Emigration vaudoise

 

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Paris, conférence sur l’Émigration Vaudoise du 19/02/2000

Dr Théo Kiefner

Traduit par M. Hans-Joachim Schmitt, docteur ès lettres.

L'émigration des Vaudois des vallées piémontaises

en Suisse, en Allemagne et en France

Les Vaudois français et savoyards

    Le grand Escarton de Briançon depuis 1343

La contre-réforme

    Les paroisses catholiques dans le Val Pragela 1698

La Généalogie des Vaudois

Les Vaudois français

    En Suisse

    En Allemagne

        Les paroisses réformées du Val Cluson et leurs colonies en Allemagne

       Les colonies vaudoises en Allemagne

    Remarques sur la généalogie des Vaudois allemands

    Les listes de distribution de la communauté française réformée de Francfort

L'émigration vers la France

Quelques problèmes concrets de la généalogie vaudoise

    Un exemple supplémentaire

Les livres de dépouillements systématiques

    Une page du livre généalogique de Groß et Kleinvillars

  Une page du livre généalogique de Mentoulles

Literatur

1. Les Vaudois français et savoyards

Grand Escarton de Briançon.jpg (96719 octets)

La recherche des ancêtres est toujours une aventure, parce qu'on ne sait jamais où l'on aboutira. Histoire, géographie, religion et généalogie sont en effet étroite-ment liées entre elles. Mettons-nous donc en route.

Depuis le synode de Chanforan, en 1532, les Vaudois constituèrent une Église réformée. Comme la frontière entre la France et la Savoie coupait leur domaine en deux, le Val Pragela (la partie supérieure du Val Cluson) appartenait à la France. C'était une région à cent pour cent réformée, et elle formait un colloque faisant partie de la circonscription ecclésiastique du Dauphiné. Nous pouvons y englober le Val Pérouse savoyard, que la France occupa de 1630 à 1696 pour assurer la liaison avec la place forte de Pinerolo/Pignerol sous sa domination, et qui, de ce fait, connut par la suite le même sort. Les Vaudois de Savoie (qui habitaient le Val Pellice, le Val d'Angrogna et le Val Germanasca ou St. Martin) étaient obligés de s'organiser en une petite Église séparée, parce que tout contact avec leurs coreligionnaires de France leur était interdit.

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2. La contre-réforme

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En 1630, l'Église catholique avait établi un prieur dans le Val Pragela entièrement réformé. En 1680, c'était Simon Roude qui, le  19 septembre, engagea un procès contre les réformés. Prétextant l'article 14 de l'Édit de Nantes, il prétendait que leur religion était interdite delà les Monts. Le procès fut d'abord conduit au Parlement de Grenoble, puis transféré au Conseil d'État à Paris. Le 7 mai 1685, Louis XIV donna raison à Roude en interdisant la religion réformée au-delà du Montgenèvre.

En août/septembre 1685, les dragons tant redoutés - les missionnaires bottés - arrivèrent dans la vallée. Avec des méthodes brutales, ils obtinrent en peu de temps une conversion massive de la population. Lors d'une visite, le curé de Villaret m'a montré un cahier qu'il avait trouvé dans son presbytère. C'était la liste des habitants qui avaient abjuré. Peu de gens seulement s'enfuirent alors avec leurs pasteurs Daniel Martin, Jacques Papon père et fils, et David Clement. La plupart restèrent dans la vallée: C’étaient les NC (nouveaux convertis).

Au début de 1686, les Vaudois savoyards se virent également interdire l'exercice de la religion réformée. Ils résistèrent pour défendre leur foi, mais furent vaincus au bout de quelques jours seulement. On en incarcéra entre 8 et 9000. Lors-qu'ils furent relâchés et expulsés un an plus tard, à peine 3000 purent gagner la Suisse. Une partie d'entre eux se rendit au Palatinat, d'autres dans le Wurtemberg, 800 furent envoyés au Brandebourg. Les premiers refluèrent bientôt vers la Suisse, parce que la France avait envahi le Palatinat: La guerre pour la succession de ce pays venait d'éclater.

En 1689 réussit la troisième tentative armée des Vaudois pour retourner dans leur patrie. Elle est connue sous le nom de Glorieuse Rentrée.  Bien trop vite sui-virent femmes, enfants et vieillards, qui trouvèrent un pays dévasté où, long-temps encore, la guerre devait sévir.

En 1690, la Savoie fit la paix avec les Vaudois et déclara la guerre à la France. Ainsi s'explique le fait qu'en Italie, il existe jusqu'à nos jours une Église vaudoise certes petite, mais non sans importance.

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3. La généalogie des Vaudois

En ce qui concerne la généalogie des Vaudois en général, on s'aidera du livre de Osvaldo Coisson.

Quant aux Vaudois savoyards, on consultera Armand-Hugon et E. A. Rivoire. Pour la Suisse et l'Allemagne, j'ai rassemblé toutes les données que j'ai pu trouver. S'agissant des Vaudois de Savoie, il faudrait en plus enquêter dans chaque presbytère des vallées vaudoises pour savoir la date à partir de laquelle il existe des registres paroissiaux où l'on notait les baptêmes, les mariages et les sépultures.

Dans le Val Pragela, en 1685, peu de gens s'exilèrent avec leurs pasteurs, et dans le Val Pérouse, ce ne fut pratiquement personne.

Dans le Val Pérouse, il n'y a plus, pour la période qui nous intéresse ici, aucun registre paroissial.

Dans le Val Pragela, il existe encore des registres de tailles diverses.

Soulignons surtout le cas de Mentoulles, où, sous l'église, on a découvert en 1964 un millier de documents relatifs aux Vaudois; les registres des baptêmes commencent dès 1629. Dans ma thèse, j'ai publié un Ortssippenbuch (livre qui, pour une localité donnée, reproduit la généalogie de chaque famille = livre de dépouillements systématiques) de cette commune, qui va d'environ 1600 à 1740. On y trouvera des indications sur ceux qui sont restés dans la vallée en tant que nouveaux convertis ainsi que sur ceux qui sont partis, et leur destination.

