La Gazette de GREENWOOD
n°31 (Mai 2001)

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Festival des musiques douces - amères
Musique en larmes

Date: 30 Avril 2001
De: Georges Lemaire <g.lemaire@swing.be>
(photos de l'auteur)

Organisé à l'initiative de Michel Demeuldre, chargé de cours à l'Université Libre de Bruxelles, le colloque "Délectations moroses - Musiques et sociétés" s'est déroulé à l'Espace Senghor (Bruxelles) les 29, 30 et 31 mars 2001.
De nombreux spécialistes se sont succédé et ont présenté un vaste panorama de la nostalgie dans les musiques de pays très divers : Portugal (fado), Finlande (tango finlandais), Grèce (rebetiko), Roumanie, Iran, Corée, Ethiopie, Mexique, …

Venu spécialement des Etats-Unis, David Evans a présenté le blues du Sud profond. Professeur de musique à la Memphis State University, la réputation de David Evans en matière de blues d'avant-guerre n'est plus à faire. Un de ses livres, "Big Road Blues", fait autorité en la matière. Guitariste et chanteur, il a enregistré avec son groupe, The Last Chance Jug Band, un excellent CD intitulé Shake that Thing (Inside Memphis, ISC - 0501, 1997).

Le Chant du Chagrin de l'Opprimé

ORIGINE DU BLUES, INDIVIDUALISME ET SOLITUDE

Compte-rendu de la Conférence de David Evans
(traduction de Georges Lemaire)

On admet généralement que le blues est apparu comme une nouvelle sorte de musique populaire parmi les Afro-Américains du Sud des Etats-Unis entre 1890 et 1910. Cette musique nouvelle acquit le nom de blues à la fin de ces deux décennies et prit son identité dans le monde de la musique populaire. Elle apporta de nouvelles caractéristiques à la musique américaine (les blue notes, les couplets de trois vers AAB, l'instrument qui répond à la voix,…). Mais le blues a aussi introduit un renouveau en ce qui concerne les paroles (le sérieux des propos tenus, la description de l'amour à l'aide de détails, encore jamais entendus dans les chansons populaires, concernant l'activité sexuelle et autres émotions puissantes. Le blues pouvait explorer la haine, le thème de la mort (mort de l'artiste, mort d'autrui), les états d'âme du chanteur, la chance, la magie, la sorcellerie, l'oppression, le voyage et le désir de vagabondage. Etats psychologiques que nous appellerions actuellement dépression. En fait, le terme blues était déjà utilisé depuis trois siècles pour identifier un état dépressif et mélancolique. Une des grandes fonctions sociales du blues est d'identifier, de célébrer, de dramatiser et, par là, au moins temporairement, d'exorciser la dépression. Toute la joie parfois évoquée dans le blues est évidemment étroitement liée à ce processus de dramatisation et d'exorcisation.

Le blues est une forme d'expression idéalisée et extrêmement personnelle. Mais toutes les paroles de blues ne sont pas nécessairement autobiographiques : beaucoup de chanteurs ont appris les textes d'autres artistes ou composent leurs textes sur la base d'événements qu'ils n'ont fait qu'observer ou à partir de situations entièrement fictives. D'autre part, une situation réellement vécue par le chanteur est transformée pour obtenir un effet dramatique qui touchera davantage le public.

Néanmoins, lors d'une représentation, l'assistance n'a pas l'impression que le chanteur parle d'une autre personne. Les textes sont supposés représenter les sentiments, les actes et la situation de l'artiste au moment même où il chante (ou, à la rigueur, dans un passé ou un futur assez proche). Le public doit croire que le chanteur (ou la chanteuse) évoque sa propre expérience. Cette expression verbale du blues, très personnelle, est renforcée par le déplacement d'accentuation du texte, ce qui crée des effets de syncope. Le chanteur utilise en outre une grande variété de registres et sa voix est généralement très chargée d'émotions. Tout ce qui précède donne l'impression que l'artiste est en contrôle direct avec ce qu'il chante et qu'il n'interprète pas simplement une mélodie composée et standardisée.

L'individualisme a aussi été, à des degrés divers, la caractéristique d'autres nouveaux styles de musiques qui se sont développés entre 1890 et 1910 (époque de grande créativité dans la musique afro-américaine). En même temps que le blues sont apparus le ragtime, le jazz et le gospel. A l'inverse des anciens spirituals qui répondaient aux angoisses de la communauté, les gospels s'adressaient aux besoins individuels : chacun était personnellement sauvé par Jésus.Un des premiers gospels populaires (Ask God to Stand by Me) a été composé par Thomas A. Dorsey, un ancien compositeur de blues et de jazz.

L'expression personnelle de la dépression et du découragement étant accentuée dans le blues, il n'est pas étonnant que les thèmes de prédilection aient été l'isolement et la solitude.

Dans son exposé, David EVANS va illustrer ces thèmes par les textes de six chanteurs de blues, en activité au tout début du XXème siècle. Ces thèmes, dit-il, sont fondamentaux si l'on veut comprendre la signification du blues, ses origines sociales et psychologiques. Il va également mettre ces thèmes en relation avec la vie et la personnalité des chanteurs, avec l'histoire des Américains et des Afro-Américains entre 1890 et 1910, histoire qui s'est perpétuée durant une bonne partie du XXème siècle.

Ces six chanteurs sont nés entre 1874 et 1909. David EVANS a connu personnellement quatre d'entre eux. Tous s'accompagnent à la guitare (excepté un, qui jouait du banjo, mais avec un style proche de celui de la guitare). Ils jouent tous en solo : l'artiste qui chante seul, accompagné de sa guitare, est la première image que nous fait voir l'histoire du blues. Et c'est probablement ainsi que le blues a débuté. Des observateurs (W.C. Handy, Howard W. Odum, Gates Thomas, …) ont remarqué la prédominance de bluesmen solitaires au tout début du siècle, dans des endroits aussi éloignés l'un de l'autre que le Mississippi, la Georgie et le Texas.

1. Henry THOMAS :

Né au Texas en 1874, il appartient à la première génération de chanteurs de blues. Son répertoire va du blues aux ballades et aux ragtimes. Les rares informations que nous possédons indiquent qu'il a reçu une assez bonne éducation. Cependant, il haïssait le vie à la ferme et, très jeune, il prit la route pour débuter une carrière de musicien et d'ouvrier itinérant. C'est en 1928 qu'il enregistra Texas Worried Blues.

I've got the worried blues. God, I'm feeling bad.
I've got no one to tell my troubles to.
You can box me up and send me to my ma.
If my ma don't want me, send me to my pa.
If my pa don't want me, send me to my girl.
If my girl don't want me, cast me in the sea.
So, the fish and the whale make a fuss all over me.
I'm gonna build me a heaven of my own.
David Evans, 2001 (photo Georges Lemaire)
David Evans

Le texte débute par des images de dépression et d'isolement. Henry Thomas aborde ensuite le thème de sa propre mort. Il est apparemment rejeté par sa mère, par son père et par sa femme (ou sa petite amie). Tous rejettent même son cadavre ! Celui-ci aboutira finalement dans la mer en compagnie des poissons et des baleines, loin de toute société humaine. C'est seulement après la mort qu'il réintègre la société, dans un paradis qu'il doit se construire lui-même.

