The Clash
 

Turning money into rebellion
 
 



Qui ne connait pas les Clash ? Tout le monde  a entendu au moins une fois dans sa vie Should i stay or should i go, l'immortel hymne des soirées dignes de ce nom (et accessoirement d'une pub Levis). Mais les Clash, c'était un peu plus que ça. Ceux qui ont eux la chance de connaitre l'époque glorieuse du groupe rapelleront que les Clash furent, avec quelques autres, les détonateurs du mouvement punk en angleterre. C'était en 1976-1977, et depuis, le choc est toujours sensible chez de nombreux groupes se réclamant "punk", notamment du coté de la Californie.

Je ne vais pas faire une thèse sur le punk rock mais je pense en connaitre pas mal sur le sujet (bien que je sois né l'année de la sortie de "London Calling") pour pouvoir en parler, le genre ne s'étant pas arrété en 1980 à mon avis. Mais le punk n'était pas qu'une question de musique ou de look (qui a l'époque était quand même primordial dans la crédibilité des groupes) mais également de message, de réaction face à la crise économique, aux chomâge et au conservatisme anglais ambiant.

Mais revenons aux Clash:  Inspirés par le rock'nroll des 50's, le rockabilly, les Stooges/MC5, la musique du quatuor se révoltait contre le rock progressif soporiphique de Yes, Genesis, Pink Floyd et compagnie, trop pompeux à leur goût. La musique psychédélique, malgré ses qualités, avait un défaut majeur qui était qu'elle ne pouvait être jouée que par des virtuoses, et qu'elle était assez éloignée des préoccupations des ouvriers au chômage.

La musique des Clash était constituée de morceaux courts, efficaces,  nerveux, aux mélodies faciles à retenir, ce qui constituait la base du punk rock. Et le message de leur musique représentait tout ce qu'un ouvrier au chômage voulait entendre. Bien sûr, les Clash ne sont pas les seuls représentants du punk anglais,  les plus connus étant les Sex pistols (qui ont eux aussi popularisés le look punk/destroy/no future), mais ils sont un exemple, tant au niveau crédibilité qu'au niveau de l'évolution musicale du groupe.

Les grincheux objecteront que seuls les deux premiers albums du quatuor étaient véritablement punk-rock (musicalement parlant) mais qu'est ce que ça peut faire après tout ? Comment résister à des disques aussi réussis et intemporels que le double "London Calling" ou le triple "Sandinista" ? Les Clash resteront avant tout dans l'histoire comme un groupe fabuleux, l'un des premiers à avoir compris que le métissage musical était l'avenir. Ils inspireront des centaines de groupes, à commencer par la Mano-negra.
 

Commentaires:

(Thiriont@swing.be) Thierry
Bonjour,
Je suis moi aussi fan de Clash.J'ai eu la chance de les voir en concert en 1984 à Deinze (Belgique).Fabuleux, même si Mick Jones n'était déjà plus là...
Ceci dit, tu dois savoir qu'un titre tel que the Call up fut important pour la génération à laquelle j'appartient, tout comme Spanish Bombs (dans une moindre mesure) car comme quelques autres pauvres connards, j'ai du faire mon service militaire.Tu es trop jeune pour connaître ça (savoure ta chance) mais quand tu sais que tu va perdre un an (je suis belge et chez nous, c'était un an), the Call up a un sens tout particulier..
.Bravo pour ton site, mais par pitié, parle aussi des autres albums qui eux aussi ont de grandes qualités.Chez The Clash, y a rien a jeter.Salut.Thierry.


The Clash  (Columbia 1977)

8.5/10

C'est officiellement le 1er avril 1976 que se forment les Clash, sur les cendres de London SS (d'ou provenaient Mick jones--guitare et Paul Simonon-basse) et avec au chant et à la guitare Joe Strummer, auparavant chanteur des 101ers, un groupe de pub rock (genre popularisé dans les mid-70's par Dr.Feelgood en réaction aux courants hippies, basé sur des racines rock'n'roll et version plus calme du punk pour certains). Et ce fut à peine un an plus tard que paru ce premier album, d'ou l'urgence qui s'en dégage. A noter que le batteur qui officie sur ce disque est Tory Crimes, qui va être remplacé peu de temps après par Micky "Topper" Headon.

Il existe deux versions de cet album, la version originale anglaise de 1977, et la version relookée sortie deux ans plus tard pour les USA. La différence est que cette version contient 14 titres, et que la version américaine, outre qu'elle en possède 15, a l'avantage de contenir les singles des Clash parus en 1977-1978 après ce premier album, et qui font partie intégrante du groupe et de l'histoire du punk-rock: Complete control, Clash city rockers et White man in Hammersmith palais ne figurent pas sur cette version UK, ni la reprise de I fought the law qui servira de singles aux américains en 1979. A la place on trouve des titres moins bons mais qui restent quand même d'un haut niveau.

