Hüsker dü
 
 

You can sing any song you want
 
 


 
 


Le nom Hüsker dü vient du suédois et signifie "vous vous souvenez ?". Celà était en fait le nom d'un jeu de société très populaire au Etats-unis à la fin des 60's que l'on connait en France sous le nom de "memory". A la fin des années 60, justement, Bob Mould est encore enfant quand il découvre la pop des Beatles et des Byrds, deux groupes qui vont le marquer à vie. Plus tard, il découvre le Heavy metal puis en 1977 le punk. Il déclare que c'est après avoir vu les Ramones qu'il décida de se mettre à la guitare, cet instrument lui ayant paru jusque là trop difficile.

Il émigre ensuite à Minneapolis, ou il rencontre en 1978 Grant Hart, futur batteur / chanteur / compositeur du groupe et Greg Norton, bassiste de son état. Les trois se réunissent début 1979, et deviennent rapidement un des représentants du mouvement hardcore/punk en pleine émergence à l'époque. Le groupe se fait vite une place de choix sur la scène de Minneapolis, mais dès 1982-1983, après seulement 2 albums parus sur de petits labels indépendants, le trio commence à évoluer musicalement pour sortir du mouvement hardcore, qui selon eux commence à  se répeter.

"Metal circus" paru en octobre 1983 (et qui marque leurs débuts sur SST) est une sorte de hardcore mélangé à du rock plus classique. En seulement une vingtaine de minutes bien sonnées, ce disque va ëtre un détonateur pour le groupe. Le double "Zen arcade" (1984), premier double album de l'histoire du hardcore, est une pierre angulaire: hardcore-punk radical, punk mélodique, rock bruyant, pop et expérimentations se mélangent pour former une musique unique, immense.

Le groupe va dès lors devenir une référence du rock toutes catégories outre atlantique, et ce en haussant le niveau à chaque nouvel album. En 1986, le groupe signe sur une major, Warner, et sort "Candy Apple Grey" qui marque une nouvelle étape dans la carrière du groupe. Mais les tensions entre les trois membres commencent à se faire sentir et le trio se séparera après la sortie de "Warehouse songs and stories", son dernier (double) album.

Hüsker dü restera dans l'histoire comme l'un des premiers groupes à mélanger colère et émotion, bruit et mélodie, et tracera la voie pour toute une nouvelle génération de groupes, à commencer par les Pixies, la référence souvent citée (un peu à défaut) pour montrer leur influence. Aujourd'hui, on retrouve partout des traces de leur musique, de Nirvana à Samiam, de Helmet à Therapy, et en france avec les Thugs, Sixpack, Garlic frog diet ou les Deadly toys tous groupes ayant étés inspirés un jour ou l'autre par le trio de Minneapolis.
 

Commentaires:

(lassewist@hotmail.com)
 husker du cest danois et norwegien



 
 

Land speed record  (New alliance 1981)

7.5/10

Assez curieusement, le premier album d'Hüsker dü fut un disque live. Après un premier 45 tours (Statues / Amusement) qui devait plus à la New wave- post punk qu'au hardcore, le trio se sortait les tripes pour donner sa première grande tournée, le "Children's crusade tour" au terme de laquelle fut enregistré, le 15 août 1981, au 7th Street Entry de Minneapolis, cet album.

"Land speed record" est assez représentatif de ce que le genre avait à offrir à l'époque: son chaotique, fureur punk, titres de moins de 2 minutes joués à 200 à l'heure enchainés sans pause, Tout y est. De plus, quand le disque a été réédité en CD par SST en 1987, le label a bien pris soin de ne séparer le disque qu'en deux plages correspondant aux deux faces du vinyle, ce qui oblige a tout écouter à la suite.

Ce disque, outre la décharge d'adrénaline qu'on peut encore y trouver aujourd'hui, a le mérite de montrer le groupe à ses débuts, en pleine mouvence punk-hardcore, avec des titres aussi explosifs que Guns at my school, Bricklayer, Ultracore ou All tensed up, dans un style qui va rapidement évoluer. On trouve ici les traces de leurs futures oeuvres.

