AB OVO
Acte premier
Sur le sentier humide loin des crevaces aux visages obscurs où les enfers dévorent les ornières tu pourrissais
Laisse le filtre lentement pénétrer la poudrière aux serpents
recoudre les mains au dessus des regards
Transite de l'autre coté
La nuit bougie ouvre les corps
vole l'origine
garde le secret
Ils t'attendent
C'est leurs chants qui se lèvent là-bas dans la solitude des
canaux
Va à présent
tu reviendras conter ce vrai voyage
Va
l'aube te ramenera
N'oublis pas les questions
méfie-toi du soluble
ainsi que des orgues basaltiques qui jouent avec un long voile
d'étoffe incandescent
range a tes cotes quelques convictions
celles qui galopent isolées
celles qui ont ce mouvement perpétuel dont tout le monde parle
puis face a l'irrépressible oublie-les
Jamais ne laisse une horde de parapluies t'abriter
marche au vent
ceci est capital
marche au vent
au millieu du seigle vingt cinq fois reviens sur tes pas
pas un pas de plus
pas un pas de moins
si la crise exeponentielle des ondulations
ne t'engloutit pas dans le cercle étrange
alors ils t'offriront une seconde chance
où tu pourras sentir les flammes froides et sèches des
verrous
Acte deuxieme
Que peut-on entendre encore de l'étendue vague et
brisée: presque rien
une architecture des transports où se noie
l'esprit des couleurs historiques et légendaires
même hors du cadre le miracle se complait
parfois proféré sans intermédiaire il refrappe
se superpose à l'obstiné béat qui rôde autour de ses
rougeurs naturelles
mais est-ce bien suffisant
alors un dégoût absolu lentement construit sa réponse
pendant que le sous-lieutenant malade range aux oublis
son mouchoir cannibale
il contemple au sein de sa rancoeur son doigt de raison
versicolore
bon ami du jour il aime
ronger sa queue en équilibre précaire
repaître son regard de chrysocale plus ou moins diforme
sans jamais passer au delà Faut-il toujours prendre le
soin de ne rien défaire
acte troisieme
le quatorze ils repassent les linceuls dans une saine fatigue ô mines radieuses on ne peut que les admirer enchevétrés autour de l'extraordinaire loin des fleuves équilibrant hors des terribles repères ils souriaient ainsi grandis on aurrait pu les garder là pétrifier leurs joies
mais les jours sont étranges
ils cheminent en aveugle dans l'espoir du durable cet équilibre recherché au sein d'une position confortable crée en eux la peur de tout changement leur dépendance à cette angoisse d'un demain plus favorable réduit considérablement leur liberté la marge dans laquelle ils évoluent est infime une brume lente s'écoule sur eux ces naufragés qui rient à l'informe les pays d'R qu'ils aurraient du atteindre se transforment puis s'éloignent afin de disparaître le désir abstrait de la veille crève aux volcaniques splendeurs d'une éternité mensogère rien ne reste un téléphone se vide un autre se sucide en porcelaine prisonnière de sa blancheur ils se sont tus vers l'idifférence des cieux ils passent une hache de vie sorte de manège sanglant forme leur nez tord leur cou et ils passent et ils passent