Hélène Ségara, "Vision du Futur" n°35 du mois de mai 2000.

 

Affaiblie par une série de tournées éprouvantes, l'Esméralda de "Notre-Dame de Paris" a bien failli perdre sa voix. Finalement elle a gagné une force de conviction et d'inspiration qui lui ont permis de faire en sorte qu'il y ait "tant de gens qui l'aiment". Portrait de ce Phœnix au cœur de verre...

Comment imaginais-tu l'an 2000 gamine ?

J'étais une Star Trek maniaque et une grande fan de Spock. J'imaginais ce nouveau millénaire assez futuriste et il se trouve que, plus on s'en est rapproché, plus j'ai été déçue. Cependant, il faut bien admettre que dans les cinquante dernières années, nous avons fait des progrès considérables et mis en place des inventions merveilleuses.

Qu'est-ce que tu penses d'Internet et de l'esprit start up ?

Je trouve ça bien ! Il y a vraiment des génies de l'informatique et c'est fantastique qu'il puisse trouver un débouché à leurs idées. Moi, j'ai 28 ans et je ne sais même pas combien de mémoire j'ai sur mon ordinateur alors que des mecs de 15 ans de moins que moi se baladent ! (ndlw*: je ne comprends pas vraiment bien le sens de la phrase, peut-être que le magazine à fait une erreur...) En ce qui me concerne, je suis persuadée qu'Internet est l'outil indispensable auquel il faudra que tout le monde se mette. Moi à la base, je suis plutôt littéraire mais je fais des efforts... D'un autre côté, ce qui est paradoxal c'est que cet outil de communication peut marquer la fin de toute communication... notamment dans les couples : un homme, une femme, deux ordinateurs !

Que penses-tu de notre société ?

L'un de mes premiers bouquin que j'avais lu ado était "le meilleur des mondes". On y dépeignait une société avec des bébés éprouvettes ou le métissage n'existait pas. Moi, j'espérais que la société du futur serait très cosmopolite avec des mixages de races et de culture. Nous y sommes arrivés mais cependant, je trouve que nous avons beaucoup de mal à le gérer. Le conflit qui se développe de nos jours n'est pas forcément racial mais plutôt social.

Le problème des banlieues te touche ?

A mon avis, un jour les cités vont se soulever... Il est dommage que l'état ne mette pas en place les structures suffisantes afin d'aider les jeunes des milieux défavorisés à accéder à des choses aussi simple que l'éducation. Cela m'effraie quand je discute avec certains jeunes qui sont incapables d'aligner deux mots sans y intégrer une insulte... Cependant, il ne faut pas voir tout en noir. La France est tout de même un pays merveilleux où tout est sécurisé contrairement aux Etats-Unis où on a vite fait de te laisser de côté.

Le succès t'a changé ?

J'ai grandi dans un HLM, dans un milieu fortement défavorisé et cela me permet aujourd'hui d'avoir la tête sur les épaules. Jamais je n'irai claquer de l'argent dans des dépenses futiles, je préfère le mettre de côté pour mon fils si un jour les choses vont mal. D'un autre côté, je pense que lorsque l'on a la chance de gagner de l'argent, il faut aussi savoir le dépenser !

Et ton entourage ?

Mon succès a eu de graves répercussions sur mon entourage. Certaines personnes se sont imaginées que je vivais dans le luxe le plus total. Mes amis proches n'ont pas changé mais en revanche, certaines connaissances et quelques membres de ma famille ont commencé à me demander de l'argent. Je ne sais pas ce qu'ils s'imaginent . Que je suis une Barbie dans un monde d'étoiles qui se déplace en Rolls dorée ! Non seulement il faut bosser pour arriver à la réussite mais en plus je peux te dire que le prix du succès est élevé...

Es-tu croyante ?

Oui ! Je ne suis pas pratiquante mais j'ai la foi. Je pense qu'il y a quelque chose au-dessus de nous qui me pousse à être profondément humaine et à conserver une conscience. En fait, je suis profondément spirituelle. L'amour et la spiritualité sont les deux moteurs essentiels de ma vie. J'ai besoin de me recueillir et de méditer pour pouvoir me ressourcer. Il m'arrive de ressentir des choses dans certains lieu saints et d'éprouver le besoin d'allumer un cierge pour des amis. Je pense que se sont mes croyances qui m'empêchent de devenir une vraie conne égocentrique comme le sont devenu certaines et certains... j'ai envie d'être vraie ! J'ai du respect pour les gens discret et humbles. Dans le spectacle Notre-Dame de Paris, il y a une chanson qui s'appelle l'Ave Maria Païen dont le texte est magnifique. Dans cette chanson, je retrouve tellement de convictions intimes que la chanter a toujours provoqué un état de grâce...

J'ai lu que tu possédais des dons de médiumnité !

C'est vrai. A partir de 18 ans, j'ai commencé à avoir des flash et à lire les lignes de la main. Puis cela s'est intensifié à 23 ans, suite à une guérison des reins par un magnétiseur. A l'époque, j'étais très malade et j'aurai passé ma vie sous dialyse si je n'avais pas rencontré cet homme. En revanche, je ne suis pas une illuminée ! J'essaye de prendre un maximum de recule par rapport à ce phénomène mais je peux te dire que jusqu'à présent, je ne me suis jamais trompée dans ce que j'ai annoncé aux gens... Je ne parle que très rarement de cet aspect de ma personnalité car il y a une époque où je me retrouvais avec des fans qui venaient me tendre leurs mains pour que je leur fasse les lignes ! Je ne suis pas Madame Irma !

Est-ce que tu penses que nous sommes maîtres de notre destin ?

Je crois au destin et je pense que nous sommes acteurs de notre réussite. Mais si on ne sait pas faire le point et prendre le recul nécessaire, on a tendance à reproduire des schémas d'erreur. Mais j'ai l'impression que les gens qui sont bons intérieurement, qui aiment les gens, se reconnaissent entre eux et je crois qu'il y a beaucoup de destins qui sont liés...

 

Nicolas Tackian.

Retour au sommaire des articles d'Hélène Ségara.