LA GAZETTE DE GREENWOOD
     n° 3   (édition du 30 Novembre 1998)

 SOMMAIRE  :

sources d'inspiration de Robert Johnson
The Honeymen: sortie d'un disque
un film avec Robert Johnson?? "Only the devil knows for sure"
Prise de tête, blues et théorie musicale
Quand Clapton a découvert Robert Johnson
Hommage à  Mississippi John Hurt
 Le "Menphis Blues" de Marcel Dadi
 

sources d'inspiration de Robert Johnson

Chers Greenwoodiens, bonjour!
Dans l'excellent livre "Nothing but the Blues" (que m'a offert récemment ma sweet lovin'baby) , Mark A. Humphrey analyse l'apparition et le développement du "blues urbain".
La Gazette de Greenwood vous retranscrit ici in-extenso un extrait concernant le bluesman Robert Johnson. On y apprend que Robert Johnson a bien sur été inspiré par ses "maîtres" directs (Son House, Willie Brown), mais qu'il a su également trouver son style en s'inspirant d'autres musiciens (Lonnie Johnson, Leroy Carr) qu'il ne rencontra jamais. Il put en effet écouter ces musiciens grâce à un nouveau moyen de diffusion de la musique: le phonographe!
C'est ce qui permit au blues urbain de s'enrichir au contact de multiples sources, et Robert Johnson est en effet certainement un des "chaînons" entre le country-blues et le blues urbain.

 
[...]
Grâce au disque, ces refrains [ceux de Lonnie Johnson] typiquement citadins trouvèrent un public, jusqu'au coeur des provinces lointaines. Ce fut le cas dans le petit bourg de Robinsonville, Mississippi, où un certain Robert Johnson écoutait attentivement tous les vieux 78 tours Okeh de son homonyme. En s'inspirant à la fois de ce son et de ces paroles venus de la ville et en y mêlant des influences locales comme celles de ses deux modèles, Son House et Willie Brown, le jeune Robert se construit un style original.
Bientôt, en imitant de mieux en mieux son modèle, il commença à laisser entendre qu'il était parent avec le célèbre Lonnie. Puis, enhardi par ses premiers succés, Robert Johnson - au dire de Johnny Shines, un de ses collègues - alla jusqu'à se présenter devant certains publics ruraux en se faisant passer pour l'homme qu'ils ne connaissaient que par le disque, Lonnie Johnson!
A la fin des années trente, ce phénomène d'idôlatrie et d'imitation des vedettes du disque modifia profondément le blues qui perdit la marque de ses divers régionalismes. Dix ans auparavants, des artistes comme Charley Patton, Blind Lemon Jefferson ou Blind Willie Mac Tell, respectivement originaires du Mississippi, du Texas et de Géorgie, donnaient l'impression de provenir de planètes totalement différentes!
Nourri au son du phonographe (qu'il illustra plus tard comme une métaphore sexuelle dans son "phonograph blues"), Robert Johnson eût le privilège d'être autant influencé par des artistes qu'il ne rencontrerait peut-être jamais, que par ceux qu'il étudiait régulièrement dans les bals du Delta. Son répertoire enregistré porte clairement la trace de ces influences mêlées où l'on retrouve à la fois l'urbanité "froide" de Lonnie Johnson et l'intensité "chaleureuse" de Son House. Ainsi, à la fin des années trente, grâce à des chanteurs comme Robert Johnson, l'urban blues devint plus une attitude qu'une affaire de géographie.
Le manque et le désir permanent - de femmes, du foyer lointain, de calme, d'argent ou tout simplement de paix intérieure - caractérisent bon nombre des meilleurs blues du pianiste et chanteur Leroy Carr ("How long blues") dont les enregistrements, parmi d'autres, influencèrent profondément Robert Johnson.

extrait de  "Nothing but the Blues" (chapitre écrit par Mark A. Humphrey).
 
Uncle 'Ly
 

The Honeymen: sortie d'un disque

De Docteur Blues:

Les frères Jazz, membres du groupe Doo the Doo, ont sorti un disque sous le nom des Honeymen (réf. à Jimmy Reed).
"Nothin but the Devil" c'est le titre du disque, sur Night & Day.
Quelques titres : "Boogie Disease" de Dr Ross "32/20 Blues" de RJ, "Mellow Down easy" de Big Walter.

