La Gazette de GREENWOOD
     n° 16 (Février 2000 )


1 - Johnny Shines: l'héritier de la musique de Robert Johnson

2 - interview: Boney Fields: le souffle du blues !

3 - la Gueule de Blues du mois: Roosevelt Sykes

4 - une exclusivité LGDG: les J.R. Awards !

5 - interview de Swampini: 1958, une nouvelle ère commence !

6 - le disque "Blues Against Racism": bonne Musique et juste Cause

7 - Histoire du Blues: naissance, fixation, diffusion

8 - Bands Of Dixie: le journal des passionnés de Rock Sudiste

9 - Qui a volé la guitare de Robert Johnson?

10 - info blues: le Blues est partout: Doo The Doo au pays merveilleux de Disney et Slawek au Pôle Sud!




Johnny Shines:

l'héritier de la musique de Robert Johnson


Date: Dimanche 02 Jan 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>


Johnny Shines
La scène se passe au début des années 80: Peter Guralnick et Scott Billington se consultent dans un coin du studio, visiblement très contrariés. Cet idiot d'ingénieur du son a effacé le début de la séance d'enregistrement en faisant une fausse manoeuvre... La première chanson enregistrée par Johnny Shines et Robert Lockwood Jr est amputée de deux minutes! Comment expliquer ça à ces deux géants du blues? Comment vont-ils les juger, eux qui ne sont que des néophytes de l'enregistrement?
Peter prit son courage à deux mains et s'approcha des deux bluesmen qui discutaient sereinement en croquant dans les hamburgers que Scott leur avait apporté.
- Hum... il y a un petit problème, avoua Peter d'une voix moins assurée qu'il ne l'aurait voulu... le début de la première chanson a été effacé... il manque au moins une minute...
- Ah bon? Et la fin n'est pas bien? lui répondit Johnny Shines tandis que Robert Lockwood Jr ne leva même pas les yeux, trop occupé à rattraper le ketchup qui dégoulinait de son hamburger.
- Oh si! Mais...
- Ben alors, où est le problème? Ca ira bien comme ça, c'est bien assez long.
Les deux bluesmen reprirent leur conversation et Peter regarda Scott avec désespoir avant de s'adresser à nouveau à Johnny Shines:
- Euh, pardon... Vous serait-il possible de recommencer cette chanson? Nous aimerions bien l'avoir en entier...
Interloqué, Johnny Shines regarda Peter comme si il trouvait saugrenue l'idée de rejouer le même titre.
- Bien sûr, on peut la refaire si tu veux.
- Ah merci! On recommence tout de suite?
Le regard de Johnny Shines sembla soudain se porter très loin et un silence pesant régna dans tout le studio.
- Ouaip d'accord, mais rechante-la nous d'abord, qu'on se rappelle de l'air et des paroles...

Cette anecdote véridique (à part le ketchup du hamburger de Robert Jr Lockwood, pure invention de ma part!) montre un peu l'état d'esprit qui animait un vrai bluesman comme Johnny Shines. Il vivait sa musique, l'interprétait sur un canevas qu'il avait établi mais ne répétait jamais la même chose, incapable de rejouer note à note deux fois le même titre!


Parti de Memphis pour l' Afrique, Johnny Shines s'arrête à Chicago!

Johnny Shines fait partie de cette race des musiciens qui ont façonné et transmis le blues. Né le 25 Avril 1915 à Frayser (Tenessee), il est arrivé à Memphis à l'âge de six ans. A 17 ans, il commença à apprendre la guitare pour s'accompagner au chant, et c'est ainsi qu'il devint rapidement un excellent joueur de slide et de finger-style. Aventurier dans l'âme, il décide à 20 ans de partir explorer l'Afrique, mais son voyage s'arrêtera à Chicago!
Idolâtrant Howlin' Wolf (il sera appelé un moment "Little Wolf") et sa voix superbe n'étant pas sans rappeller celle de Son House, Johnny Shines peut alors vivre de sa musique en chantant aux migrants de l'époque les airs du "pays".

Evénement pour le moins marquant: rencontre avec Robert Johnson

En 1935 eût lieu la rencontre décisive en la personne de Robert Johnson... Johnny fut hypnotisé par la technique de Johnson, n'ayant jamais vu quelqu'un maîtriser la guitare de cette façon. Il comprit qu'il avait tout à apprendre de Robert Johnson et le suivit pendant les trois années qui suivirent.
On les voit alors un peu partout au en Arkansas et au Tenessee, du Texas au Kentucky, de l'Indiana à l'Ontario. Malgré le succès alors naissant des enregistrements de Robert Johnson leur vie est faite d'errance, de misère et d'aventures. "On était sur la route en permanence, sans argent et parfois sans même de quoi manger, cherchant un endroit décent pour dormir, jouant dans les rues sales et les bouges crasseux qui existaient à l'époque, et alors que je me ruinais la santé et ressemblais à un chien pouilleux, il y avait Robert... aussi propre que si il sortait tout juste de l'église!".
A cette époque il fallait jouer ce que le public aimait, ce qui obligeait les musiciens à avoir un répertoire très vaste pour être capable de répondre à la demande des publics aussi variés que ceux des picnics, des juke-joints, des rues, etc. Le répertoire était donc constitué de country, ragtime, chansons populaires, valses, polkas, hillbilly. Quant au blues du Delta, le public de l'époque écoutait les textes car, comme dit Johnny Shines, "ils avaient de bonnes raisons d'écouter les paroles, parcequ'ils vivaient les paroles...".
Un jour les routes de Johnny Shines et de Robert Johnson se séparèrent, ce dernier décidant de retourner au Mississippi, son pays, tandis que Johnny s'y refusait: "Je n'aimais pas le Mississippi, donc je ne le suivis pas". Il ne le revit jamais, le destin de Johnson l'emmenant à Greenwood où la mort l'attendait.


Les années "Chicago": la galère...

Johnny ShinesJohnny Shines s'installa à Chicago en 1941 où il fut un sideman (accompagnateur) qui joua et enregistra énormément jusqu'aux années 50, notamment avec Sonny Boy Williamson (Rice Miller). Il enregistra pour son compte plusieurs disques (Columbia, Chess Records, JOB) qui ne furent pas distribués ou ne connurent pas le succès escompté...
Malgré l'inventivité musicale de Johnny Shines, sa musique était trop profondément rurale pour le public noir du Chicago de l'époque. Les gens recherchaient alors autre chose, ne voulant plus entendre ces accents musicaux qui leur rappellait un douloureux passé encore trop proche.
En 1958, découragé, ne se faisant plus d'illusions sur l'intérêt du public pour son country-blues et dégoûté par une sombre histoire de royalties, Johnny quitte la scène musicale et vend sa guitare... Il trouve alors un emploi dans le bâtiment, mais on le voit encore traîner dans les clubs de blues de Chicago en tant que photographe.