Objectivement, c'est un bon représentant du hardcore, quoique peut être pas aussi vital pour le genre que ne le furent les premiers efforts respectifs de Black flag, Minor threat et des Bad brains. Le groupe, on le sait aujourd'hui, n'en était encore qu'à ses débuts (ils avaient à l'époque 21 ans de moyenne d'âge) et tout restait encore à faire.

faire un commentaire


Everything falls apart and more (Rhino 1993)

8.5/10

Ce CD est une réedition d'enregistrements du groupe antérieurs à la période sur SST. Il contient le EP 12 titres "Everything falls apart" considéré comme le deuxième album du trio, ainsi que les deux premiers singles du groupe "Statues/Amusement" et "In a free land", avec en plus quelques inédits. On peut ainsi se rendre compte de l'évolution de Hüsker dü des tous débuts en 1980 jusqu'à "Metal Circus".

"Everything falls apart", paru en janvier 1983 sur leur propre label Reflex rds (ce qui explique qu'il ait été indisponible aussi longtemps, il fut tiré à 10 000 exemplaires vinyles) , soit à peine un an après "Land speed record", montre le groupe toujours hardcore, mais dans un style plus évolué que sur le premier album. Le groupe a entre temps gagné en clarté et en maturité, et les chansons s'en ressentent.

Dès l'intro "rythme militaire" de From the gut on sent qu'on a affaire à un très bon disque. Et si les titres suivants (Blah blah blah, Punchdrunk et une nouvelle version de Bricklayer) restent encore très agressifs, le groupe varie les tempos, et l'ensemble est plus consistant, plus varié que sur le premier  album. On a même droit à une reprise de Sunshine superman de Donovan par Grant Hart, chanson du "Flower Power". Hart ne chante pas encore beaucoup mais il commence à mettre en place son style, très différent de celui de Mould, sa voix aigüe contrastant à merveille avec celle, plus grave, de Mould . Signals from above est un nouveau coup de poing,  et il faut attendre la chanson titre pour trouver un morceau du groupe vraiment mélodique, tout en restant puissant. Sur la fin, Target et surtout Gravity montrent le groupe plus fort que jamais dans ce style.

Le single "In a free land" (mai 1982) annonce déjà le style de "Metal circus". La chanson titre est une merveille de Hardcore punk violent, mais on a affaire à une véritable chanson avec de l'émotion. A la limite, on pourrait presque parler de "hardcore mélodique" si ce terme n'avait pas depuis pris un autre sens. Quant aux deux titres qui constituaient la face B originale, le cri de douleur What do I want ? et l'expéditif M.I.C. , ils se chargent de déblayer le terrain, le tout en à peine plus de 2 minutes.

On trouve également le premier 45 tours du groupe, daté de janvier 1981, avec deux titres d'un rock mid-tempo très sombre, presque new-wave. La version de Statues de Grant Hart culmine à plus de 8 minutes et montre le groupe sous un aspect jusque là inédit, assez différent de "Land speed record". Sur Amusement, Mould agite le fantôme de Ian Curtis, avec un style qu'on lui reconnait déjà, surtout au niveau des paroles.

Enfin, on a droit à deux très bons inédits,Let's go die (qu'on retrouve sur le 1er album) de Greg Norton, et le thème du groupe Do you remember ? (une des 1ères démos du groupe en 1980 ) tous deux dans un registre punk optimiste, contrastant avec les titres du 1er single. Ce disque est donc indispensable au fan et à n'importe qui s'intéressant à l'histoire du punk-hardcore. Ces titres montrent que Hüsker dü savait dès ses débuts faire preuve d'une grande intensité dans sa musique, et laissent déjà imaginer le haut niveau de leurs futures oeuvres.

faire un commentaire


Metal circus  (SST 1983)

9/10

Voici le disque qui témoigne de la mutation du trio d'un groupe considéré comme hardcore à celui d'un groupe dépositaire d'un style original. Rétrospectivement il s'agit du disque qui a permis à Hüsker dü de vraiment affirmer son style, hérité du hardcore américain et influencé par le pop-rock byrdsien. Certes, ce disque ne contient que 7 chansons (c'est un EP, le groupe avait à l'origine enregistré une douzaine de chansons, mais il a préféré en garder les meilleures et repousser l'idée d'un double album à plus tard) mais il est d'une rare constance, un des seuls disques du groupe qui soit réellement sans faute et la qualité des chansons, la production et la personnalité mise en avant du groupe lui donnent le statut d'un album marquant.

