Coq-de-roche orange Rupicola rupicola

Coq de roche. photo de Michel Clément 

Photo : Michel Clément

 

Taille : 30 cm

 

Identification : S’il existe un oiseau très facile à reconnaître, c’est bien le Coq-de-roche orange ! La couleur orange vif du mâle en particulier est unique et semble surréelle. Et comme si cela ne suffisait pas à le rendre séduisant, il s’est également paré de plumes remarquables : sa tête porte une crête hérissée en permanence cachant en partie le bec, le bas du dos et le haut de la queue arborent un plumage soyeux en couches superposées bien distinctes, et les rémiges secondaires sont allongées par de longs filaments. La femelle, complètement différente, est marron, mais partage cependant avec le mâle cette crête semblable au cimier des casques de soldats romains.

 

Observation : Le Coq-de-roche orange est confiné au nord de l’Amérique du Sud, entre 150 et 1.500 m d’altitude ; on le trouve dans le sud-est de la Colombie, au Venezuela, dans les Guyanes, et dans le nord du Brésil (au nord de l’Amazone). Bien que relativement répandu, cet oiseau de la forêt primaire est exclusivement localisé aux affleurements rocheux qui offrent aux femelles des sites de nidification convenables : gros éboulis de plusieurs mètres de haut, falaises, grottes. Son nom scientifique rupicola vient justement des mots latin rupes et colere qui signifient " rocher " et " habiter ".

En Guyane, le Coq-de-roche orange est plutôt difficile à observer car il fréquente généralement des zones reculées. La Montagne de Kaw cependant, où plus d’une dizaine de sites de nidification ont été recensés, est une région où il est souvent admiré.

Malgré son plumage exceptionnel, ce n’est souvent qu’à quelques mètres de distance qu’on aperçoit le mâle, car il fréquente les sous-bois denses et riches en lianes, où la visibilité est fort limitée. La plupart du temps, les mâles trahissent d’abord leur présence par leurs chuintements et différents cris poussés avec force.

En cas de danger, leurs ailes courtes et puissantes leur permettent de fuir avec une très grande agilité à travers la végétation.

 

Alimentation : Comme tous les Cotingidés auxquels ils appartiennent, les coqs-de-roche sont avant tout des oiseaux frugivores. Ils attrapent les fruits en vol, sans même se poser. De très nombreuses espèces sont consommées, dépendant probablement des lieux et des saisons ; une étude de quelques jours seulement dans la réserve naturelle des Nouragues a révélé qu’il se nourrissait d’au moins 65 espèces différentes de fruits appartenant principalement aux familles Annonaceae, Burseraceae, Lauraceae, et Arecaceae. En Montagne de Kaw, les fruits des Palmiers pinot Euterpe oleracea jouent manifestement un rôle important.

Les jeunes au nid semblent profiter d’un apport conséquent en proies animales (insectes, petits reptiles).

 

Reproduction : A l’époque des accouplements, les mâles se rassemblent toujours sur les mêmes sites de parades, utilisés d’une année sur l’autre. Ces " arènes " rassemblent typiquement 5 à 10 mâles adultes plus quelques sub-adultes et des immatures occasionnels sur une petite zone d’environ 10 m x 20 m. Certains lieux exceptionnels comme le Voltzberg au Surinam concentrent plus de 50 mâles sur moins d’un hectare.

Les mâles restent perchés à faible hauteur, et dès qu’une femelle arrive, ils rejoignent le sol pour parader. A force d’atterrir et de décoller toujours au même endroit, ils finissent avec leurs puissants battements d’ailes par dégager complètement de ses feuilles et de ses brindilles une zone ovale qui peut atteindre 1,5 m x 2 m. Chaque mâle possède et défend une seule place de parade ainsi que le perchoir immédiat la dominant. Ces places de parade sont éloignées les unes des autres de quelques mètres, voire sont contiguës.

En présence d’une femelle, les mâles effectuent des démonstrations plutôt statiques et peu évoluées : ils se contentent de se poser au sol, de laisser leurs ailes écartées au-dessus de leur dos plus que le nécessite l’atterrissage, et de se pencher en avant jusqu’à ce que leur dos soit à l’horizontal … et puis c’est tout ! Ils restent alors figés sans fin, comptant manifestement sur la qualité exceptionnelle de leur plumage pour attirer les femelles. Lorsque l’une d’entre elles est séduite, elle se pose derrière le mâle de son choix et lui pince les longues franges des rémiges secondaires. C’est probablement le prélude immédiat à l’accouplement qui a lieu à l’extérieur de l’arène.

Les femelles s’occupent entièrement seules de la construction du nid et de l’élevage des jeunes. Elles choisissent systématiquement une paroi rocheuse abritée pour nidifier. En Montagne de Kaw, tous les nids répertoriés sont situés sous un auvent rocheux, à l’entrée d’une grotte ; ils peuvent être jusqu’à 6 placés à proximités les uns des autres (on parle de nidification semi-coloniale).

Les nids sont élaborés à partir de boue et de petites racines, mêlées à la salive pour en assurer la cohésion. Cependant, les femelles utilisent fréquemment ceux des années passées qu’il suffit de restaurer, les détériorations étant généralement faibles au bout d’un an étant donné la position abritée des nids. Deux œufs sont pondus à 48 heures d’intervalle et incubés 28 jours.

En Guyane, les arènes de parade sont fréquentées par les mâles de septembre – octobre jusqu’à début décembre et les nids sont occupés de novembre jusqu’au mois de mars.