Paul Auster (USA 1947)

 

 

 

Paul Auster, que je considère comme un tout grand (si ce n'est le plus grand) de la littérature "moderne", emmène le lecteur de chacun de ses romans dans des univers où l'absurde triomphe toujours sur la raison.


Bibliographie critique (non exhaustive)

    The invention of solitude (L'invention de la solitude) - 1982

    [Paru aux Editions Actes Sud, 1988, 296 pages, ISBN 782868-698209]

     

L'invention de la solitude

 

    "Un jour il y a la vie. Voici un homme en parfaite santé, pas vieux, jamais malade. Tout va pour lui comme il en fut toujours, comme il en ira toujours. Il vit au quotidien, s'occupe de ses affaires et ne rêve qu'aux réalités qui se présentent à lui. Et puis, d'un seul coup, la mort. Notre homme laisse échapper un petit soupir, s'affaisse dans son fauteuil, et c'est la mort. Si soudaine qu'il n'y a pas de place pour la réflexion, aucune possibilité pour l'intelligence de se trouver un mot de consolation. Il ne nous reste que la mort, l'irréductible évidence que nous sommes mortels. On peut l'accepter avec résignation au terme d'une longue maladie. On peut même attribuer au destin un décès accidentel. Mais qu'un homme meure sans cause apparente, qu'un homme meure simplement parce qu'il est un homme, nous voilà si près de l'invisible frontière entre la vie et la mort que nous ne savons plus de quel côté nous nous trouvons. La vie devient la mort, et semble en avoir fait partie depuis le début. La mort sans préavis. Autant dire : la vie s'arrête. Et cela peut arriver n'importe quand."

 

    Leviathan - 1992

    [Paru aux Editions Actes Sud, 1993, 397 pages, ISBN 782742-702138]

     

L'invention de la solitude

    "Il y six jours, un homme a été tué par une explosion, au bord d'une route, dans le nord du Wisconsin. Il n'y a pas eu de témoin, mais on pense qu'il était assis à côté de sa voiture garée sur l'herbe quand la bombe qu'il était en trai d'assembler a sauté par accident. Selon le rapport d'expertise qui vient d'être rendu public, sa mort a été instantanée. Son corps a volé en douzaine de petits éclats, et des fragments de son cadavre ont été retouvés jusqu'à une quinzaine de mètres du lieu de l'explosion. A ce jour (le 4 juillet 1990), personne ne paraît avoir la moindre idée de son identité. Le FBI, qui travaille en collaboration avec la police locale et avec des agents du Bureau des alcools, tabacs et armes à feu, a commencé son enquête par l'examen de la voiture, une Dodge bleue vieille de sept ans, immatriculée en Illinois, mais on a appris presque aussitôt qu'elle avait été volée - piquée en plein jour, le 12 juin, sur un parking de Joliet. La même chose s'est passée lorsqu'on a étudié le contenu du portefeuille qui, par une sorte de miracle, était sorti indemne de l'explosion."

 

 

    The music of chance (La musique du hasard) - 1990

    [Paru aux Editions Actes Sud, 1991, 312 pages, ISBN 782742-700837]

    Auster nous convie à une randonnée existentielle : celle d'un homme qui, après avoir confié sa fille à sa sœur, se retrouve sans attache, pris dans le tourbillon d'une errance désespérée qu'il ne comprend pas lui-même. Cette dynamique incontrôlable le pousse à sillonner les Etats-Unis en voiture. Il rencontre, au son de La Musique du hasard, des personnages surgis de nulle part qui vont donner un tour extraordinaire à cette fuite en avant. Il serait criminel d'en révéler plus, tant le suspense est efficace. Disons juste que l'on se retrouve dans une sorte de quatrième dimension où les manipulateurs demeurent invisibles, où les maquettes figurent des maquettes de maquettes, où la fin n'est qu'un recommencement... Le ton se veut neutre et lisse; il a l'objectivité d'un observateur extérieur. Le caractère imperturbable de la narration n'en sert que mieux la montée de l'angoisse qui, si elle s'accélère par moments, est toujours latente dans cette démonstration du pouvoir catalyseur et versatile de l'argent. (Commentaire de Sana Tang-Léopold Wauters). Nashe, qui a hérité de deux cent mille dollars, se débarrasse de ce qu'il possède, achète une voiture et entreprend de sillonner l'Amérique. Ainsi rencontre-t-il Pozzi, professionnel du poker, avec qui il décide de miser le restant de sa fortune dans une partie " facile " contre deux millionnaires excentriques, Flower et Stone. Et le plus extravagant commence alors... A chacun de ses romans, Paul Auster révèle une nouvelle dimension de sa maîtrise romanesque.

