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Chroniques du 7 Janvier.

Sommaire :

1610

Galilée découvre 3 étoiles nouvelles, près de Jupiter, " le 7 Janvier 1610, une heure après minuit, note-t-il sur son livre de bord ".

En soi, l’événement n’est pas extraordinaire. On en découvrait pas mal à l’époque avec les progrès de la physique optique. Mais il va en tirer des conséquences importantes, non seulement en astronomie, mais aussi en mécanique céleste et finalement, par delà, en Philosophie et en Théologie même !

Dans le " Sidereus Nuncius ", (Le Messager céleste ), publié le 12 mars 1610, Galilée apporte, en une centaine de pages, de quoi révolutionner l’astronomie commune.

Après la présentation de la lunette, promue au rang d’instrument astronomique, de longs développements sont accordés au résultat de l’observation de la Lune. Galilée se borne à assurer, avec beaucoup de soin et de précautions, les ressemblances entre la Terre et la Lune et les relations réciproques des échanges lumineux qui les rapprochent l’une de l’autre dans une même situation d’ensemble, lointaine, par rapport au Soleil. Car, la pièce maîtresse des conceptions reçues, à savoir l’association paradoxale pour la Terre du privilège d’être le centre du Monde et de la propriété d’être le royaume de la corruption et de la mort, constituait, sur la voie d’une solution raisonnable, un obstacle majeur.

L’affirmation de l’homogénéité des astres, y compris la Terre, avait eu sa part dans la condamnation au bûcher de Giordano Bruno, en 1604.

Ensuite, le Sidereus Nuncius  passe à ce que la lunette a révélé le plus immédiatement, à savoir que la Voie lactée et les nébuleuses sont des amas d’étoiles et que, d’une manière générale, le peuplement des cieux décourage le dénombrement que l’héritage antique avait cru fixer. Quant aux observations comparées des grandeurs apparentes, elles imposent pour les espaces célestes une profondeur vertigineuse.

Mais il y a mieux encore. L’ouvrage se termine sur le rapport d’une découverte sensationnelle. Le 7 janvier 1610, une heure après minuit, Galilée a vu près de Jupiter trois étoiles nouvelles, et, après deux mois d’observations précises, il peut livrer une démonstration incontestable : dans son mouvement à travers les cieux, la grande planète entraîne avec elle quatre satellites qui ne cessent de tourner autour d’elle.

Dès lors, la difficulté que la Lune présentait à ceux qui, en suivant Copernic, avaient transféré au Soleil le privilège exclusif d’être centre de mouvement, est résolue. Que la Lune tourne autour de la Terre n’empêche pas qu’elle soit entraînée par elle dans sa translation annuelle et l’exemple de Jupiter révèle que, sans préjudice pour le rôle du Soleil dans le système planétaire, chaque planète peut être elle-même centre de mouvement relatif.

Tel est le Message auquel Pascal, cinquante ans plus tard, apportera dans ses " Pensées "  la puissance de sa plume incomparable, en joignant seulement à l’émerveillement l’effroi du " silence éternel des espaces infinis ", c’est-à-dire en ajoutant la note que le recul du temps a permise à une sensibilité mystique et philosophique particulière.

Galilée, quels que soient ses sentiments intimes au cours de cet hiver mémorable, ne prend pas le loisir de méditer ; il se hâte de publier, sans polir ni arranger, ce qui devient ainsi un document positif impérissable.

1899

La naissance du musicien Francis Poulenc. Il y a juste 100 ans.

Avec Arthur Honegger et Darius Milhaud, Francis Poulenc est l’un des trois compositeurs du groupe des Six dont l’œuvre a acquis aujourd’hui une renommée internationale. On ne saurait mieux caractériser cet artiste qu’en le disant " musicien français " par excellence.