2. Gus CANNON :

Né en 1883 dans le Nord du Mississippi, il est également devenu, très jeune, un musicien et un travailleur itinérant dans le Mississippi et est remonté progressivement vers Memphis à l'époque de la Ière guerre mondiale. Son instrument était le banjo et il était à la tête d'un jug band, The Jug Stompers. En 1927, il enregistra plusieurs morceaux, accompagné seulement de son banjo et d'une guitare. L'un de ces morceaux était Poor Boy a long Ways from Home, une des plus anciennes versions de blues traditionnel, un titre interprété et enregistré par de nombreux artistes, introduisant la technique de la slide guitar.

I'm a poor boy a long ways from home.
I got arrested, no money to buy my fine.
I guess I'll have to catch the Frisco* out of this land.
If that don't do, I'm gonna try the woods a while.

Tell her to send me a little money, Lord, to buy my fine.
She cries the bucket's got a hole and won't hold no beer.

Gus Cannon combine deux représentations de l'isolement : celle du voyageur loin de chez lui et celle du prisonnier reclus dans sa cellule, probablement arrêté pour vagabondage. Il propose plusieurs solutions au problème, aucune n'étant satisfaisante. Une des solutions est d'attraper un train (*The Frisco train) et de sortir du pays. Une autre est de vivre dans les bois, comme un animal. Une troisième solution est de téléphoner à sa femme (long distance call) et de lui demander un peu d'argent pour payer l'amende. Dans une métaphore frappante, celle d'un seau qui ne peut contenir de la bière, elle répond qu'elle non plus n'a pas d'argent.

3. Blind Lemon JEFFERSON :

Né au Texas en 1893, il fut l'archétype du chanteur de blues. La popularité de ses premiers enregistrements commerciaux (en 1926) a favorisé, dans les années qui suivirent, l'enregistrement de beaucoup d'autres chanteurs qui s'accompagnaient à la guitare. Il incarna l'image du chanteur de rue aveugle, un rôle qu'il avait tenu vingt ans avant l'enregistrement de One Dime Blues, en 1927.

David Evans, 2001 (photo Georges Lemaire)
David Evans
I'm broke and I haven't got a dime.
Everybody gets in hard luck sometimes.
I was standing on East Cairo street one day.
One dime was all I had.
Trying to be a sporting lad.

Ici, Jefferson présente une image de lui-même, seul, au coin d'une rue avec seulement dix cents en poche. Il les dépense en achetant un journal et un cigare, en prétendant qu'il est un chic type. C'est une victime de la mauvaise fortune. Comme Gus Cannon, Jefferson rend la pauvreté responsable de sa mélancolie, de son blues.

4. Rubin LACY :

Né dans le Mississippi en 1901, il joua à Jackson et dans le Delta pendant les années 20. En 1928, il enregistra Ham Hound Gravy (publié sous le titre de Ham Hound Crave).

When you think I'm loving you, I'm leaving all the time.
I ain't got nobody, I'm here all by myself.
Let me be your sometimes now till your always comes.
I'll do more for you than you've always ever done.

Lacy présente ici l'image d'un homme qui est isolé mentalement et physiquement. Il offre à une femme d'être un ami de passage.

5. Jack OWENS :

Né en 1904 dans le Mississippi, il passa presque toute sa vie de bluesman local et de guitariste à Bentonia, sa ville natale. En 1971, il a enregistré Train Time à la slide guitar (knife style), accompagné par Bud Spires à l'harmonica.

I'm tired, baby, I'm tired, sleeping in this big bed by myself.
Lord, I want to go home, baby, but I ain't got sufficient clothes
Lord, it's train time here, Lord, I thought I heard a blow.
But Lord, I love my baby, tell the world I do.
Sometimes I believe my baby loves me too.

Ici, la solitude du chanteur présente trois aspects : Il n'a pas de partenaire sexuel dans son grand lit, il est loin de chez lui et est trop pauvre pour se permettre de rentrer. A la fin, Owens présente une image ambiguë de l'amour. En effet, il n'est pas certain que sa femme l'aime.

Jack Owens a avoué à David Evans que son blues provenait de son expérience de la solitude quand il travaillait dans les champs. Il chantait en plein air et, rentré chez lui, il prenait sa guitare, assemblait le chant et la musique et il avait composé un blues. C'était toujours la façon dont il s'y prenait.

6. Bukka WHITE :

Né en 1909, il a mené une vie vagabonde dans le Nord du Mississippi et a effectué ses premiers enregistrements à Memphis en 1930. Il a poursuivi sa vie de musicien itinérant et, à la fin des années 30, a été emprisonné pour meurtre au pénitencier d'Etat du Mississippi. A sa libération, en 1940, il enregistra Sleepy Man Blues.

When a man gets trouble in mind, he wanna sleep all the time.
When a man gets trouble in mind, he wanna sleep all the time.
He doesn't can sleep all the time, the trouble won't worry his mind.
Won't worry his mind.

I'm feelin' worried in mind, and I'm tryin' to keep from cryin'
I'm feelin' worried in mind, and I'm tryin' to keep from cryin'
I am standin' in the sunshine, to keep from weakenin' down
Keep from weakenin' down.

I want somewhere to go, but I hate to go to town
I want somewhere to go, to satisfy my mind
I would go to town, but I hate to stand around
Hate to stand around.

I wonder what's the matter with my right mind, my mind keep me sleepin' all the time
I wonder what's the matter with my right mind, my mind keep me sleepin' all the time
But when I had plenty money, my friend would come around
Would come around.

If I had my right mind, I would write my women a few lines
If I had my right mind, I would write my women a few lines
I will do most anything, to keep from weakenin' down
Keep from weakenin' down.
David Evans, 2001 (photo Georges Lemaire)
David Evans

Dans ce blues, nous rencontrons un symptôme classique de la mélancolie : la sensation de tracas et de solitude liée au désir de dormir tout le temps. Le chanteur cherche des réponses et rend son manque d'argent responsable de sa condition. En 1964, David Evans a interviewé Bukka White au sujet de ce blues. Il lui a répondu qu'à cette époque, il était très tracassé. Il voulait que certains projets se réalisent et il n'y arrivait pas. Il a alors composé ce texte et il s'est senti mieux.

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A travers ces exemples, David Evans nous a fait appréhender le blues en tant que sensation, isolement mental, travail solitaire dans les champs derrière une mule, pauvreté et emprisonnement. Ces conditions affectèrent les Afro-Américains au cours de cette période (1890 - 1910) et ont prévalu pendant les deux premiers tiers du XXème siècle.

