Le Castel Meur

Document 1 : Tiré du livre « Mémoires englouties »

Plongée sur le Castel-Meur

Situation :

L'épave du Castel-Meur se trouve au beau milieu de la baie de Douarnenez. Elle est située à 4,5 milles dans le nord ouest de Douarnenez et à 5,5 milles dans le sud-est de Morgat. Le Castel-Meur repose à proximité immédiate de l'épave du chalutier-école La Perle, coulé également comme récif artificiel en 1986. Les deux épaves sont si proches, à peine 70 mètres les séparent, qu'on a parfois la surprise de découvrir La Perle alors qu'on croyait avoir mouillé sur l'épave du Castel-Meur.

Sur le site, la visibilité est rarement tres mauvaise, mais elle reste souvent moyenne. Les meilleures conditions de clarté se rencontrent au mois de mai, avant l'explosion du plancton, ou aux mois de septembre et d'octobre avant que les premières grosses tempêtes de l'automne ne viennent troubler l'eau pendant plusieurs mois. Durant les périodes d'eau claire, la visibilité peut alors être exceptionnelle, per mettant de découvrir pratiquement toute l'épave d'un seul coup d'oeil lors de la descente sur le mouillage. Si l'épave est protégée des houles de secteur nord à nord-oucst par l'avancée du cap de la Chèvre, elle est par contre très ouverte aux houles de secteur ouest à sud-ouest (lui contournent la pointe du Raz. Le site est également assez éloigné de toutes les côtes de la baie de Douarnenez pour que le vent, de quelque secteur qu'il soit, lève facilement au dessus de l'épave un assez fort clapot qui peut rapidement devenir très désagréable. Comme dans tout le fond de la baie de Douarnenez, le courant est pratiquement nul quels que soient l'heure et le coefficient de la marée. Il est donc préférable de plonger sur le Castel-Meur un jour de fort coefficient et de réserver les jours de coefficients plus faibles à l'exploration d'autres sites plus sensibles aux courants. Il existe dans les ports de Tréboul, de Douarnenez et de Morgat de larges cales de mises à l'eau qui descendent bien au-dessous de la hauteur d'eau de mi-marée. Le Castel-Meur est un un récif artificiel destiné à favoriser le repeuplement de la baie. Si la plongée y est autorisée, la pêche, sous quelque forme que ce soit, y est par contre strictement interdite.


Un navire intact :

L'épave du Castel-Meur, coque, passerelle et portique, est entière, intacte, seulement inclinée à 450 sur tribord. La rouille a tout juste commencé à oeuvrer dans ces tôles encore solides. L'épave repose sur un fond de sable fin et gris dans lequel elle a progressivement creusé une souille. La lisse tribord de la plage arrière se trouve pratiquement au niveau du fond. La profondeur atteint presque 33 mètres à marée haute de grand coefficient. Le portique du chalutier s'élève jusqu'à 20 mètres, dominé par le mâtereau des feux, le rouf du bloc passerelle est à peine moins élevé. Il est donc possible de programmer un profil de plongée qui permettra d'optimiser la durée des paliers. Tout l'accastillage et tout l'annement du Castel Meur ont été prélevés avant le sabordage. L'épave est donc une grande coque de fer intacte mais complètement nue. Bastingages, rambardes et échelles sont restés en place. Les traces de torsions et d'arrachements qu'ils portent sont d'avantage dues aux mouillages qui les accrochent qu'à la bascule du chalutier lors de sa chute. Pour conserver le plus longtemps possible à l'épave son aspect actuel, il serait souhaitable de ne pas y mouiller de trop grosses ancres. Sur le pont avant entièrement dégagé, trois ouvertures rectangulaires s'ouvrent en arrière du V du brise-lames et permettent l'accès à l'entrepont de pêche. Une grande plaque métallique a été découpée dans le pont arrière, au pied du château, pour l'enlèvement du bloc moteur. Cette ouverture permet d'accéder facilement à l'intérieur de la coque en passant sous la passerelle Le pont de travail couvert est largement ouvert, sans piège. Plusieurs plongeurs peuvent y pénétrer de front ; les trois panneaux qui s'ouvrent sur le pont avant permettent une sortie facile et éclairent l'intérieur. Des nuages de pétoncles voletantes peuvent vous accueillir à la façon d'une nuée de papillons dérangés lorsque vous pénétrez sous ce pont couvert. Sur bâbord s'aligne une succession de cabines, percées de hublots et en apparence aussi vides les unes que les autres. Une exploration attentive ne manquera pourtant pas de vous révéler la présence d'un ou plusieurs gros congres, cachés dans un coin, ou lovés derrière un tuyau. Un coin de vase commence à s'accumuler dans le fond tribord de cet entrepont. Cette accumulation de sédiments fins est facilement remise en suspension par le battement des palmes et il est préférable dc ne pas s'aventurer jusque là. Au milieu du pont, trois ouvertures plongent vers l'obscurité des cales à poissons. La visite de ces cales est à déconseiller formellement. Les passages sont plus étroits, la vase plus prompte à se mettre en suspension.