Il y a en effet plusieurs choses qui apparaissent sur ce disque et qui vont devenir prédominantes: Déjà, le disque marque l'arrivée du groupe sur SST, le label de Black flag, qui est le début d'une collaboration fructueuse entre le label, le groupe et l'ingénieur du son Spot. De plus, c'est sur ce disque que Bob Mould joue pour la première fois de cette façon particulière de sa guitare, avec ce style si reconnaissable, ou l'Ibanez Flying V, une guitare connue comme polyvalente, déploit ce son qui traverse l'espace sonore de manière très aggressive et très bruyante, un peu à la manière d'une cornemuse, mais jouée de manière très dynamique et mélodique, avec beaucoup plus d'invention que sur les précédents enregistrements du trio.

Enfin, le groupe semble décidé à se démarquer de la caste hardcore avec des thèmes de chansons pour le moins personnels et qui contrastent avec l'intégrisme des militants straight-edge alors en plein essor.
De fait, les chansons s'en ressentent, et d'ailleurs ici elles sont plus proches, au niveau des structures, de morceaux pop que hardcore, et témoignent des énormes progrès accomplis par le groupe depuis "Land speed record" et ce en l'espace de 18 mois.

Dès l'intro de Real World, le groupe part dans des morceaux rapides, violents mais qui néanmoins sont incroyablement émotionnels et interpellent l'esprit de l'auditeur, ici questionné sur la validité de son engagement dans une quelconque rebellion. Sans rentrer dans les détails (je vous conseille malgré tout de faire attention aux paroles, très justes), cette chanson critique l'engagement trop poussé, et rappelle aux prétendus révolutionnaires que la réalité est bien différente et qu'il est facile de se dire rebelle. Deadly Skies garde la même approche, tant musicale qu'au niveau des paroles, puisque Mould parle de la psychose nucléaire, et des doutes qu'il a quant au fait de manifester, chose qui lui parait malheureusement bien peu utile même si l'espoir fait vivre.

Le troisième titre, It's not funny anymore, de Grant Hart est une chanson plus calme, très mélodique, et le batteur incite ses congénères à trouver leur propre voie sans se soucier de ce que peuvent dire les autres. Cette chanson est une des meilleures indications quant au futur de la musique du groupe. First of the last calls est toujours plus mélodique, quoique plus urgente, et rappelle le style qui va prédominer sur l'album suivant. Vous connaissez l'emo-core, la pop-hardcore ? Tout est là ! Cette chanson est un des meilleurs exemples de mélodie émouvante alliée à un tempo rapide et des guitares sales. De plus, le thème traité, l'alcoolisme, rend encore plus tragique cette histoire. Lifeline revient à quelquechose de plus hardcore, et les multiples breaks et poussées d'adrénaline mettent très bien en relief le sentiment d'impuissance face à sa vie que l'on peut parfois ressentir, sentiment qui parfois pousse à la démence ici relatée de manière réaliste.

Et on en arrive à la pièce maitresse du disque, le sublime Diane de Grant Hart, un mid-tempo lancinant et tragique ou le viol d'une jeune fille est vu des yeux du tueur, ce qui évite ainsi au groupe de prendre une quelconque position en montrant une certaine humanité dans cette personne. L'horreur de l'évènement est poussée ici dans ses ultimes retranchements, sans jamais tomber dans le sordide, le groupe a compris que la suggestion était bien plus effrayante.

Enfin, Out on a limb ferme le ban comme d'habitude avec le groupe, c'est à dire avec des amplis poussés à fond les ballons et cette guitare incroyablement aggressive et bruitiste, et un Bob Mould qui semble appeler à l'aide. "Metal Circus", malgré sa courte durée (une petite vingtaine de minutes) reste le début d'une longue série de grands disques. Après çà, on ne pouvait plus douter des talents de Hüsker dü, ici devenus évidents.
Ce disque est en tout cas d'une importance capitale pour le groupe car il est l'avènement de son style qui va ensuite évoluer progressivement. C'est l'acte de naissance d'une certaine tradition du  rock alternatif américain, celle la même qui sera revendiquée au début de la décennie suivante.

