J'aime assez, pour me changer les idée, m'asseoir au fond du GFIV Bar et écouter les conversations. Comme dans tous les bars, chacun tient son rôle et cisèle ses répliques. Le ton est léger, mais bien. C'est un style. Précision : il s'agit d'un bar virtuel (GFIV-Connection), mais les gens qu'on y croise sont bien réels.

Mardi 23 octobre

Fatigue. Envie de me coucher avec un livre. Ce que je vais faire. Good night.

Mercredi 24 octobre

Le cool, explique Greil Marcus, est le masque qui n'exprime aucune émotion. "James Dean en arborait un modèle parfait dans La fureur de vivre". J'ai eu mon époque masque cool, comme pas mal de monde, j'imagine.

Jeudi 25 octobre

Petit accrochage avec une assez lointaine connaissance. Les paroles importent peu. Je réalise maintenant la raison de mon emportement. Le ricanement. Ce type affiche le détachement de celui qui a perdu ses illusions. Mais tout le monde doit faire avec ça. Il y a ceux qui choisissent le ricanement. C'est un ricanement sans joie qui se déclenche de manière sporadique à chaque fois qu'une émotion se présente. C'est le ricanement des renégats, de ceux qui s'autorisent toutes les compromissions en brandissant leurs désillusions de jeunesse comme un laisser-passer pour l'abjection. C'est le ricanement de toute une génération qui occupe aujourd'hui les postes de pouvoir. A chaque époque, chaque société exige de l'individu certains sacrifices en échange du confort matériel. Certains comportement sont sollicités, souhaités, encouragés. Aujourd'hui, pour se faire une place, je conseille le ricanement sans joie du renégat.

Vendredi 26 octobre

Je viens de boire mon café. J'écoute Low que m'a fait découvrir Patrick François qui a téléchargé ces chansons sur un conseil de Troudair qui avait été conseillé par Madre. C'est ça le réseau.

Samedi 27 octobre

Je suis en vacances et c'est le premier jour. Lecture, écriture, un peu de ramassage de feuilles mortes (c'est fou la quantité d'arbres autour de la base), ce soir musique avec Lonesome et Bill (il paraît que je suis de plus en plus en rythme). Perfect days.

Dimanche 28 octobre

Lonesome Pat s'est décidé, sur mes supplications, à reprendre et à terminer son roman. Il s'appelle Goin' home et c'est un polar métaphysique.

Lundi 29 octobre

Non, il n'y a rien sur toi (message à un egomaniaque qui se reconnaîtra).

Mardi 30 octobre

Je ne comprends pas bien l'aversion de Madre pour Greil Marcus. Ils ont dû se croiser dans une vie antérieure et il y avait probablement une femme dans le secteur (une seule, c'est ça le problème). Toujours est-il que je me régale avec "La république invisible, Bob Dylan et l'amérique clandestine" ou la plongée dans les bandes du sous-sol. Greil parle bien de ces enregistrements intemporels, de leur mystère et de leur charme inépuisable.

Mercredi 31 octobre

Lonesome Pat me fait toujours rire lorsqu'il chante. Son drame : ne pas avoir une voix à la Howlin' Wolf ou Captain Beefheart. Moi je préfère celle-là. On l'entend moins.

Jeudi 1 novembre

I am happy and I don't know why (and it't better like that).

Vendredi 2 novembre

Brouillard. Il commence à faire un peu froid. J'ai des envies d'hiver, de journées immobiles passées à lire près de la cheminée, Lonesome qui sort sa guitare après le repas, tout le monde reprenant en chœur "any day now, any day now, I shall be released".

Samedi 3 novembre

Détournement de texte :

"Lonesome Pat chante d'une voix haut perchée, où l'on sent toute la tension de désirs inassouvis dont la satisfaction est comme toujours renvoyée au lendemain.. Elle s'élève, retombe, ondule, frémit, jouant avec le rythme de sa guitare comme l'eau d'un ruisseau qui revient inlassablement à l'assaut de la berge. On y sent une irritation un peu teigneuse, un dédain complet pour les conséquences que les actes du chanteur (ou son refus d'agir) seraient susceptibles d'entraîner."

J'ai juste remplacé le nom d'un vieux folkeux par Lonesome, banjo par guitare. Le texte vient de "La république invisible".

Dimanche 4 novembre

Fin des vacances. C'était pourtant bien. J'ai été d'une totale Inefficacité, absolument contre-productive.

 

1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13-14