La "redécouverte" et le succès

C'est en 1966 que l'album compilation "Chicago: The Blues Today" (label Vanguard) remporte un grand succès et permet de redécouvrir Johnny Shines grâce à quelques enregistrements inédits figurant sur l'album. Shines reprend alors la guitare et le chant, et est notamment recruté en 1969 par Willie Dixon pour tourner avec le Chicago Blues All Stars.
Durant les années 70, Johnny Shines continue imperturbablement à jouer le Delta Blues, devenant une des dernières légendes vivantes de ce style. Il retrouve Robert Jr Lockwood avec lequel il tourne et enregistre quelques chef-d'oeuvres.
Mais en 1980 il est victime d'une crise d'hémiplégie qui l' handicape dans son jeu de guitare et il se retire à Tucaloosa (Alabama). Johnny Shines lutte alors contre la maladie et on ne le voit plus sur scène (il apparaît et joue toutefois dans le documentaire "The search for Robert Johnson" présenté en 1990 par John Hammond Jr.). Il meurt le 22 Avril 1992.

Comme Robert Jr Lockwood ou Muddy Waters, Johnny Shines est donc une des figures majeures du blues d'après-guerre puisque, fortement enraciné dans le blues du Delta, sa musique a su évoluer. Jamais auto-satisfait, il a toujours recherché à "faire mieux", et c'est sans doute cet état d'esprit qui fait que sa musique et son chant ont toujours eu cette spontanéité qui manque parfois à certains. Sans doute trop profondément et sincèrement "bluesman" pour avoir su profiter de ses talents et devenir une vedette comblée de succès, Johnny Shines a été et restera pour toujours un géant du blues.
Marqué de façon indélébile par ses trois années passées avec Robert Johnson, Johnny Shines est certainement l'héritier musical le plus proche du bluesman de légende. Sa voix superbe et son subtil jeu de guitare (finger-style ou bottleneck) sont un régal pour les amateurs du genre.

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Interview : Boney Fields

Le souffle du blues!


Boney Fields, trompettiste de blues, a été interviewé par René Malines et Etienne Guillermond pour le "Travel in Blues" de Décembre 99. Pour "La Gazette de Greenwood", ils vous offrent l'interview intégrale!

De: René Malines <Renemalin@aol.com>


Après avoir joué avec les plus grands, le trompettiste chicagoan Boney Fields s'est installé en France d'abord pour jouer avec Luther et Bernard Allison, puis pour mener son propre groupe, Bone's Project. Nous l'avons rencontré quelques minutes avant l'un des concerts qu'il a donné sur la scène du Jazz Club Lionel Hampton.

Vous vous nommez Daniel Fields, mais on vous appelle Boney Fields. D'où vous vient ce surnom ?
Ça date de mon tout 1er groupe. J'étais très mince à l'époque, alors les gars m'ont appelé Boney Chilly, puis c'est très vite devenu Boney (osseux). Je devais avoir 16 ans, et depuis, tout le monde m'appelle Boney. Il n'y a que ma mère pour m'appeler encore Dany.


Vous venez d'une famille de musiciens ?
Mon père était musicien. Un de mes frères joue de la basse. J'ai 6 sœurs et 2 frères. Bon, les filles vous savez ce que c'est, elles font des trucs de filles. Quant à mes frères, nous ne sommes que 2 à suivre les traces de mon père.

La liste des musiciens avec lesquels vous avez joué est impressionante. Quels sont ceux qui vous ont le plus
marqué, en tant que musiciens ou en tant qu'homme ?

Celui qui m'a fait la plus forte impression est sans conteste James Cotton. Pour un homme de son âge, quel pied quand il joue de l'harmonica. Sa façon aussi de se produire sur scène, de tenir le public…J'ai beaucoup appris de lui. Et puis il y a eu Luther (Allison), quand je suis venu à Paris. De tous les musiciens avec qui j'ai joué, à part James Cotton, ça a été : " Waouh ! " C'est lui qui m'a fait comprendre ce que je voulais obtenir sur scène, comment il fallait que je soie. Ce sont à peu près les 2 seuls qui m'aient vraiment impressionné.

C'est à cause de leur énergie ?
Exactement, et c'est ce que j'essaie de faire sur scène, d'amener ce haut niveau d'énergie.

Vous faisiez partie du dernier groupe de Luther Allison en Europe, mais vous ne l'avez pas accompagné dans sa dernière tournée aux Etats Unis ?
Non. La raison en est que Luther m'avait dit que je devais rester à Paris pour y bâtir ma propre crédibilité. Il m'a dit qu'il m'emmènerait la fois suivante, mais qu'il fallait que j'établisse ma notoriété ici. Moi je lui disais : " Mais Luther, je ne connais personne ici ! Comment est-ce que je vais survivre ? " Il m'a répondu : " Ecoute, tu est intelligent, tu es un bon trompettiste, monte un groupe et fais ton propre truc ". Il m'a recommandé à quelques clubs, entre autres au Front Page. J'ai donc commencé à y jouer, et les choses se sont enchaînées. Mais c'est Luther qui m'a poussé, quand j'étais trop anxieux. " Tu m'abandonnes à Paris ? " En même temps, je jouais aussi avec Bernard Allison, mais il partait aussi pour les Etats Unis. Les deux groupes partis, je me suis retrouvé là à me demander ce que j'allais faire. Alors j'ai cessé de me conduire comme un gosse pour agir comme le professionnel que je pensais être.

C'est à ce moment que vous avez commencé les Blue Mondays au Bottleneck avec Davyd Johnson ?
Oui. C'était une espèce de répétition pour ce que nous voulions faire. En fait c'était plus un bœuf qu'un show, avec plein de bons musiciens, capables de jouer sans batterie. Je me suis bien éclaté là-bas, cette période me manque parfois.

Revenons en arrière. Vous devez être en bon termes avec Bernard, puisqu'il joue sur votre CD ?
Bernard m'a beaucoup aidé après la mort de son père. On est devenu beaucoup plus proches. J'aurais bien continué à jouer dans son groupe, mais j'ai finalement décidé de faire mon propre truc. C'est la seule raison pour laquelle je ne travaille plus avec lui. Il l'a très bien accepté, il a compris. On s'entraide. Il me chante des airs et me demande de l'aider pour les paroles, et je fais pareil avec lui. Je préfère cette relation, plutôt que de l'avoir comme patron (rires).

Vous avez donc votre propre groupe, Bone's project, mais vous en avez eu un à Chicago avec lequel vous avez enregistré un disque il me semble ?
Oui, ça s'appelle Burning Chicago, c'est sur un label japonais (NDLR : sans doute GBW, Greetings from Blues World). Ça a eu une petite distribution, mais on peut peut-être le trouver encore à Chicago.

Et votre nouvel album Hard Work, va-t-il être distribué ?
Pas encore. J'ai parlé avec quelques compagnies, avec quelques musiciens aussi, dont certains ont eu de mauvaises expériences. Alors je prends mon temps, je ne veux pas prendre de décision trop rapidement. A moins qu'on ne me fasse une offre énorme (rires).

Vous avez beaucoup tourné aux Etats Unis, ça avait l'air de marcher pour vous. Qu'est-ce qui vous a amené en Europe ?
Tout d'abord, j'en avais assez de vivre à Chicago, de jouer toujours dans les mêmes clubs. Je suis donc parti pour le Texas. Là, j'ai rencontré Lucky Peterson. Mais le Texas, c'est très calme. Alors je suis parti pour la Louisiane, où j'ai joué avec Kenny Neal. C'était plus rafraîchissant avec lui. Le problème c'est que dans son groupe, ça buvait pas mal. Je peux boire aussi, mais pas comme ça. En Louisiane, il semble qu'on aime bien boire. Je suis donc rentré à Chicago. Là Bernard m'a dit que son père voulait me parler. Je suis venu en Europe avec Lucky, et j'ai travaillé avec Luther qui s'est si bien occupé de moi. Au début, je ne suis venu que pour le job, parce que j'avais toujours voulu jouer avec Luther. Avec Bernard, il m'ont trouvé un appartement, et je me suis donc installé. Une fois à Paris, j'ai commencé à féquenter des tas d'endroits, rencontrer des tas de musiciens. J'ai été confronté à toutes sortes de musiques. Ça m'a vraiment impressionné. Et je me suis dit qu'un endroit qui pouvait m'apporter tant de connaissances, je ferai mieux d'y rester. Du coup je prends des cours de Français.