faire un commentaire


Zen arcade  (SST 1984)

10/10

"Metal circus" avait impressionné par son approche du hardcore, toujours violent mais avec un surplus d'émotion qui rendait la musique du groupe tellement plus intense. On peut supposer que le groupe était à l'époque  frustré de sortir des albums n'excédant pas la demi-heure, et que c'est peut-être pour cette raison que "Zen Arcade" fut un double album. 70 minutes de musique permettent à un groupe toutes les excentricités, toutes les folies qu'il n'a pas pût se permettre auparavant. De plus, le contexte de l'époque semblait favorable à ce genre de manoeuvre (qui ?): Minor Threat avait déjà splitté, Black flag commençait à sortir des disques de moins en moins consistants, les Bad brains ne sortiraient rien avant au moins 2 ans, bref, le hardcore punk était à un tournant, et on attendait alors un nouveau leader.

"Zen arcade" ne sera pas une nouvelle pierre angulaire du genre. Mieux que ça : Le groupe était à l'époque en pleine mutation musicale, et l'énorme potentiel révélé par "Metal circus" va ici être exploité à fond. De l'intro de Something i learned today au jam final de Reoccuring Dreams, "Zen arcade" utilise de manière intelligente l'expérience hardcore du groupe et l'allie avec ses obsessions pop, bruitistes, expérimentales.

On passe ainsi du punk dur mais mélodique de Broken home; Broken heart, ou The biggest lie au punk dur tout court de Pride ou l'expéditif I will never forget you, sans omettre certaines trouvailles géniales (Hare krsna, Dreams reoccuring, Monday will never be the same, The tooth fairy and the princess, ou l'acoustique Never talking to you again)  et quelques titres à la fois très rock et très bruyants, tels What's going on, sorte de rockabilly-trash qui termine la première partie, ou l'apocalyptique Masochism world qui débute la seconde.
Si la première partie est essentiellement constituée de morceaux violents, la seconde laisse place à des titres plus mélodiques, qui préfigurent les futures oeuvres du groupe.

Ce mélange mélodie/bruit qui s'était dessiné sur les précédents disques du groupes (avec des titres comme It's not funny anymore, In a free land ou l'extraordinaire reprise du Eight miles high des Byrds, sortie juste avant en single et malheureusement absente ici) prend ici toute sa forme: Somewhere, l'excellent Chartered trips ou bien  Pink turns to blue (sur lequel Grant Hart parle d'une de ses amies décédée - d'ou le titre) sont bien représentatifs du groupe.
De plus les sujets abordés par le groupe sont très variés: l'impossibilité de communiquer sur What's going on, never talking to you again, la fierté destructrice sur Pride, la trahison en amitié sur I will never forget you, les désillusions par rapport à un monde contemporain cruel et égoîste sur Something i learned today, Chartered trips, Masochism world ou Newest Industry , titre relatant la crise économique, la dépression sur Standing by the sea, l'autisme sur le très beau Whatever ...

Sur la fin cependant le trio semble néanmoins plus optimiste et les titres se remplissent d'espoir, malgré la tristesse: la trilogie Newest Industry, Whatever et l'ultra efficace Turn on the news (sur la compassion face aux malheurs du monde), ponctués par de très bons instrumentaux, montrent le groupe sous un aspect moins désespéré, plus mélancolique. Le disque se termine de la meilleure façon possible avec Reoccuring dreams, un instrumental proprement ahurissant ou la guitare de Mould, dont j'ai peut parlé jusqu'ici, fait merveille.
"Zen arcade", 15 ans après, reste un disque d'exception, tant il montre d'une belle manière la transition d'un groupe, sorti du hardcore punk et ayant crée son propre style, qui allait atteindre son apogée créative.

faire un commentaire


New day rising  (SST 1985)

8.5/10

L'une des choses les plus surprenantes à propos de Hüsker dü, était la vitesse à laquelle le trio sortait ses albums: "Metal circus" fût enregistré au moment de la sortie de "everything falls apart", "Zen arcade" à la sortie de "Metal circus", ce "new day rising" à la sortie de "Zen arcade", et ainsi de suite jusqu'à la fin. A l'heure ou les groupes actuels sortent un disque tout les trois ans, une telle frénésie productive fait plaisir, d'autant plus qu'elle ne signifie pas du tout une baisse de qualité dans la musique du groupe. Il suffit de se réferrer aux Beatles dans les 60's pour se rendre compte qu'un groupe qui consacre la grande majorité de son temps à sa musique parvient forcément à un très haut niveau, tout en étant très productif. Et l'avantage de Hüsker dü sur les Beatles est d'avoir continué à tourner jusqu'à la fin de sa carrière.

