de l'Abbé Decorde en 1877
La lèpre
Il existait à Saint Nicolas un établissement destiné à recueillir les personnes atteintes de cette hideuse maladie.Nous ne savons en quelle année il fut fondé;mais nous pouvons citer plusieurs échanges qui s'y rattachent et indiquer l'époque de sa suppression.
La léproserie de Saint Nicolas devait recevoir les lépreux de cette paroisse,ainsi que ceux de Notre Dame et de Croixdalle.Par contract passé deuant Jacques Blocquel tabellion royal au siège de Freulleuille et Jehan Le Febure adiont,le 10 février 1587,les paroissiens et trésoriers de sainct Nicollas Nre Dame et sainct Estienne de Craudalle d'Allihermont baillent en eschange au sieur De la Cour une pièce de terre enclose de hayes appelée La Malladerie en contre et eschange de six-vingt liures de rentes.La même année eut lieu l'échange d'une autre terre de la maladerie auec Mre Claude Groulard premier président du Parlement de Rouen lequel donna en contre change a l'église de St Nicolas seulement plusieurs rentes a perceuoir sur differents particuliers lesquelles rentes il auoit acquises de Mre Jehan de la Vache conseiller du Roy en lelection d'Arques.
D'après ce qui précède,on peut conjecturer que la lèpre avait disparu de l'Aliermont à la fin du XVIe siècle.Cependant nous devons mentionner cet article des comptes du trésorier en 1613:A este vendu a Guill Fremont les gerbées qui estoient demeurez de la couverture de la maladrerie.....Comme il n'est pas question de bâtiments dans le contrat de vente de 1604 ,peut-être l'église les avait-elle réservés pour les faire démolir plus tard.Dans cette supposition,les gerbées dont il est ici question proviendraient de l'ancienne couverture de la léproserie.Nous trouvons ,à l'appui de cette conjecture ,un autre contrat de 1604 dans lequel nous lisons qu'il a este vendu par les habitants de sainct Nicollas a Me E. Jehan la Vache president des eaulx darques une pièce de terre en masure et jardin nommée la Maladerie assise au dit sainct Nicollas pres la ferme nommée Milan apartenant a monsieur le president a charge d'en payer la rente seigneurialle a la recepte dudit Alhiermont de faire enclore de fossés une autre pièce de terre de la commune dudit Alhiermont pour y accommoder une maladerie s'il en est besoing et au moyen quil a baillé et transporté au tresor de la ditte église dix huict liures vii s. de rentes en plusieurs parties assauoir sur les héritages prochains de la ditte maladerie qui fut Vasselin soyxante sols de rente foncière etc...
Nous concluons de ce passage que la léproserie était située à l'extrémité du bout d'aval de Saint Nicolas,puisqu'elle se trouvait près de la ferme de Milan.Cette ferme de Milan ,qui dépend actuellement de Saint Aubin ainsi que celle de Florence, faisait partie de Saint Nicolas au siècle dernier.Certaines personnes veulent voir dans la dénomination de ces deux fermes un souvenir du passage des Romains.Nous aimons mieux y voir une énigme,ou bien le résultat d'une bizarrerie,comme celle qui a donné le nom de Luxembourg à une ferme de Douvrend.On rapporte que, à l'époque de la construction du palais du Luxembourg à Paris,le propriétaire qui fit bâtir cette ferme au milieu d'un champ,dit:"Eh bien,moi aussi je vais faire bâtir mon Luxembourg!"
Au reste,on y arrivait,de la vallée,par un chemin aujourd'hui supprimé en partie,qui partait de Dampierre et que les vieillards désignent encore sous le nom de Chemin aux malades.Nous supposons que ce nom figurait sur les poteaux indicateurs dont il est question dans cet article de dépenses en 1692:Por auoir achepté un chesne pour faire des poteaux aux carefours pour montrer les chemins et auoir gravé les dits poteaux.....
