Exposition Pink Floyd Interstellar

 

Du 10 octobre 2003 au 25 janvier 2004

 

Entrée plein tarif : 6 € 50

 

Cité de la musique de la Villette (www.cite-musique.fr)

 

A l’occasion de la ré-édition de l’album « The dark side of the moon » pour son trentième anniversaire, la Cité de la musique de la Villette (Paris) organise une exposition consacrée à son auteur : Pink Floyd.

 

Non seulement l’album y est présenté mais également une rétrospective de ce groupe mythique des années 1970 avec la période psychédélique de « The piper at the gates of dawn », la période « The Wall », la période post Roger Waters (le bassiste et leader du groupe) avec les albums « The division bell » et « Pulse ». Des instruments utilisés lors des tournées ou lors des séances d’enregistrement des albums sont également présentés.

 

Naissance de Pink Floyd

 

Tout commence à Cambridge (Angleterre) en 1962 entre Syd Barrett (premier guitariste/chanteur) et David Gilmour (second guitariste/chanteur), amis d’enfance, et Roger Waters (bassiste), Nick Mason (batteur) et Richard Wright (clavier), amis également et membres du groupe Screaming Abdabs (1963) puis Sigma 6 (1963-64).

 

De son côté, Syd Barrett officie au sein de Geoff Mott & The Mottos (1963-64), The Hollerin Blues (1963) et Those Without (1963) alors que David Gilmour joue avec les New Comers (1963-64), les Joker’s wild 1 à 4 (1963-67) puis Bullit/Flowers (1967).

 

A l’automne 1964, Syd Barrett part étudier à Londres et s’installe dans un appartement proche de celui de Roger Waters qui lui présente alors Nick Mason et Richard Wright. Tous les quatre s’associent alors pour former Leonard’s Lodgers (1964) puis The Spectrum Five (jusqu’à fin 1964). Cette formation sera successivement rebaptisée Tea Set (1964-65), The Pink Floyd Sound  (1965), (The) Pink Floyd (1965-67) puis Pink Floyd sous l’impulsion de Syd Barrett. 1967 marque un tournant avec l’arrivée de David Gilmour qui remplacera progressivement Syd Barrett qui sera écarté du groupe en 1968. Syd Barrett poursuivra sa carrière en solo avec trois superbes albums (auxquels certains membres de Pink Floyd ont participé) puis au sein des Stars (1972).

 

La période psychédélique

 

Au milieu des années 1960 apparaît le « psychédélisme », clairement associé avec LSD, et le « Pop Art » (associé aux reliques en plastique orange et vert qui traînent encore chez nos parents !) Vers 1966 sont alors introduits de nouveaux instruments à la formule de base (chant, guitare, basse, batterie, clavier) avec le clavecin, le mellotron, les instruments indiens (sitar, tabla…) et des pédales d’effet telles que la Wah-wah (immortalisée par Jimi Hendrix et les B.O. des séries TV américaines des années 1970) et la Fuzz (plébiscitée par des groupes tels que 13th Floor Elevator, et plus récemment The Fuzztones et The Raveonettes). A cette époque, les concerts underground sont délirants et le dandysme y fait légion. Le mouvement psychédélique prend racine sur la côte ouest américaine (San Francisco) ainsi qu’à Londres.

 

De cette période naîtront trois superbes albums : « The piper at the gates of dawn » (1967), « A saucerful of secrets » (1968) puis « Ummagumma » (1969) avec des morceaux à la fois planants et techniques tels que « Astronomy Domine » et « Interstellar Overdrive » préfigurant les orientations futures de Pink Floyd vers le « Space rock ».


La période exploratrice

 

Avec les albums « Atom Heart Mother » (1970), « Meddle » (1971) et son remarquable « Echoes » qui dure plus de 20 minutes, puis « The dark side of the moon » (1973), Pink Floyd atteint des sommets en terme d’exploration sonore. Mais ceci n’aurait pu être possible sans le recours massif aux instruments alors en vogue à l’époque : les synthétiseurs analogiques, les pédales d’effet, la guitare « steel », la « talk box » (vocoder pour guitare), les bandes son inversées… Cette période est au cœur de l’exposition.