En outre, certains facteurs ont encore renforcé cette situation :

  1. Après la guerre civile, en 1865, beaucoup d'anciens esclaves ont quitté leur plantation et se sont établis à leur compte. Mais les grandes fluctuations dans le prix des récoltes, les inondations, le charançon qui a dévasté l'économie du coton au début du siècle, tous ces désastres ont été ressentis plus durement par la communauté afro-américaine qui était déjà la moins favorisée.
  2. La migration pour trouver du travail. Certains devinrent soldats ou marins, à la recherche d'aventures, d'autres furent employés dans des mines, furent embauchés pour la construction de digues et de routes, souvent loin de leur domicile. D'autres encore devinrent des ouvriers agricoles itinérants, des cheminots ou des amuseurs ambulants. Le travail en usine dans les villes du Nord et du Sud a été également très prisé. L'oppression raciale a été, très souvent, un facteur déterminant pour la migration.
  3. De nouvelles communautés qui ne pouvaient être que temporaires s'établirent et ne purent développer que très peu de structures internes. Il était pratiquement impossible d'établir de solides structures communautaires parmi des travailleurs qui ne restaient que quelques mois en fonction. Tous ces emplois, ainsi que les métairies étaient sous le contrôle direct des Blancs qui regardaient d'un œil suspicieux le développement de communautés noires.
    Dans ces circonstances, à la fin du XIXème siècle, les institutions les plus importantes pour les Noirs ont été la famille au sens large et l'Eglise. Les institutions politiques, économiques et éducatives existaient, mais étaient constamment menacées par les Blancs.
  4. Le manque d'appui des Blancs et leurs menaces à l'encontre des institutions politiques, économiques, éducatives et sociales des Noirs étaient renforcées par la menace ultime du lynchage qui a atteint des sommets au cours des années 1890. Les Blancs du Sud qui avaient perdu la guerre civile étaient déterminés à ce que les Noirs n'aient aucun pouvoir politique et à ce qu'ils n'obtiennent aucune égalité sociale ou économique. Les Noirs étaient tourmentés. Les écoles, les églises, les commerces étaient souvent détruits et les étrangers itinérants arrêtés pour vagabondage. La population des pénitenciers enfla et beaucoup de camps de travail constitués pour l'édification de digues ou de chemins de fer devinrent des endroits peu recommandables où la vie avait peu de valeur.
    Les institutions de ségrégation et d'oppression contre les Noirs étaient parfaitement constituées dans les années 1890.
  5. La révolution industrielle a vu l'ascension de la compétitivité, du capitalisme et de la survie du plus adapté. Beaucoup de Noirs n'avaient pas l'occasion d'acquérir de telles valeurs et ils ont été obligés d'adopter d'autres modèles plus individuels qui offraient la possibilité de réussites éphémères mais non de succès durables comparables au rêve américain qui pouvait être atteint même par les Blancs les plus défavorisés.
    Le blues naquit dans ce contexte idéologique et social dans lequel la communauté afro-américaine était limitée à l'individu dont l'idéal correspondait à l'idéal d'un autre individu de sexe opposé.

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David Evans, 2001 (photo Georges Lemaire)

Finalement, que sont devenus ces bluesmen qui chantaient la solitude ? Ont-ils survécu à cet environnement ?

On connaît peu de choses de la vie de Henry Thomas qui avait déjà 56 ans lorsqu'il enregistra Texas worried blues. On pense l'avoir aperçu 21 ans plus tard (en 1949), jouant dans une gare, attendant de sauter dans le prochain train.

Dans les années 50, Gus Cannon continuait de jouer à Memphis pour un peu d'argent. Il gagnait sa vie en tondant des pelouses. Il vivait dans un appartement de célibataire quand il a été redécouvert en 1956. David Evans l'a rencontré en 1979. Il vivait encore seul, se souvenait du bon vieux temps et jouait encore un peu de banjo. Il se nourrissait principalement de bière et est mort l'année suivante, à l'âge de 97 ans.

Blind Lemon Jefferson a eu quatre années de succès spectaculaires (disques, tournées), de 1926 à 1929. Il ingurgitait de grandes quantités d'alcool et avait beaucoup de femmes qui l'aidaient à dépenser son argent. Il mourut cependant en solitaire, à la fin de l'année 1929. A Chicago, en essayant de regagner son appartement, déjà isolé par le fait qu'il était aveugle, il mourut de froid au cours d'une tempête de neige.

Rubin Lacy devint un prêcheur baptiste quelques années après son enregistrement de Ham Hound Crave. Il trouva la paix auprès de Dieu et se maria en 1966. Son état de prêcheur l'amena à une autre sorte de solitude, loin de son Mississippi natal. Même en étant prêcheur, il avouait avoir parfois le blues, d'avantage même que lorsqu'il chantait. Il mourut dans les années 70.

Jack Owens n'était pas un voyageur, comme les autres musiciens. Il passa toute sa vie d'artiste dans les environs de Bentonia (Mississippi). Il se maria en 1966 mais il n'eut pas d'enfants. Après la mort de sa femme, Jack continua à vivre seul, donnant des concerts devant sa maison pour les visiteurs. Il mourut à l'âge de 93 ans, en 1997.

Bukka White vivait seul, à Memphis, dans un petit appartement de célibataire. Sa carrière était en plein déclin quand il fut redécouvert en 1963. Il se produisit alors à travers tous les Etats-Unis et à l'étranger, continuant à vivre seul. Il mourut en 1977, à l'âge de 66 ans.

**********

Tous ces artistes, chacun à leur façon, ont chanté le blues pour survivre à leur isolement. Le blues n'a pas résolu leur problème de solitude, mais leur a permis non seulement de survivre avec plus ou moins de succès, mais encore d'atteindre et de toucher ceux qui avaient ressenti des expériences similaires.

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En soirée, David Evans, seul sur scène, a offert un concert remarquable. Il débuta par Matchbox Blues de Blind Lemon Jefferson. Vinrent ensuite Highway 51 et Catfish Blues. Pour suivre, il interpréta Candy Man de Babe Stovall, Kindhearted Woman Blues, le premier titre enregistré par Robert Johnson et Big Road Blues de Tommy Johnson. Il enfila son bottleneck pour jouer les derniers titres : Poor Boy a long Ways from Home, Walking Blues de Son House, Shake 'em on down et termina par un spiritual song, You gotta Walk that Lonesome Valley.

Il va sans dire que le succès était au rendez-vous : tous les CD's qu'il avait apportés furent vendus en un rien de temps.

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Jeff Toto Blues
12 Mesures Qui Swinguent Au Bout De Ses Doigts…

Date: 8 Avril 2001
De: Uncle Lee <stagolee@club-internet.fr>

Jeff Toto Blues

Le disque de Jeff Toto Blues commence par un pur twelve-bars de Chicago, du genre même qui met tous les amateurs d'accord ! C'est un " Hymne au Blues " qui annonce la couleur : Jean-François Thomas (aka Jeff Toto) chante en français et " prend le blues par la racine " pour nous offrir ici un superbe disque de chansons blues.

Je dis " chansons " car ce qui frappe dés la première écoute, ce sont les textes intelligibles et intelligents. Jeff a des choses à dire, et il les chante avec talent, jouant avec les mots et les rimes de manière simple et poétique. Voix grave et rocailleuse… impossible de ne pas faire le rapprochement avec Patrick Verbeke… Mais après tout, il n'y a pas de copyrigtht sur les voix " graves et rocailleuses " !

Assurant le chant et la guitare, Jeff Thomas est accompagné par Eric Orsoni (basse), Didier Hamot (batterie) et Stéphane Espinasse (harmonica), formant un groupe soudé qui, depuis maintenant quatre ans, tourne énormément en Lozère et en Auvergne (on les a vu notamment assurer les premières parties de Patrick Verbeke et Tommy Castro).

Musicalement, Jeff Toto ne prétend pas révolutionner le blues (c'est lui qui le dit !) et il balaye un large éventail de genres : Chicago, Soul, blues-rock, funk… et reggae (et là on pense bien sûr à un deuxième géant du blues en France : Bill Deraime). Pas de révolution, certes, mais le groupe est très cohérent et maîtrise parfaitement son sujet… bref de quoi faire un excellent disque et garantir une ambiance soutenue en concert !