"Docteur Blues" <jtravers@europost.org>   Wed, 4 Nov 1998
 http://www.mygale.org/03/docblues/

De Uncle'Ly:

Bravo et merci pour l'info, je vais me précipiter chez le disquaire du coin!!!
Pour ceux qui ne connaissent pas, vous pouvez acheter les yeux fermés, et/ou aller vous informer sur les frères Jazz (Doo The Doo, Honeymen) sur le site "guitare & blues".

Uncle 'Ly    Wed, 4 Nov 1998
 
 

un film avec Robert Johnson?? "Only the devil knows for sure"

Lu dans le N° 21 de Travel in Blues (fanzine) :

... Souvenez vous, c'était au printemps dernier, des chercheurs de Memphis avaient mis la main sur un film où ils affirmaient avoir apperçu Robert Johnson, jouant de la guitare dans une rue de Ruleville Mississippi. Un véritable événement quand on sait que les premières photos représentant le bluesman, disparu en 1938, n'ont été retrouvées qu'au début des années 80 et qu'il en existe à ce jour que trois. Alors un film, vous pensez...
Mais la découverte était trop belle. Après de longs mois de spéculations, les spécialistes sont finalement arrivés à la conclusion qu'il ne pouvait s'agir de RJ (...). Les derniers doutes on finalement été levés lorsque les experts ont remarqué sur l'écran d'une affiche de promotion  du film "Blues in the night", sorti  en 1941, soit trois ans après la mort de RJ (...) Dans toute cette affaire, ce sont les marchands du temple qui s'en tirent le mieux puisque, profitant  de la polémique, ils ont lancé sur le marché une série de T-shirts arborant une photo du fameux film et portant les mentions : "Is he is... or is he ain't" et "Only the devil knows for sure"... Un collector qui s'arrachera à prix d'or...

  "Docteur Blues" <jtravers@europost.org>   Wed, 4 Nov 1998
http://www.mygale.org/03/docblues/
 
 

Prise de tête, blues et théorie musicale

la date: Mardi 10 Nov 1998
 De: "Jean-Pierre Bourgeois" <jpbourgeois@claranet.fr>
 
J'avais écrit: "Mais alors, comment fait Clapton? A-t-il passé sa jeunesse dans les champs de coton?
Non msieu, il a reçu (et propagé) la culture de la seconde partie du 20ème siècle qui est nourrie de blues.", ce qui a paru intéresser Olivier.
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Prise de tête chapitre 1
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Quel est donc ce blues dont nous nous repaissons tous?
Définition classique:
morceau de 12 mesures de 4 temps basé sur le schéma harmonique:
exemple en tonalité de Do  majeur: C C C C7 F F C C G7 G7 C C (où A = La, B=Si C=Do etc...)
Mais il existe des blues:
  à 14 mesures (Soft Winds, Benny Goodman)
  mineurs (Minor Swing, Django Reinhardt)
  à 12 fois 3  temps (West Coast Blues, Wess Montgomery)
  à temps indéterminés (John Lee Hooker, terreur des accompagnateurs)
  mineurs/majeurs (blues "suédois", Charlie Parker)
  modaux ni mineurs, ni majeurs (All Blues, Miles Davis)
  sans compter les blues des 'inventeurs" de la fin du 19ème siècle où le modèle était en cours d'élaboration
etc...

Mais alors où se situe le blues?

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Prise de tête chapitre 2
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En fait, la caractéristique commune se situe autre part, dans la notion d'accord stable.
Par exemple, en harmonie classique, G7 (Sol 7ème de dominante) est considéré comme instable et sa résolution est C (Do majeur) qui est considéré comme stable.
En langage courant on dirait que G7 est provisoire et appelle C.
La révolution du blues (gospel, jazz, rock et autres musiques actuelles qui en dérivent) est de considérer que l'accord C7 (Do7ème de dominante) est stable, ce qui est (était) intolérable aux oreilles européennes.
Ce phénomène passe à présent inaperçu en raison du changement culturel qui s'est imposé.
On peut faire une comparaison avec l'assimilation de "l'after beat" qui consiste à taper dans les mains sur les temps pairs, ce que tous les "jeunes" savent faire instinctivement à présent. Ce n'était pas les cas il y a quelques années où le public tapait systématiquement des mains comme dans une bourrée auvergnate (bonjour les dégâts).
En résumé, tout accord majeur (stable) peut être remplacé par l'accord de septième de dominante (néo-stable).
La séquence harmonique qui s'écrivait: C C C C7 F F C C G7 G7 C C devient maintenant C7 C7 C7 C7 F7 F7 G7 G7 C7 C7
d'ou la gamme du blues où s'ajoutent à la gamme classique: Bb (7éme de C), Eb (7ème de F).

