My Love, My Life
Ce slow qui tue, interprété par Agnetha, n'a
pas pris une seule ride avec les années. Aujourd'hui encore,
lorsque je l'écoute, je suis estomaqué par le travail
effectué sur les churs et par la beauté de
l'arrangement écrit pour les instruments à cordes.
Et puis, Agnetha chante vraiment divinement.
Dancing Queen
Dancing Queen est probablement la plus connue de toutes
les chansons d'ABBA. C'était une des premières
fois qu'une chanson entendue sur mon petit poste de radio me
donnait envie de foncer acheter un 45 tours. Il parait que, dans
le monde entier, nous avons été trois millions
à avoir cette même idée en 1976.
Dancing Queen, c'est de la Pop comme on savait en faire
dans les seventies : une chouette mélodie, des paroles
accrocheuses, une basse qui ronfle, un gimmick de piano et surtout
les voix magiques de Frida et d'Agnetha qui reprennent le refrain
en chur :
You can dance, you can jive, having the time of your life
See that girl, watch that scene, dig in the dancing queen
Ces mesures sont si pleines d'harmoniques qu'on attrape la
chair de poule dès qu'on monte un peu le volume. C'est
probablement un des secrets du son si particulier (et par conséquent
du succès) d'ABBA.
Dum Dum Diddle
Que puis-je dire sur Dum Dum Diddle que je n'aie pas
déjà dit à propos de Dancing Queen ?
Les ingrédients des deux chansons sont en effet les mêmes,
ainsi que leurs effets... Je me demande malgré tout si
Dum Dum Diddle, avec sa mélodie plus joyeuse et
son tempo plus rapide, n'est pas encore plus efficace que Dancing
Queen ? C'est le genre de chanson qui dure moins de
trois minutes, mais qu'on fredonne pendant trois jours après
chaque écoute.
Si on nous avait demandé en 1976 si Arrival
était un disque important, je pense que nous aurions tous
éclaté de rire à cette question. A l'époque,
il y avait des groupes incontournables, ceux que tout adolescent
devait absolument connaître : Led Zeppelin, Deep Purple,
Pink Floyd, Status Quo, Yes, Queen pour n'en citer que quelques-uns.
Mais il nous arrivait aussi d'acheter d'autres disques. Lorsqu'en
fouillant dans les disques d'un copain nous en trouvions un dont
la pochette nous paraissait bizarre, le copain en question s'en
sortait généralement avec une moue de dédain
et une pirouette :
Ah, celui-là... C'est un disque que mon grand frère
a oublié dans ma chambre. Est-ce que vous trouvez que
j'ai une tête à écouter ça ?
Lorsque le disque était un disque d'ABBA, l'histoire
était à peu près la même :
C'est à ma sur, elle laisse traîner
ses affaires partout.
J'aurais bien dit comme eux, mais j'étais fils unique...
Ceci dit, je pense qu'à cet âge-là nous
appréciions tous la même musique : celle
qui passait à la radio. Donc nous avions tous des singles
des Rubettes et d'ABBA, même si nous avions tous un alibi
plus ou moins crédible pour justifier leur présence
auprès des copains (qui d'ailleurs les possédaient
probablement aussi). Les Beatles, Stones, Who et autres ne sont
venus que quelques temps plus tard, sauf peut-être pour
ceux qui avaient des grands frères branchés sur
la musique des sixties.
Pour moi, Arrival fut et reste un grand disque. De
même que We can do it des Rubettes (dont je parlerai
probablement un jour si je le trouve en CD) m'a appris à
faire la différence entre une guitare électrique,
une guitare acoustique et une basse, Arrival m'a fait
découvrir le son des claviers et les possibilités
extraordinaires de la voix humaine. Ce n'est pas rien :
s'il n'y avait pas eu ces disques, je n'aurais peut-être
jamais eu envie d'en écouter d'autres et je ne serais
pas en train d'écrire cette page en ce moment. J'ai aussi
réalisé, en voyant ABBA passer à la télé,
que mon idéal féminin ressemblait sacrément
à Agnetha. Mais, pour ça aussi, nous devions être
quelques millions...
Aujourd'hui, en écoutant Arrival, on reste étonné
par la qualité d'ensemble de l'album et la quantité
de tubes qu'il contient : Dancing Queen, Knowing
Me, Knowing You, Money, Money, Money, Arrival
(l'instrumental repris par Mike Oldfield) et aussi Fernando
en bonus sur la réédition en CD. Et pourtant, il
s'agit bien d'un album original et non pas d'une compilation
de 45 tours. ABBA était vraiment une usine à tubes
et ceci est leur plus bel album. Les autres chansons du disque,
même si elles sont moins connues, sont tout à fait
écoutables et auraient parfois même (My Love,
My Life, Dum Dum Diddle) pu marcher en 45 tours.
Je l'ai déjà écrit pour d'autres disques,
mais la musique est le reflet de l'humeur de son temps. Nous
sommes donc en présence de la musique joyeuse et insouciante
d'une époque joyeuse et insouciante. A consommer sans
modération en ce début de 21ème siècle
si lugubre.