|
Kandinsky, dont on a toujours souligné l'exceptionnelle intelligence, étudia le droit et l'économie à Moscou et entama une carrière prometteuse dans ces domaines. Dès le début de ses études, il s'était intéressé à l'art, et c'est ainsi qu'en 1896, il décida de se consacrer à la peinture. Installé à Munich, il y étudiera à partir de 1900. Au cours des années suivantes, il voyage dans Ies grands centres de l'art européen. A Paris, il entre en contact avec les fauves, dont les couleurs expressives le passionnent. La couleur en tant qu'élément constitutif prédominant de la composition jouera dès lors un rôle décisif dans son art. Jusqu'en 1906, il se laissa influencer par les tableaux des impressionnistes, qui l'ouvrirent aux perceptions produites par les seuls effets de la couleur. Une autre source d'inspiration qu'il citera plus tard constamment dans ses tableaux, fut l'art de sa patrie, la Russie, dont les motifs folkloriques aux couleurs fortes et aux ornements abstraits produisaient des atmosphères mystiques et fabuleuses. A Murnau, village du sud de Munich où il s'était installé en 1908 avec Gabriele Münter et d'autres artistes, il remarqua, comme il l'écrivit lui-même, que l'objet nuisait à ses œuvres. C'est de cette époque que date son ouvrage théorique Du spirituel dans l'art. Kandinsky y concevait une esthétique de l'art abstrait, développait sa théorie de la peinture et définissait l' "improvisation" comme le fruit d'une influence directe de la "nature extérieure", l' "impression" comme une œuvre ayant sa source dans l'influence des actions inconscientes sur la "nature intérieure", la "composition" étant "élaborée" sur la base des deux premières. Selon Kandinsky, le tableau et ses formes n'ont pas seulement un caractère direct, individuel et matériel : conçus d'une façon autonome et purement esthétique, ils peuvent mettre l'âme et l'esprit en "vibration". En 1910, il peignit son premier tableau non figuratif, une aquarelle, mais resta tout d'abord attaché à la figuration. Dès cette époque, il fera progressivement de la couleur le support principal du tableau qui, libéré de la réalité représentée, devait faire émerger une nouvelle forme de perception. C'est dans ce sens qu'il convient de comprendre les tableaux datant de la période jusqu'à 1913 et qui, en tant qu' "improvisations", fixaient des perceptions naturelles fortement marquées par le sentiment. On y trouve entre autres le tableau Paysage avec cheminée d'usine.
|
|