Francis Poulenc est français en effet par la clarté, le sens des proportions, la sensualité et l’imagination visuelle. La musique pure l’inspire peu, ou, du moins, ne constitue pas son domaine de prédilection. Mais la rencontre des poètes, les climats musicaux à créer, les caractères à dessiner aiguisent ses facultés. Il a merveilleusement assimilé les langages poétiques des surréalistes Apollinaire, Max Jacob et Paul Eluard, et c’est en s’appliquant d’abord à traduire avec exactitude le texte de Bernanos qu’il a fait des " Dialogues des Carmélites "  un chef-d’œuvre sans équivalent sur la scène lyrique. Pour la première fois, en effet, la vie religieuse n’y est pas dénaturée, et Poulenc lui-même a pu dire qu’il avait composé un opéra dont le sujet était " la Grâce et le transfert de la Grâce ".

Né à Paris, Poulenc avait étudié le piano avec plusieurs professeurs célèbres, dont Ricardo Viñes, mais il était autodidacte en ce qui concerne la composition. Sa première œuvre publiée, " Rapsodie nègre " (1917), pour solo vocal et orchestre de chambre, parut alors qu'il servait dans l'armée française pendant la 1ère Guerre mondiale. Elle fut jouée au Théâtre du Vieux-Colombier.

En 1920, Poulenc, fortement influencé par les œuvres d'Erik Satie (1866-1925), forma avec cinq autres compositeurs, Georges Auric (1899-1983), Louis Durey (1888-1979), Arthur Honegger (1892-1955), Darius Milhaud (1892-1974) et Germaine Tailleferre (1892-1983), le groupe des Six, en rébellion contre l'influence de compositeurs français conservateurs comme Vincent d'Indy, l'impressionnisme de Debussy et de Ravel, et César Franck (1822-1890).

Le porte-parole du groupe des Six était Jean Cocteau (1889-1963) pour qui ils composèrent collectivement la musique pour " les Mariés de la tour Eiffel " (1921).

Les œuvres de Poulenc suivent une conception traditionnelle de l'harmonie. Elles sont légères, satiriques et mélodieuses. Dans les années 1920, elles furent fortement influencées par le jazz dansant, qui était alors très à la mode à Paris. Poulenc eut du succès avec nombre de ses mélodies, dont le "  le Bestiaire " (1919), et il devint célèbre pour son habileté à adapter sa musique aux rythmes du texte.

Parmi ses œuvres pour la scène, on peut citer le " ballet les Biches " (1924), produit par l'imprésario russe Serge de Diaghilev, le " ballet les Animaux modèles " (1941) d'après La Fontaine, l'opéra bouffe " les Mamelles de Tirésias " (1946) et l'opéra sérieux " Dialogues des carmélites " (1957) d'après Georges Bernanos (1888-1948) et la " Voix humaine " (1958) d'après Jean Cocteau.

Son retour à la foi catholique, en 1936, l'amena à composer de nombreuses œuvres religieuses dont les " Litanies de la Vierge noire de Rocamadour " (1936), " le Concerto pour orgue " (1938), " Quatre Motets pour un temps de pénitence " (1939), la cantate " Figure humaine " (1943) d'après un poème de Paul Éluard, un " Stabat Mater" en (1950) et un " Gloria " (1959).

Mon père, musicien classique d’une valeur certaine et d’une grande sensibilité, jouait parfois, aux grandes orgues, le " Concerto pour orgues ", souvent en prélude à la messe dominicale, pendant l’arrivée des paroissiens, qui pris par cette musique entraient " religieusement " dans l’église.

1937

La princesse Juliana des Pays-Bas épouse le Prince Bernhard.

Née à La Haye (Den Haag) en 1909, fille unique de la reine Wilhelmine et du prince Henri, duc de Mecklembourg, Juliana, princesse d’Orange-Nassau, duchesse de Mecklembourg, était princesse héritière dès sa naissance. Premier enfant royal à faire ses études dans une université du pays, elle obtient, en 1930, le grade de docteur en philosophie de l’université de Leyde.

