Le miroir catodique

pièce en 1 acte et 2 tableaux

De

Jo.Baron

Distribution :

Jo : Personnage instable.

Carole : Femme gentille, très crédule.

Roger : Collègue de Jo 

Nicole : Femme de Roger :

Jobis : Personnage virtuel, double de Jo, qui n’apparaîtra que dans l’écran de télé. Il symbolise la conscience de Jo.

durée :

½ heure (maxi)

Le décor :

 Un salon assez classique avec un canapé un divan, un fauteuil, un bar et une télé (écran assez grand)

 (Quand le rideau s’ouvre , la femme fait la vaisselle, de façon très joyeuse. Au bout d’un certain temps, la porte s’ouvre, l’homme entre. Il a l’air exténué. Il jette sa mallette sur le canapé, embrasse sa femme et se jette dans le canapé)

Carole : Mon pauvre chéri, tu m’as l’air crevé.

Jo : Ca, tu peux le dire, une journée terrible. Si ça continue, on va travailler jour et nuit dans cette boite.

Carole : Minuit, c’est vrai que là, il exagère ton patron. Qu’est-ce que vous pouviez bien faire aussi tard à ton boulot.

Jo : Qu’est-ce que tu veux faire au boulot, à part bosser ?

Carole : (douteuse)Tu ne vas pas me dire que  tu étais dans ton camion jusqu’à onze heures et demi !

Jo : Qu’est-ce que tu crois, le boss, quand il m’a vu arriver cet après-midi, il m’a tout de suite sauté dessus pour me renvoyer avec un autre chargement pour ravitailler une saloperie de grande surface.

Carole : (toujours en essuyant sa vaisselle) Où ça ?

Jo : (pris au dépourvu) Euh….c’était où déjà ?

Carole : Tu te rappelles déjà plus ?

Jo : Si si…à Tours !

Carole : En fait , tu as été faire un tour à Tours !

Jo : (ironique) Quel humour, tu te surpasses ma chérie !

Carole : Et les trente cinq heures, je ne comprends pas, depuis que vous y êtes passés, tu n’as jamais autant travaillé !

Jo :  Tu parles, je lui en ai parlé, je lui ai même dit que j’avais une femme qui m’attendait à la maison et ci et ça…j’en ai aussi profité pour parler tunes et tu sais ce qu’il m’a répondu ? Et bien il m’a dit que si je n’avais pas voulu  faire routier, je n’avais qu’à me marier avec une femme riche, et que si je voulais pas faire le boulot, dans cinq minutes , qu’il aurait quelqu’un pour me remplacer !

Carole : Ah le salaud ! (elle pose sa vaisselle et prend le téléphone)

Jo : Qu’est-ce que tu fais ?

Carole : J’appelle ton boss (elle cherche le numéro sur l’annuaire) il va apprendre à me connaître. (l’homme s’empresse de l’en empêcher)

Jo : Arrête, arrête ! je te connais, tu vas ne faire que compliquer les choses. Je vais m’arranger pour récupérer mon temps. (elle repose le téléphone) J’ai un copain syndiqué, il va m’arranger ça !

Carole : Bon, c’est vrai qu’il est tard, il pourrait mal le prendre. De toute façon, demain, j’ai mon cours de yoga avec sa pétasse de femme. Je ne vais pas me gêner pour lui en parler (l’homme blanchit) Mon chéri, qu’est-ce que tu as ? Assieds-toi, tu es tout blanc. Je vais te chercher un verre d’eau pour….

Jo : Apporte-moi plutôt un bourbon !

Carole : Mon chéri, tu sais bien qu’avec tes intestins fragiles..

Jo : (sec) Un bourbon !

Carole : Comme tu veux, mon chéri, un bourbon…ta petite femme va t’apporter un bourbon. (elle va au télé bar pour sortir la bouteille) T’inquiètes pas, mon chéri, c’est certainement la fatigue. Tu veux que j’appelle le docteur ?

Jo : Je t’en prie, chérie, arrête…ça va aller. T’en fais pas un peu trop ? (elle lui sert son bourbon, il le vide cul sec) Ah…ça va déjà mieux. Donne m’en un autre !

Carole : Bien mon chéri, mais ce sera le dernier !

Jo : Ok, merci (il l’enfile cul sec) Bon dis donc, tu finiras ta vaisselle demain, je pense qu’il est temps d’aller au lit. On reparlera de ça demain !