Vous jouez aussi avec Alpha Blondy ?
Oui, je vais partir tourner en Afrique avec lui. Bien sûr, ça ne fait pas plaisir à ma copine, ni à mère non plus. Elles préfèreraient que je reste tranquillement à la maison. Alors je leur explique que c'est mon boulot. Mais je dois dire que j'aime beaucoup jouer avec Alpha, et puis ça me donne l'occasion de faire autre chose que du blues. Et puis cette opportunité de partir pour l'Afrique m'attire beaucoup. On va faire 12 dates en 1 mois et demi. Pourquoi si longtemps pour 12 dates ? Que voulez-vous, c'est l'Afrique. Les Africains prennent le temps. C'est quelque chose que je commence à comprendre.

Est-ce par hasard qu'un de vos musiciens joue avec Salif Keïta ou est-ce en relation avec le fait que vous jouez avec Alpha Blondy ?
C'est mon batteur. Il jouait avec moi avant de jouer avec Salif Keïta. Mais il m'a un peu laissé dans l'embarras quand il doit jouer avec Salif et que nous avons aussi un gig. J'ai du trouver un batteur qui accepte d'assurer l'intérim. En fait, il semble que tout s'arrange toujours, ce qui me rend plus confiant dans ce que je fais.

Malgré toutes ces expériences, vous êtes surtout un musicien de blues…
Je suis né, j'ai grandi dans le blues. Mon père jouait du gospel, ma mère chantait dans une chorale gospel. Ils m'emmenaient dans les clubs, et tout jeune, j'ai rencontré Buddy Guy, Junior Wells, James Cotton, Albert King... C'est Jimmy Johnson qui m'a donné mon 1er job dans le blues. A partir de là, il m'a semblé évident que c'était ce que je devait faire. J'ai appris à écrire pour les cuivres, je suis devenu arrangeur. De là, j'ai pu travailler avec beaucoup de monde à Chicago. Ils ne me payaient pas trop, mais l'expérience que ça m'a apporté dépasse tous mes espoirs. A priori, je ne pensais même pas à ça, je ne pensais qu'à jouer. J'adore jouer.

En tant que trompettiste, vous n'avez jamais été attiré par le jazz ?
J'aime le jazz, j'en écoute, et j'en joue à la maison. Si on me proposait un job dans le jazz, je le ferais. Mais je suis un bluesman. Je n'ai pas grandi avec les grands du jazz, mais avec les grands bluesmen. J'ai traîné avec Junior Wells, Johnny Dollar, Lefty Dizz. Ils m'avaient adopté. C'est eux qui m'ont appris à boire, à traîner dans les clubs, à jouer le blues. Je leur doit beaucoup. Quand je rencontre des jazzmen, ils me respectent, parce que je sais jouer jazz. Mais je le joue bluesy (il nous fait une démonstration vocale de trompette jazz bluesy). Je ne cherche pas à sonner comme Wynton Marsalis ou aucun de ces gars. Je ne détesterais pas sonner comme Louis Armstrong, mais ça, ce n'est qu'un rêve. C'est pour ça que je porte un chapeau melon.

Quand nous avons interviewé Davyd Johnson il y a 2 ans (voir Travel in Blues n° 19), il nous avait parlé d'un projet d'enregistrement avec vous. S'agit-il de ce disque, Hard Work ?
C'est pratiquement le même projet, sauf que j'ai utilisé d'autres musiciens. Il s'est avéré que Davyd et moi n'avions pas la même vision, alors je l'ai fait à ma façon. Et je pense que c'est mieux ainsi. Je n'ai pas envie de me retrouver en désaccord avec un ami pour des raisons professionnelles. Aussi nous suivons chacun notre route et restons amis. Je fais mon truc, il fait le sien. Je sais que si j'ai besoin de lui, je n'aurai qu'à l'appeler et il répondra présent. Et j'en ferai autant pour lui.

Je suppose qu'aujourd'hui, votre priorité est de continuer avec Bone's project plutôt que de continuer à faire le sideman ?
C'est vrai. Mon idée, c'est de convaincre les gens que pour jouer le blues, il ne faut pas nécessairement jouer de la guitare. Beaucoup de gens voient un guitariste quand on dit bluesman. A la limite un harmoniciste. Mais on n'imagine pas un cuivre comme leader, ce qui était pourtant le cas dans les débuts. J'essaie juste de revenir à cette tradition. Et vous avez raison, je ne veux plus être un sideman. Sauf avec Alpha. Avec lui, ça ne me dérange pas.

Une dernière question : la France, c'est une étape, ou bien vous vous sentez bien ici ?
J'ai l'intention de rester en France. J'aime les Français. Vous avez une bonne attitude à l'égard de la musique. Ma copine est française, tout va bien. Quand on voit tout se mettre en place dans sa vie, on essaie de ne pas gâcher ça, au contraire. Bien sûr, je partirai en tournée, mais pour mieux revenir. Je comprend pourquoi Luther Allison s'est installé ici. Il n'avait pas l'intention de quitter la France.

Propos recueillis par Etienne Guillermond et René Malines le 17 novembre 1999 au Jazz Club Lionel Hampton.

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La Gueule de Blues du mois:

ROOSEVELT SYKES

Roosevelt Sykes

peinture de Denis Gérablie

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une exclusivité LGDG:

Les J.R. Awards !

On est jamais aussi bien servi que par soi-même! Telle doit être une des devises de Jocelyn Richez qui, toujours critique vis à vis des classements, récompenses et autres trophés, nous livre ici son propre palmarès! Etant donné la culture bluesistique de notre ami, LGDG ne pouvait faire autrement que de publier les "J.R. Awards 99" (et au moins, on est sûr que tout le jury est démocratiquement unanime).


Date: 2 Janvier 2000

From: "jocelyn richez" <jrichez@hotmail.com>

Puisqu’on en est à l’heure des bilans en ce début d’année 2000, je me permets de vous envoyer non pas mon palmarès du siècle mais celui de l’année 1999. Bien sûr, c’est un sujet à polémique par excellence : ce classement n’engage que moi et ne concerne évidemment que les concerts auxquels j’ai assisté cette année (environ 60 + 3 festivals) et les disques que j’ai entièrement écouté.

