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LA COTE


* Le port d'Hyères

le port

* Port-Pothuau ou Port des Salins ?

(extrait du Nice Matin)

Dès que les Salins commencèrent à Hyères, on a compris qu'un abri était nécessaire pour évacuer la production, la voie maritime étant plus aisée que la voie terrestre.

C'est à partir du XIXe siècle que l'on voulut prendre des mesures pour l'établissement d'un véritable abri.

Le 12 avril 1867, le Préfet du Var accepte la location d'une partie du littoral des Vieux Salins au sieur Agard, agissant au nom des propriétaires des Salins, pour y établir un débarcadère de charpentes en prolongement de la chaussée, dite de Saint-Nicolas ou des Salins.

Mais la Marine cherchait à établir un port plus conséquent, et l'on pense que c'est grâce à l'amiral Pothuau, ministre de la marine dans le gouvernement Thiers, que l'on est passé aux actes en 1872. C'est d'ailleurs par décision présidentielle, en date du 24 novembre 1881, que ce port prit le nom de Port-Pothuau (1).

Les litiges étaient nombreux entre la Compagnie des Salins, les pêcheurs locaux et la Marine, il était urgent de définir un règlement pour ce port, ce qui fut fait par le décret du Président de la République, signé le 5 mars 1900.

La propriété du port est totale avec ses ouvrages, pour la Marine. La Compagnie des Salins, dont les canaux aboutissent à ce port, en aura le libre accès, à la condition expresse qu'ils ne créent aucun encombrement.

Les pêcheurs et navires de commerce pourront également utiliser ce port s'ils ne causent aucune gêne.

Toutes ces possibilités sont données sous la tutelle de la Marine, qui insiste pour que le port reste propre et que tout rejet, liquide ou solide, y soit interdit : la Marine voulait rester maîtresse chez elle.

Cela n'empêchera pas les litiges de rester constants, et les conditions créées par des raz-de-marée de rendre ce port assez dangereux.

C'est une des raisons pour lesquelles, dès 1912, on envisage de créer un port-abri distinct, plus à l'ouest du port de la Marine, quoique contigu, comme en atteste le rapport fait au Conseil général de septembre 1913 par M. Moulis, alors maire de Hyères.

Tout le monde s'intéresse à ce port qui prend de l'importance comme port de commerce. Une étude des Douanes signale que pour les années 1911 à 1913, c'est un total de 51 657 622 kg de sel et 20 191 hl de vin qui ont transité, sans compter le bois et le liège.

On ne fait pas d'obstruction de principe, mais comme il se doit, la Marine fait un peu traîner les choses.

Heureusement, l'adjoint de l'époque M. Passalaqua remet sans cesse sur le tapis cette question.

D'ailleurs, après le raz-de-marée de 1914, il signale au Conseil municipal que si on l'avait écouté, et construit ce port-abri, les dégâts auraient été moins importants.

Une fois de plus, tout le monde reste sur ses positions, et il faudra attendre la fin de la guerre pour que le conseil municipal reprenne ce sujet, en y ajoutant l'attrait qu'un tel port apporterait à la plaisance.

Mais un raz-de-marée plus important le 2 novembre 1920, endommagea gravement la jetée et les maisons en bordure.

La Marine avait déjà fait savoir par lettre du 10 avril 1920 qu'elle se désintéresserait des maisons construites sur le domaine maritime, " leur emplacement n'étant pas compris dans les terrains affectés à Port-Pothuau ".

Le conseil municipal revint donc à la charge, " considérant que la rade d'Hyères est une des plus belles et des plus poissonneuses de la Méditerranée ", il insiste sur l'urgence du projet dont les archives recèlent quelques plans, dont un établi par M. Farisian de la Cie des Salins.

Un autre problème compliquait les faits, le " courrier " des îles de Port-Cros et du Levant partait alors de ce port : c'était le bateau des Daumas.

Mais bien d'autres voulaient aussi participer à ce trafic, des armateurs comme M. Robart avec son vapeur le Sloughi, qui demande un droit pour le ravitaillement des îles. Il essuie un refus du maire le 28 novembre 1922 : " le port est trop encombré et il y a tout juste de la place pour le courrier ".

Cela ne fit pas aboutir le projet, dont on reparlera le 13 juillet 1928, puis en janvier 1930 et jusqu'après la seconde guerre mondiale lorsqu'il fut question des réparations à apporter à la suite des destructions.

On peut toujours rêver et espérer que le combat de tout un siècle arrive à une solution convenable pour toutes les parties.

Vincent BOREL.

(1) - Voir le livre du même auteur, Autour des Salins à Hyères vers 1900.





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