A Pragela, il existe encore des registres réformés allant de 1674 à 1685.

A Usseaux, ceux-ci couvrent les années 1679 et 1680, alors que les registres catholiques débutent en 1667. Se trouvent également des registres réformés:

A Fenestrelle: baptêmes 1632-1633, baptêmes et mariages 1640-1644. Les registres catholiques y vont de 1682 à 1692 et reprennent en 1696. De l'annexe du Puy, il existe des registres de baptêmes et de sépultures pour 1709 à 1711.

A Villaretto, les registres réformés commencent en 1684, les catholiques en 1685. S'y ajoute un cahier avec la liste des personnes qui ont abjuré entre 1685 et 1725 (il est conservé à la cure).

A Château du bois/Castel del  Bosco, les registres catholiques existent à partir de 1679.

A Meano, il y a bien des années, les registres ont malheureusement été détruits par la foudre.

Outre les registres, il faut consulter tous les documents encore disponibles, p. ex. contrats (de mariage et de vente), minutes des notaires, testaments, Einbürgerungsurkunden (lettres de bourgeoisie?), listes et indications éparses de tout genre, etc.

De plus, il est nécessaire de connaître les quartiers (les hameaux qui dépendaient d'une localité plus importante). Faisaient p. ex. partie de Mentoulles Villevieille, Fau, Lafondufau, Villeclose, Serre, Serre-Lours, Larra, Latte, Granges, Maison-nasses et les deux tiers de Chambons.

On ne peut pas non plus se dispenser de certaines connaissances sur l'organisation ecclésiastique. Ainsi Bourcet, qui dépendait d'abord de Villaret, fut rattaché en 1665 à la nouvelle paroisse réformée de La Balme.

Concernant le Val Pragela, il importe de dépouiller les registres jusqu'à la dernière expulsion qui eut lieu en 1730, marquant l'extinction définitive de la religion-on réformée. A ce sujet, on consultera le premier volume de ma monographie sur les Vaudois d'Allemagne intutilé la reforme et la contre reforme dans le Val Cluson et mon article intitulé A l'auberge de la miséricorde. La dernière grande ex-pulsion des Vaudois en 1730.

A partir de 1692, la vie ecclésiastique renaissait dans les vallées savoyardes. A un moment donné, j'étais occupé à extraire toutes les données des registres paroissiaux encore existants, et à les mettre sur fiches. A Torre Pellice, le pasteur me déclarait que ses registres ne commençaient qu'après 1700. Il me montrait le volume, et je lui ai demandé quel était ce petit cahier qui s'y trouvait en tête.  Il l'ignorait. Alors, en y regardant de plus près, j'ai découvert les registres des baptêmes pour la période de 1692 à 1698, qui avaient été tenus par le pasteur Jean Giraud. Celui-ci emporta le cahier en Allemagne, où il fut nommé pasteur de Pinache, dans le Württemberg. Plus tard, il le renvoya, avec une note explicative, à Torre. A Rora, les baptêmes sont enregistrés de 1695 à 1698, à Angrogne de 1691 à 1698, à St. Jean/San Giovanni de 1692 à 1698, à Villar Pellice pour 1698 seulement; dans toutes les autres localités les registres ne débutent qu'après 1700.

En 1693, la Savoie occupa le Val Cluson pendant un temps très court. Alors le Duc Victor Amédée II invita les nouveaux convertis à venir dans son pays et à retourner à leur ancienne foi. 1600 personnes suivirent son appel, dont 300 toutefois regagnèrent par la suite le Val Pérouse.

En 1696, une paix séparée fut conclue entre la France et la Savoie. Par un article secret, le Duc s'engagea à expulser tous les réformés nés en France.

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4. Les Vaudois français

4.1. En Suisse

Après la paix générale signée à Rijswijk en 1697, les Vaudois et Huguenots français (ces derniers surtout originaires du Queyras) qui s'étaient établi dans le Piémont prêtèrent, le 1er juillet 1698, le serment de fidélité au Duc de Savoie. J'ai eu entre les mains le document correspondant qui porte 222 signatures. Le même jour(!), le Duc, cédant à la pression de la France qui insistait pour que l'article secret soit enfin mis à exécution, décréta l'expulsion de ces mêmes personnes dans un délai de deux mois, les contrevenants risquant la peine de mort.

Répartis en sept groupes, environ 3000 Vaudois et Huguenots français partirent vers la Suisse en passant par Genève. Cette ville, qui s'était jadis détachée de la Savoie, constituait un État indépendant qui ne faisait pas encore partie de la Confédération helvétique. A l'époque, il n'existait encore aucune liaison terrestre entre Genève et le canton de Berne, qui possédait le pays de Vaud, tout comme I'Argovie appartenait au canton de Zurich. Quant à St. Gall, seule la ville était protestante, mais non le canton.

J'ai pratiquement épuisé toutes les archives cantonales, celles de Zurich s'avérant particulièrement fertiles. Ainsi, j'ai réuni un immense fichier au sujet des Vaudois. D'abord, la Suisse voulait d'ailleurs les renvoyer sur-le-champ vers l'Allemagne, mais finalement on décida de les garder pendant l'hiver en les répartissant sur les divers cantons réformés. Malheureusement, l'ordinateur est venu trop tard pour mes besoins, car la mise en mémoire de ces fichiers (sans parler des autres que j'avais confectionnés auparavant) serait un travail qui dépasse mes forces.

