Introduction

Généralités sur les migrations

 

  Introduction

  L'étude des migrations

  L'origine du phénomène migratoire

  Les caractéristiques des migrations de l'avifaune

  les mécanismes des migrations chez les oiseaux

  Les menaces humaines

 

Introduction 

    Les animaux au sein de leur territoire peuvent se déplacer à la recherche de nourriture, pour trouver un partenaire pour la reproduction, pour satisfaire à leurs besoins vitaux d'une manière générale. Ce sont donc des populations entières qui vont pouvoir se déplacer. 

   Parfois les déplacements vont se faire hors du territoire habituel des populations. A cela plusieurs raisons sont possibles : un manque de nourriture, une concurrence trop forte sur le territoire occupé, un manque de partenaire reproducteur, des conditions climatiques devenues insupportables.

    On distingue alors deux types de déplacement hors des aires de répartition ou de reproduction habituelle : 

             Par conséquent le phénomène de la dispersion, comme chez les frégates (?), où les relations de la population par rapport à son espace ne sont pas clairement définies, ne peut être considéré comme une migration.

L’étude des migrations

    Il n’est pas évident d’étudier un phénomène qui concerne des centaines d’espèces, des millions d’individus, qui s’étend sur une année, et qui peut couvrir des distances de plusieurs milliers de kilomètres.

     Le suivi des populations migratrices a toujours été délicat. Actuellement des solutions techniques facilitent leur étude, sans tout résoudre pour autant. C’est à partir de données fragmentaires que les scientifiques ont élaboré des hypothèses quant au trajet des individus migrants.

     Les premières observations ont eu lieu sur des « points de passage » : cols, détroits… points de transit obligé de certaines espèces. On peut alors déterminer l’espèce, le nombre d’individus, leur direction, leurs vitesse et altitude.

     Un réseau d’observateurs permet d’obtenir de nombreuses informations, qui une fois synthétisées donnent une idée globale du parcours suivi et une estimation des populations migratrices.

     Ces observations sont souvent limitées aux migrations visibles, c’est à dire à celles qui ont lieu le jour. Les espèces migrant la nuit sont restées peu étudiées jusqu’à l’utilisation du radar. Une méthode appelée moon watching peut être utilisée pour les comptages de nuit. Il s'agit de déterminer le nombre d’individus passant devant le disque lunaire, puis de faire une extrapolation au reste du ciel. Cette technique est très approximative mais permet quand même de recueillir des données.

     Le radar permet de voir l’évolution en vol des populations, les modalités des déplacements sont alors plus facilement étudiées. Mais il y a une limite importante à cette méthode : le radar ne permet pas l’identification spécifique des individus ainsi repérés. 

     D’autres méthodes permettent de recueillir des informations sur les déplacements individuels de certains animaux. Pour les oiseaux, la méthode du baguage est très utilisée. Plus de 1,5 millions d'oiseaux sont bagués chaque année en Amérique du Nord. Cette méthode, dite de capture / recapture nécessite le prélèvement d’individus afin de fixer sur leur pattes, avant de les relâcher, des bagues permettant leur identification. Ces bagues, possédant un code unique, informent de l'origine de l'oiseau. Toutes les informations obtenues sont réunies dans une base de données qui facilite le suivi des mouvements des animaux marqués.

     Cette méthode doit porter sur un très grand nombre d’individus car la probabilité de recapture est faible, de l'ordre de 1% en moyenne. Par exemple en Guyane, sur plus de 4 000 oiseaux bagués entre 1994 et1997, seuls 5 ont été recontactés depuis en dehors du département, contre plus de 250 (?) sur le territoire guyanais. Il faut donc un grand nombre d’oiseaux bagués pour espérer un retour d’information et ainsi effectuer un suivi individuel.

    Les techniques mises au point actuellement permettent de fixer des balises Argos, sur les grandes espèces comme les cigognes afin de suivre leurs déplacements en continu. Outre les caractéristiques de vol, des études sont menées pour comprendre la physiologie des animaux migrant ainsi que leurs mécanismes d’orientation.

Source : GEPOG

Limicoles bagués à l'étranger et contactés en Guyane Quelques exemples

 (D'après le Dreff et Hansen, 1999)

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Limicoles bagués en Guyane et contactés à l'étranger (D'après le Dreff et Hansen, 1999)

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L’origine du phénomène migratoire 

      Nous ne savons pas avec certitude comment s’est mis en place le phénomène de migration. Les scientifiques ont élaboré des hypothèses à partir de l’observation des oiseaux actuels et indirectement à travers l’étude de fossiles. 

