Joy Division
 
 
 
 


L'un des groupes monuments de l'histoire de la musique rock, au même titre que les Beatles, les Who, les Stooges, Led Zeppelin, les Clash ou les Bad Brains. Joy Division est en effet un des principaux fondateurs (si ce n'est LE principal) de la new-wave. Après la rebellion punk de 1977, le rock connu une de ces plus glorieuses heures, lançée en Angleterre. C'est à cette époque que Peter Hook et Bernard Dicken Albrecht, deux amis d'enfances, assistent à un concert des Sex pistols, et décident de former un groupe punk. Le premier est bassiste, le second guitariste, et se mettent à la recherche d'un chanteur, qu'ils finissent par trouver en la personne de Ian Curtis.

Après avoir employé une boite à rythme (chose nouvelle à l'époque mais qui allait être utilisée par les jeunes groupes punks de l'époque comme Metal Urbain, Bérurier Noir ou encore Echo and the Bunnymen) le groupe décide finalement de se trouver un batteur et choisit  Steve Morris. Le groupe se nomme Warsaw et donne des concerts en 1977-1978, passant d'un punk acéré à un style moins aggressif, plus sombre mais toujours spontané et assez rapide, qui allait annoncer la new-wave.

Musicalement, le groupe permetta d'amener pas mal de nouvelles choses, comme la forte utilisation de la basse, véritable pièce maitresse du groupe, puisque jouée de manière très mélodique, tandis que la guitare se fait aérienne, planante, et est parfois accompagnée de synthés discrets. Les rythmiques sont droites, presque robotiques, et le tout est surmonté par la voix déprimante de Ian Curtis, âme de la musique du groupe. Joy Division est en effet l'un des groupes les plus sombres, les plus tristes de l'histoire du rock. Mais quand on arrive à retranscrire à ce point la mélancolie, çà donnerait presque envie d'être dépressif...

Sans rire, jetez une oreille à cette musique sombre et beaucoup moins monotone qu'il n'y parait, vous n'en reviendrez pas.Le groupe connu malheureusement une carrière assez courte mais néanmoins  intense, interrompue par le suicide en mai 1980 de son chanteur. Joy Division eu quand même le temps de sortir deux albums intemporels, le mythique "Unknown pleasures" et l'intemporel "Closer", véritables pierre angulaires du genre.

Commentaires:

(eric.faure2@free.fr) Eric Faure

Cela fait deux jours maintenant que je me replonge dans des "vieux" Joy Division que je n'avais plus écouté depuis presque quinze ans. Et la magie est toujours là ! Mais comment ai-je pû me passer de ce groupe depuis tout ce temps. Le choc est très grand. Je prends en pleine tête toute la détresse de cette voix qui m'a collée à la peau quand j'avais seize ans. C'est promis, ces disques ne me quitteront plus désormais...


Unknown pleasures  (Factory 1979)

9/10

Le manifeste du groupe. Cet album paru après diverses agitations: Début 1978, le groupe sort un EP, "Ideal for living", qui les fait passer pour nazis, ce qui leur vaut un anti-succès. Au printemps Joy Division enregistre un album mais la maison de disque leur impose un producteur extérieur qui rend le son nettement plus synthétique que ce que le groupe souhaitait. Finalement il jette ce disque à la poubelle et se réunit l'hiver suivant pour enregistrer ce 1er véritable album. Il contient en tout cas déjà tous les éléments classiques du groupe: Basse omniprésente, guitare cristalline mais aggressive, son brumeux de la batterie, et quelques ajouts de claviers refroidissant encore l'ambiance par des couches sonores qui ne parviennent pas à couvrir la voix de Ian Curtis.

La musique est néanmoins variée, puisque le groupe apparait tantôt déterminé et dynamique sur les reliquats punk que sont Disorder en ouverture (un hymne), l'aggressif Interzone ou le classique Shadowplay, tantôt dévasté et déprimant sur les lentes ballades (?) que sont Day of the lords ou New dawn fades, avec ce solo de basse très connu. Ian Curtis est en plus un chanteur doué qui sait passer de l'intimisme au chant plus "héroique", parfois presque énervé sur certains morceaux.