Ce qu'il faudrait encore étudier par le détail, ce sont certaines villes en Suisse qui avaient provisoirement hébergé des Vaudois, comme p. ex. Bienne, Payerne, Aigle, etc. Toutefois, le professeur Rémy Scheurer de I'Université de Neuchâtel et ses étudiants ont déjà accompli, dans ce domaine, un travail précieux.

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4.2. En Allemagne

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Vaudois Allemagne.jpg (72368 octets)

Au printemps 1699, les Vaudois, de même que 6000 Huguenots, durent quitter la Suisse pour l'Allemagne. Une partie, passant par Schaffhouse, fit le voyage à pied, les autres prirent le bateau et, par l'Aare et le Rhin, gagnèrent Bâle. Là, ils furent transbordés pour descendre le Rhin. J'ai établi un fichier en dépouillant les listes des embarquements. Les Vaudois à destination du Württemberg débarquèrent à Schröck (aujourd'hui Leopoldshafen) auprès de Karlsruhe, ceux qui devaient se rendre en Hesse-Darmstadt et Hesse-Homburg continuèrent le voyage jusqu'à Gernsheim.

A l'origine, on avait prévu d'établir les réfugiés du Val Pérouse dans le duché du Württemberg, et ceux du Val Pragela dans le landgraviat de Hesse-Darmstadt. Quant au Württemberg, ce projet fut en effet réalisé. On y fonda les colonies vaudoises de Pinache (avec Serres comme annexe), de Perouse et de Groß- et Klein-Villars. Les Huguenots du Queyras furent installés à Dürrmenz et à Wurmberg. En Hesse-Darmstadt, par contre, il y eut d'énormes difficultés. L'établissement des réfugiés traînait, parce que les terrains étaient trop rares ou le sol trop maigre; de plus, les fermes que le landgrave leur offrait à bail devaient être remises aux enchères au bout de 12 ans. Ainsi, des 1600 Vaudois, il n'en restait finalement que 400 dans le pays. Ils s'installèrent à Walldorf (aujourd'hui dans le voisinage immédiat de l'aéroport de Francfort-sur-le-Main) et à Rohrbach-Wembach-Hahn dans la forêt de l'Odenwald. De Walldorf dépendait la petite colonie huguenote de Neukelsterbach, qui s'éteignit par la suite. Les Vaudois de Méan s'en allèrent vers Dornholzhausen, dans le landgraviat de Hesse-Hombourg, ceux de Fenestrelle fondèrent Charlottenberg dans le comté  de Nassau-Schaumburg, ceux de Mentoulles et d'Usseaux Waldensberg dans le comté  d'Ysenburg-Wächtersbach, et Nordhausen dans le "Zabergäu", pays près de Heilbronn sur le Nek-kar. Tout le groupe qui avait passé un temps à Arheilgen émigra vers le Württemberg et finit par s'établir à Perouse, à Wurmberg et à Neuhengstett. La plupart de ceux qui avaient temporairement séjourné à Mörfelden/Walldorf trouvèrent une nouvelle patrie soit dans le Württemberg (Palmbach et Untermutschelbach), soit au pays de Bade-Durlach (Kleinsteinbach).

Un cas à part, ce sont les Huguenots qui s'étaient réfugiés à Cannstatt, à Stuttgart et à Ludwigsburg. Tout comme ceux d'Augustistadt/Gochsheim, ils n'avaient aucun rapport avec les Vaudois.

Les Pays-Bas avaient recueilli une énorme collecte afin d'aider à l'établissement des Vaudois. Leur ambassadeur en Suisse, Pieter Valkenier, fut chargé par son gouvernement d'organiser et de surveiller l'opération. Pour faciliter la distribution des fonds, il demanda à chaque colonie, en juillet 1699, des listes détaillées. L'ensemble de ces relevés représente ce qu'on appelle la liste de l'assistance néerlandaise, source inestimable qui nous renseigne sur les fondateurs. Depuis long-temps, elle est publiée dans le Bulletin de la Società di Studi Valdesi, mais les fautes y sont nombreuses. Pour ne donner qu'un exemple: au lieu de Taviol, il faut naturellement lire Raviol. Deux colonies manquent complètement. Au bout de longues recherches, j'ai réussi à trouver les listes originales dans le Rijksarchief à La Haye, qui m'ont servi de base pour mon fichier.

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4.3. Remarques sur la généalogie des Vaudois allemands

Pour combler les lacunes et reconstituer les débuts manquants des registres paroissiaux, il faut rassembler tout ce qu'on peut trouver de listes et d'indications éparses. Il importe également de savoir à quel endroit chercher. Ainsi, pour Neuhengstett, les documents semblaient rares. Un jour, je me suis rendu compte que ce village dépendait non de Calw, mais du petit Oberamt (espèce de canton) de Merklingen, et du coup, j'ai pu découvrir, dans les archives d'État de Stuttgart, des tas de documents. Perouse faisait partie du Stabsamt (autre circonscription administrative) de Heimsheim, dont les dossiers ne furent répertoriés qu'en 1998. Tous ces faits ne sont même pas mentionnés dans le livre qu'on vient de publier à l'occasion du tricentenaire de cette colonie.

Vient ensuite le travail délicat de relier tous ces éléments entre eux, c'est-à-dire de regrouper les données contenues dans les différentes sources (listes des embarquements et de l'assistance néerlandaise, documents locaux, registres paroissiaux) pour en faire un tout. Dans les registres de certaines colonies, il manque les premières années ou même d'assez longues périodes postérieures. A Rohrbach-Wembach-Hahn, les inscriptions ne commencent qu'en 1738. A Waldensberg, celles des années 1738 à 1945 ont brûlé juste avant la fin de la guerre. Les registres ont été tenus avec plus ou moins de soin. Les inscriptions concernant les personnes présentent parfois des lacunes ou n'ont été enregistrées qu'après coup, souvent avec bien du retard. Je dois souligner ici l'importance des parrains et marraines: parfois on précise qu'il s'agit du grand-père, d'un oncle ou d'une tante, d'un cou-sin, etc. Souvent, c'est seulement  grâce à de telles indications qu'on peut conclure à un lien de parenté.