Le 7 janvier 1937, elle épouse le prince allemand Bernhard de Lippe-Biesterfeld. Le jour de l’invasion allemande, en mai 1940, la princesse royale quitte le pays avec le prince Bernhard et leurs deux enfants, les princesses Beatrix et Irène, s’installant d’abord à Londres puis au Canada. Elle rentre en juillet 1945.

Lorsque la reine Wilhelmine, après cinquante ans de gouvernement, abdique en faveur de sa fille en août 1948, le premier acte gouvernemental de celle-ci est d’apposer sa signature sur la loi transférant la souveraineté de la Couronne sur les Indes néerlandaises à la république fédérale d’Indonésie.

La reine Juliana devient vite très populaire ; sa simplicité, ses qualités de mère de famille et sa piété lui valent la sympathie de la population. Pendant les inondations catastrophiques des îles de Zélande en 1953, elle est constamment présente sur les lieux du sinistre. Monarque constitutionnel, la reine accomplit toujours très scrupuleusement les devoirs de sa charge.

Aussi, malgré la petite crise due à la conversion au catholicisme de la princesse Irène et à son mariage avec le prince Carlos Hugo de Bourbon-Parme en 1964, qui l’obligea à abdiquer tous ses droits sur la succession, l’institution monarchique ne fut jamais sérieusement discutée par les Néerlandais. (Cependant, le mariage de la princesse héritière Beatrix avec le diplomate allemand Claus von Amsberg fut vivement critiqué par la jeunesse et par certains milieux de la Résistance.)

Les fêtes commémorant le vingt-cinquième anniversaire du début de son règne, en septembre 1973, furent l’occasion d’une manifestation massive d’adhésion à la Couronne.

Ce prestige ne semble pas avoir été entamé par l’implication du prince Bernhard dans le scandale des pots-de-vin de Lockheed en 1976. Le règne de Juliana s’achève en 1980 lorsqu’elle abdique en faveur de sa fille Beatrix.

Les pouvoirs de la reine sont très limités par la Constitution des Pays-Bas : le monarque signe les lois sans en avoir la responsabilité politique ; ce sont les ministres qui assument celle-ci devant le Parlement. Les lois et les décrets royaux qui ne sont pas contresignés par un ministre ne sont pas valables ; la reine se trouve donc placée en dehors de toute critique politique. Tout comme en Belgique ; ce qui n’empêche que l’influences des souverains hollandais sur la Politique en général, n’est pas négligeable.

1959

La participation et l’intéressement à l’entreprise sont légalisées et même encouragées en France.

L’intéressement et la participation des salariés aux fruits de l’expansion des entreprises sont nés de deux ordonnances datant du 7 janvier 1959 et du 17 août 1967. Ces textes ont fait l’objet d’une refonte par l’ordonnance du 21 octobre 1986 relative à la fois à l’intéressement, à la participation et à l’actionnariat des salariés.

La réforme a eu pour objet, en simplifiant des mécanismes devenus complexes et en favorisant la politique contractuelle, de donner un nouvel essor à la participation et d’encourager l’épargne salariale.

Seule la participation des salariés aux résultats de l’entreprise présente un caractère obligatoire dans les entreprises d’une certaine taille (plus de 100 salariés). L’intéressement est facultatif. L’une et l’autre formules sont assorties de mesures d’incitation d’ordre fiscal et social qui devraient assurer leur succès.

Les auteurs de la réforme de 1986 ont entendu privilégier l’aspect contractuel de la participation. C’est pourquoi ils ont subordonné sa mise en place à la conclusion d’accords  fixant les modalités de la participation dans le respect des principes fondamentaux posés par l’ordonnance. Ces accords peuvent être conclus : soit dans le cadre d’une convention collective ; soit dans le cadre de l’entreprise avec les organisations syndicales représentatives ; soit au sein du comité d’entreprise ; soit par consultation directe du personnel.

L’absence d’accord n’est cependant pas un obstacle à l’instauration de la participation dans les entreprises qui y sont assujetties obligatoirement : le droit commun sert alors de palliatif, les fonds étant versés à des comptes courants bloqués. Les détails ont été prévus par la Loi.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 19/01/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !