S’il n’y a pas de justice, il y aura des scratches..
La répression
militaire en Argentine a prétendu éliminer toute forme de
résistance, à travers l’imposition de la terreur ; mais elle
s’est trompée. La mémoire du peuple ne peut jamais s’éteindre,
nos 30 000 disparus ont laissé un vide impossible de combler. De
plus la main d’oeuvre employée pour la répression est encore
en activité dans les commissariat. Depuis la fin de la dictature
on récense 600 cas de meurtres impunes attribués aux forces
de l’ordre, parmi lesquels on peut citer Walter Bulazo, Cabezas etc...Les
anciens tortionnaires se promènent librement et certains vont même
jusqu’à revendiquer leur crimes.
Un ancien
militaire de la marine a publié en 1996 El Vuelo, le vol
où il raconte comment les prisonniers des camps de concentration
étaient jetés au Rio de La Plata, et comment
l’église
se dédiait à laver les consciences des militaires repentis
par des tels actes.
Face à
cet état de choses, l’indignation commença à monter.
Les HIJOS avaient le choix entre rétablir la justice par leur propres
moyens ou réussir une condamnation sociale. Ils ont opte pour la
deuxième solution. Parce qu’il paraît que nous sommes en démocratie
et que nous sommes conscients que notre peuple est un peuple avec des valeur
humanistes et que le sens de la famille est très encré dans
notre culture et enfin les médias durant la dictature ont mené
une firme campagne de deinformation, et par la suite une campagne de sensationnalisme
abrutissant où l’on ne pouvait allumer la T.V. sans voir apparaître
des mains ou des foetus dans le formol.
Le HIJOS
ont inventé la méthode du Scratche, qui consiste à
faire une enquête sur la vie et " œuvre " des tortionnaires pour
ensuite convoquer leurs voisins et toute la nation a manifester contre
leurs crimes.Le premier scratche fut réalisé contre Bussi
lorsque ce dernier devint gouverneur de la province de Tucuman, les HIJOS
ont nommé ce jour: jour de la honte national. Ainsi ont été
scratché Etchecolatz, Videla, Massera, des médecins tortionnaires
et tant d’autres depuis 4 ans. Alors que les premiers scratches ne mobilisaient
qu’un petit groupe de personnes, on compte des miliers de personnes aux
plus récents. D’ailleurs le mot scratche est devenu courant
dans le langage politique du pays, les HIJOS ont gagné leur place.
Les conséquences
de la lutte pour les droits de l’homme commencent à se faire ressentir
: Videla, Massera, Nicoalide, Etchecolatz, Acosta, ont été
arrêtés pour vol d’enfant, crime qui n’est pas pris en compte
par la loi d’Amnistie. C’est pour cela que nous devons continuer à
nous battre et à solliciter l’appuie de toute la population y comprit
la population mondiale ; parce que tant que les crimes restent impunis
les bourreaux continuent d’exister..
L’un des
derniers scratche s’est réalisé contre Andrealo, les HIJOS
avaient pris une des maisons que avait constitué une unité
de base de la résistance péroniste il y a 20 ans, et que
ce monsieur s’était approprié comme butin de guerre. Des
homme arés appartenant à des groupes néo-nazis et
appuyés par la police de Buenos Aires, sont entrés dans la
nuit et ont agressé les jeunes qui faisaient le sitting. Nous ne
devons pas permettre que de telles action se reproduisent car elles portent
atteinte à toute possibilité de revendication.
Le dernier
scratche s’est fait le 24 février contre Juan Carlos Rolon, alias
" niño " ou " Juan ", il a intégré un groupe activiste
de la ESMA, école navale qui constitua l’un des camps de concentration
le plus sanguinaires de la répression. En mars 1977, il voyagea
au Venezuela où il participa de la séquestration d’un groupe
de personnalités argentines en exil, parmi lesquelles Julio Bronner.
Il est libre grâce aux lois de Point Final votées par le gouvernement
de R.Alfonsin. Le président actuel C.Menen s’est occupé de
le faire monter en grade, il habite à Capdevilla 28528vo " B ".
Pour nous,
le scratche est également un moyen de nous enlever la peur à
laquelle nous avons été soumis et pouvoir retrouver le pouvoir
d’action populaire. Nous devons continuer le combat contre l’impunité
si nous voulons un jour rétablir un système plus juste.
Précédent |