A découvrir vite sur le site www.multimania.com/jefftotoblues/ , avec des extraits audio et la possibilité de commander le CD, et en lisant l' e-interview ci-dessous !

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E-interview de Jeff Toto
L' Histoire (Blues) de Toto

Date: 6 Avril 2001
De: Uncle Lee <stagolee@club-internet.fr>

" Hymne au Blues "… tout un programme ! C'est sur un rythme très chicagoïen que Jeff Toto nous dévoile, derrière les mots de cette chanson, ce que représente le blues pour lui. LA Gazette de Greenwood n'a pas hésité à interroger Jeff Toto, pour une explication de texte…

J'ai découvert y'a quelque temps cette musique qui m'empoisonne
C'est un album vieux de 60 ans qui m'a fait découvrir JOHNSON
Aujourd'hui plus rien n'est pareil, ma vie d'un coup a basculé
Ma guitare longtemps en sommeil s'est mise soudain à vibrer
Jeff Toto Blues

LGDG : Peux-tu nous en dire un peu plus sur ta découverte du blues?

JT : Après avoir joué dans différents groupes de rock (Vent d'Est, Bain de minuit, Eclipse,..) j'ai découvert le blues, il y a bientôt 10 ans (je suis né en 1960) par l'intermédiaire d'un animateur en colonie. Etant professeur, je profitais à l'époque de mes vacances pour faire des centres de vacances en tant que directeur et un jour un animateur m'a fait découvrir Stevie Ray Vaughan et ça a été le choc. Le même choc qu'à 18 ans, toujours en colonie quand j'ai appris mes trois premiers accords de blues pour jouer sweet home Alabama. Tout ce que je faisais avant en bal (rock, pop,.) je l'ai complètement abandonné pour découvrir cette " musique des tripes ". Et comme tout le monde je suis remonté jusqu'à Robert Johnson, Muddy Waters, et compagnie, avec la découverte d'un Blues tellement riche et varié que je me suis laissé emporter par la magie de la note bleue. J'ai donc commencé par jouer seul sur scène et j'ai sorti un CD acoustique en 1997, sans prétention appelé " sale temps of swing ", tout en français et avec tout ce que j' avais enfin pu exprimer à travers cette musique blues. Ensuite, j'ai rencontré Didier, la batteur, puis Eric le bassiste sans oublier Stéphane à l'harmonica qui jouait déjà sur mon premier CD. Depuis je continue de composer en français et l'écriture est pour moi quelque chose de très important dans le blues. C'est un moyen de faire passer une émotion et des sensations à un public tout en racontant une histoire que chacun a pu ou peut vivre à un moment donné de sa vie. Aujourd'hui le blues c'est toute ma vie, une religion qui m'aide à tenir le coup dans les petits moments de cafards.

Oui c'est le blues cette musique qui m'a enfin donné des ailes
Ce rythme du fond des Amériques qui quelque part vous interpelle
Ces airs qu'on chante avec les tripes, ce tempo qui swingue avec le coeur
Ma vie a choisi sa rythmique, vivre le blues à 100 à l'heure

JT : C'est vrai que depuis que j'ai découvert le blues, j'ai trouvé une raison et un but dans mon jeu. Auparavant comme tout orchestre de bal, j'ai joué du rock, de la variété, du reggae,... mais sans vraiment avoir un horizon musical. Et aujourd'hui quand je prends ma guitare et que je plaque quelques accords de blues, j'ai l'impression de vraiment m'exprimer et de suivre une route qui me mène là ou je veux vraiment aller.

Le blues c'est une très vieille histoire qui vous emmène à travers champs
C'est l'hymne d'une Amérique noire, CHICAGO-NOUVELLE ORLEANS
Tous ces artistes dans la course, de LEROY CARR à BUDDY GUY
C'est comme un grand retour aux sources, je me sens le fruit de ses entrailles

LGDG : Tu parles de l'Amérique noire, de Chicago, de Leroy Carr, de retour aux sources.. et pourtant tu chantes en français ! N'est-ce pas contradictoire ?

JT : Non je ne pense pas. Le blues pour ces artistes c'était un moyen de s'exprimer et d'exprimer leur sensibilité. Si l'on veut vraiment faire passer quelque chose, on ne peut le faire que dans sa langue maternelle, une langue qui permet de faire vivre et vibrer ses émotions. Pour moi le blues c'est un langage, un art de vivre et de penser et c'est justement pour ça que j' écris en français. Tout ce que je ressens, je ne peux que l'exprimer avec mes mots et mon ressenti. C'est là que quelque part on rejoint ( toutes proportions relatives) les précurseurs qui eux aussi faisaient passer un message ou un brin d'histoire avec leur vécu. Et bien, quand on compose dans sa langue maternelle, on ne peut pas vraiment tricher avec les mots et cette sincérité colle bien à la peau de cette musique bleue, une musique authentique, sans concessions et tellement vraie. Enfin, je voulais également apporter ma modeste contribution à cette grande famille en montrant que le blues n'a pas de frontière aussi bien pour la peau, que pour la terre qui nourrit cette passion.

Il est écrit qu'à un carrefour, le blues a su vendre son âme
Pour un feeling pour un parcours qui a vu naître tant de profanes
Mais aujourd'hui sur quelques accords, le blues se tient toujours debout
Il me suffit de planter le décor pour me retrouver à genoux

LGDG : Le blues a vendu son âme pour un feeling… C'est pour ça que, outre le blues 100% pur jus, tu abordes la musique soul, le reggae ? pour le feeling ?

JT : Je pense sincèrement que le blues est à l'origine de beaucoup de musiques, la soul, le rythm'n blues, le rock.. Et puis je pense que jouer du blues c' est avant tout exprimer ses émotions mais sans tricherie, partager avec les autres sans retenue. A partir du moment ou l'on fait passer quelque chose dans un morceau avec une sensibilité et une passion, on fait déjà du blues. Alors du reggae, de la soul, ce n'est pas incompatible, puisque ce sont des véhicules de ce que tu peux ressentir à un moment donné. Ces genres musicaux me paraissent au service de ce feeling et si l'on qualifie le blues de musique du peuple, on n'a pas le droit de faire de discrimination. D'ailleurs quand je parle de " blues jamais blasé " c'est justement pour montrer que le blues avec un grand " B ", c'est vraiment le ciment de toutes ces cultures et je ne peux imaginer aujourd'hui une autre " voix " que celle du blues pour donner vie à ces tempos reggae, soul .... Enfin si l'on veut ouvrir le blues à toutes ces générations de jeunes qui écoutent différents styles, il faut leur montrer qu'il n'y a pas d' incompatibilité, que l'héritage afro-américain est l'essence même la musique et que c'est bien dans " l'esprit du blues jamais blasé ".

Prendre le blues par la racine c'est devenu mon quotidien
Toutes ces voix sur ma platine me font remonter le chemin
Se sentir un peu de la famille, c'est un bonheur inqualifiable
J'aimerais un jour toucher ma bille, sans vouloir implorer le diable

LGDG : Quel est le blues que tu écoutes sur ta platine ?

