La
musique militaire m'émeut, à qui oserais-je le dire? Mon
grand-père m'avait appris à l'aimer. Durant ses cinq ans
de vie militaire, il n'avait pas connu le pire. Artificier professionnel
en 1914, on l'appelait pour déminer. Il était vétéran
et donc à l'arrière. Et je dis à mon ami militaire
et musicien: "A la guerre, si on te fait prisonnier, dis que tu es
musicien".
En 1914, ils étaient habillés de bleu horizon (1).
On les tirait comme des petits lapins, ils étaient encore des bleus
au combat. La guerre fit grand progrès et apprit à changer
d'habit, mais ce bleu souligne l'innocence des soldats qui ne savent plus
très bien pourquoi ils sont là. Ils cherchent une issue
dans le bleu du ciel, là où ils pourraient voir leur SAINT,
et sur le champ de bataille, ils meurent en rangs serrés dans leur
manteau bleu clair.
Aujourd'hui, l'étendard de leur linceul bleu, de la couleur de
la Sainte Vierge Marie, flotte plein d'espoir au palais des Nations Unies.
L'Organisation des N.U. est le seul fruit positif des deux guerres mondiales.
Son drapeau drape le monde invisible des morts à la guerre. Il
nous rassemble pour la paix et le développement.
Dans
ces deux guerres mondiales, de nombreux peuples partagent les mêmes
défunts. A Paris Place de l'Etoile, sous l'Arc de Triomphe, le
soldat inconnu est un sans papier de la couleur noire des fumées
de la guerre. Il est si inconnu qu'il est symboliquement noir, il rejoint
la négritude. Rappelons le sacrifice des régiments africains
en bleu horizon pour la victoire de la démocratie de Marianne.
Avec
tous les pays, les génies des morts, amis et ennemis, nous rassemblent
autour du drapeau du SAINT de l'armée des casques bleus.
Ce
drapeau bleu consacré par les peuples et les morts est une anticipation
magique de l'avenir. L'Afrique a trois couleurs préférentielles,
ce sont celles du paradis chantées par Bob Marley; le vert de l'espérance,
des hommes du désert et de l'Islam, le jaune de la joie, le rouge
de la victoire. Le drapeau de la France, de la République de Marianne,
a le bleu du SAINT victorieux et le blanc de la paix qui peut lier toutes
les couleurs des drapeaux du monde entre elles. Au Pérou, le drapeau
des indiens est l'arc-en-ciel dont les couleurs sont l'ultra-violet, le
violet, l'indigo, le bleu, le vert, le jaune, le rouge, l'infra-rouge,
symbolisant en Haïti le serpent de la connaissance du bien et du
mal qui descend du feu du ciel pour boire l'eau au pied de la divinité
féminine: LA TERRE.
Dans
l'arc-en-ciel, bleu tu es au bord du violet, et je te rappellerai à
qui appartient le violet. Tu es au bord du vert, de ce vert universel
de l'espérance du paradis de la verdure.
Nous avons le violet à notre limite, il s'obtient dans un mélange
de bleu et de rouge, de bleu et de victoire, de bleu et de sueur, d'innocence
et de sang. Le violet est la couleur des morts et du Christ; du SAINT
égaré à la guerre.
La
violence et le violet ont la même première syllabe: le viol...et
de la liberté, et de l'amour, et de la vie. Le violet passe dans
l'ultra, disparaît dans l'au-delà. Il ressuscite à
chaque printemps dans la douce couleur mauve (ou pourpre) d'une éphémère
anémone ; plantée par Aphrodite avec ses larmes mélangées
à la dernière goutte du sang de son amant, Adonis, tué
par un sanglier envoyé par le jaloux Arès, dieu de la guerre.
De l'autre côté nous avons le vert. Il est le mélange
du bleu et du jaune. Notre SAINT est RICHE et GENEREUX. Depuis qu'il est
aux Nations Unies, son génie militaire peut faire du vert dans
le désert. Ce sont les luxueuses lumières technologiques
de notre siècle frappant la terre d'Afrique avec l'eau, les énergies
et l'inox.
Les militaires, légions des pseudo-anges déchus, retrouveront
le sang bleu de leur noblesse perdue, s'ils mettent leur génie
au service de la féminité de la terre dorée du Sahel.
En
1984, place des Nations Unies à Ouagadougou, l'étoile
jaune de la joie se reflète toute dorée dans l'éclair
des couleurs vertes et rouges du Burkina. Force potentielle révolutionnaire,
éclair pénétrant et surgissant de la terre mère.
Par la volonté de ses militaires, montons l'étoile plus
haut pour que la couleur bleue sorte du Faso, pour que l'acier reçoive
l'arc électrique de CHANGO, pour que le génie créateur
des mécaniciens d'OGOUN installe rails et canalisations dans tout
le pays. Pour que la déesse "terre" féminine et
coquette soit avec tous les saints de l'arc-en-ciel du prisme des lumières
de la Francophonie.
En 1985, les deux éclairs ont la couleur bleu clair du drapeau
des Nations Unies et découpent les silhouettes de deux hommes,
l'âme bleue de deux soldats inconnus, si inconnus que l'un est noir,
l'autre est blanc, ressuscités dans la jeune génération
des pionniers aux bérets jaunes, loin des stériles et coûteuses
conversations onusiennes de New York, de Genève, de Rome et de
Paris, pour semer des étoiles d'or aux épines des arbres
de Noël de la sécheresse.
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Retours Tête de Chapitre
(1) En 1914, ils commencèrent par porter les couleurs:
rouge et bleu. Deux couleurs trop voyantes dans une guerre moderne, où
il ne faut pas être vu. De leur côté, les Allemands étaient
habillés en vert, les Français choisirent certainement le
bleu horizon pour se distinguer d'eux. Malheureusement la cible était
encore trop belle. PLus que le bleu, ce mot "horizon" a dû
être aimé des soldats et a ouvert un espoir naïf dans
leur coeur. L'horizon est une ligne de fuite, d'échappement, c'est
le bout du tunnel d'une vie coincée, surtout en temps de guerre,
sur un champ de bataille. Pour l'esprit, l'horizon, plein de réverbération
entre la terre et le ciel, mélange la vie terrestre à la vie
céleste.
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