La musique est d'une grande intensité émotionnelle pour peu que l'on veuille vraiment y rentrer. Parfois très sombre et lente, souvent angoissante (le très réussi She's lost control et ce fameux thème malsain à la basse) mais jamais ennuyeuse, cette musique est en tout cas vivante, très humaine, retranscrivant comme nulle autre le désespoir que l'on peut parfois vivre.

Certes ce disque n'est pas parfait, mais il reste une référence indispensable du groupe (qui n'a sorti de toute façon que deux albums "officiels") et du genre. Et puis ce qui différencie Joy Division de 90% de ceux qui essayeront de le pomper durant la décennie suivante c'est le fait que le groupe ne se soit jamais revendiqué new-wave ou cold-wave et qu'il jouisse donc d'une grande liberté de créer les règles du genre sans être forcé de s'y plier.

En clair, ce disque peut être très bien écouté par un amateur de rock en général pas particulièrement intéressé par le genre (à l'instar des Clash pour le punk anglais, AC/DC pour le hard rock ou Minor Threat pour le hardcore) et qui voudront se contenter du meilleur. On rajoutera donc les 4 premiers albums de Cure, Siouxsie and the Banshees, Bauhaus, Killing Joke en allant même jusqu'à Dead can dance pour entendre ce que la scène new-wave/gothique a offert de mieux. Cet album est en tout cas un disque d'exception qui n'a pas pris une seule ride, preuve de son importance dans l'histoire de la musique.

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Closer  (Factory  1980)

10/10

Après le succès relatif de  "Unknown pleasures" qui leur permit d'accéder au statut de groupe culte, Joy Division se remit au boulot. Ce fut malheureusement une période difficile: Les concerts du groupe étaient éprouvants (Ian Curtis souffrait d'épilepsie, ce qui n'arrangeait rien à ses problèmes personnels déjà très prenants) mais néanmoins très intenses. Malgré tous les problèmes le groupe se réunit néanmoins en mars 1980 pour enregistrer ce nouvel album qui sera leur dernier témoignage, si on excepte le single "Love will tear us apart". Après l'enregistrement le groupe tourne beaucoup, et prévoit même de s'envoler aux Etats-unis avec les Buzzcocks.

En mai sort "Love will tear us apart" qui se place bien dans les classements britanniques et assure au groupe une certaine assise avant la sortie du nouvel album. Malheureusement les choses se gâtent, et Ian Curtis, désespéré, ruiné mentalement par ses problèmes, se suicide le 18 mai dans sa cuisine.

C'est en juillet que sort ce "Closer" et là tout le monde comprend: Ian Curtis semblait vivre en supportant sur son dos le poids des malheurs du monde entier. Cet album est certainement l'un des plus déprimants de tous les temps, un des seuls ou  le seul espoir qui semble apparaitre est la montée au paradis, seul soulagement possible aux tracas de l'existence.

Musicalement, le coté sombre et sordide du premier album a disparu, laissant la place à quelque chose d'encore plus profond, encore plus mélancolique et au final plus émouvant que jamais. En apparence on ne se rend pas compte de grand chose, mais le groupe est devenu encore plus fort dans la suggestion des sentiments. Le premier titre, Atrocity Exhibition, s'ouvre sur des percus inquiétantes, puis est rapidement pris d'assaut par des guitares bruitistes réminiscentes de l'industriel de Throbbing Gristle ou Einstürzende Neubauten, avec la voix de précheur de Ian Curtis. Isolation, à la rythmique quasi-disco montre le groupe sous un aspect toujours nouveau, ou des claviers semblent suggérer la paix céleste.

Toujours plus sombre, toujours plus lent, presque religieux, le groupe s'enfonce encore avec les titres suivants pour ne relever la tête que rarement comme sur le cri de douleur qu'est Colony dont les rythmiques robotiques contrastent avec l'aspect religieux de chansons comme Heart and soul ou le sublime 24 Hours. A la fin de l'album le groupe semble rendre les armes et se donner à son destin comme sur The Eternal dont l'émotion extrème est difficile à retranscrire avec de simples mots. Decades est le chant du cygne, la preuve qu'il n'y a bien plus aucun espoir de retour et que la mort est la seule alternative.

