La Flûte et le Jazz

 

 

La plupart des flûtistes de jazz, notamment James Moody, Rahsaam Roland Kirk, Sam Rivers et Eric Dolphy, sont plus connus comme saxophonistes. Moody, toutefois, a longtemps été considéré comme celui qui ne se contentait pas d’utiliser la flûte pour en tirer des effets décoratifs, mais qui était capable d’y faire passer autant d’inspiration bop que sur son saxophone, et dans un style affranchi des faiblesses habituelles de l’instrument en jazz (pauvreté d’accentuation, faible puissance sonore, etc.)

Le flûtiste qui a eu le plus grand succès commercial, Herbie Mann, a toujours cherché à élargir la palette de l’instrument en s’inspirant d’autres esthétiques musicales tout d’abord les musiques populaires d’Amérique du et du Moyen-Orient, puis  le Jazz-rock et le Jazz-fusion. L’opération lui a si bien réussi qu’il et resté treize ans durant en tête du classement de Downbeat , l’une des grandes revues de jazz au Etats-Unis, jusqu’à  ce qu’un flûtiste doté d’une technique supérieure et d’une meilleure sonorité, Hubert Laws, vienne le supplanter.

 

Si la principale difficulté rencontré par les praticiens de l’instrument a été d’en tirer autre chose qu’un son éthéré et déliquescent, face à la puissance affirmative du sax-ténor, du piano ou de la batterie, il y a toujours eu des improvisateurs exceptionnels pour y réussir. Au milieu des années cinquante, le sax-baryton Sahib Shihab utilisa une technique consistant à souffler et chanter simultanément dans l’instrument ; le multi-instrumentiste qu’était Rahsaan Roland Kirk reprit l’idée durant les années soixante. D’autres encore plus audacieux se mirent également à exploiter des possibilités inattendues : bruits de souffle, effets de percussion des clés et de la langue, etc.

 

Le plus influent de la période free-jazz fut probablement Eric Dolphy. L’instrument lui permit de révéler un autre aspect de sa personnalité musicale, romantique , délicate, plus accessible, qu’il est parfois difficile de percevoir dans les variations d’une fureur sauvage qui caractérisent ses prestations sur les instruments à anche ; cette différence est très perceptible dans son Gazzelloni du fameux album Out to Lunch. Ses efforts pour favoriser une plus grande liberté d’improvisation ont été repris et prolongés par un autre flûtiste, à la tonalité plus riche qui a reçu une formation classique : James Newton. Par ailleurs, le registre de la flûte n’a cessé de s’étendre à mesure que le jazz tissait de nouveaux liens avec les musiques du monde entier. Le Brésilien Hermeto  Pascoal, dont l’influence s’exerça sur le Miles Davis de la période de Bitches Brew, le Japonais Hozan Yamamoto et l’américain Lew Tabackin, ont tous contribués à augmenter les potentialités de l’instrument. Il va de même aujourd’hui en Grande Bretagne avec un Jeune  Flûtiste noir comme Philip Bent, qui se situe aux croisements du  Jazz, du funk, du Jazz Fusion.

 

John Fordham

            

 

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