Lundi 25 mars

ENFIN !

Le CD de Lonesome Pat est disponible, en kit. Comment? Vous n'étiez pas au courant ? Tout le monde l'a déjà, négligemment posé près de l'ordinateur. Il est très rock, avec des guitares bien sales et un son comme on en entend plus depuis la mort du vinyle.

Mardi 26 mars

Révélation de la semaine, à la base : Eels. Je n'avais pas entendu quelque-chose d'aussi beau depuis un sacré bout de temps. Intelligence, émotion plus mélodies impeccables; le cocktail rarissime qui vous dévaste à la manière du Velvet live 69, de John Wesley Harding, de Tonight the Night. Je met la barre un peu haut, mais n'y voyez aucune exagération de ma part.

Mercredi 27 mars

Bill s'amuse comme un petit fou avec son site ultra kitsch, Fun City. A voir d'urgence : les photographies érotiques (des gros plans à la limite de l'abstraction).

Jeudi 28 mars

J'espère très égoïstement que ton journal restera un secret "ouebien" bien gardé, m'écris un lecteur virtuel. Je pense que c'est bien parti pour. N'est-ce pas la plus belle chose qui puisse arriver à une personne qui tient un journal on line ? N'avoir pour lecteurs que des initiés, triés sur le volet, et qui transmettrons leur précieux secret à quelques rares élus. Une forme de société secrète.

Vendredi 29 mars

Vers les beaux jours. Pendant ces vacances, je vais enfermer Lonesome Pat dans le bureau. Il n'en sortira que lorsqu'il aura terminé ce foutu roman qui traîne depuis bien trop longtemps. Il me dit qu'il a oublié le fil de l'intrigue; je lui répond que c'est une chance : ainsi, il évitera l'ornière du récit linéaire.

Samedi 30 mars

Ce que nous faisons de mieux, nous le faisons sans nous en rendre compte, sans véritable intention de bien faire, à notre insu. Cette idée forte de Tchoueng-Tseu, qui va à l'encontre de l'édifice de certitudes occidentales, est abordée avec une clarté remarquable dans le petit livre de Jean François Billeter (signalé par Sollers dans le Monde, ce qui confirme qu'il est un excellent critique littéraire).

Dimanche 31 mars

Fait un tour sur une web radio. (Je tiens à remercier Sandra qui nous a donné le renseignement sur la liste). A un moment il faut faire un choix dans une liste de genres musicaux très détaillée. Bon, et c'est le genre de choix impossible à faire. A peine avez-vous jeté votre dévolu sur un style que votre regard se pose aussitôt sur un autre, largement aussi tentant. J'ai cliqué, après des tas d'hésitations, sur adult alternative. Vous voyez le genre. On trouve de tout là-dedans, le meilleur et le pire, Ron Sexsmith et Sting... Rien que le mot adult, avec son côté no fun, ça donne envie de se sauver, de choisir un truc de danse, du R&B (mais je sais que je fatigue rapidement). Le pire, je crois que c'est alternative. On sent le baby boomer qui a du mal à vieillir, qui fume son petit pétard le soir en rentrant du boulôt en écoutant autre chose que du vulgaire rock FM, du rock alternative et adult.

Lundi 1er avril

Le GFIV, c'est fini.

Mardi 2 avril

"Ne pas mourir anonyme.", déclarait le tireur de Nanterre. Nous somme au-delà de la fameuse phrase de Warhol qui supposait que chacun aurait droit à une minute de célébrité : lorsque le spectacle devient la seule réalité, la vraie vie, et que le seul but est de l'atteindre par tous les moyens (entrer dans le loft, titrer dans le tas, décrocher un article, une photo...). La conscience de ceux qui n'ont connu d'autre expérience que celle des images médiatisées du spectaculaire de masse s'est structurée ainsi.

Mercredi 3 avril

Je regarde des photos prises il y a quelques années. J'aime regarder ce genre d'images en détail, comme s'il y avait un mystère à lever, un détail à trouver, une révélation sur le point de surgir. Ce secret caché dans la photographie a trait à la manière dont l'appareil immobilise et enferme un instant extrait de la durée, de l'écoulement inéluctable du temps. C'est un peu ridicule, je regarde toujours les photos comme si le procédé venait juste d'être inventé, avec le même étonnement et la même fascination.

