Carolyn Molson | Rafael Solís


La mer par Marilyn Verge
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Ma Gaspésie

Barachois, pêche aux coques, étoiles de mer, marée haute, marée basse, soleils de mer, feux de grève, barlicocos - mots évocateurs de mon enfance sur le bord de la baie des Chaleurs.

Carleton-sur-Mer

Des grains de sable se mêlent aux grains de sel sur ma peau d'enfant. J'avale une gorgée d'eau de mer en plongeant d'un radeau de fortune que mes sœurs et moi avons fabriqué avec des bois de grève abandonnés par les grandes marées.

Tous les après-midis d'été, je les passe dans l'eau salée. Les jeux varient selon le niveau de la mer et la force des vagues. À marée basse, nous déterrons des coques, nous faisons la cueillette d'oursins et d'étoiles de mer que nous faisons sécher au soleil. Par temps venteux, nous bravons les vagues qui nous éclaboussent d'écume saline. La mer nous réserve à chaque jour des surprises, l'heure de la marée variant d'un jour à l'autre et le vent soufflant dans une direction différente et avec une force variable.

Toutes mes activités estivales convergent vers la mer, au sud de la maison. Derrière c'est la montagne. Je ne suis jamais allée au-delà du mont St-Joseph où avait lieu le pèlerinage de la fin d'année scolaire.

Vivre en Gaspésie, c'est être proche des éléments. Je me souviens que le premier mouvement de mon père à son réveil était de vérifier la direction du vent. Ce qu'il fait toujours et que je fais moi aussi lorsque je me retrouve dans mon milieu natal.

Quand on vit près de la mer, on sait ou on veut savoir si la marée descend ou monte, à quelle heure elle sera haute ou basse. Pas question d'aller aux coques à marée haute ni d'aller cueillir des étoiles de mer ni de courir sur les hauts-fonds. Mais c'est le temps d'aller au quai pêcher le maquereau.

Le quai est ni plus ni moins le cœur du village. En été particulièrement, le va-et-vient est incessant. C'est là qu'on va aux nouvelles. On y arrive à pied, en voiture, à bicyclette. Les exilés en vacances viennent y serrer la main de ceux qui ont été incapables de quitter ce paysage de mer et de montagne. En fin de journée, ils sont nombreux à se rassembler sur cette place principale, éclairés par l'or du soleil qui nappe le ciel et la mer en se couchant derrière les montagnes de Nouvelle.

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