En 1720, 400 Vaudois quittèrent le Württemberg pour aller au Brandebourg, où on les refusa en les qualifiant de mendiants. Ils se tournèrent alors vers le Danemark, puis on les retrouva dans le royaume de Hanovre où ils négociaient sans succès afin d'obtenir un endroit pour s'établir. La plupart, amèrement déçus, re-tournèrent alors au Württemberg. Seules 24 familles restèrent sur les bords de la Weser où ils fondèrent, en territoire de Hesse-Cassel, les petites colonies de Gottstreu et de Gewissenruh. De ceux qui s'étaient présentés au Brandebourg, seul un petit groupe était resté dans le pays et avait poussé jusqu'en Prusse orientale, où il fonda la colonie de Praßlauken. Plus tard encore, un transfert de population donna naissance à la colonie vaudoise de Hottendorf, dans l'Altmark.

Une question importante est de savoir ce qu'il faut comprendre par le terme de Vaudois. En effet, à ceux-ci se mêlaient souvent des Huguenots. Parmi ces derniers, il y en avait qui, à l'égal des Vaudois, étaient des paysans de montagne venus des Alpes, et qui parlaient provençal comme eux. Mais il existe aussi des Huguenots qui venaient d'autres régions de la France; parmi eux se trouvaient même des Wallons. Quant à moi, je considère comme vaudoises toutes les colonies qui avaient participé aux deux synodes vaudois tenus l'un à Francfort, l'autre dans le Württemberg, de même que celles qui en étaient issues par des émigrations ou des transferts de population.

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4.4. Les listes de distribution de la communauté française reformée de Francfort

En 1981, lors d'un congrès organisé à Freissinières (Hautes-Alpes), on a présenté un projet qui avait pour but de déterminer, à l'aide des listes de distribution conservées à Francfort-sur-le-Main, le nombre de Huguenots français et leur lieu d'origine d'une part, et le lieu où ils s'étaient établi en Allemagne de l'autre. Comme date-limite pour ces recherches, on avait choisi l'année 1693. J'ai tout de suite formulé mes réserves. Dans les archives municipales de Francfort se trouvent 70 volumes, dont 20 contenant les index. Si l'on compte 400 pages par volume et 30 noms par page, on arrive à un total d'environ 600 000 inscriptions. 19 volumes (1554-1746) recensent des personnes originaires de France et du Palatinat. Dans 10 autres, les inscriptions (1640-1718) sont classées par ordre alphabétique, jusqu'à 1685 d'après les prénoms, ensuite d'après les noms de famille. 41 volumes (1685-1876) enregistrent des Français, des Piémontais et des Palatins. Le dépouillement ne va pas sans certaines précautions. L'orthographe des noms de li-eux et de personnes exige une compétence particulière. Brasselet p. ex. est Pragela! Vivares n'est pas le Vivarais à l'ouest du Rhône, mais Villaret dans le Val Pragela. Les mêmes personnes apparaissent bien des fois, et souvent les indications sur leur lieu d'origine diffèrent. Il faut vérifier si la personne en question est réelle-ment arrivée à la destination indiquée. Puisque, dans le projet présenté, la date-limite a été fixée à 1693, les 6000 Huguenots et 3000 Vaudois venus en Allemagne en 1699 seulement ne sont pas pris en compte. On doit également considérer que certains réfugiés n'apparaissent pas dans les listes. Nombreux sont ceux qui, bien qu'arrivés à Francfort, ne s'adressaient pas à la communauté française réformée, mais au résident du pays auquel ils étaient affectés. Beaucoup venaient en Allemagne du Nord par la mer en passant par l'Angleterre et les Pays-Bas. D'autres n'osaient pas emprunter la route qui longe le Rhin à cause de la proximité de la France, mais préféraient gagner le Brandebourg via Schaffhouse, Ulm, Schwabach, Ansbach, Erlangen et Bayreuth. Beaucoup aussi trouvaient une nouvelle patrie plus au sud et ne sont donc jamais venus jusqu'à Francfort. En outre, il y avait les coureurs, c'est-à-dire des personnes qui ne parvenaient plus à reprendre une vie ordonnée. Comme ils risquaient de se faire sévèrement sanctionner par la communauté française réformée de Francfort, ils préféraient naturellement ne pas s'y présenter du tout.

Ce que je viens d'exposer illustre et confirme sans doute ma thèse du début: les liens étroits qui existent entre l'histoire, la géographie, la religion et la généalogie. Il importe de connaître les itinéraires des réfugiés et, en les suivant, rechercher leurs traces généalogiques.

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5. L'émigration vers la France

A Laux, dans le Val Pragela, j'ai rencontré une femme qui lavait son linge dans l'eau froide de la fontaine. Comme je l'abordais en italien, elle m'a expliqué qu'elle était française et ne comprenait pas cette langue. Un de ses ancêtres avait jadis émigré vers la France, et elle venait passer ses vacances au village dont il était originaire. Beaucoup de descendants des Vaudois avaient fait comme lui; c'était bien entendu longtemps après l'émigration vers la Suisse et l'Allemagne que je viens d'exposer. La raison de leur exode n'était plus la religion - ceux qui étaient restés s'étaient tous convertis au catholicisme -, mais le surpeuplement de la vallée. C'est ainsi qu'il y a à Marseille une colonie de Vaudois.