Après "Zen arcade", qui avait retenu l'attention de pas mal de monde, le groupe n'avait pas le droit à l'erreur. Au lieu de s'enfermer 3 ans en studio pour tenter de réediter ce qui aurait pût être une pale copie, le groupe prit partie de faire ce qu'il avait toujours fait, c'est à dire d'aller à contre courant de l'attente du public. "New day rising" se distingue donc de "Zen arcade" en de nombreux points, tout en étant une évolution linéaire. L'aspect mélodie / énergie apparu sur "Metal circus" et pleinement révélé sur "Zen arcade" prend ici le pas sur tout le reste.

Ce qui surprend le plus sur ce disque, c'est la facilité avec laquelle le groupe pond ses mélodies: Après le jubilatoire New day rising en guise d'intro, Girl who lives on heaven hill, chanté (hurlé ?) par Hart, prend à la gorge de par sa mélodie simpliste mais pas simplette. Les titres suivants, I apologize, Folklore et If i told you sont l'essence même de la musique du groupe: mélodies intelligentes et efficaces, voix démultipliées, couches de guitares, rythme allant du mid-tempo rock au plus rapide, c'est clair qu'on est bien sorti du hardcore cette fois-ci.

Si  quasiment tous les titres semblent presque commercialisables en single (enfin, il faudrait d'abord enlever ce gros son de guitare sursaturée pour que ça soit présentable en radio), certains sont au dessus du lot: Celebrated summer, avec son alternance d'électrique et d'acoustique, est peut-être une des meilleures chansons sur la nostalgie de l'enfance jamais écrites. Terms of psychic warfare et Books about UFO's surprennent par leur approche typiquement 60's de la pop. Ces deux chansons montrent bien le style de Hart, alors que Mould reste dans un style plus sombre avec l'intemporel Powerline ou le remarquable 59 times the pain et ses multiples changements de tempos.

"New day rising" est le disque le plus optimiste, le plus mélodique et le plus 60's du groupe. Toutefois, le groupe a tellement de facilité à sortir les mélodies que certains titres (ceux de Hart, notamment) manquent parfois de l'émotion déchirée qui caractérisait le groupe à ses débuts.  Terms of psychic warfare, Books about UFO's: Ce sont d'excellentes chansons pop, mais est-ce toujours du Hüsker dü ?

Le plus surprenant est la fin du disque: les trois derniers titres semblent ne pas avoir de rapport avec ce qui s'est fait avant, hormis le son caractéristique de guitare: How to skin a cat ? et ses paroles délirantes  semble être la bande son parfaite d'une beuverie arrosée. Watcha drinkin' ?, en 1'30, est une sorte de punk rock minimaliste, et enfin, Plans i make voit le groupe terminer le disque comme il l'a commencé, c'est à dire sur les chapeaux de roue, ou Mould triture sa guitare comme ce n'est pas permis et hurle son refrain avec une énergie qui semble inépuisable.

Avec "New day rising", au coeur d'une passionante trilogie, le groupe agrandissait son auditoire en prouvant qu'il était capable à 6 mois d'intervalle de sortir deux grands disques biens distincts. Ce n'est pas mon disque préféré du groupe, loin de là, mais il apporte quand même son lot de sensations fortes et d'émotions.

faire un commentaire



Flip your wig  (SST 1985)

9.5/10

Le premier disque que j'ai acheté du groupe, et celui qui m'a fait adorer leur musique. En 1985, le groupe est au sommet créativement parlant, et "Flip your wig" en est le parfait témoin.  Pourtant, après avoir sorti deux pavés, le double "Zen arcade" et le quintessentiel "New day rising", ce disque peut sembler décevant, tant le disque semble linéaire, principal reproche fait à cet album par les fans de l'un ou l'autre des deux disques précédents . De plus, le spectre sonore a l'air moins large que sur "New day rising".