Carole : Comme tu veux mon chéri, par contre, si ça ne te dérange pas, tu vas coucher dans le canapé pour cette nuit .

Jo : Quoi !

Carole : J’ai pas fermé l’œil de la nuit dernière avec tes ronflements alors, pour cette nuit, sois gentil, j’ai envie de récupérer mon temps de sommeil.

Jo : Ecoute, la nuit dernière je sais pourquoi j’ai ronflé…

Carole : Parce que tu as trop bu de bourbon chez Pierrot…je sais

Jo : Aujourd’hui, ton bourbon c’est mon premier verre. Y’a pas de risque que je ronfle.

Carole : Peut-être mais de toute façon, tu ne perds rien, tu sais bien qu’en ce moment, les peintres sont dans le couloir…allez…bonne nuit. Allonge toi, je vais t’apporter une couverture. (elle sort)

Jo : J’arrive pas à la suivre. (il se dirige vers le couloir, il réfléchit un instant) Les peintres sont…(il réfléchit, puis réagit) Ah …que je suis con ! (Il s’assoit dans le canapé, puis s’allonge, la femme entre et étend la couverture sur l’homme)

Carole : Voilà mon chéri, ça va aller comme ça ?

Jo : Arrête un peu, j’ai vraiment l’impression que par moment, tu me prends  pour un gosse.

Carole :  Mais  mon chéri, c’est de l’amour, c’est tout !

Jo : Puisque tu le dis ! (elle l’embrasse)

Carole : Bonne nuit mon chéri !

Jo : Bonne nuit ! (elle sort en lui envoyant un baiser) ça m’énerve de me faire bichonner comme ça. Pour qui elle me prend ? Quand je pense qu’elle gobe tout ce que je lui raconte, demain soir je vais lui raconter que j’étais à la bourre parce que j’étais en rendez-vous avec Jean-Pierre Raffarin, elle serait encore foutue de me croire. (se dégageant) Oh et pis pourquoi je me coucherais si j’ai pas envie de dormir (il s’assoit et se ressert un verre, il feuillette un magazine télé) Ah cette heure, qu’est-ce qu’il peut avoir comme conneries à la télé ?…. « Les joies du couple »….. « comment tromper sa femme sans qu’elle s’en aperçoive » c’est banal ! C’est pas américain mais c’est banal quand même ! (il finit son verre d’un trait) Bon, finalement, j’vais peut-être me pieuter et…

Carole : (de l’extérieur) Bonne nuit mon chéri !

Jo : (doucereux) Bonne nuit mon amour ! (il éteint la lumière, s’allonge sur le divan et se recouvre de sa couverture)

(on peut fermer le rideau ou faire avancer d’une heure la pendule qui serait légèrement éclairée)

(Soudainement, la télé s’allume, on voit apparaître le visage de l’homme. Le personnage, comme s’il tapait sur une vitre tape sur l’écran)

La télé : Eh ! (pas de réponse) Eh ! (toujours pas de réponse, l’homme se retourne) Jo ! ! (l’homme marmonne) tu m’entends Jo !

Jo : (en ronchonnant) Humm…quoi…laisse-moi dormir ! tu voulais pas que j’aille dormir avec toi alors laisse-moi dormir ! 

La télé : Ce n’est pas ta femme qui te parle, regarde moi Jo, je suis derrière toi ! (il réagit brusquement  et se tourne vers la télé) Bonjour Jo ! (troublé)

Jo : C’est quoi ça ? (il cherche la télécommande et essaie d’éteindre la télé)

La télé : C’est pas la peine d’éteindre la télé, je ne suis qu’une apparition.

Jo : (en regardant le public) C’est quoi ce délire ? (il regarde sa bouteille de bourbon)

La télé : Non non ! Jo, tu n’as pas trop bu, exceptionnellement, tu n’as bu que trois bourbons aujourd’hui. (l’homme s’assoit)

Jo : (face au public) Je pourrais comprendre ? Ce mec, il a vachement  tendance à me ressembler, c’est quoi ce prodige, où sont les caméras ?

La télé : Non jo, tu n’es pas dans le loft, disons que tu as l’impression de rêver, mais si tu veux t’en convaincre, fais toi une paire de claques pour savoir si tu dors.

Jo : Quoi !

La télé : Vas-y ! Fais toi une paire de claques !