Alors pourquoi chroniquer cette version plutôt que l'autre ? l'intérêt est que j'ai découvert le groupe avec la compilation "The singles" (pas parue aux USA) et que je voulais éviter de me retrouver avec trop de titres que j'avais déjà. Alors achetez cette compilation et cet album ! On y retrouve les deux premiers singles du groupe, le célèbre White riot et Remote control. De plus, il s'agit de la version originale, qui reste quand même la référence. Ce disque est en tout cas l'emblème du punk rock anglais et du punk rock en général, avec bien sûr le "Nevermind the bollocks" de vous-savez-qui.

Tout se trouve dans ce disque: Morceaux en général assez courts, ce son caractéristique de guitare, très typique de l'époque et que certains continuent encore à pratiquer aujourd'hui, ces petites mélodies entrainantes chantées par un Joe Strummer énervé mais enthousiaste. En effet, il ne faut pas oublier un des aspects essentiels du Clash: L'envie de foutre le bordel, et la bonne humeur associée au désir de faire bouger les choses.

Outre les deux singles précités, une bonne partie de l'album fait encore référence: Janie jones en ouverture, I'm so bored with the USA, London's burning, Carrer opportunities (qui eu même droit à un clip !), Garageland sans oublier Police and thieves, première incursion discographique du groupe dans l'univers du Reggae, qui, faut il encore le rappeler, à joué un rôle essentiel dans la  musique des Clash.

Bien sûr, on pourrait s'attendre à ce que ça bouge un peu plus, et le fan de punk dur moderne pourra trouver que c'est un peu mou et que certains morceaux sont un peu moyens, mais globalement ce disque reste un de leurs meilleurs (le meilleur pour certains) et est une référence dans un domaine souvent décrié.

Personnellement ce n'est pas mon disque de punk préféré (je suis plus habitué aux groupes américains) et je pense que les Clash ont fait encore mieux après, du punk-rock "au sens large", c'est pour ça que je n'accorde qu'un 8.5/10 pour un disque a priori aussi important. Mais c'est un très bon disque !, soyez en sûr.

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London calling  (Columbia 1979)

10/10

Après un premier album acclamé, les Clash passèrent le cap d'habitude difficile du deuxième album avec le très bon "Give them enough rope" dont je ne connais que les deux extraits les plus marquants, Tommy gun et English civil war qui marquaient une évolution progressive vers le rock plus général.1979 est cependant une année charnière pour le groupe comme pour le punk: Le mouvement a déjà été récupéré, (de Plastic bertrand
à Blondie...), les Sex pistols sont morts, et le public commence à se demander si c'est du lard ou du cochon. Autrement dit, est-ce qu'on peut évoluer musicalement tout en continuant à faire du punk-rock, le tout avec la crédibilité ?

Au printemps, après avoir enregistré ce disque, le quatuor tourne aux USA ou ressort leur 1er album (nouvelle version) et c'est un franc succès. En décembre sort ce disque, qui va mettre tout le monde sur le cul. Car c'est un chef-d'oeuvre, rien de moins, un des plus grands disques de l'histoire du rock, et le premier (et l'un des derniers) double album de l'histoire du punk-rock, vendu au prix d'un simple, à la demande du groupe, qui accepta de laisser une partie de ses droits à la maison de disque.

Musicalement, "London calling" passe le stade du simple punk rock pour investir ce style de rock "clashien", mélodique et hargneux, ici fort bien représenté par le single London calling, l'un de leurs meilleurs titres. Mais l'album ne se limite pas à ça: Le groupe prouve qu'avant d'être un gang de rebelles, ils sont avant tout musiciens, et rendent un hommage à toutes les musiques qui les ont influencés: Le rockabilly sur Brand new cadillac (une reprise de Vince Taylor, figure des 50's), le jazz acoustique sur Jimmy jazz, le funk sur Lost in the supermarket, la soul sur The card cheat et bien sûr le Reggae, ou le groupe parvient enfin à exceller grâce au vindicatif Guns of brixton (un titre de Paul Simonon, Strummer et Jones ne sont pas les deux seules têtes pensantes du groupe).

En ce qui concerne les paroles, le groupe reste encore très ancré dans l'engagement politique, et la plupart des titres apportent une nouvelle vision du groupe sur le monde, en ne se contentant pas de scander "anarchy in the UK". On trouve sur ce disque quelques unes de leurs chansons les plus marquantes: Clampdown, Rudie can't fail (ah que j'adore cette chanson...) Spanish bombs, Revolution rock ou le très pop Train in vain, sans parler des titres précités.

A vrai dire, tous les titres ici ont leur place: Tout s'enchaine parfaitement, de manière naturelle, et la production est parfaite, révélant à merveille tous les arrangements faits par le groupe, comme l'incursion de cuivres ou de cordes, ainsi qu'un énorme travail sur les voix, ce qui rappelle que les Clash n'étaient pas un groupe de rock basé sur les guitares (à part à leurs débuts) comme la plupart des groupes des 70's, mais que chaque instrument était important.