Le groupe commencerait-il à décliner, incapable de revenir au plus haut niveau, coupable d'être trop productif ? Grosse erreur ! Personnellement, je trouve que cet album est du même niveau que "Zen arcade", en plus accessible. Certes, il n'y a pas d'instrumental de 13 minutes, pas de titre punk radical, pas d'acoustique, mais "Flip your wig" semble le disque de rock parfait.

Le groupe retrouve le coté sombre et mélodique (sans être pop, comme sur "New day rising") sur un mur de guitares de "Metal circus" et "Zen arcade". Relativement plus sombre que le précédent, ce disque possède une grande intensité émotionnelle, plus mélancolique que vraiment désespérée. De plus, la plupart des chansons possèdent une formidable énergie, et le gros son crade de guitare fait ressortir à merveille le jeu de Bob Mould, qui arrive à faire un boucan formidable avec ses deux compères.

On trouve ainsi des chansons très positives, telle le Flip your wig d'ouverture, le single Makes no sense at all ou l'excellent Divide and conquer , et d'autres plus sombres, ou le groupe excelle, comme sur le très beau Games ou le suicidaire  Find me, et son refrain bardé de guitares, tellement caractéristique du trio. On trouve même un instrumental, The baby song, joué avec un vibraphone (???), détesté par beaucoup de fans, mais qui à mon avis montre que le groupe sait aussi avoir de l'humour et prendre du recul.

Sur la fin, après un Keep hanging on d'anthologie (Grant Hart était vraiment à un très haut niveau à ce moment là), le groupe retrouve un peu de goût pour le bruitisme, et l'instrumental The wit and the wisdom possède une énergie destructrice incroyable, appuyée par un tempo lourd et surplomblée d'un solo apocalyptique de guitare. Enfin, Don't know yet, sorte de collage sonore, sert de sas de sortie permettant un retour en douceur à la réalité.

"Flip your wig" permet de couper court à cette idée stupide voulant que les années 80 n'ait pas connues de grand disque de rock. Ce disque est un parfait mélange de bruit et de mélodie, d'optimisme et de mélancolie, de colère et d'émotion, une parfaite réponse à cette affirmation, préfigurant déjà ce qu'on appellera plus tard le grunge.

faire un commentaire


Candy apple grey  (Warner 1986)

9/10

Il arrive un moment dans la carrière d'un groupe ou ledit groupe se trouve dans l'obligation de faire un choix déterminant pour sa "carrière". Le genre de choix qui divise les fans, et qui peut apporter au groupe une nouvelle audience, voir une nouvelle dimension musicale. Le fait de quitter un label indépendant pour une major et d'intégrer "l'industrie musicale" est souvent mal perçu par les punks soucieux d'éthique, et dans le cas de Hüsker dü, quitter SST pour signer sur la Warner fut une certaine coupure dans la carrière du groupe. D'un autre coté, il ne s'agit pas non plus d'un revirement radical à 180°, ce disque se situant à peu près dans la lignée de ses prédecesseurs, tout en apportant sa pierre à un édifice déjà très élevé.

"Candy apple grey" est sans doute le disque le plus controversé du trio, le plus haï par certains et le plus adoré par d'autres. Certains dirent que la Warner a eu le contrôle du groupe sur ce disque, ce qui est faux, puisque quand Hüsker dü a commencé à enregistrer "Candy apple grey", en octobre 1985, le deal n'avait pas encore été signé. De plus, le disque a été enregistré (comme quasiment tous les autres) au fameux Nicollet studios de Minneapolis et produit par le groupe lui-même. Pourtant, c'est vrai que cet album apparait un peu différent des autres.

Tout d'abord, ce qui surprend, c'est le son. Hüsker dü nous avait habitué à ce son gros son crade de guitare, recrouvant l'espace sonore et montrant à merveille le jeux si particulier de Bob Mould, à mi chemin entre punk radical et mélodique/60's/psychédélique. Ici, le son est plus propre, les voix, la basse, la batterie et les instruments additionnels sont mieux rendus qu'auparavant, mais le groupe parvient à conserver une énergie, avec juste un peu plus de retenue. Ca commence très fort avec Crystal, qui malgré le son un peu plus propre, montre un Bob Mould plus puissant que jamais, jubilatoire, une véritable secousse sismique, parfaitement rock, rapide, bruyant, et un flot de paroles ahurissant.