Jo : (se tournant vers le public) Obéir à une télé, on aura tout vu ! (timidement, il se fait une légère claque, sans réagir)

La télé : Plus fort !

Jo : (avec une super claque) Aïe ! ! Merde , je suis bien réveillé ! (se tournant vers la télé) Euh…vous êtes toujours là ?

La télé : Je suis là et je resterai aussi longtemps qu’il le faudra ! (l’homme s’énerve)

Jo : C’est bien ce qu’on verra (il va arracher la prise, mais la télé ne s’éteint pas)

La télé : C’est pas la peine de te fatiguer, je suis virtuel, tu ne pourras pas de débarrasser de moi ! (l’homme débranche l’antenne) tu vois , je te l’avais dit !

(pour cette scène, l’enregistrement vidéo doit être fait de sorte que le personnage de la télé suit les mouvements de l’homme)

La télé : Bon arrête de t’énerver, assieds-toi et on va faire les présentations. (l’homme s’assoit, perplexe) voilà ! En fait, je suis toi, je suis ton double virtuel.

Jo : A peine, vous n’avez pas de lunettes !

La télé : Ah excuse-moi, je vais les mettre ! (le personnage de la télé, met ses lunettes, l’homme n’en revient pas) en fait, Jo, je suis ta conscience et toi tu es le porte parole de ta conscience !

Jo : Quoi !

La télé : Oui Jo, je suis ta conscience, ça fait trop longtemps que tu ne m’écoutes pas, alors, j’ai décidé d’employer les grands moyens….(la porte s’ouvre, la femme entre, elle baille)

Carole : Chéri , qu’est-ce que tu fais à deux heures du matin en train de parler tout seul ? (l’homme essaie machinalement d’éteindre la télé sans résultat)

Jo : Je ne suis pas tout seul !

Carole : (Elle jette un œil) Ah bon, il est où l’autre ?

Jo : En fait l’autre, c’est moi !

Carole : (en baillant) Mon pauvre chéri, ça ne s’arrange pas, et pis arrête avec cette télécommande, tu vas quand pas allumer la télé à cette heure-ci !

La télé : T’inquiètes pas, elle ne me voit pas et elle ne m’entend pas.

Jo : Vous êtes sûr ?

Carole : Qu’est-ce que tu racontes ? pourquoi tu me dis vous ?

La télé : Par contre, elle…t’entend !

Jo : Excuse-moi, ça doit être la fatigue, je vais me recoucher, allez va chérie ! (il emmène sa femme vers la chambre) bonne nuit !

Carole : (en baillant) Bon, si tu veux parler tout seul ou plutôt avec l’autre qui est toi, c’est ton problème mais surtout, fais le moins fort ! (le personnage de la télé fait un clin d’œil à l’homme, la femme est sortie)

La télé : Bon, si on continuait notre conversation !

Jo : Apparemment, je n'ai pas le choix !

La télé : Non ! Bon alors, j’y vais franco…Je ne suis pas content après toi, tu n’as vraiment pas honte de pourrir la vie de ceux qui t’entourent.

Jo : Vous poussez pas un peu !

La télé : Ca serait plus simple de me tutoyer, n’oublie pas que je suis toi !

Jo : (en s’accoudant sur la télé) Vous êtes marrant, c’est vachement facile, un beau jour, vous avez votre double qui apparaît sur votre écran télé, et comme ça, dare dare, je devrais réagir comme « Tiens salut vieille branche, ça fait une paye qu’on s’était pas vu, si tu passes dans le coin, arrête donc, on se fera une bouffe » Vachement évident comme situation !

La télé : Fais comme tu veux ! Revenons à nos brebis !

Jo : Oh là Jobis !

La télé : Jobis ?

Jo : Puisque qu’il faut vous tutoyer, je vais  vous…je vais t’appeler Jobis !

La télé : Pourquoi Jobis ?

Jo : Le deuxième Jo, c’est simple, quoique j’ai vraiment un doute que tu sois mon double. Tout à l’heure j’aurais pas dit « revenons à nos brebis » mais « revenons à nos moutons. »

La télé : (s’énervant) Arrête de me déstabiliser ! Il est question de ton comportement avec tes proches, je ne suis pas d’accord.

Jo : (fort) De quoi je me mêle ! (le personnage de la télé fait chut en montrant la chambre)

La télé : Tu te permets de mentir sans cesse à ta femme et à ton meilleur copain ? comment peux-tu faire ?

Jo : T’es marrant, Jobis, tu crois que c’est facile de dire à ta femme « Chérie, je m’envoie en l’air avec la femme de Roger » et encore pire « Roger, je me paye ta femme tous les mardis soirs pendant que tu fais ton ping-pong » Je ne veux pas les rendre malheureux en leur disant ? C’est tout !

La télé : Tu n’aimes donc pas ta femme ?

Jo : C’est pas ça, mais elle est jamais disponible. Quand je veux, elle ne peut pas, et quand elle veut, je ne suis pas là. Je suis en manque, tu sais ce que c’est, une bonne activité sexuelle, c’est primordial  pour la santé.

La télé : Mon pauvre….et pour Roger !

Jo : Et bien Roger, si sa femme me veut c’est qu’il assume pas, c’est tout.

La télé : Facile….et tu n’as jamais pensé, que tous les deux savent et qu’ils pourraient prendre leur revanche ensemble.

Jo : (fort) Quoi ! Tu veux rire. Ma femme croit tout ce que je lui dit et Roger, c’est lui même qui dit à sa femme de sortir quand elle en a envie !

La télé : Moi , ce que j’en dit. Enfin, penses-y quand même. Allez salut , bonne nuit ! N’oublie pas que je veille sur toi ! (la télé s’éteint, l’homme croit toujours un peu rêver mais s’interroge, il s’assoit)

Jo : Elle me ferait quand même pas ça, non non non, Mardi soir, elle était à sa sophro, je suis allé la chercher, donc là, pas de problème. Lundi soir, elle était pas là, elle était ….elle était où lundi soir…mais (il se lève) …je n’en sais rien….deux heures partie..c’est louche ! Nom de Dieu, et si Jobis avait raison ! (il prend le téléphone, fait un numéro) Allo ! (silence) Roger ! (silence) oui, je sais, il est deux heures du matin ! (silence) non, rien de grave, je veux simplement savoir où tu étais lundi soir entre 19h et 21h ! (silence) Mais non, je ne suis pas l’inspecteur Derrick ! (silence) il a raccroché, s’il a raccroché, c’est qu’il est coupable et s’il est coupable, c’est qu’elle est coupable ! (il se dirige vers la chambre) Chérie, on se lève ! allez, j’ai quelque chose à te demander ! (il va la secouer pour la réveiller, elle entre, en baillant)

Carole : Ca va pas chéri, qu’est-ce qui t’arrive de me réveiller à deux heures du matin !

Jo : Tu étais où, lundi soir de 19h à 21 h ?

Carole : C’est quoi cet interrogatoire, on se croirait dans Julie Lescaut !

Jo : (nerveux) Homme attend réponse !

Carole : J’étais chez Maman, d’ailleurs, ce soir là, tu étais empoté pour faire ta cuisine, et tu m’as téléphoné pour me demander comment on faisait les œufs sur le plat.(la télé s’allume)

La télé : Même pas capable de faire des œufs sur le plat !

Jo : Ta gueule !

Carole : Non mais ça va pas, tu m’insultes maintenant . Tu me réveilles pour me faire un interrogatoire, je te réponds et tu m’insultes.(elle pleurniche)

Jo : Excuse-moi chérie, je suis navré de …

Carole : (en sortant) Demain, je vais téléphoner au psy, tu commence à m’inquiéter !

La télé : Tu t’énerves, mon vieux Jo, tu commences à perdre tes moyens, c’est pas bon ! (l’homme sort) tu vas où ?

Jo : Monsieur ma conscience interdirait-il à son porte parole d’aller faire pipi !

La télé : Ok, un point pour toi, à tout de suite ! (la télé s’éteint, l’homme revient doucement et vérifie que la télé est encore éteinte)

Jo : Ah, finalement ma conscience n’est pas si futée, je l’ai bien eue ! (la télé se rallume, l’homme sursaute)

La télé : C’est ce que tu crois ! Tu n’as pas encore compris que je ne te laisserai tranquille que lorsque tu seras devenu raisonnable.

Jo : C’est à dire ?

La télé : C’est à dire que demain tu vas tout avouer à ta femme et à Roger et….

Jo : Ca va pas, ça va être la catastrophe !