JT : Je crois que cela dépend du moment et de l'état. J'ai de temps en temps ma période roots avec Muddy Waters, Robert Johnson, Son house, puis je remonte avec B.B King, Albert King, Albert Collins, Luther Allison ; sinon je suis plutôt Chicago blues avec Magic Slim, Willie Kent, John Primer et compagnie. J'aime également les représentants actuels du blues à l'instar de Larry Garner, Joe Louis Walker, Lucky Peterson et bien d'autres. En fait j'aime le blues " dans tous ses Etats " et compte tenu de la large palette du blues, du roots au blues rock, en passant par la soul, le rythm'n blues, le blues jazz, le funk blues,.c'est toujours pour moi un magnifique voyage. Quand je choisis un disque sur ma platine c'est comme ci je prenais une carte du guide Michelin et que je choisisse une destination. " Tiens aujourd'hui je pars au sud en Louisiane, à bâton rouge avec le guide Larry Garner " . En route pour le blues C'est un vrai régal chaque jour .

LGDG : Ta modestie t'honore mais qu'entends-tu par " j'aimerais toucher ma bille, sans vouloir implorer le diable " ?

JT : C' est tout d'abord un clin d'oeil à cette légende du crossroad qui quelque part m'a toujours intrigué. Cette rencontre avec le diable, ce pacte pour l'éphémère et l'inaccessible a toujours eu pour moi un côté troublant. Ce dilemme entre le rêve et la réalité est quelque chose de très fort quand on crée un morceau. En ce qui concerne toucher ma bille, je crois qu'il faut savoir remettre à sa juste place les choses de la vie. Et si parfois il arrive que seul, le soir, dans sa chambre, on dérive quelque peu en s' imaginant le " maître de son blues ", il suffit de se rendre à un concert comme j'ai vu dernièrement Luther Guitar Junior Johnson, pour retrouver sa juste place et se dire qu'il est bien long et tellement inaccessible le chemin. Mais pour arriver au bout, on se met alors à rêver à ce fameux carrefour " de notre existence, et on se dit " rien ne vaut la vie " et pour ce qui est de la guitare, on continuera de faire passer des émotions avec le niveau que l'on a. Tant pis. C'est aussi cela le blues...

(refrain)
Ce soir je vous file le blues une bonne dose pour la nuit
Ce soir je vous file le blues prenez en pour la vie
L'blues est toujours vivant, gardez le bien longtemps..

LGDG : Merci Jeff , c'est en effet grâce à des gens comme toi que le blues est vivant, et qu'on peut l'entendre près de chez nous. As-tu quelque chose à rajouter ? Des projets ? Jeff Toto Blues

JT : Concernant les projets du groupe c'est bien sûr de jouer et de sortir de notre région pour rencontrer le public. Cet été nous assurons la première partie de Shémékia Copeland à Vic sur Cère ( le Cantal, le 28 Juillet) et nous jouerons le samedi 21 Juillet à St Flour de Mercoire (48) avec Marvellous Pig Noise, deux dates que nous attendons avec impatience. On s'est également inscrit au tremplin "open days" du Chesterfield café avec Magic Blues et au tremplin de Mantes la Jolie (blues sur Seine), deux rendez vous que l'on attend de "blues ferme". Nous habitons une magnifique région de France, la Lozère, mais il y a bien sûr le revers de la médaille puisque nous avons du mal à sortir de nos frontières enclavées et comme nous n'avons pas encore quelqu'un pour s'occuper de la promotion, c'est difficile compte tenu de nos activités respectives d'assumer cette fonction. Mais je reste confiant pour l'avenir grâce à des revues comme la votre, un excellent moyen de se faire connaître. Coté disque, j'ai déjà des morceaux en attente pour un deuxième cd et cette fois on essaiera de prendre un plus de temps que pour le premier, en travaillant un peu plus les choeurs et les arrangements. Voilà, on a du blues sur la planche mais ce que je désire le plus c'est de jouer sur scène, de rencontrer le public français et "d'enfiler mon blues " pour leur offrir ces notes bleues qui font tellement de bien.


Propos recueillis par Olivier de Lataillade par e-mail du 1er au 6 Avril 2001

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Salaise Blues Festival
6 et 7 avril 2001

Date: 11 Avril 2001
De: Cédric Vernet <bluesnco_blv@hotmail.com>
(photos; Didier Taberlet <didier@didtab.org> )

Le Salaise Blues Festival en Isère conforte année après année une solide réputation dans le panel des festivals français en nous habituant à un plateau artistique d’une qualité exceptionnelle. Cette nouvelle édition de ce rendez-vous incontournable en Rhône-Alpes a encore une fois réussi son pari.

Jean Chartron (photo Didier Taberlet)
Jean Chartron

Vendredi 6 avril, c’est le bluesman Jean Chartron qui donne le ton et tente ce que beaucoup considère comme l’art du blues : jouer seul accompagné par une simple guitare. Son jeu instrumental est irréprochable parfois assez technique et sa voix sobre et grave. Le cocktail fonctionne plutôt bien, Jean Chartron nous dévoile son univers musical, fait de blues, bien sûr, mais pas seulement. C’est là aussi un de ses talents, s’écarter quelque peu du blues acoustique traditionnel avec de très belles ballades écrites en français. Le rappel sera mémorable : une version du célèbre Stand By Me que seules les paroles rappellent la version originale.
Changement de décor avec Calvin Jackson et Mississippi Bound qui accueillait l’harmoniciste Alain Michel sur la tournée française. Du blues du Delta pur et dur qui n’a laissé personne indifférent. Il faut dire que le show était ce soir là particulièrement de grande qualité. Calvin Jackson a enchaîné les titres de son dernier album comme " It’s gonna rain ", " Goin’ Down South ", " Kokomo " et nous a gratifié de très belles reprises parmi lesquelles " I’ve Got my Mojo Working " ou " Big Boss Man ". L’osmose est au rendez-vous, les musiciens semblent heureux et le public aussi. Quelques titres sont interprétés par Cass Ian, qui en plus d’être bon chanteur est un excellent slide guitariste.

Tino Gonzales (photo Didier Taberlet)
Tino Gonzalès

La soirée était déjà bien avancée lors de l’arrivée sur scène de la tête d’affiche Tino Gonzales qui clôtura cette première nuit bluesicale avec un blues rock explosif. Le public a l’air d’aimer, nous aussi. Le concert est très efficace et démontre la virtuosité instrumentale de Tino Gonzales qui fît une démonstration digne d’un Guitar Héro. Il va même jusqu’à descendre dans le public jouant de la slide à l’aide d’une cannette de soda. Le public est alors définitivement conquis. Mais tout cela devient très vite lassant. Tino Gonzales enchaîne tous ses morceaux sans le moindre répit et envahit l’espace musical par une avalanche de notes, laissant absolument aucune place à ses musiciens, c’est dommage. Nous quitterons Salaise sur Sanne vers 2H du matin, heureux de la qualité de ce premier rendez-vous sans pouvoir nous empêcher de dire " Vivement demain ".

La soirée de samedi 7 avril était en effet très attendue avec la venue du fils de Muddy Waters, Big Bill Morganfield. Conquis par la qualité de son dernier album, c’est avec beaucoup d’impatience que nous attendions sa prestation.

Thierry Anquetil (photo Didier Taberlet)
Thierry Anquetil

L’attente fût cependant très agréable. Thierry Anquetil ouvre la soirée. Un premier morceau pour se rôder (" Crosscut Saw " de Albert King) et la machine est lancée pour une heure tout à fait exceptionnelle. Le bluesman normand confirme sa réputation, celle de valeur montante du blues français. Entre compositions personnelles et reprises (Freddie King, Otis Rush, BB King), Thierry Anquetil est en osmose parfaite avec ses musiciens, parmi lesquels nous noterons la prestation particulièrement remarquée de Benoît Delente aux claviers. " Ce fût un de nos meilleurs concerts ", nous confia en coulisse Thierry Anquetil. Il n’a pas de peine à nous convaincre tellement lui et son groupe ont fixé la barre haute pour cette deuxième soirée.
Mais ceux qui suivent ont de la ressource. Le back-line traditionnel laisse la place à un simple piano à queue. Cette deuxième partie sera assurée par Greg Jardine, musicien anglais né à la Jamaïque. Greg Jardine ne suivra pas l’influence musicale de ses origines et se tournera, après une longue formation classique, vers un style dont il a fait une démonstration époustouflante : Le Boogie-Woogie. Greg Jardine est un virtuose qui laissera le public de Salaise sans voix. Ce fût une des révélations de ce festival.

Big Bill Morganfield (photo Didier Taberlet)
Big Bill Morganfield

Le moment que chacun attendait est alors proche. Nous apercevons derrière la scène Big Bill Morganfield. Mais il faudra encore attendre un peu. C’est un monument du blues français qui rentre le premier sur la scène. Benoît Blue Boy entame un blues avec ses musiciens qui accompagnent le fils du légendaire Muddy Waters sur toute sa tournée française. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils sont en grande forme. Benoît Blue Boy ira même jusqu’à impressionner son tourneur Alain Rivet avec des gammes mineures dignes de Charlie Musselwhite. Big Bill Morganfield arrive alors, porté par les applaudissements du public. L’émotion envahit la salle Laurent Bouvier de Salaise-sur-Sanne. Le musicien a une carrure et une prestance scénique vraiment impressionnante. Le concert a quelque chose de magique. Nous sommes envoûtés par la voix de Big Bill qui n’est pas sans rappeler celle de son père. Le groupe entier est en parfaite harmonie et nous offre un moment tout à fait mémorable en interprétant les titres du dernier album Ramblin’ Mind mais aussi quelques standards dont le célèbre " I Just Want to make Love to You " de Willie Dixon. Big Bill Morganfield ira loin, très loin sur les traces de son père.

Durant ces deux jours, le Salaise Blues Festival a encore réussi une chose tout à fait exceptionnelle en rendant ses spectateurs heureux. Voilà une bien belle chose que la musique puisse faire.

Merci à toute l’équipe pour votre dévouement et votre accueil et à l’année prochaine Salaise !

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The Hoodoomen:
à la conquête de Paris!

Date: 30 Avril 2001
De: Christophe Ridin'On Godel <christophe.godel@freesbee.fr>
(photo 1: Jean Bakrim ; photo 2,3,4: Pierre Mercier )

Premier Assaut :


Date : 11 Avril 2001 - Lieu des opérations : La Scène.
Heure prévue : 21h00. Heure effective : 21h45

J'étais à La Scène plus tôt que prévu. Les tables étaient vide, sauf celle de René Malines. Le président de Travel In Blues était entouré des HoodooMen ! Il me les présenta :

The Hoodoomen (photo Jean Bakrim)

Personnages hautement sympathiques, ces Hoodoomen. Cela promettait. Ils allèrent se préparer, la salle se remplissait enfin petit à petit. Ce soir c'était carte blanche aux Hoodoomen, c'est à dire qu'ils allaient jouer deux bonnes heures et qu'ils termineraient par un boeuf avec quelques artistes venus pour l'occasion, soit près de 3 heures et demi de concert. Leurs assauts fût terribles, et ne laissa indemne personne. Leur répertoire est majoritairement composé de reprises, les Hoodoomen n'ayant à leur actif qu'un cd de quatres titres (voir Article du Docteur Blues LGDG n°24 septembre 2000). Mais honnêtement, quel reproche faire au combo normand ? Ils occupent la scène merveilleusement bien, sont techniquement très bon, ont un feeling vraiment excellent, et surtout ils prennent un plaisir fou. Il y a véritablement très longtemps que je n'avais vu un groupe sur scène prendre autant de plaisir à écouter les autres membres du groupe. Chez eux, c'est vraiment marquant et marqué. Un vrai groupe. L'osmose est totale, et le résultat est là.

Bien sûr, les individus en eux même sont d'excellents musiciens, si ce n'est mieux encore. La section rythmique est d'une qualité proche de la perfection. C'est vraiment intéressant de voir arriver deux nouvelles pointures comme les frères Marie à la batterie et à la basse. Il est rare de voir un bassiste aussi dansant, et un batteur fendre la foule !! Plaisenterie mise à part, ces deux là permettent au chanteur/harmoniciste et au guitariste de s'exprimer dans les meilleures conditions qu'ils soient.

Le chant de Philippe est puissant et possède une texture bien "blues" comme je les aime. Son jeu au "ruine babines" est très bon, rien d'ostentatoire, et d'une précision terrible. Mais il est vrai que l'élément le plus visible et le plus impressionant du combo est le jeu de Mister Fouquet à la guitare ! On tient là encore un très très très grand guitariste. Son toucher laisse plus d'un guitariste au sol, inanimé,sa précision est fatale, sa rapidité peut être démoniaque mais il n'en abuse pas, son feeling des plus saisissants, une rythmique impeccable, et je finirai par un jeu de main droite dés plus parfaits.
Notre bon Docteur Blues avait encore raison. On ne peut oublier une prestation de M. Fouquet !

Le public, conquis depuis longtemps, eut droit à un boeuf excellent, en commençant par un harmoniciste, ami du groupe, et pas mauvais du tout. Je ne l'avais jamais vu.

Nous avons eu le plaisir d'y voir un Pascal Swampini très en forme. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu. Il n'a pas son pareil pour rajouter une petite touche indéfinissable qui donne une ambiance géniale à un morceau. Par la suite, Chris Lancry est venu jouer et chanter, à la guitare électrique. Une corde cassée en plein accordage écourta malheureusement prestation trop courte, même s'il ne fût pas dérangé plus que cela sur le morceau. Et puis Alain Berkés, personnage atypique mais attachant. Et enfin, Thierry Anquetil et son band, prirent place sur la scène le temps de deux titres. C'est normal entre copain normand. Excellent guitariste Anquetil, mais peut-être un peu trop "Vaughanien", en tout cas ce soir là. Il resta pour la fin du concert avec les Hoodoomen. Et le public encore vivant à la fin du show partira sous le charme et des notes bleues plein la tête !

Résultat de la première vague d'assaut des Hoodoomen sur Paris : Victoire sans équivoque !

Deuxième Assaut :


Date : 20 Avril 2001 - Lieu des opérations : Le Cristal.
Heure prévue : 21h00. Heure effective : 21h00

Je ne pouvais malheureusement pas être là ce soir là. C'était un concert uniquement des hoodmoomen. Je me doutais bien que l'osmose prendrait de nouveau.