Quand on cherche ses ancêtres, il faut remonter de génération en génération. Les sources à utiliser sont les registres de l'état civil et, pour la période antérieure à leur existence, ceux tenus dans les cures ou les presbytères réformés. Pour la France en général, on consultera avec fruit Bernard, Gildas, Guide de recherches sur l'histoire des familles. Lorsqu'il s'agit plus particulièrement de protestants, il existe un livre excellent du même auteur: Les familles protestantes en France XVI e siècle - 1792. Il dresse l'inventaire de tous les registres réformés encore existants depuis les débuts jusqu'à la Révolution, avec indication du lieu où l'on peut les consulter. Malheureusement, il y manque le Val Cluson parce que, en 1708/13, la France le céda à la Savoie. Pour repérer les lieux d'origine, la carte de Cassini rend de précieux services. Sur 154 grandes feuilles et 26 petites, la France entière y est représentée. Cette carte, élaborée entre 1683 et 1815, reproduit une quantité énorme de détails, même des moindres, comme p. ex. les maisons isolées, les chapelles, etc. On y trouve aussi les localités disparues ou qui ont été incorporées dans une autre commune. Le comté de Nice et les deux départements de Savoie et de Haute-Savoie manquent, parce que ces territoires n'ont été rattachés à la France qu'en 1860.

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6. Quelques problèmes concrets de la généalogie vaudoise

Souvent, les recherches sont laborieuses, parce qu'il est indispensable de ras-sembler toutes les données consignées dans les registres de baptêmes, de mariages et de décès. Ce faisant, il ne faut surtout pas se contenter du premier nom venu qui semble convenir, mais plutôt s'assurer s'il n'y en a pas d'autres qui pourraient également entrer en ligne de compte.

Quand une écriture est difficile à lire, je confectionne, en décalquant des lettres dont la lecture est absolument sûre, un alphabet de minuscules et de majuscule-les, qui comprend aussi les lettres doubles ou triples, comme sp, st, sch. En pro-cédant ainsi, il est souvent possible de déchiffrer des noms de personnes ou de lieux, etc.

En  1823, l'emploi de la langue française fut interdit aux Vaudois du Württemberg. Jusqu'alors, les registres avaient été rédigés en français. S'il y a des problèmes d'interprétation, c'est souvent parce que des Allemands ont dû transcrire des paroles entendues dans la bouche des Vaudois, ou vice versa. Parfois, le seul moyen de comprendre un passage est la lecture à haute voix, à quoi doit s'ajouter une solide connaissance de l'ensemble des documents. Ainsi, Krett a la mande signifie Gret allemande; il s'agit donc d'une nommée Margarete (= Marguerite) d'origine allemande! De même, Mimpse et Hesken sont à lire Meimsheim et Hessigheim, ce sont donc deux localités dans le Württemberg.

Le terme français de Vaudois est ambigu, car il peut signifier à la fois habitant du pays de Vaud en Suisse et Vaudois au sens où il est employé ici. Quand je suis dans le canton de Vaud, surtout à Lausanne, j'ai donc, pour éviter les malentendus, pris l'habitude de dire: Je cherche les Vaudois du Piémont.

Ce à quoi il faut faire attention, c'est que les femmes mariées gardaient leur nom de jeune fille. A Nordhausen, le père de famille Jacques Mariot mourut bientôt après l'arrivée. Sa famille portait par la suite le nom de la veuve, Anne Lantelme. Mais lorsque les enfants se mariaient, ils s'appelaient de nouveau Mariot.

Un jour, j'ai reçu une demande de renseignement: dans les registres de Pragela, le nom de la nouvelle mariée serait quelquefois accompagné de la mention non qualifiée. Naturellement, cette expression n'a pas la même signification qu'en français moderne (qui ne satisfait pas à certaines conditions, etc.). Pour la comprendre, il faut consulter un dictionnaire provençal. En effet, les Vaudois du Val Cluson et les Huguenots du Queyras parlaient un dialecte provençal alpin; le français, ils le comprenaient plus ou moins. Ce dictionnaire nous apprend que les qualifiés, c'étaient les notables, les classes supérieures. Si elle était non qualifiée, la mariée appartenait donc aux couches populaires, ce qui, bien entendu, ne parle pas contre elle. Elle était peut-être plus travailleuse et plus économe qu'une fille riche. Et l'autre jour, quelqu'un qui assistait à une conférence que je faisais à l'Université de Tübingen, me lança: Peut-être aussi plus jolie!

Étant donné la grande fréquence de noms et de prénoms identiques, le moindre détail peut avoir son importance. A ce propos, on se rapportera toujours avec fruit à W. Beuleke, Studien zum Refuge; on consultera également J. E. Bischoff, Lexikon deutscher Hugenottenorte, lui aussi très utile.

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6.1. Un exemple supplémentaire

A Petitfayet, quartier de Villaret dans le Val Pragela, vivait Jacques Raviol. Son père s'appelait également Jacques. Sa femme était Catherine Bouquet, née aux environs de 1648, fille de Thomas Bouquet. Deux filles naquirent avant même le début des registres paroissiaux encore existants, Magdelaine, née en 1679(?) et Marie, née en 1683(?). Le 19 septembre 1685, la famille abjura. Le 12 décembre 1685 naquit la fille Catherine. Son parrain, Etienne Bouquet, et sa marraine, Susanne, sœur de ce dernier, étaient très probablement son oncle et sa tante. Ils habitaient le quartier de Gleisolle (où se trouvait l'église), dont Catherine était originaire. La famille a bientôt dû s'exiler. Le 24 mars 1690, elle se trouvait à St. Gall. Là, on mentionne quatre enfants. Jacques Raviol, tout comme le quatrième enfant, a dû mourir quelque temps après, parce que la femme fut enregistrée le 12 avril 1690 et le 7 avril 1691 à Neuchâtel comme veuve avec trois enfants. L'indication selon laquelle elle venait de Vivarais/Pragela (au lieu de Villaret) est sans aucun doute une erreur de transcription due à un malentendu acoustique. Du 22 avril au 18 mai 1691, elle se trouva à Zurich. Du 4 juin 1692 au 10 juin 1695, elle séjourna de nouveau à Neuchâtel. Puis elle se rendit à Aigle. Le 25 mai 1699, elle s'embarqua à Brugg et descendit l'Aare. Le 26, elle arriva à Bâle. De là, elle conti-nua son voyage en descendant le Rhin jusqu'à Gernsheim. Dans la liste de l'assistance néerlandaise, nous la trouvons en juillet 1699 comme séjournant à Arheilgen. En passant par Perouse, elle vint finalement, en 1700, à Neuhengstett. Sans les documents relatifs au Val Pragela et à la Suisse, nous ne saurions donc pas le nom de son mari; aussi aurions-nous cherché en vain à identifier les filles qui, à leur mariage, s'appelaient Raviol.

