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Disc one (stéréo) |
Village Green Preservation Society |
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Do You Remember Walter? |
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Picture Book |
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Johnny Thunder |
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Last of the Steam-Powered Trains |
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Big Sky |
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Sitting by the Riverside |
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Animal Farm |
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Village Green |
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Starstruck |
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Phenomenal Cat |
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All of My Friends Were There |
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Wicked Annabella |
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Monica |
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People Take Pictures of Each Other |
Bonus tracks |
Mr. Songbird |
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Days |
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Do You Remember Walter |
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People Take Pictures of Each Other |
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Disc two (mono) |
Village Green Preservation Society |
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Do You Remember Walter |
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Picture Book |
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Johnny Thunder |
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Last of the Steam Powered Trains |
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Big Sky |
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Sitting by the Riverside |
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Animal Farm |
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Village Green |
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Starstruck |
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Phenomenal Cat |
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All of My Friends Were There |
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Wicked Annabella |
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Monica |
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People Take Pictures of Each Other |
Bonus tracks |
Days |
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Mr. Songbird |
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Polly |
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Wonderboy |
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Berkeley Mews |
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Village Green |
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Disc three (rarities) |
Village Green |
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Misty Water |
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Berkeley Mews |
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Easy Come, There You Went |
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Polly |
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Animal Farm |
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Phenomenal Cat |
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Johnny Thunder |
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Did You See His Name |
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Mick Avory's Underpants |
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Lavender Hill |
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Rosemary Rose |
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Wonderboy |
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Spotty Grotty Anna |
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Where Did My Spring Go? |
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Groovy Movies |
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Creeping Jean |
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King Kong |
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Misty Water |
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Do You Remember Walter [BBC Session] |
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Animal Farm [BBC Session] |
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Days [BBC Session] |
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Chronologie
The Kinks are the Village Green Preservation Society
est paru le 22 novembre 1968. Septième album des Kinks,
il se positionne entre Something else by the Kinks (15
septembre 1967) et Arthur or the Decline
and Fall of the British Empire (octobre 1969) dans la
discographie du groupe.
Le disque en détail
Trois CDs, 62 morceaux, près de 3 heures de musique :
voici une réédition pour le moins copieuse. Mais
l'essentiel de The Kinks are the Village Green Preservation
reste quand-même la quinzaine de chansons qui constituaient
le 33 tours original. La voici épluchée en détail.
Village Green Preservation Society
A la fin des sixties, le mode était au alter ego. En
juin 1967, les Beatles s'étaient transformés, pour
leur album Sgt. Pepper's Lonely Hearts
Club Band, en « orchestre du club des curs
solitaires du sergent Poivre ». Quelques années
plus tard, David Bowie allait disparaître et laisser la
place à Ziggy Stardust. Quant aux Kinks, ils ont choisi
de laisser ici la parole à la « Société
pour la préservation du Village Vert ». Cette
honorable institution a pour but de préserver l'Angleterre
de toujours, celle qui apprécie des choses aussi variées
que Donald Duck, Fu Manchu, Sherlock Holmes, Moriarty, Dracula,
le Vaudeville, le billard, la George Cross, les confitures, les
tartes à la crème, la bière pression, les
maisons Tudor, les petites boutiques, les tasses en porcelaine
de Chine et même... la virginité.
Etonnant ! A une époque où ses homologues
voulaient changer le monde, alors que les Who espéraient
mourir avant d'être vieux et que les Rolling Stones,
frustrés de n'avoir pas pu participer à mai 68,
sortaient Street fighting man, Ray Davies, du haut de
ses 24 ans, se penchait avec mélancolie sur un passé
révolu et en profitait pour nous confier ses états
d'âme.
A l'écoute de ce premier morceau on constate à
quel point cette "vraie" réédition était
nécessaire. Car, qu'il s'agisse du CD de 1998 ou du vinyle
paru dans les années 80, jamais The Kinks are the Village
Green Preservation Society n'avait sonné aussi bien.