      Une cause principale semble être à l’origine des migrations : les modifications climatiques ayant eu lieu au cours de l’ère Quaternaire. Les premiers mouvements de populations animales à l'origine des migrations telles que nous les connaissons aujourd’hui, auraient été initiés à la fin de la dernière période de glaciation qu’a connu la Terre. 

      Ce serait en fait le manque d'aliments lors de périodes défavorables, surtout pour les insectivores, qui aurait déclenché chez certaines espèces des latitudes tempérées le besoin de partir à la recherche de nourriture. Ce mouvement non défini à l'origine aurait été de type "erratique". Les espèces pouvant ensuite revenir sur leurs lieux de naissance pour se reproduire. Les oiseaux ont dû ainsi "apprendre" à quitter régulièrement leur zone de nidification. 

      A l’inverse, au fil de l’évolution, des espèces tropicales auraient quitté leur territoire initial pour se reproduire sous de plus hautes latitudes afin de profiter du maximum de production des écosystèmes tempérés au cours du printemps.

      Cette hypothèse est étayée par les deux observations suivantes :

 

 

Les caractéristiques des migrations de l’avifaune

  Le vol est une des méthodes de déplacement qui consomme le plus d’énergie.

  En contrepartie, c'est le mode de déplacement le plus efficace. Il est rapide et permet de s’affranchir de certaines contraintes terrestres (forêt, fleuve, colline…)

  Pour ce qui concerne la vitesse, les moins rapides en migration (parulines, tyrans, hirondelles…) se déplacent à une vitesse moyenne de 40 km/h. En revanche on constate des vitesses de croisière de l’ordre de 70 à 80 km/h pour certains canards.  

            L’altitude moyenne de migration pour les petits passereaux est de 50 à 200 mètres, au dessus du niveau de la mer. Mais ils volent également régulièrement entre 1 000 et 2 000 mètres, comme les limicoles. On retrouve quelques gros oiseaux à des altitudes variant de 1 500 à 6 000 mètres, tels que canards, et oies… On a pu relever des échos radar de petits oiseaux (peut-être des bécasseaux) à une altitude de 7 000 mètres. Le record serait détenu par des oies observées en migration au dessus de l’Everest, à plus de 9 000 mètres d’altitude.

            Le vol en altitude offre les avantages suivants :

              Les distances parcourues sont extrêmement variables. Des oiseaux, comme le Quetzal resplendissant (Pharomarchrus mocinno) d'Amérique centrale, migrent seulement sur quelques dizaines de kilomètres. Mais cette migration est accompagnée d’un changement altitudinal qui suffit à leur faire retrouver des conditions de milieu satisfaisante. La plupart des limicoles parcourent plus de 10 000 kilomètres par an pour leur migration. Le Pluvier dominicain, migrateur régulier en Guyane, effectue environ 25 000 kilomètres chaque année. La Sterne arctique (Sterna paradisaea), champion toutes catégories, migre entre l’Arctique et l’Antarctique parcourant ainsi l’ensemble du globe du nord au sud et du sud au nord, soit 40 000 kilomètres par an.              

Certains oiseaux sont capables d'effectuer de longs vols sans haltes. Les limicoles et la Paruline rayée, qui traversent l'Atlantique depuis le nord-est des Etats-Unis jusqu'au continent sud américain, suivant les vents dominants, couvrent plus de 4 000 kilomètres sans escale. Il leur faut donc environ 4 jours pour accomplir ce périple.

Le vol de retour emprunte une autre voie, les vents dominants n'étant pas favorables.

Pour les oiseaux qui ne peuvent traverser de grandes étendues d'eau, il existe des points de passage quasi obligatoires. Entre l'Europe et l’Afrique il s'agit des détroits de Gibraltar et du Bosphore. Entre l’Amérique du Nord et l'Amérique du Sud, il s'agit de l’isthme de Panama et de l’arc insulaire Caribéen.

Les rapaces, qui utilisent le vol plané, font partie de ces oiseaux. En effet lors de leurs grands déplacements, ils sont dépendants des courants d'air chaud ascendants (thermiques), absents au-dessus des océans.  

 

Source : GEPOG

Migration automnale des limicoles nord-américains  Voies principales et alternatives

(D'après Burton et McNeil in Conservation des vasières, lagunes et mangroves, SEPANGUY, 1986)

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          La migration s'effectue en général par étapes de 150 à 200 kilomètres par jour pour les passereaux et s'étend donc sur plusieurs semaines en raison différentes haltes.

          Les hirondelles et les rapaces migrent de jour, tandis que la majorité des passereaux (parulines, tyrans…) voyagent de nuit. Une migration nocturne limite la rencontre de prédateurs, et libère le temps de la journée pour s'alimenter.

