Chapitre 3 - La physiologie du saumon


Écaille
Le calcul de l'âge du saumon se fait à partir de ses écailles. C'est pourquoi la plupart des gestionnaires de rivières recueillent un échantillon lors de l'enregistrement. Cet échantillon est expédié aux biologistes qui les analysent. Lorsqu'on regarde une écaille grossie au microscope elle apparaît comme un tronc d'arbre coupé. Des lignes circulaires démontrent la croissance du saumon. L'histoire de sa vie se reflète fidèlement sur ses écailles. Cette méthode découverte en 1905 par un certain Monsieur Johnston a été corroborée à maintes reprises depuis. Ces variations saisonnières dépendent de la température, de la disponibilité de la nourriture, de l'activité nutritive, de l'état physiologique du poisson, etc.

Organes sensoriels
Les chercheurs sont d'accord à ce que le saumon voie, entende, sente et goûte. Les réactions du saumon sont dues aux perceptions simultanées de plusieurs organes sensoriels. Il est donc utile pour le pêcheur de bien connaître tous les sens du saumon pour augmenter ses chances de le leurrer.

Vue
Les biologistes reconnaissent que le saumon, poisson de surface, a une meilleure vision que les poissons de fond. Pour lui, sa vision est très importante, autant durant la montaison que durant la période où il est dans les fosses. Les scientifiques sont d'accord que c'est à l'aide de sa vue que le saumon franchit les obstacles tels que les chutes, les barrages, les passages étroits, etc. Les obstacles majeurs sont donc franchis le jour, au moment où le saumon peut plus facilement évaluer les distances.

Premièrement, son attention est attirée par le mouvement des objets, ensuite ses yeux en précisent la forme et la couleur. Donc la vitesse de déplacement de la mouche revêt une importance capitale, encore plus que sa forme ou sa couleur.

Œil
L'œil du saumon ressemble un peu à celui de l'homme; mais il comporte des différences puisqu'il est adapté à un milieu qui n'a pas la même densité. Il est moins compliqué que celui de l'humain.


Vision monoculaire
Le saumon est doté d'une vision dite "monoculaire", c'est-à-dire que chacun de ses yeux peut percevoir l'image d'un objet différent. L'œil peut voir un objet assez éloigné (de 15 mètres) en fonction de la clarté de l'eau.

Cette vision l'empêche d'apprécier le relief, la profondeur, l'épaisseur de l'objet détecté; il ne voit qu'en deux dimensions. Il ne peut non plus apprécier la distance qui le sépare d'un objet.

Vision binoculaire
Le saumon a aussi une vision "binoculaire", c'est-à-dire qu'il peut percevoir simultanément par les deux yeux et en trois dimensions un même objet. Mais cette vision est restreinte : il ne peut voir en avant de lui et au-dessus de lui qu'à une distance variant de 10 à 60 cm. Le saumon ne peut vraiment apprécier la distance entre lui et un objet que lorsqu'il voit cet objet en vision binoculaire. Pour prendre une mouche, le saumon doit pouvoir évaluer la distance entre lui et cette mouche; c'est donc dire qu'il doit absolument la voir en vision binoculaire. Donc, pour qu'il l'attaque, la mouche doit passer tout près, devant ou au-dessus du saumon.

Toutefois, si le saumon perçoit une mouche dérivant à côté de lui (en vision monoculaire), il pourra se déplacer pour bien la voir (en vision binoculaire) et, éventuellement, la gober.

Champ visuel
Pour nous aider à leurrer le saumon avec nos mouches, il peut être important de comprendre comment il les voit. Il existe deux phénomènes physiques pour la transmission de la lumière, la réflexion et la réfraction.

Toutes les images qui sont vues par des yeux sont dues au phénomène de la réflexion de la lumière. Celle-ci voyage en ligne droite, rencontre un milieu dense et, selon l'angle avec lequel elle pénètre, elle sera réfléchie (si l'angle est inférieur à 10°) ou réfractée (si l'angle est supérieur à 10°). L'image prend alors la direction de la lumière réfractée. C'est pourquoi, lorsqu'on voit un saumon dans la fosse, il n'est pas réellement où on croit le voir, il sera toujours plus profond et plus près de nous.


