I
Elle est venue, familière et brutale
Elle a bu à la source et le cours s'est troublé
Elle a dévoré sur nos lèvres un rire nouveau né
Elle a fouillé nos coeurs
Les a empoisonnés
II
Il a arpenté le désert. Il a écarté les grains nombreux de l'oubli.
Il l'a réchauffée dans le désert bleu de la nuit.
Quand la source s'est tarie, il a puisé dans son coeur.
Il a veillé pour balayer le sable qui menaçait. A la fin, il a pris la mesure de l'éternité.
Un chagrin de ronce vivace a verdi.
III
Belle mariée dors
Ta longue mort
Nos voeux habitent
Ton silence
IV
Ils sont tous là
A resserrer le cercle de leur chaleur
Leur souffle
Est forteresse de vivants
Leur peine
Egrène les heures de l'attente
Dans leur regard lève la douleur
Leur coeur partage l'agonie
Ensemble
Jusqu'au bout de la plainte
V
Notre révolte a saisi le masque sans âge de la mort
Nous l'avons médusé
Nous ne l'avons pas brisé
Nous avons baisé, impuissants
Un visage en allé
VI
Au-delà de la douleur, le chemin sera doux
Passante, tu fouleras la terre d'un pas si léger
Que les herbes folles seules tressailleront
Au-delà de notre vie, l'amour veillera
Lampe de notre foyer
Coeur de notre coeur
Présente, pour chérir l'aube de nos matins
VII
Suspendus à tes lèvres
De notre souffle nos yeux nos mains
Dans l'attente éperdue de ton souffle
Retenu, puis rendu
Si navrés de pitié pour ton être épuisé
Pauvre corps travesti par la souffrance
Dépouille à laquelle nous nous sommes accrochés
Pour aider à sa délivrance
Suspendus à tes lèvres
Nous avons compté
Nous avons tenté
De desserrer l'étau
Pour que passe ton souffle, encore une fois
Nous avons compté, une dernière fois
L'éternité avait commencé
4 juin 1992
POEMES D' OMBRE ET DE LUMIERE
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