A partir du commencement du XVIIè siècle la lèpre ne reparut plus à Saint Nicolas .Mais il n'en fut pas de même de la peste qui apporta une telle désolation dans le pays ,en 1669,qu'on fut obligé d'isoler les pestiférés.Dans les comptes de la Confrérie de la Charité ,pour cette année,on trouve plusieurs décès avec cette mention:"décédé de la peste".Une main étrangère a ajouté postérieurement en tête de ce chapitre:"Année de la peste".Puis l'année suivante,en 1670, le trésorier de l'église porte au chapitre des recettes:Vendu les arbres qui servuaient de barriere pendant la peste.....
Ecoles En 1732, les habitants de Saint Nicolas firent les démarches nécessaires pour avoir une institutrice.Connaissant la capacité et le zelle des soeurs hospitalières des maitresses d'Ecolles gratuites et charitables de la communauté du nouiciat d'Ernemont ,est-il dit dans leur requête ,nous statuons de donner aux dittes soeurs chaque année la somme de cent vingt liures. Le 12 avril, par contrat passé devant Michel Le Coq et Claude Lefebure, notaires à Rouen, les trésoriers de l'église s'engagent à fournir un logement convenable près de l'église et tout ce qui est nécessaire pour les dittes Ecolles et en particulier à la soeur comme table chaises lit et autres meubles moyennant quoy la ditte Ecole sera fixe et demeurera a perpétuité.Enfin, est-il dit dans le contrat, attendu que par l'institut desd. soeurs des ecolles d'Ernemont elles sont tenües de reuenir tous les ans audit nouiciat de Rouen pendant les mois d'aoust et septembre lesd. sr. curé trésoriers et habitans s'obligent de fournir a leur despens la voiture nécessaire pour porter et rapporter la ditte soeur maîtresse d'Ecolle dalihermont auec ses habits et Equipages. Ces conditions ayant été acceptées par Mgr l'archevêque et par Mgr de Gasville, intendant de la généralité de Rouen, ainsi que par la communauté assemblée capitulairement au son du timbre dud. noviciat , une soeur fut envoyée à Saint Nicolas, pour instruire les filles et les assister dans leurs maladies. Depuis cette époque reculée, et surtout depuis quelques années , la question des écoles a souvent été agitée à Saint Nicolas ; les institutrices congréganistes ont été remplacées par des institutrices laïques ; les écoles ont été interdites comme insuffisantes pour la population, puis ouvertes de nouveau à la suite d'un vote de fonds pour la construction de nouveaux établissements* En dernier lieu , un autre désaccord s'est élevé, à l'occasion d'une Salle d'Asile offerte à la commune; mais nous ne croyons pas devoir entrer dans les détails de cette affaire.
*L'école des garçons occasionnera, dit-on, une dépense de 30,000 fr, à laquelle on fera face, à l'aide d'un emprunt remboursable en 16 annuités, et d'une allocation de 7,000 fr votée par le conseil général. Cette construction se composera de deux classes, du logement de l'instituteur et d'une mairie. Le terrain sur lequel elle doit être faite a coûté environ 2,000 fr. L'école des filles coûtera 17,080 fr , y compris 3,430 fr pour l'acquisition du terrain sur lequel elle sera construite. La dépense sera payée à l'aide d'une somme de 9,650 fr provenant de la vente de pâtis communaux; puis on utilisera les matériaux provenant de la démolition de l'école des garçons. L'école des filles se composera de deux classes et du logement des institutrices. Recherche de la houille
Il s'agit d'un puits creusé à Saint Nicolas pour la recherche de la houille.Au commencement des travaux,on lui donna le nom de Puits de Meulers parce que les premiers sondages eurent lieu à Ecremesnil,hameau de Meulers;mais au bout de deux à trois mois,on fut obligé de choisir un autre lieu à cause de l'abondance des eaux.Ce puits était situé à un kilomètre de la commune, à l'est du bois du Défends,près de la route qui conduit actuellement de Saint Nicolas à Dampierre. L'emplacement, aujourd'hui entouré de peupliers,appartient à M.Alexandre Breton.Le puits fut commencé en 1796,sous la direction de Castillot,aidé de Jacques Cornet,tous deux venus des mines de Valenciennes pour conduire les nombreux ouvriers occupés à ces travaux entrepris par une compagnie qui les abandonna ,après y avoir dépensé 460,000 francs.
