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Chroniques du 6 Janvier.

Sommaire :

L’Epiphanie

Dans toute la Chrétienté, la fête des Rois.

Cette solennité, fêtée par toutes les Églises chrétiennes est traditionnellement fixée au 6 janvier. Mais, à la suite des dernières réformes de la liturgie romaine, rapportée, dans les pays où ce jour n’est pas férié, au dimanche qui se situe entre le 2 et le 8 janvier.

À l’origine, l’Épiphanie apparut comme étant la réplique orientale de Noël ; l’Égypte (Chrétiens Coptes) fixait au 6 janvier la fête païenne du solstice d’hiver, dont l’Église a fait une célébration de la naissance du Christ. Très tôt, les deux fêtes se sont imposées partout, l’Épiphanie étant surtout considérée comme la "manifestation" (c’est le sens du mot grec qui la désigne) de Dieu dans l’humanité de Jésus, manifestation illustrée par l’épisode de l’adoration des Mages, mais aussi par le baptême du Christ et le miracle de Cana (où l’eau fut changée en vin), le premier miracle de Jésus et donc le début de sa vie publique. (Il ne faut pas oublier que l’ensemble des événements de la vie de Jésus (33 ans) sont rassemblés sur une année liturgique et qu’il y a donc chevauchement de plusieurs épisodes).

Des croyances mythologiques, en effet, faisaient coïncider la "naissance du soleil" avec une recrudescence des sources, qui avaient, ce jour-là, des vertus merveilleuses. Ainsi se comprend la bénédiction solennelle des eaux qui a lieu dans les liturgies orientales et leur coutume, adoptée par les anciens rites de Gaule et d’Espagne, de célébrer les baptêmes lors de l’Épiphanie.

À l'origine donc, elle célébrait l'anniversaire du baptême du Christ. Dans les Églises occidentales, l'Épiphanie commémore la révélation faite aux Gentils de la messianité de Jésus-Christ comme l'annonçait la venue des trois Mages (cfr St Matthieu, II, 1-12) apportant de l'or, le présent des rois, de l'encens, utilisé pour le culte et de la myrrhe, pour préparer le corps à l'embaumement.. L'Épiphanie, observée depuis 194 apr. J.-C., est plus ancienne que Noël et a toujours été une fête de la plus haute importance.

Les Rois Mages arrivent en fait ce jour là auprès de Jésus, de retour d’Egypte où il avait fui pour échapper au massacre. Ils lui apportent les présents sacrés, l’or, l’encens et la myrrhe.

La tradition familiale veut que l’on fasse cuire une galette qui contient une fève. Celui qui trouve la fève dans son morceau est " roi " ou " reine " pour le reste de la journée.

1352

Jean le Bon, Roi de France, crée un Ordre chevaleresque, l’Ordre de l’Etoile.

Le plus ancien ordre de chevalerie français historiquement attesté a été créé par le roi Jean le Bon le 16 novembre 1351, au début de la Guerre de Cent Ans, son nom lui vient de ses insignes : un anneau dont le chaton figurait une étoile émaillée, timbrée d’un soleil d’or, et un "fermail" de même forme à fixer sur le manteau ou le chaperon.

Toutefois, les statuts l’intitulent ordre de Notre-Dame-de-la-Noble-Maison, en raison du patronage de la Vierge et du siège de l’institution, le château de Saint-Ouen, résidence préférée des premiers Valois. L’ordre devait répondre à la récente création de l’ordre anglais de la Jarretière et regrouper autour du roi les cinq cents meilleurs chevaliers de la noblesse française. En fait, ils ne dépassèrent pas la centaine.

La cérémonie inaugurale eut lieu dès le 6 janvier 1352, avec le luxe extravagant cher à Jean. Mais la vie de l’ordre semble s’être résumée dans cette journée. Les désastres qui aboutirent à la captivité du roi à Poitiers (1356) virent disparaître presque tous les chevaliers, fidèles à leur serment de ne jamais fuir devant l’ennemi. Aucun des successeurs de Jean ne paraît jamais avoir fait revivre l’ordre de l’Étoile, et nul document ne le mentionne plus.

La fête de Saint-Ouen avait cependant revêtu un tel éclat qu’on admit mal une extinction si rapide. Brantôme, au XVIe siècle, répandit même l’opinion très fantaisiste selon laquelle l’ordre, discrédité par trop de largesses, serait devenu l’insigne du Chevalier du Guet.

1412

La naissance de " celle qui entendit des voix ", Jeanne d’Arc, héroïne française. Est-il encore nécessaire de présenter celle (une des rares femmes) qui en France est considérée comme une héroïne nationale. Parce qu’elle fut l’instrument qui poussa les Rois de France à reconquérir leurs territoires et à " Bouter les Anglais dehors " !

La France d’alors était réduite à un petit royaume au Centre de la France, moins d’un quart de sa surface actuelle dont le Roi, par dérision, était surnommé le " Roi de Bourges " !

Référez-vous en aux Chroniques du 30 Mai (Jour de sa mort, en 1431) pour plus d’explications.

1579

Les provinces francophones du Sud de la Belgique signent l’Union d’Arras.

Au cours de la révolte (appelée aussi Guerre des Gueux) qui, au XVIe siècle, les dressa contre la domination espagnole, les Pays-Bas s’étaient unis, en 1576, par la pacification de Gand qui établissait principalement une trêve religieuse entre les provinces du Nord, calvinistes, et les provinces méridionales, catholiques.