Voici ce qu'en dis notre Jocelyn Richez, webmaster de la route du blues (www.route-du-blues.net).
"Si le leader (chanteur harmoniciste) m'a fait bonne impression, j'ai vraiment été épaté (et apparemment je n'étais pas le seul) par le guitariste. J'ai même entendu dire "c'est Alex Schultz sans les tatouages !" et c'est vrai qu'il y a des similitudes (physiques et musicale) entre Pascal Fouquet et Alex Schultz."
A bon entendeur !!

Troisième Assaut :


Jean-Michel Borello avec les Hoodoomen (photo Pierre Mercier)
Jean-Michel Borello avec les Hoodoomen
Docteur Blues avec les Hoodoomen (photo Pierre Mercier)
Docteur Blues avec les Hoodoomen
Lionel Riss et Pierre 'Johnny Guitar' Seguin (photo Pierre Mercier)
Lionel Riss et Pierre 'Johnny Guitar' Seguin
Date : 26 Avril 2001 - Lieu des opérations : Le Cristal.
Heure prévue : 20h00. Heure effective : 20h00

Encore une fois au Cristal, encore une fois avec Travel In Blues.

Cette fois pour une Jam Session, et ce sont eux qui assureront le line-up de cette soirée. Et quelle soirée ! Un véritable boeuf Travel In Blues comme on les aime, et notamment grâce à la bonne humeur, la gaité et la passion de ces Hoodoomen ! Ils ont conquis plus d'un spectateur et plus d'un musicien présent ce soir là. Et pour l'occasion, les Greenwoodiens étaient en force. Après quelques titres des Hoodoomens, d'autres musiciens ont commencé à prendre place au fur et à mesure sur scène. Dans un ordre plus ou moins chronologique nous avons vu s'exprimer les artistes suivants :

  • Philippe Sauret au Rubboard
  • Bruno ? à l'harmo
  • Francis à l'harmo (Travel)
  • Etienne à l'harmo (Travel)
  • Tony à l'harmo
  • David Chalumeau à l'harmo (Swampini)
  • Nathalie "Mojo" au chant (My Planet)
  • Lionel "Still Life" Riss, guitare (My Planet)
  • Le chanteur dynamique et le bassiste du groupe Legend
  • Mathieu à la guitare (Legend)
  • Patrick ? à la batterie (Cisco Herzaft)
  • Jean Michel Borello à la guitare (Mo & The Reapers)
  • Pierre Seguin à la guitare (Big Brazos)
  • Dr Blues à la guitare et chant (Big Brazos)
  • Yann Coleu à la guitare, chant (Lazy Rooster)
  • Bruno Whap Droux Whap à la basse, guitare et chant
S'il en manque, je m'en excuse !

Voici comment en trois jours conquérir la capitale !
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, si les HooDooMen passent par chez vous, annulez tout ce que vous aviez prévu et courez les voir ! Vous ne devriez pas être déçu !

chronique du CD des Hoodoomen: LGDG n°24 (Septembre 2000)

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Les Hoodoomen
mettent le Cristal en fusion

Date: 30 Avril 2001
De: Docteur Blues <docteur.blues@free.fr>
(photos: Jean Bakrim <jean92@club-internet.fr> )

le 20 et 26 avril 2001

Voir et écouter les hoodoomen deux fois en l'espace de 8 jours reste le meilleur remède contre la morosité.
Et pourtant ils jouent du blues, alors...

- oui mais c'est peut-être que leur blues n'est pas n'importe quel blues et qu'il emprunte tout le swing et tout le jump du style West-Coast de leurs pères spirituels que sont Charlie and the Night cats, Rod Piazza, Duke Robillard, eux mêmes héritiers du maître T-Bone Walker. The Hoodoomen (photo Jean Bakrim)

Une nouveauté importante depuis la sortie de leur dernier CD c'est l'arrivée de Philippe Brière au chant et à l'harmonica depuis le départ de Thierry Hau...

Francis Marie, le batteur du groupe, explique :

« Philippe apporte beaucoup au groupe aujourd'hui, outre son charisme et sa fraîcheur, il s'entend parfaitement avec Pascal (le guitariste ndr) ils ont trouvé ensemble le bon équilibre et ils partagent très bien les rôles de solistes. En plus comme tu l'as remarqué c'est un super chanteur et un super harmoniciste, il admire Big Walter Horton... »

- Oui il en a la puissance de jeu mais pour une fois qu'on peut parler batterie tu peux nous en dire plus sur ton parcours ?

- « J'ai vingt-cinq ans de batterie derrière moi, dont vingt à jouer du blues dans la région caennaise dont les meilleures années avant les hoodoomen ont été celles passées au sein des Blues Fellows avec les frères Dubois et Gérard Roumagne... On a même à l'époque enregistré une session avec Mickey Baker à Toulouse mais les bandes ne sont jamais sorties »

- Mickey Baker ! J'adore !

« C'était en 93... Mickey est une personne très chaleureuse, un talent énorme, tu sais, il a joué avec Willie Dixon à New-York... il m'a appris plus lors de cette session que durant les cinq années précédentes. »

- et ton meilleur souvenir avec les hoodoomen ?

« Oh ! Sans aucun doute quand Luther Allisson est venu nous rejoindre pour un set entier lors d'un de nos concerts au St-Louis-Blues, le plus grand plaisir de ma vie de musicien et ce souvenir continut à m'inspirer aujourd'hui. The Hoodoomen (photo Jean Bakrim)

- J'ai remarqué un titre très fun avec des breaks de batterie ?

« Ah oui c'est "Congo Mambo", avec des bords de caisse à la Aces c'est pas évident de trouver le bon truc, il faut être le plus simple possible pour être le plus efficace, c'est souvent ce qu'on reproche au batteur de blues, mais il faut servir les solistes et rendre cohérents tou sles arrangements... »

- Oui j'ai remarqué l'intro de "Caldonia" et vos très bonnes versions de "T-Bone Shuffle" et de "Josephine", et les compos vous y pensez ?

« Oui on a déjà deux trucs d'aboutis dont "Like Coyotte" mais chutt c'est un secret, c'est Philippe qui écrit les paroles en anglais Pascal fait la musique et ensemble avec Bernard (le bassiste et frère de Francis ndr) on fait les arrangements...

Pascal qui nous a rejoint ajoute : « il faut absolument qu'on enregistre quelque chose rapidement... et Philippe surenchérit « oui, on a un projet, ce serait super d'aller enregistrer tout ça en Californie à la rentrée... mais ce n'est encore qu'un rêve, il faut qu'on s'en donne les moyens peut-être monter une association. Pour l'instant on veut jouer un maximum ... on s'fait des minis tournées comme en ce moment dans le Nord et la Belgique. »

- Ah ... Je crois qu'on vous réclame !!!

Les quatre normands c'est évident on passé la vitesse supérieure ils sont aujourd'hui un groupe de blues de valeur européenne aux côtés de Doo The Doo, le jeu de Pascal et l'arrivée de Philippe y sont pour beaucoup mais rien ne serait si pro sans la grande rigueur de la section rythmique de Bernard et Francis Marie. On attend donc les prochains enregistrements des Hoodoomen... Et bonne route jusqu'en Californie !

Un petit mot aussi pour Christian Legras qui est en train de réussir son pari en programmant le meilleur du blues français au Cristal tous les vendredis soirs. Bravo à toute l'équipe...