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7. Les livres de dépouillements systématiques (DS)

Il existe déjà une série de DS vaudois réalisés par divers auteurs. Ils sont certainement très utiles; seulement, pour la plupart, ils ne reposent que sur le dépouillement des registres locaux: Walldorf, Rohrbach-Wembach-Hahn en Hesse-Darmstadt, Dürrmenz et Wurmberg dans le Württemberg. Quant à moi, je fais déjà un pas de plus en y intégrant les documents relatifs à l'ancienne patrie et aux étapes intermédiaires de l'exode. C'est ainsi que je prépare actuellement le 5e volume de ma monographie sur les Vaudois d'Allemagne: Die Ortssippenbücher der deutschen Waldenserkolonien.

A propos des DS, j 'ai essayé plusieurs fois d'entamer avec M. Beuleke, maître chevronné des recherches huguenotes, un dialogue sur la méthode à appliquer, mais je n'y suis jamais parvenu. Dans ses ouvrages, il avait le plus souvent recensé tous ceux qui, pendant les premières années, vivaient dans les colonies ou y faisaient leur apparition. De cette façon, il obtenait des chiffres d'habitants qui dépassaient de loin les effectifs réels. Pour ma part, j'ai inventé mon propre schéma, qui s'oriente sur les registres familiaux tels qu'ils sont édités au Württemberg. Au haut de chaque feuille figurent le mari et la femme, au-dessous les enfants avec leurs parrains et marraines. Suivent les indications sur les mariages et décès. Ensuite, les feuilles concernant chaque famille seront, par générations, mises bout à bout, chaque branche recevant son numéro de classement.

Page de livre de Grob et Kleinvillars.JPG (126722 octets)

Un DS doit comporter un index des noms de chaque couple, et un autre qui donne les noms des femmes mariées. Pour revenir à notre exemple ci-dessus: dans le premier devrait figurer le couple Jacques Raviol et Catherine Bouquet, dans le second Catherine B. veuve de J. R. Un troisième index devra énumérer les localités avec lesquelles il y a eu des rapports divers (mariages, changements de domicile, parrainages, etc.).

Voici la liste des DS disponibles: Groß- et Klein-Villars par H. Vogler et Perouse par M. Lachenmaier; dans ces cas, j'ai rédigé la partie antérieure à la première génération en exil), Augustistadt, Pforzheim, Wiesenfeld, ceux-là élaborés par moi-même et, en collaboration avec Th. Ende, Gottstreu et Gewissenruh. Waldensberg et Nordhausen sont presque terminés, alors que Neuhengstett et Arheilgen sont en préparation.

Quand toutes les colonies seront traitées, un travail supplémentaire reste à faire. Partout, il y a de nombreuses personnes venues de l'extérieur. Il faudra les recenser et mettre sur fiches, puis les ranger sous leur lieu d'origine. Quand tout cela sera achevé, on pourra procéder à la rédaction finale. Celle-ci terminée, on pourra dire que tout ce qui est humainement possible aura été fait afin de rassembler et de rendre accessibles tous les documents qui existent encore. Cela facilitera énormément la tâche de tous ceux qui se mettent à la recherche de leurs ancêtres.

Dans les vallées vaudoises, y compris le Val Cluson, il faudrait enquêter dans toutes les paroisses, catholiques aussi bien que réformées, pour savoir s'il existe encore des registres et quand ceux-ci débutent. Il faudrait vérifier s'il y a encore d'autres documents (contrats de mariage et de vente, testaments, lettres de bourgeoisie, etc.). Sur ce point, les archives locales, surtout à Mentoulles, pourraient prêter leur assistance. Il faudrait en plus consulter les archives de la Società di stu-di Valdesi, celles, épiscopales et municipales, de Pinerolo, les deux archives d'État et la bibliothèque royale à Turin, sans oublier les archives départementales de Gap et de Grenoble et les Archives Nationales á Paris; là, la série TT paraît d'un intérêt particulier. Y a-t-il au Piémont des généalogistes ou une association généalogique avec lesquels on pourrait coopérer? Dans quelle mesure les sociétés d'histoire s'intéressent-elles à la généalogie? Cela fait, le pas suivant consisterait à réaliser des DS de chaque localité. Mon propre travail se borne surtout aux Vaudois français qui, du Val Cluson, sont venus en Allemagne.

Page du livre de Mentoulles.JPG (93657 octets)

Ce que je souhaite, c'est que l'élaboration des DS, puisse, au-delà des colonies vaudoises, s'étendre à toutes les colonies huguenotes et wallonnes d'Allemagne. Alors, on pourrait même résoudre des problèmes qui, jusqu'à présent, s'avèrent pratiquement insurmontables. Une de mes connaissances, Mme Christine Roux, enseignante, vient d'écrire un livre sur Veynes (Hautes-Alpes), sa ville natale. Ce que je trouvais de réfugiés issus de Veynes (dont les ascendants du général allemand d'aviation Galland), je le lui envoyais. Mais ce n'étaient que des découvertes fortuites qui ne comprenaient, loin s'en faut, tous les réfugiés. La mairie d'Orpierre s'adressait à moi pour savoir qui s'était exilé de cette ville et vers quelle destination. A Gap, on me donnait une longue liste de personnes réfugiées à Neu-Isenburg, mais qui, par la suite, s'étaient rendues ailleurs. Si toutes les localités étaient traitées et les résultats consignés dans une banque de données, il serait, dans les cas cités, facile d'obtenir les renseignements qu'on cherche. Une telle banque verra-t-elle jamais le jour? N'avons-nous pas l'ordinateur? Mais lui seul ne suffira pas. Pour s'en servir, il faudra des hommes qui, par leur travail, devront d'abord rassembler les matériaux nécessaires dont on pourra ensuite l'alimenter.

