Les anoures

Les crapauds et les grenouilles

 

Même si ils appartiennent au même ordre, celui des anoures, les grenouilles et les crapauds sont deux genres bien différents d'amphibiens mais n'ont en fait que peu de différences.

En effet les grenouilles ont une peau lisse et brillante, un corps élancé et de puissants membres pouvant leur permettre de faire des grands bonds. Les crapauds eux, ont une peau sèche et pleine de verrues leur permettant de mieux résister à la sécheresse. Leur forme plus ramassée ne leur permettant pas de sauter aussi bien que leurs cousines, les crapauds doivent se contenter de ramper et de faire de petits bonds. Ce manque d'agilité les rend bien plus vulnérables aux attaques des multiples prédateurs. C'est pour cela que la nature a compensé cette faiblesse en dotant l'animal de ses verrues qui sont en fait des glandes sécrétant des toxines au goût âpre empêchant tout prédateur de l'avaler. De plus le crapaud est doté d'une peau bien plus sèche que celle de la grenouille lui permettant de mieux supporter l'absence d'humidité et donc de s'éloigner des points d'eau.

Crapaud vert

Cette espèce de crapaud est assez courante dans notre région. 

Rainette 

 Les pattes de cette grenouille sont munies de ventouses lui permettant d'adhérer aux tiges et feuilles des plantes. 

Autre petite différence, les grenouilles pondent des oeufs en tas alors que chez les crapauds la femelle les expulse sous forme de longs rubans.

Ces deux espèces d'anoures se nourrissent de petits insectes qu'ils capturent en lançant sur eux une longue langue gluante et fourchue qui est attachée sur le devant de la bouche. La proie y reste collée et avant de se rendre compte de ce qui lui arrive est amenée au fond de la gorge de l'animal. La bouche des crapauds et des grenouilles est munie de petites dents à croissance continue implantées seulement sur la mâchoire supérieure et la voûte du palais. Cependant les anoures comme tous les amphibiens ont un champ visuel très réduit et seuls les petits insectes volant nageant ou rampant, donc en mouvement deviennent à leurs yeux des proies éventuelles.

Comme tous les amphibiens, l'activité des crapauds et des grenouilles varie en fonction de la température. C'est ainsi qu'à l'approche de l'hiver, les anoures de notre région ne pouvant plus maintenir leurs corps à la température idéale, s'endorment à moitié  enterrés dans des lieux discrets mais néanmoins près d'un point d'eau. La moindre élévation de température suffit par la suite à les faire sortir de leurs léthargie et à leur faire reprendre une activité normale. C'est alors qu'au printemps débute la saison de la reproduction des crapauds et grenouilles.

L'étang se met alors à résonner d'un grand nombre de coassements,  les mâles de certaines espèces de grenouilles comme la rainette émettent en effet des chants nuptiaux pour trouver leurs partenaires. Pour se faire ils utilisent un sac vocal qui en se gonflant fait office de caisse de résonance. C'est ce dispositif qui explique que le chant des grenouilles soit si sonore. Quand aux espèces d'anoures qui ne chantent pas,  elles s'organisent en couple en se regroupant massivement dans le même étang qui est le plus souvent celui où elles sont nées. Quand les anoures femelles sont sur le point de pondre leurs oeufs, leurs peaux deviennent perlées et rugueuses leurs prétendants sont ainsi avertis qu'elles sont prêtes à s'accoupler avec eux.

Une fois le couple formé le mâle monte sur le dos de la femelle qu'il agrippe fermement grâce à des callosités râpeuses qui n'apparaissent que pendant la période de reproduction pour disparaître par la suite. Chez les crapauds et grenouilles l'instinct de reproduction est si fort que les mâles restant célibataires s'accrochent à n'importe quelle chose en mouvement pour tenter de se reproduire avec. C'est pour cette raison qu'il arrive de voir à cette période des anoures mâles agrippés à des poissons ou aux bottes des promeneurs. Depuis quelques années une disparité des sexes chez les anoures rend ce genre de phénomène encore plus fréquent que par le passé et inquiète de nombreux scientifiques qui sont déjà fortement pessimistes quand à l'avenir des grenouilles et des crapauds.

Le couple ainsi formé conservera cette posture toute une journée. La pression exercée par le mâle sur le corps de sa compagne est si forte qu'elle provoque l'expulsion des oeufs que ce dernier arrose de son sperme au fur et à mesure de leur évacuation. Chez les anoures contrairement aux tritons la fécondation est donc externe. C'est à ce moment que l'on remarque une différence entre nos deux genres d'anoures. En effet, les grenouilles pondent des oeufs en tas gélatineux alors que chez les crapauds la femelle les expulse à l'intérieur de longs rubans qu'elle déroule tout en nageant.

Ponte de grenouille

Ponte de crapaud

Les oeufs des amphibiens ne sont pas protégés par une coquille, comme chez les reptiles et les oiseaux. C'est pourquoi, pour éviter toute déshydratation, ils sont en général pondus dans l'eau.  