Le champ de vision horizontal du saumon est d'environ 300° (en vision monoculaire). Il existe un angle mort de 30° vers l'arrière si le saumon est totalement immobile; mais comme un saumon est presque toujours en mouvement, ce point mort est presque inexistant. Le champ de vision binoculaire serait d'environ 30°, il faut donc que la mouche passe dans cet espace pour qu'il la distingue clairement. Toutefois, plus le saumon est profond dans la fosse, plus la surface de ces 30° sera grande. On parle de 2,26 fois la distance entre le saumon et la surface de l'eau. Un saumon qui se tiendrait à 30 cm de profondeur aurait une vision binoculaire d'un diamètre de 67,8 cm à la surface tandis qu'un saumon à 60 cm en aurait une de 1,36 mètre. Donc, la méthode la plus efficace pour déterminer le champ de vision du saumon est d'évaluer la profondeur où il se trouve.

Les couleurs
La lumière ambiante, si elle est vive, permet à l'œil du saumon de percevoir le détail des objets et leur couleur. Lorsque la lumière ambiante est faible ou absente, l'œil du saumon perçoit quand même les formes et les contours des objets, mais il ne discerne plus les couleurs, il ne voit que le noir et le blanc. Voici une bonne indication sur la couleur des mouches à utiliser avant le lever et après le coucher du soleil : des mouches noires et blanches !

La lumière blanche, lorsqu'elle est diffusée à travers un prisme, donne un spectre en sept couleurs (dans l'ordre : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange et rouge). Le violet est la couleur possédant la plus courte longueur d'onde, tandis que le rouge est celle qui émet la plus longue. S'il y a beaucoup de particules dans l'eau, le saumon percevra mieux les couleurs émettant une plus grande longueur d'onde, comme le rouge, et si l'eau est claire, ce sera l'inverse.

En plus de distinguer les couleurs, le saumon peut aussi percevoir les différentes nuances de ces mêmes couleurs; donc l'emploi d'un bout coloré (rouge, orange, vert, jaune) sur une mouche peut avoir plus d'importance qu'on ne le croit, de même que l'addition de fibres colorées dans les ailes.

Odorat
Le saumon perçoit les odeurs à l'aide de deux minuscules narines situées en avant de chaque œil. N'oublions pas que, d'après les scientifiques, le saumon retrouve sa rivière natale par son odeur diluée dans la mer. On a même déjà dit que l'odorat du saumon était 1 500 fois plus sensible que celle du chien, alors imaginez ! C'est pourquoi lorsque la situation nous le permet, on doit s'abstenir de mettre les pieds dans l'eau. On doit toujours essayer de pêcher à partir de la batture et ne mettre les pieds à l'eau que lorsqu'on y est obligé. Autant pour que le saumon ne nous sente pas que pour qu'il ne nous entende pas.


Ouïe
Les saumons peuvent détecter des bruits et des vibrations sonores aquatiques, celles qui sont produites dans l'eau. Celles-ci se propagent cinq fois plus rapidement dans l'eau que dans l'air. Mais il n'entend pas les vibrations qui sont dans l'air. Vous pouvez parler, autour de la fosse, sans apeurer le saumon mais vous avez moins de chance d'être entendu si vous marchez lentement et si vous faites attention où vous mettez les pieds pour ne pas causer de vibrations au sol, à l'extérieur de l'eau et encore plus dans l'eau. C'est comme s'il touchait, voyait et entendait à distance: il peut localiser la source qui émet les vibrations. Certains biologistes disent que le saumon peut identifier la position exacte de la mouche dans l'eau lorsqu'elle est à un mètre.


Déplacement
Comme beaucoup de poissons, le corps du saumon est fusiforme. Il se déplace par des mouvements ondulatoires. Il pousse des pointes de vitesse jusqu'à 30 km/heure et peut parcourir entre 40 et 50 km par jour face au courant.



Chapitre 2 - Le cycle de vie du saumon
Chapitre 4 - La préparation pour la pêche