Nous sommes au début du I° siècle avant Jésus Christ à Rome. La république, installée depuis 509, montre des signes manifestes d'essoufflements qui attisent la soif de pouvoir des plus ambitieux. Marius, le grand vainqueur de Jugurtha, n'a-t-il pas été à si reprises déjà nommé consul ? Deux hommes apparaissent avides de pouvoir à ce moment: Marius qui brigue un septième consulat comme lui a prédit un oracle asiatique mais aussi le jeune Sylla, être dangereux et prêt à utiliser le meurtre pour parvenir à ses fins. la différence entre ces deux romains ? Le premier est un homme nouveau qui s'est imposé dans cette Rome oligarchique par ses succès militaires alors que le deuxième appartient à une vieille famille patricienne, les Cornellii. Et c'est justement cette vieille garde patricienne attachée à ses droits et à ses avantages qui est au coeur de ce roman. En effet, elle doit se battre contre l'arrivée de ces hommes nouveaux mais aussi contre l'ascension des chevaliers, ces equites qui contrôlent les tribunaux à Rome mais aussi la perception fort lucrative de l'impôt dans certaines provinces romaines. Pour se défendre, le patriciat dispose de l'arme sénatoriale tant attaché au mos majorum.

Certains membres du patriciat ont toutefois compris que les choses devaient évoluer sous peine d'une explosion totale du système. Parmi eux, on retrouve Drusus qui parvient à se faire élire comme tribun de la plèbe afin de faire passer différentes lois "sociales". Parmi celles-ci, la lex frumentaria qui fixe un prix bas pour le blé afin de favoriser les citoyens des classes modestes, les capite censi, qui n'ont pu profiter de la répartition des terres de l'ager publicus. Mais le grand projet de Drusus est d'une toute autre envergure : il s'agit de donner la citoyenneté romaine à l'ensemble des hommes libres de la péninsule italienne. La révolte gronde en effet parmi les italiens qui fournissent une partie des armées romaines, qui payent de lourds impôts à Rome mais qui n'ont aucun droits politiques et civils. Drusus est sur le point de faire passer sa loi malgré une farouche opposition de la part d'une frange importante du Sénat lorsqu'il est assassiné.

Menacée par ses alliés Italiens, Rome voit aussi apparaître un autre danger plus lointain: la politique de conquête du roi du Pont Mithridate. Deux hommes ont bien compris cette menace: Marius puis Sylla qui se rendent chacun en Asie Mineure pour régler ce problème avec diplomatie avant d'en arriver aux armes.

C'est donc dans ce décor que se déroule l'histoire de Colleen McCullough dans Les maîtres de Rome. Un excellent roman pour mieux comprendre les rouages de cette respublica du I° siècle avant Jésus Christ.

Référence : Colleen McCullough, La couronne d'herbe T1, Les maîtres de Rome, Coll. J'ai lu, 1991.

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