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Literatur:

Theo Kiefner:

Die Waldenser auf ihrem Weg aus dem Val Cluson

durch die Schweiz nach Deutschland 1532-1755:

Band 1: Reformation und Gegenreformation im Val Cluson 1532-1730

Verlag Vandenhoeck u. Ruprecht, Göttingen. 2. Aufl. 535 Seiten mit 30 Abb. und        Karte.

Dieser Band - ausgezeichnet in Paris mit dem Literaturpreis Prix Paul Malan - ba-        siert auf dem wiederentdeckten Waldenserarchiv unter der Kirche in Mentoulles        und auf der wieder aufgefundenen Handschrift von Joseph Cot:  Recherches histori-        ques, critiques et religieuses, einer Geschichte des Val Cluson.

Band 2: Vorübergehend nach Deutschland 1685-1698

Verlag Vandenhoeck u. Ruprecht, Göttingen. 489 Seiten mit 24 Abb.

Band 2 schildert die Jahre vom Verbot des evangelischen Glaubens in den Tälern am 7. Mai 1685 bis zur Glorreichen Rückkehr in die alte Heimat 1689/90.

Vorzugspreis für Band 1 und/oder 2 je DM 49 bei gleichzeitigem Bezug von Band 3.

Band 3: Endgültig nach Deutschland 1698-1820/30

Verlag Vandenhoeck u. Ruprecht, Göttingen. Über 1000 Seiten mit über 130 Karten und Abb.

Subskriptionspreis DM 120.

Band 3 schildert die Ereignisse von der endgültigen Ausweisung aus dem Alpengebiet bis zur Eingliederung in die jeweiligen deutschen Landeskirchen.

Band 4: Die Pfarrer der Waldenserkolonien in Deutschland.

Band 4 enthält in 241 Biographien die Lebensdaten und Schicksale der Pfarrer der deutschen Waldenserkolonien.

Band 5: Die Orstsippenbücher der deutschen Waldenserkolonien.

In Vorbereitung.

Band 5 enthät basierend auf den Kirchenregistern aus den Alpentälern, Unterlagen aus der Schweiz und aus Deutschland, sowie auf Listen, Material über die Gründer der deutschen Waldenserkolonien.

Die Privilegien der nach Deutschland gekommenen Waldenser.

Verlag Kohlhammer, Stuttgart. 2 Teile 1419 Seiten. Mit zahlreichen Abb. zusammen DM 49.80.

Die Privilegien der deutschen Fürsten waren die rechtliche Grundlage für den Neuanfang der Waldenser in Deutschland.

Henri Arnaud, Pfarrer und Oberst bei den Waldensern. Eine Biographie.

Verlag Kohlhammer, Stuttgart. 290 Seiten. Mit 52 Abb. DM 19.80.

Die Biographie des bedeutendsten Waldenserpfarrers erschließt bisher unbekannte. Quellen und wirft auf viele Vorgänge ein neues Licht.

Berichte aus der Waldenserforschung.

Diese Zeitschrift erscheint halbjährlich beim Verfasser für DM 10 pro Jahr.

Die Deutsche Hugenotten-Gesellschaft und ihre genealogische Arbeit

Die wichtigste Arbeit der Deutschen Hugenotten-Gesellschaft ist die Genealo-gie. Die Bearbeitung der Anfragen wurde aufgeteilt in eine hugenottische und ei-ne waldensische Abteilung. Die letztere leite ich seit fast 20 Jahren. Ich habe aber damals gleich gebeten, uns Beratungsstelle zu nennen. Wir können nicht für die Anfrager die Arbeit machen. Allerdings suche ich die gerade Linie zurück heraus, da sonst niemand außer mir die Unterlagen dazu hat. Mehr kann ich aber aus Zeitgründen nicht tun.

Es kommen viele Anfragen. Und was für welche. Eine Anfrage aus Amerika:. Meine Vorfahren hießen Jordan und kamen aus Deutschland. Wo soll man da su-chen? Meine Ahnen nannten sich Conte. In Mentoulles gab es 73 Familien Conte. Welche darf es sein? Manche erwarten, daß man ihnen einen Adel serviert. Was sie mir geschrieben haben, stimmt nicht. Denn mir ist bekannt, daß der Vorname Je-an damals nur dem höchsten Adel in Frankreich vorbehalten war. Die Dame ist inzwischen bei den Markgrafen der Provence gelandet. Ein Psychiater hat den Au-genhintergrund meiner Tochter bespiegelt, und dabei festgestellt, daß sie einen huge-nottischen Vorfahren hat. Man muß die Leute oft erst anleiten, wie sie richtig fra-gen und suchen müssen. Die Anfragenden haben oft mehr Unterlagen als man selbst. Ich kann mich einzelnen Personen oder Familien nicht so widmen, wie das für deren Nachkommen möglich ist. Mitunter kann es auch heißen, der Kief-ner weiß es nicht. Dabei bin ich bei den vielen gleichen Vor- und Zunamen vor-sichtig und will auf Nummer sicher gehen. Einmal ging es in einem mir vorgeleg-ten Stammbaum um eine Jeanne. Bei der Überprüfung stellte ich fest, daß es drei Familien gab, bei denen Mann und Frau die gleichen Vor. und Zunamen hatten. Und allen drei wurde etwa um die gleiche Zeit eine Tochter Jeanne geboren. Der, der den Stammbaum aufgestellt hatte, hatte die erstbeste Jeanne genommen und nicht weiter gesucht. Die Angaben bei allen drei Jeannes waren so knapp, daß sich nicht feststellen ließ, welche Jeanne die richtige ist. So muß man - auch bei der unsicheren Quellenlage - manchmal ein Fragezeichen machen. Wenn aber ei-ner, dem ich alles herausgesucht habe, mir antwortet: Das habe ich alles schon ge-habt, ich wollte nur sehen, ob es stimmt, hebt das die Stimmung nicht. Dann gibt es aber auch die andere Seite: Einem Arzt aus Lyon konnte ich vor kurzem helfen, daß er 5 Generationen - über 100 Jahre - weiter zurückkam.