Jeudi 4 avril

Lu et approuvé. Il ne s'agit pas d'un chef-d'œuvre immortel. Plutôt le genre de livre qu'on oublie à peine refermé, mais qui vous aura fait passer un bon moment en vous vidant l'esprit au début des vacances. C'est déjà beaucoup.

Vendredi 5 avril

Les internautes, quels que soit leur nombres, n'ont aucun pouvoir sur les sociétés qui gèrent l'hébergement gratuit sur internet. La preuve en est donnée en ce moment avec ce qui se passe depuis que Lycos s'est payé Multimania. Soit ils sont incompétents, soit ils n'en ont rien à faire de l'hébergement gratuit. Comme ils ne peuvent pas virer tout le monde, ils pratiquent une forme de sabotage. Plus rien ne fonctionne ? Profitez de notre offre payante ! C'est consternant, sur les forums , de voir les clients de multimania hurler dans le désert, totalement impuissants et sans jamais susciter d'échos. Ils ont toujours la liberté de partir chez un autre hébergeur gratuit, me direz-vous. Mais jusqu'à quand ? (Je rappelle que le GFIV a quitté Multimania en août après qu'ils ont détruit tous nos fichiers; leur seule excuse : un mail nous rappelant que nous n'avions pas légalement le droit de les poursuivre).

Samedi 6 avril

Se lever au matin d'une journée ensoleillée en sachant que l'on n'aura pas à sortir pour voir des gens que l'on n'a pas envie de voir dans des endroits où l'on n'a pas envie de se trouver (ce qu'on appelle "travailler"), mais avec la douce certitude que l'on aura tout le temps pour rester sur la terrasse à lire lentement les poèmes d'Alvaro de Campos de Fernando Pessoa.

Dimanche 7 avril

Rarement une campagne pour des présidentielles aura suscité autant d'indifférence. Les commentateurs autorisés se répandent en analyses et commentaires sur ce qu'il appellent la "désaffection" du politique. C'est le contraire qui serait étonnant, non ? Que l'on continue à les écouter et à se mobiliser pour les hommes politiques, voilà qui pourrait semer une légitime inquiétude.

Lundi 8 avril

Nouveau : l'agenda du GFIV.

Mardi 9 avril

A nouveau envie de ne rien faire. Mais ce goût pour l'inaction m'a-t-il jamais quitté ? La différence, c'est que maintenant je l'accepte en pensant qu'il y a suffisamment d'adeptes de l'action et que ceci compense cela.

Mercredi 10 avril

Vous aimez ce journal ? Vous voudriez en lire un autre dans le même genre ? J'ai ce qu'il vous faut : Sandra.

Jeudi 11 avril

Ballade à Paris avec Joe (regard acéré de celui qui sort de sa tanière après avoir hiberné pendant six mois).

Andreas Gursky au Centre Pompidou. Andreas Gursky est creux. Même pas vide : rien. Si jamais vous vous égarez dans cette exposition, arrêtez-vous deux minutes (c'est suffisant) devant le moniteur vidéo à l'entrée et écoutez le pauvre Gursky nous expliquer en quoi sa démarche est pleine de significations cachées mais néanmoins profondes. Un grand moment d'humour involontaire.

Cadeau pour Bill : le comix de Crumb qu'il cherchait depuis des années (trouvé au Regard Moderne, of course).

Vendredi 12 avril

Aujourd'hui, repos. Comme dit Bill : "No idea today ! ".

Samedi 13 avril

Mondrian au musée d'Orsay. Impressionnant en terme de trajectoire, de parcours. Lorsque l'art moderne semble installé comme une confortable évidence, il est bon de se replonger à la source, lorsque rien n'était acquis et que tout restait à conquérir. Pourquoi Mondrian ne s'est-il pas contenté d'être un excellent peintre paysagiste ?

Dimanche 14 avril

J'aime bien les performances minimalistes de Bill sur l'agenda. Celle-ci , il me l'a offerte spécialement pour le journal. Elle s'intitule : "Improviser un riff sur un petit orgue jouet à moitié cassé".

 

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