider coupable.
 
 

(1)Zinoviev était lui aussi juif (retour)

 


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