Lundi 17 décembre

Je réalise que je n'ai jamais autant parlé du temps qu'il fait. Il est vrai que les conditions climatiques ont rarement fait sentir leur présence avec autant de vigueur.

Mardi 18 décembre

Comment agit un rêve ? En disant que les films de Lynch sont « oniriques », on laisse entendre que tout y est soit arbitraire, soit symptomatique, et on les livre en pâture aux Miller & Sibony de la critique. De fait, le scénario n’a jamais autant insisté sur le rôle des rêves. Très vite, la caméra plonge littéralement dans l’oreiller. Avant d’enclencher les décrypteuses, il faut tout de même noter que le rêve n’est qu’une forme parmi d’autres de décollement de la perception. Le double mouvement de déréalisation et de surréalisation dans l’image et le son, c’est d’abord le mouvement même du cinéma suivi dans son effet intime.

Extrait d'un excellent article consacré au film de David Lynch dans les Cahiers

Mercredi 19 décembre

Ce que je déteste dans les fêtes de fin d'année, c'est leur caractère inéluctable.

Jeudi 20 décembre

Un synthé, un appareil photo, des bouquins. On a beau prendre ses distances, difficile de ne pas se faire quelques cadeaux à Noël. Mais on a pas mis de sapin dans la base. On réserve ça pour le soir de la révolution.

Vendredi 21 décembre

Aujourd'hui, journée de réunion sans intérêt. Je ne comprenais rien aux débats faute d'en connaître les enjeux. Lu, ou plutôt feuilleté, le dossier du Magazine Littéraire consacré aux "écrivains rock". On ne peut mieux fait.

Samedi 22 décembre

Nick Tosches, La lumière de l'été 65 (extrait)

Dimanche 23 décembre

C'est la période des résolutions. Lonesome doit se remettre à écrire des chansons, Joe doit chercher un éditeur, Bill ne sait pas trop ce qu'il doit faire, et moi non plus.

Lundi 24 décembre

C'est toujours un peu triste et un peu la fête en même temps. Bill a amené du bon vin et nous allons essayer le synthé tout neuf.

Mardi 25 décembre

A la façon dont Lonesome s'extasie sur la boîte à rythme du synthé, je devine que ma carrière de tambourine girl va s'arrêter là. Je n'avais pas le sens du rythme, je l'avoue.

Mercredi 26 décembre

Yeah, it's like that thing they say where "You can never go home again but you spend the whole rest of your life trying." Nobody ever talks about the second line of that. You can never go home again, but fucking everybody tries. That's why you go back and start embracing things that you didn't necessarily dig at first. (Extrait d'une interview de Ryan Adams, la dernière trouvaille de Lonesome Pat.)
C'est assez vrai, non ?

Jeudi 27 décembre

 

Ah oui ! On a aussi eu un appareil numérique (donné avec l'imprimante) qui fait des photos pleines de pixels. J'aime bien les mauvaises images, les choses sont comme adoucies.

Vendredi 28 décembre

Bill me demande comment je fais pour trouver quelque-chose à dire chaque jour. En fait, lui ai-je répondu, je ne trouve rien. C'est bien la seule leçon de ce journal (s'il y en a une) : il n'y a rien à dire. Mais cela n'empêche pas de remplir des pages et des pages que des quantités impressionnantes de personnes viendront consulter dans l'espoir de découvrir s'il y a quelque-chose à dire.

Samedi 29 décembre

Aujourd'hui : rien. Juste une carte de voeux du GFIV.

Dimanche 30 décembre

Les changements d'année me donnent le blues. Heureusement, il y a du monde prévu à la base. Tout le GFIV est bien décidé à faire la fête. C'est avant le plus difficile - et aussi après, mais moins. Pendant, je ne me rend plus compte de rien. C'est pour ça que tout le monde fait la fête au nouvel an ? Pour s'étourdir et oublier le new year blues ?

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