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La
sexualité qu'expérimente actuellement l'homme est une sexualité d'une
pauvreté incommensurable.
Jugez-en.
l'homme dès qu'il aborde la sexualité s'interroge sur la stratégie qu'il
emploiera afin de repousser le plus tard possible son orgasme éjaculatoire.
Ceci est un indice fort du but qu'il poursuit en matière de sexualité,
à savoir la décharge orgasmique. Il vaut mieux pour lui que cette décharge
intervienne après que la femme ait eu le sien, ou tout du moins, dans
ses meilleurs moments, qu'il y parvienne en même temps que sa partenaire.
Sinon comment sera-t-il jugé, lui qui a une réputation à sauvegarder,
une réputation de mâle dominateur et dominant. Voilà donc ce que vise
tout homme, la plupart d'entre eux, lorsqu'il a en tête de passer aux
choses sérieuses dans ce domaine si prisé de la
sexualité: Il veut montrer qu'il est le maître et à ce titre
lui seul est autorisé à donner le tempo, à choisir le procédé, la manière,
les postures et à décider du moment, de ce grand moment de l'apothéose
finale, celui de la bonne giclée.
Ne vous formalisez pas si je m'exprime ainsi. C'est un sujet que je
connais bien, croyez-moi. Car j'ai été cet homme-là pendant bien longtemps,
trop longtemps.
Quant
à la femme qui s'est fort bien adaptée à la situation, plus en position
de servante qu'une autre, elle s'est pliée aux exigences de son mâle
partenaire et cherchant avant tout à le satisfaire s'active pour le
bon plaisir de monsieur au détriment de son propre plaisir,
de tout épanouissement, de toute sexualité libératrice.
L'un
comme l'autre pensent que leur bonheur dans le sexe dépend nécessairement
du partenaire. A aucun moment ne leur vient l'idée d'une intervention
autrement qu'extérieure. Or la première des choses à acquérir dans le
domaine de la sexualité supérieure est l'indépendance, l'autonomie dans
le plaisir. Heureux ceux et celles qui y sont parvenus, car c'est seulement
ainsi qu'ils ont pu découvrir, faisant fi des convenances,
la présence d'un troisième intervenant, une force, une entité
à part entière, une déesse (ou un dieu) qui ne demande qu'à être apprivoisée,
car à l'état brut c'est une vraie sauvageonne de nature ignée, qui va,
qui vient, se cabre, lance une ruade, ce peut être un vrai danger, une
sauvageonne d'une sensibilité, d'une intelligence, d'une force insoupçonnables.
Cette force, cette déesse, ce dieu c'est le dragon ailé pour certains,
la kundalini pour d'autres. Pour d'aucuns c'est tout bonnement la force
sexuelle, principe énergétique hautement spécialisé qui a pour tâche
de nous amener à connaître le divin par le détour de l'extase amoureuse.
En tous les cas c'est ici le point de départ de notre plus grande aventure.
Cette
force sexuelle, on la localise le plus clair du temps à la base de l'épine
dorsale, dans la région du coccyx. Elle y est enfermée, endormie la
plupart du temps car l'homme a renoncé de s'y soumettre, de l'amadouer
et de travailler de concert avec elle. Elle a la forme d'un serpent
enroulé sur lui-même, la tête dans le prolongement de la colonne vertébrale,
prêt à jaillir et à se retrouver au sommet du crane, siège du premier
chakra, celui de la couronne.
Dans l'activité sexuelle
courante, autrement dit très peu satisfaisante, le serpent n'est stimulé
que très faiblement. Comme il n'est pas question de recherche de l'extase
sexuelle à ce niveau, il met fin(car l'homme à ce stade ne maîtrise
aucunement sa sexualité) après un temps relativement court à l'étreinte
amoureuse par le procédé de la décharge orgasmique, décharge qui est
ressentie par l'aspirant à l'extase comme une frustration phénoménale.
Vous
l'avez compris, pour l'homme il s'agit d'éviter à tout prix l'orgasme
extérieur, car tant qu'il n'est pas devenu maître du serpent il ne peut
connaître l'extase, cette extase qui s'apparente, il faut bien le dire,
à un orgasme intérieur sans épanchement séminal. Oui cela existe et
lorsque vous êtes parvenu à ce résultat, vous pouvez vous dire en votre
for intérieur que votre histoire est dès lors en train de s'écrire vraiment.
Apprêtez-vous, ce faisant, à faire la connaissance de votre maître,
votre véritable maître intérieur. |