Seit kurzem gibt es ein Verzeichnis der Quellen und Hilfsmittel zur Genealogi-schen Hugenottenforschung im Deutschen Hugenotten-Zentrum in Bad Karlshafen. Das ist ein gutes Hilfsmittel, muß aber noch mehr aufgegliedert werden. Und was dort aufgelistet ist, muß auch überprüft werden, ob man sich darauf verlas-sen kann.

In Bad Karlshafen hält man sehr viel vom Computer als Helfer in der Genealogie. Aber zuerst muß alles erarbeitet werden, bevor man es in den Computer eingeben kann. Viele der Mitglieder, und die sind meistens schon älter, werden mit der modernen Technik auch ihre Schwierigkeiten haben. Wer im Computer sucht, weiß nicht, ob das, was er sucht, auch schon eingegeben ist, und ob es stimmt. Was ist im Internet zu finden, und stimmt es auch? Sind die Quellen an-gegeben, daß man die Möglichkeit hat, die Angaben zu überprüfen?

Leider haben wir unerträglich lange Wartezeiten auf hugenottische Anfragen. Die waldensischen Anfrager müssen nicht lange warten. Es fehlt an Bearbeitern, an Fachkräften. Und das ist vor allem eine Frage des Geldes. Ob man mehr sach-kundige Mitglieder zu ehrenamtlicher Mitarbeit bewegen kann? Viele meinen, wenn sie ihren Beitrag zahlen, haben sie Anspruch auf möglichst umfassende Hil-fe und Auskunft.

Personen, die ihre Ahnen beisammen haben, sollten eine Kopie nach Bad Karlshafen schicken.

Dann steht noch aus, daß alle Stellen, die an der Genealogie arbeiten, sich zu-sammentun, also etwa die Deutsche-Hugenotten-Gesellschaft und die Deutsche Waldenser-Vereinigung (wo die bisherige Bearbeiterin ihre Arbeit eingestellt hat). Es gibt in Paris eine Association für Ancêtres Italiens, in der ich im Februar 2000 einen Vortrag halten soll. Im Landeskirchlichen Archiv in Stuttgart haben wir alle Kirchenregister auf Mikrofilmen. Man muß sich anmelden oder kann die Filme ausleihen. Wie steht es mit der Verbindung zu den genealogischen Verbän-den? Der südwestdeutsche Familien- und Wappenkundeverein schickt mir die Anfragen von Hugenotten und Waldensern.

Die Deutsche Hugenotten-Gesellschaft hatte einst ihren Sitz in Berlin im Französischen Dom. Durch die Teilung Deutschlands entstand in Bad Karlshafen das neue Zentrum mit Museum, das in der ehemaligen Tabakfabrik sehr schöne Räume hat. Aber das große Problem sind Fachleute, die helfen können, und das Geld, das dazu benötigt wird.

Darf ich noch auf meine eigene Halbjahreszeitschrift Berichte aus der Walden-serforschung, hinweisen, in der es jedesmal auch ein Kapitel über die Genealogie gibt. Dr. Hans Joachim Schmitt schreibt das Kapitel über die Sprache. Neue Literatur wird beprochen. Meine eigene Bibliographie, die schon 490 Titel umfaßt, wird veröffentlicht.

Auch mein Waldenserpfarrerband, der 241 Biographien enthält, gehört mit unter die Genealogie.

Zum Schluß möchte ich noch warnen. Hier in Bretten gibt es das Halbert's - Familien - Wappen - Informationsbüro Deutschland. Das bot mir ein Weltfamilien-buch Kiefner an. Hier werden für teures Geld völlig allgemeine Unterlagen ange-boten, die nicht viel helfen. Am Schluß werden dann aus Telefon- oder Adreßbü-chern eine Reihe Kiefneradressen aufgelistet. S. 5-34: Deutschland, seine Geschichte und seine Bevölkerung. S. 35-44: Wie Namen entstanden sind. S. 45-54: Die Geschichte der Heraldik. S. 55-88: Wie erfahre ich etws über meine Vorfahren? Alles das gibt es anderweitig schon viel besser. Es sei nur auf das genealogi-sche Standardwerk hingewiesen, das in immer neuen Auflagen erscheint: Friedrich Wecken: Taschenbuch für Familiengeschichtsforschung. Weiter in dem Welt-Familien-Buch: Das internationale Kiefner-Register. Hier handelt es sich be-sonders um Adressen aus den USA. Über Deutschland weiß man nicht Bescheid. Bretten liegt in Hessen, München kommt unter Rheinland-Pfalz. Es handelt sich immer um das gleiche Heft, nur die Namen werden ausgetauscht. Ich sorge mich, daß mancher das teure Geld bereut und sich enttäuscht von der Suche nach sei-nen Vorfahren wieder abwendet. Nebenbei: ich habe mir das Kiefner Welt-Familienbuch nicht gekauft.

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