"Closer" est un disque sublime, désespéré, émotionnel et définitif, ce que la new-wave aurait toujours du être, et ce que les génies peuvent réaliser quand ils sont au sommet de leur art. Difficile de décrire ce que l'on peut ressentir à l'écoute d'un tel pavé, d'un tel chef-d'oeuvre de la musique. Et si Ian Curtis n'y aura pas survécu, il restera comme l'un des rares a avoir transcendé le désespoir pour le transformer en beauté intemporelle.

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Commentaires:

(pguinard@fr.packardbell.org)   Thibaut
Votre commentaire de Closer et très juste, jamais un album dans toute l'histoire du rock n'a dégagé autant d'émotions et de mélancolie. Quand on écoute très fort ce disque de bout en bout et qu'on entre vraiment dans cette univers froid et triste, l'émotion et le désespoir dégagé et si intense; qu'on en a presque les larmes aux yeux, (en écoutant Decades par exemple...). Et puis Ian Curtis ne faisait pas la comédie, son destin nous le prouve.

(RivaF01@aol.com)
 Closer est le Chef d'oeuvre absolu d'un groupe de rock qui sous une apparente froideur nous a légué des chansons d'une incandescence extrème et aussi profondément humaine .

(le_kloog@yahoo.fr)  hervé lagrange
triste, sensible, frissonnant.. beaucoup trop d'empathie pour s'y arrêter une chanson entière, pour le grand
public. dommage


Substance  (Factory 1988)

8.5/10

Evidemment, c'est toujours la même chose quand un groupe culte disparait, on ne tarde pas à exploiter les bandes laissées à la postérité pour les montrer au grand jour et accessoirement se faire un peu d'argent. Dans le cas de Joy Division, on se dit que le travail fut plutôt bien fait (on suppose par les membres de New Order, c'est à dire Joy Division sans Ian Curtis) puisqu'en 1981 on vit apparaitre dans les bacs un mi-live / mi-outtakes "Still" posthume. Mais on sait aussi que le groupe, de 1977 à 1980, avait pondu un paquet de chansons inoubliables dont certaines avaient pourtant été mises au rencart pendant plusieurs années, histoire d'oublier le drame. Cet album parut en 1988 grossit lourdement la discographie officielle du groupe dont on entend ici une sorte d'historique musical.

En effet, cet album compile en 17 titres les meilleures chansons du groupe qui n'avaient pas pu trouver refuge sur l'un ou l'autre des deux mythiques albums, et ce toutes périodes confondues. Et finalement, à l'écoute, ce disque rassure là ou on aurait pu s'attendre à d'ignobles fonds de tiroirs: Comment, bien des années après, ces chansons gardent-elles toujours la même fraicheur, la même spontanéité, la même luminosité, la même énergie vitale qui rend tant de productions actuelles déjà obsolètes ?

Des débuts punk sous le nom de Warsaw, fortement inspirés par les Buzzcocks, avec des titres comme Warsaw, Leaders of men ou Failures aux outtakes de "Closer" il y a dans ce disque une grande émotion sur chaque titre. Bien sur, le niveau n'est pas toujours le même que sur les albums, mais certaines chansons s'en approchent dangeureusement. La transition progressive du punk vers la new-wave apparait aux grand jour avec des titres aussi poignants que Digital ou le sublime Dead souls, en passant par l'aspect cérébral et angoissant de morceaux comme Autosuggestion, Incubation ou From safety to where.

Plus que jamais la musique de Joy Division se place au plus haut niveau de l'art musical, celui ou la suggestion des émotions est prioritaire. Et pour ceux qui croient qu'on a à faire à des gens qui se perdent dans des élucubrations sonores, il suffit d'écouter des "tubes" comme Transmission (parfaite combinaison entre la basse et la guitare), Atmosphere, These days, Novelty ou le célèbre Love will tear us apart pour comprendre que la musique du groupe faisait preuve d'une grande richesse dans des morceaux de rock simples, dynamiques et tellement évidents, des morceaux qui font à la fois taper du pied et émeuvent par leur tragique beauté.
Et plus que tout, c'est la voix de Ian Curtis, hautaine, puissante et pourtant tellement humaine et fragile, qui donne à cette musique toute son intemporalité.
Bref, cette compilation prouve  que Joy Division était tout simplement l'un des groupes les plus géniaux de l'histoire du rock.

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Liens :

Joy Division, site français un très très bon site avec une histoire du groupe et pleins de commentaires avec en prime des MP3 pour vous faire une idée.


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