Les têtards de grenouilles et de crapauds suivent le même développement, il faut en général trois mois après l'éclosion de l'œuf pour que le têtard se transforme en grenouille ou en crapaud. Cependant cette durée ainsi que les repères chronologiques qui suivent ne sont qu'indicatifs. En effet la température de l'eau joue un grand rôle dans ce développement, c'est ainsi qu'en aquarium chauffé il est possible d'obtenir des grenouilles en presque un mois... Plus il fait chaud plus les têtards mutent rapidement, on voit souvent des têtards se développer dans une ornière dans un chemin boueux, la faible quantité d'eau de ce milieu fait que le moindre rayon de soleil suffit à élever la température. Les amphibiens y grandissant traversent ainsi plus vite cette période où ils sont particulièrement vulnérables. L'autre avantage de l'ornière c'est l'absence de gros prédateurs des étangs, même si le féroce dytique arrive par les airs dans cet Eden et cause de grands ravages, l'absence de poissons et d'autres gros prédateurs rend le site intéressant. Néanmoins les grands défauts de l'ornière sont que d'une part le manque d'eau donc d'oxygène limite le nombre d'amphibiens pouvant y grandir (ce que les parents semblent savoir vu qu'ils ne pondent que peu d'œufs dans ces endroits) et que cet endroit peut être détruit à tout instant avec ses occupants de la même façon dont il a été créé c'est à dire par les roues d'un tracteur...

Intéressantes ces ornières il faudra penser à demander à Herbert de nous y amener un de ces jours... Mais pour l'instant revenons au sujet objet de notre étude:

Développement des anoures de l'œuf à l'individu formé   

Une fois pondus et fécondés les oeufs remontent à la surface  sous l'effet de la gélatine qui s'est mise à gonfler au contact de l'eau. Cette enveloppe visqueuse permet de maintenir les oeufs au chaud en absorbant la chaleur du soleil. D'autre part elle constitue aussi une protection contre les bactéries et les algues parasites. Cependant une grande partie des oeufs sera dévorée par les poissons insectes et autres prédateurs. La seule parade trouvée par les anoures pour se perpétuer est de pondre un très grand nombre d'œufs. 
 Deux heures plus tard, l'embryon de têtard commence déjà à se développer la photo ci-contre montrant la première division cellulaire. L'œuf se met à grossir sous l'effet de l'accélération de la vitesse de reproduction des cellules. Le troisième jour, le futur têtard prend déjà sa forme allongée et s'agite de plus en plus fort dans son enveloppe gélatineuse. Vers le début de la seconde semaine ses cabrioles ont raison de la résistance de sa bulle qui crève et laisse son protégé s'aventurer au dehors.
Ce dernier ne va pas aller très loin, au contraire le jeune têtard d'à peine deux semaines vient s'accrocher à la paroi extérieure de son oeuf qui bien que crevé flotte encore un moment. C'est une ventouse qui plus tard se transforme en suçoir qui rend cette adhésion possible. Par la suite le minuscule animal d'à peine 1cm partira se coller sur d'autres surfaces (rochers, plantes, bois...). Pour respirer le têtard utilise des branchies externes situées de chaque coté du corps. C'est au cours de la troisième et de la quatrième semaine que les branchies externes se résorbent et que d'autres branchies cette fois internes se forment. Le double suçoir disparaît aussi au profit d'une bouche. Le têtard qui jusque là vivait des réserves contenues dans son oeuf en y restant collé, va nager pour se nourrir d'algues ou de lambeaux de viande arrachés au cadavre d'un animal dans l'eau.
Ci contre un têtard de 5 semaines la queue s'est épaissie et musclée permettant au têtard de se déplacer rapidement dans l'eau, sous son ventre on peut distinguer par transparence l'intestin spirale. Déjà à la base de la queue apparaissent de petits bourgeons qui deviendront les pattes arrières. 

Nous sommes à la huitième semaine, notre jeune ami a développé ses pattes arrières. Ces membres sont passés du stade de bourgeons difformes à celui de membres articulés en plusieurs points aux extrémités de sa première paire de membres, le têtard a développé des orteils palmés offrant ainsi plus de résistance à l'eau ce qui augmente la puissance de propulsion de notre future grenouille. Mais à ce stade c'est encore la queue représentant plus d'un tiers du poids de l'animal qui lui permet de se déplacer. Ce long appendice l'accompagnera encore pendant deux à trois semaines puis entre la onzième et la douzième semaine il sera résorbé par l'amphibien. En effet la queue va se mettre à rétrécir et les cellules qui la constituait vont être recyclées par le têtard qui va les utiliser pour faire grossir son corps. C'est aussi au cours de ce stade de développement que l'on voit la bouche de l'animal grossir de façon significative. Cependant l'appareil reste rudimentaire il s'agit d'un simple grattoir. 
C'est à partir de la douzième semaine qu'apparaissent les plus gros changements, l'aspect du têtard change radicalement avec l'apparition des pattes avant, les yeux grandissent et sont dotés de paupières. Mais le plus important changement est la perte des branchies et la formation des petits poumons qui font que l'amphibien sort sa tête de l'eau pour respirer.
La métamorphose est enfin complète, il était grand temps car depuis la fin du troisième mois la grenouille avait cessé de s'alimenter tirant son énergie et la matière première nécessaire à sa transformation de la résorption de sa queue. Quand elle quitte enfin l'eau elle ne mesure guère plus de 2cm et devra attendre trois ans avant de devenir adulte et de pouvoir se reproduire.

L'orage menace... pour conclure notre excursion cliquez sur le nuage

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