La musique du hasard

    "Pendant une année entière, il ne fit que rouler, aller et venir à travers l'Amérique en attendant l'épuisement de ses ressources. Il n'avait pas prévu que cela durerait aussi longtemps mais, d'une chose à l'autre, quand il eut enfin compris ce qui lui arrivait, Nashe avait dépassé tout désir d'en finir. Le troisième jour du treizième mois, il rencontra le gosse qui se faisait appeler Jackpot. Ce fut l'une de ces rencontres accidentelles qui semblent surgies du néant par hasard - rameau brisé par le vent, tombé soudain à vos pieds. Si elle s'était produite à n'importe quel autre moment, il est probable que Nashe n'aurait pas ouvert la bouche. Mais parce qu'il avait déjà renoncé, parce qu'il estimait n'avoir plus rien à perdre, il considéra cet inconnu comme l'occasion d'un sursis, une dernière chance de réagir avant qu'il fût trop tard. Et c'est ainsi qu'il se lança. Sans le moindre frisson d'inquiétude, Nashe ferma les yeux et sauta."

 

    Mr. Vertigo - 1994

    [Paru aux Editions Actes Sud, 1994, 399 pages, ISBN 782742-705726]

     

Mr. Vertigo

    "J'avais douze ans la première fois que j'ai marché sur l'eau. L'homme aux habits noirs m'avait appris à le faire, et je ne prétendrais pas avoir pigé ce truc du jour au lendemain. Quand maître Yehudi m'avait découvert, petit orphelin mendiant dans les rues de Saint-Louis, je n'avais que neuf ans, et avant de me laisser m'exhiber en public, il avait travaillé avec moi sans relâche pendant trois ans. C'était en 1927, l'année de Babe Ruth et de Charles Lindbergh, l'année même où la nuit a commencé à envahir le monde pour toujours. J'ai continué jusqu'à la veille de la Grande Crise, et ce que j'ai accompli est plus grand que tout ce dont auraient pu rêver ces deux cracks. J'ai fait ce qu'aucun Américain n'avait fait avant moi, ce que personne n'a fait depuis."

 

    Le voyage d'Anna Blume - 1989

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    D'une ville qui semble sur le point de disparaître, Anna Blume écrit une lettre dont on ne sait si elle trouvera jamais son destinataire. Cet ailleurs presque indéfini, ce pays des dernières choses (c'est, littéralement traduit, le titre de l'édition anglaise) a une force symbolique d'autant plus efficace qu'elle défie en nous un passé de terreurs et d'apocalypses en même temps qu'elle renouvelle les interrogations auxquelles nous oblige parfois notre perverse relation avec le langage. Mais la force et le talent de Paul Auster, révélé en France par sa fameuse Trilogie new-yorkaise, c'est de faire sentir le poids de ces oppressions sans jamais s'éloigner d'une "aventure" infiniment romanesque par laquelle on reste fasciné du commencement à la fin. Que reste-t-il des valeurs "d'avant" quand il faut survivre dans des conditions inhumaines? Paul Auster poursuit sa réflexion sur le sens de la vie. L'héroïne est une femme juive qui recherche son frère dans une ville bouleversée où les survivants juifs sont fort peu nombreux... et comme pris au piège.

Le voyage d'Anna Blume

    "J'avais douze ans la première fois que j'ai marché sur l'eau. L'homme aux habits noirs m'avait appris à le faire, et je ne prétendrais pas avoir pigé ce truc du jour au lendemain. Quand maître Yehudi m'avait découvert, petit orphelin mendiant dans les rues de Saint-Louis, je n'avais que neuf ans, et avant de me laisser m'exhiber en public, il avait travaillé avec moi sans relâche pendant trois ans. C'était en 1927, l'année de Babe Ruth et de Charles Lindbergh, l'année même où la nuit a commencé à envahir le monde pour toujours. J'ai continué jusqu'à la veille de la Grande Crise, et ce que j'ai accompli est plus grand que tout ce dont auraient pu rêver ces deux cracks. J'ai fait ce qu'aucun Américain n'avait fait avant moi, ce que personne n'a fait depuis."

 

    Moon Palace -

    [Paru aux Editions Actes Sud, 1990, 468 pages, ISBN 782868-698926]

     


    "C'était l'été où l'homme a pour la première fois posé le pied sur la Lune. J'étais très jeune en ce temps-là, mais je n'avais aucune fois dans l'avenir. Je voulais vivre dangereusement, me pousser aussi loin que je pourrais aller, et voir ce qui se passerait une fois que j'y serais parvenu. En réalité j'ai bien failli ne pas y parvenir. Petit à petit, j'ai vu diminuer mes ressources jusqu'à zéro; j'ai perdu mon appartement; je me suis retrouvé à la rue. Sans une jeune fille du nom de Kitty Wu, je serais sans doute mort de faim. Je l'avais rencontrée par hasard peu de temps auparavant, mais j'ai fini par m'apercevoir qu'il s'était moins agi de hasard que d'une forme de disponibilité, une façon de chercher mon salut dans la conscience d'autrui. Ce fut la première période. A partir de là, il m'est arrivé des choses étranges. J'ai trouvé cet emploi auprès du vieil homme en chaise roulante. J'ai découvert qui était mon père. J'ai parcouru le désert, de l'Utah à la Californie. Il y a longtemps, certes, que cela s'est passé, mais je me souviens bien de cette époque, je m'en souviens comme du commencement de ma vie."

 

    Trilogie New-Yorkaise -

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