John Killian Houston BRUNNER [24/9/1934 - 25/8/1995] : une biographie

Né le 24 septembre 1934 à Preston Crowmarsh prés d’Oxford, John Killian Houston Brunner amorça très vite sa carrière d’écrivain puisqu'il publie son premier roman, sous le pseudonyme de Gill Hunt, en 1951, à l’âge de 17 ans. La légende dit même que ses premiers écrits datent de ses 9 ans. Toutefois, à l’issue de ses premières productions, J. Brunner intègre la Royal Air Force où il y reste comme officier de 1953 à 1955. A la sortie de sa période militaire, il enchaîne les petits boulots, rencontre celle qui deviendra sa première femme, Marjorie Sauer, et participe activement au NCANT (conseil national pour l’abolition des essais nucléaires) à partir de 1957. Il croise à cette époque Bertrand Russel qui milite également au NCANT.

Il se marie le 12 Juillet 1958 avec Marjorie, et décide de vivre de sa plume. C’est pourquoi, à partir de 1959, et sur un rythme soutenu, sous son nom ou sous divers pseudonymes (Gill Hunt, John Loxmith, Trevor Staines, Keith Woodcott ), il publie un nombre important de romans ou de nouvelles qui peuvent globalement être rattachés au genre "aventures dans l’espace". Mais une des caractéristiques de John Brunner est son côté polygraphe qui génère dans le même temps, poésie, chanson, roman policier, article de presse, …le corollaire de cette activité "dispersée" : une qualité inégale des textes et un classicisme certain dans le traitement littéraire.

J. Brunner, en réécrivant certaines œuvres de ses débuts, partageait sans doute cette appréciation. La parution, en 1968, de "Tous à Zanzibar" est, dans ce contexte, une surprise d’autant plus grande qu’il renouvelle à la fois les thèmes de son œuvre et l’écriture et la forme de l’écriture. Affirmant s’être inspiré de John Dos Passos, John Brunner offre à ses lecteurs un roman dense, complexe, où s’entremêlent, de façon non linéaire, l’histoire principale, les portraits d’une succession de personnages, les citations tirées des écrits d’un de ses personnages principaux, un melting-pot d’informations, de poèmes, de notations vécues. Avec ce roman qui obtient le prix Hugo en 1969, le British SF Award, le prix Apollo, John Brunner accède à la notoriété et initie sur une période, somme toute courte, 4 ouvrages qui marquent son temps et la Science-Fiction : - Tous à Zanzibar (1968) - L’orbite déchiquetée (1969) - Le troupeau aveugle (1972) - Sur l’onde de choc (1975) Les thèmes traitées dans ces 4 romans sont noirs, partent d’un constat pessimiste sur le monde, l’homme, la technologie, et peuvent être définis comme des utopies dysfonctionnantes. On crédite souvent "Sur l’onde de choc" de premier roman cyberpunk, appellation que réfute John Brunner, considérant que les auteurs cyberpunks ont un traitement élitiste des concepts qu’ils proposent au lecteur, excluant de ce fait ledit lecteur. Cette remarque est cependant savoureuse pour qui a à aborder pour la première fois un des 4 romans précités de J. Brunner. En effet, l’approche d’un livre de J. Brunner est souvent difficile en raison de la mise en page, du traitement typographique, des ruptures de style et de la densité même du texte qui charrie les images d’un monde en perdition.

Il n’en reste pas moins qu’au-delà de l’appellation, John Brunner, en 4 livres, fait œuvre de visionnaire, mais surtout s’établit comme une conscience sur des sujets qui sont encore aujourd’hui d’actualité : la surpopulation démographique (Stand on Zanzibar), l’eugénisme (The Jagged Orbit), la génétique, la course à l’armement la manipulation de l’information (The Sheep Look up), les dérives de l’informatique (The Shockwave Rider)… et on ne peut que constater que les inquiétudes de l’auteur restent encore pour la plupart sans réponse.

A partir de 1975, sa production de romans SF se ralentit et il ne retrouvera plus le succès de la période précédente. A noter, à titre de curiosité intellectuelle, le roman "la ville est un échiquier" paru en 1965 et qui est construit sur le strict respect d’une partie d’échecs jouée en 1892. En 1986, Marjorie Brunner décède; John Brunner se remarie le 27 Septembre 1991 avec Li Yi Tan. Curieusement, John Brunner n’accédera jamais vraiment au panthéon de la SF, comme a pu le faire son confrère anglais, Michael Moorcock. Il a été desservi par une réputation d’intellectuel et a toujours entretenu des rapports houleux avec ses éditeurs.

Malgré tout, J. Brunner continue de participer à la vie du monde de la Science-Fiction, et c’est au cours de la 53ème convention mondiale de Science-Fiction qu’il meurt le 25 août 1995, à Glasgow, victime d’une attaque d’apoplexie.