Ceux qui ont réussi à arriver jusque là ont droit à un cachet d'aspirine.

Tous à vos grattes

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Jean-Pierre Bourgeois   <jpbourgeois@claranet.fr>
sérieux: www.jpbourgeois.claranet    :-[
jazz:  www.jpbourgeois.claranet/jazz :-)
guitare: www.multimania.com/lbop/   :-))
e-mail de secours: jpbourgeois@technolink.org
 
 
Quand Clapton a découvert Robert Johnson

De:  "Docteur Blues" <jtravers@europost.org>  Jeudi, 12 Nov 1998
 
Une interview de Clapton dans Musician (1991) nous éclaire sur sa découverte de Robert Johnson.

Je cite : « Je devais avoir quinze ou seize ans. J'avais déjà entendu beaucoup d'autres bluesmen. Il y avait peu de disques de
country blues en Angleterre. J'avais trouvé un double album, une compilation intitulée « the Road of Blues ». Mais Robert
Johnson n'y était même pas crédité comme influence. Finalement l'album « King of the Delta Blues Singer » Vol 1 est sorti.
Il était très rare de trouver un album par un bluesman de cette époque. Je l'ai acheté, mais je n'ai pas pu l'écouter. C'était trop
puissant pour moi. Puis, six mois après, je suis devenu complètement dingue de sa musique, vraiment bigot et fanatique. Il y
avait environ quinze chansons sur ce disque et chacune était totalement différente. C'est probablement pour cela que
j'avais été incapable de l'écouter la première fois - il y avait trop de choses à assimiler. Quand j'essayais de jouer ces
morceaux, j'étais obligé de les simplifier et si j'arrivais à assimiler le jeu de Freddie King, BB King ou Buddy Guy, celui de
Robert Johnson était trop puissant pour être mélangé à celui d'autres artistes de Blues. »
 

Le blues est mort ?
Non.
Les vrais Bluesmen ?
Oui, peut-être tous morts, RIP      [NDLR: Rest In Peace].
Mais leur musique ?
NON... Elle, elle brûle encore¿

Bon, J'arrête de délirer¿
Alors pas de complexe, allons tous porter la bonne parole...

A+ Le Toubib de Greenwood   B-)

Accro à la musique du diable ?
Allez visiter, le site du Docteur Blues :
http://www.multimania.com/docblues
 
 

 Hommage à  Mississippi John Hurt

Chers contribuables de Greenwood,

c'est avec une certaine fierté que je vous annonce une exclusivité de "La Gazette de Greenwood":
Daniel AMIELI (guitariste greenwoodien) a écrit il y a quelques années un "hommage à Mississippi John Hurt", et ce titre est disponible au
format REAL sur le site "Guitare et Blues".
Je crois qu' une des premières conversations que j'ai eu avec Daniel portait sur les points communs des styles de John Hurt et de Marcel
Dadi, et justement ce morceau me fait penser aux 2 guitaristes... Alors bravo à Daniel et merci de ce "cadeau" fait à mon site sur MJH.

Bluesicalement votre
Uncle Ly

PS: et si vous ne connaissez pas MJH, lisez la page qui lui est consacrée sur "Guitare et Blues"!!
 

Ecouter l' hommage à MJH (nécessite le programme RealPlayer, disponible gratuitement sur le Web):
site Guitare et blues: http://perso.club-internet.fr/latailla/blues.html
(le titre se trouve en bas de page)
ou cliquer directement sur: http://perso.club-internet.fr/latailla/sons/MJHmacDan.ra
E-mail de Daniel AMIELI:  mailto:damieli@club-internet.fr

un autre site (US) sur MJH: http://www.mindspring.com/~dennist/  (à voir absolument!)
 
 

Le "Menphis Blues" de Marcel Dadi
 

on cite souvent "Menphis Blues" de W.C.Handy, voir différents articles et courriers de La Gazette de Greenwood (et/ou vos lectures favorites) comme étant un des premiers (voire le premier) blues à avoir été enregistré(1912).
On en parle, on en parle, mais est-ce qu'on le connait??? ce blues??? hein???
Ce titre me disait bien quelquechose...
Et bien j'ai retrouvé ce qu'il me disait:
The menphis Blues, de WC Handy, interprété (et adapté) par Marcel Dadi (disque "Dadi Cool").
Avec en prime la tablature!

je pense que cette info peut en intéresser quelques uns parmi vous ;-)
(et je ne lance pas le débat: est-ce un vrai blues ou non??? ;-))

Uncle 'Ly
 
 
 
 

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