C'est de plus ici le domaine réservé des congres qui ondulent en pleine eau et n'apprécient pas toujours les intrnsions. La taille respectable qu'atteignent certains d'entre eux est une raison suffisante pour éviter de s'engager dans ce piège fermé. De toute façon, il n'y a plus rien dans ces cales qui vaille une visite. Un simple coup d'oeil par les panneaux qui s'ouvrent dans l'entrepont suffira à s'en convaincre. La visite des entrailles du Castel Meur, Si elle ne présente pas de diffi culté particulière, est donc réservée à la première palanquée. Elle devra de plus être reportée. Si la houle est sensible au fond. Elle engendre en effet un puissant courant alterné amplifié par l'étroitesse du passage et l'exploration des cales peut alors se révéler risquée. Sur l'arrière du pont se dresse le bloc passerelle, également intact et percé de sabords et de hublots sans vitre. Sur son flanc bâbord, le sigle de l'armement, rapporté en fer forgé, est encore visible. La timonerie, dépouillée elle aussi de tout son matériel de navigation, est accessible par la porte qui s'ouvre sur l'arrière du château. Ce local est pourtant relativement étroit et clos, bien que tous les sabords aient perdus leurs vitres et que la lumière y pénètre à flot. La visite ne se fera qu'avec une extrême prudence en prenant bien soin qu'une seule palanquée ne s'y trouve au même moment. Le portique de chalutage qui s'élève sur l'arrière donne une formidable impression de volume. Lorsque l'eau est claire, le plongeur accoudé au bastingage de la petite passerelle qui le surmonte peut avoir une superbe vision de l'épave toute entière. Au pied du portique, la rampe de chalutage inclinée plonge comme un toboggan directement vers le sable. Ne cherchez pas l'hélice, elle a, elle aussi, été retirée avant le sabordage.


Le royaume des congres et des ophiures :

Plus que toute autre épave, le Castel Meur est le royau me des congres et des ophiures. Ces dernières couvrent littéralement la coque, parfois sur plusieurs épaisseurs. Deux espèces différentes sont présentes : les ophiures noires qui rarnpent sur les ponts en ondulant horizontalement leurs bras noirs et les ophiures singes qui agitent leurs bras grêles et grisâtres dans le courant. Les congres ont quant à eux investi les entrailles du chalutier et se lovent dans l'obscurité des cales, occupant tous ses recoins. Ironiquement, ce sont donc des poissons bien vivants qui ont irtvesti les cales qui leur étaient destinées.. sous forme de filets. Revanche... Il n'est pas rare de voir sortir des congres en pleine eau, au dessus du pont, pour quémander aux visiteurs un morceau de sardine. Spectacle impressionnant que ces corps gris, souvent longs de plus d'un mètre et qui ondulent en pleine eau à toucher les plongeurs. Emotifs s'abstenir. De gros oeillets de mer blancs accrochent leur corolles trapues et pelucheuses sur les bastingages tordus. Le pont avant et le portique retiennent la ronde d'un épais nuage de gros tacauds. Bars et dorades ne dédaignent pas venir tourner autour de l'épave, seuls ou par petites escadrilles rapides et farouches, promptes à se fondre dans le vert. Leur rencontre est donc le plus souvent réservée à la toute première palanquée.

Conditions de plongée :

La plongée sur l'épave du Castel-Meur ne présente aucune difficulté particulière. Elle est accessible à tout plongeur encadré titulaire d'un niveau Il. Quand l'eau n'est pas très claire, la masse de l'épave est impressionnante. La visite des cales et de la timonerie devra être évitée ces jours là. Il est facile de s'orienter sur l'épave et de retrouver le mouillage à la fin de la visite. Une des difficultés que rencontreront les plongeurs lors de leur première visite tient à l'inclinaison de la coque et des ponts. Il est en effet tentant, de se poser sur ces surfaces bien conservées : elles sont malheureusement trop inclinées pour qu'il soit possible de s'y maintenir et on est immédiatement entraîné par une glissade vers le fond. Le Castel-Meur est resté longtemps une épave grisâtre et triste, intacte mais sans surprise. On sentait, dès le premier abord, qu'il ne s'agissait pas d'une épave comme les autres, d'un navire naufragé en pleine vie, englouti avec "rêves et bastingages" comme le disent joliment Cousteau et Dumas dans le "Monde du Silence", mais d'une simple enveloppe de fer nue, dépouillée, sans mystère ni zone d'ombre, d'un bateau déjà mort avant même sa disparition. Le contraste était surtout flagrant avec l'épave de La Perle coulée tout près avec pratiquement tout son armement. La faune elle-même semblait avoir perçu cette différence, et était beaucoup moins riche, beaucoup moins luxuriante que sur le chalutier-école voisin. Pourtant peu à peu, l'épave austère du Castel-Meur est parvenue à apprivoiser la vie sous-marine. Depuis 1993, de nombreuses colonies d'alcyons ont commencé à peupler ses rambardes, son portique et ses armatures, repoussant les ophiures et rehaussant le chalutier de cette touche de couleur chaude qui lui manquait. Les poissons ne s'y sont d'ailleurs pas trompé et leur abondance n'a plus rien à envier à celle de son épave soeur. Le Castel-Meur joue actuellement parfaitement son rôle de récif artificiel, de pôle d'attraction pour la vie sous- marine, pour le plus grand plaisir de ses visiteurs palmés. Outre son parfait état de conservation, l'abondance des pois sons constitue en effet actuellement un des intérêts majeur du site.

Deux clubs de plongée fréquentent régulièrement cette épave :

Le D.A.C. (Douamenez Aqua club)
Square B. Lansyer
Plage des Sables Blancs - Tréboul
29100 Douarnenez
Tél. (33) 98.74.17.36 - Permanence le vendredi soir de 21h30 à 23h30.


Le centre de plongée T.S.A.

Port de Plaisance de de Morgat
29160 Crozon Morgat
TéL (33) 98.27.05.00 et 98.26.25.77.
Sémaphore du cap de la Chèvre 98.27.09.55