Pendant plusieurs années, Jean Baptiste Leroy,cultivateur à Saint Jacques,fut occupé,avec quatre chevaux,depuis dix heures du matin jusqu'à deux heures du soir,pour l'exécution de cette entreprise si importante et si difficile,eu égard aux moyens connus à l'époque où elle eut lieu.
D'après la Notice adressée à M. le préfet et à MM. les membres de la commission nommée par le conseil général pour la recherche de la houille dans le département de la Seine Inférieure,notice redigée par M.Rolland-Banès,ingénieur des mines ,et présentée le 10 avril 1873,voici les terrains qui ont été traversés par le puits à charbon à Saint Nicolas:
1° Terre végétale 1,624
2° Argiles plastiques,lignites,pyrites et sables 24,363
3° Craie blanche,craie Tufeau,craie chloritée 74,713
4° Argiles,marnes,lumachelle,marnes pyriteuses 76,338
5° Calcaire coquillier,spathique avec calcaire pyriteux 34,758
6° Marnes argileuses dures ,calcaires compactes 15,592
7° Calcaire spathique lamelleux et coquillier 24,363
8° Argiles grises avec calcaire grenu à grains fins 24,363
9° Marnes argileuses dures,grises,argiles noires 11,369
10° Calcaire argileux grenu,calcaire grains spathiques 23,348
11° Argile et calcaire argileux compacte 22,360 total 333,194
Il est à remarquer que le niveau du terrain jurassique s'est trouvé à 227,388 de sorte que le puits n'a pénétré dans ce terrain que de 105,81,c'est-à-dire moins du "tiers de la profondeur voulue pour arriver à un résultat" d'après les données actuelles de la science géologique.
Voici en quelle circonstance les travaux de sondage ont été abandonnés.Le 8 septembre 1806,Cornet était descendu au fond du puits,pour briser une pierre très dure et difficile à faire disparaître,lorsque tout à coup une source jaillit avec une telle impétuosité,qu'on eut à peine le temps de le remonter,au milieu de l'eau qui s'éleva jusqu'à une hauteur de plus de 100 mètres.Les outils restèrent dans le puits,et l'entreprise fut abandonnée.
On a calculé approximativement que ,pour avoir chance de réussir il faudrait faire un sondage de 900 mètres;ce qui,à l'aide d'outils capables de retirer du fond des échantillons naturels et intacts des terrains traversés par la sonde ,occasionnerait une dépense de 333,000 francs et demanderait un travail de six années ,continu jour et nuit.
Malheureusement,ce gouffre resta béant pendant de longues années et donna lieu à un grand crime en 1826.
A cette époque,l'orifice présentait une ouverture d'environ vingt pieds de diamètre,en forme d'entonnoir,par suite des éboulements qui eurent lieu successivement.Sa profondeur était de 210 pieds (70 mètres) dont 80 pieds de vide et 130 pieds d'eau.Les parois étaient contenues par de nombreuses pièces de bois placées transversalement en tous sens,et l'approche d'un lieu si dangereux n'était protégé par aucun fossé,aucune clôture,aucune élévation de terrain!Aujourd'hui,le puits est totalement rebouché et quelques arbres ont été plantés sur le remblai de la place qu'il occupait.
Mais arrivons au récit du crime commis en ce lieu.....
A suivre
Ces informations nous ont été fournies par Serge OSMONT
Mise à jour le samedi 30 septembre 2000