Don't want to know if you are lonely, le deuxième titre, est un des plus grand "tubes" du groupe: Cette chanson de Grant Hart prouve, s'il en était encore besoin, que ce type savait écrire de parfaites chansons pop, terriblement accrocheuses mais intelligentes, ici avec plus de subtilité que  sur "New day rising". Dans la foulée, I don't know for sure et Sorry somehow (sur lequel un clavier discret vient apporter une note plus 60's) n'apportent pas grand chose de plus si ce n'est la preuve de la constance dans la qualité musicale. Bien sûr, il n'y a rien de très neuf la dedans (si ce n'est que le groupe est complètement débarrassé de son passé hardcore) mais tout ça est très efficace, direct et émotionnel.

La grosse surprise est sans contexte le 5ème titre, Too far down. Après une jolie intro, on entend une guitare... acoustique. Et bien oui, voilà, à force de désosser sa musique album après album, le groupe en est finalement arrivé à l'essentiel, au folk et à la chanson presque "traditionnelle", comme quoi le punk rock est une version moderne du blues. Cette chanson est peut-être l'une des plus tristes que le groupe ait jamais enregistré mais aussi l'une des plus belles.

Juste après, Hardly getting over it reste dans cette ambiance acoustique, dans un registre un peu plus classique et plus optimiste (quoique les paroles ne soient pas réellement très gaies) et montre le trio sous un aspect nouveau, ou l'amertume de l'âge adulte a remplacé la fureur adolescente. Mais le groupe reste énergique, et Dead set on destruction nous la joue carrément rock australien ! Le groupe a décidé d'aller jusqu'au bout de sa logique et de se lâcher complètement pour ce disque, aux abords un peu (trop ?) déstabilisants.

Le plus surprenant est sûrement No promise have i made, une ballade au piano (!) plutôt belle, quoiqu'il faille une certaine ouverture d'esprit pour pouvoir l'aborder. Enfin, le groupe termine avec l'optimiste All this i've done for you et son refrain entétant, révélant les changements d'humeur incessants de la musique du groupe. "Candy apple grey" est un disque à part, émouvant, peut-être le plus abordable du groupe, bien que pas le plus représentatif, et celui avec lequel ils commencèrent à avoir enfin un soupçon de succès commercial, amplement mérité.

faire un commentaire


Warehouse : songs and stories  (Warner 1987)

8/10

L'année 1986 marque un tournant dans la carrière du groupe. Hüsker dü tourne pour "Candy apple grey", mais cette tournée qui les emmène jusqu'en Europe (en évitant soigneusement la France) est assez courte, le groupe souhaitant désormais passer plus de temps à la maison, et la vie de tournée étant assez difficile pour un groupe qui n'a pas encore un succès gigantesque. A la fin de l'été, ils enregistrent ce qui va être le huitème album. Nouveau changement d'approche, le groupe a décidé de s'investir encore plus dans l'aspect studio, et de fait, aucun des morceaux de ce "Warehouse" n'a été joué auparavant en concert. L'enregistrement durera plus de 3 mois, pour au final accoucher de 20 chansons, formant un double album fleuve, le deuxième dans la carrière de Hüsker dü en 3 ans tout de même.

Malgré le gros travail de studio, on doit pourtant faire un reproche à la production, particulièrement faible et manquant de puissance. Bon c'est vrai que leurs albums n'avaient jamais une production terrible, mais enfin le groupe avait l'habitude d'enregistrer live en studio, et il suffisait d'augmenter un peu le son pour vraiment faire ressortir l'énergie de la musique. Hors là, la guitare de Mould semble sortir des magasins playskools, et la batterie sonne comme une batterie électronique. Difficile de croire que c'est le même groupe qui a enregistré "Land speed record"... là on a quasiment l'impression d'entendre un disque enregistré dans les 60's...