Bref, ça fera bientôt vingt ans que cet album est sorti et il reste une pierre angulaire du rock, un des meilleurs disques de tous les temps, indispensable aux amateurs de vraie bonne musique. Même la couverture est superbe. Achetez ce disque, c'est un ordre !

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Sandinista !  (Columbia 1980)

9/10

Avec "London Calling"; le quatuor avait réussi à entrer au panthéon du rock. Que faire après avoir sorti un tel pavé ? Réediter l'exploit ? sortir quelque-chose de complètement différent ? revenir aux sources ? Ou alors, s'arréter en pleine gloire ? Fort du succès du précédent album, le groupe a sûrement eut beaucoup de moyens dus à la confiance du label pour réaliser ce quatrième album. Le seul moyen de faire plus fort qu'un double album était sans doute de faire un triple album. Et c'est ce qu'ils firent.

Jusque là, si les doubles albums étaient relativement répandus, les triples étaient relativement rares (à part pour quelques allumés hippies comme le Grateful dead ou Frank Zappa). Mais qu'un groupe qui marche le fasse, et un groupe punk, en plus ! Bon, c'est vrai que musicalement, "Sandinista !" n'a plus rien à voir avec les débuts du groupe, mais cela reste un enregistrement capital, car il est un symbole du jusqu'au-boutisme punk, plus dans le fond que dans la forme.  En août 1980, le groupe sortait un single avant-coureur, Bankrobber, qui préfigurait l'évolution musicale du groupe.

Si "London Calling" était énorme, "Sandinidta !" est gigantesque, pachydermique. Et même si il est difficile, voire impossible de tout écouter à la suite (personnellement je n'y suis jamais arrivé), ce disque devait être fait, malgré certains passages un peu vains. Voyez vous ça: 36 titres sur deux CD remplis à ras-bord (la version originale était consituée de trois vinyles de 12 titres chacuns), près de 2h30 de musique, soit autant que les trois précédents albums du groupe. "Sandinista !" est un gigantesque sound-system mondial. Dès trois disques (vinyles, s'entend) le premier est certainement le meilleur.

On commence très fort avec les deux singles The magnificent seven, chanson funk qui met bien en situation, suivi de Hitsville UK, qui ressemble un peu à une chanson de Noël. Dans la foulé, Junco partner, ou Strummer semble avoir fumé un pétard, parle des dérives d'un junkie, Ivan meets G.I. Joe (sorte de funk-disco-rock intergalactique ?!?) puis The Leader évoquent la guerre froide, puis le magnifique et très orchestré Something about England relate les deux guerres mondiales.

Car le groupe a décidé de pousser jusqu'au bout cette logique d'une musique engagée et militante. Le titre est d'ailleurs une référence à la révolution sandiniste. Le reggae, locomotive du groupe, est ici fort bien représenté avec le marrant The crooked beat, et la paire One more time / One more dub, le rock plus hargneux se faire rare, malgré quelques bonnes surprises (Somebody got murdered, Up in heaven).

la deuxième partie (plages 13-18 du CD 1 et 1-6 du CD 2) s'enflonce de plus en plus dans le métissage musical, et le groupe passe du funk urbain (Lightning strikes) à la musique sud-américaine (Let's go crazy), en passant par le rock (Police on my back, un classique), la soul (Corner soul, Broadway, très beaux) et même le gospel (The sound of tne sinners), en passant par des choses que j'aurais du mal à décrire (Le single The call up, Midnight Log qui ressemble à s'y méprendre à un titre de la Mano-negra) et bien sûr le Reggae militant (Washington Bullets) et le dub (If music could talk, The Equaliser). La dernière partie voit le groupe se lacher complètement, et le vocaliste rasta Mickey Dread relooke certains titres de groupe pour les faire sonner différemment.

Sorti de l'excellent Charlie don't surf On répertorie des chansons assez curieuses (des reprises de Guns of brixton et Career opportunities chantées par des enfants) et quelques bizzareries. La face 6 n'est constituée quasiment que de remixes, ce qui, pour l'époque était assez novateur. Bien sûr, certaines plages ne s'avéraient pas franchements nécessaires et auraient fait de bonnes faces B de singles, mais ce disque jeta les bases de métissages musicaux jusque là inédits, et rien que pour ça c'est un disque majeur, indispensable au fan. A l'époque, une partie du public eu un peu de mal à suivre, mais ce disque, malgré quelques étrangetés contient quand même quelques tubes.

Après ça, le groupe allait se retirer pendant un certain temps avant de sortir "Combat rock", leur ultime chef-d'oeuvre qui les placerait en tête des charts internationaux. Si vous devez acheter un seul album des Clash, achetez "London calling", mais si vous vous voulez entendre un disque aventureux et franchement très intéressant, avec un paquet de morceaux excellents dessus (au moins une bonne vingtaine), cassez votre tirelire et payez vous "Sandinista !", vous ne serez pas déçu.

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Autres sites:

The Clash, page officielle un site très bien fait avec des tas d'infos, et des trucs sympas comme les tablatures.


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