On redécouvre ici, par exemple, le vibrato de l'orgue
de Nicky Hopkins . Et nous ne sommes qu'au début des surprises...
Do You Remember Walter?
Ray se souvient de son vieux copain Walter, de leurs parties
de cricket, des premières cigarettes fumées dans
le jardin, de leur envie de s'acheter un bateau et de sillonner
les océans. Mais le temps a passé et aujourd'hui
Walter est probablement un homme marié, bedonnant, qui
se couche tous les soirs à 20h30. Et oui, les gens changent
mais les souvenirs restent.
Que dire de cette chanson sinon qu'il suffit d'en écouter
le refrain pour en deviner immédiatement l'auteur ?
Elle possède en effet la "patte" de Ray Davies,
reconnaissable à coup sûr.
Picture Book
Ray s'imagine vieux, assis près de la cheminée,
en train de feuilleter son album de photos. Photos de famille,
photos de vacances, mais surtout photos des jours heureux d'autrefois.
Cette réédition met en valeur des sons qui,
jusque là, étaient noyés dans la masse,
à commencer par une superbe guitare acoustique. Bonne
nouvelle : grâce à une publicité télévisée
pour des appareils photos numériques Picture Book
s'est offert fin 2004 une nouvelle jeunesse.
Johnny Thunder
Un nouveau venu dans la galerie de personnages des Kinks.
Après David Watts, voici Johnny Thunder, un type bizarre
qui se nourrit d'eau et d'éclairs (les vrais, pas ceux
au chocolat...), un bagarreur qui n'attend rien de personne.
Last of the Steam-Powered Trains
Le temps d'une chanson, Ray s'interroge. Ses amis d'enfance
ont grandi et sont rentrés dans le rang. Lui, il est resté
le même et se demande s'il n'est pas devenu une pièce
de musée, un peu comme la dernière locomotive à
vapeur en activité.
Last of the Steam-Powered Trains est le morceau le
plus bluesy de l'album. La rythmique et l'harmonica évoquent
avec bonheur une vieille loco d'antan qui aurait encore des chevaux
à revendre dans sa chaudière et le son, très
américain, ne fait pas immédiatement penser à
nos bons vieux Kinks. Si vous voulez piéger vos amis lors
d'un blind test...
Big Sky
Attention chef-d'uvre ! Je suis passé à
côté de Big Sky sur le vinyle des années
80 et sur le CD de 1998 ; je ne vais quand-même pas
me faire avoir une troisième fois... Les guitares, les
voix, les churs et le clavecin de Nicky Hopkins qui apporte
ce petit quelque-chose de résolument British font penser
à The burning of the midnight lamp (Jimi Hendrix)
voire à We love You (Rolling Stones). On se dit
qu'on vient de (re)découvrir un des fleurons du psychédélisme
à l'Anglaise... jusqu'au refrain, 100 % made in Kinks,
qui remet tout le monde d'accord.
Big Sky est un pied de nez à tous ceux (et j'en
connais) qui pensent que les Kinks ont été au top
jusqu'en 1966 et qu'ils ont ensuite été largués
lors de l'avènement du psychédélisme.
Sitting by the Riverside
Asseyons-nous un moment au bord de la rivière, regardons
l'eau couler, fermons les yeux et profitons-en pour souffler
un peu en attendant la chanson suivante. C'est aussi le moment
de redécouvrir un accordéon, presque totalement
inaudible sur les versions précédentes de l'album.
Animal Farm
Après la sieste au bord de l'eau, que diriez-vous d'une
visite à la ferme ? Un vieux poulailler, des chiens
qui aboient, des chats, des cochons, des vaches et le soleil
qui réchauffe le tout : il en faut peu pour être
heureux.
Village Green
Nostalgie du Village Vert, ce havre de paix où Ray
a autrefois rencontré Daisy et l'a embrassée sous
un vieux chêne. Mais aujourd'hui, Daisy est mariée
à un épicier, les touristes Américains se
bousculent dans les rues du Village pour photographier les vieilles
maisons pittoresques et Ray regrette le grand air et la rosée.