Concert de l’année :

1- Candye Kane au New Morning (23/3/99)
2- Willie Kent au Méridien (17/5/99)
3- Johnnie Bassett à Tremblay (6/3/99)
4- Byther Smith au New Morning (28/9/99)
5- Clarence «Gatemouth» Brown au New Morning (29/6/99)
6- Smokey Wilson à Tremblay (13/11/99)
7- Johnny Jones au New Morning (19/1/99)

mention spéciale pour C.J Chénier (zydeco) au New Morning le 19/5/99

Concert français de l'année:

1- Doo the Doo à Tremblay (9/1/99)
2- Steve Verbeke au Glazart (4/11/99)
3- Bo Weavil au Bottleneck (16/9/99)
4- Guitar Mana à Bagneux (4/12/99)
5- Swampini au Saint Louis (27/2/99)
6- Frank Ash + R.Malines au Bottleneck (10/4/99)
7- Leadfoot Rivet au New Morning (2/3/99)


Festival de l’année :

1- Blues Estafette à Utrecht (20/11/99)
2- Nuit du blues d’Asnières (Big Jack Johnson, Lil’Al) (4/6/99)
3- Nuit du blues à Bagneux (4/12/99)
(Je précise que je n’étais pas à Cognac)


Evènement de l’année :

1- Bœuf travel in blues Miguel M au Saint Louis (25/10/99)
2- Bœuf travel in blues Swampini au Bottleneck (8/1/99)
3- 30 ans de Soul Bag au New Morning (11/4/99)
4- vernissage de l’expo Denis/concert de Karim Albert Kook (9/11/99)

révélation de l’année :

1- Miguel M
2- Millage Gilbert
3- Lil’Al
4- Little Arthur Duncan

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interview de Swampini :

1958, une nouvelle ère commence !


Date:Samedi 8 Janvier 2000
De: René Malines <Renemalin@aol.com>

A l'occasion de la sortie de 1958, leur second et nouvel album, nous avons tenu à rencontrer les membres du groupe Swampini afin d'évoquer avec eux leur parcours jusqu'à présent sans faute. Patrice " Big Boy " Vilatte, batteur, manageur et tête pensante de la formation, nous a très gentiment accueilli chez lui en compagnie de Pascal Swampini, guitariste, chanteur, compositeur et leader charismatique du band.

La Gazette de Greenwood : Comment s'est formé Swampini ?
Pascal Swampini : Il y a eu un groupe, Lucy Blues band, dans lequel il y avait Patrice à la batterie…
Big Boy : …Pascal à la guitare et d'autres musiciens.
PS : Au départ, j'avais commencé par la basse et le chant. Puis un guitariste nous a rejoint et pendant un temps, on a joué comme ça, basse, guitare et chant. Puis un batteur nous a rejoint, qui a joué avec les Hotcha, Eddie C.Campbell, Eddie Louiss, Benoît Blue Boy…
BB : Sauf qu'avec nous, il jouait des claviers.
PS : Il y a eu le bassiste des Alligators, un groupe de rockabilly qui est plus tard devenu Pow Wow.
BB : On n'a joué qu'avec des vedettes !
PS : J'avais pris la guitare, le chant, et je jouais de l'harmonica.
BB : Tu sais que Pascal Swampini est un grand harmoniciste qui se cache ?
LGDG : Il se cache bien, parce que c'est un scoop, ça !
PS : J'en ai joué beaucoup, mais il y a longtemps que j'ai délaissé l'instrument au profit de la guitare. C'est peut-être un tort…
BB : Mais tu n'auras plus besoin d'en jouer, puisqu'il y a un autre scoop ce soir, c'est que Swampini n'est plus 3 mais 4. L'harmoniciste David Chalumeau, qui était invité sur le second album, fait maintenant officiellement partie du groupe.
LGDG : C'est un scoop qu'on sentait venir quand même…
BB :
C'est comme les histoires d'amour, faut pas se précipiter. Jamais le premier soir. Mais bon, on est très contents d'annoncer que David nous rejoint, non plus en tant qu'invité, guest star, cerise sur le gâteau ou je ne sais quoi, mais en tant que membre du groupe à part entière.
PS : Ce qui va certainement me rebooster sur l'harmonica, puisque je vais lui demander des tuyaux.
BB : Les amateurs de Swampini et d'harmonica seront satisfaits, j'espère, puisqu'il y en aura plus encore.
PS : Quand Yves, notre clavier, nous a quitté, parce qu'il était très demandé en tant que batteur, Jean-Pierre nous a rejoint.
BB : JP, que tu as connu. Il est parti depuis.
PS : Il a joué avec nous pendant 3 ou 4 ans. Au départ, on faisais du rock, des compos. Ça lorgnait parfois du côté de la pop, c'était gentil. Petit à petit, on a ciblé le truc. C'est venu comme ça. Patrice et moi avons pris les choses en mains, et on s'est mis à jouer du Chicago Blues. Tous les deux, on en écoutait beaucoup. On faisait de la pop, des trucs gentillets.
BB : Dis pas qu'on faisait de la pop. On faisait du rock and roll !
PS : On se cherchait, quoi. Mais j'avais vu Yves, notre clavier, avec Eddie C.Campbell à Cahors, et petit à petit je me suis remis à écouter du blues. Je me suis plongé à fond dans Sonny Boy Williamson et Muddy Waters, je jouais beaucoup d'harmo. Je débutais à peine à la guitare. On a creusé le répertoire Chicago. Petit à petit, on a mis sur pied des reprises. T'as jamais entendu le Lucy Blues Band ? On faisait I'm Ready, The Thrill Is Gone, I Love The Life I Live, les trucs ordinaires.
BB : Mais tout le monde n'était pas fan de blues. Tu sais ce que c'est, un groupe, c'est comme un couple, en 5 fois fois plus compliqué. On a donc choisi de se séparer, mais, et c'est là que ça devient sympa, Pascal et moi, on a décidé de continuer à deux. On voulait faire des maquettes à deux, ici, dans cette maison. Ces maquettes, enregistrées en décembre 97 et février 98 chez Pascal et ici, ont donné naissance au premier disque. Cet album n'a absolument pas été conçu comme un disque mais comme une rencontre entre nous deux. On s'est retrouvé avec la même envie, le même CD de référence, un album de Lightnin' Hopkins, dont on se disait que c'était dans cet esprit qu'on voulait faire quelque chose. J'ai fait mes parties de batterie en 4 jours, Pascal a repris ça et pendant 6 mois, il a avancé, petit à petit. De temps en temps, il m'appelait en me disant : " Tiens, écoute " et moi je tombais sur le cul, ça sonnait vachement bien. Et quand notre copain Yves a entendu le résultat, il nous a dit : " Vous faites pas chier, sortez le comme ça ". On a donc sorti le premier disque enregistré sur cassette au départ, puis tranféré sur mini-disc. C'est vraiment le matériel minimum qu'on puisse imaginer aujourd'hui. Et c'est devenu Father Of The Waters. Mais on était que tous les deux. Et JP, notre copain clavier du Lucy Blues band, est venu une après-midi jouer sur deux morceaux, le premier et le dernier.
PS : Rien n'était prémédité, tout n'était que première ou deuxième prise. Même pour le répertoire, il n'y a pas eu de préméditation. On écoutait des disques ici, et deux secondes plus tard, Patrice reproduisait le rythme qu'il venait d'entendre sur sa batterie, dans la pièce du haut.
BB : Ce qui est rigolo, c'est qu'il y a des morceaux que j'ai joué à la batterie, et au final, les prises ont été utilisées pour d'autres titres. Et ce dont je suis vachement fier, c'est que ce disque a été chroniqué comme un disque de blues, et on a beaucoup insisté sur l'ambiance live, et si un disque n'a pas été enregistré live, c'est bien celui-là. Puisque Pascal a fait le chant, les guitares et la basse en 6 mois sur des batteries posées comme ça. Donc ce disque a été une agréable surprise.
PS : Pareil pour la guitare. Par rapport à tous les aficionados, moi, à l'époque, je n'y connaissais rien. Je n'étais plus un débutant à la guitare, mais pour tout le reste…Father Of The Waters a été l'occasion pour moi de creuser la guitare, de travailler comme un fou. Je savais même pas ce qu'était un ampli à lampes avant ça. J'avais un Mesa Boogie, qui n'est pas un ampli très adapté pour le blues. J'avais une guitare qu'on m'a piqué depuis, une Cherry imitation télécaster, et un sans amp directement dans la table.
BB : On lance d'ailleurs un appel, si vous retrouvez la guitare…Mais ce qui est sympa avec ce premier album, c'est qu'au méprisde toutes les consignes qu'on peut donner à de jeunes musiciens, en ignorant toutes les techniques d'aujourd'hui, on a réalisé un disque qui au final s'avère vraiment blues. Je crois que c'est pour ça qu'il a été apprécié, par qu'il a été fait avec peu choses, des bouts de ficelles, mais on y a mis notre cœur, et ça c'est important. Ce qui est amusant aussi, c'est que ce n'est qu'après que JP a intégré le groupe et qu'on a rencontré Jeff, notre bassiste, qui nous a d'ailleurs été présenté par David, notre harmoniciste, qui devient aujourd'hui notre 4ème larron. Et ce que je voudrait dire aux copains, comme A86 ou d'autres, c'est qu'aujourd'hui on a souvent tendance a faire de la scène pour faire un disque plus tard, et nous qui avons fait le contraire, le fait d'avoir fait un disque nous a permis ensuite de trouver des dates. Ce qui était d'ailleurs le but. Et je tiens à dire qu'on a été dès le début soutenus par les fanzines, Bluesboarder, Travel in Blues, et ça nous a permis d'avoir un press-book qui se tient aujourd'hui, et on vous en remercie encore.
LGDG : Mais ça n'aurait pas fonctionné si Pascal et toi ne vous connaissiez pas avant ?
PS : Bien sûr, on avait quand même 5 ans de Lucy Blues band ensemble derrière nous. Mais je crois que ce qui est important, c'est cette rencontre autour d'un même concept musical
BB : C'est une complicité.
PS : La complicité sur le plan musical, c'est super important. C'est ce qui a fait que Lucy Blues Band n'a pas tenu le coup, c'est ce qui fait que certains groupes ne vont pas loin, parce qu'il n'y a pas de rencontre sur le plan musical. Alors les groupes splittent. C'est pareil avec tous les styles de musique, mais même en blues, si t'as un mec qui ne jure que par le jump et qu'un autre ne veut faire que du blues rock, ça va pas coller. Mais si t'as des amoureux de la musique qui savent convoquer les états d'esprit liés à ces musiques, là il se passe quelque chose. C'est bien ce qui nous a unis. Patrice et moi, on aime le blues. Toutes les formes de blues. Si on décide de faire quelque chose, on va aller dans la direction de ce qu'on sait faire le mieux. On fait pas ce qu'on sait pas faire. L'état d'esprit de Lightnin' Hopkins, brut, roots, sans paufinage, c'est quelque chose qui m'a toujours passionné. Patrice est quelqu'un de spontané, moi aussi, et c'est cet aspect du blues qu'on a privilégié. On pourrait nous reprocher de pas avoir fait ce premier disque de façon live, mais ça s'est fait comme ça.
BB : On a d'ailleurs vendu les 1000 exemplaires du premier tirage de Father Of The Waters, et on a été nous-même surpris de l'accueil favorable qu'on a reçu. On a pas obligé les gens à acheter le disque, comme on les a pas obligé à nous applaudir non plus. Mais c'est vrai que depuis qu'on l'a sorti, on a des engagements, et l'aventure Swampini continue.

Propos recueillis par René Malines le 16 décembre 1999 chez Patrice "Big Boy" Vilatte

Lisez la suite de cet interview dans
Travel in Blues n° 33, parution février 2000.

Contact scène, ou pour acheter les disques de Swampini : Patrice Vilatte, 01 42 37 60 35

Discographie :

Father Of The Waters, autoproduit, 1997.
1958,autoproduit, 1999

Visitez Swampini sur http://www.chez.com/swampini

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Le disque "Blues Against Racism":

bonne musique et juste cause!

Date: Dimanche 9 Janvier 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>


"Blues Against Racism" est une compilation publiée par l'association "On A Faim!" et qui vise, vous l'aurez deviné, à dénoncer le racisme et la discrimination, d'où le célèbre discours "I Had A Dream" de Martin Luther King qui débute le disque. Pas moins de 17 artistes ou groupes (pour la plupart francophones) sont réunis dans ce CD, nous réservant de bien bonnes surprises.

Curieusement, le premier titre n'est pas un Blues, mais une ballade rock de Little Bob! Le titre "We All Have A Dream" colle toutefois parfaitement avec l'esprit de cet album. Quant au deuxième morceau (par les Juju Messengers), les 5 premières secondes laissent penser qu'on va entendre du blues, mais dés la sixième seconde on se rend compte que c'est du Rap! Et là, je trouve que ça passe mal... Dans le genre mélange des genres, le titre des Soul Finger au phrasé Rap, au rythme funky accompagnant piano et guitare acoustique est par contre une véritable trouvaille originale et intéressante.
Tout le reste du CD est excellent sans réserves.

Elmore D. nous plonge dans l'atmosphère d'un juke-joint enfumé à grands coups de slide accompagné magistralement au piano.
Roland Malines et son excellent picking nous offre une composition ("Le Blues Du Blanc") qui ravira les fans de Blues acoustique.
Tao Ravao, entre Mississippi et Afrique, joue un World Blues qui me fait penser au Slaweck de "Slavin' Blue"...
Cajun Express (qui nous rappelle par sa présence dans ce disque que les musiques cadienne et blues sont cousines, et que la ségrégation peut aussi être blanc/blanc) joue dans le plus pur respect du style des louisianais francophones.
Original Blues Mic Mac interprète un "Baby Please Don't Go" très réussi.
Puis vient une véritable surprise: Last Chance Jug Band, le groupe du musicologue David Evans, joue un blues très enlevé tout acoustique: guitares, jug, harmonica, kazoo et batterie.
The Blues Fellows rend hommage à Hound Dog Taylor dans le plus pur style chicagoïen, et Thibaut Chopin & Stan Noubard Pacha nous régalent d'un instrumental de l'harmoniciste George Smith.
Trashing Blues & R. Le Rouge nous font une compilation de 3 titres de Leadbelly, Bib Bill Broonzy et J.B. Lenoir. L'intro à la basse et slide est absolument géniale!
Puis c'est un plongeon dans le blues cuivré et chaud de l'après-guerre avec Guitar Crusher & Earthquake Blues Band et leur swing entraînant.
Les Rouquins nous joue un blues sensuel électrique avec une section de cuivres et une voix à l'accent bien de chez nous.
Lucy On Strike, trio allemand, interprète un titre de Ella Johnson: Lucy, accompagnée d'une guitare jouant un boogie imperturbable soutenu par un harmonica impeccable, chante "So Good".
Hommage à un Medicine Man indien qu'il a bien connu, Magic Buck (chant, guitare, harmonica, tambourin) nous livre ici un titre envoûtant et poignant extrait de son CD "Bootsompin' The Blues". (voir LGDG n° )
Le dernier titre , interprété par Spider X, est une version planante, presque psychédélique, de "Strange Fruit", la chanson ou Billie Holliday parle des fruits étranges qui poussaient dans le Sud des Etats-Unis: des hommes noirs lynchés...