La télé : Ca dépend, si eux aussi sont fautifs, ils seront bien obligés de tempérer. Enfin, bref, c’est ton problème. Il va être temps de dormir!

Jo : Tu crois que je peux dormir avec ce que tu viens de me dire.

La télé : Ne t’en fais pas, moi aussi je dors, alors si ta conscience dort, toi aussi tu dors, logique non !

Jo : Tu parles d’une logique !

La télé : Allez bonne nuit !

Jo : C’est ça, bonne nuit (la télé s’éteint, il éteint la lumière et se recouche sur le canapé, un instant de silence puis la télé se rallume)

La télé : (à la façon pub M6) Hé !  (le personnage frappe trois fois sur l’écran, l’homme réagit à peine)(idem) Hé….c’est la pub ! (le personnage se met à rire puis la télé s’éteint)

Jo : C’est malin !

Rideau

TABLEAU

 

(Nous sommes au lendemain, la femme fait un peu de ménage. L’homme tourne en rond)

Carole : Arrête de tourner en rond comme ça, tu me donnes le tournis ! (il regarde sa montre) Tu attends quelqu’un ?

Jo : Roger, il doit venir vers 10 heures !

Carole : Qu’est-ce qu’il vient faire ce matin ?

Jo : Tu verras bien !

Carole : Encore des mystères. Cette nuit tu me réveilles en me disant que tu te parlais à toi même avec des explications abracadabrantes, ensuite, c’est l’interrogatoire avec des insultes et ce matin tu invites ton collègue de boulot et tu veux pas me dire pourquoi. Tu es sûr que tu as la conscience tranquille ? (la télé s’allume)

La télé : Attention à ce que tu vas dire ! Ne sois pas hypocrite !

Jo : La conscience tranquille….disons que j’ai quelques problèmes en ce moment..

Carole : Ca , je l’aurais deviné ! En fait tu as quelque chose à me dire et tu n’oses pas, c’est ça !

Jo : Disons que j’attends Roger !

Carole : Qu’est-ce qu’il a à voir avec ça ! A propos de Roger, il nous a toujours pas présenté sa femme, un de ces jours, il faudra qu’on les invite à manger tous les deux, qu’est ce que tu en penses ?

Jo : Faut voir !

Carole : Tu la connais, sa femme !

Jo : (gêné) J’avoue que non ! (on sonne) Tiens, c’est peut-être lui ! (l’homme va ouvrir)

Jo : Salut Roger, entre !

Roger : Salut, bonjour Carole !

Carole : Bonjour Roger, justement nous parlions de ta femme ! (ils se serrent la main) il serait peut-être temps que tu nous la présente !

Roger : C’est vrai, vous ne connaissez pas Nicole !

Jo : Ne vous gênez pas, vous pouvez vous faire la bise ? (Roger et Carole le regardent, étonnés de le demande)

Carole : Chéri, si tu insistes !

Roger : Bon ! (gêné) si vous permettez !

Jo : Arrêtez avec les politesses, c’est pas la première fois ! (la télé s’allume)

La télé : (faiblement) Attention Jo, tu commences mal, tu n’es pas là pour les faire avouer mais c’est toi qui doit le faire !

Jo : (qui a mal entendu) Plus fort !

Carole : (étonnée) Tu …tu veux qu’on s’embrasse plus fort !

Jo : (en les séparant) Ca va pas non, qu’est-ce qui te prend ?

Roger : Faut savoir, tu as dit plus fort.

Jo : C’est pas à vous que je disais ça !

Roger : (regardant autour de lui) ……

Carole : Ca va pas recommencer, figure-toi Roger, que cette nuit, il parlait tout seul, il m’a réveillé pour m’interroger à la façon Colombo !

Roger : Attendez, il m’a téléphoné à 1h30 du matin pour me demander ce que j’avais fait lundi soir entre 19 et 21 h.

Carole : A vous aussi, peux-tu nous expliquer ?

Jo : Bon, je veux bien mais est-ce qu’on pourrait pas emmener la télé ailleurs ?

Carole : Quelle idée, en quoi ça te gêne d’avoir la télé ici ! (la télé s’allume)

La télé : Attention, tu cherches les ennuis Jo, ça va pas se passer comme ça !

Jo : (en s’adressant à la télé) Ah ah, vous vous  attendiez pas à ça ! (il débranche la télé et l’emmène dans une pièce voisine)

Roger : (à la femme) Voilà qu’il parleà sa télé maintenant, franchement son état m’inquiète !

