I La culture et l’apprentissage d’une Langue Etrangère

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1.1.        Objectifs de l’apprentissage de la culture

 

Depuis peu, la culture fait de plus en plus partie des objectifs de l’enseignement et de l’apprentissage des langues étrangères alors qu’auparavant ce n’était pas le cas. Selon De Carlo (1998) La culture était plutôt implicite. Si maintenant il y a cette volonté de donner de l’importance à la culture dans la salle de classe, c’est que l’on s’est aperçu que nombre d’élèves avaient des attitudes négatives envers les autres peuples. Byram (1992) sur ce point affirme même que l’enseignement de la langue seul n’amène pas les élèves à être plus tolérants et compréhensifs envers les autres. Le problème est que le professeur traditionnellement donne peu d’importance à la culture, et que les manuels apportent des images déformées, des mondes idéaux que les élèves ne prennent pas au sérieux.

C’est pourquoi de nombreux auteurs revendiquent l’enseignement de la culture dans les cours de Langue Etrangère. C. H. M. I., cité par Byram (1992), dit que

«l’étude d’une langue étrangère (...) permet d’appréhender une autre culture, et à cet égard inclut des facteurs humains et sociaux. Tout au long de son cursus, on peut inciter l’élève à examiner ce qu’il connaît d’un autre point de vue, notamment en ce qui concerne le comportement humain; ainsi ses horizons seront élargis et les sentiments d’insularité pourront se dissiper.».

Andrade et Araújo e Sá (1992) distinguent les objectifs pratiques, educatifs, politiques et culturels de l’enseignement/apprentissage des langues étrangères en contexte scolaire. Elles disent des objectifs culturels que ceux-ci doivent permettre aux élèves de mieux connaître la littérature, la civilisation, les arts, etc. d’un autre pays ou d’un autre peuple. Byram (1992) va plus loin en affirmant que indépendamment de la connaissance et de l’apprentissage de la langue, il faut enseigner aux élèves des attitudes positives envers les autres cultures. Ces trois points sont indissociables, ils forment un tout, ils représentent ensemble l’acquis d’une langue.

Enseigner aux élèves une culture étrangère est donc important, car cela permet aux élèves de mieux connaître les nouveaux systèmes de signification qui les entourent, de les aider à acquérir de nouvelles compétences et surtout de leur donner matière à réflexion sur leur propre culture et sur leur compétence culturelle. Byram (1992) dit aussi que ces objectifs culturels sont bénéfiques car leurs effets sont imprévisibles sur les comportements des élèves. En effet, la connaissance et l’expérience d’une autre culture agissent différemment dans le développement de chaque individu.

Ainsi, l’enseignement de la culture commence à être reconnu et à se distinguer dans les objectifs pédagogiques de l’étude du Français. D. E. S. et le Welsh Office, cités par Byram (1992), séparent ces objectifs en quatre groupes. Le premier est celui de la communication, le deuxième celui de la prise de conscience de la langue, le troisième celui de la prise de conscience de la dimensions culturelle et le dernier est un regroupement des précédents. Au niveau de la prise de conscience de la dimension culturelle, cette source dit que ce troisième objectif doit se traduire par une proposition d’un aperçu de la civilisation et de la culture des pays francophones, un encouragement des attitudes positives envers la langue et les peuples qui la parlent et enfin la promotion de la compréhension vis à vis d’autres cultures.

 

1.2.        Les objectifs culturels: difficultés

 

Le principal problème qui se pose ici concerne l’évaluation. Normalement, un objectif est pertinent s’il peut être évalué, si l’on peut dire à la fin s’il a été atteint ou non. Byram (1992) dit qu’à l’école on évalue les savoirs-faire et les connaissances et non les attitudes et la perception de la réalité par rapport à d’autres cultures. Alors, comment l’objectif culturel peut-il être pertinent s’il n’y pas au bout du compte de nouveaux critères d’évaluation correspondants? Pour l’instant, cet aspect reste encore très vague dans les programmes de langue étrangère.

Un autre problème concerne la formation de professeurs. Byram (1992) dit que leur rôle évolue considérablement, ils ne sont plus professeur de Français mais professeurs de Culture Française. Kramsch (1984) lance même un signal d’alerte en affirmant que les connaissances culturelles des enseignants laissent beaucoup à désirer. Il devient donc clair que si l’on veut enseigner une culture, il faut à la source une meilleure formation des professeurs.

 

1.3.        Relation entre langue et culture

 

Si l’on reprend D. E. S. et le Welsh Office, cités par Byram (1992), il existe donc trois grands domaines dans l’enseignement des langues: celui de l’expérience de la langue en tant qu’outil de communication, celui de la prise de conscience de la nature de la langue et celui de l’étude de la culture. Si les deux premiers sont très proches, qu’en est-il du troisième? Doit-on séparer langue et culture ou bien les lier? Byram (1992) dit que indiscutablement il y a des manifestations culturelles dans la langue et donc, on ne peut les séparer. On détecte facilement ces manifestations lorsque l’on écoute des variantes de la langue, c’est à dire le français parlé de Belgique, de Suisse ou du Midi. Mais au delà de ces variantes de la langue, il y a aussi d’importantes références culturelles dans l’emploi de la langue. Dans le langage, par le choix du vocabulaire et la construction des phrases, on apporte nos convictions, nos attitudes personnelles, sociales et politiques. Byram (1992) conclut donc que la langue n’est pas indépendante, car il y a de nombreux éléments extérieurs (valeurs, significations) qui agissent sur elle, même s’ils sont presque imperceptibles.

Si langue et culture sont donc indissociables, le problème se pose quant à l’enseignement de la culture et de la langue. Il existe à ce niveau plusieurs approches. La plus intéressante est selon Byram (1992) sans aucun doute celle de l’école allemande, qui depuis très longtemps se préoccupe de l’enseignement de la Culture dans le cours de Langue Etrangère. Buttjes, cité par Byram (1992), dit qu’en Allemagne, l’enseignement de la culture a pour objectif de réduire les problèmes de communication au moment où l’apprenant fait un séjour à l’étranger. Ziegesar, toujours cité par Byram (1992), ajoute que cet objectif est atteint à travers l’emploi et la maîtrise du système linguistique étranger.

Carton (1998), professeur à l’Université de Nancy et qui étudie la culture dans l’enseignement de Langues Etrangères, conclut donc que l’apprenant acquiert une compétence culturelle, c’est à dire qu’il perçoît les règles de fonctionnement d’un système de repères où sont classées les informations culturelles et qui sont présentes dans la langue.Par exemple, l’apprenant se forge des systèmes de repères historiques (chronologie), géographiques (espace), institutionnels (religion, social, politique), culturels (sport, art, etc.) qui lui permettent de ne pas confondre Balzac et Platini, Prost et Platini ou San Antonio et Diderot.

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