Il n'a qu'une envie : se retrouver avec Daisy devant une
tasse de thé.
Sur chaque album des Kinks de la fin des sixties, on trouvait
une balade belle à chialer, un morceau extraordinaire
sur lequel Ray se surpassait. Sur Face to face il y avait
Rosy won't you please come home, sur Something else
by the Kinks il y avait évidemment Waterloo Sunset
et sur Arthur or the Decline and Fall
of the British Empire, il y aura Some Mother's Son.
Mais j'ai cru pendant des années que cet album était
l'exception qui confirme la règle. Et pourtant, avec sa
mélodie, ses instruments classiques et les arpèges
de clavecin de Nicky Hopkins, Village Green a tout pour
devenir à son tour un classique indémodable des
Kinks. Encore fallait-il lui donner le son qu'elle mérite,
ce qui est désormais chose faite.
Sur le disque n°3 de cette réédition (les
raretés), on trouve une version instrumentale de Village
Green qui permet de se rendre compte du travail colossal
d'arrangement qui a été fait sur la chanson.
Starstruck
A 24 ans est-on vraiment qualifié pour donner des conseils
à autrui ? En tout cas, Ray ne se gène pas
pour mettre une de ses amies en garde contre "la grande
ville et ses lumières", contre ces soirées
au cours desquelles on danse toute la nuit en buvant trop de
vin et de champagne. Il ne voudrait pas qu'elle devienne une
victime de la bonne société.
Phenomenal Cat
Connaissez-vous le chat phénoménal ? Cet
énorme félin, qui vivait il y a bien longtemps
au pays des garçons idiots, passait toutes ses journées
dans un arbre et sa seule occupation consistait à se nourrir,
ce qui explique sa taille phénoménale. Un jour,
alors qu'il était encore maigre, il était parti
pour Hong Kong et en avait ramené le secret de la vie.
Depuis, et pour l'éternité, il se mangeait.
Après avoir fait la sieste au bord de la rivière
et visité la ferme, nous voici en train d'écouter
un conte de fées arrangé comme une chanson enfantine.
Régression, régression...
All of My Friends Were There
Une histoire (autobiographique ?), du genre de celles
qu'on reprend en chur le vendredi soir dans les pubs, une
pinte de bière à la main.
Un artiste qui a bu trop de bière, monte sur scène
contre l'avis de son manager, fait son numéro et réalise
alors que tous ses amis sont là. En fait, il y a non seulement
ses amis mais aussi leurs amis. Et sa prestation est si minable
que les quolibets commencent à fuser dans la salle. Certains
éclatent de rire, d'autres le regardent fixement, sans
comprendre. La honte... Il fait alors tout ce qu'il peut pour
se faire oublier, ne sort plus qu'en portant un déguisement
et une fausse moustache et fait croire que tout ça n'a
pas d'importance. Mais un jour, le gin lui donnant du courage,
il remonte sur scène, refait son numéro et cette
fois plus personne ne rit de lui.
Wicked Annabella
Après les contes de fées, pourquoi pas une histoire
terrifiante ? Dans son antre, la méchante sorcière
Annabella mitonne d'infâmes filtres. Gare aux enfants qui
ne veulent pas dormir, car la nuit elle rôde dans les airs !
Restez chez vous ce soir, car les démons qu'elle contrôle
sillonneront les bois.
Wicked Annabella est un autre morceau pyché,
dans la veine de Big Sky. Son intro de batterie rappelle
la reprise de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, à
la fin de l'album des Beatles et ses dernières mesures
sont complètement déjantées.
Monica
Ambiance exotique pour cet avant-dernier morceau. Sous son
réverbère, la belle Monica exerce le plus vieux
métier du monde. Mais n'imaginez pas pour autant que pourrez
acheter son amour.
People Take Pictures of Each Other
Pourquoi les gens se photographient-ils ? Pour se prouver
qu'ils existent, qu'ils s'aiment, qu'ils comptent. Ray se plonge
à nouveau dans ses souvenirs et se prend une telle dose
de nostalgie qu'il ne peut en supporter plus.