          On peut distinguer trois grands types de migrations sur le continent américain :

 

 

Quelques caractéristiques du vol migratoire

 

Vitesse de croisière

Altitude de vol Durée d'un vol sans escale

 

Canards: 70km/h

Passereaux: 40km/h

 

Régulièrement entre 1000 et 2000 m. Entre quelques heures et plusieurs jours

Les mécanismes de la migration chez les oiseaux

  La migration est grande consommatrice d'énergie, les oiseaux préparent leur départ.   

Avant d'effectuer leur périple, les oiseaux ont la faculté d'accumuler des graisses (et non des sucres, carburants cellulaires de base) qui seront leur source d'énergie. Les graisses ont deux avantages :

  •   A poids égal, elles permettent de générer plus d'énergie que les sucres (Hydroxydes de Carbone).

  •   Elles ne nécessitent pas d'eau pour être stockées, contrairement aux sucres.

  •   L'utilisation de graisse comme source d'énergie limite donc tout autant la charge de carburant embarquée.

  •   Certains petits oiseaux de 10 à 15 grammes peuvent doubler de poids avant de partir en migration.

   Le rapport poids de graisse / poids total est important car il détermine le temps de vol potentiel de l'oiseau sans avoir besoin de se nourrir. Le poids a aussi de l'importance par rapport à la vitesse de l'oiseau. En effet plus un oiseau augmente sa charge par rapport à son poids nominal, moins il peut se déplacer vite.

  

 

 

 

Source : GEPOG

Constitution de réserves alimentaires avant la migration  

   En conséquence, on retrouve deux grandes stratégies de migration.

         Entre ces deux extrêmes il existe tout une gamme d'oiseaux (limicoles…) qui allient vitesse assez élevée et prise de poids conséquente. Cette prise de poids n'est pas la seule adaptation permettant de réduire la difficulté des trajets. En effet l'étude des parcours suivis par les oiseaux montre que la grande majorité d'entre eux suivent les vents dominants. Voler à contre est rarissime.

       Cette technique est également utilisée par de nombreuses espèces même hors migration. Elle est aussi pratiquée par les animaux marins : l'énergie des courants marins est exploitée en plus de l'énergie dépensée par l'animal lui-même. Cette énergie des courants d'air ou d'eau est appelée "énergie auxiliaire". Parfois si les vents sont trop forts certains oiseaux peuvent être déportés, et ainsi se retrouver à des milliers de kilomètres du lieu qu'ils devaient atteindre.

       Un des mystères entourant les migrations est de savoir ce qui déclenche le départ des oiseaux pour leur voyage.

       Plusieurs hypothèses ont été avancées. Un des plus probables stimuli déclencheurs serait la variation de la durée du jour. En effet on sait que les animaux sont sensibles à cette durée. De nombreux cycles hormonaux dépendent d'une horloge interne qui est calibrée par cette variation. Il semble que le déclenchement de la migration ainsi que la prise de poids préalable soient contrôlés par des cycles hormonaux.

       D'autres stimuli déclencheurs sont évoqués dont la variation de température, le manque de nourriture, mais aussi l'influence d'autres individus ; en effet le départ des premiers individus entraînerait les autres à les suivre.

       En fait il est probable que ce soit un ensemble de stimuli qui soit à l'origine du départ.

       Ce qui est marquant dans les migrations, c'est la capacité des animaux à s'orienter correctement et à retrouver leur territoire après des milliers de kilomètres.

       Des expériences ont été menées pour montrer l'influence du soleil. La direction des rayons solaires a été modifiée à l'aide de miroirs, et les oiseaux se sont positionnés en fonction de celle-ci. L'emplacement du soleil change au cours de la journée, et si certaines espèces gardent toujours le même angle par rapport à celui-ci (décrivant ainsi des arcs de cercles) d'autres espèces arrivent à compenser son mouvement apparent et ont ainsi une trajectoire plus rectiligne.

     Les oiseaux se déplaçant la nuit semblent s'orienter par rapport aux étoiles, comme l'ont montré des expériences en planétarium. Lors de nuits très nuageuses, ces oiseaux sont perturbés et ralentissent, voire arrêtent leur migration. La plupart seraient là aussi capables de corriger le mouvement apparent des étoiles.

     Un autre mécanisme entre en ligne de compte. Certaines espèces ont montré un sensibilité au champ magnétique terrestre. Des cristaux de magnétite (minéral s'orientant comme l'aimant d'une boussole) sont présents dans la rétine de certains oiseaux. C'est ce qui leur permettrait de corriger leur direction par rapport aux mouvements apparents des étoiles et du soleil.