Passé ces quelques désagréments, on s'aperçoit vite que le groupe est toujours très fort pour nous pilonner de son style inimitable. Dès l'intro de These important years, on se retrouve dans cet univers sonore si familier et pourtant à chaque fois un peu nouveau, avec dans cette chanson un discours optimiste mais mélé encore d'un désarroi évident. Les morceaux suivants sont encore très bons, notamment l'excellent Charity, chastity prudence and hope de Grant Hart (ou comment faire une chanson fantastique avec quelques notes), et le single Ice cold ice et son refrain killer.

Malgré tout, on semble poindre une certaine usure dans le groupe. A l'époque, Grant Hart était héroïnomane, Mould avait un penchant prononcé pour l'alcool et Greg Norton semblait se désintéresser progressivement du groupe. De fait, tous ces problèmes internes allait finir par affecter la qualité de la musique, et "Warehouse" souffre d'un embonpoint de chansons. En effet; le groupe, s'il reste très bon dans son style, ne le fait malheureusement pas trop évoluer ici et on commence à trouver ça un peu répétitif. Pas de doute, c'est bien Hüsker dü qui fait de Hüsker dü, mais voilà, ces chansons sont ce qu'on attend du groupe, ni plus ni moins. Et du coup, l'effet de surprise attendu à chaque nouvel album est ici aux abonnés absents (ou presque) et il est difficile d'écouter à la suite les 20 chansons pour un non-fan.

Malgré les quelques tubes, on trouve aussi certains morceaux qui sentent un peu la fatigue, comme Too Much spice, Friend you've got to fall ou encore She's a woman. D'un autre coté, il y a des chansons qui font partie des meilleures du groupe: la magie pop du planant You're a soldier, l'énergie de morceaux comme Ice cold ice et la beauté abyssale du géniallissime She floated away et son tempo 3/4 valse.  il y a aussi le splendide Bed of nails, long mid-tempo ou l'amertume de Mould n'a jamais été aussi bien affichée, et la merveilleuse chanson pop Turn it around, morceau qui n'arrète pas de monter et descendre comme les montagnes russes, sans oublier le très bon No reservation et ses guitares typées indiennes.

Plus que tout, c'est bien l'impression d'un groupe qui sent la fin approcher et qui veut sauver les meubles, sans jamais tomber dans le fatalisme et en arrivant très souvent encore à accoucher de superbes compositions. Mais la principale nouveauté de "Candy apple grey" (les ballades accoustiques) manque cruellement ici, et le groupe continue de pilonner (parfois un peu à vide) là ou il aurait peut être du se poser un peu et y aller carrément de son disque de rock plus calme tel le REM de "Document" ou les Replacements de "pleased to meet me", 2 autres chef d'oeuvres parus la même année.

Mais la suite, voilà, ce fut le suicide de leur manager, une tournée plus ou moins chaotique  (si les concerts restaient intenses, les moments entre étaient insupportables pour le groupe qui ne se supportait plus) et plus grande chose de neuf à enregistrer. Ce disque fut donc l'ultime témoignage du groupe qui décida de se saborder en janvier 1988 pour mettre fin à un carrière difficile mais malgré tout prolifique et fondamentale pour l'avenir du rock US. Les Pixies n'allait pas tarder à sortir leur premier disque, Nirvana sortait de sa cave de répétition, ça recommençait à bouger à Seattle, San Francisco et un peu partout et le rock rennaissait.
Fans de Jawbreaker, Nirvana, Samiam, Foo fighters, Sensefield, Promise ring, Get up kids et autres plus ou moins connus, écoutez au moins ce disque, vous n'en reviendrez pas.
Disque majeur quand même "Warehouse" est l'adieu du groupe, la fin d'un des groupes les plus intenses de l'histoire du rock. A eux, merci.

faire un commentaire


Et aussi...
New day rising un site anglais de référence, parfait pour découvrir le groupe
Hüsker dü's Paul Hilcoff page la base de donnée la plus fournie. On y trouve de tout, je conseille pour ceux qui connaissent déjà un peu le groupe
Neozone Ce site (attention, français !) comporte, entre autres, une page sur le trio avec une bio assez détaillée, les albums avec tracklistings, les paroles ainsi que des traductions de certaines chansons. J'attire votre attention dessus parce que c'est le seul en français avec le mien et qu'il mérite d'être visité.



 Retour à la page de présentation