Carole : C’est vrai qu’il fait des journées de 11 heures en ce moment, je pense qu’il ferait mieux de prendre de l’arrêt.

Roger : Des journées de 11 heures, depuis quand ?

Carole : Depuis une semaine, tiens, hier soir, il est rentré à minuit.

Roger : Hier….arrêtez, il était en RTT , toute la boite était en RTT ! (gêné) j’aurais peut-être pas du vous le dire !

La femme : (songeuse) Si si, vous  avez très bien fait ! (Jo entre)

Jo : (souriant) bon…je vais enfin être….(le téléphone sonne, il décroche, son sourire disparaît) c’est pas vrai, tu vas pas me foutre la paix ! (il raccroche violemment)

Carole : C’était qui ?

Jo : Jobis !

Carole : Jobis !

Jo : Un copain ! Tu connais pas !

Carole : Un copain…et tu lui raccroches au nez ! Drôles de manières…au fait, dis donc, quand est-ce que tu prends tes RTT ?

Jo : C’est bien le moment de parler de RTT !

Carole : En fait, ta journée de 11 heures d’hier, tu m’as pas dit que c’était onze heures de RTT ! (le téléphone sonne, l’homme répond)

Jo : Allo ! (silence) ça va ça va, j’ai compris, lâche moi tu veux !

Carole : C’était encore Jobis !

Jo : Ouais ! Bon, alors j’y vais. Asseyez-vous, ce que j’ai à vous dire, c’est pas facile à dire, alors ouvrez bien grand vos oreilles. Je pense que vous me cachez des choses ! (le téléphone sonne, se reprenant) Enfin, je veux vous dire que depuis quelque temps (le téléphone s’arrête)  c’est moi qui vous cache quelque chose.

Carole : On s’en doute ! !

Jo : Mais vous, c’est sûr, vous ne me cachez rien (le téléphone sonne)  Bon bon, ça va ! ! (s’adressant au téléphone) Je vais tout leur dire ! !

Roger : Maintenant, il parle à son téléphone !

Carole : Tu vas voir bientôt, il va parler à la chaîne HI-FI !

Jo : Bon, vous m’écoutez ! (La femme et Roger écoutent) Eh bien voilà, depuis quelques temps, je n’ai pas été très correct envers vous deux et je m’en excuse. (silence)

Carole : Nous t’écoutons…

L’homme : C’est vrai, hier je n’ai pas travaillé.

Carole : Alors tu étais où ?

Jo : (à Roger) avec ta secrétaire (le téléphone sonne, il décroche) Arrête de me gonfler, je n’ai pas menti, sa secrétaire, c’est sa femme ! (il raccroche violemment)

Roger : Tu étais avec Nicole, tu as passé toute la journée avec Nicole, tu es sûr ?

Jo : Oui !

Roger : Et pourquoi faire ?

Carole : Ben oui quoi, pour quoi faire ?

Jo : (au public) C’est pas vrai, ils sont bouchés tous les deux ! (à la femme et à Roger) Eh bien on est allé se promener et puis et puis, on s’est laissés un peu allés, si vous voyez ce que je veux dire !

Carole : Allés où ? (surprise de l’homme)

Jo : (direct) On s’est envoyés en l’air !

Roger : Vous avez fait un tour d’avion, elle ne m’en a pas parlé ! (l’homme soupire, il s’essuie le front)

Jo : Euh…je vais ramener la télé, si ça vous dérange pas, (il se précipite pour ramener la télé dans le salon)

Carole : Je pense qu’il est à point, et toi avec ta femme, ça s’est passé comment ?

Roger : Pas très bien, elle a pas voulu avouer. Je lui ai pourtant dit que tu les avais surpris au téléphone. Je pense qu’on va pas se parler un petit moment, mais ça passera, maintenant, pour Jo, sois patiente, c’est pas le mauvais bougre, de mon côté, je lui pardonne même si, en plus, il nous a soupçonnés d’en faire autant tous les deux. Par contre, il y a quelque chose qui ne colle pas !

Carole : Quoi donc ?

Roger : Je te dirai ça plus tard !

Carole : (l’homme revient avec la télé) chéri, il va quand même falloir que tu expliques ton cirque avec ta télé. Un coup, t’en veux et un coup, t’en veux pas, c’est bizarre, non.