Cette énumération succincte a juste pour but de vous montrer la grande variété de styles présents sur cet album dont la qualité est sans conteste. De plus, la cause défendue est des plus justes: rappeler que le blues est né dans un contexte social ségrégationniste et violent, et que le racisme, ici ou là-bas n'a pas disparu... Un seul regret: le livret qui accompagne le disque ne nous dit pas à quoi sont destinées les recettes de la vente de ce CD.

Réf du disque: On A Faim! Label, OAF D033, 1999

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Histoire du Blues:

naissance, fixation, diffusion

Ce texte a été réalisé par Philippe Sauret à l'occasion d'une soirée thématique organisée par Travel In Blues. Il a récemment été diffusé sur la liste LGDG@onelist.com (mailing-list associée à La Gazette de Greenwood: abonnez-vous!) et synthétise si bien l'histoire de la musique du diable que, avec l'accord de son auteur, il nous a semblé intéressant de le retranscrire intégralement dans La Gazette De Greenwood.


De: Philippe Sauret

Le Blues.
En anglais blues veut dire bleu. Il signifie également cafard, mal être, mal de vivre, sans doute d'après l'expression blue-devils, ces diables bleus qui, disaient on, provoquaient ces états. Après la guerre de sécession le blues désigne une musique, mais aussi un état d'esprit, une manière de vivre des noirs aux Etats-Unis, profondément lié à la ségrégation.

Techniquement, le Blues possède une structure de 12 mesures du type AAB, avec altération de certaines notes d'un demi-ton, ces altérations étant appelées blue notes. Cette définition austère est très incomplète. D'abord parce que le Blues favorise l'improvisation, l'interprète pouvant changer le rythme, la structure d'une chanson suivant sont humeur: on peut ainsi trouver des morceaux comprenant 8 ou 16 mesures. Ensuite, parce que c'est au départ une musique ethnique, le bluesman jouant un grand rôle au sein de la communauté afro-américain : il doit tout à la fois savoir chanter, composer, improviser, amuser, être virtuose de son instrument. Il est poète, chroniqueur de la vie quotidienne, mais également historien, puisqu'en récoltant des chansons traditionnels il devient gardien de la mémoire collective. Surtout, c'est un guérisseur: lorsqu'il joue, le bluesman extériorise ses peines, ses craintes, ses peurs, les exorcisants du même coup. Mais pour arriver à ce résultat, il faut à l'artiste un public réceptif, qui communique avec lui et le pousse au meilleur de lui-même.


La naissance.
Selon les ethnomusicologues, le Blues serait né vers la fin du XIXe siècle dans le delta du Mississippi. Delta est un terme impropre puisque ce n'est pas l'endroit où le Mississippi se jette dans le golfe du Mexique, mais la région à cheval sur les Etats du Mississippi, du Missouri de la Louisiane et de l'Arkansas ou de nombreuses rivières rejoignent le fleuve. Le Blues est né d'un mélange de cultures. La première qui prédomine est bien sur la culture africaine, notamment pour ce qui est des rythmes. Ce n'est pas un hasard si la batterie est seul instrument inventé par les noirs américains. Egalement présents dans le Blues les hollers ou arhoolies, ces chants a capella rythmant les travaux, ainsi que les Negros Spirituals et les Gospel Songs chantés dans les églises, lieux de réunions et de vie sociale.
A cette culture africaine s'ajoute la culture européenne. Durant l'esclavage les noirs sont en contact constant avec les maîtres blancs et avec leur musique. Le fait que de nombreux Etats sudistes fassent voter des race codes, ces lois interdisants aux esclaves de jouer de la musique de peur qu'ils ne communiquent entre eux et ne se révoltent, obligent les noirs à abandonner leurs instruments originels et à utiliser ceux des blancs : la guitare vient d'Espagne via le Mexique, le violon d'Angleterre, ce dernier plus tard supplanté par l'harmonica d'origine Allemande. Après la guerre de Sécession et la mise en place de la ségrégation, les rapports entre noirs et blancs continuent d'exister. Ainsi Jimmy Rodgers, un des pionnier de la Country Music, apprend-t-il la guitare auprès d'un noir. Inversement, le violoniste blanc Bob Wills influence des dizaines de musiciens noirs. II faut dire aussi que jusque vers la fin des années 30, les noirs qui ont la radio ne peuvent écouter dans leurs postes que des musiques blanches. WDIA, la première radio entièrement faite pour les noirs ne voit le jour qu'en 1938 à Memphis.
Autre influence sur le Blues, celle de la musique hawaiienne. Au début du siècle, les musiques venues des îles sont à la mode, symbolisant à la fois l'exotisme et le paradis. Nombres de musiciens hawaiiens effectuent ainsi des tournées dans le Sud des Etats-Unis, au sein de spectacles itinérants. Selon l'etnomusicologue Bob Brozman, par ailleurs excellent guitariste, se seraient eux qui auraient apporté aux bluesmen la technique du slide, méthode consistant à faire glisser le long du manche de la guitare un goulot de bouteille (bottleneck).
Dernière influence sur le Blues qu'on ne pense pas souvent à citer, les musiques indiennes. On sait malheureusement peu de choses sur elles, si ce n'est qu'elles ont certainement eu un rôle sur le rythme et la voix. Beaucoup d'indiens vivent dans le delta du Mississippi et se sont mélangés aux les noirs.


Fixation du Blues.
Lorsqu'on écoute les premiers enregistrements de Charley Patton en 1929, on s'aperçoit que son répertoire est très étendu. Outre des Blues on trouve aussi des thèmes traditionnels et des airs populaires. Au départ musique parmi d'autres, le Blues finit par s'imposer. Pour les spécialités, cela s'explique du fait de la ségrégation, obligeant les noirs à vivre dans des conditions très dures et les faisant choisir cette musique qui traduit bien leurs souffrances.
D'autre part, l'arrivée du disque contribue aussi à fixer cette musique. Lorsque Mamy Smith enregistre le premier Blues de l'histoire en 1920 le succès est immédiat. Des dizaines de compagnies, souvent indépendantes, partent dans le Sud pour trouver des artistes de talent. On assiste à la création des races records, ces disques destinés uniquement au public noir, avec un classement des meilleurs ventes séparé de celui des blancs. Les disques, 78 puis 45 tours obligent les musiciens à limiter la durée de leurs morceaux à 3 mn. D'autres part, leurs diffusions dans tous les Etats-Unis a pour effets d'atténuer les particularismes régionaux de cette musique.


La Diffusion.
Partant du delta du Mississippi, le blues c'est propagé au début du siècle grâce aux musiciens itinérants, suivant les grands courants migratoires des noirs vers le Sud, l'Ouest et le Nord, donnant lieu à des styles différents.
Au Texas le blues du Mississippi s'est enrichit d'influences hispaniques et notamment de la musique flamenco. C'est ce qui explique que les musiciens de cette région soient plus virtuoses que ceux du Mississippi, accordant en général plus d'importance à la mélodie qu'au rythme. Durant la seconde guerre mondiale beaucoup de musiciens texans partent sur la cote Ouest et apportent leur musique avec eux. Ce blues de la cote Ouest se distingue pourtant du blues texan par une influence supplémentaire : celle des grands orchestres de jazz des années 30. II se caractérise aussi par un son plus cool, due aux conditions de vie beaucoup moins dures. Avec la Louisiane, nous avons à faire à un cas particulier. Zone de carrefour, le Blues connaît des évolutions différentes suivant les endroits dans cet Etat. Ainsi, après la seconde guerre mondiale nait autour de Baton Rouge le swamp blues, mélange de blues texan et de blues du Mississippi, mais qui possède une identité propre. Autour de Lafayette, le Blues entre en contact avec la culture française : il en résulte le Zydeco, musique jouée à l'accordéon et souvent chantée en français ! Enfin à la Nouvelle Orléans, le Blues se mélange avec le jazz de cette ville, mais aussi avec les rythmes latino du golfe du Mexique tout proche.
Sur la cote Est des Etats-Unis le blues connaît encore une évolution différente. C'est une musique plus douce, plus virtuose, très influencée par le ragtime. Selon les ethnomusicologues, cette évolution s'explique peut-être par une ségrégation moins dure dans cette région, donnant une musique plus douce.
Enfin, sur la route qui mène dans le nord deux villes méritent une attention particulière. Memphis est la première étape pour les noirs désirant se rendre plus au Nord. Avant la seconde guerre mondiale sa scène musicale est essentiellement occupée par des orchestres de rues (string bands, jug bands). Apres 1945 les goûts du public évoluent vers une musique plus dure avec suramplification des instruments.
Chicago est l'un des buts final de cette migration vers le Nord. Avant 1945, s'y développe un blues urbain très sophistiqué, appelé Bluebird Sound. Puis à partir des 50 une musique plus dure voit le jour, du fait que beaucoup des musiciens qui jouaient à Memphis ont migré à Chicago. Selon les contextes et suivant les influences rencontrées, le blues a connu des transformations divers. Il n'y a donc pas un mais des blues. C'est cette diversité qui toute fait la richesse de cette musique, et le fait qu'elle ait influencée toutes les autres musiques du XX e siècle.


Philippe Sauret


Rien ne peut remplacer le rapport direct avec la musique. C'est pourquoi cette discographie, bien qu'incomplète, a pour but de proposer un artiste représentatif pour chaque style de blues décrit dans cet article .

Blues du Delta: Charley Patton, founder of the Delta Blues, Yazoo ; Robert Johnson, The Complete Recordings, Columbia

Texas: Blind Lemon Jefferson, Verve ; Lightnin' Hopkins, How Many More Years I Got, Fantasy

Cote Ouest: Lowell Fulsom, San Francisco Blues, Black Lion ; T. Bone Walker, T. Bone Blues, Atlantic

Louisiane: Lightnin' Slim, It's Mighty Crazy, Ace ; Clifton Chenier, I'm Here, Alligator ; Professor Longhair, Crawfish Fiesta, Alligator

Cote Est: Gary Davis, Harlem Street Singer, Prestige ; Sonny Terry, Whoopin' the Blues, Capitol

Memphis : The Memphis Jug Band, Yazoo ; Howlin' Wolf, Memphis Days, Bear Family

Chicago : Big Bill Broonzy, Big Bill's Blues, Portrait ; Muddy Waters, The Chess Years, Vogue

Bibliographie:
Gerard Herzhaft, Le Blues, P.U.F., Que Sais-Je ?
Gerard Herzhaft, l'Encyclopedie du Blues, Seghers.
Giles Oakley, The Devil's Music, B.B.C.
Soul Bag n° 130 à 133.

Philippe Sauret

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Bands Of Dixie:

le Magazine des passionnés

de Rock Sudiste

Date: Samedi 15 Janvier 2000

De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>


je me demandais si il y avait plus borné qu'un fan de blues du Delta, et bien oui, j'ai trouvé: un fan de rock sudiste! Arf non, je déconne, car tout le monde sait qu'un amateur de blues du Delta est quelqu'un de très ouvert, très tolérant, à l'écoute de toutes les musiques... puisque toutes les bonnes musiques descendent du blues du Delta et des régions avoisinantes!
Bon, c'est donc une boutade pour vous signaler que je suis rentré en contact avec les habitants d'une planète voisine de la notre: "
Bands Of Dixie", journal consacré au rock du Sud des Etats-Unis. Philippe Archambeau, un des rédacteurs de ce bi-mensuel, m'a contacté par E-mail et m'a envoyé le numéro de Janvier-Février 2000. 28 pages d'articles, d'interviews et de chroniques de disques. En couverture: les Zizis Tops, avec ce titre en forme de question, "Z.Z. Top: techno-blues? ". L'équipe de Bands Of Dixie donne son avis sur l'évolution musicale de ce groupe mythique, sous forme de débat digne du " B.B. King joue-t'il du Blues? " qui a animé LGDG il y a 2 mois (n°14)! Il y a également une page " The Blue Note " consacrée à la musique bleue, avec notamment les chroniques des disques de Tino Gonzales et Anders Osborne. A noter un interview très intéressant de George McCorkle (ex-guitariste du Marshal Tucker Band) où on apprend qu'il écoute aujourd'hui Keb'Mo et B.B. King entre autres. Vous voyez: le blues est partout!
En tout cas, ce journal intéressera les Greenwoodiens qui aiment le rock sudiste (j'ai des noms: voir l'article " Rock Sudiste et Blues " paru dans
LGDG n°11 de Septembre 99) et veulent être informés de l'actualité de ce genre musical peut-être encore plus ignoré par les " médias " nationaux que le blues.
Un journal réalisé par des passionnés qui veulent partager leur passion, une présentation et mise en page quasi professionnelle: c'est du beau boulot! Tout comme leur site internet
http://perso.club-internet.fr/archibir/ .

contact"Bands Of Dixie": 05.46.27.31.49 , archibir@club-internet.fr ou demeslay@compuserve.com

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Qui a volé la guitare de Robert Johnson?

Date: Dimanche 23 Janvier 2000
De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr>

A La Gazette De Greenwood, on connaît les bonnes ficelles du marketing. Ainsi, ce titre accrocheur est-il un petit chef d'oeuvre de la marketerie, puisqu'il aura certainement pour effet d'attirer les foules avides de Savoir. Et c'est là qu'est tout le génie de notre webzine: cet article ne donnera pas la réponse!


D'abord, quelle guitare?


Sur la seule photo certifiée de Robert Johnson avec une guitare, on reconnaît sans problème qu'il s'agit d'une Gibson. Plus précisément, il s'agit d'une Gibson L-1. Ce n'est donc pas une boîte à cigares bricolée, ni une guitare bon marché (même si le prix des Gibson n'atteignait pas les sommets actuels), ce qui prouve en passant que le succès naissant de Johnson lui avait permis de s'offrir une belle guitare.

une Gibson L-1



Alors, qu'est devenue cette guitare?