 

Les documentaires présentés

 

Au cours de l’exposition, de nombreux documentaires vidéo sont présentés : les concerts de la période psychédélique, la préparation en studio de l’album « The dark side of the moon » et en particulier l’utilisation par Roger Waters du synthétiseur VSC3 - sur lequel nous allons revenir -, quelques extraits du film « The Wall » (1979) et de celui de la tournées « Pulse » (1995). Mais bien sûr ce n’est pas tout et vous en jugerez par vous-même.

 

Les auditoriums

 

Quelques cabines ont également été aménagées afin d’écouter des morceaux de Pink Floyd au son Dolby 5.1 (5 enceintes). Je me suis ainsi prêté à ce petit jeu en m’immergeant dans une minuscule cabine (celle qui se trouve entre la batterie de Nick Mason et le synthétiseur Synthi Hi-Fli de David Gilmour) pour déguster quelques morceaux du « Dark side ». Dommage que l’album passe en boucle et que l’on ne puisse pas choisir son titre préféré (pour ma part il s’agit de « Time »), néanmoins, j’ai trouvé sympathique l’écoute de « Money » et de « Us and them » (surtout les cœurs et le formidable solo de saxophone de Dick Parry).

 

 

Les instruments

 

Passons aux choses sérieuses car c’est pour cette raison que je suis allé à l’expo : voir les synthétiseurs. Et là, je n’ai pas été déçu car il y avait un superbe orgue Hammond Quadpod (celui utilisé par Richard Wright dans le « Live at Pompei » ) datant du début des années 1970, un orgue Farfisa Compact Duo (utilisé également par Ray Manzarek de The Doors en plus d’un Vox Continental) datant des années 1960.

 

Il y avait également un synthétiseur Synthi Hi-Fli EMS de 1973 de type « pad » (avec deux pédales au sol) et en guise de clou du spectacle un VCS3 EMS de 1972 (utilisé également par Peter Townshend de The Who sur l’album « Who’s next ») qui a servi à réaliser l’introduction de « On the run » de l’album « Dark side » composée de 4 notes mises en boucle. Il s’agit d’un synthétiseur portatif à matrice qui tient dans une mallette et se trouve au croisement d’un jeu de société « Touché-coulé » et d’un synthétiseur Wasp EDP (« la guêpe», de par ses couleurs). En fait, il ne s’agit pas d’un VCS3 mais je dirais plutôt d’un Synthi A/AKS EMS, mais bon c’est du détail d’autant plus que le second est basé sur le premier…

 

Sinon, on trouvait également un Clavinet Hohner D6 de 1975, utilisé par Richard Wright dans la tournée « The dark side of the moon », un synthétiseur Minimoog de 1970, utilisé pour la tournée « Wish you were here » et « Animals » (on comptera trois Minimoogs sur scène), un Prophet-5 de Sequential Circuits, utilisé par Richard Wright lors de l’enregistrement et la tournée de « The Wall ».

 

Trucs et astuces made in Pink Floyd

 

Lors de la tournée européenne de 1977, on découvre dans l’exposition une peau de caisse claire éventrée, appartenant à la batterie de Nick Mason, sur laquelle figurent des bribes de phrases écrites au crayon de bois sous forme de pense-bête (Nick Mason ne connaissait pas encore les « post-it » !) comme par exemple : « break before end of Dogs-6 ».

 

De même David Gilmour utilise un pédalier « fait maison », prodigue d’intégration car les câbles reliant la bonne dizaine de pédales d’effet disparaissent sous un panneau de bois faisant office de pad. Parmi les effets se trouve un « Noise gate », ce qui n’est pas très courant ! Si vous regardez avec attention les photos du livret fournit avec l’album live « Pulse » vous remarquerez qu’au pieds de David Gilmour se trouve le même type de pédalier.

 

Allez-y !

 

Voilà une exposition qui m’a pris en gros deux heures en traînant beaucoup et qui s’étend sur une longue période (cinq mois) alors je ne vous presserai pas, mais allez y faire un tour, ça vaut vraiment le détour !

 

12 octobre 2003

 

Jérôme Pons, pour MotorSixOone