     Les oiseaux ont la faculté de percevoir les infrasons (sons de basses fréquences inaudibles pour l'homme) produits par le vent ou les vagues se brisant sur la côte, et il est émis l'hypothèse qu'ils s'en servent pour se diriger.

     Enfin les oiseaux sont aussi capables d'utiliser des repères visuels du paysage : rivières, bosquets d'arbres, maisons…, qui sont essentiels pour l'approche finale.

     Comme pour les stimuli déclenchant le départ c'est l'ensemble de ces mécanismes qui permet aux oiseaux de s'orienter.

     Des expériences portant sur une population d'étourneaux déplacée loin de leur "route" habituelle de migration, ont montré que les jeunes oiseaux n'ayant encore jamais migré, ont continué leur route dans la même direction comme s'ils n'avaient pas été transportés. Ce qui prouve l'existence d'un mécanisme inné chez certaines espèces. En revanche les adultes ayant déjà effectué un cycle de migration, ont corrigé leur trajectoire pour atteindre leur zone d'hivernage habituelle, montrant une mise en pratique de leur acquis. 

Malgré ces mécanismes (constitution de réserves, énergie auxiliaire, orientation précise), de nombreux oiseaux vont mourir lors de la migration. Il y a ainsi une sélection naturelle des plus résistants et des plus efficaces dans leurs trajectoires. Mais l'action de l'homme affecte aussi les populations migratrices.

 

L'orientation chez les oiseaux

 

Source : GEPOG

 

 

L'influence du vent

 Le vent joue un rôle déterminant dans la migration des oiseaux. Sans son aide, il est probable que la plupart des migrateurs ne puisse effectuer des vols sans escales de plusieurs milliers de kilomètres. 

L'attitude des limicoles et des passereaux s'apprêtant à traverser l'océan atlantique entre le nord-est des Etats Unis et l'Amérique du Sud est à ce titre significative.

A chaque automne, plusieurs millions d'entre eux se rassemblent le long des côtes, entre la Nouvelle Ecosse (sud-est du Canada) et la Virginie (centre-est des USA).

Dès l'arrivée de vents favorables, générés par l'approche d'un front froid ou d'une dépression (une dépression engendre des vents tournants dans le sens anti-horaire), les oiseaux quittent le continent nord-américain et profitent de ces vents de nord-ouest, les poussant dans la bonne direction.

Ensuite, ces migrateurs utilisent les alizés de direction nord-est pour arriver en Amérique du Sud.

 Le succès n'est cependant pas toujours au rendez-vous.

Chaque année en effet, des oiseaux (par exemple des Petits chevaliers), sont déportés par ces vents et certains atterrissent en Europe de l'ouest.

Pour ces quelques migrateurs nord-américains déportés jusqu'en Europe, combien se sont noyés dans l'océan, après être tombés à l'eau, épuisés de fatigue ?

 

Source : GEPOG

 

Migration automnale des migrateurs nord-américains : l'influence du vent

D'après Burton, 1992

 

Le lourd tribut payé à l'océan

Un océan ne se traverse pas facilement, et les oiseaux le payent au prix fort.

Il est estimé que chaque année, plusieurs millions de petits migrateurs d'Amérique du Nord sont emportés et déportés par des vents de nord-ouest, s'épuisent en vol, tombent et se noient dans l'océan.

L'échelle du désastre

En octobre 1962, le Mauretania, un navire de ligne, quitte New York, alors que de forts vents de nord-ouest soufflent. Un jour après le départ du bateau, presque 130 oiseaux, appartenant à plus de 30 espèces différentes, sont sur le pont, vaincus par les vents.

Ces 130 oiseaux ne représentent bien sûr qu'une fraction minuscule de la population déportée durant ces intempéries.

 

 

 

Les menaces humaines

La grande majorité des petits passereaux migrateurs nord-américains (parulines, tyrans, viréos…) hivernent principalement en Amérique centrale et pour partie au nord de l'Amérique du Sud.

Très peu franchissent l'équateur; l'Hirondelle rustique en est une exception notable.

 La diminution importante des effectifs de ces populations d'insectivores a été directement mise en relation avec les déforestations préoccupantes d'Amérique centrale. Elle serait d'autre part une des causes des invasions d'insectes auxquelles sont confrontés les agriculteurs des Etats-Unis.

La destruction des milieux naturels n'est pas la seule à mettre en danger l'avifaune migratrice; la pratique d'une chasse irresponsable peut également amener une espèce à sa raréfaction, voire à son extinction.

 

Source : GEPOG

Les menaces humaines sur la migration

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