Roger : Au fait, nous nous parlais de ton tour d’avion. (la télé s’allume)

Jo : Ils ne me croient pas, je laisse tomber !

La télé : Ca serait un peu facile, en fait, ils te croient mais ils se foutent de toi !

Jo : (à la femme et à Roger) Vous vous foutez de moi ?

Roger : Voyons Jo, pourquoi , qui t’a laissé croire ça ?

Jo : Ma conscience !

Carole : Eh bien, ta conscience te raconte des conneries !

La télé : (en se tournant vers Carole et Roger) De quoi, de quoi, je sais ce que je dis ! vous vous foutez de lui, pour le pousser à bout.

Jo : Ma conscience me dit que vous vous foutez de moi pour me pousser à bout !

Carole : C’est bizarre, tu parles de quelque chose dont j’ignorais l’existence.

Jo : Quoi donc ?

Carole : Ta conscience ! (la télé s’allume)

La télé : (à la femme) Pétasse !

Jo : Si tu savais ce que ma conscience te dit !

La télé : Eh là ! cafeteur !

Roger : Dis-moi Jo, ça te dérangerait de nous laisser tous les deux, on a des choses à discuter en privé. Ce que tu viens de nous dire nous interroge et nous aimerions en discuter.

Carole : S’il te plaît !

Jo : Bon, cinq minutes, pas plus , (il s’adresse à la télé) ouvre bien grand tes oreilles ! (il sort)

Carole : Alors ?

Roger : Il a l’air sincère quand il parle d’hier, qu’il a passé la journée avec Nicole !

La femme : Et alors ?

Roger : Et alors , y’a un problème !

Carole : Quoi donc ?

Roger : C’est qu’hier, j’ai passé la journée avec ma femme. (la télé s’allume)

La télé : C’est quoi ce délire !

Carole : Ca veut dire quoi ?

Roger : Ca veut dire qu’il confond quelqu’un d’autre avec Nicole, c’est tout ! (la télé s’allume)

La télé : Quel nul !

Carole : Je dirais plutôt que quelqu’un d’autre se fait passer pour ta femme ! (la télé s’allume)

La télé : Ouh là ! ça se complique !

Roger : Qui aurait intérêt de faire ça, tu ne l’as jamais vu, la fille ?

Carole : Non, à part la conversation téléphonique, je…

Roger : Y’a pas un petit détail qui pourrait m’aider dans ce qu’il a dit !

Carole : Je sais pas moi, à part qu’il l’appelle sa petite roussette !

Roger : (s’esclaffant) La petite roussette !

Carole : Ca te dit quelque chose !

Roger : Blandine, ça ne peut être qu’elle !

Carole : C’est qui ?

Roger : Une ancienne secrétaire à qui j’ai refusé des avances, elle a fait ça pour se venger de moi ! (la télé s’allume)

La télé : La garce !

Carole : La garce !

La télé : Oui bon, c’est pas la peine de répéter ce que je dit ! (Jo intervient, la télé s’allume) (à Jo) J’en ai des bonnes à te raconter. En fait.. (on sonne, Carole va ouvrir)

Voix du couloir : Bonjour, je cherche Roger, mon mari, il n’est pas chez vous ?

Carole : Vous êtes la femme de Roger ! entrez donc, justement on parlait de vous ! (Nicole entre)

Nicole : Bonjour ! (à l’homme) Je suppose que vous êtes Jo, mon mari m’a souvent parlé de vous. (la télé s’allume)

La télé : Pfuit, quel canon !

Jo : (troublé) Vous…vous.. êtes Nicole, la femme de Roger.

Nicole : Ca a l’air de vous étonner ! (la télé s’allume)

La télé : (à l’homme) J’ai pas eu le temps de t’avertir.

Roger : Qu’est-ce que tu fais là ?

Nicole : Je suis venue, parce que j’ai rencontré quelqu’un avec qui, j’ai eu une conversation intéressante !

Roger : Blandine !

Nicole : Oui et elle a tout avoué !

Jo : C’est qui cette Blandine ? (la télé s’allume)

La télé : Celle avec qui tu t’es envoyé en l’air :!

Carole : Celle avec qui tu t’es envoyé en l’air ! (la télé s’allume)

La télé : Arrêtez de répéter ce que je dis, ça m’énerve à la fin !