Pourquoi j'aime ce disque
S'il fallait résumer les choses en une seule phrase,
je dirais que The Kinks are the Village Green Preservation
Society est un grand disque qui n'a pas eu de chance.
- Tout d'abord il est paru fin 1968, c'est à
dire en même temps que des tas d'autres grands disques :
Electric Ladyland (Jimi Hendrix), Boogie With (Canned
Heat), Beggars Banquet (Rolling Stones), Wheels of
Fire (Cream), A saucerful of secrets (Pink Floyd)
et même le Double album blanc des Beatles. La concurrence
dans les bacs était donc sévère et pour
que l'album se vende bien il aurait fallu le promouvoir sérieusement.
Mais en 1968 les Kinks étaient encore considérés
comme un groupe à 45 tours...
|
- Ensuite, il était en avance sur son
temps. Les disques intimistes pleins de remises en cause, la
peur de la vie moderne qui va tout bouffer, le regret du bon
vieux temps, ce sera pour le début des seventies. Le public,
tout à sa frénésie soixante-huitarde, ne
s'est probablement pas reconnu dans les textes trop mélancoliques
de Ray Davies.
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- Pour finir, il faut bien admettre que les deux
premières rééditions ne lui ont jamais permis
de "se refaire" tant leur son était médiocre.
Il aura fallu attendre 36 ans pour pouvoir enfin poser sur sa
platine une version écoutable de The Kinks are the
Village Green Preservation Society.
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Aujourd'hui, avec ses sonorités acoustiques, son
clavecin et son mellotron The Kinks are the Village Green
Preservation Society sonne plus comme un disque de folk-rock
teinté de psychédélisme que comme un disque
de pop Anglaise des sixties. En fait, il est complètement
hors du temps et on ne peut pas le dater. Du coup, il ne vieillit
pas... Si Ray Davies avait à la fois envie de refaire
un disque et l'inspiration nostalgique, il pourrait tout à
fait le sortir aujourd'hui et le public l'apprécierait,
car en ce début de 21ème siècle la nostalgie
d'un passé révolu, d'un passé idéal
qui n'a probablement jamais existé ailleurs que dans notre
imagination, est plus que jamais vivace.
De chanson en chanson, de photos de vacances en souvenirs
d'enfance, en passant par des contes de fées et des histoires
qui font peur, Ray essaie de nous convaincre que c'était
mieux avant, ce dont nous nous doutions déjà un
peu. Les seules personnes qui pourraient ne pas être d'accord
avec lui sont celles qui... ont vraiment connu ce qui se passait
avant. Car le passé qu'il évoque est trop beau
pour être vrai ; il est déformé par
les yeux d'un enfant rêveur qui voyait de la magie partout,
une magie que l'adulte qu'il est devenu recherche en vain. Son
désarroi se transformant en inspiration, il nous concocte
quelques-uns de ses plus beaux textes, de superbes mélodies,
de somptueux arrangements et nous nous retrouvons soudainement
avec l'air idiot de quelqu'un qui est passé à côté
d'un disque extraordinaire pendant près de 40 ans.
Cette réédition, parue en juin 2004, se compose
de 3 CDs :
- Le CD n°1 contient l'intégralité
de l'album original dans sa version stéréo ainsi
que Mr. Songbird et Days qui avait été
retenus pour figurer sur une première mouture du disque
qui n'aurait comporté que 12 titres. On y trouve aussi
des versions alternatives de Do You Remember Walter et
People Take Pictures of Each Other.
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- Le CD n°2 est, lui, plutôt orienté
mono. Il contient l'intégralité de l'album original
dans sa version mono, des singles et des inédits (du moins
en CD).
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- Quant au CD n°3, il s'agit d'un véritable
coffre au trésor, bourré d'inédits, de versions
alternatives et de curiosités (les versions instrumentales
de Village Green et de Phenomenal Cat). Il se termine
par 3 titres enregistrés lors d'émission de radio
de la BBC.
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