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The Blind Boys of Alabama
Spirit of the century

Date: Mardi 24 avril 2001
De: Johnny Guitar <psguitar@club-internet.fr>

Blind Boys Of Alabama Les Blind Boys chantent depuis 1939. Dans ce disque, ils revisitent des classiques tels Nobody's fault but mine ou encore Motherless child, mais ajoutent à leur palette des titres comme Jesus gonna be here ou Way down in the hole de Tom Waits, Give a man a home de Ben Harper ou bien encore Just wanna see his face de Jagger / Richards. Ajoutez à cela une prise de son fantastique et la participation d'instrumentistes comme John Hammond, David Lindley ou Charlie Musselwhite ainsi que le bassiste anglais Danny Thomson et Michael Jerome à la batterie et vous obtenez un disque d'une rare intensité et d'une rare beauté que tout amateur de blues se doit de posséder.

« Nous sommes revenus à notre vieux style sur ce nouvel album » annonce le leader et fondateur des Blind Boys, Clarence Fountain. Nous nous somme replongés en 1939 alors que nous étions étudiants au Talladega Institute pour les aveugles en Alabama. C'est là que nous avons commencé à chanter dans la chorale masculine de l'école.

"La plupart de nos chants étaient d'inspiration blanche comme nos profs d'ailleurs, mais nous avons commencé à écouter de la musique noire gospel à la radio comme le Golden Gate Quartet ou les Soul Stirrers. Mon pote et moi avons donc décidé de former notre propre groupe et de chanter comme eux en harmonie à quatre voix. Au départ, nous avons commencé à tourner sous le nom des « Happy Land Singers » et un promoteur nous a adjoint un autre groupe le Jackson Harmonies du Mississippi. Nous étions alors plus connu sous le nom des Blind Boys of Alabama ». Le nombre de chanteurs du groupe a fluctué souvent, et aujourd'hui on retrouve sur l'album deux membres de l'ancienne époque Jimmy Carter et George Scott.

Les Blind Boys ont enregistré pour de nombreux labels depuis 1940 : Specialty, Savoy, VeeJay, Nonesuch, House of Blues et à la fin des années 80, il ont participés activement à un spectacle appelé The Gospel at Colonus qui leur a apporté un succès important en particulier auprès d'un public blanc. « Nous voulions toucher le plus d'audience possible à travers le Gospel ». Aujourd'hui les Blind Boys tournent régulièrement dans les festivals, centres culturels, églises et même nightclubs partout dans le monde.

C'est à la suite d'un spectacle que l'idée de ce disque pris forme. Lors d'une tournée appelée Highway 61, les Blind Boys et John Hammond se retrouvaient sur scène pour le standard Motherless Child et nuit après nuit, devant le succès , il fut décidé de réunir ces deux forces en studio. L'album fut enregistré en Mars 2000.

« Nous n'avions rencontré que John Hammond et Charlie Musselwhite, mais le courant est vite passé avec les autres musiciens. Et nous avons tout fait pour travailler en respect mutuel de chacun ce qui s'entend assez bien sur l'album »

« Le plus important challenge était d'amener les chanteurs vers des chansons actuelles » explique le producteur John Chelew. En effet, les Blind Boys se refusent à interpréter des chansons dont ils ne comprennent pas les paroles « nous ne sommes pas des robots » dit très clairement Clarence Fountain et il ajoute, la superficialité de certaines chansons actuelles est très éloignée des traditions Gospel.

David Lindley brillant joueur de guitare et autres instrument exotiques à cordes , frère de sang de Ry Cooder (c'en est même troublant sur cet album) explique que lorsqu'on lui a demandé ses tarifs pour ces séances , il a rétorqué que il devrait lui plutôt payer pour participer à ce projet.

vous l'avez compris, c'est ma craquerie du mois.

réf CD:
The blind boys of alabama
Spirit of the century (Real World )

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Boney Fields
au Lionel Hampton Jazz Club

Boney Fields (photo André Martin )

Date: 2 Mai 2001
De: Christophe Ridin'On Godel <christophe.godel@freesbee.fr>
(photo 1: André Martin; photo 2 et 3: Georges Lemaire, 1997)

Boney Fields (photo Georges Lemaire) Il y a de ces artistes américains qui sont incontournables sur la scène blues française, et Boney Fields en fait partie. L'ancien trompettiste de Junior Wells, Jimmy Johnson, Lucky Peterson ou Luther Allison (entre autres, la liste est trop longue), sévit en France depuis quelques années maintenant, et ce pour notre plus grand plaisir.

Il est facile de le rencontrer ou de le voir jouer dés qu'un artiste américain se produit dans la capitale, ou lors de jams organisés ici ou là. Peu avant le décés de Luther Allison, il a commencé à organiser sa vie autour de son propre groupe : The Bone's Project. Et on peut dire qu'il a bien fait. Voici une des rares formations où c'est la section cruivre qui est mise en avant, et quelle section !

The Bone's Project a campé dans le Lionel Hampton Jazz Club du Méridien pendant deux semaines (du 1er au 21 Avril) et les rôles principaux étaient tenus par :

Boney Fields (photo Georges Lemaire)

Personnellement, j'y suis allé un vendredi soir, et le club était quasiment plein, de 22h30 à 2h00 du matin. Nous avons eu droit à du blues, du funk, du funky blues, et quelques accents Jazzy ici ou là du plus bel effet. Avec Boney Fields au commande, on est sûr de passer un bon moment. C'est vivant, ça bouge, ça groove et plein d'énergie. Il a ce charisme rare qui permet de captiver et de faire vibrer une salle très rapidement. Et la salle a vraiment répondu présente ce soir là ! En plus d'être un excellent trompettiste, c'est un très bon chanteur et plein d'humour!

Avec lui, on passe de James Brown à Lowell Fulson et Junior Wells sans étâts d'âmes et sans heurts, la filiation semble d'un seul coup évidente et naturelle !

Il faut dire que le groupe qui l'accompagne est excellent, notamment Johan Dalgaard qui est un pianiste magnifique et impressionant à voir. Il semble être complétement hypnotisé par son instrument.

Son guitariste, Hervé Samb, est aussi discret qu'efficace, mais quand il se met en avant, attention les yeux et les oreilles, du très haut niveau. cd de Boney Fields: Hard Work

Mais bien sûr, la section rythmique est la fondation du combo. Je la trouve tout simplement sans failles. Il n'y a rien à redire. J'ai juste trouvé que Nadège Dumas, Madame Boney Fields, devrait être plus en avant. C'est une saxophoniste hors-pair, et je l'ai trouvé impressionante lors de certains boeufs. J'étais juste un peu frustré, c'est tout :)

Sur les 3 heures de concerts, outre les nombreuses reprises, on peut découvrir les compositions originales du groupe. Elles sont vraiment excellentes, et couvrent toutes les influences du groupe, notamment africaine. On les retrouve sur leur premier CD, Hard Work. CD que je vous conseille, même s'il date un peu maintenant (1999). On y retrouve l'esprit du groupe, même si quelques musiciens sont différents. Bernard Allison y a même participé sur de nombreux morceaux. Mais il est évident que c'est sur scène que ce groupe prend toute sa dimension et retrouve sa belle alchimie.

Pour plus d'informations sur Boney Fields, voir l'interview qu'avait fait René Malines l'année dernière pour Travel In Blues et la Gazette de Greenwood : www.gazettegreenwood.net/an2000/numero16.htm#BoneyFields

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