Nicole : En fait mon chéri, je m’excuse, je ne pouvais pas savoir que c’était un coup monté ! Et je ne voulais pas que tu te fâches avec ton meilleur copain pour un malentendu !

Carole : (à l’homme) Et pour nous, ça change quoi ?

Nicole : Roger, je pense qu’il vaut mieux que nous partions, je pense que nous sommes de trop !

Roger : Tu as raison, bon…euh…bon après-midi !

Carole : Euh, merci d’être venus ! (le couple sort)

Jo : Salut !

La télé : Salut ! (Jo et sa femme se regardent en chiens de faïence, puis la femme sort et revient précipitamment avec une valise qu’elle jette sur le canapé) Elle a l’air en colère !

Jo : Tu fais ta valise ?

Carole : Non…c’est la tienne ! (elle l’ouvre et retourne dans la chambre puis revient avec des vêtements qu’elle met dans la valise de façon très indélicate)

Jo : Mais qu’est-ce que tu fais ?

Carole : Mais voyons mon chéri, je fais ta valise. C’est sympa, non !

Jo : Arrête, on peut discuter...

Carole : Discuter de quoi ?

Jo : Voyons, tu ne vas pas gâcher 2 années de mariage pour si peu !

Carole : (toujours en faisant la valise) Si peu...tu appelles ça si peu, tu ne manques pas de toupet. (elle force pour fermer la valise) Voilà, et maintenant, je te donne une minute pour sortir.

Jo : Allons chérie…

Carole : Arrête avec tes chéries et réserve les pour ta roussette ! Allez…Dehors ! (Jo prend sa valise)

Jo : T’es sûre que tu…

Carole : Dehors ! (il sort, Carole s’assoit sur le canapé et s’allume une cigarette) Quel con alors, me faire ça à moi ! (elle se sert un verre) Moi qui ai toujours été à son service, qui l’a bichonné et tout et tout ah non alors…quel con ! (la télé s’allume, et on voit apparaître le visage de Carole)

La télé : Bonjours Carole ! (elle se tourne vers la télé, et recrache le contenu de son verre)

Carole : C’est quoi ce délire ?

La télé : Je suis ta conscience ? (elle se lève) N’essaie pas de débrancher la télé, cela ne changera rien !

Carole : Ca y est je suis folle, en fait il a réussi à me rendre folle !

La télé : Non, tu n’es pas folle mais tu n’as pas la conscience tranquille et c’est pour ça que j’interviens ! Je suis ta conscience et je trouve que tu n’as pas été très correct avec Jo !

Carole : C’est ça, j’aurais du le féliciter.

La télé : Non, mais tu ne lui a pas tout dit !

Carole : Et qu’est-ce que je ne lui ai pas dit ?

La télé : Une certaine aventure avec un certain Gérard !

Carole : (surprise) Comment vous savez ça ?

La télé : N’oublie pas que je suis ta conscience et je te promets de ne pas te laisser tant que tu ne lui auras pas avoué.

Carole : Vous êtes marrant, comment il va prendre ça ?

La télé : C’est pas mon problème, c’est le vôtre !

Carole : Je vais l’appeler sur son portable. (elle fait le numéro) Jo ! c’est Carole, tu es toujours vexé ? (silence) tu as raison, c’est moi qui étais vexé, pas toi, je peux te parler deux minutes ? (silence) Oui, je pense que je n’ai pas été très tolérante tout à l’heure et j’aimerais que tu reviennes pour qu’on en discute. (silence) tu es d’accord, alors je t’attend.  (aussitôt, la porte s’ouvre) Quoi tu es déjà là ?

Jo : Je ne suis jamais parti, je savais que tu allais me rappeler pour me parler de Gérard.

Carole : Gérard…tu savais ?

Jo : Et tu n’as jamais rien dit ?

Carole : Ca fait déjà un moment que c’est terminé alors j’ai passé l’éponge.

Carole : Tu m’as pardonné ?

Jo : Bien sûr ! (elle se jette à son cou)

Carole : Mon amour !

Jo : Toi aussi tu as eu affaire à ta conscience !

Carole : Eh oui ! (ils veulent s’embrasser mais la télé s’allume, et on aperçoit les 2 visages. Carole se déplace pour mettre un tissu pour masquer l’écran)

La télé : Ah non, c’est pas juste !

 

RIDEAU