Une certaine Mary Johnson a raconté en 1941 à Alan Lomax qu'elle avait recueilli les dernières paroles de son fils agonisant au 107 Young Street (Greenwood, Mississippi): "Maman! Je n'attendais que toi. Tiens, prends cette guitare et accroche-la au mur, j'en ai fini avec tout ça. C'est elle qui m'a foutu en l'air, maman. T'avais raison, c'est l'instrument du Diable et je n'en veux plus."
Cette histoire est bien sûr complètement fausse, et ce dés la base puisque Mary Johnson n'est absolument pas la mère de Robert Johnson! Cette anecdote montre toutefois que la légende de Robert Johnson était déjà assez répandue pour que des inconnu(e)s essaient de tirer partie d'une relation inventée de toute pièce. Mais Robert Johnson lui-même était coutumier du fait, puisqu'il se faisait parfois passé pour Lonnie Johnson, bluesman beaucoup plus célèbre que lui à l'époque!

On sait depuis que la mère de Johnson était Julia Ann Major qui habitait alors Memphis et n'apprit la mort tragique de son fils que plusieurs jours après, par téléphone... Apprenant cela, elle a envoyé son petit-fils Louis Thompson chercher le seul bien de Robert, sa guitare, pour qu'il la ramène et la donne au frère du bluesman: Charles Leroy Johnson, lui-même joueur de blues dont nous n'avons malheureusement aucun enregistrement. Il existerait une photo (détenue par Mack McCormick) de Charles Leroy tenant entre ses mains la guitare de son frère. Peut-être en aura-t'on la preuve le jour tant attendu où McCormick se décidera enfin à publier da mystérieuse "biographie d'un fantôme", fruit de l'enquête interminable qu'il mène sur Robert Johnson.
La guitare a ensuite disparu, jusqu'à ce qu'en 1940 Robert Jr Lockwood qui jouait dans Handy Park à Memphis rencontre un inconnu qui l'invite chez lui pour voir quelque chose qui devait l'intéresser. C'était la guitare de Robert Johnson! Robert Jr en joua un long moment et la rendit à l'inconnu, et il ne les revit jamais... ni l'homme ni la guitare.

Ce ne fut qu'au début des années 1990 que réapparut la guitare de Robert Johnson, entre les mains du guitariste du célèbre groupe "Coyote Springs"....
Murmure de la foule: "ouaouh... qu'est-ce qu'ils racontent dans la Gazette de Greenwood???"
La Gazette de Greenwood: "Si... c'est vrai, on l'a lu dans le livre Indian Blues de Sherman Alexie".
D'ailleurs ce roman nous dévoile toute la vérité: Robert Johnson n'est pas mort!
Voulant rompre son contrat avec le diable (l'échange de son âme contre le don de la guitare) il a seulement simulé sa mort et s'est enfui sous un faux nom. †a c'est un scoop! Pour couper tout lien avec le fameux pacte, il a brûlé son instrument. Mais la guitare est réapparue. Alors il l'a enterrée, noyée, abandonnée, mais à chaque fois elle réapparaissait et continuait à lui rappeler qu'on ne déchire pas ainsi un contrat avec le Diable. Errant pendant des années, toujours hanté, le seul moyen de se débarrasser de la guitare fut de le donner à un indien un peu paumé qui rêvait de devenir une star du rock'n'roll. L'instrument causera la perte des Coyote Springs, et on sait aujourd'hui que Robert Johnson coule des jours heureux chez une vieille indienne qui l'a désensorcelé en lui offrant un harmonica taillé dans du cèdre.
En tout cas, méfiez-vous si un jour on vous propose de jouer sur "LA" guitare de Robert Johnson: elle brûle les mains, et vous risquez d'y perdre votre âme.

Bibliographie:
La Route du Blues (David Ausseil, Charles-Henry Contamine, 1995)
Searching For Robert Johnson (Peter Guralnik, 1990, 1998)
Indian Blues (Sherman Alexie, 1995,1999)

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info blues, Le Blues est partout:

Doo The Doo au pays merveilleux de Disney

et Slawek au Pôle Sud!


De: Renard Malines <Renemalin@aol.com> Samedi 29 janvier 2000

J'ai vu
Doo The Doo hier au Disney Village. Ils espèrent sortir le prochain album studio à la rentrée mais ne sont sûrs de rien. Peut-être qu'ils ne sortiront pas le live mais mettront quelques titres en bonus sur le studio. Tout ça n'est pas encore décidé. En tous cas, le bassiste chante vraiment très bien. Il n'avait pas chanté la dernière fois que je les avais vus. Très bonne surprise. ça laisse présager de grands moments avec Bononoz, le trio basse-batterie-Zeb. Les nouveaux morceaux sont excellents, avec parfois de nouvelles orientations, plus modernes sur certains titres. L'apport de Zeb est fabuleux, et les frères Jazz sont fidèles à eux-mêmes, ils ont pratiquement inventé le style "rentre-dedans avec aisance". Sérieusement, pour moi, il y a 3 groupes de rockin'blues exceptionnels : Les Fabulous Thunderbirds (surtout la période Jimmy Vaughan), les Radio Kings (qui n'existent plus; quand je le leur ai dit, on aurait pu croire que je leur annonçait la mort de B.B.King !) et DOO THE DOO !
En résumé, cinq excellents musiciens dont trois très bons chanteurs, j'ai passé une super soirée. Ah zut, ça c'est Foucault, je confond avec Boyer.


De: Uncle Lee <latailla@club-internet.fr> Samedi 29 janvier 2000

hier soir, j'ai donc été voir
Slawek pour un "méga"concert (c'est à dire, à l'échelle du blues français: 300 personnes quand même) où notre polonais a sorti le grand jeu pour interpréter lestitres de ses 2 albums: batterie, basse, clavier, trombone, trompette, saxo, harmonicas (au pluriel car il y en avait 3, qui ont même joué desmorceaux ensemble!), choeur (au singulier, féminin), et bien sur guitare slawekienne.
Dans un centre culturel (le centre "Pôle Sud" de Chatres-de-Bretagne, près de Rennes, qui hier soir était victime de l'effet de serre), Slawek m'a (encore une fois) enchanté, avec son jeu époustouflant, ses compositions originales et son sens de l'humour. J'ai bien aimé la prise de son, mettant la guitare au même niveau que les autres instruments, la section rythmique très en avant, traduisant sans doute la volonté de Slawek de jouer en groupe et de laisser chaque instrumentiste s'exprimer pleinement. Un grand moment d'émotion (musicale) fut le poignant "Bretagne Blues". Le rythme du concert fut soutenu, avec un break acoustique: là il faut assurer, seul à la guitare 12 cordes accompagné d'un seul baton de pluie et de, quand même, une talentueuse chanteuse (Caren Lorgeet). Pareil pour un envoûtant "Every Day I Got The Blues" à la sauce Slawek soutenu des seules basse et batterie. Puis revient la déferlante de cuivres et d'harmonicas pour des titres toujours plus endiablés.
Un autre grand moment du concert fut l'instant où Slawek reçut un cadeau qu'il s'empressa d'étrenner: une superbe guitare électrique au corps tout en métal et au superbe son qui va très bien au jeu de Slawek. Les luthiers "C&L" étaient là pour lui remettre l'objet, et ils ont dû
apprécier de voir le fruit de leur labeur entre de si bonnes mains!
Une des plus fidèles groupies de Slawek était présente puisque, lorsque le guitariste passa entre les rangs des spectateurs tout en jouant un
solo, un vibrant "Papa!" retentit dans la salle!

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