La violation répétée, par les calvinistes, des clauses de la pacification eut pour conséquence la conclusion, le 6 janvier 1579, de l’Union d’Arras, pacte de confédération des provinces francophones du sud de la Wallonie.

Celles-ci, c’est-à-dire l’Artois et le Hainaut, ainsi que la ville de Douai, en Flandre wallonne, selon la pacification de Gand, exigeaient le retrait des troupes espagnoles et le maintien du catholicisme dans toutes les provinces.

Les provinces du Nord, d’obédience calviniste, ripostèrent à l’Union d’Arras, par l’Union d’Utrecht (23 janv.), fondée sur une interprétation calviniste de la pacification. Le 19 mai 1579, les signataires de l’Union d’Arras, auxquels s’étaient jointes les villes de Lille et d’Orchies (Flandre wallonne), signèrent le traité d’Arras avec le gouverneur espagnol Alexandre Farnèse. Ce traité, bientôt confirmé par le traité de Mons (12 sept.), stipulait le retrait des troupes espagnoles de ces provinces qui, en contrepartie, rompaient avec les états généraux et acceptaient la domination espagnole. Farnèse ne tarda pas à réoccuper militairement les provinces méridionales des Pays-Bas (Belgique et Luxembourg), mais l’Espagne ne put jamais reconquérir les Pays-Bas septentrionaux.

1769

Un coiffeur, un certain Barbulée est arrêté en pleine " construction " capillaire !

Ce coiffeur attirait les grandes dames de la noblesse et de la grande bourgeoisie en leur promettant des coiffures monumentales. Il utilisait une échelle de deux mètres pour arriver à ses fins.

Comme les corporations étaient strictes sur les instruments de travail et que l’échelle n’y figurait pas, les perruquiers de l’époque portèrent plainte, pour concurrence déloyale et utilisation d’instrument non adéquat !

Barbulée fut arrêté au sommet de son échelle, et sans avoir pu terminer son travail, laissant la belle en mal de perruque. Il manquait encore un étage à la construction qui devait éblouir tout Paris.

Mais le juge se rangea aux arguments de Barbulée qui fut libéré et put regagner son domicile, sans doute, pour terminer son travail au deuxième étage de la coiffure !

Il faut dire que sa cliente était la cousine de la maîtresse du banquier et homme d’état Necker.

1834

Les préoccupations sociales gagnent la Chambre des députés française.

Le chemin qui mène de la revendication démocratique individualiste à la revendication sociale et du mythe de la révolution libérale et bourgeoise (1789) à celui de la révolution sociale prolétarienne se dessine dans les discours qui scandent tout le XIXe siècle européen et où se mêlent les échos de la révolution passée à ceux du christianisme et à l’annonce de futurs orages libérateurs (L. Lefèvre, S.J.)

Ainsi, en 1834, l’Allemand T. Schuster (auteur des " Pensées d’un républicain " ) écrit : " Si l’on veut que la lumière se fasse pour le peuple, il faut que, dans la révolution prochaine, on ne renverse pas seulement le trône mais la monarchie. Or, la monarchie, ce ne sont ni des écussons blasonnés ni des couronnes royales, la monarchie, c’est le privilège. Et le privilège de tous les privilèges, c’est la richesse. "

C’est à partir de 1830 que se fait en France un rapprochement entre les ouvriers, préoccupés jusqu’alors de questions professionnelles et qui décident tout à coup d’assumer leur citoyenneté et de prôner une République sociale, et des républicains, jusqu’alors cantonnés dans le champ étroit de la politique et qui se mettent à tenir un discours socialiste.

C’est aux obsèques du général Lamarque et à l’insurrection qui les accompagne – en 1832 – que l’on arbore le drapeau rouge ; c’est en 1834, à la séance de la Chambre du 6 janvier, que le marquis Voyer d’Argenson, député démocrate, déclare : " But prochain, l’égalité des droits politiques ; but final et permanent, l’égalité des conditions sociales ", ajoutant plus loin " vous devez tous abaisser vos fronts dans la poussière devant la souveraineté du peuple " (une souveraineté qui devient ambiguë à cumuler ainsi la dimension politique et la dimension sociale).

La métaphore religieuse ne doit pas surprendre. En effet, tout un mysticisme d’origine chrétienne s’investit dans cette prise en charge politique de la condition des pauvres. Avec, Louis Blanc, Fourrier, Lamartine , le peuple devient " agent de Dieu " et son triomphe prochain celui du " règne de Dieu ". C’est Pierre Leroux qui, voyant étrangement en Jésus-Christ " le plus grand économiste ", écrit : " Ou le christianisme est une chimère ou il est le gage que l’égalité qu’il porte dans ses flancs sous le nom de fraternité s’établira sur la terre et par conséquent qu’il n’y aura pas toujours des pauvres. " Rappelant la phrase de saint Matthieu, " Heureux les humbles car ils hériteront de la terre ", il la commente ainsi : " Si vous croyez aux livres sacrés, ce passage seul doit vous éclairer ; l’Évangile ne dirait pas que les humbles auront la terre s’il devait toujours y avoir des pauvres et des riches sur la terre. "

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 19/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !